Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Cinéfil31
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Cinéfil31 »

Hej! :wink: Gott nytt år! Cher Commissaire, je prends toujours connaissance avec intérêt de tes interventions, mais d'autres forumeurs aussi, comme Rick Blaine : je ne suis donc pas ton seul lecteur ! :mrgreen:
Espérons que 2017 nous réserve beaucoup de sorties DVD/BR et de bonnes surprises. Le coffret "film d'employées de maison" que tu as commencé à présenter a par ailleurs l'air tentant.
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Commissaire Juve
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

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Helvete ! :evil: Je viens d'effacer un très long message de réponse en faisant une fausse manip ! :evil: :evil: :evil:
Je disais donc : Tja ! Cinefil31. Bonne année à toi aussi. Image

J'ai donc terminé le coffret "employées de maison". Très sympa. Masters globalement satisfaisants (ils ont vraiment fait des progrès chez Studio S). Seul le 6e film -- Jungfrun på Jungfrusund (1949) -- reprenait le master de l'édition DNRisée de la Sandrew Metronome (2008).

Donc, comme je le disais précédemment, les deux Tutta Rolf sont très sympas.

- Vi som går köksvägen / Entrée de service (1932)
- Sara lär sig folkvett / Sara apprend les manières du grand monde (1937)

Avec Frun tillhanda / La Bonne à tout faire (1939), on est dans un registre plus "militant". C'est l'histoire d'une étudiante qui se fait embaucher comme employée de maison pour faire une enquête. Et, comme par hasard, elle tombe chez des gens dont le fils aîné -- étudiant lui aussi -- est secrètement amoureux d'elle. Le hic, c'est que l'actrice principale -- Britta Brunius -- est assez fade. Heureusement, en face, on a Karl-Arne Holmsten (le Cary Grant suédois) qui faisait ses premières armes. Nota : quand j'écris "militant", c'est entre guillemets, faut pas imaginer un brûlot !

Concernant Hanna i societén / Hanna dans le grand monde (1940), on est dans le même registre "militant", mais avec davantage d'humour. Là, les comédiennes principales sont des "petites grosses" n'ayant pas leur langue dans leur poche : Rut Holm et Dagmar Ebbesen. Je ne raconte pas l'histoire pour ne pas dévoiler un élément clef du scénario qu'il vaut mieux découvrir par soi-même.

EDIT : comme beaucoup ne verront jamais le film...
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Une employée de maison au service d'un militaire à la retraite hérite un beau jour de la fortune et du domaine de son "maître". Scandale chez les héritiers légitimes qui font tout pour récupérer l'héritage.
Du côté des jeunes premiers, on retrouve Karl-Arne Holmsten et Eivor Landström (que j'avais découverte en sœur snob de Sickan Carlsson dans "Åh, en så'n grabb ! / Un chic type" [1939] et en fille snob de Thor Modéen dans "Snurriga familjen / L'hôtel en folie" [1940]). Le gars -- comme à son habitude -- interprète le rôle d'un brave type. Quant à la jeune femme -- une fois n'est pas coutume --, on la voit ici dans un rôle sympathique.

Avec Brita i grosshandlarhuset / Brita chez le grossiste (1946... perso, je traduirais volontiers par "Brita chez les bourgeois"), on monte d'un bon cran ; même s'il s'agit d'une histoire à l'eau de rose. Il faut dire qu'on y voit Eva Dahlbeck (26 ans) dans le film qui -- dit-on -- a vraiment lancé sa carrière, et qu'elle bouffe l'écran (tout le contraire de Britta Brunius dans "Frun tillhanda"). Pour simplifier, c'est l'histoire d'une fille de la campagne qui se fait embaucher comme employée de maison à Stockholm et qui tape dans l'œil du fils de la maison. Fils relativement "indigne" interprété par Georg Fant (une sorte de Jacques Perrin suédois) que j'avais découvert en riche playboy dans "Gentleman à louer" (1940... au côté de Sickan Carlsson) et en jeune officier dans "La chipie du régiment" (1941... toujours avec Sickan Carlsson).

