Le Western américain : Parcours chronologique II 1950-1954

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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riqueuniee
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par riqueuniee »

Traduction approximative (je ne connaissais pas ce terme) : de la famille ? .L'expression next of kin signifiant "plus proche parent" (j'ai vérifié).
pak
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par pak »

Merci à vous deux, Père Jules et Riqueuniee, d'avoir éclairé ma pauvre lanterne... :idea:
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

Le film n'étant qu'en VO sous titré anglais, je n'allais pas m'amuser non plus à traduire n'étant pas spécialement doué en anglais et ayant risqué des contresens. Je trouvais ces extraits assez clairs (au moins à deviner car la meilleure façon de lire des sous titres anglais n'est pas nécessairement de les traduire mot à mot) pour présenter le personnage et rendant assez bien le laconisme et le style de certains dialogues. :wink:

Sinon, Tomahawk étant l'un des premiers westerns sortis en 1951, c'est pour très bientôt :wink:
pak
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par pak »

Bah, c'était plus une boutage qu'autre chose. Tomahawk ça m'intéresse. Je lorgne le DVD récemment sorti à chaque fois que je passe devant un rayon DVD, mais j'hésite à prendre, n'étant pas spécialement fan de George Sherman, mais il parait que ce n'est pas loin d'être son meilleur western (film ? )...
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Stage to Tucson

Message par Jeremy Fox »

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Les Ecumeurs des Monts Apaches (Stage to Tucson - 1950) de Ralph Murphy
COLUMBIA


Avec Rod Cameron, Wayne Morris, Sally Eilers, Kay Buckley
Scénario : Robert Creighton Williams, Frank Burt & Robert Libott
Musique : Paul Sawtell
Photographie : Charles Lawton Jr. (1.37 Technicolor)
Un film produit par Harry Joe Brown pour la Columbia


Sortie USA : décembre 1950


Alors que les prémisses de la Guerre de Sécession se font ressentir, les diligences Butterfield qui font la liaison entre St. Louis et San Francisco disparaissent mystérieusement aux alentours de Tucson. Comme le directeur de la compagnie l'explique au futur président Lincoln, la sécurisation de sa ligne de diligence est primordiale pour l'Union afin d'assurer le transport de troupes, d’armes et d’argent si jamais le conflit venait à éclater. Il faut donc rapidement éclaircir cette énigme. Pour se faire, il envoie à Tucson l’un de ses meilleurs conducteurs, Grif Holbrook (Rod Cameron), qui s'apprêtait à démissionner ; en échange de ses services, Grif demande à son patron à ce que Kate, sa fiancée, se fasse embaucher comme comptable dans les bureaux de la ville où elle serait plus en sécurité que dans le relais pas loin duquel se déroulent les ‘vols’ de diligence et ou arrivent les malheureux passagers dévalisés. La voiture qui conduit Grif et Kate à Tucson se fait attaquer à son tour par un étrange chariot blindé conduit par l’un des ex-collègues de Grif qui lui explique que ces ‘larcins’ sont menés au nom de la cause confédérée. Ayant réussi à s’échapper, Grif arrive enfin à destination ; il va désormais devoir continuer à mener l’enquête pour savoir qui est à la tête de ce ‘gang’. Barney (Wayne Morris), le coéquipier qu'on lui a imposé, va se révéler être son rival en amour pour les yeux de la charmante Kate.

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Un réalisateur et trois scénaristes plutôt prolifiques -y compris à la télévision durant les années 50- mais dont l’analyse des filmographies respectives ne révèle absolument rien qui ne soit passé à la postérité ; un casting de comédiens certes sympathique mais tous étant loin de posséder ni le charisme ni le talent des stars du genre ; le tout dans un western totalement méconnu en France et même aux États-Unis si l’on s’en réfère au nombre de ‘User Reviews’ sur IMDB ; il n’y avait donc à priori pas grand-chose à attendre de Stage To Tucson malgré un titre français assez alléchant et pour une fois pas totalement idiot au regard de l’intrigue du film. Et effectivement il faut se rendre à l’évidence, le résultat est pour le moins assez banal ! Heureusement le producteur Harry Joe Brown –qui collaborera peu de temps après avec Budd Boetticher et Randolph Scott pour l’immense bonheur de tous les aficionados du western- va recruter des cascadeurs chevronnés sous la direction d’un réalisateur de seconde équipe qui ne sera pas moins que l’un des plus doués de l’époque, à savoir Yakima Canutt, l’homme qui doubla souvent John Wayne et Clark Gable et dont le plus grand titre de gloire aura été d’avoir réglé en 1959 la fameuse course de chars du Ben-Hur de William Wyler.

