Notez les films naphtas : Septembre 2010

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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johell
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Notez les films naphtas : Septembre 2010

Message par johell »

Captain Blood a écrit :Je suis partant pour un petit topo sur la qualité technique voire artistique des deux "Artus" quand tu en auras la possibilité s'il-te-plait ! ;)
En voici déjà un !

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LA FIANCEE DE LA JUNGLE (The Bride And The Beast) de Adrian Weiss (1958)

Dan, un chasseur de fauves, se marie avec Laura. Celle-ci semble troublée à la vision de Spanky, un gorille en captivité. Une séance d’hypnose révèle qu’elle aurait été gorille dans une vie antérieure. Lors d’un safari en Afrique, la jeune femme éprouve une étrange attirance envers les primates…

Cette histoire très bizarre ne pouvait émerger que de l’esprit bien dérangé du fameux Ed Wood. Si ce scénario dégage un léger parfum de zoophilie, LA FIANCEE DE LA JUNGLE reste une série Z d’une naïveté presque poétique. N’espérez pas y voir de la débauche entre de fantastiques créatures à poil(s) - notamment la mignonette Charlotte Austin -, le film restant bien entendu très chaste avec ses images. Le résultat est tout de même assez fascinant à voir. L’interaction entre le gorille et la jeune mariée, sorte de variation sexuelle de LA BELLE ET LA BÊTE, dégage une réelle tension érotique qui aboutit à quelques séquences très réussies comme celle de la nuit de noce. Durant ce moment très important pour le couple vedette, le gorille qui vient de tordre sans problèmes les barreaux de sa cage, s’introduit discrètement dans la chambre nuptial pour dévêtir sa belle, lui enlevant d’un seul coup sa nuisette blanche. Le mari, mâle bafoué, ne tardera pas à se munir d’un revolver pour liquider l’amant…

Alors que le long-métrage ne pourrait être qu’une énième histoire d’amour à la KING KONG, le scénariste y introduit un élément perturbateur : celui de la vie antérieure de son héroïne. En nous expliquant que la femme s’imagine être un gorille femelle, le long-métrage se transforme en une bande déviante assez bizarre. Il faut voir ces images en « négatif » où la gorille blanche se balade à travers la jungle. Incroyable.

C’est à ce moment-là que LA FIANCEE DE LA JUNGLE, au sommet de sa fascinante perversion, se transforme malheureusement en aventure largement plus traditionnelle. Le couple s’envole pour l’Afrique afin d’y effectuer un safari comme voyage de noces. Fini les gorilles et bonjour à une quantité astronomique de « stock-shots » animaliers. Le réalisateur comble ainsi son vide scénaristique de presque 45 minutes par des parties de chasses avec les indigènes (des figurants blancs barbouillés de cirage!) pour attraper et tuer deux tigres des Inde (!) échappés d’un cargo... S’ensuit ainsi un bien long jeu du chat et de la souris entre les hommes et les animaux de la jungle. Des passages obligés où le réalisateur réussi tant bien que mal à intercaler des images tirées de divers documentaires qui rendent plus ou moins efficaces ses scènes d’attaques. On est même parfois assez surpris du résultat, comme ces images où un tigre se jette sur une servante pour la dévorer où d‘en jeter une autre dans un précipice. La violence graphique est même parfois assez spectaculaire pour ce genre de films généralement plutôt chiches en frissons. De même qu’il en ressort quelques séquences assez mémorables, comme ce tigre se baignant dans une rivière avant de méchamment s’attaquer à une horde de crocodiles qui passaient par là.

Après toutes ses aventures pas aussi palpitantes qu’elles ont en l’air, LA FIANCEE DE LA JUNGLE est de retour avec l’arrivée d’un gorille qui vient enfin kidnapper la femme pour l‘emmener parmi les siens. Et rien ne pourra séparer ce couple improbable, même pas son homme armé d‘un fusil et bien décidé à ne pas se laisser faire... Le fantasme du gorille est plus fort que tout, l’héroïne retournera ainsi à ses racines antécédentes pour le début d’une « love story » inhabituelle. Weiss et Wood restant assez évasif sur les tenants et aboutissants de cette relation, c’est au spectateur de se faire sa propre interprétation. Il y a matière à alimenter des théories sur la libération de la femme au sein d’un couple où l’homme macho y règne en roi. Et à son scénariste d‘y glisser un petit clin d‘œil à son fameux GLEN OR GLENDA avec son héroïne au pull agora qui semble tellement exciter notre primate, rappelant ainsi un des travestis les plus célèbres du cinéma.

