Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Commissaire Juve
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Je vais vous passionner... J'ai découvert deux nouveaux polars : "Det kom en gäst..." (1947), qu'on pourrait traduire par "Un invité inattendu..." (bel oxymore :mrgreen: ) ou "Un convive inattendu" ou "Un homme est passé..." (mais ça a déjà été pris)... ET "I dimma dold" (1953), qu'on peut traduire par "Caché dans la brume".

Je vous présenterai succinctement le second qui m'a bien emballé.

I dimma dold (Lars-Eric Kjellgren, 1953)

Un soir, dans une grande maison plongée dans le noir, une main brandit un pistolet. Plusieurs coups de feu retentissent, un homme s'écroule et l'assassin prend la fuite. Cet assassin, c'est une femme. Une femme qui passe environ 24 heures à chercher un endroit où se cacher dans Stockholm et qui finit par rentrer chez elle pour appeler la police. Et là... rien ne se passe comme prévu. :mrgreen:

Je refuse d'en dire plus pour ne pas spoiler. Pour aller très vite, ce film est une variation du "Laura" d'Otto Preminger, avec Eva Henning (33 ans) dans le rôle de Gene Tierney, Sture Lagerwall (45 ans) dans le rôle de Clifton Webb (plus dans l'esprit que dans la lettre), Sven Lindberg (35 ans) dans celui de Dana Andrews, et même -- d'une certaine manière -- Georg Rydeberg (le mari assassiné) dans un rôle à la Vincent Price (physiquement parlant notamment). J'ajoute qu'il y a aussi le tableau. :mrgreen: Et que le policier finit par dire à l'héroïne -- qui s'appelle Lora -- que tout ça lui rappelle le film "Laura". N'en jetez plus. :lol:

MAIS... j'ai trouvé ça très bien goupillé. Scénar plutôt bien foutu, avec des flashbacks, des rebondissements. Il n'y a pas énormément d'action, mais on passe un bon moment (à l'époque, la critique suédoise avait trouvé le film potable, mais un peu trop bavard).

J'ajouterai deux choses : 1) la première partie -- celle de la fuite de Lora -- nous offre une balade sympa dans le Stockholm de 1953 ; 2) c'est un film de "femmes" (assez typique des films suédois), les personnages féminins sont nombreux et ont vraiment leur mot à dire. C'est un peu comme si Preminger avait filmé "Laura" du point de vue de Gene Tierney, de la bonne, etc.

Bref : une curiosité.

EDIT : je viens d'apprendre qu'Eva Henning était décédée à Oslo en avril dernier, à l'âge de 96 ans.
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Je continue mon cycle polars. :mrgreen: Désolé, il n'y a pas d'images.

Ci-dessus, j'ai évoqué "Det kom en gäst..." (1947) et, hier soir, j'ai découvert "När mörkret faller" (1960) qu'on pourrait traduire facilement par "Quand vient la nuit".

Ce sont deux films d'Arne Mattsson. Un réal qui tournait beaucoup et à qui on reprochait de "tourner beaucoup". Dans un de mes tests, j'avais cité un "il aurait pu se contenter de réaliser un bon film par an plutôt que trois mauvais".

Perso, je trouve qu'il y a un peu de haine de soi dans ce genre de commentaire. Genre : l'herbe est toujours plus verte ailleurs, les réals suédois ne savent pas faire de bons polars / thrillers.

Là, si j'évoque ces deux films ensemble, c'est qu'il s'agit de deux Whodunit.

Det kom en gäst... (1947)

L'histoire commence le 24 décembre. Un propriétaire s'apprête à vendre son exploitation agricole, mais il est assassiné peu avant de signer le contrat. Les suspects sont nombreux, lequel est coupable ?


En dépit d'effets faciles (ombre et lumière, porte qui s'ouvre tout doucement en grinçant), celui-ci commence plutôt bien. Il y a une bonne ambiance, le "convive inattendu" du titre est bien mystérieux, puis... patatras ! "Patatras" parce que le film ne dure que 68 minutes (générique inclus) et que, lorsqu'on ne s'y attend pas, on s'écrie : "Hein ? Quoi ? C'est tout ???"

En résumé : 3/4 de film plutôt pas mal... un dernier quart qui part en sucette.

La critique, à l'époque, n'a pas été très tendre et a même parlé de fiasco. Cela dit, au côté de Karl-Arne Holmsten (le Cary Grant suédois), on y voit une Anita Björk toute jeune (24 ans) et jolie comme un cœur.

