Ginger Rogers (1911-1995)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Cathy
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Ginger Rogers (1911-1995)

Message par Cathy »

Après vérification dans la liste de Daniel Gregg, il n'existe aucun topic dédié à cette actrice. Alors vu que TCM lui consacre son intégrale ce mois-ci autant lui rendre hommage en créant aussi son propre topic.
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Ginger Rogers reste pour beaucoup la partenaire de Fred Astaire. Il est vrai qu'ils ont tourné dix films ensemble et leurs films sont mythiques par ces danses de salon revisitées, ses costumes à plumes ou à perles qui ont causé bien des soucis de partenariat au danseur, ces mélodies inoubliables et ces numéros dont on ne se souvient jamais de quel film, elles proviennent.
Elle y mettait en avant sa gouaille, ses talents de tap dancer mais Ginger Rogers fut aussi une immense actrice que ce soit de mélodrames ou de comédies.
Elle sut se métamorphoser par deux fois pour camper de jeunes adolescentes que ce soit dans The Major and the Minor délicieusement subversif de Billy Wilder ou Kitty Foyle, qui lui valut d'ailleurs un Oscar en 1941, sans oublier naturellement le fameux Monkey Business. Ginger Rogers est une grande actrice trop souvent relégué à son rôle de danseuse, alors que finalement elle tournait parallèlement ces fameuses comédies musicales et d'autres films plus dramatiques. Elle reprendra même le rôle de Greta Garbo dans le remake de Grand Hotel, signé Robert Z Leonard, Week end at the Waldorf. La carrière de l'actrice est finalement assez méconnue, elle fut plus souvent mise en avant dans des rôles "comiques" que tragiques, mais sa carrière est assez immense et elle me semble annoncer quelque part Doris Day, avec ces rôles de femmes pleines de peps, et de vie.

Je reposte ici mes commentaires sur un certain nombre de ses films.

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Pension d'artistes, Stage Door ( 1937)

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L'évocation d'une pension pour jeunes artistes en manque de travail.

Gregory la Cava réalise ici non pas une comédie mais un beau mélodrame (bien que paru dans le coffret que Warner a consacré aux comédies américaines). Certes il y a quelques scènes de comédie amère dans la pension, notamment toutes les relations entre les différentes pensionnaires aux caractères opposés parfois mais que l'envie de faire du théâtre réunit. Le réalisateur aborde aussi un thème cher au cinéma américain, l'évocation du monde du spectacle et ici du théâtre, avec un portrait sans concession des producteurs qui ne songent qu'à additionner leurs conquêtes féminines mais aussi aux jeunes femmes qui sont prêtes à succomber à ceux-ci pour avoir des rôles, même si morale aidant, c'est celle qui lui tient tête qui obtiendra le rôle principal. Ce film permet de dresser le portrait de plusieurs jeunes femmes, celle fragile qui cherche désespérement un rôle, celle plus forte qui décroche des petits rôles de danseuse, celle qui finit par abandonner son rêve pour se marier, il y a aussi la vieille actrice qui n'a plus d'engagement ou encore la fille de riche famille qui cherche à monter sur scène. Bref Gregory la Cava décrit avec finesse ces différentes personnalités, il décrit aussi ce monde cruel. Comment ne pas être sensible au désarroi de Kay, subtilement interprété par Gail Davis, il y a aussi les confrontations succulentes entre les deux fortes personnalités de la pension et qui sont interprétées par Ginger Rogers et Katharine Hepburn. La première montrera ses talents de danseuse aux côtés d'une autre future grande de la comédie musicale Ann Miller, la seconde est un peu too much dans la scène qui précède la première du théâtre. C'est assez curieux de la voir jouer avec trop d'emphase à ce moment-là, alors qu'elle est totalement juste dans le reste du film. Il y a aussi Adolphe Menjou, seul véritable homme du casting en producteur obséquieux. Stage Door est une comédie dramatique subtile, sombre et finalement très émouvante.

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Vacances payées, Having Wonderful time (1938) - Alfred Santell

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Une jeune dactylo part pour deux semaines de congés dans un camp de vacances, elle rencontre un jeune serveur

Alfred Santell est assez méconnu comme réalisateur et ce n'est pas cette petite comédie qui va le faire sorti de l'oubli. Pourtant elle est dotée d'un casting assez incroyable Ginger Rogers, Douglas Fairbanks Jr, Lucile Ball, Jack Carson, Red Skelton, ou Donald Meek. Visiblement ce film a été tourné par Ginger Rogers entre deux films avec Fred Astaire et a du lui permettre de lancer sa carrière solo. Le film est un film de vacances qui fait quelque part penser à un Bronzé des années 40 ! On y retrouve les animateurs délurés qui semblent obsédés par les vacancières, il faut dire que c'est un campement majoritairement féminin, le comique de service qui se charge de l'accueil des nouveaux arrivants en caricaturant les anciens, Red Skelton est naturellement chargé de ce rôle dans ce qui s'avère être son premier film. Certes il crève l'écran mais cet humour lourd ne fait pas vraiment rire, ni même sourire. Assez curieusement, la jeune femme s'en va seule en vacances, contrairement aux films plus récents qui privilégient les vacances en famille, celle-ci encourageant totalement la jeune femme à partir, préparant ses valises. La comédie est sympathique, mais elle manque d'humour. Seule scène un peu folle et typique du style, la scène de la soirée japonaise avec cette partie de backgammon entre Lee Bowman et l'héroïne.
Douglas Fairbanks Jr est tout à fait charmant et forme un joli couple avec Ginger Rogers, mais le film manque de folie, de drôlerie, Lucile Ball attire toutefois l'attention dans le rôle de Screwball. Cette comédie est cependant totalement dispensable, hormis pour les completistes de l'actrice, même si elle se laisse voir notamment grâce à elle.
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Mariage incognito, Vivacious Lady (1938) - George Stevens

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Un professeur, respectable fils du Doyen d'une université doit ramener au bercail son cousin qui "batifole" avec une jeune danseuse de Broadway. Dès qu'il la voit, ils tombent fous amoureux et se marient aussitôt. Mais comment annoncer à son père qu'il a épousé cette jeune femme.

Nous sommes à l'époque bénie des Screwball, et même si nous ne sommes pas totalement dans le schéma deux êtres que tout opposent se retrouvent à la fin, vu qu'ils se retrouvent dès le début, nous sommes quand même dans le genre avec ces dialogues qui vont à 200 à l'heure ces situations cocasses, délirantes, cette pointe d'émotion et de pleurs nécessaire au genre. Il y a naturellement les grandes scènes totalement folles qui font rire par leur côté déjanté, notamment cette bagarre entre Ginger Rogers et l'ex-fiancée de son mari, ou encore cette scène où la mère de James Stewart qui semble vieille école se met à danser la "big Apple", il y a aussi ces discussions pleines de sous-entendus, notamment dans la scène où les deux époux discutent dans la pension. Il faut dire aussi que la comédie est portée par James Stewart qui est dans la première partie de sa carrière avec ces rôles de jeune homme de bonne famille, timide, gauche mais attachant et Ginger Rogers survoltée et qui prouve une fois de plus quelle grande actrice de comédie elle était. Il ne faut pas oublier de citer Charles Coburn, une de ces "gueules" du cinéma américain qui fait de ces seconds rôles de grands rôles ou Beulah Bondi, elle aussi habituée des seconds rôles et qui est absolument exquise en mère finalement résolument "moderne", on remarque aussi Hattie McDaniel dans un tout petit rôle de domestique. Bref une comédie sympathique et souvent drôle qui redonne le moral.

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La fille de la Cinquième Avenue ou un Ange en tournée - 5th Avenue Girl (1939) - Gregory La Cava

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Un millionnaire qui voit sa famille l'ignorer de plus en plus décide d'engager une jeune chômeuse afin qu'elle vienne vivre chez lui.

Gregory La Cava réalise ici une comédie beaucoup moins sombre que Primrose Path qu'il filmera l'année suivante. Ici nous sommes dans le monde habituel des screwball, une famille pas trop farfelue mais désunie. La femme passe son temps avec des "cavaliers", la fille s'est éprise du chauffeur épris de communisme, mais qui finira par céder aux sirènes du capitalisme, et le fils qui ne fait rien hormis s'amuser et doit du jour au lendemain prendre en mains les rênes de l'entreprise familiale.
Nous avons donc un côté très impolitiquement correct avec cette jeune femme engagée comme maîtresse officielle, ces jeunes gens plus épris d'amusement que de travail, cette femme qui "trompe" ouvertement son mari, une dénonciation des travers des "riches" de la Cinquième avenue. Le message est un peu manichéen comme dans beaucoup de films américains, avec ce côté communiste bon teint qui finira par céder sa place au plus "noble" capitalisme, tout finissant naturellement bien.
Ginger Rogers est une fois de plus impeccable dans ce rôle tout comme Walter Connolly suscite beaucoup de sympathie en milliardaire déprimé.
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Kitty Foyle (1940)

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Une jeune femme, le soir de son mariage voit resurgir son amour de toujours qui désire l'emmener avec lui. Pendant qu'elle prépare ses bagages, elle se remémore sa vie.

