La critique autrefois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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pak
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Re: La critique autrefois

Message par pak »

Commissaire Juve a écrit :Vous avez vu ?

Le site de la Cinémathèque a numérisé des périodiques de cinéma qu'on peut consulter en ligne : http://www.cineressources.net/repertoir ... I&filtre=2

EDIT : en même temps, euh... il n'y a que 4 périodiques. :mrgreen:
Oh merci d'avoir prévenu ! Super intéressant. Bon, j'aurai préféré qu'ils présentent des revues des années 1930 et des débuts du parlant...

(jamais contents ces internautes... )
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

http://www.notrecinema.com/
pak
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Re: La critique autrefois

Message par pak »

Ciné pour tous n°1, datant de juin 1919 : déjà un portrait complet de Chaplin avec filmo (et on n'a pas peur de parler salaire).

Cela s'annonce passionnant ces numérisations !
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Ann Harding
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Re: La critique autrefois

Message par Ann Harding »

pak a écrit :
Commissaire Juve a écrit :Vous avez vu ?

Le site de la Cinémathèque a numérisé des périodiques de cinéma qu'on peut consulter en ligne : http://www.cineressources.net/repertoir ... I&filtre=2

EDIT : en même temps, euh... il n'y a que 4 périodiques. :mrgreen:
Oh merci d'avoir prévenu ! Super intéressant. Bon, j'aurai préféré qu'ils présentent des revues des années 1930 et des débuts du parlant...

(jamais contents ces internautes... )
Cinéa-Ciné Pour Tous de 1923 à 1932 est disponible sur le site Gallica de la BnF:
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32742344m/date
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Re: La critique autrefois

Message par pak »

Décidément c'est la fête ce soir ! Merci beaucoup Ann pour ce lien ! :D
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Ann Harding
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Re: La critique autrefois

Message par Ann Harding »

Pour ajouter un peu d'eau au moulin du Commissaire, voici une critique particulièrement féroce de L'Aveu (Summer Storm, 1943) de Douglas Sirk dans L'Ecran Français de 1948:
Image
J'ai beaucoup aimé le passage où "George Sanders possède toute la séduction d'une longe de veau" :uhuh:
Perso, c'est un film que j'aime beaucoup.
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Re: La critique autrefois

Message par daniel gregg »

Ann Harding a écrit :Pour ajouter un peu d'eau au moulin du Commissaire, voici une critique particulièrement féroce de L'Aveu (Summer Storm, 1943) de Douglas Sirk dans L'Ecran Français de 1948:
Image
J'ai beaucoup aimé le passage où "George Sanders possède toute la séduction d'une longe de veau" :uhuh:
Perso, c'est un film que j'aime beaucoup.
Et dire qu'ils (L'écran français) n'étaient pas encore passés définitivement de l'autre côté du rideau de fer.
En faisant des recherches pour Caroline chérie, le numéro de l'Ecran français dans lequel on trouve la chronique du film est un modèle du genre avec en page opposé un portrait de la Chine présentée comme l'avenir de l'humanité ! :lol:
Et évidemment Caroline chérie (comparée hasardeusement au Livre noir, Reign of terror de Mann !!! Les méchants américains ! Han ! :shock: ) est lapidé sur la place publique.
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Re: La critique autrefois

Message par Ann Harding »

J'ai consulté hier plusieurs années de L'Ecran français. Il y a certes des partis pris, mais c'est quand même une revue de qualité. Il y avait par exemple trois pages sur Jacques Feyder qui venait de disparaître. Il ne faut pas oublier que dans ces années d'après-guerre, le cinéma français est en très mauvaise posture. Les films américains déferlent sur les écrans (évidemment après 5 années de disette) et les films français sont réduits à la portion congrue (plus de 400 films américains pour seulement 70 français). Il y avait d'ailleurs des articles sur les manifestations des gens du cinéma (tous les grands noms y étaient) pour demander une limitation des importations qui étaient en train de tuer l'industrie française du cinéma.
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Re: La critique autrefois

Message par Federico »

"Un film conventionnel, excessivement brutal, sadique. A proscrire."

Abbé Chassagne, pour La Centrale Catholique du Cinéma, au moment de la sortie de King Kong.
(critique citée dans Ze craignos monsters : Le re-retour de Jean-Pierre Putters, p99)
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Laissez venir à moi les petits coucous...
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Re: La critique autrefois

Message par Federico »

Venant d'acquérir quelques numéros des Cahiers du Cinéma des années 80, je suis tombé sur cette fin de critique amusante :

"L'histoire proprement dite est plutôt en-dessous. Décalquée d'un médiocre film de Michael Winner, La sentinelle, elle se réduit à un prétexte : prétexte à découvrir un comédien exceptionnel, Bill Murray ; prétexte à reprendre confiance dans le potentiel d'un Dan Aykroyd, sans nul doute le tempérament comique le plus prometteur du cinéma américain."