EDIT : revu et réévalué trois ans plus tard...


När mörkret faller (1960)

La veille de Noël, l'épicier / quincailler d'un patelin se fait trucider à coups de hache. Les suspects sont nombreux. Lequel a fait le coup ?


Wow ! :mrgreen: Mais celui-ci est bien meilleur. D'abord, il dure 1h48 ( :mrgreen: ) et on en a pour son argent. Ensuite, c'est un bon thriller à la Agatha Christie. Seulement, qui dit Agatha Christie, dit recette à la Agatha Christie, et si l'on est un tant soit peu futé, il n'est pas impossible de deviner qui est le coupable avant l'inspecteur de police (perso, j'ai refusé l'évidence jusqu'à la fin).

Mais c'est un bon divertissement. Dans le rôle de l'inspecteur, on a une fois de plus Karl-Arne Holmsten, et du côté des suspects, un tas de femmes (je le disais dans le post précédent, les Suédois adorent les personnages féminins). On a notamment Sif Ruud (souvent vue chez Bergman), Birgitta Pettersson (l'héroïne de "La Source"), Hjördis Petterson (que je qualifie souvent de Jane Sourza suédoise, mais qui tient ici un rôle de peau de vache), Mimi Nelson (qui la joue "gouvernante de la famille Adams" :mrgreen: )... Côté masculin, je signale la présence d'Adolf Jahr (le Douglas Fairbanks suédois). Il avait 67 ans et c'était son tout dernier film.

Un énorme regret : quand l'identité du coupable est révélée, la moindre des choses aurait été de "le / la" filmer de face avec une musique "tadaaaa !!!" Eh bien, non. Là, Mattsson rate complètement son effet ! C'est assez incompréhensible.

Enfin, il y a un truc un peu crispant : la gamine du pasteur (une gamine de 12 ans qui n'a fait que ce film). Elle a un rôle central et elle "gamine" [du verbe "gaminer"] à fond les manettes.

J'oubliais : le chaton Nefertite (sic) joue très bien. :mrgreen:

EDIT : revu trois ans plus tard également. Je reviens sur le "celui-ci est bien meilleur". Tout bien pesé, avec ses 68 minutes, Det kom en gäst s'en sort bien mieux... När mörkret faller est truffé d'invraisemblances, la gamine qui interprète le rôle de la fille du pasteur est effroyablement gnangnan, et le dénouement est toujours aussi calamiteux.
Dernière modification par Commissaire Juve le 7 mai 19, 22:24, modifié 5 fois.
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Message par Rick Blaine »

J'imagine que ces films sont introuvables en DVD si je ne comprends pas le suédois ?
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Rick Blaine a écrit :J'imagine que ces films sont introuvables en DVD si je ne comprends pas le suédois ?
Si, il y a un coffret 7 DVD. Mais... avec des sous-titres suédois seulement. :?

J'ajoute pour Ann Harding que le DVD de "Det kom en gäst... " propose un muet en supplément : Le Mystère de la nuit du 25 (Abdon Hedman, 1917... 46 minutes... son seul film). Avec -- chose surprenante -- des intertitres en suédois, anglais et français.

Au passage : mon message précédent était truffé de fautes ; désolé pour les premiers lecteurs.

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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Rick Blaine »

Commissaire Juve a écrit :
Rick Blaine a écrit :J'imagine que ces films sont introuvables en DVD si je ne comprends pas le suédois ?
Si, il y a un coffret 7 DVD. Mais... avec des sous-titres suédois seulement. :?
Merci pour ta réponse.

Tant pis pour moi. Je serais curieux de découvrir quelques polars naphta suédois, mais j'imagine que ça ne va pas beaucoup exciter les éditeurs français, ou même anglo-saxons.
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Message par Commissaire Juve »

Tu sais, le Nord n'intéresse pas grand monde. Sans doute parce que -- dans ces pays-là -- on ne parle pas assez italien. :twisted:

Pour le plaisir : Anita Björk dans Det kom en gäst... (1947). Je vire les captures un peu plus tard.

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Message par Commissaire Juve »

Réveillé par un cauchemar. J'en ai profité pour continuer mon cycle.

Ljuvlig är sommarnatten (1961)

Qui pourrait donner "Par une douce nuit d'été", mais dont le roman de départ a été traduit par "Nous n'irons plus au bois".

Une jeune femme, qui s'apprête à se marier, entre chez la fleuriste de son patelin et n'en ressort pas. Où diable est-elle passée ?