Sam Wood réalise avec ce Kitty Foyle, un très joli portrait de femme, la fin est certes attendue, mais la manière dont le réalisateur raconte la vie de son héroïne est particulièrement séduisante. Chaque scène est séparée par un fondu sur une boule à neige qui rappelle à notre héroïne les principes que lui a inculqués son père. Sam Wood réunit aussi tous les ingrédients du parfait mélodrame avec le portrait de cette jeune femme Ginger Rogers montre une fois encore quelle superbe actrice elle était, loin de toutes ses comédies musicales avec Fred Astaire. Elle a d'ailleurs obtenu l'oscar de la meilleure actrice pour cette prestation. Il est assez étrange aussi de voir que comme dans The major and the Minor, elle campe une jeune fille de 15 ans sans trop de problème de crédibilité. Sam Wood excelle dans les gros plans et ceux qu'il fait de Ginger Rogers sont absolument superbes. Denis Morgan est parfait en jeune homme de bonne famille amoureux, tout comme James Craig en docteur sympathique.
A noter par contre que la copie proposée par les Editions Montparnasse est assez mauvaise, plans NB devenant verdatre, mauvaise définition et surtout sous-titres n'épargnant pas les noms propres : Ronald Coleman ou Ninjinsky émaillent ainsi les traductions. N'en demeure pas moins une comédie dramatique porté par le couple Rogers/Morgan.

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Primrose Path (1940)

Une jeune femme pour échapper à la vie sordide de sa famille épouse le premier homme dont elle tombe amoureuse.

Gregory La Cava réalise ici une comédie très noire, au départ, on a l'impression que l'on va avoir un film social avec cette famille où la mère se fait entretenir par différents amants, le père est alcoolique, la grand-mère est à la limite de la mère maquerelle, la petite soeur trouve la situation réjouissante, seule la fille ainée se la joue garçon manqué tout en défendant cette famille qu'elle aime. La famille très atypique et très glauque finit par devenir attachante, sauf la grand mère véritable deus ex machina, notamment la mère admirablement interprétée par Marjorie Rambeau et le père Miles Mander qui lorsqu'il ne se saoule pas écrit sur les auteurs grecs. Ginger Rogers montre là aussi l'étendue de ses talents en interprétant cette jeune fille finalement romantique sous ses airs de garçon manqué et Joel McCrea parfait en grand dadais frimeur. La comédie vire parfois à la tragédie, mais les dialogues sont enlevés et font parfois penser aux meilleures screwball comedies, notamment la rencontre entre les deux héros. Un film finalement agréable, malgré le sordide de la situation.

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Roxie Hart (1942)

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Une jeune femme est arrêtée pour le meurtre d'un homme bien qu'elle soit innocente. La presse qui privilégie l'acquittement des coupables fait tout pour qu'elle avoue son crime et se comporte en coupable

William A. Wellman réalise ici une comédie déjantée, sans doute critique de la presse, des procès mais qui lorgne sérieusement du côté de Tex Avery par moment, notamment le procès où chaque fois qu'une situation est importante, la presse se précipite pour photographier Roxie
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A chaque fois le président se levant pour figurer en bonne place sur la photo
, ou ces scènes de prison, où Roxie et toutes les femmes jugées coupables sont entourées de mille attention. Il semble que contrairement au film muet, le traitement ait été totalement différent, dans la première version, la femme serait coupable mais acquittée, alors qu'ici elle est totalement innocente, mais manipulée par la presse et l'opinion publique.
Cela permet d'ailleurs à Ginger Rogers de se livrer à deux petites scènes de danse, un charleston endiablé auquel personne ne résiste ou cette tap dance sur les escaliers. Le film n'est guère moral, voire pas du tout moral mais il permet de passer un bon moment. Ginger Rogers en fait des tonnes en coupable vulgaire, chewing gum en bouche tout le long ou montrant de magnifiques jambes dans la première scène (scène assez osée dans les poses d'ailleurs), Adolphe Menjou cynique à souhait en avocat de la défense ou encore Georges Montgomery en journaliste amoureux de Roxie et qui raconte son histoire quelques années plus tard. La fin semble quand même une sorte de pied de nez au code Hayes. Bref pas un chef d'oeuvre, mais un film un peu fou et sympathique.

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Six destins, Tales of Manhattan (1942)

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Autour d'un costume, le destin de six personnes est bouleversé positivement ou négativement.

Julien Duvivier tourne un nouveau film à sketches avec ce tales of Manhattan. Etant aux USA, il bénéficie de la participation des plus grandes stars de l'époque de Charles Boyer, le french lover à Henry Fonda, de Rita Hayworth à Ginger Rogers en passant par Edward G.Robinson, Charles Laughton, Ethel Waters. Tout est hyper lêché même les seconds rôles comme Eugene Palette, Thomas Mitchell, etc. Comme tout film à sketches qui se respecte, les dfférentes sections ne sont pas toutes égales, mais dans l'ensemble le film est plutôt de haute tenue, tantôt sinistre, tantôt drôle, tantôt optimiste, tantôt pessimiste.

Chaque segment tourne donc autour d'un costume et qui va passer de mains en mains. Duvivier semble plus à l'aise curieusement dans les sketches optimistes. Le premier segment met face à face Charles Boyer en acteur amoureux et quelque peu cabotin même dans sa "mort" face à une Rita Hayworth magnifique et un Thomas Mitchell parfait en mari trompé. Duvivier met ici en scène avec des plans très larges, peu éclairés. Le second segment est totalement dans la comédie avec la confrontation entre Ginger Rogers et Henry Fonda secondé par un Cesar Romero toujours très séduisant. Comment résister d'ailleurs à Henry Fonda dans ce rôle-là.

Le troisième sketch est sans doute avec le dernier le meilleur du film avec Charles Laughton, musicien talentueux cantonné à joué du jazz dans les boites et qui va connaître un grand moment de solitude lors du concert où il va faire reconnaître son génie. L'acteur s'y montre une nouvelle fois tout bonnement incroyable tout comme Elsa Lanchester charmante dans le rôle de son épouse. Le sketch suivant qui met en scène Edward G Robinson vaut surtout par le talent de l'acteur dans cette parodie de procès. George Sanders y incarne déjà ces rôles d'hommes hautains et détestables qui feront sa carrière.

Curieusement le cinquième sketch met en scène WC Fields, mais celui-ci n'est même pas crédité au générique. On a l'impression de voir dans ce numéro l'annonce de l'eau ferrugineuse de Bourvil avec cette ode au lait de coco qui a naturellement été alcoolisé au grand dam de la ligue anti-alcoolique. On reconnait aussi Phil Silvers en vendeur de costumes, pour une fois pas trop énervant, mais bon le rôle est très court.

Et puis il y a ce dernier sketch qui est sans doute LE plus beau moment du film, un film dans le film en état de grace. Cela ressemble à Cabin in the Sky avec cette petite communauté noire, menée d'ailleurs par Ethel Waters, qui reçoit de l'argent tombé du ciel. Sans doute les clichés y sont-ils légion, avec cet argent tombé du ciel et que l'on donne si on a prié, et de manière proportionnelle à son voeu, mais c'est sans doute aussi celui qui est esthétiquement le plus beau et le plus enthousiasmant par son optimisme, malgré la pauvreté affichée de ces habitants et évidemment la fin inattendue du costume qui finalement était plus un porte bonheur qu'autre chose.

Ce film est vraiment une petite merveille de tendresse, d'humour, une ambiance sociale lourde évidente évocant à la fois Capra et Minnelli, mais vraiment Tales of Manhattan mérite plus que ce relatif oubli où il semble être tombé.

A noter que la copie proposée par Cine Classic, était complète avec ce fameux sketch de WC Fields non crédité au générique ni même sur imdb que ce soit sur le casting du film ou sa propre bio. Copie absolument magnifique d'ailleurs.

