Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

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MUSIQUE A BORD (MUSIK OMBORD) de Sven LINDBERG – 1958
Avec Alice BABS, Sven LINDBERG, Lena NYMAN

Vers la fin des années 1950, en Suède, Rolf et Ulla Wickström coulent des jours heureux avec leurs deux enfants, leur chat, leurs chiots, leur perroquet et quelques souris. Autrefois, Rolf était maître timonier, Ulla était chanteuse à succès, mais chacun a tourné la page pour se consacrer exclusivement au bonheur du foyer. Rien ne semble devoir troubler cette idylle quand de nouveaux voisins font leur apparition. Il s'agit de musiciens danois — Hansen et Jensen — qui, sous des dehors sympathiques et innocents, sont venus s'installer là dans le but secret d'amener Ulla à remonter sur scène. ..

Avis du Commissaire Juve :
On s'en doute, ce 16ème et avant-dernier film d'Alice Babs — qui avait 34 ans — n'a pas d'autre objet que de permettre à la "mademoiselle swing" de 1940 de nous interpréter quelques chansons, et l'histoire de la machination d'Hansen & Jensen n'est qu'accessoire. Ainsi, pendant les 96 minutes de spectacle, on nous sert 14 intermèdes musicaux : de vraies chansons, des extraits de chansons ou des instrumentaux. Pour le reste, on baigne en plein dans les années 50 "à l'américaine". Les femmes portent des robes ou des jupes corolles, elles servent le petit déjeuner au lit à leur cher et tendre, s'occupent évidemment des enfants, et passent une bonne partie de leur temps à chasser la poussière, à faire du tricot et à surveiller les fourneaux. Les hommes, tout en costume cravate, vont passer la journée au bureau, regagnent le bercail en fin d'après-midi et attendent que le dîner soit servi en lisant le journal (une véritable vision d'horreur pour féministes). Lorsque le film est sorti sur les écrans, les critiques ont été plutôt bienveillants. Il s'est quand même trouvé des plumes pour dire que ce divertissement aurait gagné à être moins "sucré" et un peu plus "salé". On a aussi émis des réserves sur son contenu musical. Et il faut bien avouer que le programme n'est pas très emballant. En dehors d'un air de calypso interprété en duo avec le comédien allemand Paul Kuhn ("Vi tar det bästa porslinet"), d'un quatuor a capella ("Ut i naturen") et d'une séance de jitterbug, difficile de ne pas faire la moue. En bref, on tient là un divertissement familial ensoleillé, mais assez anodin, et l'on en sort avec le sentiment que la formule — celle du film musical estampillé "Alice Babs" — est en bout de course... Incidemment, côté distribution, on signalera la présence de Lena Granhagen — dans le rôle de la soeur brune d'Ulla Wickström — qui reprit tout de suite après ce film son rôle de Sonja Svensson — blonde, elle — dans le second opus de la série des "Hillman" (Arne Mattsson, 1958-1963). Enfin, dans le rôle de la fille du couple Wickström, c'est une Lena Nyman âgée de 14 ans que l'on peut apercevoir. Elle en était alors à son troisième film et, on s'en doute, était encore bien loin de son personnage de "Je suis curieuse" (Vilgot Sjöman, 1967-1968).

Mon avis :
Je rejoins le commissaire et son avis laissé sur son site concernant Musique à bord, un musical familial insignifiant. L'intrigue est sans intérêt. Alice Babs possède une voix claire et très
musicale, "soluble dans l'air" comme aurait dit Verlaine; ces numéros avec les deux musicaiens avec lesquelles elle forma quelques années le trio Swe Danes sont légers, sautillants, rentrent par une oreille pour ressortir par l'autre immédiatement. Par la suite, le trio enregistra des airs jazzy vraiment très sympa comme the tunnel of love de Doris Day, mais hélas les chansons du film, aussi agréables soient elles sont totalement oubliables. Comme le goût du public en matière de variété a pu changer quand on entend les numéros très syncopés actuels et qu'on les compare avec les harmonieux gazouillis d'Alice!
Le pianiste et chanteur allemand Paul Kuhn qui rejoint Alice sur certains numéros dans la langue de Goethe (Alice était elle-même devenue célèbre en Allemagne à partir de 1955 avec des chansons comme lollipop) parait toujours à l'occasion dans les émissions de variétés outre Rhin. Image
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Message par Commissaire Juve »

Je continue à visionner un paquet de DVD qui patientaient sous la poussière...