C'est encore un Arne Mattsson. C'est encore -- également -- l'adaptation d'un roman de Maria Lang, l'Agatha Christie suédoise. Et, côté distribution, on prend -- presque -- les mêmes et on recommence. :mrgreen:

Je n'en dévoilerai pas davantage. C'est une fois de plus un whodunit où Karl-Arne Holmsted reprend le rôle du commissaire Christer Wijk. Bien sûr, les suspects sont nombreux et on passe un peu plus d'une heure et demie à tenter de deviner qui se cache derrière cette disparition (avec plusieurs flahsbacks nous montrant progressivement ce qui s'est passé après l'entrée dans la boutique de fleurs). La grosse différence par rapport à Det kom en gäst (1947) et När mörkret faller (1960), c'est que l'histoire se déroule en été, saison où -- sous ces latitudes -- les nuits sont lumineuses.

Côté distribution, on retrouve quelques habitués : Karl-Arne Holmsted, Sif Ruud, Hjördiss Petterson... Plus quelques pointures comme Per Oscarsson, Stig Järrel (que vous avez peut-être vu en prof désagréable dans le "Tourments" d'Alf Sjöberg), Erik Hell... Enfin, on y voit le tendron Elisabeth Odén à ses débuts (elle était bien jolie, mais elle n'a tourné que dans huit films... tous réalisés par Arne Mattsson du reste).

Last but not least : quand on arrive au dénouement, on a un bon "tadaaa !" ( :mrgreen: )... contrairement à ce qui s'était passé l'année précédente dans När mörkret faller.

Le film a été un succès public et, de fait, c'est un bon divertissement (seul inconvénient : comme c'est un whodunit, une fois qu'on connait le coupable, euh...). Du côté des critiques, le réal s'est encore fait traiter de "faiseur", mais il y a eu au moins une plume, dans un journal de Stockholm, pour dire que le "Arne Mattsson bashing", ça commençait à bien faire.

Dire que mon réveil va s'allumer dans deux heures.
Dernière modification par Commissaire Juve le 21 oct. 16, 21:14, modifié 1 fois.
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Message par Commissaire Juve »

A la demande générale : encore une petite présentation...

Nattmara (1965) ... qui se traduit facilement par "Cauchemar".
Spoiler (cliquez pour afficher)
En suédois, on utilise plus fréquemment le mot "mardröm" -- le rêve provoqué par la "mara" (l'esprit malfaisant de la mythologie nordique qui s'assoit sur votre poitrine et qui vous tourmente avec de mauvais rêves -- mais ce "Nattmara"(qui rappelle bien sûr le "Nightmare" des anglo-saxons) fait aussi partie du vocabulaire.
Le film commence de nuit, dans la campagne. Une femme roulant au volant d'une Citroën DS s'arrête brusquement parce qu'un homme inanimé se trouve en travers de la route. Elle a un moment d'hésitation, puis descend pour voir s'il n'y a pas quelque chose à faire et... c'est le drame !

Impossible d'en dire plus sous peine de gâcher le plaisir de la découverte. Disons que le film démarre par deux moments forts et que -- une fois les choses mises en place -- le spectateur expérimenté n'a pas de mal à deviner la suite.

Il s'agit de nouveau d'un film d'Arne Mattsson et, cette fois, c'est un thriller, ce n'est pas un whodunit.

En très bref, dans mon cycle polars (six films), celui-ci m'a bien gonflé. Rien à voir avec le sentiment de bâclage de "Det kom en gäst..." (1947) ; le film tient parfaitement la route. Mais je n'ai pas aimé.

Je n'ai pas aimé le côté prévisible de l'aventure (il ne faut pas être grand clerc pour deviner les différentes étapes du drame ; bouuuf !), je n'ai pas aimé les chouinements paniqués d'Ulla Jacobsson, je n'ai pas aimé les scènes de violence psychologique, je n'ai pas aimé la musique angoissante (une espèce de musique sérielle pénible). En fait : je n'ai pas aimé tout ce que la critique a a-do-ré ! Car -- paradoxalement -- c'est un Mattsson que la critique suédoise d'époque a vraiment encensé ! Comparant carrément le réalisateur à Clouzot ou à Hitchcock ! :o

Le film a sûrement des qualités, mais je n'ai pas trouvé la soupe à mon goût. Ce n'est pas plus compliqué que ça.

