La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Alligator
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger, 1950)

Message par Alligator »

Cathy a écrit :Quelle est ton édition DVD, je suppose qu'il n'y a pas de sous-titres !
P T Video / Fremantle - Region 2 - PAL
Effectivement pas de st.
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Profondo Rosso
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger, 1950)

Message par Profondo Rosso »

Alligator a écrit :
Cathy a écrit :Quelle est ton édition DVD, je suppose qu'il n'y a pas de sous-titres !
P T Video / Fremantle - Region 2 - PAL
Effectivement pas de st.
C'est celle qui part à 80 euros désormais sur amazon :shock: vivement une réédition dans le genre de celle de l'Institut Lumière...
daniel gregg
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Message par daniel gregg »

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Vu ce week end ce film que j'attendais avec énormément d'impatience (trop peut être).
J'avoue avoir été fasciné par la photographie très réaliste (qui confère en même temps une atmosphère irréelle) avec ces éclairages subtils tout en nuances selon les moments de la journée; notamment ces scènes de crépuscule dans la campagne renvoyant à des sensations nostalgiques de mes vacances enfant à la campagne.
Pour le reste, j'ai eu un peu de mal à accrocher à cette histoire aux personnages presque fantomatiques (c'est peut être un effet désiré) mis à part le pasteur à l'ambiguïté avérée qui trouble autant qu'il est troublé.
Même Jennifer Jones que j'ai beaucoup apprécié dans le Chant de Bernadette et Le Portrait de Jennie affiche un jeu parfois théatral, prévisible...
Il faut que je redonne une chance à ce film d'un de mes réalisateurs préférés, car il est vrai en même temps que je l'ai vu dans des conditions un peu rocambolesques...
(Je l'ai vu en vo, copie impeccable certes, mais en incrustant des stf que j'ai récupérés sur un site très bien fourni (http://davidbillemont3.free.fr/Sous-Titres%20Ld.htm) en stf de films classiques et que je devais faire défiler avec ma souris au fur et à mesure pendant toute la durée du film...)
:oops: Mais j'avais tellement envie de le découvrir... :?
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Cathy
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Message par Cathy »

La Renarde est un film curieux, superbe esthétiquement parlant, avec ces plans de nature, de ciels, d'animaux magnifiés par Jack Cardiff, mais les personnages sont assez antipathiques. Déjà l'héroïne apparaît comme un mélange d'ange et de garce, de fille un peu stupide, trop ancré dans sa nature avec sa foxy qu'elle trimballe partout y compris le jour de son mariage. Le personnage de Hazel lorgne aussi du côté de la sorcière, avec son prénom, ses croyances à la fois religieuses, l'évocation du dieu, de la harpe céleste, mais de la fourche du diable, et de traditions qui lorgent plus du côté de la sorcellerie que du bien fondé. Jennifer Jones est superbe, mais on ne sait jamais quel personnage elle est, et finalement, elle apparaît comme profondément antipathique et sa fin ne suscite aucune empathie. On plaint plus son révérend de mari, certes un être veul, trop respectueux, idiot finalement, et on est plus sous le charme animal du noble qui chasse le renard, impressionnant David Farrar qui crève l'écran avec son sourire carnassier. Mais finalement le personnage de Hazel est trop antipathique pour qu'on éprouve la moindre empathie pour ces deux hommes fous amoureux mais de façon différente. L'impression à la sortie du film est donc très mitigée, superbe couleurs, la restauration de la copie est magnifique, mais l'histoire n'est pas satisfaisante ou du moins le personnage de Hazel apparaît comme celui d'une jolie garce sans cervelle, autre que celle d'un animal auquel elle s'identifie tant.

Ayant visionné la version de 1h45, je pense donc avoir vu le montage de Powell et non celui signé Mamoulian !
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Jack Carter
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Message par Jack Carter »

Cathy a écrit : Ayant visionné la version de 1h45, je pense donc avoir vu le montage de Powell et non celui signé Mamoulian !
oui, la version Mamoulian fait à peine 1h20-1h30 je crois :wink:
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Sybille
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Message par Sybille »

Merci de ton avis Cathy.

J'avais vu le film, ça devait plus que probablement être la version courte, je serais curieuse de savoir ce qu'apportent les 15, 20 minutes supplémentaires.

