Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Commissaire Juve
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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Pour les Classikiens qui s'intéressent à "tout"...

Les sépultures d'un tas de comédiens suédois d'autrefois (mis à jour, mais pas vraiment par ordre alphabétique) : http://www.klassikerfilm.se/gravplatser.htm


J'ai ce site dans mes favoris depuis un moment. J'avais oublié qu'il y avait un trombino... http://www.klassikerfilm.se/filmstjarnor.htm On a certains comédiens en commun, mais il m'en manque un certain nombre (comédiens des années 30 sans doute).

Julia Caesar... j'adore ! :mrgreen: Un peu la Marguerite Moreno suédoise ! :lol:
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Commissaire Juve
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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Je ne serai peut-être pas lu, mais tant pis...

Hier, j'ai découvert mon deuxième film "Pilsner" (rappel : pilsnerfilm = gentil nanar suédois des années 30 et début 40... équivalent -- chez nous -- des Fernandèleries).

Après Snurriga familjen / La famille tourbillon / L'hôtel en folie (1940), j'ai découvert "le" chef-d'oeuvre du genre, autrement dit : Pensionat Paradiset / La Pension Paradis (1937) avec Thor Modéen, le Charpin suédois.

Pensionat Paradiset / La Pension Paradis (1937)

Si je vous en parle, c'est parce que : 1) le film a fait un gros scandale à sa sortie (des intellectuels ont carrément organisé une conférence à Stockholm pour hurler à l'abêtissement des masses et demander l'interdiction de ce genre de spectacles) ; 2) que le film a néanmoins eu un gros succès populaire ; 3) que plusieurs passages m'ont bien fait marrer.

C'est complètement c***, mais ça fait mouche. Même après 76 ans (chez les amateurs de Fernandèleries à tout le moins).

Truc amusant : sur la page Wikipedia suédoise qui parle du film, il est dit que -- des années plus tard -- une partie des gens qui l'avaient dénoncé ont reconnu que -- finalement -- c'était un film sympa. Mais dans la rubrique "suppléments" du DVD, on a un autre son de cloche. Un des contempteurs du film déclarant même que :
Ce n'est pas parce qu'un tas de fumier est ancien qu'il a une meilleure odeur !
Excellent ! :mrgreen: (il paraît que c'est une citation de Mao) Et là je me suis mis à penser à tous les nanars français que j'avais pu acheter et apprécier (selon les cas), mais qui -- à l'époque de leur sortie -- avaient dû consterner le public.

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Dernière modification par Commissaire Juve le 2 janv. 23, 08:18, modifié 4 fois.
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Re: Le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

La nuit dernière, j'ai découvert mon sixième et dernier "pilsnerfilm"...

65, 66 och jag (Anders Henrikson, 1936)

Autrement dit "65, 66 et moi"... ces numéros correspondant à des sortes de matricules militaires.

L'histoire : un homme d'affaire, sur le point de se rendre à Berlin, est victime d'une usurpation d'identité et se voit contraint de faire une période d'exercices militaires d'un mois. Il a beau hurler au malentendu, personne ne l'écoute et il fait son temps comme prévu. Là, on le voit découvrir les joies saines de la vie au grand air, la camaraderie, tout ça...

Il faut bien voir que le personnage principal de toute cette histoire est de nouveau incarné par Thor Modéen (le Charpin suédois) et que tout le ressort comique du film repose sur le fait qu'il s'agisse d'un homme d'un certain âge, à l'embonpoint certain... d'un homme d'un statut social plutôt élevé aussi.

Si je vous en parle, c'est que la situation de départ -- par certains aspects -- m'a fait penser à Un de la légion (Christian-Jaque, 1936) où le personnage incarné par Fernandel -- victime lui aussi d'une usurpation d'identité -- se retrouve malgré lui à l'armée, armée dont il finit également par apprécier les joies de la camaraderie...

Le film de Christian-Jaque est sorti le 18 septembre 1936... Le film suédois est sorti le 23 novembre 1936. Etonnante coïncidence. Au début, j'ai pensé que les deux étaient partis du même matériel de départ. Mais non. Le film français s'inspirerait de la nouvelle Comment Forbes Smith partit pour la légion (J.D.Newson) ; le film suédois, lui, est une adaptation d'une pièce de théâtre danoise de Axel Frische (1877-1956).

Bref ça devait être un sujet dans l'air du temps.

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Dernière modification par Commissaire Juve le 10 mai 19, 16:09, modifié 3 fois.
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Re: Le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Pour ceux qui passent par ici...

