Le cinéma français des années 50

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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riqueuniee
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Re: Le cinéma français des années 50 (1950-59)

Message par riqueuniee »

Grimmy a écrit :J'ai été très content de tomber sur "Si tous les gars du monde" de Christian-Jaque, l'autre jour sur Arte. Eétant un inconditionnel de Jean-Louis Trintignant, j'ai enfin pû voir son premier film. Bon, effectivement, c'est loin d'être formidable, mais je dois avouer que j'ai plutôt bien aimé. Je crois que le charme de l'époque y est pour beaucoup. Voir Trintigant et Dumas agés d'à peine 25 ans, c'est sympa quand même ! (ils se retrouveront au théâtre 50 ans après dans la pièce "-2" de Benchetritt !). Les petits bistrots, les rues de Paris, les seconds rôles dans le segment en Afrique, tout ça, moi j 'aime beaucoup. Après, le côté violons c'est pas terrible, mais ça n'a pas suffit à gâcher mon plaisir.
merci Arte !!
Le film contient nombre d'éléments intéressants. Par exemple, l'attitude des marins envers le marin maghrébin, le seul à ne pas être malade puisqu'il n'a pas mangé de jambon (et c'est lui qui repêchera le remède, le colis étant tombé à la mer, et non sur le pont du bateau.). Le segment en Afrique est sympa, mais je le trouve plus convenu, genre film d'aventures exotiques.
Il y a aussi les scènes à Berlin : le seul avion disponible est un avion polonais , et l'officier américain (qui doit remettre le colis) passe facilement dans le secteur soviétique, vu que le mur n'a pas encore été édifié. Par contre, les scènes avec sa fille, qu'est-ce que ça fait daté... Sans parler du côté un peu "boy-scout" ( voir le titre). Il faut dire que le film a été conçu à la gloire des radio-amateurs, l'histoire étant un prétexte .
Dernière modification par riqueuniee le 29 oct. 12, 12:23, modifié 1 fois.
pak
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Cadet Rousselle (1954)

Message par pak »

8. Cadet Rousselle d'André Hunebelle (1954)

Avec François Périer, Bourvil, Dany Robin, Noël Roquevert, Madeleine Lebeau, Alfred Adam, Jean Parédès, Henri Crémieux, Christine Carère, Jacques Dufilho... Scénario de Jean Halain, Jean-Paul Lacroix d'après la chanson Cadet Roussel de Gaspard de Chenu écrite en 1792 – Adaptation et dialogues de Jean Halain – Musique de Jean Marion – Genre : cape et épée – Production française – Date de sortie : 20/10/1954
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Les tribulations de Cadet Rousselle sous la Révolution, quittant Paris par dépit de ne pouvoir épouser sa bien-aimée, et qui va connaitre moult aventures, sentimentales et dangereuses.

Fort du succès de ses Trois mousquetaires en 1953, André Hunebelle revient au film de cape et d'épée. Au départ ce devait être une comédie avec Fernandel, puisque le récit est adapté d'une chanson du XVIIIème siècle moquant un notable de l'époque. L'arrivée de François Périer changea la donne, et le scénario fut remanié, l'acteur étant plus jeune et plus sportif que le premier envisagé, transformant ce qui devait être une farce en un film d'aventures. Toutefois le ton reste nettement à la comédie et Hunebelle peut alors appliquer les mêmes recettes que celles qu'il avait utilisé pour ses mousquetaires : action, amour, ironie, humour. L'auteur convoque de nouveau Bourvil en acolyte comique du héros bondissant, l'acteur étant alors en pleine ascension, enchainant les tournages (celui de son film précédent, Poisson d'avril de Gilles Grangier, s'étant achevé deux jours avant le démarrage de Cadet Rousselle). Bourvil, dont la popularité grandit sans cesse grâce à ses disques, la scène et le cinéma, aura un rôle nettement plus étoffé que le simple faire-valoir du héros.