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Les amateurs d’action seront donc privilégiés, les nombreuses séquences à la fois fougueuses et bon enfant de bagarres à poings nus entre Rod Cameron et Wayne Morris ne manquant pas de punch, les courses-poursuites en diligences et chariots sur des pistes sablonneuses et sinueuses se révélant d’une belle efficacité, en quelque sorte annonciatrices des poursuites en voitures effrénées des années 70 avec déjà ‘dérapages contrôlés’, soulèvement de nuages de poussières, ‘crissements’ de roues, ‘tonneaux’, froissements de ‘carrosserie’ en bois et ‘carambolages’ divers. Canutt ne lésine pas sur les moyens et la longueur des séquences qui devraient ravir les spectateurs en mal de sensations fortes d’autant qu’elles se déroulent au sein des paysages rocailleux de Lone Pine dans les Alabama Hills chers à Harry Joe Brown et à la Columbia, qui plus est superbement photographiés par l’excellent chef-opérateur Charles Lawton Jr. Pour le reste, malgré des postulats historiques ou dramatiques qui auraient pu être captivants ainsi que de très nombreuses notations et idées intéressantes mais pas assez développées, le scénario s’avère malheureusement bien plat et bien pauvre, aucune des pistes lancées n’étant enrichies, voire même certaines trop rapidement évacuées au profit d’une intrigue convenue et prévisible, qui plus est non dénuée de quelques fautes de goûts (notamment le personnage interprété par Harry Bellaver). Dommage car le film démarrait d’emblée par une scène intéressante mettant en scène –de dos- un avocat prénommé Abraham Lincoln –avant donc qu’il n’accède à la présidence- écoutant attentivement le discours du directeur d’une société de diligence argumentant son importance capitale pour l’approvisionnement de l’Union dans le conflit qui se profile doucement mais surement. S’ensuit une description assez crédible du trouble qui devait régner à cette période tourmentée dans certaines villes ‘frontalières’, les habitants ne sachant pas vraiment dans quel camp se ranger, des milices commençant à se monter pour s'entrainer et se préparer au combat.

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Attention spoilers dans ce paragraphe !
Le responsable des vols de diligence s’avère être un riche transporteur de fret ayant mis sur pied cette 'affaire' en embrigadant nombre de ses concitoyens leurs ayant fait miroiter qu’il s’agissait d’actes de bravoures destinés par avance à contrer le Nord. Si beaucoup de ses suiveurs commettent donc ces vols avec bonne conscience, le chef ne pense évidemment qu’à s’en mettre plein les poches, un profiteur de guerre lucide et machiavélique d’autant que le conflit civil n’a même pas encore débuté. La principale idée –savoureuse pour le spectateur- qu’il a mis en place est le blindage en acier d’un chariot permettant d’attaquer sans risques les diligences, sorte de carriole fantôme de couleur noire qui donne au film lors de ses premières apparitions un aspect fantastique non déplaisant d’autant qu’elle semble se diriger toute seule, le conducteur étant lui aussi camouflé. En dehors de ce détail délectable, pas grand-chose d'autre de bien original à se mettre sous la dent niveau scénaristique. Mais Rod Cameron -qui tient toujours un peu le même style de rôle que Randolph Scott mais dans des productions un peu moins conséquentes niveau budget- n’est pas un acteur antipathique –toujours même très satisfaisant sous la direction de Lesley Selander-, son compère Wayne Morris est plutôt rigolo et les seconds rôles sont campés pour certains par des comédiens dont -si ce n’est le nom- le visage vous dira au moins quelque chose. Côté féminin, si la jeune Kay Buckley s’avère bien trop terne, Sally Eilers n’est pas mal du tout dans un rôle à la Anne Baxter ou Shelley Winters, la tenancière d’un saloon/hôtel, ancienne maitresse du personnage interprété par Rod Cameron.

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Si l’on sait à quoi s’attendre –à savoir, pas grand chose-, il n’est cependant pas interdit de passer un bon moment devant ce western totalement routinier et à l’intrigue plutôt lâche mais néanmoins non dénué d’humour, distrayant et relativement bien mené et dont les extérieurs ainsi que les nombreuses scènes mouvementées apporteront dépaysement aux aficionados du genre… et uniquement à eux ! Divertissant à défaut de mieux !
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Rick Blaine
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
pak a écrit :Bah, c'était plus une boutage qu'autre chose. Tomahawk ça m'intéresse. Je lorgne le DVD récemment sorti à chaque fois que je passe devant un rayon DVD, mais j'hésite à prendre, n'étant pas spécialement fan de George Sherman, mais il parait que ce n'est pas loin d'être son meilleur western (film ? )...
C'est selon moi et Rick Blaine son meilleur film ; tu ne devrais plus hésiter, il est vraiment excellent. :wink:
Oui, fonce! J'ai vu quelques Sherman très laborieux, mais celui là est excellent, le meilleur que j'ai vu pour l'instant (Tavernier semble dire à la fin du bonus que d'autres de ses titres sont dignes d'intérêt), et clairement un grand western.
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Jeremy Fox
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Dallas