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I'll be seeing you (1944)

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A Noel, un soldat qui semble avoir des problèmes psychologiques rencontre une jeune femme qui se dit représentante. Chacun veut cacher à l'autre un passé douloureux.

William Dieterle signe ici un très beau mélodrame, où tout n'est que subtilité, que ce soit le portrait de cette jeune femme ou de ce soldat. Le film oscille entre la comédie familiale avec ses diners dans une famille américaine typique et le drame avec la scène qui montre en acceleré le passé de la jeune femme ou les souffrances mentales du soldat. Ce qui est assez intéressant c'est que dans le flashback de Mary, on ne voit jamais le visage de l'homme. Quelque part, nous sommes assez proches de l'univers de Borzage avec l'humanité qui se dégage de ces personnages que ce soit les deux héros en souffrance ou la famille avec cette jeune nièce gaffeuse malgré elle. La force du film réside en un casting impeccable, Ginger Rogers en tout premier lieu dans ce rôle de femme qui tombe amoureuse malgré elle, Joseph Cotten impeccable en soldat malade mais qui retrouve peu à peu son assurance. Shirley Temple apporte sa fraicheur et son enthousiasme à la jeune nièce tout comme Spring Byington est comme à son habitude excellente dans ce style de rôle. Le film s'avère plein de charme et d'optimisme malgré le côté "dramatique" de certaines scènes. Une très jolie découverte.

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Chérie, je me sens rajeunir, Monkey Business (1952)

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Un savant cherche à mettre au point une formule permettant de rajeunir. Dans son labo, alors qu'il a le dos tourné, une jeune chimpanzé s'échappe de sa cage et se met à jouer avec les produits. Elle met au point cette fameuse formule que le savant teste sur lui, puis son épouse.

Howard Hawks retrouve un de ses acteurs fétiches à savoir Cary Grant, et il signe une nouvelle fois une comédie modèle du genre. Nous ne sommes plus dans la screwball comedy avec ces personnages que tout oppose mais qui finissent par se retrouver mais au contraire, ici nous avons un couple on ne peut plus embourgeoisé, qui se retrouve confronté à une situation anormale. Le thème permet donc de délirer autour de cette seconde jeunesse retrouvée, avec le mari qui s'offre une nouvelle coupe de cheveux, une veste démodée, une voiture de sport, se permet de "draguer" la secrétaire bimbo blonde un peu stupide. Quant à la femme, elle va se retrouver pudique, capricieuse, chipie. Les sous-entendus sont nombreux et les situations comiques souvent hilarantes, comme la scène totalement surréaliste où Cary Grant retombe en enfance et se met à enseigner un chant indien pour scalper un ancien prétendant de son épouse, ou la transformation de l'épouse en jeune fille à la fois délurée et timide. Le film vaut aussi par ses interprètes, déjà le couple formé par un Cary Grant au meilleur de sa forme et Ginger Rogers qui une fois encore se rajeunit pour les besoins d'un rôle. Il faut la voir se mettre à swinguer sur la piste de danse ou devenir une "vierge" effarouchée devant son mari. Il y a aussi Charles Coburn bonhomme comme d'habitude et qui ne rêve que d'une chose retrouver sa jeunesse. Il ne faut pas oublier aussi Marylin Monroe qui certes est dans un rôle de bimbo stupide mais crève l'écran par sa plastique de rêve ! Certes on pourra reprocher à Hawks de reprendre quelques idées comiques qu'il a déjà utilisées dans ses précédentes comédies, comme la robe variante de Bringing up baby ou la voiture qui démarre avec un Cary Grant pas encore installé là encore citation du même film. Le film est mené sur un rythme endiablé et permet de rire de bon coeur devant les prestations de ces acteurs ! Une fois encore une comédie américaine typique, sympathique et qui vaut le détour !

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Black Widow, La Veuve noire - (1954) Nunnally Johnson

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Une jeune écrivain arriviste est retrouvée pendue chez un auteur renommé dont la femme était absente. S'est-elle suicidée ? A-t'elle été tuée ? Et si oui, est-ce l'auteur que tout accuse ?

L'affiche porte sur les deux vedettes féminines, Ginger Rogers, Gene Tierney, Van Heflin et George Raft, alors qu'en réalité la véritable "vedette" du film est justement la victime. D'ailleurs curieusement les deux actrices apparaissent plus comme des seconds rôles dans le cours de l'histoire. Le film est porté comme dans beaucoup de films noirs par l'acteur poursuivi et qui enquête avec ces ambiances de soirées mondaines, de boites de nuit un peu glauques, de garce, d'arriviste, etc. Rien de très original donc. Gene Tierney retrouve une fois de plus son rôle de femme fidèle, sage, qui certes aurait eu une aventure dans le passé, mais est dorénavant une femme très bien. Ginger Rogers quant à elle joue à la fameuse actrice diva, capricieuse, odieuse, parfaite pour le rôle. Van Heflin est parfait en victime désignée tout comme Reginald Gardiner en mari faible, sans oublier George Raft, en policier qui trouve facilement la solution de l'énigme.
Le film est filmé platement, et les rebondissements sont assez prévisibles. Comme beaucoup de films de cette époque, il se laisse voir sans déplaisir toutefois, porté par la musique inspirée de la Salomé de Richard Strauss.

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Ses comédies musicales

Flying down to Rio Carioca , Thornton Freeland (1933)

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un orchestre doit assurer le spectacle dans un hôtel de Rio de Janeir,o mais ne peut présenter son show et devra trouver une solution, le tout sur fond de romance amoureuse entre le chef du band de jazz et la fille du propriétaire de l'Hôtel.

Premier film avec Fred Astaire et Gingers Rogers, ceux-i n'ont qu'un rôle secondaire, surtout elle qui incarne une chanteuse d'orchestre de Jazz. Le scénario une fois de plus ne brille pas par son originalité. Au moins ici évite-t'on les seconds rôles destinés à faire rire. Bien qu'il y ait queques idées originales de mises en scène comme notamment celle des "doubles" de Dolores del Rio et Gene Raymond, le couple vedette n'attire pas la sympathie, surtout lui. Il surjoue constamment et en est insupportable. Fred Astaire a quand même un beau rôle qui lui permet de montrer à la fois ses talents dans une petite Carioca (la célèbre musique qui a permis plus tard à Gérard Darmon et Alain Chabat de nous danser une fameuse Carioca dans "la cité de Les Nuls") et de danseur virtuose tap dancer. Ginger Rogers est beaucoup plus en retrait, plus encore dans son rôle de lead chorus girl qu'autre chose. Dolores del Rio apporte la touche d'exotisme indispensable à ce film, où l'on peut voir aussi de nombreuses vues de Rio habilement mélangées à l'intrigue. Les clous du film sont évidemment les trois numéros musicaux, d'abord la fameuse grande Carioca évoquée ci-dessus, un grand tango collectif et surtout le final sur les ailes des avions qui inspirera je suppose Busby Berkeley dans ses grands délires scéniques. Mais l'idée novatrice de femmes qui évoluent sur les ailes d'avions en vol est quand même un beau moment. Dommage que Gene Raymond vienne gacher ce film avec son jeu lourdement appuyé, ses oeillades ridicules.

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The Gay Divorcee - 1934, Mark Sandrich

The Gay divorcee est le deuxième film du couple Fred Astaire et Ginger Rogers mais le premier où ils sont les vedettes. La recette de cette comédie musicale est facile, une intrigue un peu simpliste, toujours sur le thème "il l'aime, elle ne l'aime pas mais ils finissent par s'aimer en chansons", de bonnes chansons qui vous restent dans la tête longtemps après comme "Night and Day" de Cole Porter, ou encore "The Continental" sans oublier les chansons pour les seconds rôles comme "Don't Let it bother know" ou "Let's knock knees" et les morceaux de danse qui vont avec. Dans "The Continental", il est évident que la RKO veut concurrencer directement la MGM et Busby Berkeley qui règle sez tableaux pour des centaines de danseurs, avec cette danse mise en scène pour des couples de danseurs dans une harmonie de costumes (robes ou costumes) noirs et blancs. Naturellement le film est léger, mais il y a cette magie des morceaux de danse, la voix de Fred Astaire, la personnalité d'Edward Everett Horton, le côté luxuriant des décors (téléphone blanc) qui font de cette comédie musicale, adaptation cinématographique d'un succès de Broadway, un film agréable à regarder, bien typique de cette époque où tout n'était que prétexte au rêve et à l'évasion.

