George Stevens (1904-1975)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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George Stevens (1904-1975)

Message par Jeremy Fox »

EDIT DE LA MODERATION:

N'hésitez pas à consulter les différents topics consacrés aux films de George Stevens

Une demoiselle en détresse (1937)
Géant (1956)
Le journal d'Ann Frank (1959)

Vous pouvez également lire les Chroniques Classik de
Sur les ailes de la danse (1936)
Une demoiselle en détresse (1937)
Annie Oakley (1938)
Mariage incognito (1938)
Gunga Din (1939)
L'homme des vallées perdues (1953)














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Mariage incognito de George Stevens (1938)

Bonne surprise que cette comédie avec un couple de comédie épatant : Ginger Rogers (dont il faut dire et redire quelle bonne actrice elle était et non seulement la partenaire de Fred Astaire) et James Stewart (déjà excellent et qui posait dès les années 30 les bases du personnage qu'il jouera très souvent : yeux de cocker, timidité, maladresse...).

George Stevens ne fait pas dans la screwball avec rythme effréné et dialogues mitraillettes à la Hawks ou McCarey mais louche plutôt du côté de La Cava ou Leisen, des comédies spirituelles et très drôles mais menées sur un rythme disons 'normal' (et j'avoue préférer désormais) avec toujours un arrière fond de message social.

Le tout est typique du genre, sans beaucoup d'originalité mais jamais ennuyeux et emminement sympathique. Les dialogues sont de haute tenue, des quiproquos en pagaille, un crêpage de chignon mémorable et une tension sexuelle à son comble (le pitch étant de savoir quand les nouveaux jeunes mariés vont pouvoir enfin consommer leur nuit de noces). Dommage cependant que le final, qui représente en principe le climax de ce genre de films (voir Capra...), soit ici aussi laborieux ; mais l'ensemble représente très bon moment de détente. Beulah Bondi et Charles Coburn dans les seconds rôles sont impeccables.
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Geoffrey Firmin
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Message par Geoffrey Firmin »

Jeremy Fox a écrit :Mariage incognito de George Stevens (1938)

.
Dvd Ed Montparnasse?
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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L'Homme des vallées perdues (Shane, 1953) de George Stevens
PARAMOUNT


Avec Van Heflin, Jean Arthur, Brandon De Wilde, Jack Palance, Ben Johnson, Edgar Buchanan, Emile Meyer, Elisha Cook Jr.
Scénario : A.B. Guthrie Jr.
Musique : Victor Young
Photographie : Loyal Griggs (Technicolor)
Un film produit par George Stevens pour la Paramount


Sortie USA : 23 avril 1953

En 1935, George Stevens réalisait Annie Oakley (La Gloire du cirque), film qui narrait la biographie de cette femme douée dans le maniement des armes et qui fit partie du Wild West Show de Buffalo Bill. C'est Barbara Stanwick qui tenait le rôle titre mais, malgré ces pointures devant et derrière la caméra, le film s'avérait très mauvais. La version musicale de George Sidney (Annie reine du cirque) sera une toute autre réussite. Entre temps, George Stevens était devenu l'un des chouchous de la critique américaine avec comme point d'orgue Une Place au soleil (A Place in the Sun) mettant en scène le couple Montgomery Clift / Liz Taylor. Shane (dont la base de l'intrigue n'est autre que l'éternelle querelle entre fermiers et éleveurs) sera la première et unique incursion du cinéaste dans le western ; elle sera accueillie avec enthousiasme par la critique et le public, tout au moins américain.

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Shane a été le western au plus grand succès commercial des années 50 : 9 millions de dollars en Amérique seulement et six nominations aux Oscars, succès bien plus grand que le seront par la suite des classiques devenus indémodables comme La prisonnière du désert (The Searchers) de John Ford ou Rio Bravo de Howard Hawks. Il a même longtemps été considéré aux États-Unis comme le plus grand western hollywoodien. On ne peut pas dire que sa cote d’amour en France ait été la même : une partie de la critique française en a même fait l’archétype du faux bon western et cette réputation lui colle encore aujourd’hui à la peau ; Yves Kovacs dans son ouvrage intitulé "Le western" résume assez bien la pensée d’un grand nombre à son propos en le qualifiant de "film pesant et compassé devenu le prototype du western académique." Objectivement, force est de constater que, des deux côtés de l’Atlantique, on a beaucoup exagéré ! Shane n’est ni un chef-d’œuvre ni encore moins un mauvais film ; il ne méritait pas en France un tel mépris et un tel purgatoire, loin s’en faut. Depuis, il a retrouvé la place qui lui convenait au sein des grands classiques du genre !

