Le cinéma français des années 60 (1960-69)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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pak
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La belle américaine (1961)

Message par pak »

5. La belle américaine de Robert Dhéry et Pierre Tchernia (1961) :

Avec Robert Dhéry, Alfred Adam, Colette Brosset, Jean Richard, Michel Serrault, Jean Lefebvre, Louis de Funès, Jacques Legras, Jean Carmet, Roger Pierre, Jean-Marc Thibault, Christian Marin... Scénario de Robert Dhéry, Alfred Adam et Pierre Tchernia – Dialogues d'Alfred Adam – Musique de Gérard Calvi – Genre : comédie – Production française – Sortie : 29/09/1961
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Mon avis :

Un ouvrier rêve d'avoir une automobile et l'occasion se présente quand une riche veuve cède pour une somme dérisoire un cabriolet américain. Cet achat va quelque peu bouleverser son existence tranquille...

La bande-annonce, bien dans l'esprit du film, commentée par Pierre Tchernia, co-scénariste du film :
Cette comédie signe le retour au cinéma de Robert Dhéry après 6 années d'absence, notamment à cause de la tournée mondiale (et triomphante) de sa pièce La plume de ma tante, jouée entre autres à Londres et New York.

En 1961, la voiture est presque devenue un produit de consommation courant. L'industrie automobile connait une croissance importante durant les Trente Glorieuses, aidée de plus par le recours au crédit facilité dans les années 1960. Mais elle est encore un symbole d'une certaine prospérité d'un ménage, même ouvrier. Être propriétaire de son véhicule, c'est montrer une certaines aisance, une liberté de déplacement, une gestion du ménage parfaite. Et par conséquence, elle peut tout aussi bien devenir un vecteur de jalousie, ou du moins d'envie.

L'auteur croque ses contemporains en grossissant gentiment le trait. Les ouvriers sont les as du système D et solidaires entre eux, les riches un peu pédant mais pas si méchants, bref le français est un gars bien, quelque soit son statut social. Mais c'est le propre du cinéma de Dhéry, aux gags parfois loufoques (il est passé par le cirque et ça se sent dans certaines scènes assez clownesques), et à la naïveté voulue et assumée.

Ainsi l'on voit la vie d'un quartier populaire où tout le monde se connait et s'entraide, à la vie peu compliquée, une vision bien-sûr un peu fantasmée, même à l'époque. Toutefois, Dhéry épingle ce qui est encore vrai aujourd'hui : la fascination qu'éprouvent certains pour les grosses voitures ou les modèles exceptionnels, ainsi que l'image, souvent trompeuse, qu'ils peuvent donner de leur propriétaire.

Les deux reproches principaux qu'on pourrait faire à ce film (et qu'il a en commun avec d'autres de l'auteur), c'est l'aspect un peu bordélique du contenu (il y a un côté Marx Brothers dans ce bordel), pas toujours très cohérent, ainsi que les mimiques forcées de Dhéry (qui semble se prendre parfois par Stan Laurel) et de quelques acteurs en roue libre. Mais c'est l'esprit Banquignol qui veut ça, qui passait sûrement très bien sur scène, mais moins à l'écran. A noter un hommage discret aux Temps modernes de Charlie Chaplin.

En parlant de l'esprit Banquignol, on peut noter la fidélité de l'homme à sa troupe théâtrale de joyeux lurons, et la plupart des troupiers apparaissent dans le film dont un Louis de Funes hilarant. Cet esprit, c'est aussi la bonne humeur et elle prime ici devant toute autre considération. Si le film a vieilli (par exemple la scène à propos de la confusion des nouveaux et anciens francs va échapper aux plus jeunes), il n'en reste pas moins plaisant à (re)voir.

A noter que l'ultime scène est tournée en couleur alors que le reste du film est en noir et blanc, comme un symbole d'une nouvelle ère, celle de l'automobile...

Étoiles : * * . Note : 12/20.


Autour du film :

1. La belle américaine est un gros cabriolet Oldsmobile 98 convertible de 1959 (et pas une Cadillac comme on pourrait le croire, même si elle semble être similaire à celle vue par exemple dans Le corniaud (Gérard Oury, 1964).
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2. La dernière scène est en couleur mais n'est pas colorisée, même si une version du film existe ainsi (colorisée) pour la télévision, qui a aussi d'ailleurs été recadrée (donc à l'image amputée : version à éviter si possible) pour la télévision. La couleur n'était pas encore le standard, et Robert Dhéry et Pierre Tchernia souhaitaient le film en couleur. Devant le surcoût que ce choix aurait engendré, la production a imposé le noir et blanc. Ce n'est qu'après le visionnage des rushs que les auteurs eurent l'autorisation de filmer la dernière scène en couleur.

