Le Western américain : Parcours chronologique II 1950-1954

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Sitting Bull

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Sitting Bull (1955) de Sidney Salkow
UNITED ARTISTS


Avec Dale Robertson, Mary Murphy, J. Carrol Naish, John Litel, Joel Fluellen, Iron Eyes Cody, John Hamilton
Scénario : Jack DeWitt & Sidney Salkow
Musique : Raoul Kraushaar
Photographie : Charles Van Enger & Victor Herrera (Technicolor 2.35)
Un film produit par W.R. Frank pour la W.R. Frank Productions


Sortie USA : 06 octobre 1954

1954, en pleine vague de westerns pro-indiens avec déjà maintes réussites à la clé dans ce domaine : des films signés avant tout par John Ford (Le Massacre de Fort Apache - Fort Apache), Delmer Daves (La Flèche Brisée – Broken Arrow), Anthony Mann (La Porte du Diable – Deevil’s Doorway) ou George Sherman (Tomahawk). Que pouvaient donc encore attendre les amoureux du genre d’un nouveau western en faveur des Natives américains quand celui-ci était réalisé par Sidney Salkow, un cinéaste de seconde zone réputé médiocre ? Au moins un honnête divertissement !? Mission accomplie ! Ce réalisateur prolifique venu de Harvard mais dont aucun film n’est passé à la postérité (ses 'travaux' les plus connus étant des épisodes de séries télévisées telles Lassie ou La Famille Addams) nous aura offert à cette occasion un western plaisant et très respectable, nous brossant un portrait tout à fait digne de Sitting Bull et de ses guerriers Sioux, le film s’achevant par la fameuse bataille à laquelle nous avions déjà assisté dans le magnifique La Charge Fantastique (They Died with their Boots on) de Michael Curtiz avec Errol Flynn, à savoir celle de Little Big Horn qui a vu la défaite cuisante de l’arrogant Général Custer.

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1876, dans les Black Hills du Dakota, territoire où vivent de nombreuses tribus Sioux. Les Indiens voient avec méfiance les nouveaux colons traverser leurs terres à la recherche de l’or. Pour les Tuniques Bleues, il est difficile de maintenir la paix malgré les traités signés ; en effet, s’il a bien été précisé aux prospecteurs de dévier leur route au Sud ou à l’Ouest, ces derniers préfèrent couper au travers des territoires indiens, s’exposant ainsi aux attaques. Le Major Bob Parrish (Dale Robertson), considérant qu’ils sont dans leurs torts, ne vient pas à leur aide ; ce qui lui vaut les remontrances du colonel Custer (Douglas Kennedy), sa dégradation par le Général Howell (qui est pourtant sur le point de devenir son beau-père) ainsi que son exil à l’agence aux affaires indiennes de Red Rock. Quand Parrish arrive dans sa nouvelle affectation, il est choqué par les conditions de vie déplorables dans lesquelles l’agent Webber maintient les indiens. Quand ces derniers décident de s’évader, Parrish refuse une nouvelle fois d’obéir aux ordres de leur tirer dessus pour leur permettre de s’enfuir. Il ne peut malheureusement pas empêcher Webber d’abattre Young Buffalo qui n’est autre que le fils de Sitting Bull (J. Carrol Naish). La paix est plus que jamais compromise d’autant plus que Parrish, à cause de sa nouvelle ‘rébellion’ face à l’autorité, est arrêté pour être jugé en cour martiale. Cependant le Président Ulysses S. Grant, le connaissant parfaitement pour l’avoir eu autrefois sous ses ordres, annule cette ‘punition’ et lui confie avec passe-droit une grande mission de confiance : aller arranger une rencontre entre lui et Sitting Bull avant que les choses ne s’enveniment encore plus…

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Jusqu’à présent, le personnage du célèbre Sitting Bull (peut-être l’Indien d’Amérique le plus connu par les occidentaux avec Geronimo et Cochise) n’avait fait l’objet que de quelques apparitions dans des films le mettant en scène à la fin de sa vie alors qu’il participait au Wild West Show de Buffalo Bill en 1885 aux États-Unis et au Canada. C’était au travers de deux comédies, l’une d’entre elles étant Annie Reine du Cirque (Annie get your Gun) de George Sidney datant de 1950. Le célèbre chef indien était joué par J. Carrol Naish, l’inoubliable interprète du Général Philip Sheridan dans Rio Grande de John Ford, ayant tenu ensuite des rôles assez picaresques dans Au-delà du Missouri (Across the Wide Missouri) de William Wellman ou encore dans La Brigade Héroïque (Saskatchewan) de Raoul Walsh où il jouait Batouche, l’ami d’Alan Ladd. C’est ce même comédien qui reprend ici le rôle au sein d’un film évidemment bien plus sérieux malgré les profondes approximations historiques comme souvent à Hollywood. Le véritable Sitting Bull fut bien plus que le chef indien d’une tribu particulière du peuple Sioux, quasiment le chef spirituel de l'ensemble des tribus, guérisseur et sorcier à ses heures. Les chefs de guerre des différentes tribus Sioux (comme Crazy Horse par exemple) buvaient ses paroles avec une immense attention et, même s’ils n’étaient pas toujours d’accord avec lui, lui obéissaient avec respect.