Le film d’Adrian Weiss offre donc une étrange variation des relations entre une femme et un animal, rappelant LA BÊTE de Walerian Borowicz (1975) à mes souvenirs, bien que ce dernier soit d’une toute autre facture visuelle. LA FIANCEE DE LA JUNGLE plaira probablement aux fans d’aventures médiocrement délirantes tournées en studios, avec ses décors de « forêt tropicale en toc » et l’inusable interprète invisible, caché dans un magnifique costume de singe. Avec tout le charme désuet des productions bon marché du cinéma d’exploitation de l’époque, voilà une bobine assez sympathique et un brin ennuyeuse mais qui comblera très certainement d’aise les passionnés d’amours contre-nature.


Pour ce qui est de la qualité du dvd Artus :
Copie assez abîmée et floue. Mais cela en rajoute dans le charme désuet du long-métrage. Avec une image toute propre cela ne sera sans doute pas pareil.

Des bonus extras, avec notamment un entretien de près de 45 minutes avec Christophe Bier sur les hommes habillés dans des costumes de gorilles, une galerie de photographies (en couleurs) du film ainsi qu'une intégrale des bandes annonces des films sortis chez cet éditeur! :D

Pour quelques images du film, à voir directement sur mon blog cinéma. :wink:
Dernière modification par johell le 13 sept. 10, 17:31, modifié 4 fois.
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cinephage
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Re: Notez les films naphtas : Septembre 2010

Message par cinephage »

The Racket (John Cromwell, 1951)

Petit film de gangster de facture classique, qui oppose un commissaire inflexible (Robert Mitchum) à un caïd nerveux et tyrannique (Robert Ryan). Crime, trouver le témoin, protéger le témoin... Tout ça sent le déja vu à plein nez, même si l'exécution d'ensemble n'est pas mauvaise. On regrette surtout la platitude des dialogues (le face à face Mitchum/Ryan aurait pu être une séquence d'anthologie). Mais on ne s'ennuie pas vraiment.
Ce qui est dommage, c'est que le film fait souvent allusion à une corruption globalisée, à une organisation mafieuse, tenue par un invisible patron ("le vieux"), aux méthodes nouvelles : on achète les silences, on ne tue pas les témoins, mais on leur donne de bonnes raisons de se taire... Une institution puissante, s'étendant à plusieurs villes, contrôlant certains juges ou politiques, bref, ça avait l'air ambitieux et intéressant. Dommage, dans ce cadre, que l'intrigue s'en tienne à son anecdote de quartier.
Mais bon, on ne boudera pas son plaisir, ici Robert Ryan est formidable, l'intrigue est bien menée, c'est toujours ça de pris.
6,5/10
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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

Take a girl like you de Jonathan Miller (1969)

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Jenny Bunn (Hayley Mills) est une ravissante jeune femme ayant fraichement quitté son nord de l'Angleterre natal pour poursuivre sa carrière d'institutrice. Rapidement courtisée par les mâle les plus attirants du coin, elle jette son dévolu sur le séducteur Patrick Wilson (Oliver Reed). Seulement Jenny a un secret, elle est toujours vierge.