Le début est typique du genre en France, avec un générique s'inscrivant sur les pages défilantes d'un livre d'histoire, tandis qu'une voix-off présente le contexte comme dans Fanfan la Tulipe de Christian-Jacque dont le succès éclatant a lancé la mode du film de cape et d'épée en France dans les années 1950. On reprochera d'ailleurs à Hunebelle les similitudes, assez évidentes, entre son Cadet Rousselle et le film de Christian-Jaque. Impression renforcée par la présence de Noël Roquevert et Jean Parédès.

Le film pâtit surtout d'une flagrante erreur de casting. François Périer n'a ni le charme ni le dynamisme d'un Jean Marais, Gérard Philipe ou Jean-Paul Belmondo. Pourtant bon acteur par ailleurs, il peine ici à faire exister un personnage il est vrai assez mal écrit, au point de se faire régulièrement éclipser par les seconds rôles, dont Bourvil, posant les bases du personnage de Passepoil qu'il campera cinq plus tard dans Le bossu du même Hunebelle aux côtés de Jean Marais.

La mise en scène du réalisateur est comme souvent pataude, au service d'un cinéma qui se veut populaire, à l'image des chœurs envahissants qui tentent de donner du lyrisme à des images qui n'en ont pas. Il trousse toutefois quelques scènes cocasses comme un combat à l'épée entre des hommes entassés dans une cave bas de plafond, une évasion limite surréaliste ou une attaque de diligence bien urbaine, le tout agrémenté d'un étrange et inhabituel parti-pris positif en faveur des nobles et des royalistes dans une période révolutionnaire. On notera aussi la volonté, comme dans la chanson qui a (vaguement) inspiré le scénario, de combiner les éléments principaux du film par trois : le héros va être attiré par trois femmes, il est le troisième fils de la famille Rousselle (en fait des triplés, mais Cadet est le dernier à sortir), va à l'auberge des «trois pichets», est attaqué par trois bandits...

Hunebelle a visiblement des moyens à sa disposition, mais il les exploite assez mal, à l'image d'une bataille sans ampleur malgré la présence de cavalerie, canon, charges et nombreux figurants. A cela s'ajoute un scénario fait de bric et de broc, sans véritable continuité, figé dans une réalisation peu inspirée, limite paresseuse. Quelques dialogues enlevés, écrit par le fils du réalisateur, Jean Halain (qui deviendra un dialoguiste récurrent pour Louis de Funès), rehaussent toutefois le film : « Quel est le nom de cette bataille ? On vous le dira quand on l'aura gagné », « Par les temps qui courent, il vaut mieux aller vite...  ».

Plus rarement diffusé que Le bossu ou Le capitan, ce film a très mal vieilli, comme beaucoup de films d'André Hunebelle...

Étoiles : * * . Note : 10/20.
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Autour du film :