Message par Jeremy Fox »

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Dallas, Ville Frontière (Dallas, 1950) de Stuart Heisler
WARNER


Avec Gary Cooper, Ruth Roman, Steve Cochran, Raymond Massey, Reed Hadley, Barbara Payton, Leif Erickson
Scénario : John Twist
Musique : Max Steiner
Photographie : Ernest Haller
Une production Anthony Veiller pour la Warner


Sortie USA : 30 décembre 1950

Après John Wayne en 1949, c'est à Gary Cooper que revient l'honneur de clôturer cette copieuse année 1950 en matière de western. Si l’année westernienne fut riche qualitativement parlant, ce n’est par contre pas du fait de la Warner qui avait commencé par nous livrer en pâture l’insipide Montana et qui, après quatre ou cinq autres westerns guère plus réussis, à peine dignes de mauvaises séries B, nous balance en guise de cadeau de fin d'année le médiocre Dallas que voici. Warner est le studio nous ayant livré les plus mauvais westerns de ces derniers année alors que dans le même temps, la MGM, Universal, la 20th Century Fox et la Paramount continuaient à soigner les leurs afin qu’aussi bien les amateurs d’action que de bonnes intrigues et (ou) de ‘psychologie’ en aient pour leur argent, faisant attention à ce que les scénarios ne soient pas bourrés de clichés jusqu’à la gueule comme dans tous les plus récents produits par la Warner. Etonnant revirement de situation quand on sait que ce studio fut au contraire le plus ‘progressiste’ esthétiquement et surtout thématiquement parlant dès le début des années 30. Mais gageons qu’il ne s’agit que d’une mauvaise passe !

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La Guerre Civile vient de se terminer. A Dallas, en l’absence d’un homme de loi, les ranchers sont terrorisés par les frères Marlow, Will (Raymond Massey) et Bryant (Steve Cochran). Le propriétaire Felipe Robles (Antonio Moreno) les prévient qu’il vient de demander à ce qu’un nouveau shérif soit nommé et les informe que ce dernier est en route. Il s’agit de Martin Weatherby (Leif Erickson), un pied tendre venant du Nord, même pas capable de tirer au pistolet. Sur son chemin, il assiste au duel qui oppose Wild Bill Hickock (Reed Hadley) à Blayde Hollister (Gary Cooper) qui se termine par la mort de ce dernier, ancien colonel de l’armée sudiste recherché par la loi. Le futur Marshall se rend vite compte qu’il s’agissait d’une mascarade pour faire passer Hollister pour mort afin que cessent les poursuites lançées à son encontre. Il souhaite surtout que les frères Marlow qui, ne le connaissant pas de vue, le croient décédé pour mieux aller les prendre par surprise ; en effet, nous ne savons pas encore ce qu’ils lui ont fait mais Hollister semble n’avoir qu’une seule idée en tête, se venger d’eux. Pour se faire, ayant entendu dire que le shérif se rendait mettre de l’ordre à Dallas (là où se trouvent précisément ses ‘ennemis), il décide d’échanger son identité avec celle de l’homme de loi. Ce dernier avoue à Hollister qu’il avait accepté ce rôle dans le seul but d’impressionner sa fiancée, la fille de l'éleveur de bétail Felipe Robles, Tonia (Ruth Roman). Autant dire que, contre toute une bande de renégats prêts à tout, les deux hommes vont avoir fort à faire…

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Stuart Heisler à la baguette, Gary Copper de l’autre côté de la caméra ; certainement une soirée sympathique en perspective ! Avec en prime le Technicolor, il devrait au moins s’avérer aussi agréable que la précédente collaboration entre les deux hommes, le divertissant Le Grand Bill (Along Came Jones), une des rares incursions réussies de la comédie parodique légère dans le western. Mais voilà que le générique se lance sur une musique de Max Steiner qui ne rappelle en rien les grandes heures du fameux compositeur de King Kong, Autant en emporte le vent ou Casablanca. Mauvais signe ce manque d’inspiration du musicien, apparemment peu concerné par ce western de série ? Mais ne vendons pas la peau de l’ours… Dallas débute en effet plutôt bien nous plongeant directement dans le vif du sujet par une séquence d’action de vol de bétail assez bien enlevée. S’ensuit dans la foulée un duel au pistolet entre le célèbre Wild Bill Hicock et Reb Hollister, le personnage d’ancien officier Sudiste recherché pour cause de rébellion, joué par Gary Cooper. Tout ceci s’avère n’être qu’une mascarade destinée à simuler la mort de ce dernier afin qu’il soit tranquille pour régler une vengeance personnelle envers les frères Marlow, responsables du massacre de sa famille durant la Guerre de Sécession, désormais établis à Dallas pour essayer de s’y approprier toutes les terres et régner en maîtres sur la région. Mascarade encore lorsque Reb décide d’échanger son identité avec un Marshall ‘pied tendre’ venu au Texas dans le seul but d’impressionner sa fiancée ! Voici donc Gary Cooper (très à l'aise une fois de plus lorsqu'il s'agit de jouer les 'faux' benêts) en partance pour Dallas, affublé d’un costume de dandy qui le rend assez ridicule, pour y nettoyer la ville de ses mauvais éléments.