Un bel instantané de l'Angleterre à l'heure de la libération sexuelle et des différents comportement qu'elle engendre. Les hommes, décrit comme de véritables prédateurs voient leur terrain de jeu élargi et les risques annexes éliminé avec la pilule. Les femmes au fonctionnement similaire enchaînent les conquête d'un soir sans états d'âmes avec une entreprise que la morale n'entravent plus, mais pour d'autres comme l'héroïne ce sexe étalé au grand jour est source de mystère et de frayeur. Le scénario (adapté d'un roman de Kingsley Amis) se garde bien de donner un jugement hatif à chacun de ses comportements et montre les avantages et travers de chaque facette. Le plaisir immédiat de l'instant mais également une certaine vacuité quand les sentiments s'en mêle du côté du dragueur Oliver Reed. Pour Hayley Mills c'est une sacralisation de l'acte qui confine à la peur et au manque de prise de risque, sa sensualité et son attrait pour la chair n'étant jamais démenti les barrière étant uniquement psychologique. D'un autre côté la romance entre Jenny et Patrick naît de ce refus initial, le dîner au chandelle cliché et les boniment de Reed n'ayant pas marché. Le coureur se voit donc pour la première obligé de faire connaissance, fréquenter et finalement tomber amoureux au point de rester indifférent aux filles facile habituelle. Jonathan Miller réalise là un film charmant, l'ambiance 60's dégage un charme certain à travers la bande son (dont un fabuleux titre de The Foundations qui donne son titre au film et qu'on entend lors des première et dernières scènes) et aux ravissante tenues d'Hayley Mills et du reste du casting féminin. D'ailleurs le pas qu'a à franchir son personnage est à mettre en parallèle à celui qu'Hayley Mills faisait dans la réalité en sortant des rôles de starlette Disney (qui lui refusa d'interpréter la "Lolita" de Kubrick pour raison morale) qui l'on fait connaître pour un vrai rôle de jeune femme. Oliver Reed est formidable en séducteur rustre dépassé et l'alchimie avec Hayley Mills (ravissante de candeur de bout en bout) offre de très beaux moments dans un film qui oscille constamment entre cynisme et sentimental. C'est d'ailleurs dans cet entre deux que nous laisse la conclusion anti romantique au possible et pas loin d'inverser les rôles, étonnant et osé même si une chance semble laissé aux deux tourtereaux malgré tout. 5/6
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hellrick
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Message par hellrick »

INGLORIOUS BASTARDS

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Une série B très honnête, mouvementée, bien rythmée, assez violente, ponctuée de quelques notes d'humour et de séquences spectaculaires...L'action est rondement menée et quasi frénétique avec une bande sonore très entrainante...Agréable mais ce n'est ni Robert Aldrich ni Tarentino :wink:

4/6
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Message par hellrick »

UN HOMME FAIT LA LOI
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Western léger plus que vraiment comique (ouf!) sauf lors d'un final un peu trop burlesque mais néanmoins divertissant. Une bonne humeur assez communicative pour un divertissement tout à fait appréciable avec un casting de choix.
4/6

A L'OMBRE DES POTENCES
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Paysage superbe et scénario relativement bien ficelé (même si un peu prévisible) avec quelques considérations intéressantes et des dialogues bien écrits. James Cagney ne semble pas toujours très à l'aise quand il doit jouer avec ses partenaires mais les nombreux rebondissements donnent un bon rythme à un film qui convie même un peu artificiellement les indiens pour le final. Notons aussi un duel climax dans les ruines d'un temple aztèque, un très beau décor que je n'avais jamais vu utiliser pour un western
4,5/6

LA RIVIERE DE NOS AMOURS
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Un western très réussi, avec un Kirk Douglas plein de vie (ses techniques de drague sont rudimentaires mais fonctionnent bien :D )...chevauchée, siège d'un fort par des indiens, romance,...y a pas à dire, tout est là pour une soirée réussie!
5/6
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Message par hellrick »

LE FILS DE GODZILLA
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Considéré comme le pire Godzilla pourtant Jun Fukuda fera bien pire dans les seventies (Godzilla Vs Gigan) et je ne parle même pas de l'atroce Godzilla's Revenge.
Un film complètement infantile mais ça reste plaisant, relativement rythmé, le monstre araignée Spyga est plutôt cool et, dans l'ensemble, ça se laisse voir si on accepte la naïveté du scénario et quelques scènes d'une bêtise embarrassante impliquant Casimir (alias le fils à Big G)
3/6
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Re: Notez les films naphtas : Septembre 2010

Message par cinephage »

C'est sur que Jun Fukuda, c'est quelque chose... :lol:

Mes enfants lui doivent un de leur plus grand fou rire. Pourtant, avec moi, ils en ont mangé, du nanard...
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Re: Notez les films naphtas : Septembre 2010

Message par Aska »

Je n'ai pas vu ce son of Godzilla mais je constate que l'affiche est assez horrible :)
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Flol
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Message par Flol »

Aska a écrit :Je n'ai pas vu ce son of Godzilla mais je constate que l'affiche est assez horrible :)
Aussi horrible que le fils de Godzilla en lui-même :
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johell
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Re: Notez les films naphtas : Septembre 2010

Message par johell »

Captain Blood a écrit :Je suis partant pour un petit topo sur la qualité technique voire artistique des deux "Artus" quand tu en auras la possibilité s'il-te-plait ! ;)
Et voici l'autre!