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Même si le film de Sidney Salkow se nomme Sitting Bull, ce n’est pas le chef indien qui tient le rôle le plus important mais, comme dans La Flèche Brisée, un médiateur blanc (en l’occurrence ici un soldat) qui va tenter de ramener la paix entre les deux peuples. Le Major Bob Parrish, personnage de fiction, est interprété avec pondération et conviction par Dale Robertson, comédien assez sympathique que l’on avait déjà vu dans Les Bannis de la Sierra (The Outcasts of Poker Flat) de Joseph M. Newman aux côtés d’Anne Baxter. Son personnage d'officier indiscipliné est peut-être celui qui aura inspiré le Blueberry de Charlier et Giraud, un soldat qui ne craint pas de braver la hiérarchie quand il estime qu’elle a tort ou qu’elle va trop loin, qui refuse parfois d’obtempérer aux ordres lorsqu’il les estime injustes. Dale Robertson, à l’instar d’un John Payne ou d’un Alan Ladd, est un acteur qui ne cherche jamais à tirer la couverture à lui et dont beaucoup regretteront peut-être le manque de charisme. Pour ma part, appréciant la sobriété de jeu, il m’a tout à fait convaincu, le reste de la distribution ne faisant pas non plus forcément d’étincelles mais la plupart accomplissant tous correctement leur travail, sans cabotinage excessif, que ce soit du côté blanc ou indien. Je ne suis d’ailleurs pas certain que, comme prévu au départ, Boris Karloff en lieu et place de J. Carrol Naish, eut été un meilleur choix. Interprétation guère inoubliable mais cependant loin d’être honteuse. Tout comme le film d’ailleurs !

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Et pourtant, en allant lire les commentaires des internautes sur IMDB, on aurait pu le croire tellement ils donnent presque l’impression que Sitting Bull est le plus mauvais western de l’histoire du cinéma, une série Z de la pire espèce ! Une telle volée de bois vert est d’autant plus difficile à comprendre que de véritables mauvais westerns, nous en avions avant ça déjà rencontré à la pelle. Ce film aurait-il été jugé à partir de la honteuse copie recadrée qui a circulé jusqu’à présent y compris en France et dont l’état était innommable ? Je ne m’imagine pas ça autrement car si je comprends parfaitement que l’on puisse ne pas du tout apprécier ce film pour des raisons diverses, que les tenants de la véracité puissent être outrés, le vouer aux gémonies avec autant d’ardeur me surprend beaucoup pour un western qui a de la tenue malgré son faible budget, qui bénéficie d’un intéressant scénario et de très bonnes intentions de départ. On sait que les bonnes intentions ne font pas forcément les bons films mais celui de Sidney Salkow possède bien d’autres atouts à commencer par la partition de Raoul Kraushaar parfois envahissante et peu subtilement orchestrée mais aux mélodies tellement réussies, pleine de fougue et de lyrisme qu’elle finit par nous séduire. Alors lire de telles exagérations à son propos me fait penser à de l’acharnement injustifié : "In my opinion, he is a terribly under-rated composer. Even the cheapest Allied Artists movies attain the ranks of quality when he wrote the score."

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Les producteurs n’ayant pas bénéficié de moyens colossaux, ont décidé d’aller tourner le film au Mexique pour réduire les coûts ; ils ne regrettèrent pas cette décision, la météo dans le Dakota étant à ce moment là exécrable. Du même coup, ils purent engager une imposante figuration locale dont l’utilisation s’avère extrêmement efficace lors des séquences de batailles notamment. Bref, malgré un budget de série B, on assiste à des scènes qui n’auraient pas dépareillées dans un film de série A, la bataille de Little Big Horn, d'une durée d'environ un quart d’heure, étant filmée avec assez d’efficacité, de panache et même parfois de modernité (ces plans très proches en contre plongée des chevaux au galop) pour faire illusion. Un beau morceau de bravoure malgré quelques approximations ! Des approximations et des maladresses, nous n’en trouvons pas uniquement lors de cette séquence mais elles sont vite oubliées devant l’honorable qualité du scénario même si celui-ci souffre de quelques faiblesses, notamment dans tout ce qui concerne le triangle amoureux constitué par notre héros, sa fiancée qui ne supporte pas qu’il soit rétrogradé aussi souvent au dépens de son plan de carrière et par un journaliste qu’elle prend en remplacement jusqu’à ce qu’il succombe aux côtés de Custer. En fait, on a beaucoup de difficultés à croire aux revirements incessants des sentiments de la jeune femme à l'encontre de son fiancé. Sinon le script est constitué de quelques bonnes surprises (même si historiquement fausses) comme cet esclave noir ami de longue date de Sitting Bull et qui fera au moins autant office de médiateur que son ami Parrish ; une bien belle idée qui sera à l’origine de quelques séquences touchantes entre les deux hommes interprétés par Dale Robertson et Joel Flueller.