3. Pierre Tchernia est un vieux loup de la télévision. Aujourd'hui connu pour sa longue collaboration avec l'animateur Arthur à l'émission Les enfants de la télé, c'est aussi un passionné de cinéma. Certains d'entre nous se souviennent de son jeu Monsieur cinéma du dimanche après-midi qu'il anima pendant 15 ans. Un des dérivés de cette émission existe encore : les fameuses fiches de monsieur cinéma, qui avaient encore plusieurs milliers d'abonnés en 2009. Pierre Tchernia na pas eu qu'un rôle passif au cinéma : il a été réalisateur de plusieurs films (tous avec Michel Serrault dont au moins le premier a marqué : Le viager, 1971) et scénariste, notamment de plusieurs adaptations animées d'Astérix ainsi que la première de Lucky Luke (Tchernia et Goscinny étaient très liés).
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4. Gros succès pour ce film puisqu'avec 4 151 247 entrées, il se place 9ème du box-office français de 1961, 4ème en entrées pour un film français.

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Dernière modification par pak le 5 avr. 11, 13:40, modifié 1 fois.
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Re: Le cinéma français des années 60 (1960-69)

Message par NotBillyTheKid »

Commissaire Juve a écrit :
Federico a écrit :...
La belle qui doit son nom et sa frimousse à ses origines lituaniennes joua aussi dans le sketch Montparnasse-Levallois réalisé par Godard pour le film Paris vu par... (1965). Mini-film dont l'intrigue-imbroglio est je crois racontée par Belmondo dans Une femme est une femme).
exactement...

Comme je le disais plus haut... voir mon tout petit commentaire sur la fiche test en lien.
Commissaire Juve a écrit :A propos de Joanna Shimkus -- si belle -- je signale sa présence dans un film à sketches sorti en 1965... un de ses deux amants annonce le personnage qu'elle interprétera dans "les Aventuriers".

Voir le petit avis critique de mon test à : http://ahbon.free.fr/DVD_1488.html (sur la petite capture, c'est elle).
ce qui est marrant, c'est que là, pour le coup, tu trouves bien le sketch de Godard... alors que, à mon avis, c'est le plus faible du lot, et un des rares ratages du Godard 60's (alors qu'il réussit souvent très bien dans l'exercice du court). Le Pollet, le Rouch et le Rohmer sont bien meilleurs...
(et je viens de lire la suite de mon post d'Octobre à l'instant... La Chinoise, je ne le défendrais pas autant :wink: )
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Re: Le cinéma français des années 60 (1960-69)

Message par riqueuniee »

pak a écrit :5. La belle américaine de Robert Dhéry et Pierre Tchernia (1961)
Un film qui est,malgré sa loufoquerie (le héros est "détubeur" (!!)) ,un témoignage sur la mentalité d'une époque.Tchernia est aussi la voix off des Astérix avec acteurs,où il a fait de petites apparitions.
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Re: Le cinéma français des années 60 (1960-69)

Message par Sybille »

riqueuniee, est-ce que tu peux éviter de remettre en entier les longues critiques de pak quand tu ajoutes ton message s'il te plaît ? Ca m'embête un peu et ça n'est pas très confortable.
Merci beaucoup. :)
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Re: Le cinéma français des années 60 (1960-69)

Message par AtCloseRange »

pak a écrit :4. Le film, tourné à la fois en français et en anglais (pour le public américain) sortira sur les écrans simultanément à Paris, New-York et... Rochefort, bien-sûr. Il recevra le prix Max Ophüls 1967 et sera nommé à l'OSCAR 1969 de la meilleure musique.
Tu me l'apprends et j'ai l'impression malheureusement qu'il n'y a plus d'images de cette version :(
J'aurais adoré voir ça.
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Re: Le cinéma français des années 60 (1960-69)

Message par Federico »

pak a écrit :5. La belle américaine de Robert Dhéry et Pierre Tchernia (1961) :

En 1961, la voiture est presque devenue un produit de consommation courant. L'industrie automobile connait une croissance importante durant les Trente Glorieuses, aidée de plus par le recours au crédit facilité dans les années 1960. Mais elle est encore un symbole d'une certaine prospérité d'un ménage, même ouvrier. Être propriétaire de son véhicule, c'est montrer une certaines aisance, une liberté de déplacement, une gestion du ménage parfaite. Et par conséquence, elle peut tout aussi bien devenir un vecteur de jalousie, ou du moins d'envie.
Je pense qu'en 1961, peu d'ouvriers possédaient une automobile ou alors se saignaient aux quatre veines pour s'en offrir une. Il fallait aussi être doublement patient car les listes d'attente étaient presque aussi longues que pour obtenir une Trabant en RDA dans les années 70 (parfois 2 ans pour une simple Dedeuche !). C'est marrant parce que je suis justement en train de visionner L'auto rouge de Jacques Krier, un téléfilm de 1964 au ton très réaliste où Paul Crauchet (remarquable de justesse) incarne un OS qui se tue la santé pour s'offrir la Simca 1300 de ses rêves.
pak a écrit : L'auteur croque ses contemporains en grossissant gentiment le trait. Les ouvriers sont les as du système D et solidaires entre eux, les riches un peu pédant mais pas si méchants, bref le français est un gars bien, quelque soit son statut social. Mais c'est le propre du cinéma de Dhéry, aux gags parfois loufoques (il est passé par le cirque et ça se sent dans certaines scènes assez clownesques), et à la naïveté voulue et assumée.

