Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Alexandre Angel
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Alexandre Angel »

Commissaire Juve a écrit :Medan staden sover / Quand la ville dort (Lars-Eric Kjellgren, 1950)
La même année que le Huston, c'est marrant...
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Alexandre Angel a écrit :
Commissaire Juve a écrit :Medan staden sover / Quand la ville dort (Lars-Eric Kjellgren, 1950)
La même année que le Huston, c'est marrant...
Je n'ai pas cherché à savoir. Mais, effectivement, j'ai pensé qu'ils ne s'étaient pas embarrassés pour le titre. :mrgreen:

Cela dit, le titre original du Huston est "Asphalt Jungle" ! Donc... :mrgreen: Et il est sorti en France en décembre (contre septembre pour le film suédois... film suédois qui n'est pas sorti en France de toute façon).
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Une autre adaptation d'un roman de Per-Anders Fogelström...

Möten i skymningen / Rencontres au crépuscule (Alf Kjellin, 1957)

A Stockholm, on suit les hauts et les bas -- les bas surtout -- des vies amoureuses de trois hommes partageant le même appartement. Il y a Viktor (Erik Strandmark) qui ne parvient pas à épouser Alice (Inga Landgré) à qui il a pourtant fait un enfant. Roffe (Åke Grönberg), ancien saxophoniste de jazz qui se désole de voir son épouse Irma (Eva Dahlbeck) s'envoyer en l'air avec tout ce qui lui tombe sous la main. Olle (Birger Malmsten), fraîchement arrivé de province, qui aimerait bien emballer Barbro (Ann-Marie Gyllenspetz), la jolie soeur d'Irma.


C'est une façon de présenter les choses. On pourrait résumer le film du point de vue des femmes. :mrgreen:

On voit Alice qui n'arrive pas vraiment à s'attacher au père de sa fille. Irma qui se désole de voir son mari picoler. Barbro qui, après avoir vécu une expérience malheureuse, a peur de s'engager à nouveau avec un homme.


Là, on tient une sorte de "Gens sans importance" à la suédoise. S'il avait été réalisé au Royaume-Uni, on l'aurait sans doute rangé dans la catégorie "Kitchen sink drama". L'ambiance est super morose, rien n'est vraiment nouveau, mais on s'attache néanmoins aux personnages. Enfin... on s'attache surtout au couple formé par Birger Malmsten et Ann-Marie Gyllenspetz ; il est la note d'espoir du film, la bouée de sauvetage du spectateur.

Pas grand-chose à ajouter, si ce n'est que Gunnar Fischer est à la photographie (les premiers films de Bergman donc) et qu'il nous offre notamment une jolie séquence de déshabillé en clair obscur à un moment que je ne dévoilerai pas. Je signale aussi qu'on retrouve Sven-Eric Gamble, l'affreux Jompa de "Quand la ville dort" (voir page précédente), avec sept ans de plus. Il a, lui aussi, des problèmes de couple, mais son rôle n'est que très secondaire.

Je vous mets quelques images. Un plan "kitchen sink" (là, on ne voit pas les cabinets, mais ils y sont). Un passage sympa avec Eva Dahlbeck (qui dégage vraiment quelque chose "d'animal" dans le film). Et deux plans avec Ann-Marie Gyllenspetz (qui ressemble une fois sur deux à Gwyneth Paltrow... cela dépend de la façon dont elle est cadrée, de la façon dont elle sourit).

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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

A la demande générale... nouvelle adaptation d'un roman de Per-Anders Fogelström.

Mina drömmars stad / La ville de mes rêves (Ingvar Skogsberg, 1976)

Dans les années 1860 et 1870, on suit le quotidien de gens du peuple à Stockholm. On suit tout particulièrement le devenir de Henning Nilsson et de sa compagne Lotte, et, de façon plus anecdotique, ceux de Annika et de Klara. Annika -- fille d'un charbonnier au chômage -- est domestique chez des gens aisés et parvient à s'élever dans l'échelle sociale. Klara -- une fille simple au chômage -- finit par tomber dans la prostitution.