1. Cadet Rousselle, ou plutôt Cadet Roussel a réellement existé, mais n'a qu'un très lointain rapport avec le personnage du film. Guillaume Roussel est né le 30 juillet 1743 à Orgelet (Jura), il est le second (et pas le troisième) fils d'un cavalier de la maréchaussée, ce qui lui vaut rapidement le surnom de « Cadet ». Il s'installe à Auxerre en 1763, et à 20 ans devient domestique et laquais dans plusieurs bonnes maisons bourgeoises, ce qui lui donne le goût du luxe. Il s'achète donc une place de clerc d'huissier et apprend ainsi le droit. En 1780, il se marie avec Jeanne Serpillon, plus vieille de 16 ans, dont la dot lui aurait permis de racheter une charge de premier huissier audiencier. L'âge de la dame a son importance car elle décèdera avant lui en 1803, sans descendance, ce qui le contraignait à l'époque à rendre la dot. Après un très court veuvage de 3 mois, il épousera en seconde noce la nièce de sa première femme, qui n'était autre que l'héritière de la défunte !
Quand la révolution éclate, il a un revenu confortable, et a deux maisons (pas trois comme dans la chanson). Il est relativement apprécié dans sa ville car il est jovial et excentrique mais rien d’exceptionnel chez cet homme qui devait le rendre plus populaire qu'un autre. Sauf que d'huissier de la cour royale, il devient à la Révolution un fervent défenseur de celle-ci. Retournement de veste qui n'a pas échappé à un vieux gentilhomme, Gaspard de Chenu, chevalier, écuyer, seigneur de Souchet et de Prunier, voilà pour son état civil, mais surtout auteur de textes et de chansons qui sont des satires des nouvelles modes et surtout des nouveaux puissants et de ceux qui les ont rejoint. De Chenu reprend un air populaire qui date du XVème siècle, la « Chanson de Jean de Nivelle » par le sieur de Bellone, moquant ce noble qui refusa de combattre aux côté du roi de France Louis XI contre son ami le duc de Bourgogne Charles le Téméraire en 1465, et qui a fuit en Flandres. En gros les paroles disent que l'homme a tout en trois exemplaires, mais qu'aucun des trois n'est bien ni parfait. L'air est connu et les paroles font rire. La chanson va être un véritable succès local, et ce qui se voulait moqueur et ridiculisant l'huissier devient même le chant de marche des volontaires auxerrois partis défendre la révolution sur les champs de bataille. La chanson de Cadet Roussel était née et restera populaire durant des décennies. Elle connaitra des développements nettement plus paillards, avec d'autres noms (Saint Nicolas, L'Pèr'Dupanloup, Napoléon... jusqu'à Bali Balo de nos jours), et parfois de manière inattendue : Victor Hugo l'utilise dans son roman Quatre-vingt-treize, l'air de Cadet Roussel est utilisé par Tchaïkovski dans son ballet Casse-Noisette...
Le vrai Cadet Roussel deviendra un sans-culotte zélé, parfois trop, ce qui lui vaudra quelques semaines de prisons en 1795 (notamment pour arrestations arbitraires), puis, la fièvre révolutionnaire calmée, redeviendra un huissier sans histoires durant le Directoire, le Consulat et l'Empire. Il mourra le 28 janvier 1807 à Auxerre, et fait partie du patrimoine historique de la ville qui lui a érigé une statue sur la place Charles Surugue, il est aussi la mascotte de l'A.J. Auxerre... Son nom servira aussi, jusqu'à la Restauration, de personnage de pièces de théâtres comiques et populaires telles que Cadet Roussel esturgeon, Cadet Roussel dans l'île des Amazones, Cadet Roussel au jardin turc... mettant en scène un personnage niais et ridicule, bien loin du modeste huissier qui n'en demandait pas tant...
Une caricature de Cadet Roussel : Image
2. Le film avait été proposé à Fernandel mais celui-ci refusa le rôle. A noter aussi un court-métrage d'animation canadien de 9 minutes basé sur la chanson, de Charles Dunning, plus connu pour avoir réalisé le Yellow Submarine des Beatles en 1968.

3. Beau succès pour ce Cadet Rousselle puisqu'il totalisera 3 995 795 entrées, ce qui le place 11ème du box-office français de 1954, et confirme l'engouement d'alors des français pour le film de cape et d'épée ainsi que pour Bourvil qui pâtit encore de l'omniprésence de Fernandel dans le registre comique (cette année-là, ce dernier a 3 films dans le top 15 : Le mouton à 5 pattes et L'ennemi public numéro 1 d'Henri Verneuil, Ali Baba et les 40 voleurs de Jacques Becker, totalisant à eux trois 12 millions d'entrées).

4. Cadet Rousselle tombe sous le charme de 3 jolies demoiselles. Les actrices les interprétant ont connu des fortunes diverses.

