Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

makaveli
Doublure lumière
Messages : 442
Inscription : 13 mai 09, 10:21

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par makaveli »

a mince desole je suis nouveau la prochaine fois je le saurais
voila j'ai rectifié :wink:
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17063
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par Watkinssien »

Pur chef-d'oeuvre, extrêmement important pour l'histoire du cinéma japonais, puisque c'est le premier film qui fait découvrir à un public plus large (Europe et U.S.A.) la naissance d'un cinéma nippon créatif et complètement universel, s'inscrivant sans problème aucun au panthéon des plus grands films influençables, puisque son système de narration est en effet archétypal et inégalé.
Puissamment mis en scène, écrit et interprété (Toshiro Mifune est grand), le film est sublime dans ses constatations d'un Japon confronté aux jugements (l'après-guerre) et dans son parfait mélange des sentiments dans une situation précise.

Magnifique !
Image

Mother, I miss you :(
Anatole S.
Assistant(e) machine à café
Messages : 117
Inscription : 31 juil. 08, 21:38

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par Anatole S. »

Pour ma part je suis un peu dans la même situation que ceux qui tout en reconnaissant son importance dans l'histoire du cinéma ne le considèrent pas comme un de leurs Kurosawa préférés. A défaut d'être complexe (le propos me semble tout de même assez clair), le film est quand même plus cérébral que les Sept Samouraïs ou Barberousse, qui eux sont de vrais grands films populaires. Pour moi c'est d'abord un film à "dispositif" (je ne sais pas si le terme est adéquat), qui ne peut que laisser admiratif devant autant de maîtrise (tant au niveau du découpage, de la musique que du jeu des acteurs) mais qui à mon sens ne possède pas encore l'élan et la vitalité incroyables (je serais tenté de dire la spiritualité) des chefs-d'oeuvres suivants, qui coulent tous de source là où Rashômon demande peut-être plus de visions (d'ailleurs il faut que je le revoie).
"Life's a walking shadow, a poor player
That struts and frets his hour upon the stage
And then is heard no more. It is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing."
Avatar de l’utilisateur
k-chan
squatteur
Messages : 14287
Inscription : 16 avr. 05, 05:22
Localisation : on the road again.

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par k-chan »

Watkinssien a écrit :puisque c'est le premier film qui fait découvrir à un public plus large (Europe et U.S.A.) la naissance d'un cinéma nippon créatif et complètement universel
Il a permis de faire découvrir le cinéma japonais aux occidentaux, d'accord. Par contre (à moins que j'ai mal saisi ton message), le cinéma japonais n'a pas attendu les années 50, ni même l'après-guerre pour devenir un cinéma très important. C'est ce que je disais aussi dans le topic que j'ai ouvert sur les compositeurs nippons (et qu'il faut que je poursuive)... le cinéma japonais d'avant Rashômon reste trop méconnu (pour moi aussi), alors qu'il a connu un premier âge d'or à la fin du muet. Les Ozu de l'air du muet prouvent, même s'il n'était pas à l'apogée de son style, qu'il était déjà un grand cinéaste. Et il y a des tas de cinéastes très réputés de cette époque : Tomu Uchida, Teinosuke Kinugasa (Une page folle et Carrefour sont des merveilles), Yasujiro Shimazu, Minoru Murata, Daisuke Ito, Heinosuke Gosho, Hiroshi Shimizu, Sadao Yamanaka (Pauvres humains et ballons de Papier et Tange Sazen : Le pot d'un million de Ryo sont deux films magnifiques parlant des années 30), et bien sur Mizoguchi et Naruse.
Dernière modification par k-chan le 22 mai 09, 18:32, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
k-chan
squatteur
Messages : 14287
Inscription : 16 avr. 05, 05:22
Localisation : on the road again.