Olivier Assayas, à propos de.. S.O.S. fantômes (Ghostbusters, 1984, Ivan Reitman) (Les Cahiers du Cinéma N°367 - janvier 1985)

Bien vu concernant Murray, non ? Même si il avait déjà montré un aperçu de son talent deux ans plus tôt dans Tootsie. Dans cet article, Assayas va jusqu'à faire des comparaisons entre le film de Reitman et... Rosemary's baby pour le soin à filmer certaines architectures baroques de New York. Mais, honte sur lui, ne dit pas un mot sur Sigourney Weaver. :?

Le film de Winner cité par Assayas doit être plus exactement La sentinelle des maudits (The sentinel, 1977).
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Commissaire Juve
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Re: La critique autrefois

Message par Commissaire Juve »

Attention, ça spoile !

"Pépé le Moko" vu du temps de la guerre d'Algérie.
Canard enchaîné du 2 juillet 1958

Pépé le Moko

Bon sang ! ce diable de Duvivier avait bien du talent du temps -- comme dirait la Palice -- qu'il en avait encore. Ce "Pépé le Moko" conserve son arôme après bientôt vingt-quatre ans passés (sic), qui n'ont fait que le bonifier en vieillissant. C'est un subtil moka, ce Moko-là, et qui ne s'évente ni ne se refroidit malgré sa mort tragique, cet inoubliable hara-kiri contre les grilles du port où il vient de se faire pincer.

Et je dois dire que ce qu'on est convenu, à la R.T.F, d'appeler "les événements d'Algérie" et non pas, comme il le faudrait, la guerre coloniale poursuivie par la France en Afrique du Nord, donnent à cette intrigue tout entière située dans la Casbah une résonance nouvelle et très forte. Car, au fond, la vraie réconciliation franco-musulmane n'est pas celle opérée par les paras, qui chargent à coups de botte des Arabes dans leurs camions pour les "prier" d'aller manifester leur amitié pour la France sur le Forum ; ce serait bien plutôt celle de ces "ratons" cachant, au risque de leur vie, un repris de justice qui serait doublement repris s'il descendait dans la Ville Blanche.

Inutile de rappeler ici les séquences majeures de ce grand film au dialogue étincelant d'Henri Jeanson. Tout le monde les a encore présentes à la mémoire, et ceux qui n'ont pas vu Pépé le Moko doivent y courir dans l'un des six cinémas qui eurent la bonne idée de le programmer. Citons quand même l'exécution de Charpin près du piano mécanique ; l'évocation de Pigalle et de l'odeur du métro dans la chambre de la chère et pauvre Fréhel ; l'érotisme constant des scènes traversées ou jouées par Mireille Balin (bien supérieure à Heddy Lamarr qui, vedette d' "Extase" pourtant, ne réussit jamais à nous troubler autant dans ce "remake" américain de "Pépé le Moko" qui s'appela "Casbah" avec Charles Boyer). Et puis, surtout, il y a Gabin, souple félin aux yeux clairs, aux tendresses bourrues et aux colères contenues jusqu'à leurs irrésistible explosion. Un Gabin qui doit avoir mal au coeur de s'aller revoir sur l'écran. Le Gabin du meilleur Duvivier, celui de "La Belle Equipe". Il faut le voir dévaler les rues en pente de la Casbah ou bien fumer cigarette sur cigarette en rêvant de son Paname que chaque inflexion de sa propre voix lui rappelle cruellement.

Oui, vraiment, Duvivier avait fait là du bon, de l'excellent travail.

Que se passe-t-il donc pour que le cinéma français des années 50-60 ne puisse (à part Bresson, Autant-Lara et parfois René Clair) absolument pas se comparer au cinéma français des années 30-40 ; celui de Renoir, de Duvivier, de Carné, de Feyder, de Clair et de quelques autres dont vous vous souvenez bien ?

Il se passe ceci : l'argent et le mythe des vedettes pourrissent tout.

Henry Magnan.
En dehors du "le cinéma français fout le camp, c'était mieux avant" ( :mrgreen: ), on voit que le mot "remake" existait déjà.
Enfin : le "24 ans passés"... ça nous donne une sortie en 1934 ! :uhuh:

Dans le même numéro : critique de La fureur des hommes (Henry Hathaway) et Le Piège (Charles Brabant).
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: La critique autrefois

Message par Federico »

Marrant, cet article sur Pépé le Moko. Surtout de voir alors accolés les noms de Autant-Lara, René Clair et Bresson (même si le Bresson radical ne percera que l'année suivante).
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Re: La critique autrefois

Message par Commissaire Juve »

Je remet ça ici (c'était dans le topic consacré au Miroir à deux faces).