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Tout démarrait donc pour le mieux, sur une tonalité particulière, l’humour et la cocasserie étant parfaitement intégrés dans une intrigue à priori dramatique. Et puis patatras ! Le scénario de John Twist (pourtant collaborateur sur le superbe script de La Fille du désert - Colorado Territory de Raoul Walsh), certes toujours aussi rocambolesque, devient inutilement compliquée, harmonisant assez mal l’humour et le sérieux, l’action et les séquences bavardes et statiques. Tout ceci manque alors d’homogénéité et devient mal équilibré. A partir du moment où le sérieux prend le pas sur l’humour (qui se volatilise d'ailleurs sans crier gare), on commence sérieusement à se désintéresser de l’histoire, des personnages et de ce qui peut leur arriver d’autant plus que le pauvre Stuart Heisler n’arrive jamais à faire décoller ni à donner du souffle à sa mise en scène bien terne (tout comme l'interprétation d'ensemble à l'exception de Gary Cooper).

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Bref, ça bouge beaucoup, le Technicolor de Ernest Haller met magnifiquement en valeur les beaux costumes confectionnés pour Gary Cooper (le gilet vert à frange lui sied à ravir) et la charmante Ruth Roman ; nous avons même droit à quelques séquences agréables et détails pittoresques (la façon qu’à Steve Cochran de porter sa ceinture de revolvers) mais l’ennui vient s’installer assez rapidement pour ne plus nous quitter avant le final assez efficace se déroulant dans un saloon plongé dans le noir. Western de série assez laborieux réservé aux seuls aficionados du genre et (ou) de Gary Cooper. Dommage car nous trouvions au départ au sein du scénario et des dialogues pas mal d’éléments intéressants à nous mettre sous la dent concernant la situation de l’après Guerre de Sécession. Mais ce n'est pas bien grave car de nombreux films ont déjà abordés cette période historique avec force détails passionnants. Un coup pour rien concernant le dernier western de l'année. Mais 1951 va débuter sous les meilleurs augures !
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par pak »

Connait pas celui-là non plus.

Ok, les gars, vous m'avez convaincu, ce soir il y aura un Tomahawk sur mon étagère...
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Le Western américain : L'année 1950 en DVD

Message par Jeremy Fox »

Le Western de 1950

Une certaine fierté à affirmer qu'encore une fois, aucun western d'importance n'a été omis concernant cette année 1950. Il nous manquerait en DVD (avec au moins la VOST) quelques titres parmi ceux cités ci-dessous sachant (et c'est le plus important me concernant) que le sublime Deevil's Doorway est prévu chez Wild Side fin 2012.

Les westerns les plus importants de cette année :

* Embuscade (Ambush) : Sam Wood :arrow: Page 2
* Le Baron de l’Arizona (The Baron of Arizona) : Samuel Fuller :arrow: Page 4
* Le Convoi des Braves (Wagonmaster) : John Ford :arrow: Page 4
* La Cible Humaine (The Gunfighter) : Henry King :arrow: Page 7
* Winchester 73 : Anthony Mann :arrow: Page 9
* La Flèche Brisée (Broken Arrow) : Delmer Daves :arrow: Page 10
* The Furies : Anthony Mann :arrow: Page 11
* La Porte du Diable (Devil’s Doorway) : Anthony Mann :arrow: Page 12
* Rio Grande : John Ford :arrow: Page 15



*****************************************************************

Le gros absent en DVD pour cette première année de la très riche décennie 50 s'avère dont être The Furies d'Anthony Mann qui n'existe que chez Criterion et pour les anglophiles puisque avec uniquement des sous titres anglais. J'aimerais énormément aussi redécouvrir The Eagle and the Hawk de Lewis R. Foster (un de mes coups de coeur) à partir d'une copie décente. Mais il aurait aussi été sympathique (après un choix drastique effectué au sein de l'énorme production de westerns de cette année) de pouvoir découvrir les titres suivants :


* Pour la Universal : Wyoming Trail de Reginald LeBorg avec Stephen McNally & Alexis Smith

* Pour La Republic : California Passage de Joseph Kane avec Forrest Tucker & Adele Mara


*****************************************************************


Mon top 20 arrivé à cette date (que j'édite désormais à chaque changement dans le premier post de ce topic) :

* 1- La Charge Héroïque (John Ford)
* 2- Le Passage du Canyon (Jacques Tourneur)
* 3- La Porte du Diable (Anthony Mann)