Alice Babs vient de mourir (90 ans). C'était plus une chanteuse qu'une comédienne, mais, elle a participé à quelques films des années 40 / 50 assez sympatoches.

Une de ses meilleures chansons (1940)... la chanson se met vraiment à swinguer à partir de 00'46.

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Ann Harding
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Re: Le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Ann Harding »

Quelques nouveautés muettes tout à fait délectables...

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Vem dömer (L'Epreuve du feu, 1922) de Victor Sjöström avec Jenny Hasselqvist, Gösta Ekman, Ivan Hedqvist et Tore Svennberg

Au XIVe siècle, Ursula (J. Hasselqvist) a été obligée d'épouser Anton (I. Hedqvist), un sculpteur âgé qu'elle déteste. Elle aime le fils du bourgmestre Bertram (G. Ekman) avec lequel elle passe parfois ses après-midi. Un jour, elle décide d'acheter du poison à un moine apothicaire...

Cette grande production historique de Victor Sjöström a été tournée essentiellement en studios contrairement à ses grands films des années 1910. L'héroïne Ursula est une femme forte dans un environnement hostile. Sa vie est régie par ses parents, la religion et la superstition. Mariée contre son gré, elle songe au suicide avec celui qu'elle aime avant d'envisager de tuer son époux. C'est cette pensée meurtrière qui va faire d'elle la coupable idéale lors du décès soudain de son époux. Ursula est traversée par un violent sentiment de culpabilité. Même si son époux n'a pas touché au breuvage (sans danger) qu'elle lui destinait, elle sait qu'il a douté d'elle au moment fatal. La ville a tôt fait de faire d'elle une meurtrière et une sorcière qu'il faut brûler. Bertram obtient des autorités religieuses de prouver son innocence en acceptant le jugement de dieu. Il devra traverser un bûcher enflammé sans périr. Cependant, Ursula refuse son sacrifice et se présente elle-même face au bûcher. Le film contient les ingrédients des grandes oeuvres de Sjöström: la culpabilité et le pardon. En l'absence des grands espaces, les décors suggèrent l'enfermement de la jeune femme avec de violents contrastes d'ombres et de lumières. Jenny Hasselqvist est une magnifique Ursula qui réussit à vaincre dans une adversité totale. Encore une oeuvre majeure de Victor Sjöström qui mérite d'être découverte.

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Kärlek och journalistik (Amour et journalisme, 1916) de Mauritz Stiller avec Karin Molander, Richard Lund et Stina Berg

Eric Blomée (R. Lund) revient d'une expédition polaire et une meute de journalistes l'attend dans sa ville natale. Il réussit à les éviter à la gare. Cependant, sa mère embauche une jeune fille Hertha (K. Molander) pour aider leur domestique. Celle-ci est en fait journaliste...

Cette comédie de 40 min en trois bobines de Mauritz Stiller est une petite merveille de charme et de vivacité. En la voyant, on constate à quel point le cinéma suédois de ces années de guerre était en avance sur son époque. La trame et le traitement prédatent de plusieurs décennies les comédies sophistiquées américaines. Karin Molander y joue une journaliste maligne et intrépide qui se déguise en gamine de 16 ans pour se faire embaucher comme domestique et pouvoir ainsi écrire son article sur un explorateur. Une fois dans la place, elle explore ses papiers et ses photos en douce, tout en flirtant avec l'explorateur qui n'est pas insensible à son charme. L'histoire est simple et on devine rapidement la conclusion: Hertha va épouser Eric et renoncer au journalisme. Cependant, on est charmé par le jeu des acteurs qui interprètent leurs rôles avec un naturel et un sens du rythme tout à fait moderne. Les personnages secondaires sont croqués avec talent. Ainsi la journaliste au physique de déménageur qui fume le cigare et boit de l'alcool se retrouve au bas de l'escalier lorqu'elle tente d'envahir la maison de l'explorateur. Elle trouve face à elle une domestique de poids, au sens propre qui ne s'en laisse pas compter. Aucune trace de slapstick cependant dans cette comédie. Tout est suggéré avec subtilité et Karin Molander incarne à merveille cette jeune femme forte des années 1910. Une petite merveille de l'histoire du cinéma.
Rashomon
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Re: Le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Rashomon »

Voilà qui donne faim, surtout le Sjostrom (le plus grand cinéaste suédois de tous les temps selon moi) Où peut-on les trouver?
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Ann Harding
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Re: Le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Ann Harding »

