Henri Decoin (1890-1969)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Frances
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par Frances »

daniel gregg a écrit :
Supfiction a écrit :
On est d'accord, mon cadet. C'est toujours bin ce que j'ai dit.. une légende qui n'a peut-être plus le statut aussi haut qu'il mérite à mon humble avis.
Pour moi, c'est le principal intérêt de ce Grand Balcon. Sans lui, j'aurai sans doute décroché car il est vrai que ce récit tout à la gloire de l'aéropostale français parait suranné (malheureusement).
On peut dire la même chose à ce compte là, de nombreux sujets traités dans de nombreux films classiques, dès lors qu'ils abordent ou développent des thèmes n'ayant, de près ou de loin, plus guère de rapport avec notre époque. Et quand bien même le sujet serait "suranné", ce qui compte ici aussi c'est la vigueur de la mise en scène, alternant avec adresse les scènes animées de groupe (à la pension notamment) et les scènes plus intimistes, celles des affrontements de caractères entre Georges Marchal et Pierre Fresnay par exemple, cette jovialité communicative grâce au relief qu'apporte Decoin à chacun des personnages, même les plus secondaires, la qualité d'écriture des dialogues jamais inutiles, en trop.
Enfiler les perles, de surcroit avec un ton aussi péremptoire me paraît, quand à moi, beaucoup plus suranné.
Accessoirement je partage sans une seconde d'hésitation l'enthousiasme d'Ed et Jack Carter pour ce film qui restera ma plus belle découverte de ce festival Lumière avec les re-visions du Café du cadran et L'entraineuse, ce qui souligne au passage la belle sélection de Tavernier pour son hommage au cinéma français, Le diable souffle de Gréville ne déméritant pas non plus.
Au contraire, voilà un sujet qui m'intéresse. J'ignore s'il existe quelques similitudes mais Seuls les anges ont des ailes de Hawks est un de mes films chéris et ce Grand balcon m'intrigue fortement au même titre que la sélection des films de notre patrimoine par Tavernier. J'espère qu'ils seront sous peu accessibles en br ou à défaut en dvd.
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
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daniel gregg
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par daniel gregg »

Pour Au grand balcon et Le diable souffle, Jack Carter me reprendra si je me trompe, il me semble qu'au début du générique on voit apparaître la mention, "ce film n'a pas encore été restauré par Pathé", ce qui pourrait laisser augurer du meilleur en supposant qu'ils entrent dans leur projet de restaurations...
Quand à L'entraîneuse (copie fatiguée) et Le café du cadran (René Chateau le flibustier :| ), ne reste plus qu'à croiser les doigts. :wink:
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Frances
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par Frances »

...et à être patiente :wink:
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
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Supfiction
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par Supfiction »

daniel gregg a écrit : Enfiler les perles, de surcroit avec un ton aussi péremptoire me paraît, quand à moi, beaucoup plus suranné.
Tabarnak, son sang n'a fait qu'un tour, mince j'ai réveillé la bête!

Bravo daniel, tu n'as pas raté ta rentrée après des mois d'abstinence : premier message sur le forum depuis des mois, première amabilité, tu fais fort.
Il y a des gens sur qui on peut compter ...

Tu aurais pu te contenter d'argumenter, j'aurai pu répondre quelque-chose du genre "mais tu as tout à fait raison daniel, cela n'empêche rien, il y a bien des films dans le même cas que j'adore en dépit de ce handicap". Mais non c'est plus fort que toi, il faut que tu mordes, la bave aux lèvres. Ça te démange trop. On ne change pas. Comme au bon vieux temps où tu envoyais tes MP haineux ou méprisants à moi comme à d'autres.

Franchement, venir sur un forum de discussions pour ça ...
On est pas là pour philosopher Carpentier.
Si on ne supporte pas les avis contraires, c'est pas la peine, autant rester chez soi (ah ben non mince on y est déjà).




Pardon pour les autres, je ne fais que répondre à une vacherie. C'est fini (jusqu'à la prochaine).

Frances a écrit :voilà un sujet qui m'intéresse. J'ignore s'il existe quelques similitudes mais Seuls les anges ont des ailes de Hawks est un de mes films chéris et ce Grand balcon m'intrigue fortement
Tu peux te jeter sur ce Grand balcon car il y a oui pas mal de points communs avec le cinéma de Hawks, l'aviation bien entendu, les rapports de camaraderie masculine, la continuité des choses. Il n'y a pas de figures féminines en revanche (à part une secrétaire).