Avec : Eddie Axberg (Henning Nilsson), Britt-Louise Tillbom (Lotte), Mona Seilitz (Annika), Ulla-Britt Norrman (Klara).

Quelques années après le diptyque "Les Emigrants" (1971) / "Le Nouveau Monde" (1972) -- avec Max von Sydow, Liv Ullmann et Eddie Axberg --, ce film marqua le retour sur les écrans de la grande fresque prolétarienne (sur le DVD, le film dure 2h38... 2h40 avec le générique de fin... mais l'Institut du film suédois parle d'une durée de 2h48... problème de PAL speed-up ?).

A l'époque de la sortie, la critique fut partagée : d'un côté, on salua la superproduction (7 millions de couronnes) et le soin mis dans la reconstitution historique ; de l'autre, on bâilla d'ennui !

A titre personnel, j'ai d'abord été captivé par l'aspect documentaire du film (les petits métiers, tout ça), puis j'ai commencé à être agacé par le côté film "subventionné par la CGT", puis j'ai fini par faire avance rapide (dans les 15 / 20 dernières minutes). Je pourrais m'arrêter là.

En gros, c'est Zola à Stockholm, vu uniquement du côté des miséreux : hommes, femmes, enfants, vieillards (les gens aisés apparaissant comme des silhouettes, des êtres anonymes qui jouent du piano dans leurs salons, qui font du patin à glace, qui vont à l'opéra, pendant que les gueux triment toute la journée en picolant et en bouffant du hareng avec les doigts). "Et pourquoi pas ?", me direz-vous. Le problème, c'est qu'on ne les met en scène que pour servir un propos, leurs personnages restent à l'état de squelettes, ils manquent de chair. Ils passent une bonne partie de leur temps à nous expliquer que la vie est dure, que les riches sont des salauds, que ça ne durera pas toujours. Pendant une heure, ça peut encore passer. Mais sur 2h38, ça finit par être lassant.

Ajoutons à cela une photographie relativement plate (lumière très téléfilm) et une distribution pas très emballante. Eddie Axberg (vu aussi en 1966 dans "Här har du ditt liv / Les feux de la vie", une autre fresque prolétarienne) n'est pas Tom Cruise. Dans Les Emigrants / Le Nouveau Monde, il était soutenu par Max von Sydow et Liv Ullmann. Ici, il est tout seul et le film est sans doute trop lourd pour ses épaules.

Le seul personnage vraiment intéressant est -- à mon avis -- celui d'Annika (la fille qui rompt avec son milieu et qui s'en sort), mais il est sacrifié sur l'autel du misérabilisme.

Un dernier mot à propos du titre : étant donné que la ville est largement dépeinte comme une sorte d'antichambre de l'enfer, on a du mal à comprendre ce "la ville de mes rêves". En fait, il s'agit des rêves des pauvres gens qui vivent dans les campagnes et qui croient pouvoir trouver le bonheur en ville.

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Champ-contrechamp* sympa entre Annika et Henning.
* si on veut.

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Message par Commissaire Juve »

Remonte, petit topic !

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Je continue de découvrir mes cadeaux de Noël (même si j'ai "autre chose" à faire). Là, j'attaque un coffret de six comédies avec -- en vedettes -- Thor Modéen (le Charpin suédois) et Åke Söderblom (un petit gars tout maigre et tout nerveux... je ne vois pas d'équivalent dans notre cinéma à la même époque).

Annonsera ! (Anders Henrikson, 1936) ... dont la version française (1932) a été intitulée "Criez-le sur les toits"

Un patron d'usine de savon se désole de voir son fils ne rien faire, mener grand train, s'endetter à ses frais, et décide de lui couper les vivres. Après quoi, en constatant que le rejeton fait la cour à sa secrétaire, il propose à celle-ci un marché : il lui donnera 10.000 couronnes si elle parvient à persuader le fils indigne de se trouver un travail. La secrétaire accepte et le fils du patron se sent soudain pousser des ailes...