Ainsi l'on voit la vie d'un quartier populaire où tout le monde se connait et s'entraide, à la vie peu compliquée, une vision bien-sûr un peu fantasmée, même à l'époque.
Oui, et le ton emprunte autant au cinéma populaire d'avant-guerre (René Clair par ex. ou La belle équipe) qu'à la comédie italienne des années 50.
pak a écrit : Les deux reproches principaux qu'on pourrait faire à ce film (et qu'il a en commun avec d'autres de l'auteur), c'est l'aspect un peu bordélique du contenu (il y a un côté Marx Brothers dans ce bordel), pas toujours très cohérent, ainsi que les mimiques forcées de Dhéry (qui semble se prendre parfois par Stan Laurel)
Laurel fut son modèle de toujours, il l'imitait jusqu'au visage caoutchouc de grand bébé chouineur.
pak a écrit : A noter un hommage discret aux Temps modernes de Charlie Chaplin.
Je dirais même un hommage appuyé avec la machine à faire des tubes crétins... ou machine crétine à faire des tubes :D , gag qu'on retrouve aussi - en plus sophistiqué, bien sûr - dans Mon oncle de Tati.
pak a écrit : La dernière scène est en couleur mais n'est pas colorisée, même si une version du film existe ainsi (colorisée) pour la télévision, qui a aussi d'ailleurs été recadrée (donc à l'image amputée : version à éviter si possible) pour la télévision. La couleur n'était pas encore le standard, et Robert Dhéry et Pierre Tchernia souhaitaient le film en couleur. Devant le surcoût que ce choix aurait engendré, la production a imposé le noir et blanc. Ce n'est qu'après le visionnage des rushs que les auteurs eurent l'autorisation de filmer la dernière scène en couleur.
Je vais faire hurler mais je trouve que la colorisation lui va très bien. Elle accentue l'aspect gentiment désuet de calendrier des postes ou de catalogue Manufrance. :wink:
(Mais en y repensant, je me demande si ce célèbre catalogue n'était pas en noir et blanc à l'époque...).
pak a écrit : Pierre Tchernia est un vieux loup de la télévision. Aujourd'hui connu pour sa longue collaboration avec l'animateur Arthur à l'émission Les enfants de la télé, c'est aussi un passionné de cinéma. Certains d'entre nous se souviennent de son jeu Monsieur cinéma du dimanche après-midi qu'il anima pendant 15 ans. Un des dérivés de cette émission existe encore : les fameuses fiches de monsieur cinéma, qui avaient encore plusieurs milliers d'abonnés en 2009. Pierre Tchernia na pas eu qu'un rôle passif au cinéma : il a été réalisateur de plusieurs films (tous avec Michel Serrault dont au moins le premier a marqué : Le viager, 1971) et scénariste, notamment de plusieurs adaptations animées d'Astérix ainsi que la première de Lucky Luke (Tchernia et Goscinny étaient très liés).
Tchernia est - avec Dumayet - le dernier survivant du fameux quartet des Pierre (avec Desgraupes et Sabbagh), les pionniers du tube cathodique qui en expérimentèrent toutes les potentialités dès la fin des années 40 en en essuyant joyeusement les plâtres (c'était une époque de bricolage permanent où les speakerines devaient rester constamment sur le pied de guerre pour cause d'interruptions de faisceaux). Il y a du couteau suisse chez l'homme Tchernia. Ses apparitions amicales en "rondeur" de service dans les films de ses potes sont toujours un régal (cf l'ouverture du nanar à la papa Allez France !, pas le plus réussi des Dhéry ou ici en animateur de concours canin). Et ses films et téléfilms méritent d'être revus. Je préfère oublier sa triste récupération par un croque-mort de la télévision... :evil:

Bon, pour revenir au sujet, je garde une grande tendresse pour La belle Américaine, même malgré sa patine de chromo ancien régime et son irréalisme rassembleur un peu facile (mais tellement moins couillon, moins populiste et déphasé par rapport à son époque que la litanie des téléfilms papa-maman-la bonne et moi se terminant invariablement par un arrêt sur image de fous-rires que continue de pondre la télé). Et ça m'amusera toujours de voir l'accroche "Pour rire à la Française !" de l'affiche... alors que l'humour de Dhéry et des Branquignols tenaient bien davantage du slapstick et de la comédie à l'Anglaise (cf les films british des 50's avec Sellers et Margareth Rutherford) et explique en grande partie l'immense succès de la troupe chez nos Bretons cousins.
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Re: Le cinéma français des années 60 (1960-69)

