L'univers du serial (1929 - 1956)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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riqueuniee
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Re: L'univers du serial (1929 - 1956)

Message par riqueuniee »

Bugsy Siegel a écrit :
Strum a écrit :Je me souviens d'un film en noir et blanc dont j'ai vu un bout à la télé à Londres vers 1980, peut-être un serial. Cela se passait dans un cirque, qui lui-même se situait dans le désert ou dans un endroit désertique. Un genre de magicien détenait des sortes de mini-dinosaures dans une boite secrête qu'il couvait jalousement. Des "bandits" s'introduisaient de nuit dans le cirque, ouvraient la boite. Un mini diplodocus ou un mini tyrannosaure s'en echappait et se mettait à grossir, grossir, sur la piste, sous le regard effrayé des "bandits". Peut-être les monstres finissaient-ils par se battre entre eux et détruire le cirque ou peut-être un incendie se déclarait-il. Terrorisé (j'étais petit :mrgreen: ), j'avais éteint la télé, et je n'ai jamais su la suite. De mémoire, les effets spéciaux étaient similaires aux stop-motions d'Harryhausen. Does it ring a bell to anyone? Je me suis toujours demandé ce que cela pouvait être, vieux film fantastique ou serial. A la même époque, le serial Flash Gordon passait à la télé et je n'en ratais aucun épisode. :)
The Seven Faces Of Dr. Lao (1964) de George Pál, sorti en DVD zone all stf chez Warner US. Le "diplodocus" est en fait le monstre du Loch Ness ! Je te conseille au passage le roman de Charles Finney, Le Cirque Du Dr. Lao, paru chez J'ai Lu et trouvable d'occasion pour quelques euros, dont le bestiaire est encore plus surréaliste.
Le film est d'ailleurs passé à la télévision il y a quelques années,avec le même titre français que celui du roman.Le cadre est en une petite ville semblable à celles qu'on peut voir dans les westerns,ce qui est plutôt original pour ce type de productions.Effets spéciaux très réussis (George Pal était un spécialiste).La scène du mini-dinosaure n'est qu'une péripétie de ce film.
Strum
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Re: L'univers du serial (1929 - 1956)

Message par Strum »

Bugsy Siegel a écrit :The Seven Faces Of Dr. Lao (1964) de George Pál, sorti en DVD zone all stf chez Warner US. Le "diplodocus" est en fait le monstre du Loch Ness ! Je te conseille au passage le roman de Charles Finney, Le Cirque Du Dr. Lao, paru chez J'ai Lu et trouvable d'occasion pour quelques euros, dont le bestiaire est encore plus surréaliste.
Formidable, merci Bugsy ! :D
Julien Léonard
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Re: L'univers du serial (1929 - 1956)

Message par Julien Léonard »

Concernant Dick Tracy's G-Men, j'ai déjà regardé 10 épisodes (il m'en reste donc 5 à découvrir). Et pour le moment, je préfère celui-là au pourtant solide Daredevils of the red circle.

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Dès le départ, ce serial annonce la couleur : du rythme, sans arrêt, et encore du rythme. J'ai trouvé la mise en scène plus soignée encore que sur Daredevils of the red circle. En effet, la caméra est souvent moins maladroite et cerne mieux les décors. Tout ce qui m'avait un peu déçu dans l'autre serial est ici arrangé : de nombreux décors différents, de la variété dans les séquences d'action (même si les bagarres homériques sont encore souvent de mise, et que les gun-fights répondent largement présent), et des promesses tenues concernant la saveur des titres (Péril englouti, Les flammes du péril, Furie incandescente...). On retrouve le héros relativement charismatique, dénué de psychologie, tout entier tourné vers l'action... et malheureusement le personnage féminin qui ne sert à rien, si ce n'est à passer des coups de téléphones. Tant pis, le reste fonctionne merveilleusement. L'acteur Ralph Byrd est assez convaincant et assure les bagarres et autres scènes d’action avec vigueur. Les cliffhangers, toujours abominablement tirés par les cheveux, sont redoutables d'efficacité la plupart du temps, et donnent envie de voir la suite presque immédiatement.

