L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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awopbopaloobopalopbamboom
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Re: L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Message par awopbopaloobopalopbamboom »

Une anecdote provenant de l'énorme bouquin sur la MGM de Peter Hay (MGM, Splendeur du cinéma américain - Mgm: When the Lion Roars titre original) que je lis à l'envers, en diagonale, par séquence, sur le trône...

Ca se passe sur le tournage de Grand Hotel (Edmund Goulding, 1932) : Joan Crawford, fascinée par Garbo, n'a pas eu de scène en commun malheureusement avec cette dernière. Chipie comme elle est, elle réussit par un heureux "hasard" à déjouer le souhait de Garbo de ne pas se mêler au reste de la distribution et se faufile dans sa loge. Garbo toucha son visage en miaulant "Notre premier film et nous ne jouons pas ensemble, quel dommage ! Vous avez un visage remarquable." Dans sa bio, 40 ans plus tard, Crawford confie : "Si un jour j'ai pensé à devenir lesbienne, c'est bien ce jour là"^^.

Si c'est effectivement 40 balais plus tard, ça doit être dans la bio "My Way Of Life" où l'on pourra retrouver cette anecdote.
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Julien Léonard
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Re: L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Message par Julien Léonard »

James Cagney, dans le livre James Cagney dans l'objectif (Librairie des Champs-Élysée - 1980), à propos du film Les fantastiques années 20 :

"Les auteurs étaient pressés de vendre leur marchandise et, par conséquent, l'intrigue elle-même était réduite au strict minimum. Par exemple, le premier jour de tournage, notre metteur en scène, Raoul Walsh, me demanda si j'aimais la façon dont la première scène était écrite. Je répondis que je la trouvais mauvaise, ce qui était la vérité. Frank McHugh eut une idée et nous décidâmes de modifier la scène selon ses directives. Ces films étaient des produits très médiocres et si certains faisaient des œuvres artistiques, nous ne nous en sommes jamais aperçus. Pendant le tournage des Fantastiques années 20, nous avons constamment apporté des changements au scénario dans l'espoir de mettre un peu de vie dans cette niaiserie."


Le pauvre, s'il voyait le système Hollywoodien aujourd'hui... Que dirait-il ?
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Julien Léonard
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Re: L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Message par Julien Léonard »

Raoul Walsh, dans son autobiographie Un demi-siècle à Hollywood, à propos du tournage de High Sierra en 1940, avec Humphrey Bogart (tournage en extérieurs, dans la Sierra Nevada, à environ 3000 mètres d'altitude, près du Mont Whitney) :

Je trouvais Bogart assis sur le rocher le plus large, transpirant comme un boeuf, exténué, car il n'y avait pas d'ombre, et râlant encore plus que de coutume. Lorsque je lui demandai s'il appréciait les grands espaces, il me répondit que les grands espaces pouvaient aller se faire foutre. "Je les échangerais avec joie contre un salon, une chambre et une salle de bains. Quand on pense à tout ce qu'un acteur doit endurer pour gagner son pain dans ce foutu métier... cet hôtel miteux, minable d'hier soir..."
"Ne me dis pas que les amoureux t'ont encore empêché de dormir !" le taquinai-je.
Il m'ignora et continua à se plaindre, cette fois du petit déjeuner indigeste à son goût qu'on lui avait servi. Puis il me déclara qu'il avait de nouveau faim. Je retirai mon chapeau et m'éventai le visage; c'était le signal convenu avec l'accessoiriste qui me cria aussitôt d'en bas : "Ils ont oublié d'envoyer la roulante !"
Bogey bondit de son rocher et se remit à vitupérer. "Bordel de merde ! Je m'esquinte à grimper jusqu'ici et ils ne sont même pas foutus de me nourrir. Ca, je le dirai au syndicat..."
Je le laissai gueuler pendant cinq minutes puis, comme nous en étions convenus, l'accessoiriste m'appela de nouveau. "La roulante vient d'arriver ! Les déjeuners sont là !"
Je lui criai de les faire monter. Sans cesser de rouspéter, Bogey empoigna son plateau de nourriture et jura de plus belle à la vue de son contenu. J'ignorais que c'était la première fois qu'il déjeunait de cette manière.
"Regarde-moi ça ! s'écria-t-il en brandissant une banane. Et ce foutu sandwich doit dater de l'année dernière. Qu'est-ce que c'est que ce truc-là ? Un cornichon ? Et ça, une olive et un beignet... Je me demande comment ils peuvent s'offrir un tel luxe ! Bon Dieu, les détenus de la prison de Saint-Quentin sont mieux nourris que ça !"
Malgré son éternel mauvais caractère, Bogart fut superbe. Le public pleura quand il le vit payer les frais d'une opération chirurgicale pour une jeune fille infirme, et trembla pendant le hold-up et la longue poursuite qui s'ensuivit avant sa mort. Cette interprétation valut à Bogart la célébrité; désormais il n'allait plus jamais jouer de seconds rôles. En lisant tous les éloges que les critiques avaient écrits sur lui, Bogey se contenta de grommeler. Il semblait préoccupé par autre chose, et je crois qu'il maudissait encore Jack Warner de lui avoir envoyé un déjeuner infect.