- Christine Carère (Isabelle, la fille du maire) : née Christiane Pelleterat de Borde, le 27 juillet 1930, fille d'une riche famille de fermiers. Très tôt, elle est attirée par la danse mais doit poursuivre ses études sous la pression familiale. Pourtant, à 21 ans, elle fait ses débuts au cinéma. Son ravissant minois attire rapidement les photographes et elle fait la couverture de plusieurs magazines. On la croise dans Un caprice de Caroline Chérie, mais son premier rôle important est celui d'Isabelle dans Cadet Rousselle. Le succès du film la met sous les feux de la rampe mais on ne lui confie que des rôles d'ingénues (L'affaire des poisons d'Henri Decoin, Don Juan de John Berry, Quelle sacrée soirée de Robert Vernay... ). En 1955, elle rencontre l'acteur Philippe Nicaud sur le tournage de Printemps à Paris de Jean-Claude Roy. C'est le coup de foudre, ainsi que le mariage en 1957. Ayant signé un contrat avec la 20th Century Fox, l'actrice part aux USA en 1958 pour tourner Mardi Gras d'Edmund Goulding, Un certain Sourire de Jean Negulesco et Les déchainés de Raoul Walsh. De retour en France en 1960, elle abandonne la carrière d'actrice et se consacre à son foyer et ses deux enfants. Elle fait un bref retour aux USA vers 1965 pour jouer dans 17 épisodes de la série Blue light, et tenir un rôle dans l'obscur OSS contre Gestapo de Walter Grauman. Et ce sera tout, mise à part sa participation au scénario de La cage aux folles 3 avec Michel Audiard et son mari. Elle décède le 13 décembre 2008 à Fréjus. Son mari Philippe Nicaud n'y survivra pas, sa santé déclinant alors rapidement : il décède à son tour quelques mois plus tard, le 19 avril 2009. Une actrice qui aura peu marqué le paysage cinématographique et qui aura fait l'essentiel de sa carrière dans les années 1950.
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- Dany Robin (la gitane) : Danielle Robin est née le 14 avril 1927 à Clamart. Elle aussi attirée par la danse, elle devient petit rat à l'Opéra de Paris à 11 ans. En 1944, elle débute au cinéma dans l'oublié Lunegarde de Marc Allégret. A la libération, elle enchaine les films : Les portes de la nuit de Marcel Carné, Le silence est d'or de René Clair, Les amoureux sont seuls au monde d'Henri Decoin, Au P'tit Zouave de Gilles Grangier... Au début des années 1950, elle totalise une quinzaine de films, dont 4 avec Georges Marchal qu'elle épouse en 1951, avec qui elle aura 2 enfants. Elle est alors très populaire auprès du public, nettement moins avec la presse avec qui elle ne mâche pas ses mots. On la croise dans Cadet Rousselle, et est Désirée Clary dans le Napoléon de Sacha Guitry. Enchainant les films dans la deuxième moitié des années 1950 et la première des années 1960, elle mettra ensuite un frein à sa carrière. Son dernier rôle sera dans un film d'Alfred Hitchcock, L'étau, en 1968. Cette même année, elle aura divorcé et se sera remariée avec un producteur irlandais, Michael Sullivan, impresario des premiers James Bond. Elle périra dramatiquement avec ce dernier lors de l'incendie de leur appartement parisien, le 25 mai 1995.
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- Madeleine Lebeau (L'espionne) : Marie-Madeleine Lebeau est née le 10 juin 1923 à Antony, et est fille de menuisier et de mère au foyer. Très tôt attirée par le cinéma, elle suit les cours René Simon dès 16 ans. Sa rencontre avec Marcel Dalio, de 24 ans son aîné, interrompra ses études et ils se marieront le 30 octobre 1939. Mais la guerre a été déclarée le mois précédent, et, son mari étant juif, le couple doit s'exiler aux États-Unis après quelques péripéties. Ils ont alors à New-York, puis Hollywood, où ils retrouvent d'autres exilés, notamment Charles Boyer et Michèle Morgan. La jeune femme, débutante (elle n'a joué que dans Jeunes filles en détresse de Georg-Wilhelm Pabst avant d'émigrer) tente de faire carrière, et on la croise dans Par la porte d'or de Mitchell Leisen, Gentleman Jim de Raoul Walsh ou Casablanca de Michael Curtiz. Mais ce ne sont que des apparitions presque muettes. Entretemps, le couple se déchire, et elle divorce de Marcel Dalio en 1943. De retour en France, elle décroche un rôle dans Les chouans d'Henri Calef avec Jean Marais. Elle n'arrivera hélas pas à véritablement percer, et peu de ses films ont laissé quelques souvenirs aux cinéphiles, et pas forcément grâce à elle. Retenons Si Versailles m'était conté, de Sacha Guitry, noyée dans un casting impressionnant, Cadet Rousselle d'André Hunebelle, Napoléon encore de Guitry, Le pays d'où je viens de Marcel Carné, Une parisienne et Le chemin des écoliers de Michel Boisrond, le tout dans les années 1950. Après une éclipse de 4 ans, on la retrouve dans Huit et demi de Fellini (l'actrice française), et l'année d'après dans Angélique marquise des anges, premier film de la saga. Mais sur le plateau du film de Fellini, elle rencontre le scénariste Tullio Pinelli, collaborateur du maitre sur une quinzaine de films. L'actrice mettra alors fin à sa carrière après un ultime rôle dans un western spaghetti, Duel à Rio Bravo, en 1965, pour vivre avec Tullio qu'elle épousera en 1988.
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Bien qu'ayant eu des parcours bien différents, ces 3 actrices ont fait l'essentiel de leur carrière dans les années 1950 et ont en commun de ne pas avoir marqué les esprits malgré un succès (très bref) populaire, et quelques dizaines de titres dans leur filmographie.

