King Hu (1931-1997)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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King Hu (1931-1997)

Message par bruce randylan »

L'esthète calligraphe du 7ème art, l'Abel Gance et le Terrence Malick du cinéma d'art-martiaux : le seul et unique King Hu. :D

La cinémathèque permet une nouvelle fois de revenir sur une cinéaste géniale et virtuose injustement oublié et méconnu. Cette rétrospective n'était pas son intégrale puisqu'il manquait deux film à sketch et un mélodrame du début des années 80.

Le cycle a débuté par Pirates et Guerriers (1975) qui n'est pas forcément le plus représentatif de son œuvre. C'est un film brillant dans sa mise en scène mais qui brille par un scénario creux (bourré d'invraisemblances), une psychologie inexistante et des enjeux bien loin de l'ambition narrative de ses grandes œuvres. Donc oui, c'est une œuvre mineure mais bon sang, qu'est-ce que c'est fun. 8)
King Hu s'amuse volontairement à auto-parodier ses figures de style avec un certain flegme assez jouissif.

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L'histoire est on ne peu plus basique : pour lutter contre une bande de pirates, l'empereur envoie sur place une poignée de bretteurs hors-pairs. Voilà, ça ne va pas plus loin que ça mais ça donne la possibilité d'avoir un film d'art-martiaux très soutenu. Sur les 110 minutes du film, l'action doit bien représenter une heure du film. Loin d'être ennuyeux ou rébarbatif, le film fonctionne pour son imagerie iconique et le plaisir que procure la simple forme.

King Hu parvient à trouver à chaque nouveau combat un axe pour rendre la scène différente de la précédente pour un renouvellement permanent. Si les quelques scènes de dialogues sont donc un peu laborieuses, dès qu'on passe aux affrontements, on est devant du très Grand Cinéma.
Parmi les moments les plus jubilatoires, on trouve une scène géniale où le chef des guerriers utilise un jeu de Go pour établir sa stratégie au fur et à mesure qu'ils se font encercler par des dizaines de pirates. Aucun dialogue mais un sens du découpage et de mouvement tout simplement ahurissant.
Le moment où le couple se retrouve dans le repère des pirates et affronte une série d'adversaires aux techniques différentes est également réjouissant. Le cinéaste parvient à ne pas se prendre au sérieux tout en délivrant une réalisation inventive d'une rare précision comme le duel où le héros apparait/disparait autour d'un adversaire tournoyant sur lui-même dans une chorégraphie qui s'accélère.
Mais toutes les scènes de manière générale regorgent d'idées pour dynamiser ou moderniser les art-martiaux : jump cut, champ-contre-champ, jeu sur l'espace, gestion du temps, direction des figurants, passages sur-découpés (les fameux "8 images") etc...

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C'est vraiment un laboratoire où King Hu expérimente à tout va et pousse sa mise en scène dans ses derniers retranchements. Il n'est pas étonnant que Tsui Hark soit fasciné par les films de King Hu tant ceux-ci sont d'une modernité affolante.
C'est éclatant dans le très long final, véritable ode aux mouvements, aux corps et aux chorégraphies. Une maestria qui monte crescendo pour se terminer dans une ultime affrontement d'anthologie sur une plage où Sammo Hung (directeur des combats :) ) donne du file à retordre aux soldats envoyés par le gouvernement.
(Sammo profite d'ailleurs pour placer tous ses amis dans des petits rôles : Yuen Biao, Yuen Wah, Mars, Corey Yuen...)