Il faut dire aussi qu'à l'époque, Bogart traversait une sale période : ses relations avec sa femme, Mayo, se détérioraient de plus en plus (à un tel point que c'en était insupportable), et il fut cette année-là (en 1940, donc) inquiété par la commission sur les « activités anti-américaines ». Cette dernière existait déjà depuis 1938, il me semble. A l'époque, cela préfigure le maccarthisme des années 1950.
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Re: L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Message par Federico »

Le bouquin de Walsh est un monument de bout en bout et fourmille d'anecdotes cocasses du même tonneau, mettant souvent en scène des comédiens hauts en couleur et souvent aussi imbattables au lever de coude que Bogart.
J'ai la flemme de taper ou scanner les pages de mon exemplaire mais, de mémoire, il y a entre autre - et en vrac - Erroll Flynn occupé à la bête à deux dos (sic) avec une Indienne ; la visite pré-funèbre de Walsh à son vieux pote Lionel Barrymore en train de clamser et qui lui raconte qu'il fera don de son foie et de ses roubignoles à la Smithsonian Institution ; le courage de George Raft pourtant sujet à un vertige ultra-phobique mais qui acceptera de tourner une scène dangereuse au dessus d'un pont etc.

Autre bouquin grandiose et même carrément anthologique sur les à-côtés de l'usine à rêves : l'indispensable Caractères : Moindres lumières à Hollywood de Philippe Garnier. Par exemple le chapitre sur Timothy Carey, second couteau des années 50 (formidable chez Kubrick et dans le One-eyed Jack de Brando) au mode de vie assez rock'n'roll ou le passage sur la rondeur Eugene Pallette, persuadé que les Soviétiques allaient bombarder les USA et qui se fit installer un abri anti-atomique dans son jardin.
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Re: L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Message par Federico »

Le tournage du Jour où la Terre s'arrêta de Robert Wise ne fut pas de tout repos pour le gigantesque Lock Martin (2,31 m !). Il creva de chaud sous le lourd costume du robot Gort (c'est que pour obtenir un noir et blanc aussi contrasté, les éclairages sont poussés au maximum). Je ne devrais d'ailleurs pas écrire le mais les costumes car comme ils étaient zippés par une fermeture éclair, il en portait un fermé par derrière pour les scénes filmées de face et l'inverse quand il apparaissait de dos. En plus, malgré son gabarit hors-norme, il n'était pas très costaud et Patricia Neal comme Michael Rennie durent être tenus par des cables pour donner l'impression qu'il les portait.

Anecdote dans l'anecdote : le dernier film dans lequel joua ce géant fut... L'homme qui rétrécissait ! Et en plus ses scènes furent coupées !! :lol:

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Re: L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Message par Federico »

Autres temps, autres (abominables) moeurs... Durant le tournage du sympathique mais médiocre L'inconnu de Las Vegas (alias la version originale d'Ocean's Eleven) de Lewis Milestone (1960) qui servit surtout à mettre en lumière le Rat Pack de Sinatra and co., Sammy Davis Jr, malgré son statut de star du music-hall, du résider dans un hôtel portant l'infâme panneau Colored Only et ce, malgré les requêtes insistantes de ses compagnons de bringue. Une triste anecdote qui donne encore plus de sel amer à la meilleure réplique du film quand Davis observe deux de ses complices se noircir le visage au brou de noix avant de commettre leur braquage : "Je savais qu'un jour ce serait à la mode !".

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Re: L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Message par Federico »

Il y a quelques anecdotes sympas dans l'émouvante autobiographie de Billie Holiday, Lady sings the blues (ré-éditée l'an dernier aux éditions Parenthèses). Entre deux périodes plus sombres, l'immense Lady Day, bien qu'honteusement sous-employée par Hollywood, ne se priva pas de faire la fiesta avec le gratin, côtoyant Bob Hope, Judy Garland, Clifton Webb et fut très intime avec le jeune Orson Welles, grand amateur de jazz (et de jolies femmes) alors qu'il travaillait sur Citizen Kane. Leur relation fit beaucoup jaser les imbéciles et tous deux furent accablés de menaces anonymes. Mais voici comment la Lady évoque sa rencontre impromptue avec une des plus grandes stars de l'âge d'or :