Avec Thor Modéen (le patron), Håkan Westergren (le fils), Birgit Tengroth (la secrétaire) et Åke Söderblom (un ami du fils qui ne jure que par les méthodes commerciales américaines).

Ci-dessous Thor Modéen... Birgit Tengroth (1939)... Åke Söderblom (dans les années 40)
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C'est l'adaptation d'une pièce américaine intitulée It pays to advertise (1914), dont Hollywood avait fait un film en 1931 (avec Eugene Pallette, Norman Foster et Carole Lombard).

Ça fleure bon le théâtre filmé, la caméra reste généralement entre quatre murs, mais c'est extrêmement enlevé, avec des comédiens débitant leur texte à mille à l'heure (ils vont tellement vite que le film ne dure que 75 minutes). Thor Modéen en fait des kilos, mais il est drôle. Åke Söderblom a un bagout pas possible. Quant à Birgit Tengroth (21 ans), elle est vraiment charmante avec ses cheveux courts années 30. On y va en se disant qu'on va se taper un nanar label rouge, mais on passe un moment sympa. A l'époque, la critique a beaucoup aimé.

Au passage : comme il est beaucoup question de publicité dans le film, je signale l'apparition répétée d'une affiche "le savon qui blanchit le noir" qui plairait "énormément" dans les pays ravagés par le politiquement correct (à commencer par la Suède d'aujourd'hui).

Sous-titres suédois uniquement (techniquement parlant : c'est comme un bon "Gaumont à la demande"... Cela dit, à un moment, l'image se crashe pendant quelques dixièmes de secondes -- problème de repiquage de master VHS ? -- et je m'étonne que le disque ait passé le contrôle qualité avec une si belle mouche dans le potage)
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

UP !

Klart till drabbning / Parés au combat (Edvin Adolphson, 1937) ... voir l'affiche n°2 ci-dessus.

Lors de manoeuvres sur la mer Baltique, Tosse Karlsson (matricule 13) et Putte Pettersson (matricule 21) font les 400 coups sur le croiseur Gotland. Un soir, en revenant d'une mission à terre, ils sauvent une jeune femme de la noyade, l'emmènent à bord, et...

Avec Thor Modéen (matricule 13), Åke Söderblom (matricule 21), Sickan Carlsson (la jeune femme).

Inutile d'en dire davantage. Littéralement parlant, le film s'intitule "Parés au combat" (c'est -- d'une certaine manière -- un film de promotion de la marine de guerre suédoise... une marine avec des marins pas très disciplinés et des officiers plutôt bienveillants), mais j'aurais pu titrer Les Bleus de la Marine ; référence au stupéfiant nanar -- que dis-je ? au "naveton" -- de Maurice Cammage (1934). Vous prenez le Fernandel, vous le transportez en Suède et l'affaire est dans le sac ! (l'histoire de la femme qui monte sur le navire m'a fait aussi penser à Veille d'armes de Marcel L'Herbier, mais sans l'aspect dramatique).

Modéen et Söderblom -- que beaucoup comparaient à des Laurel et Hardy suédois -- en font des tonnes, c'est du grand n'importe quoi, et je m'étonne que le film ait été accueilli favorablement par la critique.

J'ai appris à l'occasion que Edvin Adolphson avait réalisé le premier film parlant suédois (1929).

Sickan Carlsson (années 30, années 40)
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Et un nanar, un ! Voir l'affiche n°3 ci-dessus.

Julia jubilerar / Mlle Julia fête son jubilé (Alice O'Fredericks, 1938)

Julia Lundkvist, comptable depuis 25 ans dans une fabrique de pianos, décide d'aller passer les fêtes de fin d'année dans la station de ski d'Åre (à 600 km au nord de Stockholm) en compagnie de son vieil ami Martin Lagergren (accordeur de piano de son état) et de Gretha Ahlbom (une jeune secrétaire orpheline à qui elle aimerait bien trouver un beau jeune homme). Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si, au moment de son départ, le directeur ne trouvait pas un trou de plusieurs milliers de couronnes dans la caisse...