Pas de DVD disponibles pour ces deux-là. Mais, Terje Vigen et Les Proscrits sont dispo aux USA chez Kino.
Geoffrey Carter
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Re: Le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Geoffrey Carter »

J'adore le Stiller - petite merveille de comédie, fraîche, juteuse, pétillante, toute en subtilité avec des personnages passionnants à étudier.
Aucun souvenir d'avoir vu le Sjostrom mais tu donnes envie de le découvrir en tout cas.
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Ann Harding
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Re: Le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Ann Harding »

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Trädgårdsmästaren (Le Jardinier, 1912) de Victor Sjöström avec Victor Sjöström, Lili Bech et Gösta Ekman

Un propriétaire de jardin (V. Sjöström) convoite la petite amie (L. Bech) de son fils (G. Ekman). Il éloigne celui-ci et profite de son absence pour abuser sexuellement de la jeune fille...

En 1912, Victor Sjöström réalise son premier film pour Svenska Biografteatern. C'est son ami Mauritz Stiller qui a écrit le scénario et y joue un petit rôle. Bien loin des romances sentimentales, l'histoire imaginée par Stiller est d'une cruauté particulièrement inhabituelle pour l'époque. La malheureuse Lili Bech, qui joue la jeune fille sans nom de l'histoire, est victime d'un viol de la part du patron de son père. Sjöström ne cherche pas à se donner le beau rôle en endossant celui du prédateur. Dès ce premier opus, on est frappé par la beauté de la composition, fruit du travail du merveilleux opérateur Julius Jaenzon qui accompagnera Stiller et Sjöström dans tous leurs chefs-d'oeuvre à venir. Le film fit scandale et fut refusé par la censure suédoise. Il sortit néanmoins - censuré - dans d'autres pays où il fut reçu avec ferveur. De nos jours, seule une copie censurée américaine nous permet de découvrir cette oeuvre étonnante. Lili Bech donne une superbe incarnation de cette femme victime des hommes et de la société. Des années plus tard, devenue prostituée, elle retourne dans la serre remplie de fleurs où elle avait été attaquée pour y mourir. Malgré la noirceur du sujet, le film est plein d'images magnifiques de la campagne suédoise qui suggèrent une réalité plus lumineuse de la vie. Un premier opus tout à fait étonnant de maîtrise.

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Mästerman (Maître Samuel, 1920) de Victor Sjöström avec Victor Sjöström, Greta Almroth, Harald Schwerzen et Concordia Selander

Sammel Eneman (V. Sjöström) est prêteur sur gage dans une petite ville portuaire. Il est détesté par la plupart de ses concitoyens pour son avarice. Un jour, il fait la connaissance de Tora (G. Almroth) qui s'est faite agressée et la ramène chez sa mère (C. Selander). La jeune fille est fiancé au marin Knut (H. Schwerzen) qui a besoin d'argent. Elle va trouver Eneman pour obtenir un prêt. Il accepte, mais en retour, il faudra qu'elle accepte de s'occuper de sa maison...

Ce film de Victor Sjöström est moins connu que d'autres de la même époque. Et pourtant, c'est à nouveau une oeuvre profondément humaine et d'une subtilité remarquable. On a également la confirmation, s'il en était besoin, de l'étendu du talent de l'acteur Sjöström. Il est ici un vieux grigou qui vit au milieu de son bric-à-brac et s'habille de vieilles hardes par avarice. La rencontre avec Tora va modifier ce vieil homme en apparence sans coeur. Il accepte qu'elle rende les objets qu'il avait pris en gage aux pauvres gens du village et il s'humanise doucement en changeant ses vêtements. Petit à petit, son environnement se modifie grâce aux bons soins de Tora, ce qui ne manque pas de faire jaser. Le vieux grigou pense même qu'elle va accepter de l'épouser. Evidemment, il se trompe. Tora attend patiemment le retour de Knut et il réalisera alors sa folie. Mais, auparavant, il devra subir une série d'humiliations particulièrement cruelles. Alors qu'il a revêtu ses plus beaux atours et qu'il se met en route pour aller trouver la mère de Tora, bouquet de fleurs en main, tout le village se coalise pour se moquer de lui. Une séquence reste en mémoire pour son efficacité et sa cruauté. Alors qu'il arrive seul sur la route, il croise une rangée de villageois qui singe son allure: ils portent des bouquets de brindilles et se rangent derrière lui en file indienne. Il prend l'humiliation avec résignation. Le film se clôt avec le vieux Sammel qui repart chez lui dans ses vieilles hardes laissant derrière lui Tora et Knut, enlacés et heureux. Sjöström est absolument bouleversant de sensibilité dans ce rôle difficile et sa mise en scène est sans faille avec un soin dans le rythme et la composition des scènes qui en font sans aucune doute l'un des tous premiers maîtres du cinéma. A voir absolument.
Rashomon
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Re: Le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Rashomon »

Comment arrivez-vous à vous procurer ces films pratiquement invisibles?
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Ann Harding
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Re: Le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Ann Harding »

Ils sont effectivement difficiles à voir. Mais, certains sont disponibles sur YouTube, comme le film dont je vais maintenant parler.