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Un cavalier solitaire, Shane (Alan Ladd), arrive dans une petite vallée du Wyoming. Il fait halte dans une ferme où vit paisiblement la famille Starrett, Joe (Van Heflin), Marian, son épouse (Jean Arthur) et leur petit garçon de 10 ans, Joey (Brandon De Wilde). Marian n’est pas insensible au charme mystérieux du nouveau venu (s'étaient-ils déjà cotoyés par le passé ?) ; quant au jeune Joey il est tout simplement subjugué et fasciné par cet homme, d’une habileté remarquable au pistolet, qu’il vénère comme un héros. Shane partage alors quelques temps la vie des Starrett, les aidant dans leurs tâches quotidiennes, jusqu’au jour où il doit reprendre les armes pour défendre ses hôtes. En effet, dans ce petit coin de paradis, les fermiers se heurtent à l’hostilité des éleveurs qui veulent garder les grands espaces libres de toute clôture pour en rester les maîtres. Pour arriver à ses fins et faire capituler les cultivateurs, Ryker (Emile Meyer), le chef des éleveurs, en vient même à engager un tueur, tout de noir vêtu, le terrifiant Wilson (Jack Palance). La lutte s’annonce terrible…

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Un an avant Shane, Fred Zinnemann réalisait avec Le train sifflera trois fois (High Noon le premier "sur-western" comme l’a surnommé la critique, tentative 'd’intellectualisation' du western traditionnel visant surtout à approfondir la psychologie des personnages. Belle et louable initiative de faire entrer un genre considéré encore comme peu sérieux par un grand nombre dans son âge adulte. Mais souvent à cette occasion, une certaine pesanteur de la mise en scène ou un ton sentencieux sont venus gâcher en partie ce que le western possédait de plus important, le rythme, la vigueur et surtout la spontanéité. High Noon en est un parfait exemple car sa trop grande austérité et le message un peu trop appuyé ont fait de lui un film décharné, sec et en fin de compte assez ennuyeux (sans pour autant être honteux, attention !). Il n’en est pas de même pour cet western unique qu’est L’homme des vallées perdues. Unique par le fait qu’il mélange simplicité du ton et subtilité psychologique, qu’il oscille constamment entre d’une part, une naïveté et un manichéisme assumés, et d’autre part une violence et un réalisme qui ont clairement influencé Sam Peckinpah, Sergio Leone et Clint Eastwood, ça ne fait aucun doute.

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Le fait que le film soit vu à hauteur d’un enfant de 10 ans justifie le côté "bigger than life" de l’intrigue et des personnages, cette vision quelque peu idéalisée de l’Ouest. Joey, à cet âge, a besoin de se représenter et de croire en des héros purs et durs ; d’un autre côté, "les méchants" doivent aussi l’être de la tête aux pieds. Son regard porté sur le monde nous donne donc à voir des personnages archétypiques mais cette approche mythique que l’on pourrait effectivement trouver simplificatrice ou caricaturale, est amplement légitimée par l’idée qu’ont eue Stevens et ses scénaristes de mettre leur caméra à hauteur de Joey (de nombreuses contre-plongées sont utilisées en cours de film). Par la suite, nombre de chefs-d’œuvre divers et variés que seront La nuit du chasseur (Night of the Hunter) de Charles Laughton, Les contrebandiers de Moonfleet (Moonfleet) de Fritz Lang (dont la fin est d'ailleurs assez ressemblante) ou Du silence et des ombres (To kill a mockingbird) de Richard Mulligan, exploiteront cette vision mais avec encore plus de maîtrise et un peu moins de schématisme. Mais n’accablons pas plus George Stevens avec de telles comparaisons, il ne le mérite pas surtout que son western reste néanmoins de très haute volée. Revenons-y et tentons de vous faire ressentir le ton tout à fait original qui parcourt ce film.