* 4- Le Massacre de Fort Apache (John Ford)
* 5- Smith le Taciturne (Leslie Fenton)
* 6- La Ville Abandonnée (William Wellman)
* 7- Le Convoi des Braves (John Ford)
* 8- Rio Grande (John Ford)
* 9- Sur la Piste des Mohawks (John Ford)
* 10- Une Aventure de Buffalo Bill (Cecil B.DeMille)
* 11- Winchester 73 (Anthony Mann)
* 12- La Cible Humaine (Henry King)
* 13- La Rivière Rouge (Howard Hawks)
* 14- La Charge Fantastique (Raoul Walsh)
* 15- La Piste des Géants (Raoul Walsh)
* 16- La Caravane Héroïque (Michael Curtiz)
* 17- La Flèche Brisée (Delmer Daves)
* 18- Duel au Soleil (King Vidor)
* 19- La Poursuite Infernale (John Ford)
* 20- The Furies (Anthony Mann)


Et sinon, 23 films pour cette année bouclée en à peine 3 mois et demi ; je pense tenir un rythme assez soutenu pour pouvoir prétendre terminer la décennie en moins de 4 ans.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par someone1600 »

Je n'ai aucun souvenir de ce film, bien que visionné... :oops: :roll:
Lord Henry
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Lord Henry »

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- Je savais bien qu'on aurait pas dû engager le costumier d'Alice au Pays des Merveilles! Il m'a refilé le déguisement du Chapelier Fou!
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Al Jennings of Oklahoma

Message par Jeremy Fox »

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La Loi du colt (Al Jennings of Oklahoma - 1951) de Ray Nazarro
COLUMBIA


Avec Dan Duryea, Gale Storm, Dick Foran, Gloria Henry
Scénario : George Bricker
Musique : Mischa Bakaleinikoff
Photographie : W. Howard Greene (1.37 Technicolor)
Un film produit par Rudolph C. Flothow pour la Columbia


Sortie USA : 17 janvier 1951


1863 dans le Tennessee, naissance en plein milieu du violent conflit qui oppose unionistes et confédérés de Al Jennings (Dan Duryea), fils d’un officier sudiste. 20 ans plus tard il est devenu avocat à l’instar de son père et de ses frères puis s’est exilé en Oklahoma pour exercer à leurs côtés. Seulement, fort de tempérament, il lui arrive de provoquer en plein tribunal une bagarre générale ; ce qui n’est pas du goût de ses adversaires, notamment de Tom Mardsen (John Dehner), un avocat de la partie adverse qui se venge de cet affront en tuant l'un des frères de Al à bout portant. Mardsen étant acquitté de ce meurtre, Al se charge de faire sa propre justice, l'assassine et fuit ensuite pour se cacher au sein d’un ranch qui est en fait une couverture pour une bande de hors-la-loi. Par son caractère et sa vivacité d’action, il va vite devenir le chef de ce gang de pilleurs de train…

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Au ‘bestiaire’ des grands hors-la-loi du Far-West, après Jesse James, Billy le Kid, les frères Dalton, les frères Younger ou encore John Wesley Hardin -personnifié par Rock Hudson dans le magnifique The Lawless Breed - Victime du destin de Raoul Walsh-, manquait encore celui dont on avait l’habitude de dire qu’il avait été le plus maladroit des pilleurs de train, soit Al Jennings ; homme de loi à l’origine, il s'est transformé en chef de gang suite à un tempérament un peu trop impulsif qui le faisait se battre en plein tribunal et qui le poussa une fois à aller un peu trop loin. Après des années de rapines qui le conduisirent à cinq ans d'emprisonnement, il vivra encore une soixantaine d’années jusqu’en 1961 ; il travaillera d'abord à nouveau en tant que juriste avant de faire du cinéma, adaptant même à deux reprises sa propre histoire à l’époque du muet. Le scénario du film de Ray Nazarro est également basé sur sa propre autobiographie mais Jennings n’appréciera pas vraiment le résultat ni l'interprétation que fit de lui Dan Duryea ; il faut dire que sa vie aura surement été plus captivante que ce mollasson western de série C qu’elle a inspirée.

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On a déjà pût s'en rendre compte : avec Ray Nazarro, c’est du quitte ou double ; et à priori, d’après tout ce que j’ai pu voir, tout dépend principalement des scénaristes. Dans le western, ce fut l’un des cinéastes les plus prolifiques durant les années 40 et 50, capable de réaliser jusqu’à treize films dans la même année ! Il débuta sa carrière au cinéma à l’époque du muet et à partir de 1945, il travailla exclusivement pour la Columbia à qui il fournit de la matière pour ses premières parties de séance, presque exclusivement des westerns de séries B ou Z tournés principalement -mais pas nécessairement- vers l’action non-stop, comme c’est effectivement le cas ici. Il lui arrivera de réaliser d’excellents westerns tels Top Gun avec Sterling Hayden, l’un de ses derniers films daté de 1955, de plaisants divertissements comme La Folie de l’or (Cripple Creek), mais aussi beaucoup d’autres assez médiocres -même si pas forcément déshonorants- comme par exemple Les Derniers jours de la nation Apache (Indian Uprising). La Loi du colt se révèle encore inférieur, tout aussi inintéressant que laborieux et ennuyeux.