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Top Hat , Le danseur du dessus - Mark Sandrich - 1935

Que dire de ce film, quatrième film du couple Ginger Rogers/Fred Astaire et troisième en vedette si ce n'est que c'est un mélange bizarre.

Un danseur tombe amoureux de sa voisine du dessous qui suite à un quiproquo le prend pour un homme marié.

La comédie est un peu poussive, et répétitive, les décors somptueux mais d'un kitchissime épouvantable, même si Venise est stylisé pourquoi faire croire qu'on est en Italie, alors que tout sent le décor en carton pâte, sompteux certes, mais le décor.
Alors évidemment musicalement et chorégraphiquement, nous avons sans doute un fleuron du genre, les chansons d'irving Berlin sont particulièrement excellentes, et Fred Astaire signe sans doute ici ses premiers morceaux solos vraiment enthousiasmants. Les duos avec Ginger Rogers sont particulièrement réussis que ce soit Cheek to Cheek ou The Piccolino, mais on reste sur sa faim dans le dernier numéro chorégraphié une fois encore par Hermes Pan. Si le numéro 'The Continental' de The Gay divorcee est peut-être un tout petit peu trop long, The Piccolino est trop court. Ici encore l'influence de Busby Berkeley est bien présente.

Top Hat reste toutefois un fleuron du style Ginger Rogers et Fred Astaire,

A noter comme pour Shall we dance, le DVD présente de gros problèmes de fourmillement sur certaines scènes, alors que d'autres sont absolument impeccables. Très dommage !

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Swing TIme ou Sur les ailes de la danse - George Stevens - 1936

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Sixième film du couple et plutôt une comédie agréable. Pour une fois, nous ne sommes pas dans un monde complet de téléphone blanc puisque Fred Astaire est un danseur et un joueur invetéré tandis que Ginger Rogers n'est que professeur de danse puis danseuse.
Naturellement le scenario est léger, un danseur doit épouser une fille d'un milieu plus aisé que le sien contre l'avis de son père, mais le mariage est annulé. Le mariage n'aura lieu que si Fred Astaire revient riche de 25000 $ qu'il dit pouvoiir acquérir en dansant à New York, naturellement il y rencontre Ginger Rogers !
Les numéros musicaux signés Jerome Kern sont fort agréables et on chantonne encore longtemps après "A fine romance", "Pick yourself up", la Valse de Swing time ou encore "Bojangles of Harlem", numéro qui annonce les futurs grands numéros solos que réalisera Fred Astaire pour la MGM. Bref on passe un agréable moment, même si une fois encore tout est axé autour des numéros musicaux.

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Shall we dance , l'Entreprenant Monsieur Petrov - 1937, Mark Sandrich

Septième film du couple Astaire/Rogers et très beau musical. Une fois encore la comédie est légère, un danseur classique soit disant russe ne rêve que de faire du tap dance avec une jolie danseuse américaine. Suite à une folle rumeur, les deux danseurs se retrouvent mariés, s'en suit naturellement quiproquos, disputes et réconciliation.
Evidemment côté comédie, le film est très léger, mais côté musical on ne peut être qu'emballé, la musique est signée George Gershwin.
Comment résister à "Slap that bass" dansé devant la machinerie d'un bateau, "They all laughed", "let's call the whole thing off", fameux numéro sur patins à roulettes, ou encore le dernier ballet "Shall we dance" avec dix huit Ginger Rogers. Pour ceux qui aiment essentiellement la danse, le film est une merveille, si on attend un scénario plus consistant, il est évident que l'on restera sur sa faim. A signaler comme dans les autres films du tandem, la présence d'Edward Everett Horton.
Signalons toutefois que la copie proposée par Warner est loin d'être parfaite, si les scènes d'intérieur heureusement nombreuses sont bonnes, toutes les scènes d'extérieur sont fourmillantes, mal restaurées, bref un peu "pourrie".

Edit : Contraitement à Carefree et The Gay Divorcee, les chansons ne sont pas sous-titrées, il en est de même pour celles de Top hat que je suis en train de visionner.

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Carefree - Amanda, Mark Sandrich, 1938

Carefree est le dernier film du couple réalisé par Mark Sandrich, HC Potter réalisera l'année suivante The Story of Irene and Vernon Castle mais il s'agit d'un biopic sur la vie d'un couple de danseurs. Carefree est un peu à part, car il ne s'agit pas réellement d'une comédie musicale dans la pure tradition, le scénario est plus celui d'une comédie.
Un homme est fiancé à une jeune femme Amanda qui n'arrive pas à se décider à l'épouser. Pour la forcer à dire oui, il l'emmène chez son meilleur ami qui est psychanaliste et use de l'hypnose et de la thérapie des rêves. Naturellement cela entrainera des gags et des quiproquos. LA comédie est légère, mais côté musical on est quelque peu déçu par cette comédie qui ne comporte que peu de scènes de danse spectaculaire, la scène du rêve au ralenti évoque le monde de Minnelli et des Ziegfeld Follies. Le Yam est une tentative de danse populaire. La musique signée Irvin Berlin est guère inoubliable hormis le magnifique Change partners. Fred Astaire n'est pas spécialement crédible en psychanalyste. Ralph Bellamy, Jack Carson complètent parfaitement la distribution, le prefmier en fiancé "éconduit", le second en infirmier costaud. Ginger Rogers montre ici l'étendue de ses talents comiques que l'on verra plus particulièrement dans The Bachelor mother, the Major and the Minor, Vivacious Lady... Alors certes il reste une jolie comédie, mais dans le genre comédie musicale, elle paraît beaucoup plus secondaire

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The Story of Irene and Vernon Castle - La Grande Farandole - 1939, HC Potter

Ce film est le dernier de l'époque noir et blanc du couple Rogers et Astaire. Les spectateurs ne suivirent pas le couple d'acteurs-danseurs sur cette voie fort différente. En effet, le film n'est pas sans scénario, il raconte la vie d'un célèbre couple de danseurs qui fut d'ailleurs reconnu à Paris, où ils créérent de nombreuses danses à base de Fox trot de leur recontre jusqu'à la mort accidentelle de Vernon Castle,. Le scénario se tient donc, même si le personnage de Walter interprété par Walter Brennan est là pour faire sourire tout comme Maggie la manager jouée par Edna May Olivier. Il est vrai aussi que les numéros de danse ne sont pas inoubliables par leurs musiques. Fred Astaire ne pousse qu'une fois la chansonnette dans un numéro assez acrobatique et assez différent de ce qu'il nous offre habituellement. Les scènes de danse sont de purs délices si on apprécie la perfection des danses de salon et de ces merveilleux petits pas. J'ai totalement redécouvert ce film qui est finalement assez méconnu car fort différent des films "téléphone blanc" précédents. La vedette est la danse. Ginger Rogers est une très jolie Irene Castle (conseillère arristique du film qui clasha pourtant car l'actrice refusa de porter une perruque brune), et joue dans un registre différent, montrant l'étendue de ses talents de comédienne. Fred Astaire est quant à lui un parfait Vernon Castle tenaillé entre sa femme, la danse et son envie de servir son pays (anglais, il deviendra aviateur pendant la 1ère guerre mondiale). Le tout est certes filmé sans grande originalité, mais il permet de découvrir ce couple de danseurs oubliés aujourd'hui mais qui fut si célèbre en son temps. A redécouvrir donc !

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Jeremy Fox
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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

Message par Jeremy Fox »

Il va falloir que je vienne compléter ça moi aussi. :wink: Une excellente actrice aussi bien dans le registre de la comédie que du drame
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Cathy
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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

Message par Cathy »

Ses trois amoureux, Tom, Dick and Harry (1941) - Garson Kanin

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Une jeune femme se fiance à Tom, un vendeur d'automobiles, mais elle cherche un millionnaire, elle s'éprend alors de Dick puis de Harry.