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Ce soir :

Kärlek och störtlopp (Rolf Husberg, 1946)

... avec Sture Lagerwall, Eva Dahlbeck, Thor Modéen, Hjördis Petterson...

Le film n'est jamais sorti chez nous, donc, il n'y a pas de titre français. Littéralement, ça donnerait "Amour et descente de vitesse" ou "Amour et kilomètre lancé" ; ce qui n'est pas fantastique ! :mrgreen: Perso, j'irais au plus simple avec un "Amour et sports d'hiver". Le mot "störtlopp" désigne une épreuve de ski alpin : la descente de vitesse.

Détail amusant : en 1940, Christian-Jaque a signé Le grand élan, un film se passant au ski (avec Mouloudji, Charpin, Mila Parély), et, en Suède, ce film a eu droit au titre "Kärlek och störtlopp" ! Comme quoi !


L'histoire : Un producteur de cinéma envoie un scénariste à la montagne avec pour mission de pondre un bon script d'histoire d'amour se passant au ski. Le scénariste (Sture Lagerwall) déteste la neige, a horreur du ski, mais il finit par obtempérer. Une jeune journaliste (Eva Dahlbeck) ayant vent de cette mission tente d'obtenir une interview, mais se fait proprement envoyer sur les roses. Pour se venger, elle décide de suivre le scénariste à la montagne, bien déterminée à dénicher "le" scoop...

Si j'ai coutume de dire que l'humour, c'est comme le camembert, ça ne supporte pas forcément les voyages, je dois reconnaître qu'on a ici un film plutôt drôle (pour peu qu'on soit client de l'humour de ces années-là). La première partie, avec le ping-pong de vacheries entre le scénariste et la journaliste, est vraiment sympa, on a vraiment le sentiment d'être devant une comédie de qualité. Malheureusement, au bout d'un moment, l'humour change de ton, vire à la farce et le film part "en vrille", comme dans les comédies de Jean Boyer les plus "grasses". Quant à la troisième partie, eh bien, elle est essentiellement sportive -- le héros doit participer à la course de vitesse alors qu'il est très mauvais skieur -- et se termine par... chuuut !

S'il n'y avait pas eu l'épisode central complètement barré*, on tenait un film vraiment bien. C'est un peu dommage.

* pour se tirer d'un mauvais pas, Sture Lagerwall se fait passer pour fou, fait croire qu'il est la réincarnation du roi Erik XIV (1560-1568)... Eva Dahlbeck embraye se faisant passer pour Karin Månsdotter (la jeune épouse de Erik XIV)... là, même s'il y a des vannes à la Jacouille la Fripouille, il vaut mieux être suédois, connaître un peu l'histoire de la Suède, pour en profiter vraiment.

Mention spéciale au personnage de la jeune patineuse artistique qui rêve de faire du cinéma (Agneta Lagerfelt). Elle a deux neurones et, à un moment, le héros lui demande :
Est-ce que vous réfléchissez avant de parler ou est-ce que vous parlez avant de réfléchir ?
:lol:

Il y a aussi Hjördis Petterson (une sorte d'équivalent suédois de Jeanne Sourza) qui joue une vieille fille à la recherche de l'amour. Elle a droit à deux séquences assez drôles (où elle la joue un peu à la Cagliostro, comme dans le François 1er de Christian-Jaque et le résultat final me fait encore rire).

Bon, tout ça va vous passer largement au-dessus de la tête, vu que le DVD suédois est épuisé et qu'il ne proposait que des sous-titres suédois, mais, on fait comme d'hab : on partage nos découvertes.
Dernière modification par Commissaire Juve le 2 janv. 23, 08:45, modifié 3 fois.
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Message par Commissaire Juve »

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Oss baroner emellan / Entre barons (Ivar Johansson, 1939)

... avec Adolf Jahr (le Douglas Fairbanks suédois) et Thor Modéen (le Charpin suédois)...

