Une bonne occasion d'ouvrir (enfin) un Topic dédié à ce brillant réalisateur italien :
Je viens de découvrir son premier film, une grande réussite déjà, Treno popolare datant de 1933.
Matarazzo débute au cinéma, après une brève carrière de journaliste, au début des années 30 en tant qu'assistant de Hans Steinhoff et surtout Mario Camerini (qui n'a toujours pas de topic dédié lui non plus ).
Il réalise en 1932 et 1933 deux documentaires de propagande fasciste, participe au scénario de l'adaptation italienne du Fanny de Pagnol puis débute dans la fiction avec le désormais célèbre Treno Popolare.
Ce film, longtemps considéré comme perdu, fut redécouvert au début des années 70.
Il constitue une véritable prouesse technique pour l'époque en Europe car entièrement tourné en décors naturels.
De ce fait, on a pu, de façon un peu hative sans doute, lui attribuer la paternité du Néo Réalisme italien.
Par ses caractéristiques techniques et cette acuité d'observation de la petite bourgeoisie italienne de l'époque, il y a certes, quelques parentés avec les futures oeuvres de Rossellini et autres De Sica, mais c'est sans compter avec le ton, comme désenchanté, propre à l'oeuvre ultérieure de Matarazzo, notamment dans ses mélodrames des années 50 (Catene, immense succès populaire, Tormento, I figli di nessuno jusqu'au magnifique et trop rare La Nave delle donne maledette
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Dés son premier film Matarazzo possède déjà un sens affirmé du montage, dispensant avec habileté un sentiment fait de lucidité et d'ironie sur la classe moyenne italienne de l'Italie Mussolinienne du début des années trente.
En effet le film suit la journée d'un petit groupe de voyageurs romains se rendant à Orvieto (
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En focalisant son attention sur trois personnages en particulier, Matarazzo peint en quelques mouvements significatifs toute la vacuité qu'il peut y avoir pour ces personnes à se distraire de la manière forcée voulue par le régime italien.
Néanmoins, grace à l'intrusion du bellatre Carlo, la belle Lina saura se défaire de la solennité un peu ennuyeuse de cette journée pour, le temps d'une idylle, découvrir enfin le plaisir simple et sensuel d'une journée à la campagne.
On peut aisément, à la découverte de ce film, imaginer quelle influence il aura certainement eu sur les oeuvres à venir de Pagnol, s'appropriant lui, les décors naturels de la Provence, ainsi que le Renoir de Une Partie de Campagne.