Dès le générique avec ces anagrames des noms de tout le membre du casting et de l'équipe technique, le ton est donné, nous sommes dans une comédie légère qui repose sur la personnaltié de son actrice. Le film donnera lieu à un remake quelques années plus tard signé par Mitchell Leisen, une fille qui promet avec Jane Powell reprenant le rôle de Ginger Rogers. Curieusement bien que le film mette en vedette deux acteurs liés à la comédie musicale, Ginger Rogers naturellement et George Murphy, ce ne sera pas le cas de ce film contrairement au Leisen. Les numéros musicaux du remake sont ici réalisés sous forme de rêves que fait l'héroïne qui se voit tour à tour mariée à Tom, Dick voire les trois à la fois, entourée d'enfants qui ne sont que des miniatures de ses maris. Nous sommes dans une ambiance bonne enfant portée par l'actrice qui est de quasiment toutes les scènes et par ses partenaires, George Murphy, parfait dans son rôle de vendeur d'automobile, Alan Marshall qui traîne toujours un petit côté Errol Flynn ceci étant moins appuyé que dans d'autres films et Burgess Meredith en ouvrier privilégiant le bonheur à l'argent. Le film est fort sympathique, mené de main de fer par son quatuor. Dommage que la copie proposée par TCM ait été d'aussi mauvaise qualité, les passages vaporeux et flous de rêve ne tranchant pas réellement avec le reste du film. Le film a aussi été édité dans les Warner Archive américains.
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Cathy
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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

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Filles d'Amérique, Finishing School (1934) - Wanda Tuchock et George Nichols Jr

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Virginia Radcliff se retrouve élève d'une pension réservée aux jeunes filles de bonne famille. Lors d'un week end, elle fait la rencontre d'un jeune interne et en tombe immédiatement amoureuse.

Nous sommes ici dans un film à la limite du precode. En effet, ce pensionnat pour jeunes filles de bonne famille montre des pensionnaires assez dévergondée qui fument, boivent en cachette, et surtout organisent des week end assez chauds. Evidemment ici ce sera le contraste, entre une jeune fille délaissée par sa mère qui préfère les mondanités de toute sorte à sa progéniture, qui accepte les règles de l'établissement mais devient vite la victime de la directrice qui ne voit en elle que ses dévergondages bien qu'elle soit honnête. Par contre où le code commence sans doute à faire son effet réside dans une fin heureuse et honnête qui voit le mariage des amoureux malgré naturellement le fait que la jeune femme soit enceinte, sans que jamais le mot ne soit prononcé. Comment ne pas tomber sous le charme de Frances Dee, absolument craquante en pauvre petite fille riche et malheureuse en amour. Ginger Rogers n'est ici qu'un simple second rôle, celui de la jeune fille libérée qui n'hésite pas à entraîner sa compagne de chambre dans ses aventures. Bruce Cabot manque un peu de charisme dans le rôle de l'interne. Par contre Billie Burke se montre excellente en mère ne se souciant que de son apparence, tout comme Beulah Bondi en directrice sans coeur de son institution. La fin tire vers le pur mélodrame avec cette mère qui ne craint que pour sa réputation et cette directrice qui ne craint que pour celle de son école. Certainement pas un grand film, mais un film agréable porté par Frances Dee qui illumine l'écran.
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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

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Double Chance, Lucky partners (1940) - Lewis Milestone

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Une jeune femme croise un homme dans la rue qui lui dit juste bonne chance. Il devient en quelque sorte son porte bonheur, et elle accepte de partir avec lui en voyage

Lewis Mileston signe ici une adaptation de Bonne Chance de Sacha Guitry. Il faudrait voir le premier pour voir à quel point l'adaptation est fidèle ou pas, mais bon il y a une certaine immoralité toute guitriesque dans le sujet du film, avec cette jeune femme qui accepte de suivre un quasi-inconnu dans un voyage en tout bien, tout honneur, mais qui fera naturellement naître des sentiments entre les deux personnages. Il y a aussi ce fiancé qui se voit confronté aux errements de sa fiancée. Il y a toutefois un côté américain proche d'une certaine "screwball", bien que le film n'en soit absolument pas une avec les tenanciers du bistrot, ou la scène du tribunal. Le film permet de découvrir une Ginger Rogers brune^et toujours aussi piquante aux côtés de Ronald Colman, séduisant inconnu qui finira par ne pas être ce qu'il semble être. D'ailleurs tout le film semble en quelque sorte un conte de fées, on s'attend toujours à un twist final qui montrerait que le personnage n'est pas celui qu'il dit être, mais plutôt un "ange", le film demeure pourtant bien ancré dans le réel. Pour accentuer le côté poétique, il y a aussi cette charmante scène avec des auteurs de contes de fées qui vont révéler aux héros leur attirance mutuelle. Il ne faut pas oublier aussi Jack Carson étonnant avec ses lunettes, dans son rôle de fiancé un peu naïf. Un petit film mais une charmante comédie si américaine dans le traitement et pourtant bien française dans son immoralité et la fuite de cet homme devant les sentiments amoureux.
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Commissaire Juve
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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

Message par Commissaire Juve »

Quel topic copieux ! 8)

Je l'ai redécouverte récemment -- de façon très superficielle -- dans sa dimension "danseuse". Quand j'étais gamin, ses films avec Fred Astaire passaient souvent à la téloche, mais je ne suis pas sûr que ça me parlait beaucoup. Beaucoup plus tard, en parcourant les rubriques ciné de journaux des années 30 / 40, je suis tombé sur des commentaires emballés concernant son travail. Enfin, il y a peu, j'ai vu un doc sur ARTE (ou France 5, je ne sais plus) et j'ai pensé "wow !"

Dans le registre des remarques vraiment pas intéressantes, je prends le risque de me faire tuer en ajoutant que : 1911-1995... tout comme une de mes grands-mères... mais beaucoup moins célèbre, hélas. :oops:
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

Message par Cathy »

Merci Commissaire Juve :) ! C'est une actrice finalement assez méconnue et dont on ne retient injustement que ses films musicaux, alors qu'elle avait un sens évident de la comédie où elle excellait. Je l'ai rarement vue dans des mélos, mais j'avais beaucoup aimé son film avec Dieterle "I'll never seing you", où elle incarne une prisonnière en permission qui tombe amoureuse d'un soldat qui est malade ! L'intégrale que lui a consacrée TCM permet d'explorer un peu plus sa filmographie. A noter que Ciné Orange Géants avait aussi diffusé le mois dernier un Grand séducteur, hommage au cinéma muet et à ses vedettes avec la reconstitution de films muets où excellent Ginger Rogers accompagné de Clifton Webb toujours excellent en rôle de cynique un peu désagréable !
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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

Message par Profondo Rosso »

Je remets quelques avis ici actrice que j'aime beaucoup aussi ! Encore plein de titres à découvrir dis donc merci Cathy !

Mademoiselle et son bébé de Garson Kanin (1939)

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Une jeune femme, vendeuse dans un grand magasin (Ginger Rogers), est prise pour la mère d'un bébé abandonné. Un concours de circonstances et l'intervention du fils du directeur du magasin (David Niven) l'obligent à le garder. La suite des événements va rapprocher ces deux personnages.

Une jolie comédie qui contribua à lancer et relancer la carrière de de ses différents participant. Ginger Rogers dont le duo avec Fred Astaire illumina les comédies musicales RKO durant toute la décennie, c'est l'occasion (même elle s'y essaya plus d'une fois notamment Pension d'artistes où elle est néanmoins entourée d'autres vedettes ou encore Mariage Incognito) de s'affirmer dans un premier rôle sans son célèbre partenaire de piste. David Niven encore jusque-là second rôle y gagne ses galons de vedette et le succès du film lancera définitivement la carrière de Garson Kanin à la RKO pour ce qui est sa première réalisation.

Chacun a déjà été témoin du phénomène, lorsqu'un bébé se trouve dans une pièce, c'est un objet d'attraction irrésistible qui suscite regard attendri et facilite immédiatement le dialogue et la sollicitude entre l'heureuse maman et ceux qui l'entoure. Dans Mademoiselle et son bébé il faut imaginer la chose étendu à une intrigue entière. Ginger Rogers est donc ici une modeste vendeuse dont l'emploi va prendre fin à l'issue des fêtes de fin d'année. Solitaire et sans famille, les perspectives d'avenir ne s'avèrent guère fameuses au vu de ses ressources précaires. Tout change lorsque voulant protéger un bébé abandonné par une inconnue devant un orphelinat, elle est prise pour la mère. Dès lors à son corps défendant tout se met à lui sourire et elle devient l'objet de toutes les attentions, retrouvant son job et attirant sur elle le regard du directeur du magasin (David Niven). L'intrigue est ainsi un joli cheminement de notre héroïne peu à peu gagnée par l'instinct maternel et dont la déprime se dissipe face aux attentions que réclame le nourrisson (sacrément bien casté d'ailleurs une bonne bouille souriante et expressive). Quand à David Niven, le jeune héritier oisif qu'il est va découvrir l'amour et sans doute apprendre le sens des responsabilités.