Pas évident à résumer... en allant au plus simple, on pourrait dire : Le baron Gustaf Adolf Lejoncloo, qui a fait fortune en Argentine, revient en Suède pour administrer les biens de sa tante paternelle. Alors qu'il se rend chez elle à bord d'une voiture hippomobile, une de ses valises tombe sur la route. Elle est ramassée quelque temps plus tard par un petit escroc qui -- après avoir lu le nom du propriétaire sur l'étiquette de bagage -- décide de se faire passer pour le baron des pampas. Par un étrange concours de circonstances, ce faux baron est bientôt hébergé par les propriétaires d'un manoir, et, par un concours de circonstances encore plus étrange, il se retrouve ensuite nez à nez avec le vrai Gustav Adolf. Comme ce dernier trouve la situation très amusante, et comme il ne veut pas révéler tout de suite sa vraie identité, eh bien, on va de quiproquo en imbroglio...

Ce DVD attendait sous la poussière depuis mai 2010 et je suis très content de lui avoir fait prendre l'air. C'est un film "années 30" vraiment bien. Il doit beaucoup à la sympathie qu'inspire Adolf Jahr -- avec sa double calandre de dents bien blanches -- qui confirme ici l'impression positive qu'il m'avait laissée après avoir découvert "Mademoiselle Swing et son professeur" (1940). En dehors de l'escroc (joué par un Magnus Kesster qui a tout à fait la tête de l'emploi) et de la jeune femme à séduire (Birgit Tengroth... 24 ans... elle a commencé sa carrière à 10 ans... a beaucoup joué dans les années 30 / 40 et a tout arrêté en 1950), il est secondé par Thor Modéen qui -- en termes de bonhomie -- n'a rien à envier à notre Fernand Charpin national (même si je préfère Charpin). Enfin, on aperçoit même Viran Rydkvist (la Pauline Carton suédoise) dans un tout petit rôle. Cela fait penser à ces films français de la même époque où l'on voyait souvent en arrière-plan toute la bande des comédiens marseillais : les Ardisson, Maupi, Delmont, Blavette, etc. Aujourd'hui, on parlerait de "feel good movie", on en sort vraiment avec le sourire. Et vu le contexte international -- le film est sorti fin décembre 39, quatre mois après l'invasion de la Pologne -- les gens devaient vraiment avoir besoin de ce genre de distraction.

A un moment, du reste, il est carrément fait allusion à la guerre : les autorités décident d'interdire la distribution d'essence, ce qui finit par empêcher les déplacements en automobile (d'où l'apparition du véhicule hippomobile cité plus haut).

Bon, évidemment : pas de DVD, pas de sous-titres français. Il ne vous reste plus qu'à me croire sur parole (Music Man, je pense que le film te plairait bien).


J'ai enlevé mon petit compte-rendu sur "Nuages sur Hellesta" (1956)... Si un passionné de passage tient à en savoir plus, il peut toujours jeter un coup d"oeil au fichier central du commissariat : Nuages sur Hellesta

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Dernière modification par Commissaire Juve le 2 janv. 23, 08:46, modifié 2 fois.
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Message par Music Man »

Commissaire Juve a écrit : Bon, évidemment : pas de DVD, pas de sous-titres français. Il ne vous reste plus qu'à me croire sur parole (Music Man, je pense que le film te plairait bien).
En plus c'est exactement ce que je pensais en lisant tes lignes !! :wink:
d'ailleurs l'an passé j'ai essayé de commander plusieurs comédies avec Adolf Jahr, mais après m'avoir fait espérer au moins 3 mois, on a fini par de dire que les DVD étaient épuisés!
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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Cinéfil31 »

Je reparle ici d'un film de Vilgot Sjöman sur lequel le Commissaire Juve avait attiré mon attention sur le fil "Cinéma du Nord en DVD" il y a plus de deux ans : 491. http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 4&start=90.
La copie présentée par Svensk Filmindustri est plutôt belle effectivement, et change agréablement de Sandrew. Le style filmique de Sjöman m'a en revanche peu touché ; c'est une espèce de post-Nouvelle Vague à gros sabots avec un côté "scandaleux" un peu pénible et forcé : "misère" sexuelle, homosexualité, viol suggéré, zoophilie même si j'ai bien suivi... Tout ceci ne me donne pas très envie de voir d'autres films de ce réalisateur : j'ai comme l'impression que "Je suis curieuse bleu/jaune" doit être aussi gratiné dans le genre...
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Message par Commissaire Juve »