Pour finir Jungfrun på Jungfrusund (1949... titre pas si évident à traduire... jungfrun désigne "la jeune femme", mais aussi "la domestique"... éventuellement, on pourrait employer le terme "demoiselle"). Bon, celui-ci est connu (voir ma présentation en bas de la fiche). Je l'ai revu hier soir avec grand plaisir. Le film vaut le coup d'œil rien que pour le sourire de Sickan Carlsson.

Si tu as des sous, si tu aimes vraiment le cinéma naphta suédois, n'hésite pas. Ce coffret (n°2) est vraiment bien.

Sur ce : il est minuit pile... Gott nytt år !
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Commissaire Juve
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Message par Commissaire Juve »

UP ! :mrgreen:

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Ett brott / Un crime (Anders Henrikson, 1940)

Un certain Hugo von Degerfelt, qui avait été exilé de Suède parce qu'il faisait honte à sa famille (pour cause de morphinomanie, de contrefaçon de lettres de change, de pratique de l'usure), est retrouvé mort dans un appartement de Stockholm. Qui l'a tué ? Son frère magistrat à la cour suprême ? Un de ses neveux ? Un habitant de l'immeuble ?

C'est l'adaptation d'une pièce de théâtre évoquant une affaire criminelle qui défraya la chronique en mars 1932.

C'est un whodunit dont on dit qu'il fut le premier film policier parlant réalisé en Suède et qu'il marqua carrément un tournant dans l'histoire du cinéma suédois (un "tournant" parce que -- jusqu'alors -- le gros de la production était constitué de films sentimentaux, de comédies de salon et de comédies populaires à l'humour plus ou moins "fin"). Et, de fait, il commence plutôt bien : les personnages ont une certaine épaisseur, les dialogues sont vifs, et, en dépit de la légèreté de l'intrigue, on se laisse prendre par la main. Et puis... patatras ! Quand le Maigret suédois finit par entrevoir la solution de l'affaire, la qualité de l'interprétation se met à baisser d'un bon cran. Le film devient extrêmement "pompier", les comédiens clés tombent soudainement dans l'emphase (il arrive qu'on ait l'impression d'être devant un film muet sonorisé) et certains dialogues se mettent à dégouliner ; on nage en pleine guimauve !

Quand je dis "pompier", je pense évidemment à ça :
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A l'époque, la critique suédoise avait positivement adoré et en avait fait des tonnes. On n'avait jamais fait aussi bien, c'était le film de l'année, les comédiens avaient vraiment transcendé l'histoire et s'étaient sortis avec brio des scènes les plus feuilletonesques. Oué... Eh bien, croyez-moi si vous voulez : la critique s'était mis le doigt dans l'oeil. Ce qui avait pu fonctionner en 1940 ne provoque plus que de l'embarras en 2017.

Petite remarque au passage : j'ai 42 films suédois des années 40 (six de 1940... dont 5 comédies) ; je crois pouvoir dire que je me suis quelque peu familiarisé avec les comédiens de cette époque. Eh bien, là, en dehors de l'inspecteur de police (Gösta Cederlund), de la gardienne d'immeuble (Dagmar Ebbesen) et de la vieille folle (Hilda Borgström), j'ai eu l'impression d'assister à un défilé d'illustres inconnus. :lol:
Dernière modification par Commissaire Juve le 28 août 18, 01:05, modifié 1 fois.
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Message par Commissaire Juve »

remonte, petit topic !

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Sonja (Hampe Faustman, 1943)

Sonja et Kurt Larsson vivent heureux. Kurt travaille à l'usine, il devrait bientôt passer contremaître et pouvoir acheter la petite maison dont il rêve. Et puis, voilà que débarque Nick Berggren, un ancien ami de Kurt, un type louche. Les nuages ne tardent pas à s'amonceler...


Avec Åke Grönberg, Birgit Tengroth, Sture Lagerwall, Elsie Albiin.

Film assez court (75 minutes), tourné en 25 jours (notamment parce que Åke Grönberg avait été appelé sous les drapeaux). Il s'agit d'un drame conjugal plan-plan, un peu mélo à la fin, principalement tourné entre quatre murs. Il commence plutôt mal, les 20 premières minutes sont assez mal écrites (les dialogues sont creux, ils ne servent qu'à faire avancer l'action), et puis, soulagement, le drame s'installe et les midinettes n'ont plus qu'à attendre le dénouement en se rongeant les ongles.