5. Les paroles de la chanson :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Cadet Rousselle a trois maisons, (bis)
Qui n’ont ni poutres, ni chevrons, (bis)
C’est pour loger les hirondelles,
Que direz-vous d’Cadet Roussel ?
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Roussel est bon enfant !..

Cadet Rousselle a trois habits, (bis)
Deux jaunes, l’autre en papier gris, (bis)
Il met celui-ci quand il gèle,
Ou quand il pleut, ou quand il grêle...
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Roussel est bon enfant !..

Cadet Rousselle a trois chapeaux, (bis)
Les deux ronds ne sont pas très beaux... (bis)
Et le troisième est à deux cornes,
De sa tête, il a pris la forme...
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Roussel est bon enfant !..

Cadet Rousselle a trois beaux yeux, (bis)
L’un r’garde à Caen, l’autre à Bayeux, (bis)
Comme il n’a pas la vu’ bien nette,
Le troisième, c’est sa lorgnette.
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant !..

Cadet Rousselle a une épée, (bis)
Très longue, mais toute rouillée, (bis)
On dit qu’ell’ ne cherche querelle
Qu’aux moineaux et qu’aux hirondelles.
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant !..

Cadet Rousselle a trois souliers, (bis)
Il en met deux dans ses deux pieds ; (bis)
Le troisième n’a pas de semelle,
Il s’en sert pour chausser sa belle...
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant !..

Cadet Rousselle a trois cheveux, (bis)
Deux pour la face, un pour la queue, (bis)
Et quand il va voir sa maîtresse,
Il les met tous les trois en tresse.
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant !..

Cadet Rousselle a trois garçons, (bis)
L’un est voleur, l’autre est fripon, (bis)
Le troisième est un peu ficelle
II ressemble à Cadet Roussel.
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant !..

Cadet Rousselle a trois gros chiens, (bis)
L’un court au lièvre, l’autre au lapin ; (bis)
Le troisième fuit quand on l’appelle,
Tout comme le chien d’Jean de Nivelle.
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant !..

Cadet Rousselle a trois beaux chats, (bis)
Qui n’attrapent jamais les rats ; (bis)
Le troisième n’a pas de prunelle,
Il monte au grenier sans chandelle.
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant !..

Cadet Rousselle a marié (bis)
Ses trois filles dans trois quartiers ; (bis)
Les deux premières sont moins que belles,
La troisième n’a pas de cervelle.
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant !..

Cadet Rousselle a trois deniers, (bis)
C’est pour payer ses créanciers ; (bis)
Quand il a montré ses ressources,
Il les resserre dans sa bourse.
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant !..

Cadet Rousselle s’est fait acteur, (bis)
Comme Chénier s’est fait auteur, (bis)
Au café quand il joue son rôle,
Les aveugles le trouvent drôle
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant !..