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DES FILLES POUR UN VAMPIRE (L'ultima Preda Del Vampiro) de Piero Regnoli (1960)

Son bus bloqué par la tempête, une modeste compagnie de variétés trouve refuge pour la nuit dans un château isolé dans la montagne. Une sinistre atmosphère de mystère entoure la vieille demeure. Frappé par la ressemblance de Vera, la vedette de la compagnie, avec le portrait de l'une de ses aïeules, le comte Kernassy accepte finalement l'intrusion de ces étrangers. La nuit, une des jeunes danseuses, Katia, s'aventure dans les couloirs obscurs du château. Le matin, elle est retrouvée morte, vidée de son sang...

Réalisé au début de l'âge d'or du cinéma gothique italien, DES FILLES POUR UN VAMPIRE est mis en scène par Piero Regnoli qui fut assistant réalisateur sur le film LES VAMPIRES (I Vampiri) de Ricardo Freda (1956). Comptant parmi les premiers essais du film de vampires italiens, ce long-métrage est particulièrement intéressant à suivre car il mixe agréablement l'horreur et un érotisme soft issus du cinéma d'exploitation des années 60. Ainsi, on se retrouve avec une troupe de danseuses de charme qui se voient obligées de passer la nuit dans un lugubre château. Si le scénario n'est pas très élaboré, il distille une ambiance fantastique du plus bel effet. Le décor compte de nombreux couloirs, un passage vers un laboratoire secret, une crypte ancestrale, des jeux d'ombres et d'étranges serviteurs qui entourent le propriétaire des lieux.

L'imagerie du vampire est savamment utilisé, d'autant plus que le réalisateur s'amuse à entretenir un certain suspense sur la teneur des événements étranges qui se déroulent durant la nuit dans cette demeure... Que s'y passe-t'il réellement? On y parle de malédiction et de réincarnation d'un amour perdu. Les thèmes récurrents du genre sont donc déjà bien présents, avec son lot de jeunes femmes terrifiées. Ces ravissantes idiotes donnent au film une réelle dimension érotique via des petits détails troublants, comme ces déshabillés vaporeux qui laissent complètement deviner leurs dessous. On aura aussi droit à une séquence très réussie de striptease où l'une des "girls" fait une démonstration spectaculaire de son talent lors d'une répétition de danse.

Lyla Rocco, délicieuse jeune brunette aux cheveux courts, se démarque assez rapidement de l'ensemble de la distribution féminine. Dégageant un charme envoûtant, la comédienne ensorcelle assez rapidement le spectateur, au même titre que le comte Kernassy. Le réalisateur se concentre entièrement à ce personnage et à sa relation avec le maître des lieux. Basé sur des non-dits, cette histoire avance assez lentement, instaurant un climat de tension qui va crescendo jusqu'à la première apparition d'une créature de la nuit, étrange silhouette venant tout juste de profaner une tombe fraîche. Il y aussi cet instant assez troublant où une femme vampire entièrement nue vient trouver l'imprésario de la troupe dans sa chambre, les yeux bien écarquillés tout en lui montrant ses crocs proéminents. Cauchemar ou réalité? Le trouble s'installe...

A mesure que l'intrigue se noue, le long-métrage se fait plus explicite : morsure au cou, bagarre dans la crypte, meurtre avec un pieu enflammé dans le coeur, sang ruisselant le long des jambes de la victime, DES FILLES POUR UN VAMPIRE garde le meilleur de son spectacle horrifique pour un dernier acte riche en événements et autres révélations. Si cette oeuvre gothique italienne reste mineure, car on est quand même loin du chef d'oeuvre LE MASQUE DU DEMON (La Maschera Del Demonio) de Mario Bava (1960), il présente une belle variation de la thématique vampirique, entre son visuel baroque et l'imagerie du "nudie". Même sans perversion ni sadisme et tout en restant passablement soft à l'écran, il reste un honnête divertissement fantastique avec une ambiance très bien rendue par une belle photographie noir et blanc.



