Le Western américain : Parcours chronologique II 1950-1954

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Julien Léonard
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Julien Léonard »

Richard Thorpe fut parfaitement capable d'emballer des films solides pour la MGM, surtout pendant les années 40 et cela jusqu'au milieu des années 50. Après, ça se gate ! J'ai bien aimé ses contributions à la saga Tarzan ou l'épisode qu'il a signé pour la saga Thin man : il passe derrière Van Dyke à chaque fois, mais relève le défi avec un certain panache. Son Prisonnier de Zenda est assez soigné, et son Ivanhoé aussi (même si le "carton pâte" fonctionne moins que d'habitude). Pour le reste, c'est clair qu'il ne faut pas s'attendre à monts et merveilles avec lui. Patrick Brion (qui en avait un peu parlé dans son entretien notamment) a vu tout ce qui existait encore de lui aujourd'hui, en clamant son amour du réal'. Il y va peut-être un peu fort, tout en replaçant le bonhomme dans son contexte (il avoue que ce n'est pas un auteur non plus).
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someone1600
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par someone1600 »

Bien apprécié les 2-3 films que j'ai vu du bonhomme pour ma part...
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Jeremy Fox
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Sugarfoot

Message par Jeremy Fox »

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Sugarfoot - Swirl of Glory (1951) de Edwin L. marin
WARNER


Avec Randolph Scott, Raymond Massey, S.Z. Sakall, Robert Warwick, Arthur Hunnicutt, Adele Jergens, Hank Worden
Scénario : Russell S. Hughes
Musique : Ray Hendorf & Sammy Cahn
Photographie : Wilfrid M. Cline
Une production de Saul Elkins pour la Warner


Sortie USA : 11 février 1951

En ce début d'année 1951, la Warner ne m'aura malheureusement pas fait mentir (par rapport à ce que je disais lorsque j'ai abordé Dallas de Stuart Heisler), poursuivant sur sa lancée peu glorieuse, celle de produire et de distribuer les plus mauvais westerns de l'époque. Si ceux de l'année précédente étaient pour la plupart médiocres (faisons une exception pour La Révolte des Dieux rouges - Rocky Mountain de William Keighley qui, même s'il ne m'a pas fait grande impression, contenait des éléments assez originaux pour pouvoir plaire à certains), Sugarfoot atteint des tréfonds dans la nullité ; en quelque sorte l'équivalent des westerns de Richard Thorpe pour la MGM dans les années 40. Et évidemment, ce n'est bénéfique pour personne, pas plus pour les acteurs que pour les spectateurs. Bénéficiant d'un budget de série B, Sugarfoot fait bien plus penser à de la série Z.

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La Guerre Civile ayant pris fin, Jackson Redan (Randolph Scott) et Jacob Stint (Raymond Massey) rejoignent un convoi de pionniers se dirigeant vers l'Ouest. Ils espèrent y faire fortune et pouvoir recommencer leur vie, tous leurs biens s'étant volatilisés durant le conflit. Autant Jackson, ancien aristocrate, est engoncé dans ses principes d'honneur et de droiture, autant son compagnon de voyage est un homme cynique et sans scrupules. Ils arrivent enfin à Prescott en Arizona, décident de s'y établir tout en espérant ne plus se côtoyer. Jackson trouve du travail auprès de Don Miguel Wormser (S.Z. Sakall), un commerçant qui lui demande de l'aide pour aller négocier de la marchandise dans une ville voisine, La Paz. La route pour s'y rendre étant dangereuse (indiens, hors-la-loi...), Jackson se fait accompagner par un prospecteur du nom de Fly-up-the-creek Jones (Arthur Hunnicutt). De retour à Prescott, Jackson se voit dans l'obligation de se battre en duel avec Jacob Stint ; en effet, s'étant fait dérober une coquette somme juste avant de se rendre à La Paz, il apprend que Jacob était son voleur. Mais Jackson est blessé ; il est soigné par la jolie entraîneuse du saloon, Reva Cairns (Adele Jergens) à laquelle il n'est pas insensible...