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Excepté le charme incontestable du technicolor de l’époque, des paysages californiens ainsi que de quelques images assez belles comme celle de la maison fleurie de John Dehner, pas grand-chose à sauver de ce western qui semble avoir été tourné à toute vitesse et écrit par-dessus la jambe : c’est bien simple, en visionnant ce film et malgré le parcours rocambolesque de son protagoniste principal, on ne s’intéresse à rien, pas plus à l’intrigue qu’aux séquences d’action, pas plus aux retournements de situations qu’aux personnages, tous dépeints par le médiocre George Bricker sans aucune nuances, sans aucune richesse, sans rien qui nous les fasse trouver un minimum captivants ou attachants. Concernant la direction d’acteurs c’est le calme plat ; à tel point que Dan Duryea –comédien souvent inoubliable de charisme et de présence notamment lorsqu’il interprète les ‘Bad Guy’- nous semble ici totalement fadasse. Dommage car avec un personnage aussi impulsif et haut en couleurs, il ne semblait pas difficile de nous y intéresser et d’en faire un protagoniste ‘Bigger than life’. C’était sans ‘compter’ sur le manque total d’implication de toute l’équipe technique et artistique. A partir de là, il est aisé de comprendre que tout ce qui va lui arriver ou se passer durant ces pourtant toutes petites 75 minutes nous feront grandement bailler. Il en va de même concernant tous les autres personnages même si au sein du casting la présence des habituellement très bons John Dehner ou James Millican nous faisait saliver. Quant à Gale Storm, elle confirme avoir vraiment été une très mauvaise actrice.

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Pas besoin de s’appesantir plus longtemps sur ce film réalisé pour être projeté en première partie de double programme avec une bande musicale entièrement reprise d’autres westerns du studio. Son manque d’enthousiasme et de dynamisme, sa solennité plombante, sa réalisation peu inspirée, ses personnages sans reliefs et son manque total de fantaisie ne mettent pas longtemps à nous alourdir les paupières. A moins d’être un complétiste en matière de western ou de filmographie ‘Dan Duryeenne’, un western routinier et débordant de clichés que j’éviterais de conseiller. Après, bien évidemment que certains autres pourront au contraire grandement apprécier !
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par someone1600 »

Ne lache pas ton excellent travail Jeremy, c'est tellement passionnant. Et pour cette décennie-ci, c'est carrément le bonheur absolu. :D
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Belle Le Grand

Message par Jeremy Fox »

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La Belle du Montana (Belle Le Grand, 1951) de Allan Dwan
REPUBLIC



Avec Vera Ralston, John Carroll, Hope Emerson, John Qualen, William Ching, Grant Withers, Muriel Lawrence
Scénario : D.D. Beauchamp
Musique : Victor Young
Photographie : Reggie Lanning
Une production Herbert J. Yates pour la Republic


Sortie USA : 27 janvier 1951

Après sa fastueuse période muette (on le considère dans les années 20 quasiment à l’égal des King Vidor, Erich Von Stroheim, Charlie Chaplin ou D.W. Griffith), on peut penser que Allan Dwan, l’une des carrières les plus longues et les plus fécondes de l’histoire du cinéma, a passé les deux décennies suivantes un peu dans l'ombre. En effet, hormis Heidi (médiocre d'ailleurs) et Suez avec Tyrone Power, presque aucun de ses nombreux autres films tournés durant cette période n'est passé à la postérité. Il faudra attendre la fin des années 40 pour le voir émerger de son "purgatoire". En 1949, Iwo Jima sort sur les écrans, avec John Wayne dans le rôle principal, celui d’un sergent instructeur dur à cuire ; le film s’avère être l’un des plus beaux films de guerre sortis des usines hollywoodiennes et il l’est toujours aujourd’hui. Il s’agissait d’un film de la Republic, petit studio pour qui il tournera encore une douzaine d’autres films souvent interprétés par l’épouse de son patron Herbert J. Yates, l’actrice-patineuse Vera Ralston. Certains titres possèdent une solide réputation tels Angel in Exile (1948) ou Surrender (1950), mais il reste toujours aussi difficile de pouvoir les voir. Belle Le Grand (La Belle du Montana) n'est autre que le film qui suit immédiatement ces œuvres alléchantes. Attention, ne pas confondre avec Montana Belle qu'il réalisa l'année suivante mais dont le rôle titre n'était pas interprété par Vera Ralston mais par Jane Russell.