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Förstadsprästen ("Un pasteur de banlieue", 1917) de Georg af Klercker avec Olof Sandborg, Concordia Selander, Mary Johnson et Lilly Gräber

Issu d'une riche famille, Erik (O. Sandborg) a préféré devenir pasteur au grand dam de son beau-père un général qui lui préfère son fils Ove qui a choisi la carrière militaire. Elin (M. Johnson), la filleule du général, s'éprend d'Erik...

Le réalisateur suédois Georg af Klercker (1877-1951) est l'un des grands oubliés de l'histoire du cinéma. Issu d'une famille aristocratique, il décide de poursuivre une carrière théâtrale contre l'avis de celle-ci. A la fois acteur et metteur en scène, il vient au cinéma en 1911 pour la société Svenska Biograf. Il n'y fera qu'un passage éclair avant de rejoindre la firme concurrente Hasselblad à Göteborg. C'est au sein de cette société, qui fabriquait des lentilles et objectifs, qu'il va développer son style propre. Förstadprästen, qui peut se traduire par "pasteur de banlieue", raconte comment un fils de famille préfère la prêtrise et s'occuper des pauvres de sa paroisse plutôt que d'embrasser les armes. Cela lui vaut le mépris d'une partie de sa famille. Il n'hésite pas à défendre une prostituée Stella (L. Gräber) qui est maltraitée par son souteneur. Sa gentillesse en sa faveur ne lui apportera que de sérieux ennuis. On l'accuse d'être l'amant de Stella et celle-ci ne fait rien pour le démentir, à l'instigation de son souteneur. Quant à Elin, elle s'amourache d'Erik sous un coup de tête. On reconnaît dans ce rôle de jeune fille la merveilleuse Mary Johnson, la future héroïne d'Herr Arnes pengar (Le Trésor d'Arne, 1919) de M. Stiller, qui fut découverte par Georg af Klercker. La luminosité et la finesse de la photographie montre la qualité des objectifs produits par Hasselblad. Af Klercker se concentre sur les différences sociales d'une société suédoise très inégalitaire et n'hésite pas à nous montrer les ruelles des bas-quartiers. Les acteurs font preuve du même naturel que l'on retrouve chez les autres films suédois de l'époque. Ce drame social me donne envie de continuer l'exploration de l'oeuvre de ce cinéaste méconnu. Un grand merci au cinéphile qui m'a recommandée de découvrir ce metteur en scène.
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Jeremy Fox
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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Jeremy Fox »

Music Man a écrit :Image
MADEMOISELLE JULIE (Fröken Julie) de Alf SJOBERG – 1951
Avec Anita BJORK , Ulf PALME et Max VON SYDOW

A la fin du 19ème siècle , pendant la nuit de la saint Jean, une jeune aristocrate séduit son domestique.

Franchement, j’ai été bluffé par cette magnifique transcription de la pièce d'August Strindberg et l’imagination et la créativité du cinéaste pour en faire quelque chose de vivant et d’intense.
Alf Sjoberg a au moins 25 ans d’avance sur son temps, dans sa façon de traiter les rapports sadomasochistes et cruels de cette aristocrate malheureuse et de son serviteur qui n’arrivent pas à exprimer leur amour que dans la souffrance et l’affrontement. Alors que la fête bat son plein à l’extérieur et que les villageois font la ronde dans les champs, les deux amants d’entre-déchirent avec violence. Les nombreux retours sur le passé sont mis en scène d’un seul mouvement de caméra avec beaucoup d’aisance, de fluidité et d’intelligence et le cinéaste se permet même une sorte de flash-forward des plus audacieux.
La photographie est superbe et l’on est surpris par la violence que Sjoberg parvient à intégrer à ce récit qui dépasse les simples conflits entre classes sociales pour devenir le drame intense de personnages torturés : je pense notamment à l’incendie de la maison, avec la maman de Julie qui parait à travers les flammes dans sa robe de mariée ou encore à ce curieux épisode où Julie , après avoir fouetté son chien désobéissant, oblige son prétendant à sauter par-dessus la badine, comme s’il était aussi un chien avant de le frapper à son tour.
La performance des deux acteurs et surtout de la très belle Anita Björk est captivante et impressionnante. Entre impressionnisme (quand les deux personnages narrent leurs cauchemars avec des ombres évoluant derrière eux) et expressionnisme (gros plans impressionnants de personnages effrayants), Sjöberg réussit un tour de force absolument saisissant.
Un chef d’œuvre du cinéma suédois, fascinant, que je vous recommande fortement !
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Avis que je rejoins en partie. Un film en avance sur son temps que ce soit sur le fond ou sur la forme même si j'ai parfois eu du mal avec l'interprétation souvent outrée et ce mélange de mélodrame et de grotesque. Ceci dit, une étonnante réussite.
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Message par Karras »

