Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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pak
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Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par pak »

Dans le prolongement du sujet sur le cinéma français des années 30, voici les années 1940.

Après la belle décennie de 1930, les années noires...

En juin 1940, la France est occupée par l'armée allemande et le pays est coupé en deux. La plupart des tournages sont interrompus et certains films ne verront jamais le jour (comme Air pur de René Clair ou Le corsaire de Marc Allegret). La guerre fait des ravages partout et le cinéma n'est pas épargné. De grands noms s'exilèrent (René Clair, Julien Duvivier, Max Ophuls, Jean Renoir, Charles Boyer, Jean Gabin, Michèle Morgan, Louis Jouvet... ) ce qui appauvrit le métier, et ceux qui restèrent furent soumis aux persécutions qui interdisaient aux techniciens et artistes juifs de travailler et aux privations de tout ordre.
Coincé entre la main de fer de l'occupant et le paternalisme intolérant du gouvernement de Vichy, le cinéma français devient moribond. Souvent tus, les films produits durant cette période trouble ont toutefois quelques pépites : Les inconnus dans la maison, Remorques, L'assassin habite au 21, La main du diable, Les visiteurs du soir et quelques autres dont bien-sûr Les enfants du paradis au tournage chaotique.

La libération en 1944 n'arrangera pas les choses de suite. Car après les exilés, voici les épurés. Pour avoir continué à travailler durant la guerre en France, des auteurs voient leurs films interdits (Le corbeau ou Les inconnus dans la maison), et des gens aussi célèbres que Sacha Guitry, Pierre Fresnay, Robert Le Vigan, Albert Préjean, Ginette Leclerc, Arletty furent emprisonnés par leurs libérateurs. Il faudra quelques années pour que les cicatrices se ferment et que les ressentiments se tempèrent.

Autre événement qui aura de lourdes répercutions : en 1946, les accords Léon Blum / James Byrnes (secrétaire d'état du président Truman qui influencera la politique extérieure américaine au lendemain de la guerre) concernant un prêt à la France ruinée de 650 millions de dollars. Ayant d'autres préoccupations que le cinéma, les français ne refusèrent pas la close imposant désormais un quota de films étrangers : en gros, sur 13 semaines d'un trimestre, 4 sont réservées au cinéma français, les 9 autres au cinéma étranger, alors américain principalement. Les professionnels réagiront et l'accord sera modifié par la suite, avec aussi une création en 1948 d'une taxe sur tous les films sortant pour soutenir le cinéma français, ce qui sauvera celui-ci.

Mais Hollywood a désormais les portes de nos écrans grandes ouvertes, elles ne refermeront plus...

Aussi, parlons ici des films de cette période qui ont souvent eu du mal à trouver le chemin des salles, ou tout simplement des mémoires... C'est ce je m'appliquerai à faire ici, avec une subjectivité que j'espère vous me pardonnerez (formule consacrée)...


J'aime énormément : * * * * (17 à 20/20)
J'aime beaucoup : * * * (14 à 16/20)
J'aime bien : * * (10 à 13/20)
J'aime moyen : * (6 à 9/20)
J'aime pas, mais alors pas du tout : 0 (0 à 5/20)

Films abordés :

1940 :
Miquette de Jean BOYER (page 1, par Music Man)
Volpone de Maurice Tourneur

1941 :
Dernier des six (Le) de Georges LACOMBES (page 2, par Music Man)
Madame Sans-Gêne de Roger Richebé (page 2, par Ann Harding)
Montmartre sur Seine de Georges LACOMBES (page 2, par Music Man)

1942 :
Voile bleu (Le) de Jean Stelli

1943 :
Ciel est à vous (Le) de Jean Grémillon
Je suis avec toi d'Henri DECOIN (page 1, par Music Man)
Malibran (La) de Sacha Guitry

1944 :
Petites du Quai aux Fleurs (Les) de Marc Allégret (page 2, par Ann Harding)

1945 :
Madame et son flirt de Jean de MARGUENAT (page 2, par Music Man)

1948 :
Belle meunière (La) de Marcel Pagnol
Une femme par jour de JEAN BOYER (page 2, par Music Man)

1949 :
Menace de mort de Raymond LEBOURSIER (page 2, par Music Man)
Occupe-toi d'Amélie... ! de Claude Autan-Lara
Dernière modification par pak le 24 avr. 11, 22:59, modifié 7 fois.
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Occupe-toi d'Amélie... ! (1949)