Côté écriture, exemple de scène au début :

Nick -- Savez-vous où je pourrais trouver Kurt Larsson ?
Un ouvrier -- Là-bas. Il mange.

[...]

Nick -- Salut !
Kurt -- Salut ! Vous cherchez quelqu'un ? [dit avec un regard super perplexe]
Nick -- Oui... Tu ne me reconnais pas ?
Kurt -- Ah oui ! Nick ! Comment ça va ? [on passe de la perplexité la plus totale à un "Ah oui !" très neutre]
Nick -- Je me débrouille. Et toi ?
Kurt -- Je ne me plains pas... Assieds-toi, on pourra discuter en cassant la croûte... Je te présente Lindgren, un collègue.
Nick -- Je passais en ville pour régler une affaire, j'ai pensé que je pouvais aller te dire bonjour.
Kurt -- C'est gentil. Mais dis-moi, ça fait un bon moment qu'on ne s'est pas vus.
Nick -- Mm, ça fait bien cinq ans ! ... Et sinon : tu es marié ? Ça doit être une femme exceptionnelle !
Kurt -- Oui, extra.
Nick -- J'aimerais bien la rencontrer... Ça te dirait qu'on sorte ce soir ? On pourrait aller en ville.
Kurt -- Oh... tu sais, on ne sort pas trop.
Lindgren -- Oui, ce n'est pas facile de faire sortir Kurt ! Difficile de trouver plus casanier.
Nick -- Alors, tu as bien changé. Eh bien, si tu veux, je peux passer chez toi.
Kurt -- D'accord. Tu n'as qu'à venir vers sept heures ; on n'a rien de prévu.
Nick -- Bon, eh bien, à ce soir. Salut !
Kurt -- Salut !
Tout ça en quelques secondes jouées de façon très raide. Je vous laisse imaginer : vous n'avez pas revu quelqu'un depuis cinq ans et vous vous incrustez chez lui illico ; super crédible. :mrgreen: Et c'est comme ça pendant une vingtaine de minutes. Après, quand le drame pointe le bout de son nez, ça s'arrange.

Si le film avait été français, vous auriez eu Jules Berry dans le rôle du salaud. Mais ici, c'est Sture Lagerwall qui s'y colle. Et il est bien vénéneux. Surtout lorsqu'il s'en prend au tendron de service (joué par une Elsie Albiin que je ne connaissais pas ; une fille bien mignonne).

Rien d'autre à ajouter pour ne pas spoiler.

Anecdote : vers la fin, on voit Åke Grönberg lire le journal dans le bus (ou le tramway, je ne sais plus). Le gros titre parle de combats d'artillerie à Messine. Et -- de fait -- le tournage avait commencé treize jours après le débarquement allié en Sicile (je rappelle que la Suède -- neutre -- était le seul pays en paix dans le nord de l'Europe).

ci-dessous : Åke Grönberg, Birgit Tengroth, Sture Lagerwall.

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Dernière modification par Commissaire Juve le 26 juin 17, 09:49, modifié 2 fois.
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Message par Commissaire Juve »

A la demande générale : encore un ! :mrgreen:

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Hennes lilla majestät / Sa petite majesté (Schamyl Bauman, 1939)

Alors qu'elle se rend à Stockholm en voiture pour assister à un mariage, la jeune Marianne Hauge -- enfant gâtée d'un armateur norvégien -- est victime d'une sortie de route et se réveille dans la maison d'un pasteur avec un gros bandage autour du pied. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, l'accidentée accepte de rester quelques jours au presbytère, le temps que son véhicule soit réparé, le temps que sa cheville dégonfle. Les premiers moments de cohabitation ne vont pas sans provoquer quelques étincelles, mais comme le pasteur est un jeune homme moderne, très éloigné de l'idée qu'elle s'était faite de ce genre de personnage, la convalescente se met peu à peu à apprécier son séjour à la campagne...

Avec Sonja Wigert, Henrik Anderson (le réalisateur de "Ett Brott" ci-dessus), Gösta Cederlund.