Je n'avais que moyennement apprécié l'histoire et les personnages, quoique l'ambiance 'étrange' valait quand même le détour.
Mais je ne garde que très peu de souvenir du film, en fait...
Kimm
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Message par Kimm »

Cathy a écrit :La Renarde est un film curieux, superbe esthétiquement parlant, avec ces plans de nature, de ciels, d'animaux magnifiés par Jack Cardiff, mais les personnages sont assez antipathiques. Déjà l'héroïne apparaît comme un mélange d'ange et de garce, de fille un peu stupide, trop ancré dans sa nature avec sa foxy qu'elle trimballe partout y compris le jour de son mariage. Le personnage de Hazel lorgne aussi du côté de la sorcière, avec son prénom, ses croyances à la fois religieuses, l'évocation du dieu, de la harpe céleste, mais de la fourche du diable, et de traditions qui lorgent plus du côté de la sorcellerie que du bien fondé. Jennifer Jones est superbe, mais on ne sait jamais quel personnage elle est, et finalement, elle apparaît comme profondément antipathique et sa fin ne suscite aucune empathie. On plaint plus son révérend de mari, certes un être veul, trop respectueux, idiot finalement, et on est plus sous le charme animal du noble qui chasse le renard, impressionnant David Farrar qui crève l'écran avec son sourire carnassier. Mais finalement le personnage de Hazel est trop antipathique pour qu'on éprouve la moindre empathie pour ces deux hommes fous amoureux mais de façon différente. L'impression à la sortie du film est donc très mitigée, superbe couleurs, la restauration de la copie est magnifique, mais l'histoire n'est pas satisfaisante ou du moins le personnage de Hazel apparaît comme celui d'une jolie garce sans cervelle, autre que celle d'un animal auquel elle s'identifie tant.

Ayant visionné la version de 1h45, je pense donc avoir vu le montage de Powell et non celui signé Mamoulian !
Il semble que l'on soit plus dans un mode d'opposition nature/ culture.
Le personnage d'Hazel suit son instinct, sans distinguer ce qui est bon ou mauvais: un des mèrites du roman de Mary Webb est de souligner sans manichèïsme les dangers mais également l'agrément que l'on aurait à vivre en retrait de la société ou complètement impliqué.
L'approche rousseauiste d'Hazel lui permet d'être en parfaite communion avec la nature, et lui procure un sentiment de liberté, mais ne lui donne pas la réflexion necessaire pour distinguer ce qui pourrait lui être nuisible.
La vie en société la soumet aux codes humains, mais la proximité avec le pasteur peut être source d'intelligence, de respect et d'amour.
Hazel est donc tiraillée entre ces deux éléments en apparence contraires; ce surajoute à ce thème la passion (magnifique présence de David Farrar), contre la raison, ce qui crée un climat de tension dramatique.
On peut à la fois comprendre et regretté le choix d'Hazel lorsqu'elle rejoint David Farrar à un moment du film, mais le personnage se trouve devant un dilemne et doit prendre une direction. Peut-on lui en vouloir de choisir en fonction de ses vrais sentiments?
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Cathy
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Message par Cathy »

En regardant vite fait la copie de ma vieille VHS qui était le montage Mamoulian, je m'aperçois qu'il y a une scène dans ce film qui ne figure pas du tout dans la version longue mais qui permet de voir le caractère d'Hazel de manière beaucoup plus sympathique. En effet, elle est en train de soigner un lapin alors qu'elle s'est enfuie avec le "châtelain" et elle le cache. Celui-ci arrive et amène du gibier qu'il vient de tuer pour la nourrir. Il lui reproche aussi d'enterrer les lapins dans le cimetière afin que son révérend de mari les bénisse. Elle répond alors qu'elle serait peut-être plus heureuse avec. Il lui offre aussi une bague qui évoque aussitôt chez Hazel du sang. Le caractère de la jeune femme apparaît donc totalement différemment de celui qui est montré dans la version Powell initiale, où Hazel montre sa proximité pour la nature, mais ne montre jamais d'attachement pour son mari. Elle évoque aussi le fait qu'elle mourra jeune comme une ancêtre du chatelain. Elle se sent malheureuse chez lui ce qui n'apparaît pas du tout. Le lapin est libéré et tué par le chien, elle montre un sentiment de femme effectivement proche de la nature, qui ne supporte pas ce chatelain qui méprise ce qu'elle aime ! La scène se termine sur la déclaration d'Hazel disant qu'elle préférerait vivre avec son mari et le chatelain de lui réponde qu'il ne la reprendra pas ! Elle avoue avoir été ensorcelée par Farrar !
Les retrouvailles entre le révérend et Hazel sont aussi totalement différentes, dans la version Powell, il l'emmène non consentante. Alors que dans la version Mamoulian, elle chante en l'honneur du seigneur et est heureuse de voir arriver Edward ! Il y a aussi une confrontation entre les deux hommes et surtout Hazel est enceinte et le baron veut épouser Hazel après son divorce du révérend ! Il y aussi une grande scène entre Edward et Hazel qui lui explique finalement pourquoi elle est partie et qu'elle n'a jamais aimé le baron. La mort d'Hazel est différente aussi, si elle tombe toujours acccidentellement dans le puits, le baron fouette les chiens et le révérend hurle après elle. Bref le film et le personnage sont totalement différents et naturellement beaucoup moins sauvage ! Les scènes ont été entièrement retournées, pas seulement coupées et montées différemment.