491... c'est tout un poème. Après l'avoir découvert, j'en avais parlé à un pote suédois qui m'avait dit (je traduis) : "T'es pas fou de regarder des films pareils !" :mrgreen:
Cinéfil31 a écrit :... j'ai comme l'impression que "Je suis curieuse bleu/jaune" doit être aussi gratiné dans le genre...
Mouhahaha ! Tu as lu mes comptes-rendus ? (accès ici à 1967 et 68 : fichier central du commissariat) C'est effectivement très particulier. Essaye plutôt Ma soeur, mon amour (1966). Il est dispo chez Malavida, mais c'est un vieux master pas compatible 16.9e.

PS : vu qu'il n'y a pas trop grand monde qui passe par ici, je signale cette nouvelle page secrète de mon site : trombino nordique (ce sont mes petits "easter eggs" à moi). C'est du work in progress (faut le temps de trouver des captures potables), il manque quelques noms importants, notamment dans les années 50 (Eva Dahlbeck, Jarl Kulle, Sif Ruud, Ann-Marie Gyllenspetz...).
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Message par Cinéfil31 »

:lol: Merci Commissaire, mes pressentiments se confirment... Ma sœur mon amour a l'air très différent en effet. Je me souviens que Jean Béranger en avait fait une critique intéressante et élogieuse dans son Nouveau Cinéma scandinave de 1957 à 1968, un ouvrage très complet paru à la fin des années 1960 et facilement trouvable sur des sites de vente d'occasions. Vilgot Sjöman a également réalisé au début des années 1970 En handfull kärlek, qui a l'air lui aussi d'être d'une veine plus "classique". Qu'en penses-tu ?
PS : ton trombinoscope nordique est une très bonne idée !
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Message par Commissaire Juve »

Cinéfil31 a écrit :... En handfull kärlek, qui a l'air lui aussi d'être d'une veine plus "classique". Qu'en penses-tu ?
Ouh là, c'est vieux, ça... J'aurais du mal à en parler, je n'en garde pratiquement aucun souvenir. Ou plutôt un souvenir assez déplaisant (film désagréable... mais c'était peut-être à cause du transfert vidéo... et au fait que je l'aie vu au cours d'une nuit blanche lourdingue). Je crois qu'il avait réussi à rendre moche Ingrid Thulin. Faudrait que je le revoie (ou que je retrouve mes notes). Ce soir, peut-être.

Bilan après cinq films : je crois qu'on peut dire que le cinéma de Sjöman n'était pas particulièrement "aimable".
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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

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Commissaire Juve a écrit :
Cinéfil31 a écrit :... En handfull kärlek, qui a l'air lui aussi d'être d'une veine plus "classique". Qu'en penses-tu ?
Ouh là, c'est vieux, ça... J'aurais du mal à en parler, je n'en garde pratiquement aucun souvenir. Ou plutôt un souvenir assez déplaisant...
En handfull kärlek (Vilgot Sjöman, 1974)

Je l'ai revisionné cette nuit. Finalement, c'est un film tout à fait classique, dans l'esprit de Ådalen 31 (Widerberg, 1969). Donc, ça pourrait te plaire. Cela dit, le transfert était effectivement assez "problématique". Pas de 16.9e, une DNRisation plus ou moins forte et, surtout, un festival de postérisation dans les séquences en basse lumière (une honte !).

L'histoire : Stockholm, juin 1909, la colère gronde. Les ouvriers parlent de faire grève et le patronat menace de répondre par un lock-out. Au milieu de tout ça, quelque part dans la ville, la jeune Hjördis est embauchée comme domestique chez Claes Crona, un importateur de denrées exotiques. Quand elle ne travaille pas, la jeune femme se donne du bon temps avec Daniel, un manoeuvre qu'elle aimerait bien épouser, avec qui elle aimerait avoir un enfant, fonder un foyer. Mais le jeune homme, lui, ne rêve que de socialisme et refuse les conventions bourgeoises. Que faire ? Céder aux avances de Claes Crona peut-être ?