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Sinon, il est vrai que la réalisation manque souvent de rigueur, que les figurants mexicains sont assez peu crédibles dans l’ensemble en guerriers Sioux, que Mary Murphy est une actrice très limitée, que des mêmes plans de paysages sont trop souvent réutilisés faisant trop ressentir l’étroitesse du budget, que le final est hautement improbable…. Mais on le pardonne très facilement devant ce portrait d’officier de cavalerie ne supportant pas l’autorité, prêt à braver la hiérarchie pour aller porter secours aux Sioux, devant celui non moins intéressant d’un Custer belliciste et incompétent presque 20 ans avant Little Big Man d’Arthur Penn, ou encore celui d’un Sitting Bull dont la sagesse ne confine pas à la naïveté, capable de prendre des décisions guerrières en dernier recours. On excuse donc toutes ces maladresses face à la sincérité et l’humanisme du propos. Premier film indépendant à être tourné en cinémascope, dommage qu’il ait jusqu'à présent été vu à travers une copie pan et scannée car l’utilisation de l’écran large est elle aussi assez réussie. Un honnête film pro-indien.
feb
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Donc pour résumer ballantrae, tu peux foncer :wink:
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Four guns to the border

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Quatre tueurs et une fille (Four Guns to the Border - 1954) de Richard Carlson
UNIVERSAL



Avec Rory Calhoun, Colleen Miller, John McIntire, Walter Brennan, George Nader
Scénario : George Van Marter & Franklin Coen d’après un roman de Louis L’amour
Musique : sous la supervision de Joseph Gershenson
Photographie : Russell Metty (Technicolor 1.37)
Un film produit par William Alland pour la Universal


Sortie USA : 03 novembre 1954


Nouveau Mexique, 1881. Le cambriolage que Ray Cully (Rory Calhoun) et ses trois complices, Dutch (John McIntire), Bronco (George Nader) et Yaqui (Jay Silverheels) viennent de mettre en branle a échoué : en effet le coffre-fort était vide. Sur le chemin du retour, ils rencontrent le vieux Bhumer (Walter Brennan) et sa ravissante fille Lolly (Colleen Miller). Dutch connait bien Bhumer pour avoir été un de ses acolytes ; désormais le vieil homme s’est retiré de cette vie de rapine et a acheté un ranch à Saddle Valley. Pour s’y rendre il devra traverser de longues étendues désertiques alors que des Apaches renégats sont sur le sentier de la guerre. En attendant de poursuivre leur route, ils se retrouvent tous au refuge des bandits tenu par Greasy (Nestor Paiva). Les quatre hors-la-loi espèrent réussir un dernier coup en attaquant la banque de Cholla, une petite ville de la région dont le shérif est Jim Flannery (Charles Drake), un homme que Cully connait bien pour avoir été son meilleur ami jusqu'à ce que Maggie (Nina Foch), la femme dont ils étaient tous deux amoureux, décide d'épouser le futur homme de loi. La nuit qui précède le hold-up voit la jeune Lolly tomber dans les bras de Cully au grand dam de son père qui décide de quitter les lieux dès le lendemain malgré le danger qui les guette alentour, les signaux indiens n’arrêtant pas d’obscurcir le ciel. Alors que les quatre outlaws partent commettre leur larcin, Bhumer et Lolly repartent pour Saddle Valley. Ils se retrouveront tous néanmoins après que le cambriolage ait réussi, dans une position très inconfortable, cernés par les Apaches et poursuivis par la milice levée par Jim Flannery...

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Quatre tueurs et une fille est le deuxième des six films réalisés par Richard Carlson, artiste hollywoodien surtout connu en tant que comédien. Sur les planches de Broadway dès les années 30, il entama sa carrière cinématographique en 1938 chez David O’ Selznick avant de tourner pour différents autres studios. Servant dans les rangs de l’armée américaine durant la Seconde Guerre Mondiale, il eut du mal à se remettre en selle avant 1948, année au cours de laquelle il fut tête d’affiche dans L’antre de la folie (Behind Locked Doors) de Budd Boetticher, et plus tard dans deux des films de science-fiction parmi les plus célèbres des années 50, Le Météore de la nuit (It Came from Outer Space) et L’étrange créature du lac noir (Creature from the Black Lagoon), tous deux signés Jack Arnold. Entre temps, il fut aussi au générique de Les Mines du roi Salomon (King’s Salomon Mines) de Andrew Marton aux côtés de Stewart Granger et Deborah Kerr, ainsi que, dans le domaine du western, dans celui de L'Expédition de Fort King (Seminole) de Budd Boetticher dans lequel il était très convaincant en officier psychotique, maniaque de la discipline et du règlement. Son succès dans le film de science-fiction au début des années 50 fit qu’on lui confia la mise en scène de Riders to the Stars dans lequel il était également devant la caméra. Il réalisa immédiatement dans la foulée le western qui nous concerne ici et qui, disons le d’emblée, est une très belle réussite à tous les niveaux. Une totale découverte qui prouve pour notre plus grand bonheur qu’il reste encore des pépites à dénicher au sein du patrimoine cinématographique.