Message par pak »

1. Occupe-toi d'Amélie... ! de Claude Autan-Lara (1949)

Avec Danielle Darrieux, Jean Desailly, Julien Carette, André Bervil, Grégoire Aslan, Victor Guyau, Roland Armontel, Louise Conte... Scénario, adaptation et dialogues de Jean Aurenche et Pierre Bost d'après la pièce de Georges Feydeau (Occupe-toi d'Amélie... ! , 1908) – Musique de René Cloërec – Genre : comédie – Production française – Date de sortie : 16/12/1949
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Mon avis :

Une cocotte (expression pour une femme entretenue dans les années de la Belle Époque) organise un faux mariage avec un ami pour qu'il touche son héritage, tandis que le père de celle-ci tente de la pousser dans les bras d'un prince d'opérette. C'est alors que le régulier de la demoiselle, un militaire, rentre de manœuvres...

Les premières images du générique de début sont un travelling suivant un homme qui court : le ton est ainsi donné sur ce qui sera une comédie endiablée et mouvementée. Adaptation d'une pièce de Feydeau, le scénario est donc un vaudeville où les portes (d'ascenseur, de couloir, de chambre, de salon... ) s'ouvrent et se ferment sur des personnages qui relancent sans cesse l'intrigue, avec de continuels rebondissements.

Quand on parle de vaudeville au cinéma, on pense souvent à de la grosse farce un peu trop légère (ou trop lourde ! ) et bruyante. S'il y a un peu de cela dans le film d'Autan-Lara, on est tout de suite surpris par la vitalité et l'énergie de sa mise en scène, et happé par une histoire qui mitraille à bout portant bien avant Chabrol les travers d'une bourgeoisie cachant derrière une façade proprette des comportements pas très moraux au point de voir les spectateurs de la pièce de théâtre se révolter avec la volonté de tout réécrire.

Car le génie des auteurs, à la caméra et à la plume, c'est non de rester fidèle aux mots de Feydeau, mais plutôt à l'esprit, tout en chamboulant l'intrigue et brouillant la frontière entre la réalité et la fiction. En ce sens, on pense à Luis Buñuel et Le charme discret de la bourgeoisie (1972) et à Woody Allen et La rose pourpre du Caire (1985).

Le montage alterne les scènes de théâtre avec des vues sur le public, les changements de décor et les coulisses et même des publicités des années 1920 sous forme de diaporama. Loin du théâtre filmé, genre un peu figé à la mode au début du cinéma parlant, revisitant l'œuvre de Feydeau, on assiste à un défilé de personnages déchainés, pas toujours très reluisants, comme le père de la cocotte, campé par un Julien Carette très en forme, limite maquereau prêt à jeter sa fille dans les bras d'un nobliau dès lors qu'un peu d'argent est à gagner, elle-même (Danielle Darrieux, craquante et manipulatrice, qui vit sa carrière relancée grâce au succès du film) faisant peu de cas du regard des autres sur sa vertu légère.

Les dialogues ajoutent à l'esprit déluré de l'ensemble, régulièrement avec un double sens appuyé à l'image du titre du film (« - Oh, je veux juste la biser. / - La biser ? / - La complimenter ! » ).

Hommage au théâtre de boulevard, satire sociale, délire assumé et bordel organisé, le film culmine avec son vrai/faux (on ne sait plus) mariage complètement fou qui rappelle le meilleur des Marx Brothers ni plus ni moins.

Le texte de Feydeau ayant été tellement bousculé, ses héritiers ont fait en sorte de bloquer les ressorties du film, d'où sa rareté, et il mérite d'être vu et reconnu à sa juste valeur, c'est-à-dire un des meilleurs du trio Autan-Lara/Bost/Aurenche.