Avec Katie Rolfsen (Julia Lundkvist), Thor Modéen (Martin Lagergren), Annalisa Ericson (Gretha Ahlbom)... mais aussi Åke Söderblom (dans un rôle de dragueur d'hôtel).

C'est l'adaptation d'un film allemand de 1935, et, comme je l'ai écrit ci-dessus, c'est un joli nanar. Au départ, on a carrément droit à un film publicitaire pour la station de ski (dans une Suède où les journées sont étonnamment lumineuses alors que l'histoire est censée se passer fin décembre... à cette époque de l'année, normalement, il fait nuit très rapidement). Par la suite, c'est une alternance brouillonne de saynètes. Mention spéciale à celles consacrées aux trois dragueurs d'hôtel qui rivalisent pour emballer la jeune secrétaire. C'est l'occasion de les voir se livrer à toutes sortes de pitreries souvent ponctuées par des hochements de tête à la Laurel & Hardy. Katie Rolfsen -- que je n'avais jamais vue jusqu'ici -- fait souvent penser à une Rosalind Russell suédoise (une Rosalind en mode "Gipsy", ce qui -- sous mon clavier -- n'est pas un compliment :mrgreen: ). Thor Modéen joue les utilités (pendant le repas de la Saint-Sylvestre, on le voit coiffé d'un bonnet de bébé, et il doit être à son maximum quand il s'écrase sur un sapin lors d'une course-poursuite à ski). Quant à Åke Söderblom, il est en roue libre. Seule Annalisa Ericsson (25 ans... elle était encore brune à l'époque) apporte un peu de fraîcheur à tout ça.

Quand le film est sorti, le critique du Journal de Stockholm (Bengt Idestam-Almquist... 1895-1983... il signait sous le nom de Robin Hood) s'était carrément mis en colère. Disant qu'il fallait en finir avec ce genre de "bouffonneries", qu'il n'était plus acceptable de voir de bons cinémas les programmer au même prix que les bons films. Il était même allé jusqu'à suggérer l'ouverture de salles dédiées avec des places à prix réduit (ce qui aurait permis aux vrais amoureux du cinéma de savoir à l'avance quels films ne pas aller voir). :uhuh:

Annalisa Ericsson (années 40, années 50)
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Cinéfil31 »

Cela faisait un moment que je n'étais plus retourné sur le forum... Cependant, même si nous sommes presque en février : Gott nytt år! :wink:
Merci Commissaire de prendre le temps de nous présenter cette nouvelle fournée de films des années 1930 et 40. Il y a visiblement du bon, du moins bon et plusieurs curiosités. Il est plutôt encourageant en tout cas que les éditeurs suédois aient repris un rythme de parution de classiques plus soutenu, après une période de disette. Cela continuera-t-il cette année ?...
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Hej på dig Cinéfil31 ! :P

Oué, pas de très belles découvertes dans mes quinze dernières acquisitions. Là, j'ai trois autres Thor Modéen / Åke Söderblom à présenter. Mais je pourrais résumer par nanar, nanar, nanar ! Et voilà ! :mrgreen:

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Cela dit, Stackars Ferdinand / Pauvre Ferdinand (1941) n'était pas si mal.
J'ai bien aimé Möten i skymningen / Rencontres au crépuscule (1957) aussi.
Cinéfil31 a écrit : Cela continuera-t-il cette année ?...
Ça, mystère !

Dans l'ensemble, les dernières productions du Studio S sont sympas (techniquement parlant). Il n'y a que l'affreux artefact de Annonsera / Criez-le sur les toits qui me soit resté sur l'estomac.
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par bruce randylan »

Flickan I Frack / Girls in Tails (Karin Swanström - 1926)

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Katja, une étudiante talentueuse, est amoureuse d'un camarade de classe qu'elle aide à obtenir ses diplômes. Quand celui-ci lui reproche son style vestimentaire trop négligé, elle regrette d'avoir régulièrement donné son argent de poche à son jeune frère, un dandy, d'autant que son père refuse de lui payer une nouvelle robe.