Bien sûr, l'identité du serial étale encore ses défauts. La reprise de la dernière scène de l'épisode précédent pour ouvrir l'épisode suivant demeure fastidieux quand on enchaîne les épisodes. Mais comme je le disais dans un post précédent, je ne peux m'en prendre qu'à moi (puisque je brise le timing voulu par le serial, qui est de se dérouler une fois par semaine et non à la chaîne). Et puis, bien sûr, le sentiment de routine s'installe tout de même à un moment donné. Là encore, les 6 premiers épisodes s'en sortent haut la main, renouvelant le procédé avec cohérence. Ensuite, cela devient un peu plus difficile. Mais grâce à la variété des séquences de bravoure et aux fausses pistes improbables, sans oublier un réalisateur qui fait tout pour maintenir l'attention éveillée, l'ensemble passe comme une lettre à la poste ! Ce coup-ci donc, pas d'ennui léger ou de trop fort sentiment de répétition, et on arrive à l'épisode 10 (inclus) avec le sourire. Pour le moment, j'ai laissé Dick Tracy et l'un de ses partenaires en compagnie d'un piège mortel, avec grilles et étincelles, et je me demande bien quel rebondissement le scénario va bien pouvoir nous inventer pour lancer l'épisode 11. J'y reviendrais, une fois terminé...

Sinon, à noter le crash impressionnant d'un ballon dirigeable, proposant sans aucun doute les images d'archives de la catastrophe de l'Hindenburg. Percutant et bien utilisé dans l'esprit de ce serial ! Pour le reste, je retiendrais particulièrement un hors-bord chargé d'explosifs, la tentative d'échouage d'un navire sur des récifs meurtriers, sans oublier une course-poursuite sur les docks (où Tracy manque de se faire écraser entre un bateau et le quai)... Je vais bientôt recevoir le DVD de Dick Tracy vs Crime Inc, je salive d'avance de savoir dans quel marasme va encore tomber notre héros... :mrgreen:
Dernière modification par Julien Léonard le 13 janv. 11, 19:20, modifié 1 fois.
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Re: L'univers du serial (1929 - 1956)

Message par Rick Blaine »

Tes textes font enviede découvrir tout ça!

J'ai quelques un des bach films en stock et je m'en suis commandé d'autre, je crois que je vais m'y mettre très vite.
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Re: L'univers du serial (1929 - 1956)

Message par Julien Léonard »

Rick Blaine a écrit :Tes textes font enviede découvrir tout ça!

J'ai quelques un des bach films en stock et je m'en suis commandé d'autre, je crois que je vais m'y mettre très vite.
Ce ne sont pas des chefs-d'oeuvre, attention, loin de là ! Mais l'énergie déployée, et l'inventivité moderne de certaines séquences ont façonné une partie du cinéma de divertissement d'aujourd’hui. James Bond (et surtout Indiana Jones, qui rend directement hommage à certains de ces serials -Jungle girl, Drums of Fu Manchu, The tiger woman, et même ce Dick Tracy's G-Men, pour une partie de la scène d'avion dans le premier épisode-) doit finalement beaucoup à ces films en épisodes...
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Message par Rick Blaine »

Julien Léonard a écrit : Ce ne sont pas des chefs-d'oeuvre, attention, loin de là !
Oui je me doute bien :D Mais je m'attentant à te lire à des divertissements agréables, je pense que ça peux me correspondre.
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Message par Julien Léonard »

J'ai enfin vu la suite et fin de Dick Tracy's G-Men, c'est à dire de l'épisode 11 à 15.

