Je remet ça ici (c'était dans le topic consacré au
Miroir à deux faces).
Pêché dans le numéro d'octobre 1959 de la revue
Etudes, on peut lire :
Tout le talent de Bourvil, toute l'élégance de Michèle Morgan ne sont point arrivés à relever la laideur et la platitude de son sinistre Miroir à deux faces. Et voilà ce qui émeut nos contemporains. Voilà de quels procédés de vaudeville triste ils ont besoin pour s'attendrir. (page 374)
Le type qui a écrit ça -- le
professeur Henri Agel -- s'indigne dans le même article de ce que 25.000 téléspectateur aient mis dans leur top 10 (ça existait déjà) :
- Nous sommes tous des assassins (Cayatte)
- Le monde du silence (Cousteau, Louis Malle)
- La valse de Paris (Marcel Achard)
- Journal d'un curé de campagne (Robert Bresson)
- Crin Blanc & Le ballon rouge (Albert Lamorisse)
- Rue de l'estrapade (Jacques Becker)
- Monsieur Ripois (René Clément)
- Sait-on jamais (Roger Vadim)
- Les mauvaises rencontres (Alexandre Astruc)
- La ronde (Max Ophuls)
Il n'est pas un amateur de cinéma un peu sérieux, pas un des membres de la jeune critique, pas un habitué des ciné-clubs du Quartier Latin qui ne sera consterné par ce palmarès que seul le terme un peu familier d'ahurissant me semble pouvoir qualifier.
Sur quoi, il se lamente sur le manque de discernement du public et sur les gros succès des derniers mois :
- Les tricheurs (Carné)
- Les amants (Louis Malle)
- Les grandes familles (Denys de la Patellière)
- En cas de malheur (Autant-Lara)
- Sueurs froides (Hitchcock)
- Les Vikings (Fleisher)
- Archimède le clochard (Grangier)
- Les Cousins (Chabrol)
- Le miroir à deux faces (Cayatte)
Après il oppose deux cinémas :
- l'un commercial ou penchant fort sensiblement de ce côté, incarné par des metteurs en scène sans ambition
- l'autre intrépidement pur et désintéressé
"
Marie-Octobre" contre "
La tête contre les murs"
"
Archimède le clochard" contre "
Hiroshima mon amour"
"
Les tricheurs" contre "
Les 400 coups"
A part le bon classement du film de Bresson (qu'il trouve tout à fait normal), il conclut en déplorant "le goût bourgeois et profondément paresseux des habitués de la TV".