Étoiles : * * * . Note : 15/20.
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Autour du film :

1. Avant ce film, il y eut trois adaptations de la pièce de Georges Feydeau : celle d'Émile Chautard en 1912 (sortie salle le 27/12), de l'italien Telemaco Ruggeri en 1925 (Occupati d'Amelia), muettes donc toutes les deux, et celle du duo Marguerite Viel et Richard Weisber sortie le 02/12/1932. En 1981, une autre version italienne fut réalisée par Flavio Mogherini (Per favore, occupati di Amelia). La version d'Autan-Lara ayant déplu aux héritiers de l'auteur qui bloquèrent sa diffusion pendant une trentaine d'année, le film tomba dans les oubliettes de la mémoire, jusqu'à sa ressortie en salle en 2009.
Version de Marguerite Viel et Richard Weisber : Image

Version de Flavio Mogherini : Image

2. Le film fut présenté au festival de Cannes de 1949. Il en repartit avec le prix des meilleurs décors, dus à Max Douy (né le 20 juin 1913 à Issy-les-Moulineaux et mort le 2 juillet 2007 à Nogent-sur-Marne). Ce dernier fut un des collaborateurs fidèles à Autant-Lara puisque les deux hommes travailleront ensemble sur 8 films du cinéaste. C'était aussi un habitué de Clouzot et Le Chanois, et il obtint un César en 1981 pour les décors de Malevil de Christian de Chalonge.
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3. Occupe-toi d'Amélie fut un beau succès puisqu'il fit 2 130 300 entrées. Il relancera la carrière de Danielle Darrieux qui faisait du sur-place depuis son absence de 3 années pendant la guerre à partir de 1942. Ayant apprécié de travailler avec le cinéaste pourtant pas facile, elle fera trois autres films avec lui : Le bon dieu sans confession (1953), Le rouge et le noir (1954) et Vive Henri IV, vive l'amour (1961).

4. On peut apercevoir le trublion anar réalisateur Jean-Pierre Mocky, qui n'était alors qu'un acteur jeunot car ayant tout juste 20 ans, dans un de ses premiers rôles, presque figuratif.


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Dernière modification par pak le 9 avr. 11, 13:18, modifié 3 fois.
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Jeremy Fox
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par Jeremy Fox »

On ne dira jamais assez que ce forum est une véritable encyclopédie. J'aurais pu le dire dans de multiples autres topics de n'importe quelle section mais ça tombe sur celui-ci. Ca s'annonce encore passionnant.

Autant-Lara, Aurenche, Bost, Darrieux, Desailly, Feydeau... Quelle affiche !
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Commissaire Juve
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par Commissaire Juve »

Le joli portrait de mariée me conforte dans l'idée que le choix de photo pour la jaquette de la récente édition M6 -- reprenant la couv de "Film complet" -- était pour le moins "bof"... Sinon, la 2e affiche, en partant du haut, n'est pas mal du tout.

J'ai visionné le DVD il y a quelques jours. Effectivement, sur le plan formel, le film est bien foutraque.




pak a écrit :... quelques pépites : ... Les visiteurs du soir et quelques autres dont bien-sûr Les enfants du paradis au tournage chaotique.
Les visiteurs... mm, ça se discute. Formellement rigolo, mais c'est aussi un film très :

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:mrgreen: Oh oui ! Par ailleurs, certains passages n'évitent pas le comique involontaire (Cuny enchaîné et gémiiiiissaaaant ! ouarf !). Enfin, je me suis souvent pris à penser : "C'est marrant, Jules Berry fait du Pierre Brasseur, mais en moins bien !" Alors que Pierre Brasseur est quand même plus jeune que le père Jules.

Des gens se sont gaussés des Portes de la nuit en parlant de Portes de l'ennui... Heu, perso, c'est plutôt en pensant aux Visiteurs du soir que je ferais ce vilain jeu de mot. :?

Sinon, je l'ai souvent écrit : l'enthousiasme que déclenche Les enfants du Paradis m'a toujours dépassé. Film que je me suis forcé à voir plusieurs fois et qui a toujours glissé sur mes yeux comme de l'eau sur un imperméable.
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Cathy
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par Cathy »

Peut-être es-tu tout bonnement allergique à Marcel Carné, personnellement j'adore les Visiteurs du Soir et justement Jules Berry en diable aimant le feu. Evidemment Alain Cuny joue faux, mais il y a une espèce de charme qui se dégage de l'histoire de Gilles et Dominique ! Sinon les Enfants du Paradis est un pur chef d'oeuvre, mais il m'a fallu plusieurs visions pour en apprécier toute la beauté !
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Commissaire Juve
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par Commissaire Juve »

Cathy a écrit :Peut-être es-tu tout bonnement allergique à Marcel Carné...
Je ne pense pas. En dehors de ces deux films, le reste me va très bien (je parle de tous les trucs connus... et j'ajoute Terrain vague).