Epatante Ginger Rogers tour à tour fragile dans sa solitude ou génialement gouailleuse (dont une remarque irrésistible sur les épaules d'une rivales ou ses tentatives infructueuses de se débarrasser du bébé) elle porte le film à bout de bras et forme un beau couple avec un David Niven tout aussi à l'aise en "papa" potentiel dépassé. La mise en scène de Kanin n'est guère inventive pour ce premier essai mais il fait preuve d'un talent certain pour le rythme comique (dont une scène où Ginger Rogers retrouve la piste de danse) et manie à merveille le timing des multiples quiproquos qui vont se présenter, captant toujours parfaitement les moues et les mimiques irrésistibles de Ginger Rogers. Il fera mieux dès le suivant Mon épouse favorite mais cette agréable comédie offre un premier essai sympathique.4/6

Etranges Vacances (I'll be seing you) de William Dieterle (1944)

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Un superbe mélodrame, poignant et subtil à mettre parmi les meilleur film de William Dieterle. Etats-Unis, en pleine Seconde Guerre Mondiale, un soldat en permission (Joseph Cotten) fait la connaissance dans le train d'une charmante jeune femme (Ginger Rogers) avec qui il sympathise rapidement. Pourtant quelque chose sonne faux dans cette rencontre, les deux semblant dissimuler des informations plus douloureuse sur leur situation respective. On apprendra ainsi progressivement que
Spoiler (cliquez pour afficher)
Cotten souffre du traumatisme du soldat suite à une blessure et que Ginger Rogers purge en fait une lourde peine de prison pour un crime involontaire et que sa liberté est due à une permission exceptionnelle pour bonne conduite durant les fêtes de fin d'années.
Dieterle use d'une remarquable finesse psychologique pour dévoiler puis faire ressentir la profonde solitude et le tourment intérieur de ses héros. Ce sera de manière plus "physique" avec Joseph Cotten dont la prestation trahi tout les doutes de son personnage traumatisé par la guerre et inadapté à la civilisation. L'acteur délivre une de ses plus intense prestation, le regard fuyant et cherchant ses mots toujours à la limite de la crise nerveuse en début de film, puis progressivement détendu chaleureux et aimant au contact de Ginger Rogers. Avec cette dernière, Dieterle joue plus sur sa pure performance et une mise en scène subtile pour illustrer la honte et la dissimulation que sa situation entraîne. En effet les réactions des deux personnages sont diamétralement opposé l'un envers l'autre pour faire face à leur secret, faisant ainsi la différence entre un traumatisme purement psychologique et un autre de nature plus sociale. Cotten au départ renfermé et emprunté fait un vrai effort sur lui même et la chaleur de Ginger Rogers ainsi que le sentiment amoureux naissant l'amène à se libérer et se livrer à coeur ouvert alors qu'elle compréhensive envers lui n'osera jamais avouer sa faute révélée par accident dans les toutes dernières minutes.

Ces facettes sont ainsi abordés alternativement tout en retenue (voir le flashback traumatique de Ginger Rogers remarquable) ou de manière plus frontale comme ce moment intense où Dieterle fait ressentir comme rarement le bouillonnement fiévreux d'une crise d'angoisse avec Joseph Cotten. Au passage le scénario égratigne pas mal un certain esprit belliciste régnant alors Etats-Unis à travers des échanges (le passage avec le barman nostalgique du front, les politiques demandant l'opinion des soldats en permission à la fin) où des situations en arrière plan (les enfants jouant à la "guerre") qui agressent constamment un Joseph Cotten à l'équilibre encore très précaire. On peut soupçonner les origines européennes de Dieterle dans cette manière critique mais pas vindicative de dépeindre ce moment précis de son pays d'accueil.

Le seul havre de paix semble être la chaleureuse famille de Ginger Rogers, faisant osciller le film entre le pur drame et la comédie de noël plus légère. On trouve d'ailleurs une pimpante Shirley Temple désormais adolescente dans un rôle jouant bien la nature mi exubérante mi agaçante bien connue de ses rôle enfantins avec un très attanchant et immature personnage. Là aussi Dieterle est des plus haile, la relation entre Temple et Ginger Rogers est très belle et les différents moments les rapprochant (les étiquettes séparant leur affaires enlevées après le dur aveu de Rogers) notamment une scène très émouvante en conclusion lorsque Temple comprend son erreur d'avoir dévoilé le passé de sa cousine et tente de la réconforter. L'alchimie entre Cotten et Rogers (peut être son plus beau rôle versant dramatique) porte haut l'émotion suscité par le film, à particulier les retrouvailles finales splendide. 5/6

Uniforme et Jupon Court de Billy Wilder (1942)

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Susan Applegate, dégoûtée par la vie new-yorkaise, décide de retourner dans l'Iowa. Cependant, ses économies ne lui permettent pas de payer la totalité de son voyage. Aussi se déguise-t-elle en fillette pour bénéficier d'un billet demi-tarif pour finir par se retrouver coincer dans le compartiment d'un major, s'ensuit tout une serie de quiproquos...


Une charmante comédie romantique, premier film américain de Wilder qui pose les jalons de sa future oeuvre comique. On retrouve un sujet de départ en apparence scabreux (comme dans La garconnière, Certains l'aiment chaud, 7 ans de reflexion, Embrasse moi idiot...), jeu sur le travestissement (Certains l'aime chaud, dont les scènes ambigue et comique entre Jack Lemmon et Marilyn Monroe dans les couchette de train sont des quasi remake de celles de ce film entre Ginger Rogers et Ray Milland ) et traitement d'une justesse et d'une perfection telle qu'il désamorce toute la provocation potentielle du propos.
Le film tient énormément sur la performance phénoménale de Ginger Rogers qui passe de jeune femme gouailleuse à l'adolescente candide avec une facilité déconcertante et le scénario joue très habilement sur la contradiction entre son physique pulpeux et ses prétendus 12 ans, bien aidé par sa garde de robe de fillette citée dans le titre qui renforce encore le trouble. Ray Milland est excellent aussi son affection paternelle mêlé d'attirance pour Ginger Rogers est très subtile sans à aucun moment verser dans le douteux et le faire passer pour un pervers un vrai tour de force. Le film reserve sont lot de quiproquos énorme et de situations comique comme Ginger Rogers subissant une cours effrénée de tout les adolescents de l'école militaire (et leur méthode de drague les plus pitoyable et inventive...), la même Ginger Rogers forçant bien le trait quand elle joue la jeune écervelée (la scène ou Ray Milland lui explique "les choses de la vie"). Très drôle, trépidant et rythmé déjà une belle réussite ce titre méconnu et rarement cité. 5/6

Chérie, je me sens rajeunir (1952)

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Barnaby Fulton, chimiste de talent, tente de mettre au point une eau de jouvence. La guenon qui lui sert de cobaye s'échappe et l'imitant, concocte sa propre mixture. Barnaby en boit et se conduit comme un gamin. Puis c'est sa femme qui en ingurgite..

Monkey Business est à ranger parmi les comédie les plus loufoque et extravagantes de Howard Hawks. Le principe comique simple et efficace (un chimiste et son entourage subisse les aléas des effets d'un élixir de jouvence qu'il a testé sur lui même) fonctionne sur le mode de l'exagération jusqu'au point de rupture de l'idée de départ. Le scénario est cependant plus profond qu'il n'y parait en questionnant à travers le couple Cary Grant/Ginger Rogers la question de la nostalgie pour sa folle jeunesse et l'acceptation de la voir s'éloigner, la relance du mariage enclavé dans la routine... Ben Hecht et I. A. L. Diamond mêlent ses interrogations profonde à un récit désopilant et mouvementé.

La scène d'ouverture où Cary Grant est rappelé à l'ordre plusieurs fois à l'ordre par Hawks car il intervient trop tôt avant le générique donne le ton de l'aspect décalé à venir. Howard Hawks prend un malin plaisir à donner des traits terne et presque quelconque à Cary Grant et Ginger Rogers, si actifs d'ordinaire. Cary Grant force ainsi génialement le trait en scientifique distrait et timoré ce qui ne rendra que plus forte sa mue en adolescent fougueux et intenable. Ginger Rogers est tout aussi "normale" en femme aimante avant que l'absorption de l'élixir ne la transforme en jeune mariée agitée. Pour amener à cette situation Hawks concocte nombre de moments savoureux notamment les séquences avec les chimpanzés incroyables dans leur expressivité et leur timing comique, il faut voir les mimiques de la primate Esther lorsqu'elle effectue le mélange des formules hilarants. Les personnages délirants accompagne les pérégrinations de nos héros comme Charles Coburn en patron envahissant et surtout une Marilyn Monroe dans un de ses premiers rôles important qui égrenait avec génie les atours de la blonde idiote et sexy qui lui collera un peu trop à la peau par la suite. Ici qu'elle présente une jambe parfaitement galbée à Cary Grant, qu'elle multiplie les oeillades ahuries où aligne les répliques bourrées d'auto dérision elle est également fabuleuse Hawks lui donnant la part belle durant la première partie du film.