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Et déjà là, rien qu'à essayer de vous raconter le début de cette histoire totalement inintéressante, je commence à fatiguer et tout simplement à ne pas arriver à aller plus loin. En effet, passé la moitié du film, on finit par tellement se fiche de ce qui se déroule devant nos yeux qu'on décroche sans plus n'y rien comprendre. Le scénariste Russell S. Hughes fera mieux par la suite (dès son travail suivant d'ailleurs avec Andre De Toth) mais rien ne pouvait le laisser penser à la vision de ce Sugarfoot au script totalement idiot. Et on se rend compte de la médiocrité du film dès son prologue ; la voix off présente le personnage de Raymond Massey en nous disant d'un ton grave et inquiétant qu'il s'agit d'un homme cynique et sans scrupules. On s'en serait à peine douté car que fait l'acteur pendant ce temps ? Il roule des yeux, tord sa bouche et grimace presque aussi exagérément que le fera Jerry Lewis plus tard. Dès cet instant, on est un peu gêné pour le comédien qui était autrement plus convaincant dans le personnage halluciné de John Brown dans La Piste de Santa Fe (Santa Fe Trail) de Michael Curtiz. Son jeu n’était déjà pas d’une exemplaire sobriété mais son personnage était au moins haut en couleur. Ici, il se ridiculise d’entrée ; mais peut-être aussi que si son jeu caricatural est autant visible c’est par contraste à la fadeur extrême de tous ses partenaires y compris Randolph Scott qui a rarement été aussi terne et peu convainquant (probablement peu convaincu par son personnage d’homme de l’Ouest dandy surnommé Sugarfoot pour l’élégance de ses costumes). On sait qu’il porte la chemise comme personne et ici aussi encore ; mais à part ça, il ne se révèle pas meilleur que S.Z. Sakall et Arthur Hunnicutt, étonnamment amorphes alors qu’habituellement réputés pour apporter une touche de cocasserie ou de truculence, ou que l’actrice principale, Adele Jergens, sortie d’on ne sait où mais dont on comprend facilement qu’elle n’ait pas fait une grande carrière ; le personnage de godiche chantante qu’elle a eu à interpréter n’a pas du aider non plus mais n’excuse pas un tel manque de talent dramatique. Patricia Neal a bien fait de refuser le rôle qui lui était au départ dévolu même si nous y aurions certainement gagné au change.

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Rare indigence au niveau du scénario et de l’interprétation ; malheureusement il en va de même pour la mise en scène. Edwin L. Marin nous avait fait passer quelques moments plaisants avec de précédents westerns tels L’Amazone aux Yeux Verts (Tall in the Saddle) avec John Wayne ou, déjà avec Randolph Scott, le mouvementé Abilene Town. Ca commençait à se gâter avec Colt 45 mais ce n’était encore rien en comparaison de ce navet dont même les séquences d’action sont honteusement bâclées. Bref, que reste t-il en sa faveur : sa courte durée, véritable bénédiction pour le westernophile qui demande désormais autre chose que ces films ultra conventionnels, dépourvus de tout intérêt et tournés à la va vite sans aucune once de talent de la part de l’équipe technique (même Max Steiner n’est plus l’ombre que de lui-même avec sa partition aux ses effets appuyés, sans ampleur ni imagination ; et malheureusement ça fait un moment que ça dure). Quant en plus de tout ça, on se retrouve avec un héros engoncé dans ses principes moralisateurs qu’il nous ressasse jusqu’à plus soif, on se dit qu’il est temps d’arrêter les frais et de passer au film suivant. Mais ceux qui auront été amusé par le personnage de Sugarfoot doivent néanmoins savoir qu’une série a été mise en chantier en 1957 avec Will Hutchins dans le rôle titre au côté d’Arthur Hunnicutt à nouveau présent.
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Re: Sugarfoot

Message par feb »