Une immense réussite où la mise en scène ludique de King Hu prend tout son sens. Après, faut vraiment pas attendre à voir une œuvre profonde et réfléchie. :mrgreen:
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bruce randylan
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par bruce randylan »

Painted skin (1993)

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Dernière réalisation pour un King Hu très moyennement inspiré qui livre ici un film sans passion ni implication.
Celà se ressent autant dans un script sans saveur, une mise en scène figée, des personnages peu attachant, un humour particulièrement lourd et tout simplement une pénurie d'action qui sent la paresse. Ce n'est pourtant pas forcément bâclé (quelques décors naturels sont bien choisis, la photographie est dans l'ensemble assez jolie) mais venant de King Hu, on espérait mieux cependant avec un scénario qui aurait pu répondre à Legend of the mountain en intégrant le styles des années 70. Mais le film se contente seulement de surfer sur quelques recettes qui avaient fait le succès des histoires de fantômes chinois.
Quand on compare à ce que l'ancienne colonie britannique pouvait produire à l'époque, on se dit que King Hu n'a vraiment pas su réussir à suivre l'évolution du cinéma local, lui qui l'a pourtant révolutionner. :(
On voyant le vide des décors et le peu d'action et de fantastique, on peut aussi se dire que King Hu n'a pas eut le budget nécessaire... ou tout simplement qu'il avait perdu le feu sacré et qu'il était trop fatigué.
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Profondo Rosso
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par Profondo Rosso »

Grand amateur de King je regrette vraiment de ne pas avoir eu le temps d'en voir plus lors de la rétro récente à la Cinémathèque, juste pu voir Dragon Gate Inn que je ne connaissais pas encore. Pirate et Guerriers m'aurait bien dit aussi ou me refaire A Touch of Zen en salle. Le doc français d'Hubert Niogret était assez passionnant aussi avec pas mal de témoignages d'anciens collaborateur et des critiques de Hong Kong qui témoignaient de ses méthodes et son influence. Hop je remet ça là pour alimenter !

L'Auberge du Printemps de King Hu (1973)

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En Chine au XIVe siècle, des chinois se révoltent contre la domination mongole incarnée par le prince Lee Khan. L'auberge du Printemps de madame Wan Jen-mi est le théâtre d'une confrontation entre rebelles chinois et hommes de mains du prince, sur fond d'espionnage, de traitrise et de secrets militaires.

L'Auberge du Printemps conclu de manière magistrale ce qu'on appelle "la trilogie des auberges" dans l'oeuvre de King Hu. Le cultissime L'Hirondelle d'Or, classique absolu de la Shaw Brothers entamait le cycle avec un King Hu inventant toute les figures imposée du wu xia pian (et lançant le studio sur le genre) moderne dont les fameuses confrontations dans les auberges, véritable lieux de confrontation et de tensions où les adversaires se jaugent et s'observent. Trop perfectionniste pour le régime d'usine de la Shaw Brothers, King Hu claque la porte du studio et par à Taiwan réaliser le deuxième volet de sa trilogie Dragon Gate Inn (à quand un dvd pour celui là ?) succès colossal en Asie et où l'utilisation du cadre de l'auberge revêt un atour bien plus dramatique et stratégique que dans L'Hirondelle d'Or (Tsui Hark en réalisera un remake extraordinaire bien plus tard avec L'Auberge du Dragon).

L'Auberge du Printemps, réalisé par un King Hu au sommets de ses possibilités (l'hypnotique A Touch of Zen aura précédé) atteint ainsi une sorte de perfection en reprenant les motifs de L'Hirondelle d'Or (les faux semblants, l'atmosphère électrique) et Dragon Gate Inn (l'intrigue politique et historique, le jeu sur les apparences) pour les sublimer. Si on se perd légèrement lors de la présentations des multiples personnages et des enjeux lors de l'introduction explicative, une fois arriver dans l'auberge en titre tout devient limpide par la maestria narrative et visuelle du réalisateur. On a donc un groupe de rebelle chinois dissimulés en tenanciers d'auberge dans le désert chargé d'intercepter un document transporté par un prince mongole ennemi amené à séjourner dans les lieux. Dès lors l'intrigue devient le cadre d'un captivant jeu d'échecs où personne n'est ce qu'il parait être et où il faut constamment démêler le vrai du faux, les amis des ennemis et où le personnage en apparence le plus insignifiant peut s'avérer un allié précieux ou un adversaire redoutable. Hormis quelques escarmouches isolés et un final furieux, le film est plutôt avare en séquences d'arts martiaux. Celles ci ne sont pas une fin en soit et ne sont que l'aboutissement d'un jeu de faux semblants où il faut se montrer plus fin que l'ennemi. King Hu, le plus érudit et raffiné des réalisateurs hong kongais expérimente là les intrigues de palais à venir de ses films à venir, qu'elles soient poussées à la quasi abstraction dans le mémorable Raining in the Mountain ou dans le cadre du pur film historique comme son All the King's Men (là aussi à quand un dvd ?).