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La série ne démérite pas dans sa dernière ligne droite, même si les plus gros morceaux de bravoure et les meilleurs épisodes sont sûrement parmi les précédents. On retrouve les mêmes rebondissements naïfs, la même atmosphère et les enjeux parfois mal dégrossis (la finalité de certains tournants dans le scénario reste encore inachevée en certaines occasions). Changement radical en tout cas, à partir de l'épisode 11 : Zarnoff, l'ennemi juré de Dick Tracy dans ce troisième serial, est la plupart du temps au coeur de l'action. Il sort de sa tanière, ce qui annonce doucement la fin de ces aventures. La secrétaire, Gwen, est encore moins utile, et les scènes de bravoures sont encore échelonnées selon un cahier des charges bien rempli. Un épisode 11 assez sympa, se situant dans une ville fantôme, et un épisode 12 original avec son ambiance nocturne au sein d'un immeuble. L'épisode 13 est complètement inutile, à l'image de l'épisode 11 de Daredevils of the red circle : il s'agit d'une série de flashs-back (un épisode récapitulatif, en somme). Les deux derniers épisodes foncent tête baissée dans l'action, avec une fin, forcément tragique pour Zarnoff et forcément heureuse pour notre héros. La mort de Zarnoff est d'ailleurs étonnante, dans une scène finalement très calme et jouant encore sur le principe du rebondissement inattendu.

J'ai passé de très bons moments encore une fois. Vivement un autre serial ! Je vais tranquillement continuer avec Dick Tracy vs crime Inc (le meilleur Dick Tracy, parait-il), puis j'embrayerais sur Drums of Fu Manchu et Jungle girl. Je vais essayer de façon plus sporadique, par exemple avant de regarder un film.


Mon classement à ce jour, concernant les serials dont je me souviens bien :

1 - Dick Tracy's G-Men (1939) - Réalisé par William Witney & John English
2 - Daredevils of the red circle (1939) - Réalisé par William Witney & John English
3 - The return of Chandu (1934) - Réalisé par Ray Taylor
4 - The phantom creeps (1939) - Réalisé par Ford Beebe & Saul A. Goodkind
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Message par Julien Léonard »

Eh bien, le moins que l'on puisse dire, c'est que Dick Tracy vs Crime Inc, ça déménage !

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Je me suis arrêté aux sept premiers épisodes pour le moment, et c'est supérieur au précédent serial de Dick Tracy (Dick Tracy's G-Men). Le méchant est intéressant (il se rend invisible, ce qui donne lieu à quelques rebondissements sympathiques) et se cache parmi quelques magnats fortunés gravitant autour de Dick Tracy. Le scénario est donc tout bonnement malin, alignant à satiété les trahisons, les courses-poursuites et les questionnements de nos héros. Hormis cela, je préfère Zarnoff, le méchant du serial précédent, plus charismatique et plus fort de façon générale. Le fantôme, nouvel ennemi de Tracy, est un peu maladroit et dépend beaucoup de son bras droit, un peu trop d'ailleurs. Ses réactions et sa voix trahissent une personnalité plus conventionnelle et moins impressionnante.

Pour le reste, par contre, on atteint des sommets dans les trouvailles visuelles et les scènes d'action. James Bond, Indiana Jones, et les films catastrophes doivent décidément beaucoup à ces séries d'aventures en 12 ou 15 épisodes ! Au moment où j'ai vu le héros sauter de son hors-bord pour ne pas être écrasé par deux paquebots, j'ai immédiatement pensé à Indiana Jones et la dernière croisade... et beaucoup de choses sont dans cet ordre d'esprit. Spielberg et Lucas ont vraiment repris des séquences entières de ces serials (Jungle girl pour le tunnel inondé avec l'eau qui s'engouffre à la suite des héros, ou encore Tiger woman avec ses sous-terrains qui s'écroulent...). Mis à part l'épisode 3 qui reprend toute une scène de Dick Tracy's G-Men, au plan près, et qui respire donc un peu le déjà vu (même si une excellente scène en train vient rehausser ce même épisode), tout le reste est assez saisissant et souvent euphorisant (quoique visiblement, ce quatrième serial ait repris des scènes entières des trois séries sorties auparavant, car l'ensemble est voulu comme étant compilatoire). Ralph Byrd est définitivement un Tracy fonceur et sympa, entièrement dédié à sa cause : empêcher qu'un nouveau crime ne se produise. Bref, tout cela est bien naïf, généreux en spectaculaire et, disons-le, exceptionnel. En maîtrisant à la fois les airs, les mers et la terre en termes d'action, les deux metteurs en scène (William Witney et John English) se surpassent et offrent un condensé d'évasion et de dynamisme qui force le respect.