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Four Guns to the Border est un western très peu connu et pourtant il bénéficie d’une petite notoriété auprès des rares critiques ayant eu la chance de le voir en salles (dont Jean-Luc Godard qui ne cachait pas son enthousiasme à son égard) du fait surtout de son érotisme hors-norme pour l’époque ; une fois n’est pas coutume, cette réputation était entièrement justifiée à tel point qu’on a du mal à comprendre comment la censure n’a pas joué de ses impitoyables ciseaux à cette occasion ; il y a de fortes chances pour qu’elle n’ait pas visionné cette série B dont il n’y avait à priori aucune raison de ‘se méfier’ ! L'on doit donc bien se rendre à l’évidence : Elsa Martinelli dans La Rivière de nos amours d'André de Toth, Angie Dickinson dans Rio Bravo de Howard Hawks, Tina Louise dans Le Bourreau du Nevada de Michael Curtiz et Jennifer Jones dans Duel au soleil de King Vidor peuvent toutes aller 'se rhabiller' car la charmante Colleen Miller leur dame le pion à ce niveau, le cinéaste semblant avoir été hypnotisé par sa comédienne qui, moyennement talentueuse, a bien d’autres avantages à nous offrir surtout au travers de vêtements presque constamment mouillés. Lorsque l’actrice est à l’écran, il n’y a presque pas un plan d’elle où la caméra ne s’attarde pas sur ses jupes retroussées, ses jambes nues ou sur un trou au milieu de ses corsages ou pantalons déchirés. La séquence où, un soir d’orage, courant sous la pluie et dans la boue en nuisette tout en relevant ses dessous avant de tomber dans les bras de Rory Calhoun qui lui donne l’un des baisers les plus fougueux vus jusqu’ici, est d’une rare sensualité. La plus étonnante reste néanmoins celle où elle lèche un sucre Candy avant de se faire gicler dans la bouche une gorgée de salsepareille après secoué la bouteille. Soit j’ai les idées mal placées soit il s’agit d’une des séquences les plus suggestives de l’histoire du cinéma hollywoodien ! Mais qu’on ne s’y trompe pas, le western de Richard Carlson a bien d’autres atouts à nous délivrer ; il ne s’agit pas que d’un western pour se rincer l’œil même s’il est vrai que de ce point de vue, les spectateurs s'étant déplacés uniquement pour cette raison en auront eu pour leur argent et seront difficilement restés de marbre.

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Quatre bandits sur le point de commettre un hold-up ; les mêmes, poursuivis par une milice une fois leur larcin effectué ; un père et sa fille en route pour se rendre à leur ranch alors que les indiens menacent de passer à l’attaque… Pas grand-chose d’original ni de très novateur à priori. Et pourtant, que ce soit sur le fond ou la forme, Four Guns to the Border est un film d’une réelle richesse, non seulement d’une efficacité à toute épreuve lors des scènes d’action mais également d’une humanité qui lui fait honneur. Ici, pas de bandits abjects, pas d’honnêtes gens hypocrites, des braquages de banque sans morts ni blessés, aucune traitrises de part et d’autre ; et puis, alors que nos ‘Four Guns’ sont sur le point de réussir leur coup et de passer la frontière, allant pouvoir ainsi échapper à toutes poursuites et enfin vivre dans l’opulence, voilà qu’ils décident tous de prendre le risque de se faire appréhender le temps d'aller porter secours à des personnes en danger, se faisant tous confiance successivement en se repassant le butin de main en main, chacun étant certain (avec raison) que le possesseur des sacoches ira attendre les autres à l’abri avant de débuter le partage. Un sacrifice qui sera malheureusement payé très cher mais qui nous aura donné l’occasion de nous montrer une brochette de ‘Bad Guy’ sans égoïsme, cupidité ou méchanceté, ce qui était assez rare dans les westerns de cette période ; d’ailleurs pas plus de manichéisme que de clichés, ne trouvant pas non plus celui des 'honnêtes gens' hypocrites, mesquins ou couards (le couple composé de Charles Drake et Nina Foch est tout à fait attachant lui aussi). Non seulement les bandits iront aider Bhumer et sa fille à se sortir d’une mauvaise passe mais n’hésiteront pas à se servir du butin comme arme, Jay Silverheels utilisant la sacoche pleine de pièces d’or comme un gourdin, faisant s’éparpiller le trésor sur le champ de bataille en assommant avec violence un guerrier Apache. Cette longue séquence d’attaque indienne est d’ailleurs un modèle du genre, le découpage comme la mise en scène s’avérant ici de première qualité, certains plans étant même bluffants comme ceux, très dynamiques, suivant les chevaux au galop ou encore certains autres, très impressionnants, voyant les chevaux et guerriers s’écraser à terre.