La mise en scène de King Hu se fait par instant théâtrale par le fait de cette unité de lieu (même si quelques séquences se déroulent en extérieur) mais c'est un statisme de façade où le montage joue grandement dans le jeu de regard entre les personnages devant dissimuler leur connivence et qui sais se faire bien plus dynamique quand la tension s'installe. Le scope de King Hu est d'une maîtrise impressionnante et il faut constamment être attentif à ce qui se déroule dans chaque coin du cadre (la poursuite du cambrioleur, la première tentative de vol du document) et le réalisateur joue autant de la profondeur de champs que de la verticalité et de l'horizontalité de cette auberge sur étage. Presque à la manière d'un Mission : Impossible à la sauce wu xia pian les héros sont presque réduits à leur seule fonction (hormis les jolies serveuse revêches dont Angela Mao) et on retient finalement surtout le fabuleux duo de méchant retors magistralement incarné par Tien Feng et Hsu Feng (actrice fétiche de King Hu).

Après ce jeu de chausse-trappe à la tension palpable, King Hu laisse enfin exploser l'action lors d'un long final virtuose et sacrificiel ou les affrontements sanglants s'enchaînent sans interruptions. Un des tout meilleurs et des plus nerveux films de King Hu, excellent ! 5/6
bruce randylan
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par bruce randylan »

Pas encore vu mon DVD de celui-là mais j'ai pu voir à la rétro Dragon gate Inn (1967)

Quiconque ayant découvert l'hirondelle d'or garde en mémoire la formidable scène dans l'auberge. Et bien comme son nom l'indique, Dragon gate Inn, c'est cette scène là mais étirée durant 90 minutes... Et portée encore à un plus grand niveau. :D

Autant dire que King Hu livre un monument de réalisation d'une précision magistrale et tout simplement jubilatoire. King Hu joue avec la mise en place du suspens et des tensions avec un plaisir revigorant qui renvoie à ce que Hitchcock pouvait faire de mieux. Sauf que le film possède en plus un charme indéniable avec un esprit sérial qui ne se prend pas trop au sérieux sans non plus faire tomber le film dans la distanciation ou la parodie.
On se régale donc de bout en bout des situations qui parviennent à se renouveler (nombreuses péripéties, beaucoup de personnages, faux-semblants, manipulation, jeu du chat et de la souris etc...) alors qu'on reste dans un huit clos avec des schémas narratifs assez répétitifs sur le papier. Mais King Hu est un maître dans l'art de la mise en scène ludique et son film procure un véritable plaisir jouissif.
D'ailleurs le film perd un peu en force quand son histoire sort de la taverne dans le dernier quart du film avec une réalisation plus traditionnelle lors des combats alors que ceux qui se déroulaient juste devant la maison étaient de formidables leçons d'écriture filmique.

Un pure film de mise en scène qui donne une sourire béa d'admiration du début à la (presque) fin.

Il me tarde de le revoir. :)
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par Profondo Rosso »

Bizarrement je n'ai pas accroché plus que ça Dragon Gate Inn en le découvrant à la Cinémathèque, un poil trop lent alors que L'Auberge du Printemps à une bien meilleure montée en puissance et une tension mieux tenue du début à la fin. J'en attendais trop sans doute, je préfère le remake de Tsui Hark qui est absolument furieux. Le final dans le désert avec l'eunuque joué par Donnie Yen ça reste inégalé dans le genre...
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par bruce randylan »

Tiens, amusant, mes amis qui ont découvert les deux lors de cette rétro ont préféré Dragon Gate Inn (peut-être parce qu'ils l'ont vu en premier ?)