A présent, le topic va pouvoir retomber dans le abysses du forum.
Dernière modification par Commissaire Juve le 27 juin 17, 10:05, modifié 3 fois.
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Message par Commissaire Juve »

Medan porten var stängd (Hasse Ekman, 1946)

Titre qu'on pourrait traduire par "Derrière la porte close" (il s'agit de la porte d'un immeuble)... et qui aurait pu donner "Derrière la façade" comme le film français d'Yves Mirande (1939).

Cela se passe à Stockholm, une nuit, dans un immeuble. On y suit plusieurs personnages habitant à des étages différents : le couple des concierges, un journaliste en quête d'une bonne histoire, un jeune baron qui reçoit du beau monde et qui cherche de la chair fraîche parmi ses invitées, une hôtesse de l'air sur le point de divorcer, une vieille actrice qui aimerait bien remonter sur scène, un vieux rentier s'efforçant de cacher aux autres locataires qu'il vit dans la misère, et une prostituée au grand coeur...

J'ajoute, en spoilant un peu, que la police finit par pointer le bout de son nez. Ce qui fait qu'on a un peu l'inverse du film d'Yves Mirande (mais je n'en dis pas plus).

Eh bien, autant le Yves Mirande m'avait déçu (parce que j'attendais un vrai polar et pas un film à sketches), autant ce Hasse Ekman -- qui fut très bien reçu par la critique -- m'a bien plu. En particulier grâce à deux personnages : celui de la vieille comédienne et celui de la prostituée.

Pour la vieille comédienne, interprétée par Tollie Zellman (59 ans, c'était son antépénultième film), on a droit à une "nuit d'ivresse" épatante de réalisme. La mémère y va à fond ! Et c'est à la fois drôle et dramatique. D'autant plus dramatique qu'il y avait -- dit-on -- du vécu derrière tout ça.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Cela finit d'ailleurs par un suicide au véronal... un réveil... la prise de conscience d'avoir fait une énorme connerie et une lutte contre la mort vraiment pathétique.
Pour la prostituée : si on connaît un peu ce patrimoine, on n'est pas du tout surpris de retrouver Marianne Löfgren, l'éternelle abonnée* aux rôles de filles de mauvaise vie, de mères maquerelles, de mères indignes et j'en passe. Sauf que -- dans ce film -- son personnage est un des plus sympathiques. Peut-être le plus sympathique. Et le spectateur n'en croit pas ses oreilles lorsqu'elle se met carrément à faire l'éloge de la prostitution. Chose qui -- vous vous en doutez -- n'a pas du tout plu à la censure (le réal a été contraint de faire des coupures... mais les notes de production ne disent pas si les passages coupés ont été réintégrés pour le DVD).

Ce n'est pas à proprement parler un film à sketches, plutôt un film à histoires parallèles, avec des allers-retours d'un appartement à l'autre. Et, à la fin, tout ce beau monde se voit réuni par... chuuut ! :mrgreen:


* A prendre avec des pincettes. Marianne Löfgren -- qui est morte à 47 ans -- a tourné dans plus d'une centaine de films ! Et je n'en ai vu que neuf !

Pour ceux qui passeraient par ici, je mets deux vignettes tirées d'un trombinoscope (très incomplet) que j'avais commencé au commissariat.

Tollie Zellman et Marianne Löfgren.

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Message par Commissaire Juve »

Den vita katten / Le Chat blanc* (Hasse Ekman, 1950)

* ou plutôt "la chatte blanche", car ce chat est le symbole d'une femme. Mais on ne le comprend qu'à la fin du film.

Je n'en parlerai que pour une anecdote.

Un soir, un jeune homme (Alf Kjellin) débarque à la gare de Stockholm sans savoir qui il est. Comme il n'a plus un sou sur lui, une employée du buffet (Eva Henning) le prend en pitié (elle le trouve à son goût en fait :mrgreen: ) et l'invite à aller voir la police, mais il refuse. Il se dit qu'il est peut-être recherché. Et là, pas effrayée pour deux sous ( :roll: ), la fille l'invite à passer la nuit chez elle. Demain est un autre jour, on y verra plus clair ensuite...

Le reste du film est une enquête. Qui est cet homme ? Pourquoi a-t-il perdu la mémoire ?