Film assez court (77 minutes), adaptation d'une pièce de théâtre, remake d'un film de 1925. Je n'ai pas besoin d'aller beaucoup plus loin dans la présentation. C'est une "rom-com" années 30 réalisée par une sorte de Jean Boyer suédois (qui fit de belles comédies populaires avec Alice Babs et Sickan Carlsson) et il ne faut pas être grand clerc pour deviner comment tout cela se termine.

Cela dit, contrairement aux deux films présentés ci-dessus, c'est très efficace, bien écrit, enlevé. C'est l'occasion de voir l'actrice norvégienne Sonja Wigert -- étonnante synthèse de Vivien Leigh (les yeux) et de Paulette Goddard (le sourire) -- dans un rôle charmant, tout à fait dans l'esprit des personnages de comédie incarnés à la même époque par Danielle Darrieux.

Bref : pas un "grand" film, mais un bon divertissement.

Ci-dessous : Sonja Wigert à différents âges. Sur le "Svensk Damtidning", on la voit à 27 ans dans "Une jeune femme chanceuse" (1941) en compagnie de Karl-Arne Homlsten, le Cary Grant suédois.

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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par francesco »

Très impressionné par ma découverte de Banketten d'Hasse Ekman avec Eva Henning. De et avec les mêmes j'avais vu La Fille aux Jacinthes, dont la noirceur et la modernité m'avaient déjà laissé K.O. Là, j'ai eu l'impression de voir un premake de certains Haneke (mâtiné d'un peu de Sirk, mais en noir et blanc) ! Dans une famille extrêmement bourgeoise de Stockholm, se prépare l'anniversaire du patriarche. Mais le portrait de famille n'est pas reluisant : si le fils cadet un marxiste idéaliste, l'ainé est un alcoolique kleptomane à la langue de vipère, la mère est une caricature de grande bourgeoise à l'égoïsme et absence de considération stupéfiants et la petite fille gâtée est engluée dans un mariage toxique où se joue très clairement une relation sado-masochiste des plus perverses. Toutes les scènes qui concerne le couple sont très violentes sur le plan émotionnel, avec en pompon, celle où il la viole sous le regard indifférent du perroquet (l'animal est filmé, le reste est hors champ) en exigeant qu'elle le regarde pour lui rappeler qui est son seigneur et maître. Pour un film de 1948, j'ai eu du mal à en croire mes yeux et mes oreilles. Bref, le genre de film qui happe parce qu'il renvoie à une certaine fascination pour les milieux les plus aisés tout en faisant exploser ce même milieu, jusqu'à la mort, le tout traité avec une tonalité tragique mais aussi férocité et ironie (dans une des dernières séquences,
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après le suicide de la fille, on découvre "in media res" à une conversation téléphonique entre la mère, vêtue de noir et une amie : "oui, c'est très dur, elle est partie, c'est si difficile ... de trouver une bonne domestique de nos jours" (!!!))
Dernière modification par francesco le 7 juil. 17, 23:04, modifié 2 fois.
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Cinéfil31 »

Merci à vous deux d'alimenter ce fil trop peu fréquenté. Voilà des découvertes intéressantes. Ces films des années 30 et 40 gagneraient à être davantage diffusés en dehors de la Scandinavie.
francesco
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par francesco »

C'est le commissaire qu'il faut remercier, moi je n'avais jamais rien publié ici jusqu'à maintenant. Mais je ne voulais pas qu'il se sente totalement seul !
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Tu oublies Ann Harding.

Sinon, j'avais pratiquement tout oublié du "Banquet". Merci de m'avoir rafraîchi la mémoire.
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Jeremy Fox
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Jeremy Fox »

Chronique par Jean Gavril Sluka de Un flic sur le toit de Bo Wirderberg, film sorti cet été en DVD chez Malavida.
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Les avis artistiques élaborés, ça n'a jamais été mon fort, désolé pour la maigreur de ce qui va suivre.

Donc, je commence seulement à explorer la quinzaine de classiques suédois que je me suis fait offrir à Noël. J'ai commencé par le coffret Hasse Ekman.