Pêché dans le numéro d'octobre 1959 de la revue Etudes, on peut lire :
Tout le talent de Bourvil, toute l'élégance de Michèle Morgan ne sont point arrivés à relever la laideur et la platitude de son sinistre Miroir à deux faces. Et voilà ce qui émeut nos contemporains. Voilà de quels procédés de vaudeville triste ils ont besoin pour s'attendrir. (page 374)
Le type qui a écrit ça -- le professeur Henri Agel -- s'indigne dans le même article de ce que 25.000 téléspectateur aient mis dans leur top 10 (ça existait déjà) :
- Nous sommes tous des assassins (Cayatte)
- Le monde du silence (Cousteau, Louis Malle)
- La valse de Paris (Marcel Achard)
- Journal d'un curé de campagne (Robert Bresson)
- Crin Blanc & Le ballon rouge (Albert Lamorisse)
- Rue de l'estrapade (Jacques Becker)
- Monsieur Ripois (René Clément)
- Sait-on jamais (Roger Vadim)
- Les mauvaises rencontres (Alexandre Astruc)
- La ronde (Max Ophuls)


Il n'est pas un amateur de cinéma un peu sérieux, pas un des membres de la jeune critique, pas un habitué des ciné-clubs du Quartier Latin qui ne sera consterné par ce palmarès que seul le terme un peu familier d'ahurissant me semble pouvoir qualifier.
Sur quoi, il se lamente sur le manque de discernement du public et sur les gros succès des derniers mois :
- Les tricheurs (Carné)
- Les amants (Louis Malle)
- Les grandes familles (Denys de la Patellière)
- En cas de malheur (Autant-Lara)
- Sueurs froides (Hitchcock)
- Les Vikings (Fleisher)
- Archimède le clochard (Grangier)
- Les Cousins (Chabrol)
- Le miroir à deux faces (Cayatte)
:uhuh:

Après il oppose deux cinémas :

- l'un commercial ou penchant fort sensiblement de ce côté, incarné par des metteurs en scène sans ambition
- l'autre intrépidement pur et désintéressé

"Marie-Octobre" contre "La tête contre les murs"
"Archimède le clochard" contre "Hiroshima mon amour"
"Les tricheurs" contre "Les 400 coups"

:roll:

A part le bon classement du film de Bresson (qu'il trouve tout à fait normal), il conclut en déplorant "le goût bourgeois et profondément paresseux des habitués de la TV".
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Re: La critique autrefois

Message par Rashomon »

Un précurseur du Triangle des Bermudes (copyright Michel Ciment) en somme.
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Re: La critique autrefois

Message par Commissaire Juve »

Rashomon a écrit :Un précurseur du Triangle des Bermudes (copyright Michel Ciment) en somme.
Je ne connaissais pas. J'ai dû faire une recherche. :oops:
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Re: La critique autrefois

Message par Ann Harding »

Commissaire Juve a écrit :Le type qui a écrit ça -- le professeur Henri Agel
Je te conseille de jeter un oeil sur le bonus DVD du Nouveau Testament de Guitry où tu pourras voir en chair et en os le Sieur Agel descendre en flammes Guitry:
Spoiler (cliquez pour afficher)
Sur le disque du film, il y avait un supplément très intéressant : un extrait d'une émission d'Armand Panigel (vers 1965) où il discutait de Guitry avec Robert Lamoureux, Jacques Siclier, Henri Agel et François Truffaut. j'ai entendu plusieurs choses ahurissantes durant cette émission. En même temps, elle m'a permis de me replonger dans cette époque où la 'qualité française' en prenait pour son grade. Tout d'abord, j'ai été très amusée par les considérations d'Henri Agel, drapé dans sa dignité de professeur, qui appelle Guitry un petit-maître. Après tout, pourquoi pas ? Mais, son argumentation devient particulièrement spécieuse lorsqu'il décrète que Guitry est un affreux petit-bourgeois qui n'avait de succès qu'auprès des provinciaux et autres gens de peu de lettres. Il y a là un mélange de mépris, de condescendance et de préjugés assez effarant ! :shock: Truffaut, bien sûr, défend Guitry, ainsi que Pagnol. Par contre, Il descend en flammes, d'une phrase, René Clair, Julien Duvivier et Jacques Feyder. :o :shock: Il en rajoute même pour dire que Les Gens du Voyage (1939, J. Feyder) est un film absolument sans aucun intérêt... :roll: A-t-il même vu ce film ? Franchement, je me le demande. Enfin, il m'a semblé que dans les années 60, les critiques se faisaient leur opinion avec des préjugés. Certains cinéastes sont sur la Liste A: Renoir, Pagnol, Guitry, Gance. Par contre, les autres comme Feyder, Duvivier et Clair, sont au purgatoire. Les raisons me semblent peu claires et certainement pas du tout motivées. Je crois que malheureusement il reste des traces de cette classification totalement arbitraire chez les critiques. Heureusement, les cinéphiles de base eux préfèrent juger par eux-mêmes en regardant les films!
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