Message par riqueuniee »

Sybille a écrit :riqueuniee, est-ce que tu peux éviter de remettre en entier les longues critiques de pak quand tu ajoutes ton message s'il te plaît ? Ca m'embête un peu et ça n'est pas très confortable.
Merci beaucoup. :)
Ca ne prend pas plus de place que de mettre de grandes photos au lieu d'un texte,comme ça se fait icidans pas mal de rubriques...Surtout que mon message était court.
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Re: Le cinéma français des années 60 (1960-69)

Message par Jeremy Fox »

riqueuniee a écrit :
Sybille a écrit :riqueuniee, est-ce que tu peux éviter de remettre en entier les longues critiques de pak quand tu ajoutes ton message s'il te plaît ? Ca m'embête un peu et ça n'est pas très confortable.
Merci beaucoup. :)
Ca ne prend pas plus de place que de mettre de grandes photos au lieu d'un texte,comme ça se fait icidans pas mal de rubriques...Surtout que mon message était court.

Non, tu avais recopié l'intégralité du message de pak avec toutes les photos ce qui était effectivement inutile, très lourd et chargeant inutilement le serveur ; c'est moi qui me suis permis d'éditer sans rien toucher à ton message :wink:
pak
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Re: Le cinéma français des années 60 (1960-69)

Message par pak »

Federico a écrit :
(...) (cf les films british des 50's avec Sellers et Margareth Rutherford) (...)
Quel décorticage de ma bafouille... :wink:

Tiens, tu me donnes envie de causer de Margareth Rutherford... rendez-vous dans le topic Agatha Christie...
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

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Commissaire Juve
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Re: Le cinéma français des années 60 (1960-69)

Message par Commissaire Juve »

NotBillyTheKid a écrit :
Commissaire Juve a écrit :A propos de Joanna Shimkus -- si belle -- je signale sa présence dans un film à sketches sorti en 1965... un de ses deux amants annonce le personnage qu'elle interprétera dans "les Aventuriers".

Voir le petit avis critique de mon test à : http://ahbon.free.fr/DVD_1488.html (sur la petite capture, c'est elle).
ce qui est marrant, c'est que là, pour le coup, tu trouves bien le sketch de Godard... alors que, à mon avis, c'est le plus faible du lot, et un des rares ratages du Godard 60's (alors qu'il réussit souvent très bien dans l'exercice du court). Le Pollet, le Rouch et le Rohmer sont bien meilleurs...
(et je viens de lire la suite de mon post d'Octobre à l'instant... La Chinoise, je ne le défendrais pas autant :wink: )
Tiens, je n'avais pas vu ton message...

Concernant ce sketch... je crois (je suis "sûr") que ma bienveillance doit beaucoup à la présence de Joanna Shimkus. :mrgreen:
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: Le cinéma français des années 60 (1960-69)

Message par Nomorereasons »

pak a écrit :La bande-annonce, bien dans l'esprit du film, commentée par Pierre Tchernia, co-scénariste du film :
Je me suis bien fendu la poire en regardant cette BA, merci!

Tout ça me donne bien envie de revoir des films de Robert Dhéry.
"Allez France" traîne un peu la patte après un début hilarant, en revanche "Vos gueules les mouettes", d'une exquise grossièreté, est un de mes films culte.
Entre autres représentants d'un joyeux fretin, Robert Dhéry y joue un attardé, Robert Rollis un cul-de-jatte et Jacques Legras un prêtre érotomane dans une Bretagne de Bécassine.
Je ne résiste pas à l'envie d'évoquer cette espèce de guignol géant et polisson.

A la fois rythmé, décousu (je suis incapable de me rappeler le sujet du film) et riche en gags parfaitement idiots mais dont la sincérité et l'application enfantines confèrent une force qu'on peut difficilement définir -c'est du moins le point de vue d'un spectateur de 2010, il va de soi que le savoir-faire des branquignols n'avaient rien d'enfantin; mais l'oeuvre échappe nécessairement à son créateur et dès lors toutes les interprétations sont permises.
D'ailleurs aujourd(hui, que reste-t'il de ce film? Au jeu de la vulgarité, Almodovar est mille fois plus coloré; question délire on est très loin des Marx Brothers; de plus une franchouillardise impardonnable enrobe le tout. Autant dire que "Vos gueules les mouettes" est un film mort et enterré, ce qui signifie par conséquent qu'une joie secrète peut saisir celui qui le découvre et s'en fait le complice: j'y ai vu pour ma part quelque chose de primitif, comme un idiot du village qui chanterait à tue-tête, et m'y suis énivré à mon tour d'une douce sottise.