Un jour, à Hollywood, j'ai fait une balade en voiture avec une jeune et riche starlette blonde qui sortait avec Billy Daniels (...). Billy lui avait prêté sa belle Cadillac pour faire un tour. Elle m'a emmenée à l'aquarium quand : boum ! notre carrosse flambant neuf a calé et impossible de redémarrer. Nous voilà en plan dans un coin désert non loin de la plage. Je ne m'y connaissais absolument pas en mécanique, et elle encore moins. Nous étions dans de beaux draps, quand j'ai aperçu une voiture arrêtée en contrebas. Un gars était couché dessous, en train de bricoler, et ma foi, il avait l'air de savoir de quoi il s'agissait.
Je l'ai appelé aussitôt :
— Hé ! là-bas, nous sommes deux filles en détresse ! Vous pourriez monter et voir ce qui ne va pas ?
Quand il est sorti, sa tête m'a dit quelque chose, malgré ses lunettes de soleil. Je lui ai dit :
- Vous, je vous ai déjà vu quelque part.
Il m'a reconnue lui aussi car il était venu m'entendre chanter au club.
Il était très sympa, et il ne lui a pas fallu deux minutes pour voir d'où venait la panne et réparer. Il a même pris le volant pour bien s'assurer que tout allait bien, avant de nous quitter. Puis il nous a offert de boire un pot avec lui. On a accepté, et il nous a emmenées jusqu'à une grande auberge près de la plage.
Dès notre entrée dans le bar, tous les yeux se sont braqués sur nous ; j'avais tellement l'habitude que je n'y ai pas fait attention. Mais dans ce genre d'affaires, il y a toujours un plaisantin. Ça n'a pas loupé : un type solidement nasqué s'est avancé vers notre table, m'a dévisagée de haut en bas, a dévisagé la fille blonde, puis s'est tourné vers notre ami mécanicien et lui a sorti :
— Bravo, je vois que vous en emballez de toutes les couleurs !
Celui-ci n'a fait ni une ni deux et a envoyé le raciste au tapis. Alors je l'ai reconnu : c'était Clark Gable, et il s'est marré quand je lui ai dit que je l'avais reconnu à son direct.


Gable était un gentleman. Je suis moins sûr de l'anecdote mais je crois que quelques années plus tard, il avait à nouveau envoyé un bourre-pif à un connard qui avait refusé de laisser s'asseoir Dorothy Dandridge à une table.

La suite du texte de Billie Holiday est plus morose :

En rentrant de Hollywood, j'étais un peu mieux fringuée qu'au départ, et j'avais appris quelques astuces de maquillage des nanas de Hollywood, mais je rentrais, d'autre part, toujours de la même façon : en car et aussi pauvre que le jour de ma naissance.
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Re: L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Message par Federico »

Il a couru une flopée de rumeurs et d'anecdotes sur l'inclassable Tod Browning et notamment sur le tournage de son chef-d'œuvre Freaks (1932). Avérée ou non, j'aime beaucoup celle qui raconte qu'un vent de panique souffla sur le personnel de la MGM au moment où Browning se pointa à la cantine avec tous ses acteurs. :D

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Re: L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Message par Julien Léonard »

Ah, merci pour ces anecdotes toutes plus intéressantes les unes que les autres ! Surtout celle avec Gable, je ne la connaissais pas... :D
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Message par Federico »

Extrait de l'interview de Peter Falk en 1986 pour l'émission Cinéma, Cinémas interrogé à propos du trio amical qu'il forme avec Cassavettes et Ben Gazzara :

Question : Lequel est le plus fou de vous trois ?
Falk : John.

Q : Lequel a le plus de succès auprès des femmes ?
F : (Longue hésitation) Lequel des trois a le plus de succès auprès des femmes ?... Je suis obligé de dire Bennie, avec sa voix... Il a un timbre de voix... Si j'avais sa voix... Sa voix et mon physique :lol: , ce serait fantastique !

Q : Qui est le plus drôle ?
F : Heu... Le plus drôle sans le vouloir, c'est moi. Si vous voulez dire drôle intentionnellement... Vous connaissez l'expression sportive "photo-finish" ? Comme quand on ne peut pas départager deux chevaux... Je dirais alors que c'est John et Ben. (...)

Q : Qui est le plus paresseux ?
F : Moi.

Q : Qui est le plus trouillard ?
F : Moi.

Q : Qui est le plus têtu ?
F : John. (...)

Q : Le plus courageux ?
F : John.

Q : Le plus vaniteux ?
F : Bennie... Mais il y a photo-finish entre nous trois ! :lol:

Q : Et le plus content de lui ?
F : Le plus content de lui ?... Le plus satisfait de lui-même, le plus à l'aise ? Je dirais que c'est... sans doute John.

Q : Le plus beau ?
F : Oh... moi.