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par k-chan »

Anatole S. a écrit :Pour ma part je suis un peu dans la même situation que ceux qui tout en reconnaissant son importance dans l'histoire du cinéma ne le considèrent pas comme un de leurs Kurosawa préférés. A défaut d'être complexe (le propos me semble tout de même assez clair), le film est quand même plus cérébral que les Sept Samouraïs ou Barberousse, qui eux sont de vrais grands films populaires. Pour moi c'est d'abord un film à "dispositif" (je ne sais pas si le terme est adéquat), qui ne peut que laisser admiratif devant autant de maîtrise (tant au niveau du découpage, de la musique que du jeu des acteurs) mais qui à mon sens ne possède pas encore l'élan et la vitalité incroyables (je serais tenté de dire la spiritualité) des chefs-d'oeuvres suivants, qui coulent tous de source là où Rashômon demande peut-être plus de visions (d'ailleurs il faut que je le revoie).
N'hésite pas pour autant à faire un petit tour en arrière dans la filmographie du cinéaste. Ne serait-ce que pour L'ange ivre et Chien enragé qui sont des merveilles. Kurosawa n'a pas attendu Rashômon pour faire des étincelles. La légende du grand Judo est également un très grand film. (et important historiquement)
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17063
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par Watkinssien »

k-chan a écrit :
Watkinssien a écrit :puisque c'est le premier film qui fait découvrir à un public plus large (Europe et U.S.A.) la naissance d'un cinéma nippon créatif et complètement universel
Il a permis de faire découvrir le cinéma japonais aux occidentaux, d'accord. Par contre (à moins que j'ai mal saisi ton message), le cinéma japonais n'a pas attendu les années 50, ni même l'après-guerre pour devenir un cinéma très important..
Mais évidemment, mon cher k-chan, que je ne veux pas marquer autre chose que cela. :wink:

Je suis absolument d'accord avec le reste de ton message d'ailleurs.
Image

Mother, I miss you :(
Anatole S.
Assistant(e) machine à café
Messages : 117
Inscription : 31 juil. 08, 21:38

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par Anatole S. »

k-chan a écrit :
Anatole S. a écrit :Pour ma part je suis un peu dans la même situation que ceux qui tout en reconnaissant son importance dans l'histoire du cinéma ne le considèrent pas comme un de leurs Kurosawa préférés. A défaut d'être complexe (le propos me semble tout de même assez clair), le film est quand même plus cérébral que les Sept Samouraïs ou Barberousse, qui eux sont de vrais grands films populaires. Pour moi c'est d'abord un film à "dispositif" (je ne sais pas si le terme est adéquat), qui ne peut que laisser admiratif devant autant de maîtrise (tant au niveau du découpage, de la musique que du jeu des acteurs) mais qui à mon sens ne possède pas encore l'élan et la vitalité incroyables (je serais tenté de dire la spiritualité) des chefs-d'oeuvres suivants, qui coulent tous de source là où Rashômon demande peut-être plus de visions (d'ailleurs il faut que je le revoie).
N'hésite pas pour autant à faire un petit tour en arrière dans la filmographie du cinéaste. Ne serait-ce que pour L'ange ivre et Chien enragé qui sont des merveilles. Kurosawa n'a pas attendu Rashômon pour faire des étincelles. La légende du grand Judo est également un très grand film. (et important historiquement)

Effectivement Chien enragé et L'Ange Ivre sont deux grandes réussites (d'ailleurs je préfère peut-être ce dernier à Rashômon) à côté desquelles il ne faut pas passer. Non en fait quand je disais que Kurosawa allait faire mieux que Rashômon par la suite, je pensais surtout aux films historiques (c'est par ce biais que je l'ai découvert, et même s'il n'a pas fait que ça je continue de l'associer spontanément à ce genre). Mais après oui bien sûr, je suis 100% d'accord avec toi, au moins dès l'Ange ivre (je n'ai malheureusemnt vu aucun des films le précédant) Kurosawa est un grand cinéaste. :wink:
"Life's a walking shadow, a poor player
That struts and frets his hour upon the stage
And then is heard no more. It is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing."
someone1600
Euphémiste
Messages : 8853
Inscription : 14 avr. 05, 20:28
Localisation : Québec

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par someone1600 »

Des 3 que j'ai vu, les 7 samourais est mon préféré. Mais rien a redire sur les deux autres, Rashomon est vraiment un excellent film. J'ai adoré en fait. :D
Avatar de l’utilisateur
k-chan
squatteur
Messages : 14287
Inscription : 16 avr. 05, 05:22
Localisation : on the road again.