On peut se demander si l'on ne tient pas ici un exemple furieux du genre "régressif" dont la mode n'était pas encore venue. En voyant que Dhéry joue le rôle d'un débile, il y a de quoi réfléchir si je puis dire.
Mettons qu'il y ait du Flaubert dans ce numéro d'excellents acteurs au service d'une navrante pochade (cf la totalité de la critique cinématographique)
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Tante Zita (1967)

Message par pak »

6. Tante Zita de Robert Enrico (1967) :

Avec Joanna Shimkus, Katina Paxinou, Bernard Fresson, Paul Crauchet, Suzanne Flon... Scénario de Robert Enrico, Pierre Pelegri et Lucienne Hamon – Musique de François de Roubaix – Genre : drame – Production française – Date de sortie : 12/01/1968
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Bande annonce ci-dessous (impossible d'intégrer la vidéo venant de cette source) : http://www.commeaucinema.com/bandes-ann ... -zita,9752

Fuyant l'agonie de sa tante, sœur de son père tué durant la guerre d'Espagne, une jeune femme erre une nuit entière dans Paris au gré de rencontres cocasses ou dramatiques.

C'est l'un des films les moins connus du cinéaste, dont on diffuse plus généralement ses films d'aventure. Après Les grandes gueules et Les aventuriers, et avant Ho ! , films très médiatisés, l'auteur fait une pause intimiste dans son parcours cinématographique.

Cinéaste de l'humain, des perdants, de ceux qui sont ballottés par un destin capricieux, Robert Enrico ne pouvait que s'intéresser aux républicains de la guerre d'Espagne. Mais plutôt que de raconter ce conflit fratricide, il l'évoque à travers le portrait d'une vieille dame ordinaire, mais qui en elle porte les marques douloureuses de ses souvenirs guerriers, une de ces nombreuses personnes fidèles à une république éphémère, obligées de quitter leur pays sous le feu des franquistes pour se réfugier en France.

Puis il s'intéresse à la génération suivante, à travers Annie, fille d'un anarchiste qu'elle a à peine connu enfant, père qui repartit en Espagne pour y disparaître définitivement, le pays étant devenu une dictature. Annie, c'est la douce Joanna Shimkus, que le caméra ne quitte presque plus dès lors qu'elle entame son escapade nocturne. Elle est pour beaucoup dans le charme de ce film amer.

Cette escapade, c'est aussi l'occasion pour le cinéaste de faire basculer son film dans une atmosphère presque surréaliste. On va croiser des chasseurs de chats, des mannequins se baignant dans une fontaine, des hippies agressifs, un violoncelliste jouant sur l'autoroute... Une sorte d'Annie au pays des merveilles dans un décor urbain où un bélier fou fait office de lapin blanc.

On sent toutefois que le cinéaste force un peu le trait, lui qui est bien plus à l'aise à filmer la Nature, promenant ici sa caméra dans un univers trop bétonné pour ses envies de liberté et de grands espaces. Il offre toutefois dans la dernière partie du film une ultime embardée poétique et nostalgique, où la vie s'affirme tandis que la mort a fait son œuvre.

Étoiles : * * . Note : 13/20.


Autour du film :

1. Ce film fut finaliste pour le prix Louis-Delluc en 1967 sans toutefois être récompensé.

2. La tante Zita est jouée par Katina Paxinou, qui n'est pas espagnole, mais grecque. Elle est née le 17/12/1900 au Pirée sous le nom de Ekaterini Konstantopoulo. Après des études de chant, elle tente une carrière de chanteuse d'opéra en 1920 avant de bifurquer vers le théâtre, pour lequel elle jouera durant toute sa carrière, jouant même à Broadway. Elle émigre aux États-Unis en 1940. Son typage méditerranéen est exploité par Hollywood dès son premier rôle en 1943 : la célèbre Pilar dans le non moins célèbre film Pour qui sonne le glas de Sam Wood, pour lequel elle recevra le Golden globe et l'OSCAR du meilleur second rôle féminin. Elle tournera 5 films américains avant de retourner en Grèce en 1950. Puis, entre deux pièces, elle alterne cinéma et télévision, apparaissant dans Rocco et ses frères de Visconti ou Un été sauvage de Marcel Camus, sans parler de son rôle coupé au montage dans Le procès d'Orson Welles. Sa filmographie ne dépasse pas la quinzaine de films entre 1943 et 1970, l'actrice préférant nettement la scène. Elle est décédée le 22/02/1973 à Athènes.
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3. Encore une fois pour ce film de Robert Enrico, la musique est signée François de Roubaix. Entre le compositeur et le réalisateur, une longue et fructueuse collaboration qui a débuté dès le premier court-métrage du cinéaste, Jehanne, en 1956 pour se poursuivre jusqu'en 1975 avec Le vieux fusil, et elle aurait sans doute continuée si le compositeur n'était pas décédé cette même année, victime d'un acident de plongée. Entre-temps, François de Roubaix, qui avait très bien saisi l'univers nostalgique du cinéaste et de ses personnages cabossés aura mis en musique des films comme Les grandes gueules, Les aventuriers, Le rapace, Ho ! ou Boulevard du rhum... Un duo complémentaire au même titre qu'un Sergio Leone / Ennio Morricone.
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Dernière modification par pak le 18 août 11, 18:44, modifié 2 fois.
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Le chevalier de Maupin (1965)