Cadet Rousselle ne mourra pas, (bis)
Car, avant de sauter le pas, (bis)
On dit qu’il apprend l’orthographe
Pour fair’ lui-mêm’ son épitaphe.
Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant !
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Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Re: Le cinéma français des années 50 (1950-59)

Message par riqueuniee »

Quel bel article... (on y apprend même que Cadet Roussel(le) est la mascotte de l'AJ Auxerre !). En ce qui concerne Dany Robin, on ne peut pas dire qu'elle n'ait pas du tout marqué les esprits. Elle fut même très populaire. Seulement, vu qu'elle a d'elle-même arrêté sa carrière assez tôt, on a eu le temps de l'oublier.
En ce qui concerne le film, je ne l'ai pas vu depuis des lustres. C'est le genre de film que j'aimais bien gamine (j'ai vu une grande partie des Hunebelle/Marais à leur sortie). Un sous "fanfan la Tulipe" ? Possible que les auteurs aient eu ce film en ligne de mire...
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Commissaire Juve
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Re: Le cinéma français des années 50 (1950-59)

Message par Commissaire Juve »

Ouah ! quelle présentation... tu te fais des fiches "Monsieur Cinéma" ou quoi ? :o

Madeleine Lebeau : je l'ai découverte dans Et moi j'te dis qu'elle t'a fait d'l'oeil (1950, un des très beaux masters René Chateau), un vaudeville pas possible* où elle en fait des tonnes. On l'entend même dire "Ciel, mon mari !". :?

Dany Robin : elle était bien charmante. Récemment victime d'une édition dvd catastrophique de Les Amants de Minuit (chez LCJ).

L'autre demoiselle a l'air délicieuse.


* mais sûrement mieux écrit -- incontestablement "mieux" écrit -- que ces films à titres à rallonge qu'on produira 30 ans plus tard... genre : Par où t'es entré on t'a pas vu sortir ou Arrête de ramer t'attaques la falaise. :uhuh:
Dernière modification par Commissaire Juve le 29 mai 11, 14:58, modifié 1 fois.
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Re: Le cinéma français des années 50 (1950-59)

Message par pak »

Ah ben ça serait cool, si je pouvais être payé à rédiger des fiches cinéma...

J'aime bien tous ces titres à rallonge (nettement moins les films). Un peu une spécialité d'Audiard réalisateur : Comment réussir... quand on est con et pleurnichard, Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause ! , Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages... J'adore !

Remarque, ces titres ne cachent pas que des nanars. J'ai un bon souvenir de Debout les crabes, la mer monte ! .
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Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Re: Le cinéma français des années 50 (1950-59)

Message par riqueuniee »

les premiers que tu as cités sont quand même au-dessus du lot, dans le genre. Parmi les films cités dans le message de Commissaire Juve, il me semble que c'est Arrête de ramer, t'es sur le sable.
Mon préféré (comme titre...) c'est Mais qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ?
Par contre, Mais qu'est-ce que je viens foutre au milieu de cette révolution ? (Corbucci, 1972), c'est plutôt pas mal...
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Re: Édouard et Caroline (1950)

Message par Supfiction »

pak a écrit :7. Édouard et Caroline de Jacques Becker (1950) :

Avec Daniel Gélin, Anne Vernon, Jacques François, Jean Galland, Betty Stockfeld, Jean Toulout, Jean Marsac... Scénario de Jacques Becker et Annette Wademant – Dialogues d'Annette Wademant – Musique de Jean-Jacques Grünenwald – Genre : comédie – Production française – Date de sortie : 06/04/1951
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Je viens d'entendre Claude-Jean Philippe parler de ce film et l'associer aux comédies de Lubitsch et j'aimerai bien le découvrir. Malheureusement, il ne semble pas disponible encore en dvd..
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Re: Le cinéma français des années 50 (1950-59)

Message par Commissaire Juve »

Il est passé sur le service public il n'y a pas très longtemps... C'était plaisant, mais là, comme ça, j'en garde peu de souvenirs : l'impression que l'action se déroulait presque tout le temps dans l'appartement du couple (un côté théâtre filmé, donc)... et puis Anne Vernon qui en faisait des caisses (personnage hystérique).

