Harry Langdon (1884-1944)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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allen john
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Harry Langdon (1884-1944)

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Enter Harry Langdon

Oublions ce brave Capra, qui a passé sa vie à prétendre avoir inventé Langdon, mentant comme un arracheur de dents pour sans doute venger l'humiliation qu'il a subi en 1927, date de son renvoi du montage de Long pants, leur deuxième long métrage ensemble, par un comédien qui s'était mis en tête de réaliser ses films tout seul. Les débuts de Langdon au cinéma datent de 1923, et ses débuts chez Sennett de 1924, soit avant l'arrivée du gagman et futur metteur en scène dans le studio. Mais une chose, en revanche, est sure: Capra avait raison lorsqu'il dit que personne ne savait quoi faire avec Langdon: la preuve dans ce qu'il reste de ses trois plus anciens films de deux bobines conservés...

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Horace Greeley Jr (Alf Goulding, 1923) est presque un mythe; ce film, le seul des deux (Encore qu'on ne sache pas si l'autre a bel et bien été tourné...) produits par Sol Lesser et cédés ensuite à sennett avec le contrat du comédien, ne subsiste plus que sous la forme de deux minutes de pellicule, la fin de la deuxième bobine, qui voit langdon dans une poursuite, avec le rôle de héros hypothétique. Il m'a vaguement fait penser à West of Hot-Dog, un Laurel de 1925 basé sur une parodie de western, et voir langdon en héros, c'est fatalement aussi incongru que Stan Laurel... le film n'est sorti qu'en 1925, sans grande publicité.

Picking peaches (Erle C. Kenton, 1924), est du pur Sennett. Ce n'est ni bon, ni mauvais, et ça se laisse regarder, mais ça manque de cohérence; Harry y incarne un vendeur de chaussures obsédé sexuel, et agressif dans ses tentatives de conquête... Il est marié, et son épouse essaie de lui rendre la monnaie de sa pièce. Une scène prétexte le voit assister à un concours de beauté, permettant d'aaligner les jeunes femmes en maillot. A ce titre, le film est sorti accompagné d'une publicité qui mettait en avant les Bathing Beauties, en plus de Harry Langdon.

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Smile please (Roy del Ruth, 1924) ce film est un pur concentré d'incohérence, dans lequel on passe du coq à l'ane, et avec un Harry Langdon prêt à s'abaisser à toutes les bassesses auquel on le confronte: il respire un putois, baisse son pantalon devant les dames, court en culottes à dentelles, etc... Il y est un shériff-pompier-photographe qui a maille à partir avec son rival pour les affections d'une jeune femme. Les gags les plus gras et les plus répétitifs sont mntrés, en succession et sans temps mort. Totalement idiot, absolument pas indispensable, à voir pour savoir jusqu'ou on peut aller très loin.... Pour en finir avec cet étrange film j'ajoute que c'est le premier court métrage qui m'ait donné l'impression que The mystery of the leaping fish, de John emerson avec Douglas Fairbanks, était finalement un petit film assez routinier...

La route est longue, vers la plénitude de The strong man (1926)... mais on y viendra.
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Re: Harry Langdon (1884-1944)

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Harry Langdon strikes again

Que faire avec Harry Langdon? Après avoir essayé de le faire prendre le rythme insensé de leurs comédies, les metteurs en scène semblent avoir accordé un peu plus de latitude au comédien, qui commence à imposer son style lunaire et lent. C'est tout l'intérêt de ces deux films, dont hélas aucune copie complète n'a survécu:

His new mamma
(Roy Del Ruth, 1924)

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Bien qu'une demi bobine (Le début du film) ait disparu, on voit bien la méthode Sennett en action: deux bobines, un film. Le lien entre les deux moitiés est ténu, parfois juste un prétexte, mais il existe. Langdon a réussi à intégrer son style, fait de lenteur et d'innnocence, sur la première partie. Il y joue un jeune garçon, auquel son père (Andy Clyde) présente "sa nouvelle maman" (Madeline Hurlock). Les gags jouent tous sur la naïveté de Harry, dont la future belle-mère essaie de se faire un dessert.... dans la moitié disparue. Zut. Le reste du film est marqué par des trucs typiquement sennetiens: plage, bathing beauties, dont la jolie Alice Day, et poursuite en voitures folles, tournée à 12 images par secondes.