J'espère que la suite ne va pas trop redescendre et perdre en rythme d'ici les prochains épisodes (à l'image des serials habituels de l'époque). Mais si ça continue comme ça, ce nouveau Dick Tracy est bien parti pour prendre la première place dans mon classement personnel des serials visionnés, et ainsi détrôner Dick Tracy's G-Men (pourtant de haute tenue, dans le genre).
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Message par hansolo »

Federico a écrit : Dans le volumineux coffret Superman est inclus un avatar de serial : Superman & The Mole Men (1951). Plus long qu'un épisode de serial, plus court qu'un film standard (58mn). Si j'ai bien compris, cette première adaptation du comic-book en "live" diffusée en salles servit plus ou moins de pilote à la série télévisée. En quelque sorte une transition entre l'âge d'or du serial et celui naissant du tube cathodique à effet récurrent. Mais c'est au-delà de l'indicible, du sous-sous Ed Woods. :P
+1000
Voici ce que j'en disais dans le topic consacré à Superman
Je ne sais pas si certains d'entre vous ont vu Superman and the Mole Men (1951) en bonus sur le coffret Superman ... et bien j'ai du mal a comprendre comment George Reeves a pu devenir si celebre aux US pour des interpretations de ce genre dans les 50'.

Je ne parle même pas des "effets spéciaux"; le scénario et le jeu des acteurs suffit a empecher le film de décoller une seule fois!
Quant à l'utilisation du pouvoir le plus fameux de Superman, il est assez désarmant: l'homme d'acier l'utilise a plusieurs reprises pour aller littéralement à l'autre bout de la rue!!
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George Reeves se prêtant a l'une des scènes les plus spectaculaires du film ...
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Message par Federico »

Petit compte-rendu du matage des cinq films du coffret Détectives édité par LMLR :

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Dick Tracy Detective (1945, William Berke)
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Sympa sans plus avec quelques bonnes idées mais l'action est étirée pour remplir 1h alors que tout tiendrait en 20mn. Les compagnons de Tracy sont son éternelle fiancée (Anne Jeffreys, blonde élégante mais assez quelconque), le fils adoptif de celle-ci (simplement prénommé Junior) et son adjoint Pat Patton qui n'a pas inventé l'eau chaude et passe son temps à se faire assommer par derrière à chaque épisode (pour bien le caractériser en faire-valoir comique, il porte un chapeau trop petit et de traviole mais le problème c'est qu'il n'est même pas drôle). Le vilain de service est un Mike Mazurki à l'énorme balafre (Splitface). La belle Jane Greer est hélas cantonnée à un rôle sans grand relief.

Gimmick de chaque fin d'épisode : Tracy a fait du bon boulot et peut enfin s'octroyer du repos avec ses amis et sa petite famille recomposée quand... un coup de fil ou un incident le fait abandonner ses convives pour repartir au turbin. On a d'ailleurs l'impression qu'il ne dort jamais. Campé par un Morgan Conway au physique de cowboy rassurant mais de là à dire qu'il crève l'écran... Il aurait servi de modèle à Elliot Gould lors de sa participation au remake de Dick Tracy avec Warren Beatty et Madonna (1990). Comme si Gould avait eu besoin de modèle (Il aurait mieux valu que Conway se soit promené dans le futur pour s'inspirer du Gould du Privé :wink: ). Autre trait récurrent : les enseignes aux néons de bars louches aux noms morbides (The Dripping Dagger, The Blinking Skull, The Hangman's Knot...).