Q : Le plus charmant ?
F : Ah... moi. 8)

Q : Le plus vicelard ?
F : Aucun.

Q : Le plus italien ?
F : Bennie.

Q : Le plus grec?
F : John.

Q : Le plus juif ?
F : Moi. :wink:

Q : Et... le plus heureux, le plus joyeux ?
F : Heu... le plus joyeux, le plus gai ? Par opposition à une satisfaction équilibrée ? Mmhh... Je dirais... moi. Oui, moi.

Q : Et le plus triste ?
F : Je ne crois pas... Je ne trouve aucun de nous triste.

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Re: L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Message par Federico »

Toujours pêché dans le génial coffret DVD Cinéma, Cinémas (édité par l'INA). L'interview de l'écrivain et scénariste Al "Buzz" Bezzerides par Philippe Garnier en 1982 :

Mon premier scénario se basait sur des souvenirs : un camionneur, comme mon père, écrasé par les patrons de conserveries. Le héros de Juke Girl (1942) était Ronald Reagan, se battant pour les droits des camionneurs. Vous le voyez faire ça aujourd'hui ?! Défendre le petit fermier grugé par une grosse conserverie ! Aujourd'hui, il serait du côté des gros contre le petit ! Ce bon vieux Ronald Reagan ! :wink:

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Re: L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Message par Federico »

J'espère ne pas donner l'impression de monopoliser ce topic :wink: mais voici un autre passage de l'autobiographie de Billie Holiday. Il met cette fois en scène l'une des premières artistes Noires à avoir connu le succès à Hollywood (et qui nous a quitté il y a peu). Pour situer le contexte, je précise que Lady Day sortait alors de prison et que juste avant ce passage, elle raconte que Sarah Vaughan (dont elle avait pourtant encouragé les débuts) s'était comportée en garce et l'avait somptueusement ignorée.

Il y avait des gens comme Lena Horne qui me donnaient l'impression de n'être jamais partie. Pendant cette période, je suis sortie avec John Simmons, de l'orchestre d'Ellington ; on lui avait dit ce que j'éprouvais et il voulait me rendre service. Il m'a donc proposé de m'emmener au Strand où jouait Lena ; je n'osais pas : après mon expérience avec Miss Vaughan, je me méfiais, car je n'avais pas envie de recevoir un nouveau coup dans l'estomac. J'ai voulu rester assise au fond du théâtre où il faisait sombre, et n'assister qu'à la répétition. J'aurais dû mieux connaître Lena. Quelqu'un lui ayant dit :
— Lady Day est dans la salle.
— Lady Day ?
Cette fille ravissante s'est envolée de scène comme un oiseau, et a parcouru toute l'allée centrale plongée dans l'obscurité en m'appelant. Sitôt qu'elle m'a vue, elle s'est précipitée, m'a prise dans ses bras, embrassée, regardée, en riant et pleurant à la fois :
— Ma chérie, pourquoi, mais pourquoi n'es-tu pas venue me voir en coulisses ?
— C'est que, mon chou, tu sais, je sors de prison.
— Qu'est-ce que tu racontes ? Tu as été malade et absente quelque temps, c'est tout.
Puis, elle m'a prise par la main, et m'a emmenée dans sa loge. Après la première partie, elle n'a pas voulu que je parte et m'a invitée à dîner ; nous avons bavardé avec plaisir des bons vieux jours d'Hollywood, et de ses problèmes avec le film Stormy Weather, dont Ethel Waters était la vedette. Nous avons tant parlé, de choses et d'autres, et j'étais si heureuse que j'en ai pleuré. Les êtres comme Lena Horne vous guérissent des blessures que vous font les autres.


Bref, la beauté, le charme, l'élégance, la gentillesse et la classe réunis. :oops:

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Message par Rick Blaine »

Federico a écrit :J'espère ne pas donner l'impression de monopoliser ce topic :wink:
Non au contraire c'est passionnant!
Julien Léonard
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Re: L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Message par Julien Léonard »

T'inquiètes, c'est super ! Du coup, ça me motive pour en mettre encore quelques-unes. :)
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Re: L'âge d'or d'Hollywood : Anecdotes à la une !

Message par Federico »

Watkinssien a écrit :Kim Novak à Hitchcock :
Quel est mon meilleur profil ?

Hitchcock :
Vous êtes assise dessus !
:mrgreen:
A rapprocher de la bonne vanne balancée un jour par Arletty :

Des rides ? J'en ai qu'une et j'suis assise dessus ! :lol:

Cela dit, le prude Hitchcock aimait bien se lâcher de temps en temps comme le prouve un document célèbre pris durant le tournage de Blackmail où pour décontracter la jolie Anny Ondra durant un test-son, le père Hitch lui sortit une blague de corps de garde...

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