Kimm, il faudra que tu voies absolument les deux versions, car la version Mamoulian donne une image bien plus sympathique de la jeune femme que la version Powell et je comprends que le réalisateur ait pu crier au scandale quand on voit la différence monumentale du caractère, mais je suppose que cela fonctionnait mieux moralement parlant, la femme adultère qui s'en veut, alors que dans la version Powell, elle semble totalement heureuse de son état !
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Message par Kimm »

merci beaucoup pour cette analyse comparative, Cathy; j'imagine que dans le Hollywood des années 50, la version de Powell ne serait jamais passée aux USA, en raison du code Hays.
C'est incroyable comme une version remaniée peut changer la vision des personnages; je suis effectivemment curieux de voir cette version.
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Message par Kimm »

j'ai donc vu la version de Michael Powell et Emeric Pressburger (GONE TO EARTH, 1950), version de 110mn contre THE WILD HEART (Rouben Mamoulian, 1952), 82mn. (merci Cathy :wink: )
A vrai dire, dans cette version certainement restaurée ( les couleurs sont fabuleuses!), j'ai la même vision des personnages que dans THE WILD HEART; cela ne change pas mon point de vue .

Quant au traitement, c'est un pur enchantement que ce travail formel sur la campagne anglaise, l'utilisation de la couleur, savament combinée aux ombres inquiétantes.
Le visage de Jennifer Jones apparait naturel, loin de la sophistication hollywoodienne et de la photographie MGM, et le personnage composé n'est pas sans rappeler DUEL AU SOLEIL (King Vidor, 1946).
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Supfiction
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Message par Supfiction »

Bonjour à tous, je reprend votre discussion de 2011 .. vous parlez d'une version restaurée que vous avez vue. Est-elle sortie en salle ?
A l'heure des ressorties blu-ray de Carlotta, dernièrement le Narcisse noir, espérons qu'ils enchainent avec Blimp et la renarde..
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Cathy
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Message par Cathy »

supfiction a écrit :Bonjour à tous, je reprend votre discussion de 2011 .. vous parlez d'une version restaurée que vous avez vue. Est-elle sortie en salle ?
A l'heure des ressorties blu-ray de Carlotta, dernièrement le Narcisse noir, espérons qu'ils enchainent avec Blimp et la renarde..
Non elle n'est pas sortie en salles !
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Message par daniel gregg »

Cathy a écrit :
supfiction a écrit :Bonjour à tous, je reprend votre discussion de 2011 .. vous parlez d'une version restaurée que vous avez vue. Est-elle sortie en salle ?
A l'heure des ressorties blu-ray de Carlotta, dernièrement le Narcisse noir, espérons qu'ils enchainent avec Blimp et la renarde..
Non elle n'est pas sortie en salles !
Ah bon ?
Il me semblait pourtant que le film avait été exploité en 2010 ou 2011 justement.
En tout cas, il avait été projeté dans un festival de Saone et Loire à Marcigny.
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Message par Cathy »

daniel gregg a écrit :
Cathy a écrit :
Non elle n'est pas sortie en salles !
Ah bon ?
Il me semblait pourtant que le film avait été exploité en 2010 ou 2011 justement.
En tout cas, il avait été projeté dans un festival de Saone et Loire à Marcigny.
Sans doute, mais je n'ai pas vu le film en salles, mais j'ai vu la copie d'un DVD sans doute celui décrit plus haut agrémenté de sous-titres maison :oops: :fiou: !
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Re: La Renarde / Gone to Earth (Powell-Pressburger - 1950)

Message par Demi-Lune »

Image Image Image
Après la douche froide A Canterbury tale (rien compris aux enjeux de ce film), La renarde est venu me rassurer sur mon admiration du duo anglais. Le film a beau avoir subi les affres d'une collaboration tumultueuse avec Selznick, c'est une nouvelle fois une proposition de cinéma très étrange. Étrange parce que le récit sentimental, a priori classique (ça fait penser à Tess), est porté par l'exécution formelle caractéristique du duo et tend vers la bizarrerie et le rêve. Le sens de la métaphore que possède Powell permet une nouvelle fois de transcender un matériau que je trouve en l'occurrence convenu... l'assimilation du personnage de Jennifer Jones à la renarde qu'elle protège renvoie aux idées tordues du Narcisse Noir (David Farrar fait d'ailleurs son come-back). C'est un film dont l'envoûtement peut être fragile, mais il se dégage de ces images mordorées et irréelles quelque chose d'assez obsédant. La fin est inoubliable. A noter que ce n'est pas Jack Cardiff qui a signé la photo... mais son successeur a su se montrer digne de son héritage.
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