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par k-chan »

Anatole, je suis désolé, je t'ai confondu avec Makaveli. Du fait que vous soyez tous les deux inscrits depuis peu, et que vous parlez de Kurosawa en même temps, j'avais gardé en tête des messages de Makaveli en te les attribuant. De ce fait, je pensais que tu n'avais pas vu Chien enragé et L'ange ivre. :wink:
Donc pour ce qui est des films historiques de Kurosawa, je te rejoins, Les sept samouraïs est un sommet insurpassable (c'est mon film préféré en même temps :mrgreen: ). Reste que je considère Rashômon comme un chef-d'oeuvre (on va plutôt dire une merveille, parce que parler de chef-d'oeuvre à chaque fois... :mrgreen: ), et en ce qui me concerne, c'est un des films de Kurosawa qui m'a le plus accroché à la première vision. Cela dit, je peux comprendre (ou pas :mrgreen: ) que le film suscite plus d'admiration que d'émotion.
L'ange ivre, c'est bien le premier film vraiment personnel de Kurosawa. Et donc puisque tu n'as pas vu de film qui le précède, parmi ceux que j'ai pu voir (il m'en reste quand même trois à voir :? ), La légende du grand judo et Les hommes qui marchent sur la queue du tigre sont très bons. Le second est un petit film, mais c'est très très sympa (j'ai d'ailleurs récemment découvert un très bel hommage à ce film dans Gojoe de Sogo Ishii). Quant au premier, c'est un film important. Déjà parce que c'est le premier film de Kurosawa (sur lequel il pose déjà bon nombre de ses thématiques à venir) et que c'est une chouette réussite. Parce que c'est peut-être bien le premier vrai film qui traite d'un art martial à mains nues (il y avait déjà des films de samourais [kendo] - et je regrette vraiment que le cinéma japonais n'ait pas offert plus de film sur le judo ou le karaté). Il est également resté un des meilleurs films du genre, et il fait parti des films de Kurosawa les plus influent (puisque fondateur d'un genre) > voir des films de kung-fu hongkongais. Le film aura sa suite (sympathique), plusieurs remakes (dont un réalisé par Uchikawa en 65, et qui reprend les 2 volets en 1, surveillé par Kurosawa qui a repris le scénario, produit et monté le film - on dirait un film de Kurosawa), et de nombreux hommages ou clins-d'oeil (voir ne serait-ce que Harakiri, Shaolin Karaté ou La main de fer).

ps : Pardon, je déborde un peu. :mrgreen:
makaveli
Doublure lumière
Messages : 442
Inscription : 13 mai 09, 10:21

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par makaveli »

sinon concernant mon hypothese sur le bucheron dans mon commentaire precedent personne est de mon avis.
Anatole S.
Assistant(e) machine à café
Messages : 117
Inscription : 31 juil. 08, 21:38

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par Anatole S. »

@ K-chan : aucun souci, ça pouvait prêter à confusion d'autant qu'on n'a pas encore mis d'avatar. :wink:
Du reste tu fais bien d'attirer l'attention sur La Légende du grand judo, que je n'ai effectivement pas vu parce que jusque-là j'avais des découvertes kurosawaïennes à faire que j'estimais -à tort ou pas - plus pressantes, et puis aussi parce que j'attends de pouvoir choper le coffret arte (avec la suite) en occase ou en promo. Mais j'essaierai de le voir !