A propos de Le Café du Cadran, j'ai eu l'impression une fois terminé d'avoir vu du Chabrol avant l'heure ou quelque-chose qui s'en rapproche en tous cas : la petite bourgeoisie (Blanchette Brunoy et Bernard Blier sont deux bougnats venus de Province), l'ennui, la jalousie, une tension croissante, l'incommunicabilité dans le couple, le meurtre, tous les petits détails, on s'y croirait (je ne suis pas un grand fan de Chabrol, cela dit mais j'aimerai avoir l'avis de quelqu'un à ce sujet).
J'ajoute que j'aime toujours autant Blanchette Brunoy. Sa métamorphose en bourgeoise parisienne est ici formidable.

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Frances
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par Frances »

Merci pour ces précisions supfiction :D
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par Strum »

Supfiction a écrit :Pardon pour les autres, je ne fais que répondre à une vacherie. C'est fini (jusqu'à la prochaine).
Ce serait bien qu'il n'y ait pas de "prochaine" fois. Ce genre de règlement de compte public n'aide pas beaucoup à la bonne marche d'un topic. Que toi et Daniel n'ayez pas d'atomes crochus et ayez un passif entre vous, soit, mais ceux qui viennent sur ce topic pour discuter de Decoin n'ont pas forcément envie de lire ce genre d'échanges pénibles et hors sujet entre deux forumeurs. Il faut savoir passer à autre chose. Plus généralement, la question de savoir si le cinéma français d'avant la nouvelle vague a quelque chose de "suranné" est une question récurrente du cinéma français depuis les articles polémiques de Truffaut dans les Cahiers des années 50. Cela reste une question nullement négligeable de la cinéphilie française. C'est peut-être mon caractère optimiste qui me fait écrire cela, mais je trouve dommage de ne pas être capable de débattre de ce genre de questions de cinéphiles sans en faire une affaire personnelle entre deux forumeurs. Restons-en aux arguments de cinéphiles, mais évitons les arguments ad hominen visant un forumeur en particulier. Merci d'avance à Daniel et toi.
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Commissaire Juve
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par Commissaire Juve »

Supfiction a écrit : A propos de Le Café du Cadran, j'ai eu l'impression une fois terminé d'avoir vu du Chabrol avant l'heure ou quelque-chose qui s'en rapproche en tous cas : la petite bourgeoisie (Blanchette Brunoy et Bernard Blier sont deux bougnats venus de Province), l'ennui, la jalousie, une tension croissante, l'incommunicabilité dans le couple, le meurtre, tous les petits détails, on s'y croirait (je ne suis pas un grand fan de Chabrol, cela dit mais j'aimerai avoir l'avis de quelqu'un à ce sujet).
J'ajoute que j'aime toujours autant Blanchette Brunoy. Sa métamorphose en bourgeoise parisienne est ici formidable.
Chabrol ? C'est quand même mieux que ça. Perso, j'y ai vu une sorte de transposition de "Madame Bovary" dans le monde des bristrotiers (dans ce film, Blanchette Brunoy bovaryse à mort... ce n'est pas une bourgeoise du reste... c'est une fille simple qui se met à rêver sa vie et à profiter des sous que son mari emprunte... tout à fait Emma Bovary*).

Dommage que le master DVD soit si médiocre.

* même si dans le roman, c'est la femme qui emprunte. Enfin... "qui achète à crédit".
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par aelita »

Si Chabrol a réalisé un Madame Bovary, ce n'est pas par hasard... C'est quand même pas si loin que ça des thèmes qui lui sont familiers. Et donc, ce Caf" du cadran peut apparaître "chabrolien"...
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par daniel gregg »

Je ne connais pas ou très peu l'oeuvre de Chabrol mais de bourgeoisie, excepté peut être le musicien interprété par Aimé Clariond qui évolue dans et pour la haute société, il n'en est pour ainsi dire pas question. On voit plutôt évoluer dans ce café populaire (qui existe toujours) le microcosme du journalisme parisien puisqu'il se situait, un peu comme dans Park row de Fuller, au sein du quartier des journaux de Paris dont le canard enchaîné (le scénario ainsi que les dialogues sont signés Pierre Benard alors rédacteur en chef du Canard), il y a aussi le truculent Gregorio (admirable Félix Oudart servi par des dialogues qui font passer les brèves de comptoir pour des oraisons funèbres), enfin toutes les petites gens qui animent au quotidien ce genre de bistroquet. On le voit, à priori on est loin de Madame Bovary.
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par aelita »