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Shane fait irruption au moment opportun dans la vie de cette famille ; cavalier solitaire et las, venant de nulle part, habillé d’un vêtement de daim clair et immaculé et portant des armes scintillantes. Il représente le modèle parfait du héros rêvé par les petits garçons. Ce "chevalier rédempteur" repartira d’ailleurs tel qu’il était venu après s’être acquitté de sa tâche "divine" : "l’homme sans nom"’ de Leone et "l’étranger" de Pale Rider ne sont pas bien loin. Sur un très beau thème de Victor Young (peut-être le plus beau de sa carrière au milieu d’une partition tout de même inégale), le générique le voit arriver sur son cheval par la gauche de l’écran et, devançant de 15 ans le cinéma de Leone, en immense plan d’ensemble, sa minuscule silhouette traverse doucement l’écran de part en part la caméra fixant sans bouger cette vaste étendue, Shane n’étant qu’un minuscule point au milieu de cette immensité. Puis, par la saveur poétique toute particulière de la somptueuse et saisissante photographie de Loyal Griggs (qui remporta à juste titre un Oscar), nous avons l’impression de nous retrouver à voir l’un de ses films pour enfants de Clarence Brown, tel que Jody et le faon (The Yearling). En effet, comme dans ce chef-d’œuvre, un Technicolor lumineux et magnifique nous laisse stupéfait : la beauté fulgurante de ces premiers plans de paysages aux cieux immenses et bleus, un élan venant s’abreuver dans une rivière limpide, est indiscutable. Un romantisme, un "rousseauisme" même, faussement naïf puisqu’il sera plus tard battu en brèche. Comme dans le magnifique film de Clarence Brown cité ci-dessus, l’enfant va devoir maintenant être confronté à la violence et à la mort.

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Mort représentée par le personnage du tueur joué par Jack Palance, Wilson, le double maléfique de Shane ; d’ailleurs Morris ne s’y est pas trompé car pour l’inspiration de son personnage de Phil Defer, il n’a pas eu à forcer le trait, Wilson étant déjà un cliché parfait du "bad guy". Il est inoubliable dans sa façon d’être habillé, de se déplacer, de se tenir à cheval, de parler, de sourire et même de tuer : la scène du meurtre de Elisha Cook est d’ailleurs impressionnante pour l’époque, d’une violence radicale et d’un réalisme qui jure avec ce que nous avions vu auparavant : en découvrant cette scène aujourd’hui, on comprend mieux quand Peckinpah disait que Shane était son film préféré. Pour cette scène, George Stevens a tenu a conserver des variations de luminosité spectaculaires qui n’auraient pas été gardées en temps normal car peu tolérables. La rue est détrempée par la pluie et boueuse au point que l’on vient à s’y enfoncer. Et quand Elisha Cook fait mine de mettre en joue Jack Palance, celui-ci l’envoie Ad patres sans réfléchir : un coup de revolver et l’impact de la balle de 45 fait voler avec une force peu commune le malheureux qui s’effondre au milieu de la rue. Cette scène et le décor de la ville à l’intérieur de laquelle les maisons sont rangées sur une seule ligne font encore une fois penser aux westerns des années 70, de Clint Eastwood en particulier. Mais attention, aucune complaisance dans la violence : le réalisateur, depuis son retour de la Seconde Guerre Mondiale, ne pouvait plus la supporter et il essayait ici de la stigmatiser en la rendant la plus réaliste, la moins héroïque possible. Quant aux deux homériques pugilats que l'on trouve au cours du film, ils sont d'une étonnante brutalité.

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A la lecture de ces lignes, vous vous êtes sûrement dits qu’effectivement ce film était bien simpliste, mais nous sommes encore loin de la vérité. Le manichéisme n’est qu’apparent puisque la perception de l’enfant est bien entendu faussée. A côté de ces paysages lyriquement magnifiés par l’utilisation quasi constante du téléobjectif qui rapproche encore plus les majestueuses montagnes de Teton Valley, les décors et les costumes des personnages principaux, du père en particulier, sont très réalistes, élimés et sales (fait rarissime à l’époque dans le western), les rues sont boueuses et Stevens accorde une attention réaliste aux objets de l’époque (Van Heflin feuillète un catalogue de vêtements) et aux travaux quotidiens de la ferme. Les personnages sont eux aussi bien plus complexes que veut bien les voir Joey. Shane, le "modèle parfait", est un personnage finalement assez trouble et secret, on ne connaît rien de lui ni de son passé mystérieux et ses sursauts de défiance lorsqu’il entend un bruit quelconque peuvent faire penser qu’il n’a pas la conscience tranquille ou qu’il est poursuivi. La sobriété de jeu de Alan Ladd colle vraiment très bien au personnage. Après ses inoubliables prestations dans Whispering Smith de Leslie Fenton et Branded de Rudolph Maté, l'acteur continue à remarquablement bien choisir les westerns dans lesquels il tourne.