The first hundred years (Harry Sweet, 1924)

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Le premier film dans lequel on échappe presque totalement à la frénésie, à l'exception d'une séquence durant laquelle Harry est entrainé dehors par un bouledogue effrayé quil tient en laisse... le film (Egalement incomplet) commence par un trompe l'oeil étourdissant: Harry et une jeune femme se battent contre un bandit, qu'ils mettent hors d'état de nuire, puis s'embrassent. David Kalat assure que ce début est tel quel dans le script, on ne peut donc pas en mettre la rapidité sur le compte d'une hypothétique perte de séquence; de toute façon, le propos sera familial: Harry est un mari heureux et sans histoire, et Alice Day est son épouse comblée. Ils reçoivent de temps à autre la visite d'un ami (dont on apprendra plus tard qu'il est recherché pour divers crimes), et ont besoin d'une cuisinière: ils en essaient deux: une abominable sorcière qui fait peur à tout le monde, et une jolie dame (Madeline Hurlock) qui en a manifestement après Harry. La fin du film se concentre autour d'une nuit de peur, durant laquelle des étranges silhouettes envahissent la maison.

Le bien-être domestique, qui sera le thème de The chaser (1928), son plus méchant long métrage, est vu ici selon le style de Langdon, pas selon Sennett. D'autre part, le film a considérablement ralenti son rythme, et on sent la patte d'un autre metteur en scène: Harry Sweet a succédé à Del Ruth, et semble avoir laissé Langdon imposer sa marque. Du coup devant les horreurs qui se multiplient, Langdon ralentit, ralentit la cadence, et met un point d'honneur à innover, en particulier en terme de réactions. Du reste, le film est marqué par son innocence: lui qui jouait les obsédés sexuels pour Picking peaches, revient à la maison avec une vamp, à laquelle devant son épouse, il laisse masser ses pieds, sans aucunement penser à mal...
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Message par someone1600 »

Tu utilises les dvd Kino pour tes visionnements ? :?
allen john
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Re: Harry Langdon (1884-1944)

Message par allen john »

someone1600 a écrit :Tu utilises les dvd Kino pour tes visionnements ? :?
Les DVD Kino ne couvrent que les longs métrages de la période First national qui ont été conservés, c'et-à-dire tous à l'exception de Heart trouble (1928):

Tramp, tramp, tramp (Harry Edwards, 1926)
The strong man (Frank Capra, 1926)
Long Pants (Frank Capra, 1927)
Three's a crowd (Harry Langdon, 1927)
The chaser (Harry Langdon, 1928)

Donc je suis actuellement en train de farfouiller dans le coffret AllDay entertainment/Facets sorti en 2007: Lost and found, en quatre DVD, qui propose tous les Langdon tournés pour Sennett qui ont été conservés. C'et un achat que je conseille, si on peut encore le trouver, mais il y a parfois des films à l'accès difficile...
:D
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Re: Harry Langdon (1884-1944)

Message par someone1600 »

Ok... bon, j'ai tellement a découvrir que je vais passer mon tour pour celui-la pour l'instant. :wink:
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Re: Harry Langdon (1884-1944)

Message par allen john »

Avec l'arrivée de Harry Edwards à la réalisation de ses films, l'équipe de Harry Langdon, chez Sennett, est de plus en plus soudée autour de l'acteur, et les films qui ont entamé une mutation après quelques erreurs de jeunesse, s'en ressentent. Marceline Day, la soeur d'Alice, devient la partenaire, et on la connait en particulier pour son rôle dans The cameraman. Autour d'eux, les acteurs de la compagnie Sennett: Madeline Hurlock, Andy Clyde, Charlotte Mineau. Les histoires, tout en maintenant un brin de loufoquerie et une structure typiquement Sennett (autant de parties que de bobines), sont plus soignées, et on y croit désormais, on a aussi le temps de s'intéresser aux personnages.