Pour ce qui est de la qualité du dvd Artus :
Copie d'assez bonne qualité générale. On devine facilement que la source vidéo provient de divers horizons car parfois l'image est passablement floue sur certains plans (notamment lors du générique d'ouverture). Mais l'ensemble est de bonne tenue. Ce film italien est proposé en version française avec quelques virements sonore en version anglaise pour quelques répliques.

Des bonus il faudrait surtout retenir un excellent entretien de près de 40 minutes avec Alain Petit sur les histoires de vampires italiens! :D

Pour quelques images du film, à voir directement sur mon blog cinéma (dont la critique sera mise en ligne durant la soirée!). :wink:
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Re: Notez les films naphtas : Septembre 2010

Message par Rick Blaine »

Bad For Each Other (Irving Rapper - 1953)

Tom Owen, chirurgien et vétéran de la seconde guerre et de la Corée, rentre au pays natal où son frère vient de mourir dans une mine, dans de troubles circonstances.


Film social sur fond de film noir, et surtout film d'initiation pour le héros, qui doit faire un choix entre l'argent et ses idéaux. Charlton Heston, tout jeune, campe Tom Owen, vétéran couvert de gloire, qui doit se réadapter à la vie civile et à la dure réalité d'une région minière. Chirurgien idéaliste, il cède à l'attrait de l'argent pour honorer les dettes de son frère ainsi que pour les beaux yeux de la riche Lizabeth Scott (et il est difficile de ne pas céder :mrgreen:). On le voit alors tiraillé entre sa nouvelle vie faite de confort et d'argent et ses idéaux de jeunesse.

La vanité des milieux bourgeois est très bien illustrée par Rapper, qui explore plusieurs voies intéressantes, notamment les parallèles entre les parcours de Tom Owen, de son frère, et d'un jeune chirurgien que le héros à connu à Anzio. Bien rythmée, la mise en scène d'Irving Rapper, sans être mémorable, est élégante et illustre bien un drame feutrée, qui emprunte certains des codes du film noir (la femme fatale, l'honneur à laver, ...)

Charlton Heston nous offre une facette inhabituelle de son talent, bien loin des héros qui feront sa gloire, le voilà incarnant un personnage nuancé, parfois torturé, avec beaucoup d'aisance. Son jeu n'est pas sans rappeler, et c'est un énorme compliment pour mois, certaines interprétations de James Mason. Lizabeth Scott est quant à elle impeccable, séduisante et inquiétante, parfaite pour ce genre de rôle.

Un film très agréable. 6,5/10



The Glass Wall (Maxwell Shane - 1953)

Peter Kuban, ancien interné des camps de concentrations, s'introduit illégalement aux états-unis. Alors qu'il va être expulsé, il s'échappe dans New-York pour y retrouver le le soldat américain qu'il a sauvé en Europe, et qui pourra lui permettre de rester.


Film noir classique, empruntant la thématique de la grande-ville menaçante, ici utilisée avec beaucoup de brio par Maxwell Shane (réalisateur totalement inconnu au bataillon pour moi par ailleurs) d'une manière assez moderne, qui n'est pas sans annoncer certains films noirs de la décennie suivante. Les scènes d'action sont menées avec beaucoup de brio. Par contre certaines scènes clés (notamment lorsque le soldat reconnait Peter dans un journal) manquent de finesse, il semble que sur ces points, le scénario pèche un peu, surtout lors de la première partie, mais cela n'empêche pas le film d'être très agréable notamment grâce à un effet de compte à rebours intelligemment utilisé pour doper le suspens. Mention spéciale à la sublime scène finale, dans le bâtiment de l'ONU.

Vittorio Gassman incarne de manière fiévreuse Peter, personnage un peu trop monolithique par moment, et qui aurait d'ailleurs gagné en finesse s'il n'avait pas été ramené régulièrement par le scénario et les dialogues à son statut d'ancien déporté. A ses côté, la charmante Gloria Grahame incarne une fille un peu paumée, rôle plus intéressant et nuancé. C'est la belle surprise du film.