Dick Tracy vs. Cueball (1946, Gordon Douglas)
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Le dernier épisodes avec l'acteur Morgan Conway dans le rôle-titre. Le vilain est un type au physique de pilier de rugby et à la boule à Z (d'où son surnom de Cueball, "boule de billard") qui se sert de la lanière entourant son chapeau pour étrangler ses victimes. Réalisation totalement livide d'un Gordon Douglas méconnaissable. Seul intérêt de l'épisode : la performance grandiose, grandiloquente et farfelue de Ian Keith dans le rôle de Vitamin, un vieil acteur shakespearien (comme Keith l'était réellement) passablement cabot, ami de Tracy aux allures de vieux Lord excentrique légèrement maniéré (il a quelques répliques assez gratinées).



Dick Tracy meets Gruesome (1947, John Rawlins)
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Nouvelle incarnation du détective par Ralph Byrd qui fait presque regretter le précédent acteur. Son physique massif est plus proche du personnage créé par Chester Gould mais il n'a qu'une demi-expression à son catalogue. Toujours les mêmes acolytes et retour de ce drôle de character actor à visage de méchant Japonais de bande dessinée vu dans l'épisode précédent (l'Anglais Skelton Knaggs - c'était son véritable nom, tout un poème - visage émacié et lunettes en cul de bouteille). Gruesome (l'affreux) n'est autre que le grand Boris Karloff. Il semble avoir pris plaisir à parodier la scène qui le rendit... immortel dans Frankenstein et La momie en se réveillant bien vivant dans un tiroir de morgue. Un témoin le décrit d'ailleurs comme ressemblant à la créature de Frankenstein, ce qui rappellera un running-gag d'Arsenic et vieilles dentelles. Séquence très amusante et techniquement très réussie du gaz immobilisant lors du braquage de la banque (aujourd'hui, avec les trucages numériques, on ferait à peine plus réaliste).

Jeux de noms très "comics" (normal) : un Dr L. E. Thal, le physicien A. Tomic, une scientifique qui s'appelle I. M. Learned (litt. "G. Fedezay-Tudde", le sous-titrage a opté pour "I.G. Appris", no comment) et un taxidermiste nommé Y. Stuffum ("Pourquoi les empailler ?" mais là, le sous-titreur est parti s'envoyer un godet). :lol:



Dick Tracy's Dilemma (1947, John Rawlins)
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Principal intérêt : la présence d'une des plus inoubliables sales gueules du polar, Jack Lambert, très inquiétant en infirme doté d'un crochet comme le Capitaine et d'une patte folle comme Keyser Söze. Crochet qui se fait tout doux pour caresser son chat de compagnie et jambe de biais qui ne l'empêche étonnamment pas de sauter par-dessus une palissade avec l'agilité du Bébel des grandes heures ! Cette prothèse de fortune lui sera fatale mais c'est téléphoné à l'avance.
Heureusement qu'il y a à nouveau l'inénarrable Vitamin dont on comprend le surnom quand il s'enfile des petites pilules en cachette (et vu ses envolées extatiques, ça ne devait pas être des cachoux). :lol:
Séquence de police scientifique très amusante avec l'analyse à l'aide d'un cadran agrandi des traces laissées par le crochet du tueur afin de retrouver le numéro qu'il composa.



Mr. Wong, Detective (1938, William Nigh)
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Boris Karloff fait aussi peu Chinois que la plupart des Asiatiques des productions exotiques d'avant-guerre*, aux USA comme ailleurs mais son personnage tout en finesse et réflexion fait un amusant contrepoint (très appuyé, ceci dit) aux manières brutes de décoffrage et aux déductions enfantines des flics locaux. Le talent de Karloff fait aussi passer bien des faiblesses. Il faut le voir tester les effets de différents instruments de musique sur la petite boule de verre renfermant un gaz mortel dont se sert le meurtrier et se faire engueuler par son domestique chinois (un vrai, celui-ci). Ce détail de l'intrigue fait tellement penser à l'une des plus fameuses aventures de Tintin que je me demande si Hergé n'a pas vu ce film (il commença "Les 7 boules de cristal" au début des années 40).