Bon, cela dit, je ne fais pas une poussée d'herpès à chaque fois que je les vois. Je suis juste "perplexe".
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par pak »

Bah, moi je suis assez bon public, et j'ai un gros problème, car quand j'aime un film à sa première vision, j'ai du mal à réviser mon opinion ensuite. Il y a un charme nostalgique ou un truc du genre qui me fait garder une tendresse particulière pour le film concerné. J'avoue ne pas avoir revu Les visiteurs du soir et Les enfants du paradis depuis plus de 15 ans... Mais ils restent des souvenirs forts.

Bon, en même temps, cette nostalgie est très dangereuse et à double tranchant avec le recul. Par exemple, j'avais bien aimé Cobra avec Stallone à sa sortie, et je ne loupais aucun Chuck Norris quand j'étais ado... Ben ouais, ça fait mal...
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par jacques 2 »

"Les visiteurs du soir" - revu récemment en dvd - pourrait prétendre au titre de chef d'oeuvre - notamment grâce à Arletty - mais, comme le Commissaire, je trouve que Alain Cuny y est particulièrement insupportable et carrément ridicule : la manière dont il annone ses "Aaanne, Aaanne ..." me laisse partagé entre rire - nerveux, le rire - et consternation devant tant de fausseté et d'affectation dans le jeu ...
Dès lors, le film est irrémédiablement plombé et c'est grand dommage ... :cry:

Par contre, "les enfants du paradis" également revu récemment : pas une fausse note (et pas de Cuny), un vrai classique celui là ... :wink:
Dernière modification par jacques 2 le 12 oct. 10, 08:56, modifié 1 fois.
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par pak »

Jeremy Fox a écrit :On ne dira jamais assez que ce forum est une véritable encyclopédie. J'aurais pu le dire dans de multiples autres topics de n'importe quelle section mais ça tombe sur celui-ci. Ca s'annonce encore passionnant.

Autant-Lara, Aurenche, Bost, Darrieux, Desailly, Feydeau... Quelle affiche !
Houlà... :oops:

Faut dire aussi que beaucoup de réactions sur ce site placent la barre très haute. Alors j'essaye tant bien que mal de m'aligner. En tous cas c'est très motivant de lire la passion qui habite ce forum, ainsi que l'accueil qu'on reçoit.
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par Major Dundee »

Commissaire Juve a écrit : Des gens se sont gaussés des Portes de la nuit en parlant de Portes de l'ennui... Heu, perso, c'est plutôt en pensant aux Visiteurs du soir que je ferais ce vilain jeu de mot. :?

Sinon, je l'ai souvent écrit : l'enthousiasme que déclenche Les enfants du Paradis m'a toujours dépassé. Film que je me suis forcé à voir plusieurs fois et qui a toujours glissé sur mes yeux comme de l'eau sur un imperméable.
D'accord avec toi commissaire pour "Les visiteurs du soir" que je touve assez ennuyeux. Par contre, sans crier au chef d'oeuvre, j'aime bien "Les enfants du paradis" particulièrement Marcel Herrand et Brasseur.
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par Federico »

Je comprends qu'on puisse ne pas accrocher au style hors-du-temps de Carné et Prévert à cause de leur aspect qui peut paraître très daté. Mais ça ne m'empêchera jamais de les revoir avec le même œil de gamin émerveillé... alors que, paradoxalement, j'accroche de moins en moins à l'univers tout aussi poétique et carton-pâte de Jacques Demy.
Je suis d'accord avec les remarques sur le jeu emphatique et pénible d'Alain Cuny dans Les visiteurs du soir. Je crois que je n'ai jamais supporté cet acteur que dans 8 1/2, Les amants de Louis Malle et dans Détective de Godard.
En même temps, je l'oublie vite tellement Arletty bouffe l'écran (je comprends Marlon Brando qui était tombé tellement amoureux d'elle après l'avoir vue dans ce film que la première chose qu'il fit en débarquant bien plus tard à Paris fut d'aller la voir). Et puis il y a Herrand et surtout l'incroyable Jules Berry... qui ne faisait pas du Brasseur mais bien du 100% Berry. A la limite, il surjouait à peine tant il était paraît-il le même personnage à la ville qu'à l'écran.
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Major Dundee
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par Major Dundee »