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Marian, l’épouse aimante et dévouée, est pourtant attirée par cet homme mystérieux qui lui fait rêver à de lointains horizons : son personnage donnera naissance à ceux encore plus fouillés et émouvants que jouera par deux fois Vera Miles dans La prisonnière du désert et L’homme qui tua Liberty Valance ; même liens complexes et affectifs plein de sous entendus qui se tisseront entre elle et John Wayne dans les deux films de Ford, entre Jean Arthur et Alan Ladd dans Shane. Nous ne saurons d'ailleurs jamais les relations qu'il y a pu avoir entre les deux ou même si seulement ils se sont connus ou non. Dommage seulement que Jean Arthur, pour son dernier rôle au cinéma à 48 ans, paraisse trop âgée pour le personnage et que George Stevens soit obligé de la filtrer à outrance lors des gros plans sur son visage. Van Heflin, avec sa rudesse habituelle, ne doit pas être oublié : c’est à travers le personnage de Joe, le brave fermier laborieux que, pour Joey et le spectateur, la réflexion sur l’héroïsme va se faire ; la violence est-elle nécessaire, doit-on se servir des armes pour que votre enfant vous considère comme un héros… ? Après Tomahawk de George Sherman, encore un excellent choix de la part de ce très grand comédien. Quant au jeune Brandon De Wilde, trop souvent décrié, il s'avère constamment juste.

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Le scénariste A.B. Guthrie Jr (auteur entre autres de La captive aux yeux clairs (The Big Sky) prend encore plus de risque avec Ryker, le chef des éleveurs, car, le temps d’une scène, il nous ferait presque croire que c’est lui qui a raison de vouloir chasser les fermiers des terres avoisinantes. Son ressentiment et son exaspération offrent un point de vue historique assez juste puisque juridiquement, il avait tous les droits pour lui. La séquence de sa venue à la ferme des Starrett pour faire valoir ses prérogatives nous fait alors entrevoir un personnage assez convaincant et qui, lui aussi, se bat pour ses idées, pas si mauvaises que ça. Nous nous mettons à douter un instant mais la présence de Jack Palance à ses côtés nous rappelle à l’ordre et nous fait en fin de compte choisir le bon camp. Quant au revirement de Ben Johnson (d'un charisme extraordinaire à nouveau, aussi bon ici que chez John Ford), il est lui aussi très bien vu : alors que Stevens nous l’avait montré comme une grosse brute dans la spectaculaire scène du pugilat, nous ne nous attendions absolument pas à ce qu’il vienne prévenir les fermiers après une prise de conscience douloureuse. Nous sommes donc bien assez loin de la simplicité apparente des données de départ.

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Une œuvre charnière, "l’aboutissement du western romantique" selon Christian Viviani, un film qui va ouvrir la voie à un plus grand réalisme et une plus grande violence et qui influencera dans le genre toute la génération de cinéastes des années 60 : il se serviront de cette trame à des fins de variations toutefois plus ironiques. Cependant, Shane n’est pas entièrement satisfaisant ; la faute en incombe d’une part au scénario qui fait retomber la tension vers le milieu du film, de l’autre au réalisateur qui se fait parfois trop solennel et un peu pompeux. Si à certains moments, il prend majestueusement son temps (trop quelquefois), à d’autres il nous étonne par le nombre de plans et la diversité des angles utilisés : les deux scènes homériques de bagarres sont d’une grande modernité à ce niveau là mais cette différence de style d’une scène à l’autre gâche un peu le plaisir total que l’on aurait pu ressentir si le film avait été plus cohérent dans ces effets, donc plus harmonieux. Mais ne boudons pas notre plaisir, les éléments incriminés sont loin de prendre toute la place et l’Ouest boueux, sanglant et violent de George Stevens reste gravé dans la mémoire de l’amateur de western tout comme le poignant "Shane ! Come back" résonnant sur le fondu final et qui nous laisse les larmes aux yeux : une sorte d’adieu à une certaine innocence désormais perdue du western en même temps que du petit garçon.