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On pouvait d’ailleurs dès le premier plan du film déceler cette efficacité et cette inventivité dans la réalisation de Richard Carlson. Celui-ci nous montrait un travelling s’arrêtant en cadrant un miroir à travers lequel, en plan fixe à présent, on assistait à un cambriolage. Plus tard, on pourra s’extasier à nouveau au vu de la beauté de certains plans (le réveil de Colleen Miller, celui où elle se retrouve au milieu d'un champ de fleurs, le rocking-chair au milieu d’une habitation en cendres…) et de quelques splendides éclairages nocturnes, notamment lors des séquences dans le relais précédant le deuxième hold-up aboutissant à cette fameuse nuit d'orage. Lors de la scène finale, on se réjouira encore de ce superbe plan sur le visage de Rory Calhoun caché derrière un rideau de dentelle ondoyant. Entre temps, la mise en scène de Carlson n'aura pas démérité, jamais terne ni paresseuse. Pour en revenir aux personnages, non seulement nos quatre hors-la-loi sont loin d’être haïssables mais se révèlent même bon enfant, tout du moins pour deux d’entre eux, ceux interprétés par Jay Silverheels et George Nader qui sautent sur la moindre occasion pour se chamailler, riant à gorges déployées une fois leurs bagarres homériques ayant pris fin après que les deux autres, plus matures, aient néanmoins été obligés d’intervenir avant que ça ne s'envenime. Les deux autres, ce sont donc Rory Calhoun, toujours aussi laconique, dans l’un de ses plus beaux rôles, ainsi que le talentueux John McIntire, l’un des plus grands seconds rôles du genre. Walter Brennan a rarement été aussi sobre et Charles Drake s’avère une fois de plus excellent dans la peau du shérif de la petite bourgade de Cholla. Le segment central et urbain de ce western est d’ailleurs quasiment un film dans le film, l’intrigue bifurquant d’un coup vers une autre histoire, celle du conflit qui a lieu entre le bandit et l’homme de loi, ex-amis séparés par le choix qu’a dû faire la femme qu’ils aimaient tous deux pour l'un d'entre eux. Mais en fait, contrairement à ce que nous aurions pu croire, le tout reste fluide et ce nouvel arc narratif est parfaitement relié aux deux parties qui l’entourent, prouvant s'il en était besoin, que le travail des scénaristes est ici tout aussi louable que celui du réalisateur.

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Comme pour l’ensemble du film, ce segment est lui aussi tout aussi réussi techniquement qu’au niveau de l’écriture. Impossible de ne pas remarquer en s’extasiant dessus le long travelling arrière qui précède la foule traversant une grange pour se rendre à l’endroit ou va se dérouler le combat à mains nues, se terminant sur un mouvement de grue vertical qui se clôt sur une plongée sur le groupe agglutiné autour des pugilistes. Tout comme il est impossible de ne pas être ému par Nina Foch essayant de faire cesser le combat opposant deux hommes qu’elle a aimé (l’un étant toujours son époux adoré), son désespoir mettant fin à cette teigneuse séquence en montrant l’intelligence et l’amour de ce très beau protagoniste féminin superbement campé par la charmante Nina Foch, la Marie Antoinette de George Sidney dans le chef-d’œuvre de ce dernier, Scaramouche, que l'on ne voit malheureusement ici que durant un temps trop restreint. L’autre personnage féminin, c’est donc cette naïve adolescente interprétée par Colleen Miller et dont le prénom de Lolly préfigure étonnement le roman de Nabokov sorti pourtant seulement en 1958 aux États-Unis. Elle aussi aura une séquence similaire à celle de sa partenaire féminine, tentant elle aussi d’empêcher son compagnon de risquer bêtement sa vie. Si son talent dramatique n’est pas évident à déceler, elle sera néanmoins très convaincante lors de cette scène finale d’une belle puissance émotionnelle. "S'il s'en sort, ne t'oppose pas à notre histoire d'amour" implore Lolly à son père avant que non seulement l’amour mais aussi l’amitié finissent par triompher, ce très joli Happy-End ne dépareillant pas trop le ton d’un film qui nous aura pourtant fourni son lot de disparitions tragiques juste quelques minutes auparavant lors de cette séquence inoubliable de l’attaque indienne.