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J'ai vu quatre des six films. Je laisserai "Sjunde Himlen / Le Septième Ciel" (1956) que j'ai déjà à l'unité, que j'ai déjà vu deux fois, et que je n'ai pas envie de revoir (pour l'instant... film sans grand intérêt).

Donc, plusieurs films de Hasse Ekman...

Vandring med månen / Balade au clair de lune (1945)

Par un soir de nouvelle Lune, Dan (Alf Kjellin) croise l'autocar d'une troupe de théâtre itinérante. Le chauffeur lui demande son chemin, quelques passagers en profitent pour se dégourdir les jambes, et c'est l'occasion pour le garçon de faire la connaissance de Pia (Eva Henning), une jeune fille romanesque, extrêmement volubile. Après quoi, il rentre chez lui, se fait remonter les bretelles par son paternel (parce qu'il est tard) et décide de tout plaquer pour aller retrouver la troupe de théâtre et... la jeune Pia !

Pour la suite, inutile de vous faire un dessin. Sa quête le conduira successivement dans une pension de famille, chez un pasteur, sur un cargo... L'histoire est assez invraisemblable, c'est extrêmement bavard (avec de petites prétentions philosophiques), mais ça se laisse suivre (c'est selon l'humeur). Détail intrigant : le personnage du chemineau (Stig Järrel) -- qui finit carrément par se décrire lui-même comme un ange gardien -- fait énormément penser au clochard de Les Portes de la nuit (1946). A tel point, que je me suis demandé si Carné s'était inspiré du film suédois (chose très improbable).

EDIT : les amateurs de capillotraction qui m'ont bien lu remarqueront que -- sur l'affiche -- la Lune est à l'envers ; c'est une lune descendante.


Möte i natten / Rencontre dans la nuit (1946)

Un jeune journaliste (Hasse Ekman) décide de se faire passer pour un criminel afin d'être incarcéré et de faire un reportage sur les conditions d'hébergement dans les prisons suédoises. Il organise le faux assassinat d'un ami ( :roll: ) et... rien ne se passe comme prévu.

"On ne joue pas avec la mort", dit une cartomancienne à un moment. :mrgreen: Celui-là -- en dépit de son idée de départ complètement saugrenue -- a plus de tenue que "Balade au clair de lune" et on a un petit suspense qui ne gâche rien. Cela dit, quand on arrive au bout de l'aventure, difficile de ne pas émettre un "rhooo !" Le scénario est typique des scénarii de bande dessinée pondus par des débutants (je le sais pour l'avoir fait moi-même)... Incidemment : la fameuse "Rencontre" est celle d'un personnage interprété par Eva Dahlbeck (tout menton et toutes dents dehors !).

Himmel och pannkaka (1959)... chose qu'on pourrait éventuellement traduire par "Des crêpes au paradis"

Un animateur de radio (Hasse Ekman) devient animateur de jeu télévisé avec une jeune et jolie partenaire (Lena Granhagen). L'épouse légitime de l'animateur (Sickan Carlsson) est d'abord confiante, puis elle s'inquiète, puis -- sur un malentendu -- pense avoir été trahie et décide de divorcer. Après quoi, le pauvre mari fait tout son possible pour reconquérir son épouse.

Disons-le, c'est le nanar du coffret. C'est une suite directe de "Sjunde Himlen / Le Septième Ciel", mais en cinémascope (pardon : en Agascope !). Le film ne dépasse pas les 90 minutes réglementaires, pourtant le spectateur finit très vite par trouver le temps long, mais long. Il faut dire qu'après le voyage en Italie de "Sjunde Himlen", les producteurs ont eu l'idée de transporter les héros au Guatemala et que ça a été un prétexte pour tourner d'interminables séquences touristiques ! Côté distribution, je signale aux connaisseurs la présence de Gunnar Björnstrand (fiancé malheureux de Sickan Carlsson dans "Sjunde Himlen") dans un rôle de bouffon à mille lieues de ses rôles bergmaniens. Le film n'a pas très bien marché en salle, et, très honnêtement, ça n'est pas vraiment surprenant.

På en bänk i en park / Sur un banc dans un parc (1960)

Un type bizarre (Bengt Ekerot) sort d'un asile psychiatrique et prend aussitôt le train pour Stockholm. Là, il s'achète un joli marteau et va faire le guet devant un théâtre. Apparemment, il a un compte à régler avec le directeur dudit théâtre (Hasse Ekman). A la nuit tombée, les deux hommes se retrouvent face à face et... c'est le drame !