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En 1850 à la Nouvelle Orléans, Sally Sinclair (Vera Ralston) est sur le banc des accusés. Elle est jugée pour complicité dans le meurtre commis par son mari, un joueur invétéré tout comme elle. Ce dernier s'est enfui mais Sally est condamnée à cinq ans d'emprisonnement. Son père la renie pour avoir jeté le déshonneur sur la famille ; il fait prendre à sa deuxième fille, encore nourrisson à cette époque, un autre nom. Après avoir purgé sa peine, Sally se rend chez sa vieille nourrice noire qui avait promis d'être là à sa sortie et qui lui apprend que ses parents sont morts durant son séjour en prison et que Nan (Muriel Lawrence), sa jeune sœur, a été placée dans un orphelinat. Sally décide de l'en sortir ; pour se faire, il lui faut de l'argent. Elle décide alors de reprendre sa vie de joueuse professionnelle et, pour rester dans l'anonymat, se fait désormais surnommer Belle Le Grand. Quinze années ont passé et elle est désormais à la tête du 'casino' le plus rentable de San Francisco. A la bourse, elle rencontre 'Lucky' John Kilton (John Carroll) et son associé Bill Shanks (William Ching) ; elle renforce sa fortune en ayant acheté à bas prix des actions de leurs mines qui ont flambé quelques minutes plus tard. En revanche, le sombre Montgomery Crane y laisse des billes, lui dont le seul but était de s'emparer des gisements de son concurrent. Belle jubile car Crane n'est autre que l'époux qui l'avait abandonné à son triste sort des années auparavant. Dans le même temps, Belle retrouve sa sœur Nan devenue chanteuse d'opéra. Sans se dévoiler à elle, Belle va jouer sa bienfaitrice jusqu'à ce quelle découvre que John Kilton s'en est entiché alors qu'elle même avait jeté son dévolu sur ce nouveau millionnaire...

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On le constate aisément à la lecture de ce résumé ; hormis le fait que l'histoire se déroule presque uniquement dans l'Ouest des Etats-Unis (on voyage quand même aussi de San Francisco à New York), que nous nous retrouvons lors de brèves séquences au sein de décors typiques de petites villes du Far-West comme Virginia City et que l'époque à laquelle l'intrigue a lieu s'étale sur une vingtaine d'années à partir de 1850, le film ne comporte que peu d'éléments westerniens. Que les amateurs de grands espaces soient prévenus, la majeure partie de Belle Le Grand se déroule même quasiment en intérieurs, ceux d'hôtels, de tribunaux, de maisons de jeux, de clubs, de salles de bal ou de bureaux. Le temps d'une scène assez longue mais sacrément réussie, on se trouve même transporté au sein de l'exubérance boursière. Il y avait cependant eu un précédent avec La Rivière d'Argent (Silver River) qui mettait déjà son nez dans le monde des affaires, de la finance et de la bourse. Ce film peu connu de Dwan n'a rien à lui envier, son scénario s'avérant, même si moins ambitieux, plus passionnant sur la durée, mélange de portraits de femmes (au nombre de trois personnages féminins importants), d'intrigues financières, de coups fourrés, de mélodrames et d'histoires d'amour.

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On y trouve aussi pèle-mêle quelques séquences chantées (l'une des protagonistes principales étant chanteuse d'opéra et John Carroll sachant jouer de sa voix lui aussi), un tout petit peu d'action avec l'incendie criminel d'une mine où sont coincés une dizaine d'hommes, pas mal d'humour grâce notamment à des dialogues assez pétillants et à une pittoresque et géniale Hope Emerson ; on oubliera pas pour compléter ce patchwork assez inédit un aspect mélodramatique non négligeable à commencer par ce prologue de cinq minutes consacré au procès suivi du retour de l'inculpée au son d'une triste chanson entonnée par les noirs de la Nouvelle Orléans et filmé à l'aide d'un de ses magnifiques travellings latéraux dont Dwan avait le secret. En évoquant cette belle idée de mise en scène, on se rappelle que dès les premières scènes, le cinéaste nous avait fait constater que nous ne n'étions pas devant un banal film de série bâclé. En effet, le procès qui ouvre le film comporte déjà des éléments de mise en scène assez originaux ; pour le filmer, Dwan ne se sert que de deux plans fixes en caméra subjective se substituant au jury (que nous ne verrons donc jamais), celui sur les avocats venant faire leur plaidoirie et celui sur le banc de l'accusée : culotté sans vouloir faire effet de style, d'une grande sobriété et au final assez fort. Nous trouverons aussi dans le courant du film plusieurs autres plans très travaillés jouant notamment avec des miroirs, de fluides panoramiques verticaux lors des séquences à l'opéra et quelques travellings avant assez audacieux notamment sur les visages, celui de Vera Ralston le plus souvent.