Cela dit, je ne suis pas en train de dire que je n'ai pas aimé (incidemment : le film est dans le catalogue StudioCanal).

riqueuniee a écrit :... En ce qui concerne Dany Robin, on ne peut pas dire qu'elle n'ait pas du tout marqué les esprits. Elle fut même très populaire. Seulement, vu qu'elle a d'elle-même arrêté sa carrière assez tôt, on a eu le temps de l'oublier...
Je confirme... Depuis que j'ai un peu creusé la question : elle fut très populaire. Bizarrement, en début de carrière, on l'avait surnommée le "petit loukoum du 16e arrondissement". Ma mère l'a vue au cinéma quand elle était gamine (dans les années 50 donc) et elle en garde un souvenir fort.
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Re: Le cinéma français des années 50 (1950-59)

Message par Commissaire Juve »

Et j'ajoute -- avant que le topic ne re-sombre dans les abysses du forum -- qu'elle était vraiment charmante.
Quand je pense qu'il n'y en a généralement "que" pour les comédiennes américaines ici...

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Re: Le cinéma français des années 50 (1950-59)

Message par Major Dundee »

Commissaire Juve a écrit :Il est passé sur le service public il n'y a pas très longtemps... C'était plaisant, mais là, comme ça, j'en garde peu de souvenirs : l'impression que l'action se déroulait presque tout le temps dans l'appartement du couple (un côté théâtre filmé, donc)... et puis Anne Vernon qui en faisait des caisses (personnage hystérique).

Cela dit, je ne suis pas en train de de dire que je n'ai pas aimé (incidemment : le film est dans le catalogue StudioCanal).

Je l'ai vu plusieurs fois et je le trouve aussi assez plaisant, mais surtout, je guette à chaque fois les apparitions de Jean Galland qui est vraiment excellent.
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


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Message par Commissaire Juve »

Commissaire Juve a écrit :
Donnez-moi ma chance" (Léonide Moguy, 1957).

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Très sympa, ce film... après les filles-mères, les filles tombées au ruisseau, Léonide Moguy nous montre les filles confrontées au miroir aux alouettes. Ici, il est question du cinéma et, si l'on fait abstraction du côté "film pour midinettes" (le côté "bibliothèque rose" des années 50), l'ensemble se laisse vraiment regarder. J'ai bien aimé -- notamment -- le petit couplet de Danik Patisson sur "au cinéma, il ne suffit pas d'être jolie, il faut aussi savoir montrer son derrière !" Pour l'époque, c'était plutôt "direct" (au passage, je me demande si ça n'est pas une allusion au fait que Nadine Tallier a servi de doublure "fesses" pour Martine Carol dans "Caroline Chérie"). A titre perso, j'ai trouvé ça nettement mieux que "Futures vedettes" (Marc Allégret, 1955).

Accessoirement : ça a dû être "le-rôle-de-ma-vie" pour Nadine Tallier (qui, lorsqu'elle se couche, ou lorsqu'elle se lève après une bonne nuit de sommeil, est coiffée et maquillée comme pour aller à une réception à l'ambassade du grand duché du Luxembourg ! toute une époque ! :mrgreen: )

Je reposte pour poser une question aux collègues qui s'aventureront par ici...

Dans ce film, il semble que le réal se soit amusé à évoquer certaines figures du cinéma d'alors... si j'ai pu en identifier deux :

- Coste... pour Pierre Bost
- Maurange... pour Jean Aurenche

Je me demande qui se cache derrière les personnages de :

- Fournier, le grand réalisateur auquel on prête la réputation d'auditionner les jeunes actrices sur son divan (et qui travaille avec Bost et Aurenche)... Est-ce Julien Duvivier ? Gilles Grangier ? (je fais une fixette sur la terminaison en "ier", mais c'est peut-être autre chose) Quelqu'un a une idée ?

- Saint-Vallier, le professeur de théâtre interprété par Noël Roquevert. Est-ce Louis Jouvet ? Louis Seigner ?

Merci d'avance à ceux qui tenteront d'éclairer ma lanterne.
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Supfiction
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Re: Le cinéma français des années 50 (1950-59)

Message par Supfiction »

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Près de 50 ans avant Coup de foudre à Notting Hill et Julia Roberts dans son propre rôle, il y eu L'Amour, Madame... avec Arletty jouant Arletty, immense star de cinéma qui bouleverse la vie d'un jeune garçon timide et emprunté (François Périer)..