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Une mise en scène constamment dynamique, efficace et inventive, un scénario dense et superbement bien écrit d’après une histoire d’un des plus prolifiques romanciers du Far-West, Louis L’Amour, des personnages tous sympathiques et attachants, une photographie splendide signée Russell Metty, une musique pas désagréable supervisée par Joseph Gershenson, pour au final une ode à la confiance et à l’amitié, à la raison et à l’amour. On aurait préféré des comédiens dans l'ensemble plus chevronnés mais en l'état, Four Guns to the Border peut-être considéré comme une des plus belles réussites de la série B westernienne des années 50 ; et encore une fois, elle a été produite par la compagnie reine du genre, la Universal. Quant au producteur William Alland, il en était à sa troisième belle réussite dans le domaine du western : The Raiders (L'heure de la vengeance) de Lesley Selander et Victime du destin (The Lawless Breed) de Raoul Walsh étaient déjà de petites perles du genre. Un western à sortir de l'oubli de toute urgence !
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par daniel gregg »

Jeremy Fox a écrit :
feb a écrit :Donc pour résumer ballantrae, tu peux foncer :wink:
Tu feras comme moi : vu que les DVD sont dans des boitiers séparés à l'intérieur, tu revendras les deux films d'aventure :oops:
Mais tu as fini oui ! :mrgreen:
Peut être Ballantrae sera t-il sensible comme moi ou Jack Carter aux charmes désuets des Rubis du Prince birman...
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

daniel gregg a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Tu feras comme moi : vu que les DVD sont dans des boitiers séparés à l'intérieur, tu revendras les deux films d'aventure :oops:
Mais tu as fini oui ! :mrgreen:
Peut être Ballantrae sera t-il sensible comme moi ou Jack Carter aux charmes désuets des Rubis du Prince birman...

Oui, peut-être :mrgreen: :oops:
feb
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par feb »

Tu ne sais pas ce que tu perds Jeremy :mrgreen:
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

feb a écrit :Tu ne sais pas ce que tu perds Jeremy :mrgreen:

Remarque, je regrette déjà de m'en être séparé car il aurait été possible que je leur trouve du charme lors d'une autre vision :?
daniel gregg
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par daniel gregg »

Jeremy Fox a écrit :
feb a écrit :Tu ne sais pas ce que tu perds Jeremy :mrgreen:

Remarque, je regrette déjà de m'en être séparé car il aurait été possible que je leur trouve du charme lors d'une autre vision :?
:lol: C'est fort probable.
feb
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par feb »

C'est fort probable pour le Stanwyck/Ryan, beaucoup moins pour La Perle du Pacifique Sud qui part avec un handicap de 2/10 :mrgreen:
ballantrae
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par ballantrae »

Vous m'avez convaincu...même si je frémis un peu face à La perle du Pacifique Sud: le coffret n'est pas donné qd même!!!
Sur le blog de Tavernier, des avis vont dans votre sens donc vous devez avoir tous raison.
Je connais fort mal Dwann, peut-être ma plus grosse lacune 50' US avec Boetticher dont je n'ai pas de vue d'ensemble (mais je tiens Ride lonesome pour un moment important de l'histoire du western) ou Ulmer dont on me dit grand bien (j'ai un doute, là, ayant vu il y a longtemps avec une certaine surprise dubitative sa plus célèbre contribution westernienne Naked dawn).
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par daniel gregg »

ballantrae a écrit :Vous m'avez convaincu...même si je frémis un peu face à La perle du Pacifique Sud: le coffret n'est pas donné qd même!!!
Sur le blog de Tavernier, des avis vont dans votre sens donc vous devez avoir tous raison.
Je connais fort mal Dwann, peut-être ma plus grosse lacune 50' US avec Boetticher dont je n'ai pas de vue d'ensemble (mais je tiens Ride lonesome pour un moment important de l'histoire du western) ou Ulmer dont on me dit grand bien (j'ai un doute, là, ayant vu il y a longtemps avec une certaine surprise dubitative sa plus célèbre contribution westernienne Naked dawn).

De Dwan, si tu as l'occasion, tu peux également voir 3 de ses westerns pré-Benedict Bogeaus, dont Belle le grand, Montana belle et The woman they almost lynched.
Il y a également fort à découvrir de sa période muette dont Manhandled, quelques films fort intéressants des années 40 dont The inside story, Angel in exile et l'excellent Driftwood.
The river's edge a ses admirateurs et j'aimerais beaucoup découvrir While Paris sleeps dont Lourcelles et Tavernier disent grand bien, ainsi que son dernier film, Most dangerous man alive.
Et The naked dawn d'Ulmer, découvert en salle, est un chef d'oeuvre à la portée morale indémodable.
Désolé pour le HS Jeremy. :oops:
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Three Hours to Kill

Message par Jeremy Fox »

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Trois heures pour tuer (Three Hours to Kill, 1954) de Alfred L. Werker
COLUMBIA


Avec Dana Andrews, Donna Reed, Dianne Foster, Stephen Elliott, Richard Coogan
Scénario : Richard Alan Simmons & Roy Huggins
Musique : Paul Sawtell
Photographie : Charles Lawton Jr. (Technicolor 1.37)
Un film produit par Harry Joe Brown pour la Columbia