Je n'en dis pas davantage. :mrgreen: Disons qu'on voit ensuite un type en proie à la loi de l'emmerdement maximum (un peu comme dans "Ascenseur pour l'échafaud") : il y a toujours quelqu'un qui surgit au mauvais moment pour lui demander quelque chose, il y a toujours quelqu'un qui l'aperçoit quand il ne faudrait pas (même un aveugle ! :lol: ), on va même jusqu'à lui voler sa voiture. N'en jetez plus ! Bien entendu, on a un Maigret suédois (Sigge Fürst) qui ne tarde pas à rôder dans les parages. Le dénouement pourra paraître "léger" ou "invraisemblable", mais le spectacle et le suspense ne sont pas déplaisants. Côté distribution, je signale une nouvelle collaboration de Ekman avec Lena Granhagen (22 ans... ici, elle tient le rôle de son épouse). Elle avait fait des débuts remarqués en 1958 (on avait pu la voir interpréter le même personnage dans trois polars de Arne Mattsson notamment : "La Dame en noir", "Le Mannequin en rouge" et "le Cavalier bleu") et, à l'époque, elle était en plein boom !

Les masters DVD sont du niveau "Gaumont à la demande" (pour "Himmel och pannkaka", le Eastmancolor est bien fatigué). Il y a des sous-titres suédois et... c'est tout.

ci-dessous : Lena Granhagen
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EDIT : Eva Dahlbeck a été malencontreusement rebaptisée Eva Ekdahl de 14h29 à 22h02, mais personne n'a rien vu. :fiou:
Dernière modification par Commissaire Juve le 19 janv. 18, 00:50, modifié 1 fois.
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

En dag skall gry (1944) ... qu'on pourrait traduire par "le jour finira par se lever" / "Il finira par faire jour"

Pendant la dernière guerre, le major Rolf Dahlman (Edvin Adolphson) rentre chez lui et surprend sa femme avec un type. Il tue l'amant, s'habille en civil et monte in extremis dans un train transportant des volontaires suédois allant se battre en Finlande contre les Russes. Sur le front, il se fait passer pour un simple soldat, fait preuve d'une conduite héroïque et ne tarde pas à taper dans l'oeil d'une jeune doctoresse (Elsie Albiin). Leur amour résistera-t-il au terrible secret du major ? Suspense...

Je ne vais pas m'étendre sur les péripéties du film (on y retrouve des éléments vus mille fois ailleurs... accessoirement, l'idée était de réaliser quelque chose dans l'esprit de "L'Adieu aux armes"), sur l'aspect très roman-photo de la romance entre le major et la doctoresse (au passage : même quand elle s'occupe des blessés, Elsie Albiin est toujours tirée à quatre épingles, bien maquillée), mais plutôt m'arrêter sur le gros doute qui plane sur sa chronologie.

De fait, sur le site de l'Institut du film suédois, les critiques d'époque évoquent souvent la "Guerre d'hiver" (30 novembre 1939 - 13 mars 1940), guerre qui s'est déroulée pendant un hiver particulièrement froid, où les Finlandais et les Russes se sont battus avec de la neige jusqu'au cou, or le film nous montre clairement une guerre se passant en été (je précise qu'il a été tourné en 1943). Par ailleurs, au début, dans le train, un personnage dit à ses camarades :
Qu'est-ce que c'est que cette ambiance, quand on a participé à la guerre d'hiver, on était enthousiastes, on chantait !
Lorsqu'on entend cette réplique, il est évident que "la guerre d'hiver" est une chose appartenant au passé. Par ailleurs, dans les stockshots qui parsèment le film, on voit des Stukas. Enfin, on voit même apparaître un petit tank de l'armée suédoise sur lequel une croix gammée a été peinte (à l'envers, au passage !). A ce moment-là, difficile de ne pas froncer les sourcils.