Luck of the foolish (Harry Edwards, 1924)

Harry et Marceline sont dans un train, ils rentrent chez eux, et c'est la nuit: l'essentiel de la première bobine va être consacré à une série de déboires dans le wagon-lit, harry étant absolument empêché de se coucher sans réveiller les voisins, sans non plus que Marceline ne lui demande un service. Une préfiguration conjugale de Berth Marks, de Laurel et Hardy. Le réveil est intéressant, avec une scène hilarante dans la salle d'eau des hommes durant laquelle Harry et un rasoir terrorisent un autre passager, sans que l'acteur ne s'aperçoive de l'effet qu'il rend. la première bobine s'achève sur une histoire d'évasion d'un malfrat dans le train, qui voit Harry Langdon basculer, de l'influence de Harold Lloyd à celle de Charley Chase. La deuxième bobine est plus typique de son style propre, avec un harry, auquel on a volé son argent, qui se voit obligé de reprendre son ancien travail: il est un policier inepte, avec un uniforme trop grand. Il manque de conviction, et c'est très douloureux, pour ne pas dire embarrassant pour le spectateur: c'est d'ailleurs un trait de son oeuvre qui explique peut-être pourquiu tant de cinéphiles sont réticents à s'intéresser à lui: ce n'est pas confortable. Néanmoins, avec son final spectaculaire, tourné dans la villa de Mack Sennett lui-même, on a ici du burlesque de grande qualité. Et la cerise sur le gateau, c'est que le film est désormais complet grâce au travail d'archéologue de David "Indiana Jones " Kalat.

The hansom cabman (Harry Edwards, 1924)

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Ce film possède bien deux parties lui aussi, mais la deuxième ne fait pas toute la deuxième bobine: Langdon a réussi à imposer une structure plus souple, qui lui permet d'exploiter à fond toute la situtation de base: au matin de son mariage (Avec Marceline Day), Langdon se réveille avec une gueule de bois et.. marié à Madeline Hurlock. c'est embêtant, surtout lorsque Marceline et sa maman (Charlotte Mineau) se déplacent, ou lorsque la jeune femme se plaint à son père (Andy Clyde)... qui est justement chef de la police. Harry va donc en prison, faire des travaux d'intérêt général. Les cinq dernières minutes le voient s'évader, et devenir chauffeur de fiacre. Il conduit notamment des Chinois, qui fument de l'opium, et le film se casse un peu la figure. Mais les quinze premières minutes, entièrement centrées sur Harry et sa réalisation de la situation extrêmement délicate dans laquelle il est, sont tordantes.
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ALL NIGHT LONG (Harry Edwards, 1924)

Avec Harry Langdon, Sennett a donc enfin trouvé un artiste qui est absolument insoluble dans le type d'humour favorisé par sa compagnie... et All night long est un bon exemple de cet état de fait. Capra datait à peu près de ce film, il est vrai classique, l'invention du personnage de Langdon, qu'il s'attribuait à 100%. Bon, sachant qu'il ne travaillait pas encore pour Sennett à l'époque, on sait quoi faire d'une telle afirmation... Non, la réussite de All night long est attribuable à deux hommes: d'une part, le réalisateur Harry Edwards, qui a su faire avec les moyens du bord, et un patron jaloux de "son" style, qui aime qu'on reste autant que possible à ras de terre, un film étonnant qui est beau à voir, particulièrement astucieux dans son déroulement (il y a un flashback très bien mené) et constamment drôle. Sinon, l'autre harry bien sur, langdon lui-même, qui imprime ici par la seule grâce de son jeu étonnant une lenteur doucereuse, qui sied parfaitement au burlesque de l'évocation de la guerre, provoquant un choc permanent entre le monde et Harry: deux hommes se rencontrent dans un cinéma; ils se connaissent depuis qu'ils ont été en France durant la guerre, ou Harry était un soldat de deuxième classe inepte, et Vernon Dent son sergent. Courant après la même fille, Nanette (Natalie Kingston, qu'on reverra), Harry l'a séduite précisément par son coté lunaire... Ils sont d'ailleurs mariés. Vernon a une sérieuse dent contre son ancien camarade...