Federico a écrit :j'accroche de moins en moins à l'univers tout aussi poétique et carton-pâte de Jacques Demy.
Jamais accroché non plus et ce, depuis ses débuts :oops:
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par Jean Michel »

Vraiment sympa comme topic...moi les années 40 c'est

1. Le corbeau (1943) réalisé par Henri-Georges Clouzot ma critique
2. La fille du puisatier de Marcel Pagnol
3. Les inconnus dans la maison Henri Decoin Raimu; Juliette Faber Mouloudji
4. Le père tranquille René Clément Noël-Noël; Nadine Alari; Claire Olivier; Paul Frankeur; José Arthur ma critique
5. Le silence de la mer Jean Pierre Melville Howard Vernon; Nicole Stéphane; Jean Marie Robain
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par Music Man »

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JE SUIS AVEC TOI de Henri DECOIN –1943- France
Avec Yvonne PRINTEMPS, Pierre FRESNAY, Bernard BLIER, Paulette DUBOST

Voyageant vers les Etats Unis, une femme s’inquiète concernant la fidélité de son mari . Elle revient précipitamment à Paris. Ce dernier la prend pour un sosie, la séduit et passe la nuit avec…

Henri Decoin est vraiment un cinéaste très inégal. On se souvient notamment de délicieuses comédies avec son épouse Danielle Darrieux. Cette « fantaisie musicale », comme l’annonce faussement le générique (2 chansons pas plus) est vraiment ratée. Les dialogues censés être drôles sont pénibles, et Miss Printemps pourtant si plaisante dans les trois valses, n’arrange pas les choses en surjouant comme dans une mauvaise comédie de boulevard. Le thème du film souvent traité avec brio à Hollywood est ici exploité de façon grotesque. Les seconds rôles sont très mauvais. Le film n’a pas du coûter cher car on y utilise les transparences à gogo (scènes de foire, départ du bateau) . Le seul bon moment est la jolie séquence où le couple Fresnay/Printemps revient ivre de la soirée, et où elle lui emprunte son chapeau claque pour chanter le délicieux « mon rêve s’achève » composé par Sylviano.
Music Man
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par Music Man »

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MIQUETTE de Jean BOYER – France – 1940
Avec Lilian HARVEY, Lucien BAROUX, André LEFAUR

Miquette Grandier aide sa mère à exploiter un bureau de tabac dans une petite ville de province, tout en rêvant de théâtre. Trois hommes ont leur regard sur elle : le marquis de la Tour Mirande, vieux beau sur le retour, son jeune neveu, Urbain de la Tour Mirande, amoureux transi, et Montchablon, « grand premier rôle en tous genres », vieux comédien en tournée.

Adaptation très théâtrale d’une pièce de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet (Miquette et sa mère) qui fera l’objet d’une autre version bien plus connue par HG Clouzot en 1949 , ce film plutôt sympa est sauvé par l’interprétation géniale de quelques seconds rôles comiques qui faisaient tout le sel et le prestige du cinéma français d’hier.
Lucien Baroux est très à son aise et Marguerite Pierry absolument épatante et follement drôle dans son rôle de maman qui tente de veiller sur la pureté de sa chère Miquette.
En revanche, Lilian Harvey, la star du début du parlant est particulièrement mal utilisée ici : son fort accent anglais ne colle pas du tout avec la pièce, et elle n’a plus du tout l’âge du rôle. Lasse et vieillissante (elle n’avait pourtant que 34 ans dans le film), je l’ai trouvé un peu perdue ici. Quant à ses quelques malheureux pas de danse, sur des rythmes zazou , ils tiennent plus de l’amateurisme que des performances des grandes stars d’Hollywood (néanmoins, c’était peut être intentionnel).
Sorti en mai 1940, quelques jours avant la débâcle, le film quittera les écrans quasi instantanément, les français en pleine exode, ayant d’autres priorités et on le comprend. Comme la pauvre Lilian avait auto financé le film, la star d’autrefois y perdra une grande partie de sa fortune. Elle parviendra tout de même à se sauver pour les Etats Unis (l’actrice figurait sur la liste noire des nazis , notamment pour s’être rangée du coté des français pendant la drôle de guerre)mais sa carrière au cinéma s'arretera là.
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