Les Etats-Unis sont encore loin d'entrer en guerre mais les suspects et vilains ont tous des noms germaniques. L'un d'eux a les traits inquiétants d'un von Stroheim qui serait passé entre deux camions. Il est interprété par Lucien Prival, acteur américain, certainement d'origine française et qui semble avoir très souvent joué les méchants Teutons.

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Prival dans Bride of Frankenstein :

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Sympa mais comme les précédents, bien trop étiré en longueur. Reste que la solution de l'énigme : "Comment l'assassin provoquait-il à distance l'explosion de ses boules maléfiques ?" est très originale.


Résultat des courses pour l'ensemble : à voir avec beaucoup d'indulgence en essayant de se replacer dans l'état d'esprit d'un (jeune**) spectateur lambda de l'époque, pour les galeries de portraits et les quelques trouvailles de série plus C que B.

Les DVD sont tous proposés en VO avec ST amovibles. Qualité de transfert passable mais il n'y a ni rayures ni sauts de bobine. Celle du son est assez moyenne. Aucun bonus mais des petits topos de présentation pas mal faits à l'intérieur des boîtiers.

(*) De Richard Barthelmess dans Le lys brisé de Griffith à Warner Oland en Charlie Chan (c'est encore Peter Lorre qui s'en sortait le mieux en Mr. Moto).

(**) Preuve que ces petits films s'adressaient aux séances familiales, il y a bon nombre de poursuites en bagnoles, de coups de feu et de morts violentes mais on ne voit pratiquement jamais Tracy faire autre chose avec sa copine que lui tapoter gentiment la main. :wink:


Présentation du coffret sur le site de l'éditeur LMLR : http://www.lmlr.fr/product_info.php/cPa ... thedywjupv
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Re: L'univers du serial (1929 - 1956)

Message par Federico »

Les Américains de The Serial Squadron ont sorti en fin d'année dernière un coffret DVD de The trail of the octopus.
Un serial de 1919 en 15 épisodes dont un porté disparu et qui a été "recréé" à partir des seuls éléments existants.

L'excellent Christophe Bier vient d'en faire le sujet de sa chronique hebdomadaire dans Mauvais genres (à écouter à partir de 117'50).
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Re: L'univers du serial (1929 - 1956)

Message par hellrick »

Bach Films annonce la sortie prochaine de 5 nouveaux serials dont Dick Tracy
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Re: L'univers du serial (1929 - 1956)

Message par hellrick »

DICK TRACY Vs CRIME Inc

Filmé en un peu plus d’un mois durant l’automne 1941 (pour une sortie lors des fêtes de fin d’années), DICK TRACY Vs CRIME Inc constitue le quatrième et dernier serial consacré au célèbre détective produit par la Republic. Ralph Byrd y reprend le rôle qu’il avait créé quatre ans plus tôt dans un premier serial bien accueilli, DICK TRACY. Rapidement, deux séquelles furent proposées: DICK TRACY’s RETURNS et le très nerveux DICK TRACY’s G MEN. Pour cette quatrième livraison, la Republic ne prend aucun risque et confie la réalisation au dynamique duo du serial, William Witney et Johnny English (THE LONE RANGER, ZORRO’s FIGHTING LEGIONS). Le film se divise en quinze chapitres d’égale longueur (un gros quart d’heure) excepté le premier épisode, double, d’une demi-heure. Soit, en tout, près de quatre heures de poursuites échevelées et de bagarres rondement menées. A noter que le film ressortit quelques années plus tard sous une appellation trompeuse : DICK TRACY Vs THE PHANTOM EMPIRE.