Belle réussite que ce film, souvent montré, le plus célèbre sans doute des courts Keystone de Langdon. Rempli de touches typiques: la vision d'une immense pile de pommes de terre, suivie de l'apparition du soldat Harry Langdon en train de les éplucher. il fait une pause, regarde la pile, puis son seau dans lequel on compte... trois tubercules; une série de scènes de bataille, très bien réalisées, pleine de gags qui jouent sur l'obscurité, etc...
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Feet of mud (Harry Edwards, 1924)

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Avec Feet of mud, on est de nouveau confronté à un film hybride, après la belle réussite de All night long. Et là, on sent les coutures, le film est divisé en trois périodes distinctes, dont la jonction ne s'opère pas toujours bien: dans un premier temps, on assiste à un match de football, dont harry est, par inadvertance, la vedette. cela lui ouvre des portes, et le riche père de sa petite amie (Natalie Kingston) lui promet un travail... qui s'avère être un cadeau empoisonné, puisqu'il doit nettoyer les rues, tel Chaplin dans City lights. La deuxième partie le voit donc dans ce nouveau travail, et la troisième partie concerne le passage de Harry par Chinatown, en pleine guerre des gangs. Natalie est enlevée, et un Harry plus ou moins héroïque sauve sa petite amie... Inévitablement, des gags liés à l'opium, mais également quelques clichés bien assumés sur les Asiatiques, leurs mystères et leurs étranges coutumes, qui remplissent un petit film qui n'a pas grand chose de révolutionnaire à proposer, mais qui au moins expédie les affaires courantes...
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Re: Harry Langdon (1884-1944)

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The sea squawk, Boobs in the wood, His marriage wow (Harry Edwards, 1925)

Ces trois films, dont la qualité varie, témoignet tous de la belle santé des productions de l'équipe Harry Langdon-Harry Edwards-Arthur Ripley: le premier est bien sur la vedette, le deuxième le réalisateur, le troisième le scénariste. Au fil des ans, avec l'aide de Capra, la légende d'un Langdon inepte a poussé les commentateurs à faire grand cas des collaborations de gens comme Edwards et Ripley, justement, et à minimiser l'apport de Langdon; c'est pourtant bien le comédien qui est le centre de ces films, et son personnage original joue justement à l'encontre des canons de la comédie burlesque, a fortiori des habitudes de Mack Sennett. Sur les trois films, le meilleur est sans nul doute le troisième.

The sea squawk

Sous ce titre qui renvoie inévitablement à The Sea Hawk, de Frank Lloyd, ne se cache pas une parodie, juste un film assez standard des productions Sennett, situé sur un bateau, avec un vol de bijoux et des gags liés au travestissment, plus, décidément un rite de passage pour tous les comédiens, un singe capucin. Ca se laisse voir sans déplaisir, comme on dit, en particulier pour voir Langdon passer d'un kilt à une robe de damoiselle Sudiste.

Boobs in the wood

Sous ce titre désormais risqué (Mais Boob en 1925 ne voulait pas encore dire "nichon", comme en témoigne le film The boob de William Wellman, sorti en 1926 à la MGM: on n'imagine tout de même pas la firme du lion sortir un film de Wild Bill Wellman sous le titre "Le néné". Ca voulait tout simplement dire "nigaud".), se cache un chouette petit film dans lequel Harry et son partenaire Vernon Dent se disputent les affections de Marie Astaire (Aucune relation). Situé en Californie du nord, au pays des bûcherons en chemise à carreaux, il présente un certain nombre de gags en situation qui sont souvent irrésistibles (Dont une cascade sur un flume, ces conduits pour les rondins de bois) et surtout se conclut sur des séquences qui impliquent un Harry soudainement paré d'une légende de tueur, un moyen de protection imaginé par Marie Astaire. Par ailleurs, le film prouve que Leo Willis, qui jouait souvent chez Roach et Lloyd, avait ses entrées chez Sennett aussi...