Voilà sans doute pourquoi ce film est intitulé "En handfull kärlek" (qu'on va traduire par "Un peu d'amour"... et pas par "une poignée d'amour" qui serait ridicule). C'est un portrait de femme sur fond d'Histoire en marche et de lutte des classes. Comme je le disais plus haut, on retrouve un peu les ingrédients de Ådalen 31, mais avec une photographie plus dure. Sjöman nous fait un mix de Zola et de Chabrol. On a d'une part le film en costumes, avec ses petites touches naturalistes, et, d'autre part, le regard de classe sur la bourgeoisie. Une bourgeoisie sans compassion pour les pauvres gens, cynique, un peu perverse (le patron de Hjördis dépeint son couple comme "non conventionnel"). On a vraiment les gentils et les méchants. A un moment, il y a une séquence assez "beurk" de "full frontal nudity" qui m'a fait penser à la façon pas-du-tout-orientée qu'avait Eisenstein de filmer les gros koulaks repus dans "La ligne générale" (1926-29). Les corps vieillis, plus ou moins déformés, comme un reflet de la noirceur de l'âme. Le besoin d'enlaidir les nantis va jusqu'à toucher Ingrid Thulin qui n'est vraiment pas à son avantage dans ce film... Psychologiquement parlant, j'ai trouvé que le réal allait un peu vite en besogne pour montrer le cheminement amoureux de Hjördis. Par ailleurs, il y a un personnage de jeune bourgeoise émancipée -- qui s'envoie en l'air comme bon lui semble, avec une philosophie très années 70 -- qui m'a semblé un poil anachronique. Je ne suis pas sûr d'avoir jamais croisé ce genre de femme libérée dans la littérature de l'époque.

Bref : vu de France, le film est plutôt intéressant. A l'époque -- en Suède -- il a plutôt été reçu favorablement. Selon l'Institut du film suédois, les seules critiques négatives sont venues d'un journal prolétarien et d'une critique féministe du Dagens Nyheter (qui en avait marre de tous ces films où les femmes n'étaient filmées que d'un point de vue horizontal). :mrgreen:
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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Cinéfil31 »

Merci beaucoup Juve d'avoir pris la peine de te farcir ce film une seconde fois ! :uhuh: :wink: Je note que le contexte historique peut être intéressant et instructif, comme celui (postérieur de plus de 20 ans) montré dans Ådalen 31. Je pense que je préfère de loin Bo Widerberg à Vilgot Sjöman, toutefois je tenterai l'expérience avec En handfull kärlek. Le DVD Sandrew fait partie de ceux qui sont épuisés, mais je crois qu'on le trouve encore en import sur Amazon.
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Message par Commissaire Juve »

Cinéfil31 a écrit :Merci beaucoup Juve d'avoir pris la peine de te farcir ce film une seconde fois ! :uhuh: :wink:
Pas de soucis. C'était une redécouverte. Et puis, si on achète des DVD, ce n'est pas pour les oublier dans un coin.

PS : tu es arrivé sur le topic au moment où je remaniais un peu ma présentation. :oops: Mais la ligne générale est inchangée.
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Message par Commissaire Juve »

Pour le fun : j'ai pas mal complété mon trombinoscope... J'ai à peu près tous les noms très connus. A l'occasion, j'essaierai d'ajouter Margit Carlqvist, Nils Hallberg et Douglas Håge dans les années 50.

La comparaison de Naima Wifstrand années 40 et Naima Wifstrand années 50... ouch ! En même temps, c'est une comédienne qu'on a toujours connue "âgée".
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Message par Commissaire Juve »

beb a écrit :
Commissaire Juve a écrit :Pour le fun : j'ai pas mal complété mon trombinoscope... J'ai à peu près tous les noms très connus. A l'occasion, j'essaierai d'ajouter Margit Carlqvist, Nils Hallberg et Douglas Håge dans les années 50.

La comparaison de Naima Wifstrand années 40 et Naima Wifstrand années 50... ouch ! En même temps, c'est une comédienne qu'on a toujours connue "âgée".
Et Eva Stiberg ?
J'ai fait une vignette... mais, je me tate encore. C'était une vignette années 40 alors qu'elle n'a eu visiblement que deux rôles de premier plan pour cette période (à partir de là, le mot "vedette" serait un peu excessif). Et pour les années 50, je n'ai rien encore. :mrgreen:

PS : je précise que chaque capture correspond à un film de la décennie (vers le milieu de la décennie quand c'est possible).
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