Message par pak »

7. Le chevalier de Maupin (Madamigella di Maupin) de Mauro Bolignini (1965) :

Avec Catherine Spaak, Robert Hossein, Tomas Milian, Ottavia Piccolo, Mikaela, Angel Alvarez, Manuel Zarzo... Scénario de Luigi Magni et José Gutiérrez Maesso d'après le roman de Théophile Gautier (Mademoiselle de Maupin, 1835) – Musique de Franco Mannino – Genre : aventures – Production franco-italo-hispano-yougoslave – Date de sortie : 07/12/1966
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En Hongrie, au XVIIème siècle, fuyant une guerre qui s'approche, une jeune aristocrate se déguise en homme, mais se fait enrôler de force par un capitaine qui ne la laisse pas insensible...

Ce qui saute aux yeux d'emblée, c'est le peu de vraisemblance du personnage de Maupin incarné par la jolie Catherine Spaak, qui ressemble tellement peu à un homme, même revêtue d'un uniforme... Jusqu'à sa voix qui ne trompe personne, sauf les personnages du film, aussi aveugles que sourds !

Pourtant cette impression est vite dissipée par le propos principal du scénario, rondement mené par un Mauro Bolignini en forme et nullement impressionné par l'œuvre de Théophile Gauthier, orchestrant une ronde de sentiments troublants.

Ainsi la Maupin attire hommes et femmes. Face à lui / elle, Robert Hossein incarne parfaitement la dualité entre la rudesse du militaire, incarnation de la virilité, et l'émoi peu compatible avec son métier de guerrier, d'autant que le dit émoi est provoqué par ce qu'il croit être un jeune homme.

Au delà des péripéties à fortes connotations sexuelles (mais ni grivoises ni vulgaires, toutes en allusions et confusions), on appréciera aussi la vision de la guerre, jamais glorifiée, et même tournée en ridicule, mais qui n'oublie pas la souffrance qu'elle génère.

Ce que l'on retiendra toutefois du film, c'est la confusion des sentiments et des sexes, qui ne cessera pas jusqu'au terme de l'histoire, où les interrogations et les doutes qu'elle crée sont racontés avec légèreté et gaîté, la tristesse engendrée provoquant plus l'attachement aux personnages que le drame. Le tout est rehaussé par une reconstitution colorée et soignée, et par une très belle photo. Très loin des films de cape et d'épée contemporains à la Hunebelle, on peut rapprocher ce film à la saga Angélique marquise de anges de Bernard Borderie, mais avec plus de classe et moins de mélo...

Une jolie découverte et un beau moment de cinéma européen à l'ancienne, où l'amour est plus fort que la cape et l'épée.

Étoiles : * * * . Note : 14/20.
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Autour du film :

1. Mademoiselle de Maupin est le premier roman de Théophile Gautier, une de nos plus belles plumes du XIXème siècle. Roman, certes, mais inspiré d'un vrai phénomène de l'aristocratie du XVIIème siècle.

2. Mademoiselle de Maupin a réellement existé. De son vrai nom Julie (ou Émilie) d'Aubigny, née vers 1670. On ne retrouve trace que de son père, secrétaire du comte d'Armagnac et gouverneur d'Anjou, mais aussi coureur et assidu des salles d'armes. Julie grandi donc en maniant épées et chevaux. Elle est aussi très attirante, ce que ne manquera pas de remarquer le comte qui la mit dans son lit. Il fallut alors la marier, et ce fut fait avec un monsieur Maupin dont on ne sait pas grand chose et qui semble avoir été vite écarté. Devenant mademoiselle Maupin, elle séduit un homme d'arme contraint à l'exil à Marseille, ville qu'elle quitte déguisée en homme. Le couple étant sans argent, elle décide de remettre ses vêtements masculins pour donner des démonstrations d'épéiste contre rémunération, ce qui l'amène à avoir une liaison avec une jeune femme de bonne famille, provoquant scandale et exil de la jeune conquête au couvent à Avignon. Pas démontée, la miss Maupin se serait introduite dans le couvent, aurait déterreré un cadavre pour le mettre dans le lit de l'enfermée afin d'y mettre le feu, faisant ainsi diversion de sa fuite avec la belle. Cette dernière rentre pourtant dans ses pénates, et la Julie est condamnée à mort par contumace. Elle va alors à Paris, où elle provoque en duel des gentilshommes, et en blesse durement un. Celui-ci découvrant qu'il fut battu par une femme, la demande, et débute alors une liaison amoureuse.