Sinon je continue,
Raining in the mountain (1979)
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Très grande redécouverte pour ce film que j'avais découvert il y a précisément 10 ans. J'étais jeune et ne connaissant pas le moindre du monde le cinéaste, j'avais été déçu de ne pas trouver un film d'art-martiaux à la Jackie Chan. J'avais bien constaté que la mise en scène était plutôt réussie mais j'étais vraiment passé à côté du film en m'ennuyant copieusement.

Aujourd'hui, j'ai trouvé ça remarquable et virtuose. C'est une belle leçon de cinéma dont les enjeux du scénario confine à une épuration narrative pour ne garder que le geste, le mouvement et la typographie.
Pendant donc près de 2 heures on suit donc une galerie de personnages courir après le McGuffin par excellence (un parchemin convoité par beaucoup) : filature, tentative de vol, affrontement, trahisons, manipulations, faux-semblants s'enchainent donc à un rythme soutenu dans un formidable dialogue des corps et de l'espace. La caméra comme le montage suivent les protagonistes avec une précision et une grâce quasi abstraite où la beauté des images remplace la progression dramatique traditionnelle. C'est un travail d'orfèvre en même temps qu'un nouveau manifeste philosophique de King Hu, même si comme dans Touch of Zen, il n'y a rien de théorique ni de démonstratif. C'est au contraire toujours ludique (décidément ce terme revient à chacun de mes avis) et abordé plutôt subtilement par des scénettes qui peuvent paraître anodines à première vue mais qui sont essentielles dans la vision du cinéaste : le problème sur l'eau limpide ; le traitement du repris de justice ; la conclusion..
Cette quasi absence de structure narrative habituelle donne bien-sûr de légères baisses de régime d'autant que le film manque tout de même un tout petit peu d'arts-martiaux à mon gout car le combat final dans la forêt est un nouveau morceau de bravoure éclatant de génie.

Mais pas de quoi bouder son plaisir, c'est une petite merveille qui repose uniquement sur sa mise en scène et sur le charisme de ses acteurs (et de son actrice bien évidement :oops: )

Et en parlant de Touch of Zen, j'en avais fait un article pour 1kult :wink: :
http://www.1kult.com/2011/06/17/a-touch-of-zen-king-hu/
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par Profondo Rosso »

Oui effectivement j'ai vue la trilogie des auberge dans le désordre et Dragon Gate Inn en dernier peut être que ça joué sur moi aussi effectivement. Sinon oui grand souvenir aussi de Raining in the mountain, ce mélange d'intrigue de palais, course poursuite ludique et art martiaux est vraiment captivante de bout en bout. Vu que j'avais débuté King Hu avec A Touch of Zen (un même même période que toi il y a 10/12 ans) le rythme flottant ne m'avait pas gêné par contre j'étais déjà bien conditionné. Ils ont passé la version longue de Raining in the mountain à la Cinémathèque non ?
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par Best »

bruce randylan a écrit :Pas encore vu mon DVD de celui-là mais j'ai pu voir à la rétro Dragon gate Inn (1967)
Mon King Hu préféré. Dommage que l'on n'ai pas encore eu droit à un DVD en France. J'y avais cru un instant quand L'auberge du printemps était sorti, mais rien n'a suivit :(
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par Abdul Alhazred »

Profondo Rosso a écrit :Ils ont passé la version longue de Raining in the mountain à la Cinémathèque non ?
Y a une version longue de Raining in the Mountain ? Il me semble en tout cas qu'ils ont passé la version de 2h habituelle.