Comme l'histoire devient sordide -- selon les critères de l'époque -- une partie de la critique a été relativement sévère avec Hasse Ekman en l'accusant de braconner sur les terres de Bergman (qui était donc considéré comme un spécialiste des histoires glauques :lol: ). Mais vu d'aujourd'hui, il n'y a pas vraiment de quoi pousser des cris d'orfraie. Le vrai problème du film, c'est l'intrigue, une intrigue franchement capillotractée. L'amnésique parvient a retrouver la mémoire grâce à une adresse griffonnée sur un bout de papier, des clés et un mystérieux surnom "Pax", et lorsqu'on a le fin mot de l'histoire, difficile de ne pas penser : "Tout ça pour ça ? N'importe quoi !"

Mais j'en viens à mon anecdote : dans la dernière partie du film on voit le méchant abattre un chat blanc d'un coup de pistolet. Abattre "vraiment" ! Le chat est flingué sous nos yeux, ce n'est pas un trucage ! Et la caméra s'attarde un moment sur le cadavre dont une des pattes est restée dressée dans une dernière convulsion ! :o :x

Vous avez sûrement déjà vu la mention "aucun animal n'a été maltraité pendant le tournage". Ben là, c'est vraiment pas le cas. :?

Je suis allé voir ce qu'en avait dit la critique de 1950 sur le site de l'Institut suédois du film et il n'y a que les journaux de province qui se soient vraiment indignés en parlant d'acte "cruel et inutile". Mention spéciale à l'abruti qui a écrit "Amis des chats, faites attention... mais en même temps, bon, ça n'est qu'un figurant à quatre pattes" :o :?

Urgl !
Dernière modification par Commissaire Juve le 6 janv. 19, 21:09, modifié 1 fois.
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

C'est étonnant, l'effet de la gravité sur ce topic ! Allez hop ! je le remonte ! :mrgreen:

Gabrielle (Hasse Ekman, 1954)

L'histoire : Paris, un soir, dans un bar où se retrouvent des Scandinaves, un attaché d'ambassade confie ses malheurs conjugaux au barman...

Bon film, avec Birger Malmsten, Eva Henning et Hasse Ekman dans les rôles principaux. Au départ, j'y étais allé en traînant les pieds, mais la surprise fut plutôt agréable. Pour résumer, c'est une réflexion masculine sur le mystère féminin, une variation du toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées (Musset). Cinématographiquement parlant, c'est un mélange de "L'Enfer" (Clouzot / Chabrol) et "Smoking / No Smoking" (Resnais).

Si l'histoire peut se résumer à une simple affaire de jalousie, son traitement à la "Smoking / No smoking", avec une succession de "ou bien..." est assez amusant. Le suspense est bien entretenu, toutes sortes d'indices s'accumulent et le spectateur se laisse contaminer par la folie du héros.

Et si c'était vrai ?

On est mis aussi à la torture lorsqu'une mystérieuse lettre arrive de Suède. Là, le héros est soumis à la loi de l'emmerdement maximum : un tas d'enquiquineurs lui tombent aussitôt sur le dos ; pas moyen de savoir ce qu'il y a dedans ! :lol: (mention spéciale à Gunnar Björnstrand qui tient ici un rôle de casse-pieds digne du Séraphin Lampion des albums de Tintin & Milou).

Quant à la conclusion... what did you expect ?

Sinon, il faut savoir qu'Hasse Ekman (qui réalise, mais qui joue aussi le rôle de l'amant supposé) avait été marié pendant sept ans avec Eva Henning et qu'ils avaient divorcé dix mois avant le début du tournage. On peut donc imaginer qu'il y a une part de vécu dans toute cette histoire.

D'une manière globale, la critique d'époque a trouvé le film vraiment bien. Le critique du Dagens Nyheter -- qui trouvait le film trop propre sur lui -- a quand même écrit qu'il aurait dû être réalisé par Bergman ou, à tout le moins, co-réalisé avec lui.
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Cinéfil31 »

Mille mercis cher Commissaire pour ce cycle Hasse Ekman qui apporte un éclairage bienvenu sur un cinéaste peu connu en France (et dans de nombreux autres pays aussi j'imagine...). L'anecdote au sujet du Chat blanc est vraiment navrante en effet... :? Par ailleurs, Hasse Ekman semble capable du meilleur comme du pire. Sa carrière apparemment inégale me fait penser à celle d'Arne Mattsson.
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Message par Commissaire Juve »

Cinéfil31 a écrit :Mille mercis cher Commissaire pour ce cycle Hasse Ekman...
Mille mercis pour ce message, Cinefil31. "Mon" lecteur ! :mrgreen: Image Image Image

Pour revenir à Ekman, je ne dois pas beaucoup me tromper en disant qu'il avait une meilleure réputation qu'Arne Mattsson. Là, j'ai évoqué brièvement trois films du coffret sorti récemment.