En parallèle de sa carrière de comédienne, Karin Swanström réalisa 6 films entre 1919 et 1926. Seul deux ont survécu (plus une troisième partiellement) dont ce Flickan I Frack, son ultime passage derrière la caméra. Une comédie (dramatique) surprenante dans son sujet mais pas pleinement satisfaisant. La mise en place est déjà un peu trop longue et aurait mérité d'être condensé d'une vingtaine de minutes car le film commence réellement au bout de 45 minutes lors d'une scène réjouissante où Katja s'habille comme un homme lors d'un bal pour montrer sa révolte envers son père et la société.
Bien que très original - et moderne - thématiquement (égalité homme-femme, désir d'émancipation et d'indépendance, mentalités moralisatrices...), l’exécution laisse un peu à désirer et manque de mordant et d'ironie. C'est au final le principal défaut d'un film finalement assez sage et illustrative pour une réalisation trop timorée et superficielle. Le scénario parait survoler finalement son sujet contrairement au livre qui semble allait plus loin.
Ca demeure cependant tout à fait plaisant et léger sans qu'on puisse jamais dire qu'on s'y ennuie grâce à Magda Holm à la fois pétillante et fragile dans le rôle titre. Il y a aussi quelques jolis extérieurs sur le bord d'un fleuve, une certaine décontraction qui cherche à éviter le mélodrame et une certaine justesse à dépeindre les carcans de ce petit village. Sans oublier donc un engagement sincère.

Par contre, l'accompagnement était pour une fois très décevant avec un pianiste (qui ne venait pas de l'école d'improvisation de Zygel) jouant comme déconnecté du film et de son style. C'était non seulement trop répétitif maissurtout trop lent et grave, étouffant la fraîcheur de nombreux moments. Vraiment dommage.

A noter qu'un remake fut tourné en 1956
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Rännstensungar / Enfants des rues (Ragnar Frisk, 1944)

Dans un quartier ouvrier de Malmö, l'artiste-peintre Johan Fahlén s'occupe de Nini, une petite fille hémiplégique dont la mère est décédée depuis peu. La gentille assistante sociale aimerait bien la placer dans un foyer, mais le peintre s'est promis de vendre assez de tableaux pour pouvoir la faire soigner et -- qui sait -- lui rendre l'usage de ses jambes. Alors, on attend de voir. Pendant ce temps, les gamins du quartier font les 400 coups...

Avec Adolf Jahr (le peintre), Birgitta Hoppeler (l'orpheline), Britta Brunius (l'assistante sociale).

Je pourrais résumer tout ça par une image...
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C'est un film "pour" enfants, avec énormément d'enfants. J'y étais allé pour Adolf Jahr (le Douglas Fairbanks suédois) et, même si l'ensemble se laisse regarder (73 minutes), le DVD finira sûrement enseveli sous la poussière. La petite Birgitta Hoppeler -- qui avait neuf ans, mais qui avait un physique et une élocution de gamine de sept ans -- était peut-être très mignonne, mais elle était aussi très gnangnan. A l'époque, les Suédois avaient pensé tenir leur "Shirley Temple", mais elle n'a pas fait carrière.

Que dire d'autre ? Beaucoup d'enfants donc (parmi eux, j'ai reconnu Hans Lindgren qui jouera l'aîné des Enfants de Frostmofjället * en 1945 (film que je n'avais pourtant vu qu'une seule fois), le sempiternel personnage de la concierge acariâtre, pas mal de chansons (dans un suédois daté où les "r" sont généralement très roulés) et des bons sentiments à la pelle. A un moment, pour pimenter le tout, la bande des "poulbots" se met à faire la chasse à deux voleurs.