His marriage wow

Le meilleur des trois films, His marriage wow possède d'abord l'avantage de l'unité: cette histoire de ne divise pas radicalement en deux à la jonction entre les bobines, et tourne autour du mariage. La cérémonie, et la vie de couple. De plus, on y voit, de nouveau, Natalie Kingston, déjà aperçue dans Feet of mud et All night long: elle va désormais être la partenaire principale de Langdon, aux cotés de l'inamovible Vernon Dent. celui-ci joue un rôle étonnant de professeur psychanalisto-hypnotiseur, qui précipite le trop crédule Harry dans l'angoisse. Ce qui fait que l'enjeu du film est surtout situé da&ns la tête du protagoniste principal.

Harry Hope se marie: toute la noce l'attend dans une église, alors que lui s'est trompé. Il finit par arriver, ce qui n'était pas une mince affaire (Il demande son chemin à un policier, disparait du champ, et arrive par le fond du champ, pour redemander son chemin au même policier!), et est accueilli par l'un des invités de la noce, l'étrange "professeur" McGloom, qui lui fait comprendre à demi-mot que Harry va être sacrifié par son épouse sitôt le mariage effectué. Bien qu'il essaie de se tirer d'affaire, il est constamment récupéré, jusqu'au moment ou des infirmiers viennent chercher le "professeur", en fait échappé d'un asile.

Une petite note au passage: la vue de Langdon, seul dans une église vide, renvoie à un plan célèbre de Seven Chances de Keaton paru la même année. Ce pourrait être la même église, du reste...

Le rythme, comme son personnage, appartient désormais en propre à Harry Langdon, qui laisse de coté la frénésie coutumière de chez Sennett, pour imprimer son propre timing à l'histoire. j'ai déja mentionné cette digression, qui voit harry langdon perdu revenir inutilement à son point de départ, mais sa lenteur est aussi faite de gestes, comme ce moment ou il comprend au début qu'il n'est pas dans la bonne église, et comme il a donné de l'argent au prêtre, il hésite à partir, revient, repart... Son ineptitude n'est pas de la bêtise, c'est une hésitation constante, une incapacité à prendre une décision. L'influence de Langdon sur Stan Laurel sera considérable...

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Re: Harry Langdon (1884-1944)

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Le passage progressif au long métrage, qui n'était pas donné à tout comédien à l'époque, se fera pour Harry Langdon par le biais d'un alongement de ses films, un peu à la manière de Chaplin, qui avait commencer à expérimenter avec des trois bobines avant de se lancer dans The Kid. De fait, les derniers courts de langdon, tous réalisés par Harry Edwards sur des idées de Capra et Ripley, tournent un peu en rond. Certains toutefois sont excellents. la plupart continuent à exploiter l'alchimie entre Langdon et son complice Vernon Dent, qui savait tout faire, et on retrouve souvent Natalie Kingston.

Plain clothes
(1925) est une histoire invraisemblable, dans laquelle Harry est un policier infiltré malgré lui dans la famille d'escrocs de sa petite amie. Il fera le ménage, malgré lui aussi, et se conduira en héros. Par hasard.

Remember when (1925) est le meilleur de ces quatre films. Il conte l'histoire d'un vagabond, mais ce n'est pas du Chaplin, même si ce film de 1925 anticipe certains aspects de The circus: Harry a fui l'orphelinat étant enfant, lorsque sa petite amie en est partie. typiquement, 15 ans plus tard, il est toujours dans les environs... Il y vole des poules, avec une méthode particulièrement voyante. Il croise le chemin d'un cirqie qui l'engage parce qu'il a sans le vouloir des facultés pour l'acrobatie. Il ne sait pas que sous le déguisement de la femme à barbe, se cache son ancienne petite amie...

Lucky stars (1925) est francheme,nt mal fichu, et la seconde partie se traine: Harry est un homme qui décide de ses conformer à la lettre à une prédiction qu'in lui a faite, ce qui ne lui apportera que des ennuis. L'ennui, c'est ce qui se dégage d'une répétitive et statique partie consacréé à un medicine show, avec Vernon Dent en charlatan.