Jeremy Fox a écrit :vu le nombre de plaisants westerns qu’il reste à éditer, nous ne sommes pas pressé de voir celui-ci arriver

:mrgreen: Je crois que ça résume tout le bien que tu penses du film. Même avec une base mauvaise, ta critique reste de qualité Jeremy :wink:
Jeremy Fox a écrit :A suivre : The Readhead and the Cowboy de Leslie « Whispering Smith » Fenton avec Glenn Ford et Rhonda Fleming ; mais j’ai l’impression que ça va plutôt être The Red Badge of Courage pour cause de trop mauvaise copie concernant le Fenton. Dommage car le couple principal était extrêmement excitant.
:evil: Je veux voir Rhonda Fleming !
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Jeremy Fox
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Re: Sugarfoot

Message par Jeremy Fox »

Même avec une base mauvaise, ta critique reste de qualité Jeremy :wink:
:oops:

:evil: Je veux voir Rhonda Fleming !
Surtout qu'au vu des 5 premières minutes, elle y est Magnifique !!!! Mais le film est mal gravé, il saccade sans arrêt et la copie est toute grise ; bref, ça m'étonnerait que je poursuive plus de 10 minutes :(
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Re: Sugarfoot

Message par feb »

Jeremy Fox a écrit :Surtout qu'au vu des 5 premières minutes, elle y est Magnifique !!!! Mais le film est mal gravé, il saccade sans arrêt et la copie est toute grise ; bref, ça m'étonnerait que je poursuive plus de 10 minutes :(
Oui ça ne vaut pas le coup que tu t'infliges ça :mrgreen:
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Lord Henry »

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- Alors, toi aussi, tu t'es inscrit au Club des Chapeaux Ridicules?
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

:lol:
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Lord Henry »

Quoi qu'il en soit, ce n'est pas donné à tout le monde de parler avec la même rigueur des films que l'on aime et de ceux que l'on aime pas, des petits films et des oeuvres majeures.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

La copie du film de Leslie Fenton avec Glenn Ford et Rhonda Fleming est irregardable (franchement déçu moi qui me faisait un plaisir de découvrir un autre western du réalisateur de Whispering Smith).

Bref, pour la suite, on va entrer directement au cœur des batailles lors de la Guerre de Sécession aux côtés d'Audie Murphy dans un très grand film signé John Huston.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jack Carter »

Jeremy Fox a écrit : Bref, pour la suite, on va entrer directement au cœur des batailles lors de la Guerre de Sécession aux côtés d'Audie Murphy dans un très grand film signé John Huston.
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oui, grand film en l'etat, en effet ! :)
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par someone1600 »

Dommage que tu doives abandonner un film a cause qu'il n'y a aucune bonne copie... :(
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par O'Malley »

En tout cas, au vu de tes notes et de tes avis, on peut pas dire que la Warner ait brillé, en dehors de quelques Walsh et Curtiz, dans le western jusqu'au début des années 50... Dans le domaine de la série B, faut plutôt se tourner vers la Universal et la Paramount...
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

O'Malley a écrit :En tout cas, au vu de tes notes et de tes avis, on peut pas dire que la Warner ait brillé, en dehors de quelques Walsh et Curtiz, dans le western jusqu'au début des années 50... Dans le domaine de la série B, faut plutôt se tourner vers la Universal et la Paramount...

Oui ; il me semble qu'elle va se rattraper dans la deuxième moitié de la décennie quand même nous offrant au moins deux immenses classiques : The Searchers et Rio Bravo. Mais je n'ai pas été vérifié plus avant. Les fleurosn de la série B westernienne, c'est évidemment vers Universal qu'il fallait se tourner, Paramount étant pas mal non plus même si moins prolifique. Quant à la MGM dans le domaine, elle fait souvent mentir sa réputation de studio familial.
someone1600
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par someone1600 »

Juste pour les deux films cités, ca valait la peine d'attendre... mais c'est vrai que ca ne semble pas etre la joie... on aurait attendu mieux de Warner...
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