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Message par Kurwenal »

Talk of the Town, George Stevens 1942 ( La Justice des Hommes)

Les 10 premières minutes nous plongent dans l'ambiance d'un film noir de la plus belle eau (belle mise en scène dans le genre) pour céder la place à la comédie, voire par instant au pseudo mélodrame.
De mon sens, ce film ne s'apparente pas vraiment à la screwball comedy, pas de portes qui claquent ni de répliques au geyser, pas de rythme endiablé. C'est méticuleux et soigné, cela prend son temps pour élaborer une critique de la justice et du pouvoir de la corruption sur cette dernière, de la manipulation des masses pouvant aller jusqu'à se livrer au lynchage. La dimension comédie romantique est elle de son côté un peu sacrifiée mais subtilement amenée à sa conclusion. Univers à la Capra où Cary Grant, bien qu'excellent, se révèle un peu plus falot que ne l'aurait sans doute été James stewart ( mais ce n'est qu'un avis personnel).
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Kurwenal a écrit :Talk of the Town, George Stevens 1942 ( La Justice des Hommes)

Les 10 premières minutes nous plongent dans l'ambiance d'un film noir de la plus belle eau (belle mise en scène dans le genre) pour céder la place à la comédie, voire par instant au pseudo mélodrame.
De mon sens, ce film ne s'apparente pas vraiment à la screwball comedy, pas de portes qui claquent ni de répliques au geyser, pas de rythme endiablé. C'est méticuleux et soigné, cela prend son temps pour élaborer une critique de la justice et du pouvoir de la corruption sur cette dernière, de la manipulation des masses pouvant aller jusqu'à se livrer au lynchage. La dimension comédie romantique est elle de son côté un peu sacrifiée mais subtilement amenée à sa conclusion. Univers à la Capra où Cary Grant, bien qu'excellent, se révèle un peu plus falot que ne l'aurait sans doute été James stewart ( mais ce n'est qu'un avis personnel).
J'ai toujours eu eu une préférence pour Stewart sur Grant dans le domaine de la comédie. Mais quand ils sont tous les deux dans la même, c'est fameux (Indiscrétions)
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Message par Kurwenal »

Jeremy Fox a écrit : J'ai toujours eu eu une préférence pour Stewart sur Grant dans le domaine de la comédie. Mais quand ils sont tous les deux dans la même, c'est fameux (Indiscrétions)
En effet, mais il faut avouer qu'ils sont boostés par une Hepburn au sommet, c'est une question de survie pour eux :)
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Kurwenal a écrit :
Jeremy Fox a écrit : J'ai toujours eu eu une préférence pour Stewart sur Grant dans le domaine de la comédie. Mais quand ils sont tous les deux dans la même, c'est fameux (Indiscrétions)
En effet, mais il faut avouer qu'ils sont boostés par une Hepburn au sommet, c'est une question de survie pour eux :)
N'est-ce pas commissaire ? :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Une place au soleil de George Stevens

Elizabeth Taylor n'a jamais été aussi belle, le thème de Franz Waxman (qui nous rappelle l'émission Cinéma Cinéma) est splendide, le noir et blanc de William C. Mellor est somptueux, Monty est parfait et sur la mise en scène de George Stevens, il n'y a rien à redire....

... mais cette perfection ne m'a pas touché une seule seconde. La distance que Stevens prend avec son sujet par une mise en scène beaucoup trop pensée, réfléchie, perfectionniste (tout le contraire d'un mélodrame flamboyant) m'a complètement fait décrocher de cette histoire et je n'ai ressenti aucune émotion, sympathie ni compassion pour aucun des personnages :(

Il me faudra le revoir plus tard.

ps avec spoiler : qui de Elisha Cook ou de Shelley Winters s'est retrouvé le plus de fois six pieds sous terre tout au long de leurs carrières respectives ? :lol:


et dire que Kurwenal va devoir lire ça (Oops)
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Geoffrey Firmin
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Message par Geoffrey Firmin »

Jeremy Fox a écrit :Une place au soleil de George Stevens


... mais cette perfection ne m'a pas touché une seule seconde. La distance que Stevens prend avec son sujet par une mise en scène beaucoup trop pensée, réfléchie, perfectionniste (tout le contraire d'un mélodrame flamboyant) m'a complètement fait décrocher de cette histoire et je n'ai ressenti aucune émotion, sympathie ni compassion pour aucun des personnages :(
Ta sensibilité te perdra. :wink:
Un peu de cynisme, que diable :!:
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Message par JamesCicero »

A propos du film de George Stevens A Place in the Sun.