Jeremy Fox a écrit : MADEMOISELLE JULIE (Fröken Julie) de Alf SJOBERG – 1951
Avis que je rejoins en partie. Un film en avance sur son temps que ce soit sur le fond ou sur la forme même si j'ai parfois eu du mal avec l'interprétation souvent outrée et ce mélange de mélodrame et de grotesque. Ceci dit, une étonnante réussite.
A noter la sortie prochaine (septembre) d'une nouvelle adaptation avec Liv Ulmann derrière la caméra et Jessica Chastain et Colin Farrell dans les rôles principaux.
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Re: Le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Ann Harding »

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Tösen från Stormyrtorpet (La Fille de la tourbière, 1917) de de Victor Sjöström avec Greta Almroth, Lars Hanson, Karin Molander et Concordia Selander

Helga (G. Almroth), surnommée la fille de la tourbière, a eu un enfant après que son ancien patron ait abusé d'elle. Les bien pensants du village la regarde avec mépris, mais elle va réussir à défendre son honneur...

La Fille de la tourbière est la première adaptation d'un roman de Selma Lagerlöf réalisée par Sjöström. Il en adaptera quatre autres dans les années à venir. L'année 1917 est cruciale pour Svenska Biograf. Le directeur Charles Magnusson a décidé de réorienter la production vers l'adaptation d'oeuvres littéraires pour faire monter en gamme les films. Après le magnifique Terje Vigen (1917) d'après Ibsen, Sjöström s'attaque à cette histoire simple et forte d'une fille victime du qu'en-dira-t-on qui va se battre pour retrouver son honneur. Le cinéma suédois n'hésite pas à montrer la réalité sociale et les préjugés religieux sans se voiler la face. Helga est avant tout une victime. Placée comme servante chez un fermier, il a abusé d'elle. Pourtant, c'est elle qui est considérée comme une fille perdue. Face à cette adversité, elle fait preuve d'un courage qui force le respect des citoyens les plus conservateurs. Alors que son ancien patron s'apprête à se parjurer sur la Bible, elle préfère lui arracher le livre des mains pour éviter le châtiment divin qui l'attend. Elle ne veut pas que le père de son enfant brûle en enfer. Petit à petit, le personnage d'Helga montre sa grandeur d'âme, son refus du mensonge et des préjugés face à une société bien-pensante profondément hypocrite. Gudmund est impressionné par la volonté de cette femme et va insensiblement tomber amoureux d'elle. Le contraste avec sa fiancée Hildur devient de plus en plus insupportable, surtout lorsqu'il se retrouve lui-même suspecté de meurtre et qu'elle le rejette. Sjöström dirige ses acteurs au petit point. Lars Hanson et Greta Almroth sont absolument formidables de vérité et de subtilité. Encore un magnifique Sjöström. Douglas Sirk a réalisé également une adaptation du roman de Lagerlöf en 1935 sous le titre Das Mädchen von Moorhof.

Le film est visible sur YouTube.
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Jeremy Fox
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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Jeremy Fox »

Karras a écrit :
Jeremy Fox a écrit : MADEMOISELLE JULIE (Fröken Julie) de Alf SJOBERG – 1951
Avis que je rejoins en partie. Un film en avance sur son temps que ce soit sur le fond ou sur la forme même si j'ai parfois eu du mal avec l'interprétation souvent outrée et ce mélange de mélodrame et de grotesque. Ceci dit, une étonnante réussite.
A noter la sortie prochaine (septembre) d'une nouvelle adaptation avec Liv Ulmann derrière la caméra et Jessica Chastain et Colin Farrell dans les rôles principaux.

Alors que la version de 1951 ressort en salles le 10 septembre distribuée par Spendor
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