Sortie USA : 04 novembre 1954

A peine quelques semaines après la sortie de The Bounty Hunter (Terreur à l’Ouest) de André de Toth avec un Randolph Scott enquêtant pour retrouver trois meurtriers anonymes, arrivait sur les écrans un autre western urbain à intrigue policière signée cette fois-ci par Alfred Werker, cinéaste assez réputé aux Etats-Unis (Phil Hardy dans son ‘encyclopédie’ du western le place même parmi les réalisateurs les plus intéressants ayant œuvré dans le genre durant la première moitié de la décennie 50) alors qu’en France on en a fait un tâcheron. A la seule vue de ce petit western, j'aurais tendance à me ranger derrière nos compatriotes, voyant mal comment le compter parmi les très bons réalisateurs de série B, sa mise en scène s’avérant d’une grande platitude. Ceci étant dit, grâce à son scénario de film policier, il se suit sans trop de déplaisir à condition de ne pas trop en attendre. Harry Joe Brown avait produit de bien plus réjouissantes séries B au sein de cette même Columbia avec notamment un bon nombre de westerns avec Randolph Scott.

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Personne n'est ravi de voir réapparaître en ville Jim Guthrie (Dana Andrews), ex convoyeur de diligence, qui trois ans auparavant s'était enfui après qu'on ait tenté de le lyncher, sauvé in-extremis par la femme qui l'aimait, Laurie (Donna Reed). En effet, on l'avait alors cru coupable du meurtre de Carter (Richard Webb), le frère de cette dernière. Il avait été pris sur le fait, une arme à la main auprès du cadavre tué de deux balles dans le dos. Quelques minutes auparavant on avait surpris une altercation entre eux deux, Carter refusant la main de sa sœur à Jim. Après des années d'errance, recherché par la police, le voici donc de retour au sein de la bourgade dont tous les habitants avaient voulu le pendre malgré ses protestations d'innocence. Le seul n'ayant pas participé à cette tentative de lynchage, son grand ami Ben (Stephen Elliott), est désormais le shérif de la ville ; pour la tranquillité de ses concitoyens, il lui demande de partir immédiatement avant d'avoir provoqué une quelconque effusion de sang. En effet, Jim lui annonce tout de go être revenu dans le seul but de trouver l'identité du véritable coupable de l'assassinat et s'en venger. Même s'il n'aime pas bien ça, l'homme de loi, après avoir écouté l'histoire pénible des trois dernières années de la vie de Jim, lui octroie néanmoins trois heures pour enquêter ; passé ce délai, il devra avoir quitté les lieux et ne plus jamais y revenir...

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Alfred L. Werker est né aux USA en 1896 et a commencé sa carrière à l'époque du muet. Il prit la suite de Erich Von Stroheim sur Walking down Broadway qui, étant passé entre ses mains, ne ressemblait parait-il plus à grand chose. Ensuite, parmi ses films les plus connus (pas forcément des réussites cependant d'après ce qu'il en est dit), un Sherlock Holmes avec Basil Rathbone datant de 1939 (The Adventures of Sherlock Holmes), un Laurel et Hardy en 1942 (Fantômes déchaînés - We Will Go) mais surtout, assez réputé quant à lui, un petit film noir daté de 1948 : He Walked by Night (Il marchait la nuit). Seulement on ne pouvait pas lui imputer totalement la réussite de ce dernier, Anthony Mann en ayant tourné quasiment la moitié. Restent ses westerns des années 50 qui semblent-ils méritent l'indulgence et notamment The Last Posse avec Broderick Crawford sorti l'année précédente, en 1953. Three Hours to Kill est un de ses films relativement les plus connus (passé en milieu d'après midi récemment sur France 3) mais il s'agit d'un western ne tenant pas ses promesses faute surtout à une mise en scène paresseuse et à une interprétation assez décevante de la part de la plupart des interprètes, Dana Andrews lui-même, trop stoïque en l'occurence, ayant été bien meilleur dans le genre chez Tourneur par exemple, dans le sublime Le Passage du Canyon (Canyon Passage), huit ans plus tôt ou encore dans L'Etrange incident (The Ox-Bow Incident) de William Wellman dans lequel on lui avait déjà passé la corde au cou sans qu'il ait pu être sauvé ce coup-ci. Quant aux personnages féminins, même s'il ont une réelle importance, ils sont néanmoins tous un peu sacrifiés à commencer par celui de Donna Reed ; ce qui, pour les amateurs de cette dernière, s'avère bien décevant.