* j'avais présenté le film au commissariat il y a 11 ans... petite présentation en bas de fiche

Enfin, si vous voulez connaître la fin...
Spoiler (cliquez pour afficher)
... le peintre réussit à se faire un nom, la petite Nini est opérée et retrouve l'usage de ses jambes, et l'assistante sociale finit par prendre le peintre par la main. Ils vécurent longtemps et eurent beaucoup d'enfants.
Il y a eu un remake en 1974 (où Birgitta Hoppeler -- qui avait alors 39 ans -- a fait un caméo). Il y a eu un autre remake en 2006 -- sous forme de comédie musicale -- avec des enfants immigrés (Nini se transformant en Amina).

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Message par Commissaire Juve »

Coucou ! Comme tous les Noël : on prend les mêmes et on recommence.

La nuit dernière, j'ai étrenné mon coffret Hasse Ekman n°3 (six films dans un coffret DVD... sous-titres suédois uniquement).

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J'ai donc commencé par En fluga gör ingen sommar (Hasse Ekman, 1947).

Pendant que Bertil Brantemo travaille au dernier chapitre de son roman, son épouse Inga travaille comme secrétaire du patron d'une entreprise de cravates / noeuds papillon / foulards. Comme la jeune Inga est tout à fait charmante, son patron lui propose un jour de le suivre à Venise pour la signature d'un contrat. Les intentions du patron sont évidentes, mais la jeune femme -- qui est sage et qui n'a jamais quitté la Suède -- décide de profiter de l'aubaine. Une fois que les deux époux sont séparés, il ne faut que quelques heures à Inga pour subir les avances de son patron, et quelques heures à Bertil pour subir la drague sans complexe de Christina Lovén, une fille d'éditeur rencontrée par hasard lors d'une soirée entre amis artistes... L'amour saura-t-il résister au démon de la tentation ?

Avec : Hasse Ekman (Bertil), Eva Henning (Inga), Lauritz Falk (le patron) et la Norvégienne Sonja Wigert (Christina).

Il n'y a pas grand-chose à en dire. C'est un vaudeville tout ce qu'il y a de plus classique. Avec les stratagèmes, les mensonges, les quiproquos, les coups de théâtre habituels. C'est filmé plan-plan, mais ça se regarde sans déplaisir. Surtout grâce à la sympathie qu'inspirent Hasse Ekman, Eva Henning (27 ans) et Sonja Wigert (34 ans, elle avait toujours son côté Paulette Goddard / Vivien Leigh, mais j'ai trouvé ses traits durcis par rapport à Sa petite majesté en 1939) en particulier.

Lauritz Falk, je ne le connaissais pas, et j'ai trouvé son numéro de patron dragueur un peu lourd (même si celui de Sonja Wigert n'a rien à lui envier).

La conclusion n'est pas mal. On en sort quand même avec l'impression d'avoir assisté à une représentation de "Au théâtre ce soir". Je terminerai par une remarque "Voici / Gala" : à l'époque Hasse Ekman et Eva Henning étaient mari et femme dans la vraie vie.

EDIT : j'oubliais... le titre ! Une mouche ne fait pas l'été... autrement dit "Une hirondelle ne fait pas le printemps". MAIS, il faut savoir que "fluga" désigne aussi le "noeud papillon" et -- à un moment -- on a un noeud papillon qui joue un rôle important. Gros jeu de mots, donc.
Dernière modification par Commissaire Juve le 6 janv. 19, 20:47, modifié 1 fois.
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Message par Commissaire Juve »

Suite...

Var sin väg / Chacun sa route (Hasse Ekman, 1948)

A la fin des années 40, un médecin hospitalier de Stockholm obtient un poste intéressant en province au moment précis où son épouse décide de reprendre sa carrière d'actrice de théâtre. L'homme insiste pour que sa femme le suive, mais celle-ci préfère vivre sa vie d'artiste. Leur amour survivra-t-il à la séparation ?

Avec Hasse Ekman (le médecin), Gunn Wållgren (l'épouse)... on voit aussi -- dans des tout petits rôles -- Eva Dahlbeck (un copine de l'épouse), Åke Grönberg (un collègue du mari), Gunnar Björnstrand...