Fiddlesticks (1926) Pour son dernier court conservé, Langdon relève le niveau, avec une histoire de musicien tellement affligeant que son professeur lui a donné un diplôme pour se débarrasser de lui. Le contraste entre l'enthousiasme juvénile du contrebassiste Harry et les envies de meurtre du public est très drôle, surtout lorsque sa famille le jette dehors sans ménagement, et qu'il leur sourit, et leur dit: "C'est bien parce que c'est vous..." avant de s'en aller. Un film parfois Laurelien, avant la lettre...

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Re: Harry Langdon (1884-1944)

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Saturday afternoon (Harry Edwards, 1926)

Premier film de Langdon à dépasser les trois bobines, ce Saturday afternoon montre bien pourquoi l'équipe voulait étendre le champ d'action des film du comédien. Doté d'une épouse tellement acariâtre que sa belle-mère prend sa défense, Langdon a l'idée saugrenue de vouloir prendre du bon temps avec son copain Vernon Dent qui a justement rencontré deux jolies demoiselles... L'épouse du héros le croit tellement minable qu'elle le laisse partir sans disuter et le récupère, à la fin, distraitement. Si on verra de bien meilleurs développements pour cette tentation de liberté impossible du mari enchaîné dans le merveilleusement bizarre The Chaser (1928), ce film permet au comédien de faire ce qu'il souhaitait: prendre son temps, et montrer l'étendue de son étrange talent en matière de pantomime...

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Re: Harry Langdon (1884-1944)

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Soldier man (Harry Edwards, 1926)

Le crédit de Harry Langdon sur Blockheads, avec Laurel & Hardy, n'est pas volé: il y recycle l'argument de base de ce film, un moyen métrage prévu pour durer quatre bobines, mais dont un quart du métrage a sagement été mis de coté. Le film est un peu trop long encore, dédié à un scénario improbable, mais propice à établir une fois de plus le personnage lunaire mis au point par le comédien. Le script est crédité à Ripley et Capra, Vernon dent et Natalie Kingston complètent la distribution...

A la fin de la guerre, tous les sodats Américains sont revenus ou localisés... sauf un. Langdon est resté seul, ne réalisant pas que les hostilités sont finies. après quelques scènes liées à son ignorance, il fuit un terrain qu'il croit infesté d'ennemis, et arrivent sur les terres d'un royaume (la Bomanie) ou se joue un drame à la Zenda: il est le sosie du roi, un abominable soiffard, et va l'espace d'un instant régner afin de mettre un complot en échec, sans rien comprendre à ec qui lui arrive...

Dans le genre, on préfère les efforts de Charley Chase (Long fliv the king) dont le film semble aller quelque part. ici, ça se traine, et le seul moyen de venir à bout de cette histoire est d'utiliser le vieux truc du rêve. On appréciera toutefois la comparaison effectuée par Harry entre le rêve (Il embrasse la reine, Natalie Kingston, et elle s'évanouit, terrassée par la sensualité de l'homme-enfant) et la réalité (Il embrasse son épouse, Natalie Kingston également, mais elle ne s'évanouit pas!); sinon, il utilise ici un moyen de système D graphique hilarant pour montrer l'explosion d'une vache. Un grand moment dans un tout petit film...

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Re: Harry Langdon (1884-1944)

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His first flame (Harry Edwards, 1926)

Tourné avant, sorti après les deux premiers films First National de Langdon (Tramp, tramp, tramp, de Edwards, et The strong man, de Capra), ce film était probablement une sorte d'assurance prise par Sennett en cas de désertion de son acteur. de fait, il en avait l'habitude: Arbuckle, Chaplin, même Mabel Normand, tous l'ont déserté pour aller voir ailleurs. ce long métrage a sans doute été complété avant la fin du tournage des courts métrages de Langdon. Si donc le film est sans doute plus ou moins une commende de Sennett, son intrigue est particulèerement typique de Langdon et de son équipe.

Par moments, on dirait deux films collés l'un à l'autre: le titre fait allusion à deux sortes de flammes. Le premier amour, bien sur, représenté par Natalie Kingston, la financée qui en veut à l'argent d'Harry aveuglé par ses sentiments, et contre laquelle son oncle Vernon Dent le met en garde. Et sinon, Harry s'improvise pompier, lorsqu'il est recueilli par Dent, qui est capitaine de la caserne locale, et il y a deux incendies dans la dernière bobine, un sérieux, et un plus douteux... Harry s'y distingue, sauvant notamment un mannequin.