Agréable film noir malgré ses menus défauts. 5,5/10
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hellrick
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Message par hellrick »

DESTINATION TERRE – MISSION APOCALYPSE

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Sous ce titre fantaisiste et alarmiste (tout autant que EXTERMINATION 2025 choisi pour l’exploitation vidéo) se cache en réalité le douzième volet de la saga « Godzilla », connu dans les pays anglo-saxons sous les titres de GODZILLA ON MONSTER ISLAND ou, plus simplement, de GODZILLA Vs GIGAN.
A l’image des autres métrages de la série signés Jun Fukuda ce DESTINATION TERRE – MISSION APOCALYPSE s’oriente complètement vers un divertissement destiné au jeune public mais reste relativement agréable à suivre si on accepte ce postulat de base.

Le scénario de cette nouvelle aventure apporte peu de nouveauté puisque l’essentiel du script se veut une variante « remixée » des précédents épisodes et convie à nouveau de méchants extraterrestres décidés à conquérir la Terre en envoyant une bande de monstres de l’espace dévaster Tokyo. Pas très original, d’autant qu’une partie conséquente des séquences impliquant les différents Kaiju est également recyclée des métrages antérieurs, permettant d’économiser sur le budget sans doute restreint. Une pratique moins flagrante que pour le désastreux GODZILLA’s REVENGE mais toujours désagréable pour les connaisseurs coutumiers de films du Big G.

Le scénario introduit tout d’abord le personnage de Gengo Kotaka, dessinateur de manga désireux de vendre une nouvelle bande dessinée consacrée à des monstres géants de son invention, qu’il baptise Shukura et Mamagon. Ni son éditeur ni sa copine, Tomoko Tomoe, accessoirement ceinture noire de karaté, ne semblent particulièrement impressionnés par les créations de Gengo mais ce-dernier croit en son talent. Néanmoins, il accepte un emploi « alimentaire » dans un parc d’attraction consacré aux Kaiju qui doit s’ouvrir prochainement, le Royaume des Enfants. L’attraction principale de ce parc thématique est une immense tour attaquée par une réplique en plastique de Godzilla. Le patron du Royaume des Enfants, Kotaka, souhaite y créer un musée consacré à tous les monstres afin de promouvoir la paix auprès des enfants. Gengo accepte d’y travailler et rencontre rapidement une jeune demoiselle plutôt baba cool qui s’enfuit des bureaux de la compagnie en abandonnant derrière elle une bande magnétique volée à son patron. La mignonne se nomme Michiko Shima et, avec son ami Shasaku, elle recherche son frère disparu alors qu’il travaillait au Royaume des Enfants. Etrange, isn’it ? Bref, l’enquête conduit finalement Gengo, Michiko et Shasaku à la vérité : les dirigeants du Royaume des Enfants sont en réalités de méchants envahisseurs venus de l’espace souhaitant imposer leur vision de la paix planétaire aux terriens. La vraie apparence des aliens est celle de cafards géants, les seuls survivants d’une planète détruite par la pollution. Affirmant que la Terre connaîtra sous peu un sort similaire, les extraterrestres décident de la conquérir et le Royaume des Enfants camoufle leur base principale. Pour dominer la planète, les aliens utilisent deux monstres, le bien connu King Ghidorah et le très hargneux Gigan, qu’ils contrôlent à l’aide de bandes magnétiques…Ils doivent donc récupérer celle volée par Machiko mais, celle-ci, après avoir joué la bande, appelle sans le vouloir Godzilla et Angiras, jusque là tranquille sur l’Île des Monstres. Les aliens décident alors de s’occuper des deux défenseurs de la Terre en leur envoyant Ghidorah et Gigan…