Barnaby: All set. Is you motor running?
Lois Laurel: Is yours?
Barnaby: Takes while to warm up.
Lois Laurel: Does, me too.


Le film atteint des sommets dans sa dernière partie en poussant dans leur dernier retranchements délirants les situations (le couple régressant jusqu'à l'enfance) et y ajoutant des quiproquos et rebondissements inattendus à hurler (Cary Grant pris pour un bébé). Ginger Rogers et Cary Grant revenu au niveau mental du jardin d'enfants offrent un très grands moments en couple infantile chamailleur et Hawks une nouvelle fois n'hésite pas à pousser le bouchon cartoonesque le plus loin, tel cette séquence où l'envahissant ami avocat (et sous entendu rival amoureux) finit scalpé par Grant et ses petits copains, coupe d'iroquois à la clé. La science du rythme de Hawks fait merveille (toutes cette avalanches de péripéties n'aura pris que 1h30) et entouré par des acteurs dont la brillance comique n'est (ou ne sera plus) à prouver le résultat est extraordinaire. Tout cela au service d'une leçon à méditer, la jeunesse se doit d'abord d'être conservée dans l'esprit plutôt que d'avoir recours à de vain artifices. 5/6

La grande farandole de HC Potter (1939)

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Quand Irene Foote rencontre Vernon Castle, celui-ci n’est encore qu’un comique de second ordre. Unis par l’amour et la passion du spectacle, le couple bâtit dès lors des numéros de danse qui, de Paris à New York, vont lui procurer une gloire internationale…

La Grande Farandole est le dernier des neufs films en commun du célèbre duo Fred Astaire/Ginger Rogers qui illumina les comédies musicales des années 30. C'est en fait le biopic d'un autre tandem légendaire : le couple de danseurs Vernon et Irene Castle, qui révolutionna l'industrie du spectacle dans les années 10 et ouvrit la voie aux années folles (et constituant une influence réelle sur Fred Astaire à ses débuts en duo avec sa soeur Adèle). Comme souvent, l'alchimie entre Astaire et Rogers fait merveille, notamment dans toutes les scènes de séduction, débordant de charme et établissant leurs rapports : Gingers Rogers, novice transformée en danseuse hors-pair par Astaire et ce dernier prenant confiance grâce à l'amour qu'elle lui porte et décidant de prendre enfin sa carrière en main.

Toutes les étapes difficiles de l'ascension vers la gloire sont bien vues, entre les auditions ratées, les contrats douteux et les difficultés financières, le tout s'avérant bien réel malgré l'aspect léger. Une fois la gloire atteinte, c'est un vrai tourbillon de danse et de chorégraphies emballantes (supervisées Irene Castle en personne) qui s'enchaîne dans un montage dynamique montrant l'influence des Castle sur les modes esthétiques de l'époque. HC Potter (futur réalisateur d’un survolté Hellzapoppin) livre un film élégant et alerte, avec une direction artistique plaisante, fantaisiste (le Paris de pacotille) et recherchée à la fois.

La dernière partie montrant le couple séparé par la première guerre mondiale est moins prenante, le film basculant peu à peu dans un autre genre, qui lui sied moins et l'aspect dramatique paraissant un peu forcé. Cependant, deux scènes magnifiques atténuent largement ces réserves : Fred Astaire, revenant en uniforme sur les lieux du premier succès et rejoignant sur scène Ginger Rogers et la conclusion bouleversante, où cette dernière pleure à chaudes larmes son partenaire disparu tragiquement. Une belle réussite qui constitue le meilleur film du duo avec l'épatant Sur les ailes de la danse de 1936. D'ailleurs Ginger Rogers et Fred Astaire se retrouveront finalement 10 ans plus tard dans Entrons dans le danse grâce au producteur Arthur Freed qui parvient à reconstituer la paire mythique. Je suis très curieux de voir le film de ses retrouvailles pour savoir si la magie opérait toujours mais d'après les échos lus ici pas vraiment... 5/6
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Jeremy Fox
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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

Message par Jeremy Fox »

Très bon film noir encore pas évoqué ici
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Marsha (Ginger Rogers) arrive de nuit à Riverport, petite ville du Sud, dans l’intention de rendre visite à sa sœur Lucy (Doris Day) qu’elle n’a pas revue depuis des années et qui, entre-temps, s’est mariée. Dans la ville étrangement (volontairement ?) désertée, Marsha est témoin du passage à tabac et de l’assassinat d’un homme par un groupe cagoulé. Elle a pu aussi voir la figure de deux d’entre eux. Ayant enfin retrouvé sa sœur, elle lui raconte immédiatement ce qu’elle vient de vivre. Quant elle voit son beau-frère pour la première fois, elle découvre stupéfaite qu’il s’agit d’un de deux meurtriers qu’elle a aperçu à visage découvert. Que va-t-elle devoir faire ? Le dénoncer au risque de compromettre le bonheur de sa sœur qui continue à aimer son époux malgré ses "frasques" ? Tout avouer au procureur, seul homme de la ville à ne pas avoir peur de faire tomber le Ku Klux Klan qui régente la ville et qui pourrait bien être à l’origine du meurtre ?

Le scénario de Richard Brooks va démarrer sur ce postulat de dilemme pour son personnage principal et développer à la fois cet intéressant cas de conscience, la description (assez bien rendue) d’une ville sous la coupe d’une organisation qui la régente, une intrigue policière basée sur l’enquête du procureur seul et contre tous, aussi bien les coupables que ceux qui préfèrent se taire par lâcheté, un drame psychologique opposant les deux sœurs et le meurtrier ; le tout débouchant au final sur un climax de thriller. Cocasse et plutôt sympathique de voir la "cohabitation" d’un des acteurs hollywoodiens les plus républicains qui soit (le "futur ex-président" Reagan) dans un film écrit par un scénariste démocrate jusqu’au bout des ongles en la personne de Richard Brooks qui, dans le même temps, entamera sa belle carrière de cinéaste engagé et vigoureux. Il est d’ailleurs un peu regrettable que ce dernier n’ait pas filmé son histoire car la mise en scène de Stuart Heisler a beau être correcte, elle ne fait jamais vraiment décoller le film.

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Cela dit, rien qui n’empêche ce "film noir pamphlétaire" de se regarder avec grand plaisir puisque remarquablement photographié (le premier plan de l’arrivée nocturne du bus donne d’emblée le ton), possédant une bande originale puissante et une interprétation de tout premier ordre et d’une grande sobriété. On savait Ginger Rogers et Doris Day aussi à l’aise dans le drame que sur des planches ou derrière un micro ; en voici de nouveau la preuve. Steve Cochran, ayant du être marqué par l’interprétation de Marlon Brando dans Un Tramway nommé Désir cette même année, compose un personnage négatif assez angoissant (Storm Warning possède d’ailleurs quelques autres points communs avec le film de Kazan que ce soit dans l’intrigue, les personnages et l’atmosphère). Quant à Ronald Reagan, il est remarquablement à l’aise dans le seul rôle entièrement honnête et incorruptible du film ; les scénaristes ont d’ailleurs eu la bonne idée de ne pas le faire tomber amoureux du personnage interprété par Ginger Rogers (rôle prévue au départ pour Lauren Bacall) ; une histoire d’amour inutile nous est ainsi épargnée.

Concis, d’une belle efficacité dramatique sans pour autant oublier une approche assez réaliste, ce scénario courageux omet cependant de mentionner les idéologies racistes du KKK. En 1936, la Warner avait produit Black Legion d’Archie Mayo qui narrait l’histoire d’un ouvrier (Humphrey Bogart) devenant membre du Klan avant de le dénoncer. Quinze ans plus tard, le studio récidive avec Storm Warning qui, sans prêche inutile, stigmatise à nouveau les méfaits du groupe sans malheureusement jamais parler de ses idées, faisant du Klan une vulgaire organisation mafieuse bigote et haineuse : la dénonciation sociale perd ainsi un peu de sa vigueur. Mais le final reste toujours aussi impressionnant avec cette montée dramatique qui culmine dans une séquence nocturne utilisant une importante figuration de non professionnels, des contre-plongées sur la croix en feu du Ku Klux Klan, le tout nous mettant sous le nez la xénophobie galopante qui gangrène une ville et des gens à priori comme vous et moi. Manquant d’un véritable auteur derrière la caméra mais courageux et rondement mené.