Euh... oué. :mrgreen: La caméra oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui. On passe du médecin à la comédienne, de la comédienne au médecin, on les voit vivre leurs vies en parallèle, et le temps passe. En termes de minutage, je pense que c'est le personnage du médecin qui a la part belle (on le voit notamment aux prises avec un chef de service pervers, qui prend beaucoup de plaisir à faire des crasses à tout le monde). La femme, elle, est traitée de façon plus superficielle. Mais je dois dire que Gunn Wållgren -- qu'Hasse Ekman a pourtant encensée dans ses mémoires -- est aussi "excitante" qu'une barquette de céleri rémoulade. Elle parvient même à susciter moins d'intérêt que certains personnages secondaires : la jeune femme atteinte d'un cancer (jouée par Marianne Aminoff) ou sa bonne copine de théâtre (interprétée par Eva Dahlbeck). Bref, c'est un film de série qui se laisse suivre, mais qui ne passionne pas vraiment...

Quant à la morale de l'histoire...
Spoiler (cliquez pour afficher)
... rien de mieux, au fond, qu'une petite femme qui attend son mari à la maison...
... elle a été (et sera) diversement appréciée
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Message par Commissaire Juve »

suite...

Vi tre debutera / Nous débutons tous les trois (Hasse Ekman, 1953)

Au début des années 50, à Stockholm, Ludvig Lans (un jeune marin qui sort d'un long séjour à l'hôpital), Lillebror Brummer (un fils de patron qui fait le désespoir de son père parce qu'il veut être écrivain) et Lo Stjärnholm (une jeune danseuse qui sort d'une histoire d'amour douloureuse) se voient réunis à l'occasion de la publication de "Nous débutons tous les trois", un livre regroupant des poèmes qu'ils ont écrits chacun de leur côté. Il sympathisent et, très vite, les deux mâles entrent en rivalité pour séduire la jeune femme...

Avec Sven-Eric Gamble* (Ludvig), Per Oscarsson (Lillebror) et Maj-Britt Nilsson (Lo)... Je signale que Gunnar Björnstrand -- quasi méconnaissable -- joue le rôle du père de Lillebror.

* l'affreux Jompa de "Quand la ville dort" (voir page précédente).

Sans être une complète réussite, ce film-là n'est pas mal du tout. La caméra est mobile (Gunnar Fischer -- le monsieur qui s'est occupé des Bergman première période -- est à la photographie), elle se paie même le luxe de faire des plans-séquences* (j'en ai repéré un de 4 minutes, mais il paraît qu'il y en a un de huit minutes), les personnages sont attachants, on est curieux de savoir jusqu'où leur triangle amoureux les conduira. A un moment, je me suis dit qu'on n'était pas loin de l'esprit de "Rendez-vous de juillet" (même si le film est plus mélancolique).

* mais on a aussi deux affreuses transparences dignes d'un Alfred H.

Détail amusant : après un panoramique sur Stockholm, après quelques plans de rues, le film commence par un traveling sur un gars à vélo, un coursier (c'est le personnage de Ludvig), comme dans Monika. Je me suis demandé qui avait eu l'idée en premier, j'ai regardé les dates de sortie du Bergman et du Ekman, et c'est Bergman qui a gagné (février 1953 contre septembre pour le Ekman).

Donc, le film n'est pas mal. Petit regret : même si le personnage de Maj-Britt Nilsson sait ce qu'il/elle veut, même s'il/elle n'est pas qu'un trophée à remporter par un des deux gars, sa partition est un peu trop sentimentale, un peu mièvre. Les personnages masculins -- celui de Ludvig en particulier -- ont un peu plus de consistance.

Citation "finaude" d'un marin joué par : Åke Grönberg (on rencontre toujours un peu les mêmes comédiens).
Les femmes sont comme les timbres. Elles se collent à toi et après tu n'as pas plus de volonté qu'une lettre envoyée par la poste.
Accessoirement : copie pas terrible du tout (j'ai triché avec photoshop pour mes captures) et c'est bien dommage. Sous-titres suédois uniquement.