Dent & Langdon tournent donc leur dernier film muet ensemble, et leur équipe fait toujours merveille. Elle est assez complexe, aussi, ne reposant pas seulement sur la dynamique de la brute et du naïf. Le lien familial entre les deux permet à la fois d'imposer que l'un (Dent) ait de l'autorité sur l'autre (Langdon) sans pour autant qu'il y ait un déficit d'affection entre les deux. De son côté, Natalie Kingston se voit donner une chance de jouer un rôle inhabituel, celui de la méchante femme qui ne souhaite se marier avec le héros que parce qu'il est riche. Sa soeur, interprétée par Ruth Hiatt, se tient prète à récupérer le fiancé dont elle est amoureuse, et elle a l'idée, en voyant Harry participer à un sauvetage, de l'appeler à l'aide en simulant un incendie. Le feu et Harry se mélangent fort bien, permettant à Langdon de jouer sa lenteur proverbiale dans une atmosphère de suspense brûlant.

Il est beaucoup question de mariage dans ce film, ou l'oncle dissuade son neveu, la fiancée part avec un autre, et un ami rencontré par hasard se révèle mener un existence dangereuse et tumultueuse dès qu'il franchit la porte de chez lui: son épouse est violente! Harry langdon trouve quand même lme temps d'interpréter une scène habillé en femme, et n'a pas besoin de faire grand chose de plus pour déclencher le rire. Erratique, Harry Langdon joue dond une dernière fois pour Sennett avec un scénario (Ripley et Capra)qui part dans tous les sens, ce qui ne sera pas le cas des films à venir. On a le sentiment malgré tout qu'on pourrait pas couper dans ce film, et obtenir des morceaux cohérents. D'ailleurs une coupe a eu lieu, sans doute due aux ravages du temps, et rend un passage très difficile à comprendre.

Inégal, le film semble résumer efficacement l'ensemble des courts et moyens métrages de Langdon pour Sennett: erratique, bizarre, avec des moments de folie (Une course contre la montre avec la carriole des pompiers, et Harry qui fait trois dois le tour de la maison incendiée avant de s'arrêter), et des moments de lenteur calculés (Harry assommé met une minute à tomber). il fera mieux, mais est déja cet étrange individu perdu dans un univers qui nous est vaguement familier, mais qu'on ne voit pas ici comme on le verrait chez d'autres, Chase, Chaplin, ou Keaton. Un univers singulier qui est bien plus celui de Langdon que celui de Sennett.

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Tramp! Tramp! Tramp! (Harry Edwards, 1926)

Une fois qu'il a quitté Sennett, lLngdon a pu faire ce qu'il voulait, soit des longs métrages. Comme on sait, l'expérience sera un échec commercial, doublé d'une malédiction: celle d'être incompris, jugé comme un sous-Chaplin, ce qu'il n'était pas, un jouet de Capra, ce qui est une invention du réalisateur, et un réalisateur peu doué, ce qui est absurde: des six films de langdon à la first National, on en conserve 5: un de Harry Edwards, un de Capra sur lequel le réalisateur a eu le final cut, un de Capra sans le final cut, et deux de Langdon (Egalement réalisateur du sixième, Heart trouble). Il existe des différences liées au sujet de chaque film, mais le style global est celui... de Langdon; son jeu, sa lenteur, sa façn de suspendre le temps dans une scène, et de prolonger un gag jusqu'à l'insupportable: bref, aimez-le ou laissez le, mais un style.

Le premier film repose sur l'équipe testée et approuvée par le public dans les derniers films Sennett: Edwards, pour une dernière fois à la réalisation, Ripley et Capra au scénario. L'intrigue renvoie un peu à Harold Lloyd, avec cette petite histoire du fils d'un chausseur indépendant (langdon) qui participe à une course organisée à des fins publicitaires par un gros chausseur, Burton; le but d'Harry est d'empocher la récompense pour sauver l'entreprise familiale pour faire face à ses créanciers. en chemin, il va au bagne, affronte un cyclone, et rencontre la femme de sa vie, la fille de Burton (Joan Crawford!!!!!!!), qui était la belle fille sur toutes les publicités des chaussures de son papa.

