Le péplum italien, c'est très différent. On y voit Rome, l'Egypte, mais aussi beaucoup la Grèce. Le budget est bien moindre, les films moins longs (en moyenne 1H20 ou 1H30, parfois un peu plus) et les sujets traités entre deux eaux. L'italie, c'est le baroque, les couleurs criardes, les décors à la limite de la Fantasy ou de la SF, et des héros plus grands que la vie. On peut y croiser :
-Un registre noble (Les légions de Cléopâtre, La guerre de Troie, Carthage en flammes, Le colosse de Rhodes...). Du drame historico-fictionnel, mélangeant diverses influences, souvent aidé par un budget convenable, même si cela n'a rien à voir avec le péplum américain et sa démesure.
-Un registre plus routinier, sur le mode de l'aventure (Les travaux d'Hercule, Hercule et la reine de Lydie, Hercule à la conquête de l'Atlantide, Maciste et les mines du roi Salomon, Maciste et les filles de la vallée, La terreur des Kirghiz, Le géant de Metropolis...). Le budget va du convenable à l'insuffisant, les idées de l'intéressant au grotesque.
-Une dose d'humour. Selon les metteurs en scène, et cela de manière volontaire ou involontaire (ce qui est plus embêtant), on y trouve souvent de bonnes répliques assez drôles ou des situations kitschs à souhait. Ce n'est d'ailleurs pas pour déplaire au spectateur.
-Un érotisme encore suggéré mais plus démonstratif qu'à Hollywood. Les femmes y sont fort belles et souvent en partie dévêtues. Bien entendu, tout ceci reste chaste, suffisamment pour ne pas encourir les foudres de la censure.
-Des héros bodybuildés, souvent ex-champions du monde de culturisme, plus habitué à bander les muscles qu'à jouer la comédie. De Steve Reeves (le plus connu) à Reg Park (le plus sympathique), en passant par Mark Forest et Gordon Mitchell. Hercule, Maciste et autres guerriers pseudo-historiques y sont ainsi fort musclés.
-Une "réalité" qui ne prétend pas au réalisme de l'histoire ou à la crédibilité : l'Histoire est fantasmée, et non rapportée.
Hercule à la conquête de l'Atlantide (Ercole alla conquista di Atlantide) - Réalisé par Vittorio Cottafavi / 1961 :
Vittorio Cottafavi est visiblement un réalisateur davantage intellectuel, éduqué et aristocratique. Sa venue dans le monde du péplum ne s'est faite que par défaut, à cause d'une carrière souvent critiquée. Son intelligence se reflète néanmoins dans ses péplums, offrant ainsi au public quelques-uns des meilleurs fleurons du genre : l'intéressant Messaline et le superbe Les légions de Cléopâtre. Il signe ici son deuxième Hercule, c'est à dire chronologiquement le quatrième Hercule produit en Italie à cette époque me semble-t-il (depuis Les travaux d'Hercule en 1958). Un excellent spectacle, fort rythmé et plastiquement magnifique. Les couleurs y sont célébrées avec brio et les décors s'insèrent parfaitement dans une histoire où le mythe de l'Atlantide a toute sa place. Le scénario est intelligent (avec une parabole moderne sur le nazisme et le danger nucléaire) et le rythme trépidant. On ne s'ennuie pas une seule seconde, on rit bien en certaines occasions (notamment avec la maladresse de jeu de Reg Park), on suit les nombreuses péripéties avec plaisir (bagarres, destruction massive du décor, poursuite en chars, incendies...) et on regarde les effets spéciaux désuets avec sympathie. Reg Park atteint très vite les limites de son jeu, c'en est parfois un peu ridicule, mais son physique massif et son air débonnaire en font un Hercule très convaincant, moins souple mais plus attachant et tranquille que celui de Steve Reeves.
Hercule à la conquête de l'Atlantide est un film parfait pour entrer dans le péplum italien avec tout ce qu'il a de plus kitsch et aventureux. Le discours est simple mais rigoureux, l'ensemble se tient admirablement, et sans parler de chef-d'oeuvre, on peut sans problème parler d'un très bon film d'aventure pour toute la famille. L'un des meilleurs Hercule de cette période italienne.