Parfaitement représentatif du style Americana, Tol'able David est un film dont l'histoire simple, touchante et belle est parfaitement mise en image et en scène par Henry King. Le réalisateur ancre son film dans l'Amérique des années 1900 et, par le biais d'un tournage en décors naturels et d'un choix judicieux de ses interprètes, rend son métrage touchant et juste. Dans le rôle de ce "Tolerable" David, Richard Barthelmess est parfait de simplicité, de bonté et de naturel. L'acteur, agé de 26 ans mais en faisant 16 ans, est tout à fait crédible en jeune garçon, qui ne peut encore prétendre à travailler pour gagner sa vie comme son grand frère et qui n'a pas encore les épaules assez solides pour remplacer son père. A ses cotés, Gladys Hulette incarne Esther, une jolie voisine, dont David est amoureux et à qui il n'arrive pas à dire ses sentiments. La jeune actrice est elle aussi très touchante dans son rôle et forme un joli couple avec le héros du film. Enfin il est impossible de ne pas mentionner Ernest Torrence, dont le visage dur et la grande carrure conviennent idéalement au rôle. Les autres interprètes du film sont également bons mais ce sont réellement ces 3 derniers qui font le film, le rendent si touchant et lui donnent force, émotion, violence et tristesse.
Forcé par le destin à grandir plus vite que prévu, David va devoir passer outre la perte de son compagnon à 4 pattes, la mort de son père et la paralysie de son frère. Plutôt que se lancer dans une vengeance aveugle où il risquerait de perdre la vie, le jeune garçon va prendre sur lui et devenir l'homme de la maison, ce qu'il a toujours voulu être. Alors que les 3 responsables de son malheur ont la main mise sur la ferme de la jeune Esther et de son père et que le shériff local ne semble être d'aucune aide, David va se venger lors d'une scène finale intense où il va être confronté aux 3 hors-la-loi. Tel David contre Goliath, David va affronter celui qui est à l'origine de son malheur et de la destruction de sa famille dans une scène où Henri King insuffle une tension qui monte crescendo. Par un montage qui oppose l'affrontement entre les 2 hommes à la course de la jeune Esther, partie chercher de l'aide au village voisin, le réalisateur nous offre une fin de film superbe où la violence du combat et le déséquilibre des forces nous préparent à un résultat quasi-attendu...King place sa caméra à l'extérieur de la maison où il filme une porte qui semble hésiter entre s'ouvir et se fermer. Au moment où elle s'ouvre, on découvre l'issu de ce combat et ce n'est plus "Tol'able" David qui descend difficilement les marches mais simplement David.