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Pour en revenir à l'histoire, il s'agit de celle d'un homme injustement accusé de meurtre et qui, ayant échappé de peu au lynchage revient trois ans après dans sa ville afin de trouver le vrai coupable et ainsi se venger de ses années de cavale. Le shérif de la ville ne lui accorde que trois heures pour ses recherches et pour éventuellement le mettre hors d'état de nuire ; d'où le titre du film. Sorte d'enquête policière dans un cadre westernien, l'intrigue est finalement plutôt conventionnelle même si assez bien ficelée par un spécialiste du genre, Roy Huggins (son seul essai dans la mise en scène d'un de ses scénarios fut un coup de maître : Hangman's Knot - Le Relais de l'or maudit) ; la preuve, le coup de théâtre final ayant beau être à postériori assez banal, il aurait fallu être bien malin pour deviner seul le fin mot de l'histoire. Calquée sur le film noir (flashback et whodunit compris), l'intrigue est finalement moins originale que les relations entre certains personnages. Dans quel autre western avions nous déjà pu voir un "couple" composé d'un homme (le patron du saloon) et de deux femmes, l'inverse n'étant également pas loin d'exister avec le triangle composé de Donna Reed, Dana Andrews (le père de son fils) et l'époux joué par Richard Coogan. D'ailleurs, si personne n'aurait pu deviner la conclusion de l'enquête, l'étonnement est encore plus grand concernant l'audacieux point d'orgue final donné à la romance. Intéressante aussi, même si pas nouvelle (pas plus tard que deux mois avant, The Bounty Hunter faisait de même), la manière de décrire la suspicion et la mauvaise conscience qui se font jour dans la ville à l'arrivée d'un seul homme. On assiste ainsi à une timide description des comportements peu glorieux de l'être humain.

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Les relations entre certains personnages et l'évolution de ces derniers sont également assez bien décrits. Seulement, la mise en scène ne possède aucune ampleur et les moyens financiers avaient l'air très limités, témoin les scènes d'action guère enthousiasmantes et les gunfights mal réglés ; cependant l'ensemble se suit sans trop d'ennui grâce à des éléments scénaristiques dignes de susciter de l'intérêt (lynchage par erreur, quête du vrai coupable, vengeance, secret sur les origines d'un enfant...) ainsi qu'à de superbes lieux plutôt bien utilisés comme le lac au bord duquel le film débute ou bien la séquence de la fuite de Dana Andrews, la corde encore autour du cou et dont l'autre extrémité se prend dans de nombreux obstacles alors que la carriole caracole dans les rues de la ville. Une intrigue pas désagréable mais un traitement trop conventionnel et un scénario bourré de facilités. Pas déplaisant mais oublié aussitôt vu ; tout juste moyen !
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

daniel gregg a écrit :
ballantrae a écrit :Vous m'avez convaincu...même si je frémis un peu face à La perle du Pacifique Sud: le coffret n'est pas donné qd même!!!
Sur le blog de Tavernier, des avis vont dans votre sens donc vous devez avoir tous raison.
Je connais fort mal Dwann, peut-être ma plus grosse lacune 50' US avec Boetticher dont je n'ai pas de vue d'ensemble (mais je tiens Ride lonesome pour un moment important de l'histoire du western) ou Ulmer dont on me dit grand bien (j'ai un doute, là, ayant vu il y a longtemps avec une certaine surprise dubitative sa plus célèbre contribution westernienne Naked dawn).

De Dwan, si tu as l'occasion, tu peux également voir 3 de ses westerns pré-Benedict Bogeaus, dont Belle le grand, Montana belle et The woman they almost lynched.
Il y a également fort à découvrir de sa période muette dont Manhandled, quelques films fort intéressants des années 40 dont The inside story, Angel in exile et l'excellent Driftwood.
The river's edge a ses admirateurs et j'aimerais beaucoup découvrir While Paris sleeps dont Lourcelles et Tavernier disent grand bien, ainsi que son dernier film, Most dangerous man alive.
Et The naked dawn d'Ulmer, découvert en salle, est un chef d'oeuvre à la portée morale indémodable.
Désolé pour le HS Jeremy. :oops:

Tiens j'avais loupé tous ces dernier messages. Pas de HS mon cher daniel, bien au contraire. :wink:
Bon ballantrae, une petite découverte Boetticher s'impose aussi même si tu déjà vu un de ses sommets incontournables
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par daniel gregg »

Je viens de redécouvrir le prochain film de ton parcours et quel film ! :D
C'est à mon sens, de ce que j'en connais jusque là, l'un des westerns pro-indiens les plus subtils qui soit, repoussant comme la peste toute espèce de manichéisme, et même sans concession à l'égard de certains indiens belliqueux.
Du grand Delmer Daves avec des panoramiques dignes de John Ford.
Sinon de Werker, il est à signaler deux réussites dans le domaine du thriller avec Shock (1946) interprété par l'excellent Vincent Price et He walked by night (1948), certes corréalisé par Anthony Mann.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

daniel gregg a écrit :Je viens de redécouvrir le prochain film de ton parcours et quel film ! :D
Curieux de le revoir car le moins qu'on puisse dire est que c'est peut-être son western le moins bien considéré. Content d'en revenir à Delmer daves ; ça faisait un moment :)
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