J'ai oublié de parler de Hjärter knekt / Valet de cœur (1950) où il joue le rôle d'un playboy accumulant les conquêtes féminines tout en vivant aux crochets d'une sœur et d'un frère. Mais, pour tout dire, si j'ai passé un moment distrayant, j'en ai déjà oublié l'essentiel.

On y voit tout de même Ingrid Thulin (24 ans) et Eva Dahlbeck (30 ans) dans des petits rôles.

En ce moment, je suis sur Jazzgossen (1958... avec Maj-Britt Nilsson), le film le mieux restauré du coffret (restauration de 2016, les couleurs sont très chouettes).
Dernière modification par Commissaire Juve le 4 déc. 16, 00:05, modifié 1 fois.
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Message par Commissaire Juve »

Remonte, petit topic... remonte ! :mrgreen:

Jazzgossen (Hasse Ekman, 1958)

L'histoire : grandeur et "décadence" de Teddy Anker, un millionnaire amateur de revues, de théâtre et de cinéma, de 1922 à 1942 environ...

Avec Hasse Ekman, Maj-Britt Nilsson et Elof Ahrle dans les rôles principaux. Dans le coffret Hasse Ekman, c'est le film qui a eu droit au meilleur traitement (belle restauration de 2016), mais ce n'est pas forcément le plus passionnant. C'est un mélange de comédie dramatique plutôt molle et de comédie musicale moyennement emballante. J'ajoute qu'il y a aussi un joli tunnel composé de films d'actualité des années 30.

Pour tout dire, c'est un film que les Suédois cinquantenaires ou sexagénaires de 1958 ont sans doute apprécié, mais vu de France, en 2016, c'est une autre paire de manches. Le répertoire musical y est très vieillot (années 20 et 30 obligent), avec un suédois chanté à l'ancienne (les "r" sont bien roulés) et... ça mord les oreilles !

Il y a de l'argent à l'écran, on a de la sympathie pour les acteurs, mais ça ne suffit malheureusement pas.

Incidemment : j'avais entendu dire que Maj-Britt Nilsson s'était aussi adonnée à la chanson. Ici, on l'entend chanter deux fois (elle est doublée sur une troisième chanson) et, effectivement, elle se défendait.

Pour l'anecdote : Gunnar Björnstrand avait tourné quelques plans grimé en Hitler ( :o :mrgreen: ), mais ils ont été coupés au montage.
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

UP !

Depuis dimanche soir, j'ai commencé à visionner mes films "de bonnes / employées de maison". J'ai vu :

- Vi som går köksvägen / Entrée de service (Gustaf Molander, 1932)
- Sara lär sig folkvett / Sara apprend les manières du grand monde (Gustaf Molander, 1936)

Et j'ai découvert -- dans le premier rôle -- une comédienne très sympa : Tutta Rolf (1907-1994)

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Pour faire bref, j'y ai vu une sorte de Danielle Darrieux scandinave (elle était norvégienne, mais elle a fait l'essentiel de sa carrière en Suède). Une jeune femme piquante, au caractère bien trempé, sachant pousser la chansonnette.

Seule différence (de taille) : elle a cessé de jouer après 1939.

J'ai trouvé les deux films cités ci-dessus vraiment sympas. Aujourd'hui, on parlerait de "feel good movies".

Dans le film de 1932 (où elle interprète le rôle d'une fille d'entrepreneur qui fait le pari de servir comme employée de maison pendant un an pour gagner une bague sertie de diamants), j'ai d'abord trouvé qu'elle en faisait des caisses, notamment avec son visage (pas mal de grimaces, de jeux avec les yeux) et je me suis dit que c'était une ancienne du cinéma muet. Mais non. Elle avait bien commencé à l'époque du parlant.

Dans le film de 1936 (où elle interprète le rôle d'une bonne héritant une fortune d'un oncle d'Australie), on s'amuse bien également. Mention spéciale à la séquence "nuit d'ivresse" (dont on dit -- dans les notes proposées en suppléments -- qu'elle avait été largement improvisée ; ce qui n'était pas dans les habitudes de Gustaf Molander).

Pas du "grand" cinéma, vous vous en doutez. Mais du bon cinéma de divertissement.

Sous-titre suédois seulement (au début de "Sara lär sig folkvett", Tutta Rolf emploie un argot assez difficile à suivre, mais... heureusement... elle ne tarde pas à passer à un suédois plus classique).

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La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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