Pour en revenir à Rashômon et l'hypothèse de Makaveli concernant le bûcheron,
Spoiler (cliquez pour afficher)
à mon sens rien ne semble indiquer qu'il ait fait plus que voler la dague sur le corps du défunt. C'est vrai que c'est un personnage assez ambigu, quand on voit le film pour la première fois on a l'impression que sa version des faits est la plus proche de la réalité, ce qui est ensuite immédiatement remis en cause par l'omission du détail de la dague (joli tour scénaristique au passage !), où l'on se rend compte que lui aussi a menti, et qu'à partir de là s'il a menti sur un détail, il a très bien pu mentir sur le reste. De là à affirmer qu'il a pu lui-même tuer le mari, il y a un pas que je ne franchirais pas.
De toute manière si c'est assez amusant d'élaborer des hypothèses sur ce qui a pu se passer, je crois que l'intention du film est de nous jeter dans la confusion la plus totale à la fin, de telle sorte qu'on ne puisse pas par soi-même pencher en faveur de telle ou telle version, ni être en mesure d'en faire une synthèse qui nous donnerait la vérité.
"Life's a walking shadow, a poor player
That struts and frets his hour upon the stage
And then is heard no more. It is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing."
someone1600
Euphémiste
Messages : 8853
Inscription : 14 avr. 05, 20:28
Localisation : Québec

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par someone1600 »

C'est clair, a la fin, on ne peut pas savoir laquelle version est la plus vraie. Il est clair qu'aucune ne l'est entierement.
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25396
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par AtCloseRange »

Ouf, camescope oral a écrit :...Je suis un peu perplexe.
Certes c'est un bon film, l'intrigue vue sous trois points de vue est intéresssante, esthétiquement et théoriquement. Les cadres sont parfaits, Kurosawa filme la forêt comme un acteur de l'histoire, etc etc...

Mais que beaucoup de monde le considère comme un énorme chef d'oeuvre, là je trouve ça un peu poussé. OK il donne des axes cinématographiques importants, mais il manque un poil de souffle ou de passion dans Rashomon pour que ça m'emballe complètement.

Alors, je n'en ai finalement pas un souvenir impérissable, d'autant plus que j'avais de grandes attentes avent de le visionner.
Je rejoins globalement cet avis.
En fait, je trouve le film un peu inégal dans son scénario (rien à dire sur la mise en scène magnifique - la plupart des cadrages sont époustouflants). J'ai trouvé la première partie peu engageante, ce n'est que pendant le tronc central et le début de procès que le film décolle avec un 2ème tiers admirable.
Le soufflé retombe un poil derrière partie que ce soit dans le dernier témoignage (et un combat un peu longuet) ou dans son épilogue un poil sermonneur.
Mais bon, globalement, c'est bien entendu un très beau film (ne serait-ce que visuellement) qui va sans doute terminer film du mois.
A noter la très bonne utilsation d'un long boléro dans la partie centrale renforçant le côté dramatique et intense des dilemmes moraux des personnages.

Une chose m'a un peu interpelé lors de la scène de la découverte du cadavre par Mifune: que ce soit dans le choix de la musique (avec son côté un peu décalé et guilleret accentuant les moments de surprise de l'acteur), les cadrages et le lieu de l'action (la forêt), j'ai immédiatement pensé à Mais Qui as tué Harry?. Est-ce que cette comparaison est déjà venu à l'esprit de certains? Hitchcok a-t-il un jour dit ce qu'il pensait de Kurosawa?
Avatar de l’utilisateur
Boubakar
Mécène hobbit
Messages : 52249
Inscription : 31 juil. 03, 11:50
Contact :

Re: Rashomon (Akira Kurosawa)

Message par Boubakar »

Le film peut être vu en replay pour une semaine sur le site d'Arte :

http://www.arte.tv/guide/fr/018964-000/ ... autoplay=1
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17063
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Rashomon (Akira Kurosawa - 1950)

Message par Watkinssien »

Pur chef-d'oeuvre, extrêmement important dans l'histoire du cinéma japonais, puisque c'est le premier film qui fait découvrir à un public plus large (USA et Europe) l'inventivité, l'universalité et la créativité du Septième Art nippon. S'inscrivant de plus sans problème aucun au rang des oeuvres les plus influençables, avec un système de narration inégalé. Puissamment mis en scène, photographié, écrit et interprété (Toshiro Mifune est grand), le film est sublime dans ses constatations d'un Japon confronté aux règles aléatoires du jugement (l'après-guerre est encore une hantise) et dans son parfait mélange des sentiments sur une situation apparemment précise.

Magnifique!
Image

Mother, I miss you :(
Répondre