C'est plutôt dur de filmer des "mélos flamboyants" après avoir été l'auteur d'un film "docu" sur les Camps de la mort (le premier du "genre" réalisé dès 1945).

C'est aussi, je crois, le reproche que lui faisait son ami Frank Capra qui regrettait que George Stevens de retour de son "voyage au bout de l'enfer" ait perdu de son allant et notamment son sens inné de la comédie dans ses films d'après-guerre, lui qui avait pourtant su réalisé avant-guerre quelques-unes des plus grandes comédies américaines (Swing Time, Woman of the Year , etc.).

Il reste dans ce film adapté d'un roman très sombre de l'écrivain Théodore Dreiser (An American Tragedy) un peu de cette mélancolie tragique que l'on retrouve telle quelle dans le jeu et surtout le visage (l'un des plus expressifs du cinéma) de Monty. La dernière scène du film qui me fait terriblement pensé à la dernière scène également tragique de l'exécution de Monsieur Verdoux de Chaplin refuse de lever le mystère du personnage que joue Monty, dont on ne saura jamais si oui ou non il est le meurtrier de sa compagne (Shelley Winters).
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

JamesCicero a écrit : lui qui avait pourtant su réalisé avant-guerre quelques-unes des plus grandes comédies américaines (Swing Time,
Sérieusement, tu places Swing Time parmi les plus grandes comédies américaines ? :shock:

Sinon, oui, j'aurais tant voulu ressentir cette mélancolie tragique mais peut-être n'étais-je pas en condition.
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Geoffrey Firmin
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Message par Geoffrey Firmin »

JamesCicero a écrit :A propos du film de George Stevens A Place in the Sun.

C'est plutôt dur de filmer des "mélos flamboyants" après avoir été l'auteur d'un film "docu" sur les Camps de la mort (le premier du "genre" réalisé dès 1945).

.
:idea:
Le premier film tourné par Stevens apres guerre est I remember Mama(1948) et c'est un mélo.
JamesCicero
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Message par JamesCicero »

A propos de Swing Time de George Stevens.

J'aime tout ce qui danse en général, tout ce qui nous fait échapper pour un temps à la pesante gravitation de nos corps mortels si lourds et qui me paraissent en général si peu aériens, en tout cas moins ailés que ceux du duo mythique Fred-Ginger.

J'aime donc Swing Time pour toutes ses scènes dansantes entre autres. La caméra de Stevens dans ce film tente de dire effectivement le titre de son film. Il faut savoir aussi swinguer avec une caméra pour réussir à saisir ce que tente de nous dire par leur ballet complice Fred et Ginger. La caméra danse aussi ...
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Message par Jeremy Fox »

JamesCicero a écrit :A propos de Swing Time de George Stevens.

J'aime tout ce qui danse en général, tout ce qui nous fait échapper pour un temps à la pesante gravitation de nos corps mortels si lourds et qui me paraissent en général si peu aériens, en tout cas moins ailés que ceux du duo mythique Fred-Ginger.

J'aime donc Swing Time pour toutes ses scènes dansantes entre autres. La caméra de Stevens dans ce film tente de dire effectivement le titre de son film. Il faut savoir aussi swinguer avec une caméra pour réussir à saisir ce que tente de nous dire par leur ballet complice Fred et Ginger. La caméra danse aussi ...
J'entends bien en ce qui concerne la partie musicale mais la partie purement comédie, je la trouve d'un pachydermique et d'un 'pas drôle'...
Alcatel
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Message par Alcatel »

La femme de l'année de George Stevens

Superbe comédie de l'âge d'or (1941)... Carrément en avance sur son temps puisque le film est peut-être encore plus d'actualité aujourd'hui qu'à sa sortie ! :shock:
Bon, c'est peut-être pas le plus fin des chefs-d'oeuvres, mais c'est produit par Mankiewicz... et surtout, il y a Katharine Hepburn. En conséquence, j'interdis qu'on prononce un seul mot à l'encontre de ce film. 8)

8/10
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1970-2005: un artiste à la recherche de l'équilibre dans sa Force...
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