Détournement de mineures (Walter Kapps, 1959)... qui est sorti il y a peu chez René Chateau...
Vous connaissez sans doute cette phrase "audiardesque" dite par Lino Ventura :
Dans deux ans, la quille. Je fonce chez le Rouquemoute et je l'emplâtre. Je lui mets la tête en bas, je lui fais vomir ses friandises et j'envoie sa nana se faire bronzer à Dakar.
Ajoutons cette citation savoureuse de Madame Mado dans "Les Tontons flingueurs" (1963) :
Ces dames s'exportent. Le mirage africain nous fait un tort terrible. Et si ça continue, elles iront à Tombouctou à la nage !
Les histoires de traite des blanches et de filles innocentes tombées au ruisseau ont connu leur heure de gloire dans le cinéma français des années 50. Dans ma collec, j'ai :
- Les impures (Pierre Chevalier, 1954)
- Cargaison blanche (Georges Lacombe, 1958)
- Des femmes disparaissent (Edouard Molinaro, 1959)
- Les compagnes de la nuit (Ralph Habib, 1953)
- Le long des trottoirs (Léonid Moguy, 1956)
... et ce "Détournement de mineures".
En résumé : une jeunette de 17 ans rêve de faire de la danse. Elle tombe entre les mains d'un rabatteur qui la conduit chez un photographe. Le photographe l'envoie chez un professeur de danse. Le professeur de danse la présente à un impresario louche et...
Ayant vu le médiocre "
Paris clandestin" (Walter Kapps, 1957), je craignais d'avoir affaire à un truc vulgaire, plutôt mal joué, du genre "
La p... sentimentale" (Jean Gourguet, 1958), mais je dois reconnaître que le film a une certaine tenue -- grâce à Louis Seigner, Michel Roux, Nathalie Nattier et Josette Demay -- et qu'il se laisse regarder. C'est un film entre deux eaux. On oscille entre les films plutôt propres sur eux de Léonid Moguy et les polars plus sordides du genre "
Les compagnes de la nuit" ou "
Des femmes disparaissent".
Si vous préférez : on est à mi-chemin entre la bibliothèque rose et la série noire. Bref : c'est un film "bibliothèque verte" (avec une fin qui prête à sourire, mais qui est justement dans le ton "bibliothèque verte").
Il n'y a pas grand-chose à ajouter. La jeune Hélène Chancel -- qui a pratiquement l'âge du rôle -- fait ce qu'elle peut. Madeleine Barbulée et Robert Burnier sont très bien dans le rôle des parents (même si, dans le rôle du père, j'aurais bien vu un Noël Roquevert). Frank Villard est en pilotage automatique. Dans le rôle de la maquerelle de Tanger, on retrouve Maria Vincent (la fameuse "Putain sentimentale" de Jean Gourguet). Enfin, étonnamment, j'ai trouvé que Gib Grossac (le hareng à moustaches de Tanger) avait parfois des intonations de Paul Frankeur. Paul Frankeur qui aurait très bien fait l'affaire dans ce film.
EDIT : au passage, je viens de penser qu'il y a une certaine parenté entre ce film est
Donnez-moi ma chance (Léonid Moguy, 1957...
mon test). De fait, dans le Moguy, on voit une jeune femme prête à tout pour être comédienne. Il y a les parents pas contents, le photographe qui fait des photos osées, les prédateurs sexuels qui rôdent... Mais, comme on est dans la bibliothèque rose, ça ne dégénère pas.