C'est bon de voir un clown qui a eu le sentiment d'être brimé pendant des années passées à l'usine à rigolade, et qui peut enfin s'égayer dans un film construit à sa mesure. L'histoire est in ne peut plus simple, et bien pratique, avec son inévitable suspense "sportif", mais la façon dont Harry s'accomode d'être engagé dans ce qui est une épreuve de vitesse est intéressante. On retrouve un peu de l'esprit Capra dans le fait que cette course çà travers les etats-unis se fasse dans l'Amérique profonde, et cela culmine justement dans une scène de cyclone très "frontale" qui a peut-être inspiré le final de Steamboat bill Jr. pas aussi aboutie, bien sur, mais très impressionnante, en réalité... Le rapport de Harry à Joan Crawford est comme souvent le rapport d'un homme-enfant à une femme idéale, rêvée.

Donc si on résume, pour un acteur supposé être un "sous-Chaplin", on constate que j'ai référé à deux autres comédiens, tous les deux admirables. mais la vérité, c'est que ce premier film indépendant consacre surtout à mes yeux la spécificité de cet acteur certes pas facile à appréhender, mais dont l'histoire devrait de temps en temps se souvenir avec un peu plus de respect.

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Re: Harry Langdon (1884-1944)

Message par allen john »

The strong man (Frank Capra, 1926)

The strong man est généralement considéré comme le meilleur film d'Harry Langdon, et est même par certains côtés le seul classique du lot... Est-ce du à la contre-publicité orchestrée par Frank Capra autour du comédien, ou au fait que les cinéphiles réfractaires à Langdon y reconnaissent la patte du metteur en scène, dont c'était le premier long métrage? J'avoue ne pas me joindre à la foule qui applaudit le film, non qu'il soit mauvais, au contraire, mais je le trouve longuet et redondant... Après un Tramp tramp tramp très enlevé, avant un Long Pants plus court, celui-ci tend à se laisser aller, et au risque d'une fois de plus détruire l'image patiemment assemblée par capra lui-même au fil des ans, je le trouve très Langdonien, peut-être même trop. Après tout, il avait d'une certaine manière, même en n'ayant jamais dirigé un film, plus d'expérience que Capra, et a sans doute précisément utilisé un metteur en scène débutant pour mieux contrôler la production.

Paul Bergot (Harry Langdon), un immigrant belge, se rend aux Etats-Unis pour y retrouver la trace de Mary Brown, la petite Américaine qui lui écrivait des lettres enflammées pendant la guerre, dans le cadre du soutien au moral des troupes. Il est venu avec un "strong man", un costaud de foire, et est engagé par un music-hall situé dans une petite ville en proie à une lutte entre les tenants de la distraction (Leur QG est le music-hall-salloon), et les bonnes gens regroupés autour du pasteur local (Dont la fille, aveugle, s'appelle ...Mary Brown).

C'ets très léger, comme argument, et pas grand chose ne se passe de plus: un prologue situé en pleine guerre montre comment Zandow, le costaud, va se retrouver flanqué de Paul: il l'a capturé pendant la guerre... Un passage par Ellis Island permet à langdon d'illustrer sa concpetion du gag "froid", avec un Harry Langdon qui décelnche une longue vague de bancs qui tombent les uns sur les autres, puis un petit interlude voit paul chercher Mary Brown en demandant à des femmes dans la rue si elles sont sa dulcinée... Langdon est plus décalé que jamais, et le réalisateur multiplie les gags en longs plans, comme pour empêcher tout montage de réduire l'effet de lente maturation répétitive des gags. Le personnage de Mary Brown, fille de prédicateur (un vrai intolérant, il fait pourtant partie des braves gens dans ce film gentiment conservateur), est une sorte d'ancêtre de bien des personnages de Capra. Le film sera un succès, et permettra à langdon de continuer avec la même équipe, avant d'opérer un changement de taille en devenant son propre metteur en scène...

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