Une autre de ses particularités, c'est qu'elle est mezzo-soprano. En 1690, à Paris, elle se lance dans le chant en débutant dans une pièce de Lully, et le public est conquis. Deux années plus tard, encore habillée en homme, elle s'introduit dans un bal donné en l'honneur du Dauphin, et séduit une jeune marquise, ce qui provoque le courroux de trois admirateurs et un duel. Les trois messieurs sont mis hors de combat par blessure, et la travestie dévoile son identité.

On lui demande d'aller se faire pendre ailleurs. On l'a retrouve alors en Belgique quelques mois plus tard où le duc de Bavière, qui administrait alors le pays pour l'Espagne, tombe amoureux d'elle. La jeune femme est encore priée de partir, et on lui propose de l'argent, ce qu'elle aurait fait en rejetant avec mépris la bourse. De retour à Paris, elle triomphe sur scène jusqu'en 1702, ce qui lui vaut d'être admise à la cour de Versailles, ce qui ne l'empêche pas de provoquer quelques remous... Elle décède pourtant dans le quasi anonymat en 1707.

Un destin assez rocambolesque (et encore, j'ai résumé assez grossièrement) où légende et vérité se mêlent intimement.
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3. Une autre adaptation du roman de Théophile Gautier s'est faite récemment, pour la télévision, sous la forme d'un téléfilm en deux parties intitulé Julie, chevalier de Maupin, diffusé pour la première fois par TF1 en 2004 (et édité dans la foulée en DVD), avec Sarah Biasini, la fille de Romy Schneider, et Pierre Arditi. Une part fantastique (messes noirs, guérisseuse) a été ajoutée, et on n'est pas forcé d'adhérer, d'autant que le charme opère bien moins qu'avec le film de Bolognini.
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Dernière modification par pak le 5 avr. 11, 13:42, modifié 2 fois.
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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La chasse à l'homme (1964)

Message par pak »

8. La chasse à l'homme d'Édouard Molinaro (1964) :

Avec Claude Rich, Jean-Claude Brialy, Jean-Paul Belmondo, Françoise Dorléac, Marie Laforêt, Marie Dubois, Catherine Deneuve, Bernard Blier, Michel Serrault... Scénario de France Roche – Dialogues de Michel Audiard – Musique de Michel Magne et Giorgos Zambetas – Genre : Comédie / Film à sketchs – Production franco-italienne – Date de sortie : 22/09/1964
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Un jeune homme va se marier mais son meilleur ami, célibataire endurci, fait tout pour l'en dissuader, en lui narrant son expérience des femmes.

Ce n'est pas le film le plus connu d'Édouard Molinaro malgré un casting assez incroyable, même pour l'époque. Si Belmondo, Brialy, Rich, Dorléac, Deneuve, Laforêt, Dubois, Lafont, Darc... étaient jeunes au moment du tournage, ils n'étaient plus des inconnus pour le public, d'autant qu'ils sont entourés de Bernard Blier, Michel Serrault, Noël Roquevert, Francis Blanche et Micheline Presle. Une sacrée belle affiche. Il faut dire aussi que le principe du film à sketchs, genre à la mode dans les années 1960, aide à aligner des noms connus puisqu'il faut bien alimenter en personnages chaque historiette. Car ce sont bien des histoires assez anecdotiques qui nous sont narrées ici, plus ou moins légèrement misogynes (autre tendance à la mode).

Très « finement », le film débute et se termine sur les mêmes images, montrant des femmes à cheval faisant une chasse à courre, avec meute de chiens et son du cor, non pour chasser le renard, mais plutôt le mari. Toutefois, Molinaro mène rondement son récit malgré le sentiment de désuétude que l'on peut ressentir un demi-siècle plus tard devant cette envie de mariage, à voir plus posément comme un besoin d'être deux, même si pour y arriver, le chemin est parfois tortueux, dissimulant peut-être à un tournant un coup de foudre qui pourrait frapper même le plus blasé.

Les français ont toujours aimé se déplacer en masse en salles pour aller rire devant des comédies plus ou moins franchouillardes. A l'époque, on peut grossièrement distinguer deux tendances : une alliant une certaine finesse, une recherche de rire moins primaire, pour des films alertes et parfois très réussis avec comme chefs de file Michel Deville ou Philippe de Broca, l'autre étant plus dans la continuité de la gaudriole héritée des années 1930, parfois lourde, volontiers burlesque, avec des gens comme Robert Dhéry ou Jean Girault. La chasse à l'homme slalome un peu entre les deux, évitant la gaudriole facile tout en étant parfois franchement vaudevillesque (la partie Claude Rich, avec ses traditionnels qui-propos, portes qui claquent et placards où l'on se cache), faisant de son auteur l'un des héritiers de la « qualité France » du cinéma classique, le sujet et le ton du film rappelant fortement l'univers de Sacha Guitry.

Brialy, Rich et Belmondo sont tour à tour les héros d'un sketch, où chaque partie est sensée démontrer la volonté typiquement féminine de vouloir se marier et mettre le grappin sur un homme, seule manière d'avoir le dessus sur la gent masculine...