Et c'est là que j'ai découvert que 9.500 volontaires suédois avaient effectivement combattu en Finlande en 1940 (Guerre d'hiver). Et que 1.700 hommes s'étaient également portés volontaires pour combattre contre l'armée Rouge -- aux côtés des Finlandais -- de 1941 à 1944. Cela dit, en réalité, seuls 400 bonshommes ont réellement participé à la seconde guerre de Finlande.

Bref : même si l'idée de Hasse Ekman était de dénoncer la guerre... on a là un film étrange, réalisé dans un pays neutre, où l'ennemi est le Russe.
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Cela dit, d'un point de vue suédois, ça se comprend. Pas plus tard que la semaine dernière, les principaux journaux évoquaient les risques d'invasion de la Suède par les Russes, l'impréparation de l'armée suédoise, la réédition d'une brochure intitulée "Que faire si la guerre éclate ?" (elle devrait être envoyée à 4,7 millions de foyers en mai-juin), la possible présence en Suède d'espions russes rôdant autour des centrales nucléaires (chouette ambiance ! :mrgreen: ).
Quoi qu'il en soit : film très dispensable.
Dernière modification par Commissaire Juve le 24 août 20, 15:12, modifié 6 fois.
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Alphonse Tram
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Alphonse Tram »

Je viens d'apprendre dans la lettre de Criterion qu'un futur coffret eclipse sera consacré aux premiers films d'Ingrid Bergman.
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Jack Carter »

Alphonse Tram a écrit :Je viens d'apprendre dans la lettre de Criterion qu'un futur coffret eclipse sera consacré aux premiers films d'Ingrid Bergman.
un coffret similaire est sorti chez nous
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Commissaire Juve
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Re: Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Deuxième coffret... trois adaptations ciné de livres de Per-Anders Fogelström (écrivain-journaliste qui a beaucoup écrit sur Stockholm et à qui on doit "Un été avec Monika").

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La découverte de la nuit dernière...

Medan staden sover / Quand la ville dort (Lars-Eric Kjellgren, 1950)

Le film a été tourné de février à mars 1950. C'est un mélange de fiction et de documentaire. On y voit de jeunes adultes de familles ouvrières du quartier de Södermalm squatter les cages d'escaliers, traîner dans les rues, chercher le meilleur moyen d'obtenir de l'argent rapidement et sans effort, le tout sous les regards affligés de leurs parents.

C'est l'adaptation d'un roman intitulé "Ligister" (1949), autrement dit "Les Voyous" (un "ligist", c'est le membre d'un gang). Adaptation faite avec Ingmar Bergman à qui on doit l'ajout du personnage de Jonny -- alias Jompa* --, un personnage très noir, qui ne figure pas dans le livre.

* prononcer "yompa"

Alors, effectivement : "noir c'est noir", au sens propre (ça se passe surtout de nuit) comme au sens figuré. Le fameux "Jompa" (Sven-Erik Gamble, 26 ans), vraiment irrécupérable, est un joli spécimen de malfaisant ! A un moment, il parle d'aller voir un Richard Widmark au cinéma et on l'imagine aisément en fan de Tommy Udo. Je ne surprendrai personne si j'ajoute que des gens se sont inquiétés -- à l'époque de la sortie -- du mauvais exemple que le film pouvait donner à la jeunesse. Seules fausses notes : certains dialogues écrits pour les adultes. Les "Mais vas-tu te décider à aller travailler, bougre de feignant ?", ou "De mon temps, ça ne se serait pas passé comme ça !", ou "Mon Dieu, mais qu'est-ce qu'ils ont dans la tête ?" relèvent trop du cliché pour emporter vraiment l'adhésion d'un spectateur de 2017.

Côté distribution, on a Inga Landgré (23 ans) en "victime" de la petite frappe. Adolf Jahr (le Douglas Fairbanks suédois, 57 ans ici) dans un rôle de père. Enfin, plus surprenant, on aperçoit Harriet Andersson (18 ans) à trois reprises, dans un petit rôle de "louloute" (elle n'est pas créditée au générique). C'était trois ans avant "Monika".

Incidemment : Inga Landgré -- 90 balais -- est toujours en vie !

A gauche : on squatte les cages d'escalier (avec la première apparition d'Harriet Andersson).
A droite Inga Landgré et son ténébreux Jompa.
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La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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