Vu aujourd'hui, c'est une très sympathique comédie de Gilles Grangier dont on devine les ressorts rapidement mais qui n'en dégage pas moins tout son charme grâce aux deux acteurs principaux ainsi qu'aux second rôles parfaits des jeunes amoureuses joués par Marie Daëms (parfaite en snob) et Nadine Basile (la gentille fille) dont le visage m'est familier ..

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Federico
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Re: Le cinéma français des années 50 (1950-59)

Message par Federico »

Commissaire Juve a écrit :
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Commissaire Juve a écrit :
Donnez-moi ma chance" (Léonide Moguy, 1957).

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Très sympa, ce film... après les filles-mères, les filles tombées au ruisseau, Léonide Moguy nous montre les filles confrontées au miroir aux alouettes. Ici, il est question du cinéma et, si l'on fait abstraction du côté "film pour midinettes" (le côté "bibliothèque rose" des années 50), l'ensemble se laisse vraiment regarder. J'ai bien aimé -- notamment -- le petit couplet de Danik Patisson sur "au cinéma, il ne suffit pas d'être jolie, il faut aussi savoir montrer son derrière !" Pour l'époque, c'était plutôt "direct" (au passage, je me demande si ça n'est pas une allusion au fait que Nadine Tallier a servi de doublure "fesses" pour Martine Carol dans "Caroline Chérie"). A titre perso, j'ai trouvé ça nettement mieux que "Futures vedettes" (Marc Allégret, 1955).

Accessoirement : ça a dû être "le-rôle-de-ma-vie" pour Nadine Tallier (qui, lorsqu'elle se couche, ou lorsqu'elle se lève après une bonne nuit de sommeil, est coiffée et maquillée comme pour aller à une réception à l'ambassade du grand duché du Luxembourg ! toute une époque ! :mrgreen: )
Je reposte pour poser une question aux collègues qui s'aventureront par ici...

Dans ce film, il semble que le réal se soit amusé à évoquer certaines figures du cinéma d'alors... si j'ai pu en identifier deux :

- Coste... pour Pierre Bost
- Maurange... pour Jean Aurenche

Je me demande qui se cache derrière les personnages de :

- Fournier, le grand réalisateur auquel on prête la réputation d'auditionner les jeunes actrices sur son divan (et qui travaille avec Bost et Aurenche)... Est-ce Julien Duvivier ? Gilles Grangier ? (je fais une fixette sur la terminaison en "ier", mais c'est peut-être autre chose) Quelqu'un a une idée ?

- Saint-Vallier, le professeur de théâtre interprété par Noël Roquevert. Est-ce Louis Jouvet ? Louis Seigner ?

Merci d'avance à ceux qui tenteront d'éclairer ma lanterne.
Des réalisateurs qui auditionnent sur canapé, il a du y en avoir plus d'un... :roll:
J'avais entendu dire qu'André Hunebelle était un vieux coquin amateur de chairs fraîches mais comme tu as parlé de "grand réalisateur"... :mrgreen:
Peut-être Claude Autant-Lara ?...
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Re: Le cinéma français des années 50 (1950-59)

Message par Commissaire Juve »

Précision : dans le film, le réal a une "réputation"... mais ce n'est qu'une réputation. :mrgreen:

Merci d'avoir tenté une réponse.

Supfiction a écrit : ... il y eu L'Amour, Madame... avec Arletty jouant Arletty, immense star de cinéma qui bouleverse la vie d'un jeune garçon timide et emprunté (François Périer)...
Où as-tu vu ce film ?
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Re: Le cinéma français des années 50 (1950-59)

Message par Federico »

Commissaire Juve a écrit :Précision : dans le film, le réal a une "réputation"... mais ce n'est qu'une réputation. :mrgreen:
C'est-à-dire ?...
Je n'ai jamais vu Donnez-moi ma chance (et le regrette, car il y a Michèle Mercier).
Tiens, je découvre à l'instant qu'y apparait la fille de Jouvet (Lisa), donc le professeur de théâtre est peut-être inspiré par son papa... :?:
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