L'interprétation (forcément) formidable, rehausse le film : Belmondo en gentil mac (dont les besogneuses sont, excusez du peu, Bernadette Lafont et Mireille Darc) recyclé en patron de bistro en fait mené d'une main de fer par son épouse (énergique Marie Dubois), Rich en tombeur pensant avec sa braguette et amant d'une bourgeoise (Micheline Presle, qui cocufie Michel Serrault, excellent mari mené en bateau) tout en draguant sa secrétaire (Catherine Deneuve, à la perversité enfouie sous un verni d'innocence), ce que n'apprécie guère le père de cette dernière (épatant Bernard Blier qui récite du Audiard comme personne), Brialy en futur marié indécis à une fausse ingénue (Marie Laforêt, espiègle et divinement manipulatrice), plus quelques rôles secondaires comme la belle arnaqueuse campée par Françoise Dorléac alliant charme et humour, et son complice roublard joué par le toujours aussi fou Francis Blanche. Comme une récréation rassemblant des interprètes de la nouvelle vague et du cinéma populaire.

L'autre élément qui donne du cachet au film est la qualité des dialogues, ciselés par un Michel Audiard qui pimente ceux-ci de quelques saillies mémorables du genre :

« - Je vous laisse encore le choix : le mariage, ou les menottes.
- J'avoue que la différence m'échappe ».

Le dialoguiste tire incontestablement ce film du conventionnel, ce qui n'empêche pas celui-ci d'y tomber ponctuellement, notamment dans sa partie grecque nettement plus faiblarde que le reste.

Sans être à la hauteur des réussites du réalisateur qui viendront par la suite, on passe un agréable moment de cinéma léger, certes, mais régulièrement savoureux.

Étoiles : * * * . Note : 14/20.
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Autour du film :

1. Le scénario a été écrit par France Roche. Née le 2 avril 1921, France Roche est une des pionnières de la télévision française. Journaliste, elle a animé et participé à plusieurs émissions axées sur le cinéma, dès l'époque de l'ORTF. Elle a ainsi mené des interviews avec des acteurs aussi illustres que Pierre Brasseur, Jean Marais, Paul Meurisse, Michel Piccoli, Arletty, Annie Girardot, Simone Signoret, Jeanne Moreau, Brigitte Bardot, mais aussi Kirk Douglas, Sidney Poitier, Anthony Perkins, Ingrid Bergman... Elle a aussi écrit pour la presse cinématographique. Dans les années 1950 et 1960, elle rédigea plusieurs scénarios mais aucun des films qui les ont adapté sont restés dans les mémoires malgré la notoriété des réalisateurs (Henri Verneuil pour Les lions sont lâchés, Michel Boisrond pour Les amours célèbres ou Jean-Paul Le Chanois pour Agence matrimoniale par exemple).
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2. Françoise Dorléac et Jean-Paul Belmondo sortaient du triomphe de L'homme de Rio de Philippe de Broca, 4ème au box-office français de 1964. Année d'ailleurs très prolifique pour Belmondo puisque deux autres de ses films seront au top 10 : 100 000 dollars au soleil et Week-end à Zuydcoote, tous deux d'Henri Verneuil. Les trois films cités attireront plus de 11 millions de spectateurs. La chasse à l'homme fera nettement moins d'entrées. L'actrice et l'acteur n'ont aucune scène en commun dans ce dernier, alors qu'ils partageaient l'affiche de L'homme de Rio.

3. Comme dans La belle américaine ou Le corniaud, une berline décapotable a un rôle central dans l'un des sketchs du film. Il s'agit d'une Lincoln Continental modèle 1961 appartenant au compositeur Georges Garvarentz, qui l'a prêté pour d'autres tournages (Le diable et les 10 commandements, Les bricoleurs, Le glaive et la balance). C'est le même type de modèle (modifié) qui était la voiture présidentielle de John F. Kennedy, dans laquelle il fut mortellement blessé à Dallas le 22/11/1963.
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Dernière modification par pak le 3 août 11, 10:41, modifié 2 fois.
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Re: Le cinéma français des années 60 (1960-69)

Message par riqueuniee »

Hé bien, pour un retour sur ce forum, tu t'es dépensé...Si je connais bien le Chevalier de Maupin (au fait, Gautier a dû publier son roman plutôt en 1835...), film qui semble avoir fortement inspiré (avec des morceaux de Barry Lyndon dedans), le clip Libertine de Mylène Farmer, je ne connaissais pas du tout cette Chasse à l'homme, qui semble valoir le détour. Merci pour les détails. En ce qui concerne la Lincoln, il me semble que c'était la voiture officielle des USA, comme la DS chez nous. Une marque (ou plutôt un modèle) de prestige ( du moins à l'époque et avant).
Dernière modification par riqueuniee le 2 avr. 11, 23:22, modifié 1 fois.
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