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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

Message par Ann Harding »

Cathy a écrit :Double Chance, Lucky partners (1940) - Lewis Milestone
Une jeune femme croise un homme dans la rue qui lui dit juste bonne chance. Il devient en quelque sorte son porte bonheur, et elle accepte de partir avec lui en voyage
Lewis Mileston signe ici une adaptation de Bonne Chance de Sacha Guitry. Il faudrait voir le premier pour voir à quel point l'adaptation est fidèle ou pas, mais bon il y a une certaine immoralité toute guitriesque dans le sujet du film, avec cette jeune femme qui accepte de suivre un quasi-inconnu dans un voyage en tout bien, tout honneur, mais qui fera naturellement naître des sentiments entre les deux personnages. Il y a aussi ce fiancé qui se voit confronté aux errements de sa fiancée. Il y a toutefois un côté américain proche d'une certaine "screwball", bien que le film n'en soit absolument pas une avec les tenanciers du bistrot, ou la scène du tribunal. Le film permet de découvrir une Ginger Rogers brune^et toujours aussi piquante aux côtés de Ronald Colman, séduisant inconnu qui finira par ne pas être ce qu'il semble être. D'ailleurs tout le film semble en quelque sorte un conte de fées, on s'attend toujours à un twist final qui montrerait que le personnage n'est pas celui qu'il dit être, mais plutôt un "ange", le film demeure pourtant bien ancré dans le réel. Pour accentuer le côté poétique, il y a aussi cette charmante scène avec des auteurs de contes de fées qui vont révéler aux héros leur attirance mutuelle. Il ne faut pas oublier aussi Jack Carson étonnant avec ses lunettes, dans son rôle de fiancé un peu naïf. Un petit film mais une charmante comédie si américaine dans le traitement et pourtant bien française dans son immoralité et la fuite de cet homme devant les sentiments amoureux.
Tu as nettement plus apprécié le film que moi, Cathy. Je trouve le film de Guitry très nettement supérieur en termes d'écriture cinématographique et de dialogues. Et la direction de Milestone est malheureusement assez atone.
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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

Message par Cathy »

Je n'ai pas encore vu le Guitry, mais j'imagine sans mal que les deux versions soient très différentes, mais je dois avouer avoir été sous le charme du couple et de l'histoire :) !
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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

Message par Cathy »

Je te dresserai, In Person (1935) - William A Seiter

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Une actrice qui souffre d'agoraphobie accepte de partir incognito afin de se soigner avec un homme qui l'a protégé lors d'une crise d'agoraphobie.

William A Seiter réalise ici un film porté par son actrice de bout en bout. Elle est de tous les plans, et montre qu'elle était une vedette de premier plan. Il est étonnant de la voir grimée en vieille fille laide, brune à lunettes, cachée derrière une voilette et devenir la star resplendissante radieuse. Si le film est une comédie sentimentale qui lorgne vers la screwball avec ces deux personnages que tout oppose. Mais nous ne sommes pas dans une comédie déjantée typique du genre, plus dans une simple comédie. Lla vedette reste quand même une vedette musicale avec deux numéros chantés et un numéro dansé dans le cadre du tournage d'un film. Celui-ci repose aussi entre l'opposition entre l'explosive actrice et le comédien plus terre à terre qu'est George Brent. Si le film n'est aucunement un chef d'oeuvre, il s'agit d'une charmante petite comédie à l'américaine.
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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

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Star of midnight, Monsieur Sherlock et Madame Holmes (1935) - Stephen Roberts

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Un avocat new yorkais et sa fiancée enquête sur la disparition mystérieuse d'une danseuse en pleine représentation sur Broadway.

Un an après the Thin Man, Stephen Roberts réalise une variation sur le thème du couple de détectives. Ici le héros n'est ni ancien détective, ni ancien policier, il est juste un avocat réputé qui voit un homme assassiné chez lui, après que la vedette d'un show qui apparaît masquée disparaît lorsqu'un spectateur hurle son prénom. On retrouve tous les tics de ce style de films, les personnages aisés, les appartements luxueux, le monde de la nuit où se mêlent brigands, policiers, vedette de spectacle... L'enquête "policière" repose surtout sur les joutes entre l'avocat et sa fiancée, on retrouve quelque part les mêmes gimmicks que dans le Thin Man, un héros porté sur les cocktails même s'il avoue un goût un peu moins prononcé pour ceux-ci, une fiancée et non sa femme qui n'hésite pas à le suivre à la fois dans cette voie, mais aussi dans les chemins du danger. Nous sommes donc dans un schéma on ne peut plus classique, mais le couple formé par William Powell et Ginger Rogers fonctionne parfaitement, le premier dans son rôle habituel de dandy, la seconde elle aussi dans son rôle de jeune femme pétillante, pleine de vie. L'intrigue est un peu compliquée mais la fin est assez étonnante et la découverte du coupable semble plus ancrée dans une ambiance pré-code. Le film est très agréable quoiqu'il en soit, même s'il ne renouvelle pas le genre. Il est tout de même surprenant de voir William Powell jouer quasiment le même rôle que Nick Charles !
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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

Message par Wicker »

Jeremy Fox a écrit :Il va falloir que je vienne compléter ça moi aussi. :wink: Une excellente actrice aussi bien dans le registre de la comédie que du drame
Tout à fait d'accord ! Une des meilleures actrices de comédie en ce qui me concerne. "Monkey Business" et "The Major & The Minor" sont excellents ("Bachelor Mother" est également très agréable à voir notamment grâce à la scène où Ginger se fait passer pour une Suédoise ne comprenant pas l'anglais auprès des amis de Niven). En revanche "Once Upon A Honeymoon" m'a un peu déçu (Bromberg m'ayant peut-être trop fait saliver avec ses parallèles avec "To Be Or Not To Be").
J'ai l'impression qu'après avoir été une des actrices les plus en vue à la fin des années 30 et début des années 40, elle semble avoir eu du mal à trouver des rôles à sa mesure à partir du milieu des années 40. A part "Monkey Business", je ne connais d'ailleurs rien de cette période. Je retiens donc le "I'll Be Seing You" qui a l'air pas mal :D
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Ann Harding
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Re: Ginger Rogers (1911-1995)

Message par Ann Harding »

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Rafter Romance (1933, William A. Seiter) avec Ginger Rogers, Norman Foster, Robert Benchley, George Sidney et Laura Hope Crews

A Greenwich Village, Mary Carroll (G. Rogers) loue un petit appartement à M. Eckbaum (G. Sidney). Etant sans la sou et en retard dans son loyer, celui-ci lui propose de 'partager' l'appartement de Jack Bacon (N. Foster) au grenier car ce dernier travaille comme gardien de nuit...

Ce film RKO fait partie de la série 'Lost and Found' qui a été publiée en DVD en 2008. Cette comédie signée William A. Seiter se révèle être un film fort réussi, combinant un aspect social et comique avec talent. Ginger Rogers y joue une employée d'un centre d'appel. Elle passe la journée à tenter de vendre des réfrigérateurs par téléphone sous le regard légèrement libidineux de son chef, joué par l'humoriste Robert Benchley. Comme ses finances sont à zéro, elle se voit forcer par son logeur (George Sidney, un spécialiste des rôles ethniques juifs) à partager un appartement avec un artiste également désargenté. Le malheureux Jack est poursuivi par une vieille dame fortunée (toujours alcoolisée) interprétée par une Laura Hope Crews impayable. Quant à Mary, elle doit subir les avances continuelles de son chef. Le film appartenant à la période Pre-Code, il contient son lot de séquences 'coquines' où l'on voit Ginger de se déshabiller révélant qu'elle ne porte guère qu'une écharpe en guise de chemisier. Mais, bien au-delà, le film fonctionne admirablement grace à sa récréation du quartier de Greenwich Village avec ses petits cafés et ses pensions meublées. Il y a aussi de tous petits détails qui montrent l'excellent travail du scénariste. On voit par exemple le fils idiot du logeur juif en train de dessiner des croix gammées sur un mur provoquant la fureur de son père. Nous suivons les employés de la firme où travaille Mary partir pour un pique-nique comme celui que l'on voit dans The Crowd (1928, K. Vidor) qui montre l'ambiance d'une époque. Evidemment, Mary et Jack tomberont dans les bras l'un de l'autre après s'être joué des tours pendables. Une comédie très rythmée et fort bien interprétée.
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