Par contre, il y avait la version longue de Legend of the Mountain, qui faisait un peu plus de 3h. Certains ont trouvé ça trop long. De mon côté, je ne me suis pas ennuyé et j'ai bien accroché au rythme contemplatif, ponctué de nombreux flashbacks et de stock-shots d'animaux et de nature ^^

Pour la trilogie des auberges, j'ai vu en premier L'hirondelle d'or, il y a longtemps, puis L'auberge du printemps et Dragon Inn Gate (les deux récemment lors de la rétrospective).
Entre les deux derniers, j'ai préféré Dragon Inn Gate, que j'ai trouvé plus rythmé. Plus foutraque également, mais ça fait partie de son charme. Dans L'auberge du printemps, contrairement à d'autres personnes qui étaient avec moi, ce n'est pas tant la première partie dans l'auberge qui m'a ennuyé, mais plutôt le combat final, qui fait bien un tiers du film et m'a semblé assez interminable.
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par Profondo Rosso »

Ah non tu dois avoir raison c'est moi qui ait confondu les titres c'est bien la version longue de Legend in the Mountain (et pour le coup jamais vu celui là dommage) qui a dû être diffusée !
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par bruce randylan »

Heroes of the underground (Pao Hsieh-Li - 1976)
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Durant la seconde guerre mondiale, un groupe de résistants tentent de lutter contre l'envahisseur.

Avec son intrigue qui se déroule en grande partie en huit clos, le plus souvent dans des auberges, ses histoires de complots, de rebondissements, de trahisons et autres personnages jouant sur plusieurs niveaux, je ne cessais de me dire que le film n'était pas sans évoquer le cinéma de King Hu transposé dans le film de guerre. Je ne pouvais pas viser plus juste puisque l'homme a écrit le scénario qui rentre donc pleinement dans ses thèmes et son atmosphère. :D

Si Pao n'a pas la maestria de Hu, Heroes of the undergound n'en demeure pas moins un excellent divertissement, rythmé, bourré de péripéties (plus ou moins invraisemblables), de twists pour un suspens qui fonctionne très bien grâce à sa manière de diluer le temps, du jouer du sentiment de l'enferment et des rivalités entre les personnages dont on ne sait pas toujours sur quels tableaux ils jouent.
Alors bien-sûr, le cinéaste abuse pas mal du zoom et au final les "surprises" tiennent souvent du même registre mais ce n'est pas gênant. Comme dans les films de King Hu ou dans les adaptions de Gu Long signés Chu Yuan, il y a quelques chose de réellement jubilatoire à assister à autant de coup fourrés planifiés parfois longtemps à l'avance, les personnages agissant comme s'ils participaient à une partie d'échec grandeur nature avec ce que ça comporte de sacrifices (voire de suicides).

C'est presque pourquoi on regrette quand le film abandonne le huits-clos pour de vrais scènes d'action sur la fin. Un final assez pyrotechnique qui ne lésine pas sur des morts par dizaines. C'est plus amusant (car un peu kitsch) que poignant ou dramatique et on regrette un peu la rigueur et la tension des intérieurs.

En tout cas, ce film rare et méconnu est un Shaw Brothers plus que réussi qui ne demande qu'à sortir de l'oubli :D
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par Jack Carter »

Pierre Rissient parle de A Touch of zen, programmé à Cannes Classics 2015 (et aussi de Insiang de Lino Brocka)
http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere ... -classics/
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par bruce randylan »

Merci pour le lien :D
Je me demandais justement pourquoi le film avait été présenté si tard à Cannes par rapport à sa date de sortie.

Il me tarde de le revoir restauré celui-là ! (et pourtant, je l'ai déjà vu 2 fois en 3-4 ans, ce qui est rarissime pour moi !)
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par Jack Carter »

Au tour de Olivier Père d'y aller de son petit billet : http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere ... -classics/ :wink:
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: King Hu (1931–1997)

Message par Tutut »

Merci pour les liens, vivement un Blu-ray pour remplacer l'édition FSF.
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