Et pour ceux qui veulent connaître la fin :
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C'est Ludvig qui fait chavirer le coeur de Lo. Seulement, la mer est la plus forte. A la fin, il remonte sur son cargo, fait croire à Lo qu'il reviendra, mais s'en va pour ne jamais revenir. Lillebror, qui est toujours amoureux, dit alors à la jeune femme qu'il est prêt à attendre et qu'il l'épousera dès qu'elle se sentira prête.

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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

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Sommarnöje sökes / Cherche villégiature pour l'été (Hasse Ekman, 1957)

A Stockholm, au milieu des années 50, Ingeborg Dahlström se voit offrir des fleurs par un inconnu juste après avoir passé une petite annonce intitulée "Cherche villégiature pour l'été". La dame minaude, le type insiste, elle l'envoie gentiment balader. Mais le gars ne s'avoue pas vaincu. Quelques jours plus tard, quelqu'un répond à la petite annonce et toute la famille Dahlström -- la mère, le père (bientôt 40 ans) et leur fille Mona (17 ans) -- prend un des bateaux qui font la navette dans l'archipel de Stockholm pour aller s'installer dans la villégiature. Une fois sur place, la mère de famille a la stupéfaction de découvrir que le propriétaire de la maison n'est autre que l'homme au bouquet de fleurs...

Avec Gunnar Björnstrand (le père), Eva Dahlbeck (la mère), Bibi Andersson (la fille), Alf Kjellin (le dragueur), la Danoise Brigitte Reimer (une dragueuse... voir ci-après).

Vaudeville sympatoche, en Eastmancolor, dans l'archipel de Stockholm, par beau temps ; que demande le peuple ? On y retrouve trois comédiens qui avaient joué dans Une leçon d'amour de Bergman (1954) -- le couple Gunnar Björnstrand & Eva Dahlbeck + la Danoise Brigitte Reimer -- et, dans le rôle du tendron de service, une adorable Bibi Andersson un peu âgée pour le rôle (elle avait 22 ans et seulement 15 ans de différence avec Eva Dahlbeck), mais qui arrive à passer pour une jeunette de 17 ans.

Comme le mari doit retourner en ville pour travailler, il va sans dire que les moments de célibat sont très vite une source d'embrouilles : et pour le mari (qui se fait aborder de façon cavalière par une Brigitte Reimer assez rigolote), et pour la femme (qui doit subir les assauts de l'homme au bouquet de fleur).

La fille, elle, regarde tout ça avec consternation tout en s'efforçant de tenir à distance un jeune îlien qui -- parfois -- m'a fait penser à Austin Powers (sans être aussi repoussant). :mrgreen:

C'est du cinéma de papa familial, il n'y a pas grand-chose à ajouter. Je vous dirai que lorsqu'on est habitué à voir tout ce beau monde en noir & blanc, le passage à la couleur produit son petit effet.

Incidemment : après un générique qui fait vraiment peur, on a une image convenablement replâtrée, seules les fins de bobines tirent la langue. Et puis, à la fin du film, sans crier gare, on a un artefact épouvantable, une splendide mouche dans le potage, un truc sentant le repiquage de master VHS à mille kilomètres à la ronde et c'est vraiment la honte.

Anecdote perso :
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Connaissez-vous l'hypnopédie ? (on en parle dans "le Meilleur des mondes" de Huxley) C'est l'apprentissage en dormant... J'ai pratiqué dans les années 80, et plus particulièrement à partir de novembre 1985, mois de diffusion de Persona au cinéma de minuit. J'avais enregistré la bande-son du film pour parfaire mes connaissances en suédois, je me l'étais passée pendant plusieurs nuits (c'est un long monologue), et, des années plus tard, quand j'entends la voix de Bibi Andersson, ça me colle systématiquement des frissons ! :mrgreen:
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Dernière modification par Commissaire Juve le 31 janv. 19, 11:49, modifié 3 fois.
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