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Vera Ralston qui, une fois encore, tout comme dans Dakota de Joseph Kane et Le Bagarreur du Kentucky de Georges Waggner, tous deux avec John Wayne comme partenaire, si elle ne peut être qualifiée de grande comédienne dramatique, n'en est pas moins très plaisante à voir jouer et même à regarder. Dans le rôle titre peu évident de Belle Le Grand, joueuse professionnelle au cœur noble, elle s'en sort plutôt bien. C'est elle qui tire les ficelles de l'intrigue et s'en rend d'ailleurs très bien compte puisque vers la fin du film elle dira à John Kitton : "J'en ai assez de jouer les dieux" ! Belle/Sally, après que la destinée l'ait conduite cinq années sous les verrous, devient millionnaire peu de temps après sa sortie de prison et c'est désormais elle qui, dans l'ombre, fait jouer les leviers du destin pour plusieurs autres personnages gravitant autour d'elle : elle fait acquérir la notoriété à sa sœur, finance sa carrière, la rapproche d'elle par amour fraternel pour mieux l'éloigner lorsqu'elle se rend compte qu'elles risquent de devenir rivales en amour ; elle empêche les coups fourrés de son ex-mari et du coup sauve la vie de plusieurs personnes dont l'homme d'affaire duquel elle s'est amouraché... Bref, un rôle assez riche dont on aurait évidemment préféré qu'il soit tenue par une comédienne chevronnée ; mais ceci dit encore une fois, Vera Ralston est loin d'y être ridicule.

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Ce western mélodramatique accordant une place importante aux femmes, à ses côtés, la sœur cadette pragmatique est interprétée par une soprano âgée de 21 ans, Muriel Lawrence qui faisait ici ses débuts au cinéma ; elle ne tournera ensuite plus que trois films. La servante noire de Sally n'est entrevue que durant le premier quart d'heure mais le personnage mérite d'être signalé pour sa description sans clichés à cent lieues des nounous interprétées par exemple par Hattie McDaniel (ce qui n'enlève rien au talent de cette dernière d'ailleurs) ; personne droite et sensée, pas pittoresque pour deux ronds, c'est elle qui recueille et nourrit sa maîtresse à sa sortie de prison et qui lui donne les meilleurs conseils. Si son portrait est aux antipodes du folklore, celui de Hope Emerson, 'la reine du Comstock', est au contraire picaresque à souhait ; une femme n'ayant pas sa langue dans sa poche, n'ayant pas peur du ridicule et arrivant à effrayer tout un groupe d'hommes en dégainant son pistolet. La séquence qui nous la montre dévoiler son cœur d'or lors d'une conversation avec Vera Ralston après qu'elle ait ôtée sa perruque 'de reine de pacotille' est formidable d'humanité et Hope Emerson s'y avère épatante. Quant aux hommes qui entourent toutes ces dames, ils sont assez nombreux mais le principal est joué par John Carroll, comédien ressemblant pas mal à Clark Gable, son John Kilton ayant très bien put être interprété par ce dernier. Ce personnage élégant et roublard nous rappelle d'ailleurs beaucoup le rôle que Gable tenait dans Franc Jeu (Honky Tonk) de Jack Conway. John Carroll, excellent acteur (et hors cinéma, Don Juan qui défraya la chronique à l'instar d'un Errol Flynn), fut surtout connu pour avoir été le Zorro d'un sérial parmi les plus célèbres à la fin des années 30 ; son interprétation dans Decision at Sundown de Budd Boetticher sera (un peu plus tard) inoubliable. Dans Belle La Grand, il nous démontre encore son talent de comédien et même de chanteur lors d'un trio avec Muriel Lawrence et le sympathique William Ching.

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Belle mise en scène, splendides costumes, dialogues brillants, rythme alerte, interprétation correcte et scénario souvent captivant... avec La Belle du Montana, Allan Dwan allait, si ce n'est revenir au plus haut, donner au cinéphile de quoi passer un très agréable moment. Attention, il ne s'agit pas loin de là d'un grand film et les amateurs de westerns mouvementés devront faire l'impasse mais l'ensemble est bougrement plaisant ; et puis ce n'est pas tous les jours qu'un film du genre se met à décrire le système financier de l'époque. En tout cas, à l'instar de cette merveilleuse séquence au cours de laquelle les deux sœurs rivales se retrouvent au chevet de leur amant de cœur blessé, bien d'autres méritent qu'on s'y attarde. Et le 'on' ne s'applique pas qu'aux seuls amateurs de westerns, bien au contraire.
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Père Jules
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Père Jules »

Une vraie astreinte ce boulot mais en effet tellement agréable à lire.
Je serais curieux de savoir le temps que représentation la rédaction d'une chronique (visionnage, documentation, captures, rédaction...)
Ajouté à cela, le travail en amont qui consiste à aller chercher toutes les dates de sorties... pfiou, t'as bien du courage. :D
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