Comme la majorité des serials, DICK TRACY Vs CRIME Inc traite de l’affrontement entre un super méchant, ici surnommé le Spectre, et un agent des forces du bien, à savoir le fameux détective Dick Tracy. Le Spectre possède à sa disposition un impressionnant arsenal qui comprend, entre autre, une machine révolutionnaire capable de le rendre invisible. Un atout indéniable pour accomplir ses sinistres exploits. Durant quinze chapitres, Dick Tracy va cependant lui damner le pion et déjouer, un par un, ses plans machiavéliques. Rien de nouveau sous le soleil du serial puisque le métrage devient rapidement répétitif et se contente de placer, en fin d’épisode, l’enquêteur en bien mauvaise posture. Ces inévitables cliffhangers rappelleront probablement des souvenirs aux spectateurs des précédents serials consacrés à Dick Tracy puisqu’ils sont « empruntés » à ces épisodes antérieurs, transformant DICK TRACY Vs CRIME Inc en véritable « best of » de la saga. Pour la séquence de destructions massives du premier chapitre, les réalisateurs puisèrent simplement dans une production de science-fiction tournée en 1933, DELUGE. Des images de tsunamis dévastateurs d’ailleurs encore réutilisées dans le serial KING OF THE ROCKET MEN à la fin des années ’40. Malgré ces procédés quelque peu malhonnêtes (quoique courants dans le monde du serial où le manque d’argent était compensé par la débrouillardise voire la roublardise), DICK TRACY Vs CRIME Inc reste un des meilleurs serials de cette époque, souvent considéré comme la plus réussie des « versions à épisodes » de Dick Tracy.

Le détective, pour sa part, revint sur les écrans en 1945, sous les traits de Morgan Conway, dans un long-métrage nommé DICK TRACY, DETECTIVE, suivi par DICK TRACY Vs CLUEBALL. Pour beaucoup, néanmoins, Ralph Byrd restait l’incarnation définitive et idéale du personnage crée par Chester Gould. Byrd accepta donc de le camper à nouveau dans deux séries B, DICK TRACY’s DILEMNA et DICK TRACY Vs GRUESOME, le plus efficace de la saga puisque l’adversaire du détective n’était autre que Boris Karloff. Enfin, Byrd reprit encore le rôle pour une brève série télévisée lancée au début des fifties et tourné avec des moyens rachitiques. La mort de l’acteur, qui succomba à une crise cardiaque à seulement 43 ans, enterra la série. Excepté quelques dessins animés et un pilote pour une nouvelle série télévisée avortée, lancée fin des années ’60 dans le sillage de Batman et du Green Hornet, il faudra attendre la version de Warren Beatty pour retrouver Dick Tracy sur les écrans.

En dépit de son caractère répétitif, voire usant (mieux vaut, comme souvent, ne pas visionner les chapitres à la suite !), DICK TRACY Vs CRIME Inc demeure un plaisant serial avec tous les ingrédients essentiels au genre : poursuites en voiture, combats à mains nues, inventions délirantes, intrigues policières saupoudrées d’une touche de science-fiction et pièges mortels qui attendent le héros au terme de chaque épisode. Nostalgie en force !
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Re: L'univers du serial (1929 - 1956)

Message par Federico »

Dommage que tu n'aies pas cité le personnage de Vitamin qui est à mon avis une des meilleures (parfois même la seule bonne) raison de regarder ces Dick Tracy. Il est au détective ce qu'Haddock et Tournesol réunis sont à Tintin. Sinon, j'avais trouvé Morgan Conway légèrement moins tarte que Ralph Byrd. M'enfin, l'un comme l'autre ne cassent pas des barres.
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Message par hellrick »

Federico a écrit :Dommage que tu n'aies pas cité le personnage de Vitamin qui est à mon avis une des meilleures (parfois même la seule bonne) raison de regarder ces Dick Tracy. Il est au détective ce qu'Haddock et Tournesol réunis sont à Tintin.
Oui mais il n'est pas présent dans le serial dont je parlais, apparemment il n'apparait que dans les films ultérieurs :wink:
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