DESTINATION TERRE – MISSION APOCALYPSE déroule cette intrigue en apparence simple et linéaire mais en réalité complexe et pas vraiment cohérente, la plupart des séquences n’ayant tout simplement aucun sens et encore moins d’intérêt. Reprenant de larges pans des scripts de GHIDRAH THE THREE HEADED MONSTER, INVASION PLANETE X et LES ENVAHISSEURS ATTAQUENT, le film met évidemment en vedette le kaiju favori des fans, le dragon extraterrestre tricéphale KING GHIDORAH. Une décision doublement commerciale puisque la présence du monstre contente les aficionados et rend possible l’utilisation de passages entiers des précédents métrages. Gigan, pour sa part, se présente comme le sommet du kaiju décomplexé et se refuse à toute vraisemblance en optant pour un look délirant. Sorte de dinosaure à demi cybernétique, Gigan possède en effet un crane d’oiseau cornu pourvu d’un œil unique et d’un bec menaçant, de petites ailes et, surtout, une scie circulaire dépassant de son abdomen. Le monstre sera d’ailleurs fort apprécié du public et reviendra dès l’année suivante dans l’effarant GODZILLA Vs MEGALON puis, bien plus tard (et armé de tronçonneuses !) dans l’ultime GODZILLA FINAL WARS.
Si la première partie de ce DESTINATION TERRE – MISSION APOCALYPSE procure seulement un tenace sentiment d’ennui, les quarante minutes suivantes redressent largement la barre en offrant un spectacle certes abrutissant mais également divertissant. En effet, l’action ne faiblit guère durant cette seconde moitié quasiment entièrement consacrée à des combats proches du catch où les 4 monstres, par équipes de deux, s’affrontent dans une sorte de ring naturel. Godzilla et Angiras auront ainsi beaucoup de difficultés à triompher de leurs ennemis, le pauvre Big G versant même pas mal de sang dans la bagarre.
Les rares passages impliquant les humains, durant cette seconde moitié du métrage, se révèlent, pour leur part, ridicules et ne possèdent pas la moindre crédibilité. Une bonne partie du temps de projection se voit en outre occupé par d’interminables et inutiles parlottes, le comble étant atteint lorsque les aliens dévoilent leurs plans de conquête en diffusant un petit film documentaire tourné pour l’occasion. Comme, au début des années ’70, les arts martiaux sont à la mode nous avons cependant droit à quelques combats de karaté prudemment chorégraphiés permettant à la copine du héros de démontrer ses talents en mettant au tapis l’un ou l’autre méchant. Notons que les trop nombreuses sous-intrigues débutées durant ces trois premiers quart d’heure ne trouveront, pour la plupart, aucune conclusion, comme si les scénaristes avaient simplement décidés d’occuper un maximum de temps avant de placer réellement les monstres au cœur de l’histoire.
Le plan général des aliens parait d’ailleurs moisi dès le départ et à peine moins stupides que celui de leurs homologues de PLAN 9 FROM OUTER SPACE. L’idée d’une race extraterrestre conquérante voulant dominer une planète entière à l’aide de deux monstres géant caoutchouteux est de toute façon « too much » pour posséder la moindre vraisemblance alors autant se limiter à l’essentiel, à savoir les nombreux combats spectaculaires.
Hélas, les séquences de destructions massives attendues par les fans sont bien présentes mais l’inclusion de trop nombreux stock-shots provenant des métrages antérieurs en atténue l’impact tant l’impression de déjà vu se fait sentir chez les habitués de la saga. Néanmoins, les explosions sont effectives et les maquettes mises en pièces par les monstres sont relativement jolies. Dommage que le King Ghidorah utilisé pour ce DESTINATION TERRE – MISSION APOCALYPSE ne puisse soutenir la comparaison avec celui des précédents épisodes, entrainant une impression de bâclage, la taille et la morphologie du monstre changeant d’une scène à une autre. De la même façon, la bande sonore recycle les thèmes musicaux d’une demi-douzaine d’autres films japonais, aucune nouvelle composition n’illustrant le métrage ! Toutefois, l’effet est quasi indiscernable tant les musiques s’avèrent utilisées avec à propos et seuls les spécialistes du kaiju pourront discerner la supercherie.
Autre motif d’étonnement : les monstres terriens ont acquis la capacité de parler, une nouvelle preuve des souhaits des producteurs de s’adresser au public le plus jeune et le plus large possible.
Au final DESTINATION TERRE – MISSION APOCALYPSE apparaît comme un exemple du déclin d’une saga minée par les redites et les trop nombreuses séquences et intrigues recyclés des précédents volets. Toutefois, après avoir subi le mongoloïde LA PLANETE DES MONSTRES, ce kaiju délirant se révèle sympathique et agréable à suivre. Loin en deçà des grandes réussites des années ’50 et ’60 mais au-dessus du panier des pénibles années ’70 et bien plus distrayant que son quasi remake tourné l’année suivante, l’atterrant GODZILLA CONTRE MEGALON.
A réserver aux inconditionnels du kaiju ou, au contraire, à ceux qui ne connaissent pas la saga et souhaite débuter par un film familial et sans prétention typique de son époque.
3,5/6 quand même pour le fun :wink:
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