Pas tant que ça : Emma Bovary 'a grandi dans une ferme (milieu assez aisé sans doute, mais on est loin d'un milieu bourgeois) et Charles n'est qu'un "officier de santé" (soit quelqu'un qui pouvait soigner, mais n'avait pas le titre de médecin, n'ayant pas fait les études suffisantes). D'où d'ailleurs sans doute en partie les rêves de grandeur et de fortune d'Emma, qui rêve au-dessus de sa condition; Le milieu décrit par Chabrol est sans doute différent de celui de ce film, mais ça me semble assez proche -ou pas si éloigné- question étude de caractère.
Fin peut-être de la parenthèse, ce film n'étant pas de Decoin.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par daniel gregg »

Mais les intentions de la femme de Bernard Blier ne sont pas celles de Madame Bovary, elle précise d'ailleurs à son mari alors même qu'ils viennent de s'installer, son souhait de rentrer en Auvergne, la vie parisienne étant trop tumultueuse et sophistiquée pour elle.
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Supfiction
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par Supfiction »

Un jeune couple qui vient de province pour acheter "le meilleur café du quartier" au cœur de Paris et devant l'Opéra, j'appelle cela de la petite bourgeoisie. Auvergnate en l'occurence.
Si Blanchette Brunoy n'a pas d'ambitions au départ (c'est son mari qui lui demande de faire "un petit effort" pour la clientèle d'habitués mais aussi "de gens chics") et ne se sent pas chez elle, il ne faut pas la pousser beaucoup pour qu'elle se mette à s’apprêter, se transformer en bourgeoise élégante, parler comme une parisienne (ce qui agace son mari) et aspirer à d'autres choses.
Finalement c'est le mari qui voudrait revenir en Auvergne, sentant sa femme lui échapper intellectuellement, voire sentimentalement peut-être aussi (de l'admiration à l'amour il n'y a qu'un pas).
Madame Bovary ? il y a en partie de ça oui (même si le récit est loin d'être aussi riche forcément et que le milieu n'est pas le même) : elle s'ennuie, tente de sortir d'une vie monotone, fait des connaissances pendant que son mari fait des dettes.

Son dénouement noir (les mauvaises langues, la suspicion et leurs conséquences) fait aussi écho au précédent Decoin Les amoureux sont seuls au monde.
Il faut toujours se méfier des musiciens..
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par lilmoz »

Jeremy Fox a écrit :
daniel gregg a écrit :Les amants du pont Saint Jean est un film que je recommande chaudement à Père Jules pour le plaisir indescriptible et jubilatoire de voir une nouvelle fois Michel Simon promener sa nonchalance anarchisante, après L'Atalante et Boudu sauvé des eaux.
Ce film, comme le dit Lourcelles, est inclassable qui écarte tous les écueils du genre avec ce jeune couple faussement romantique formé par Nadine Alari (la fille de Noël Noël dans Le père tranquille) et Marc Cassot qui va se séparer sans remous, le couple Gaby Morlay (la grande classe Madame Morlay !) et Michel Simon qui se flanque des volées à longueur de journée mais néanmoins inséparable, le maire cafetier interprété par Paul Frankeur, grande gueule au coeur d'artichaut et Pauline Carton sous les attributs d'une ...religieuse !
Le scénario de Jean Aurenche et René Wheeler est si bien ficelé qu'il permet à toutes ses figures pittoresques d'exister sans caricatures excessives.
Une belle découverte.
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Une édition DVD serait superbe car malheuresement moi aussi j'ai une copie assez moyenne et c'est un film que j'ai bien aimer!

Je plussoie et je conseille aussi vivement
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Jeremy Fox
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par Jeremy Fox »

Razzia sur la chnouf - 1955

L'un des premiers films policiers décrivant le monde des trafiquants de drogue à tous les niveaux et c'est cet aspect 'documentaire' qui est le plus réussi même si vu d'aujourd'hui, on n'apprend plus grand chose ; c'est surtout sociologiquement que c'est devenu à postériori intéressant. L'atmosphère violente et nocturne, la musique jazzy, une mise en scène assez vive et le défilé de trognes rendent le film tout à fait plaisant même s'il ne brille pas par son scénario sans grande finesse avec notamment des personnages tous monolithiques et une misogynie assez poussée. Nous sommes loin des grandes réussites du genre signées Jacques Becker ou Gilles Grangier mais l'ensemble se suit sans ennui même s'il y eut déception à l'arrivée (le retournement de situation finale est par exemple très peu crédible à mon avis).
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Kevin95
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Message par Kevin95 »

J'avais aussi un peu tiqué sur le twist que je trouvais peu crédible et en dissonance avec le ton noir et complexe tenu jusque là par le film.

En revanche coté misogynie, ça reste de la petite bière à coté du Rouge est mis de Grangier. :uhuh:
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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