Mireille Balin (1909-1968)

[Commissaire Juve]

En faisant une recherche sur le forum, j'ai vu que certains d'entre-vous en avait déjà parlé ici et là.

Rappel aux nouveaux-nés : c'est la Gaby de Pépé le Moko (1937) ou la Madeleine Gueule d'amour (1937).

Je savais qu'elle avait mal fini, mais, en écoutant Jean Delannoy dans les suppléments de Macao, l'enfer du jeu (1942), je ne savais pas que sa fin avait été aussi "glauque".

Longtemps fiancée à Tino Rossi (jusqu'en 1941), elle a participé à quelques beaux films des années 30. Et puis la guerre est arrivée et elle s'est amourachée d'un officier de l'armée allemande. Au moment de la Libération, il était clair qu'il valait mieux déménager. Le couple a fait ses valises, mais a été capturé à la frontière italienne par des FFI. Le mec a disparu (on suppose qu'il a été abattu) et la pauvre Mireille a été violée, battue ("abîmée" selon Jean Delannoy). Ensuite elle a été incarcérée à Nice puis à Fresnes. Elle a été libérée en janvier 1945, a fait un film en 1948 (après une interdiction de travail), mais n'a jamais pu relancer sa carrière.

Elle est morte 20 ans plus tard (dans l'hôpital de ma commune), dans la misère, complètement oubliée. Jean Delannoy raconte -- enfin... "racontait" -- qu'il était seul à son enterrement. Elle a été inhumée au cimetière de Saint-Ouen, dans le caveau de Jean Tissier, autre comédien décédé dans la dèche.

Ben dis donc, pas gai... Elle a eu moins de chance qu'Arletty.

Dans la page Wikipedia consacrée à Arletty on peut lire :

Elle aurait dit à Michèle Alfa et Mireille Balin qui avaient aussi comme amants des officiers allemands : "On devrait former un syndicat".

Si l'on en croit la base d'IMDB, elle n'a fait que 29 films.

A titre perso, je n'ai vu que :

- Pépé le moko (1937) ... avec Gabin
- Gueule d'amour (1937) ... avec Gabin
- Naples au baiser de feu (1937) ... avec Tino Rossi et Michel Simon
- Macao, l'enfer du jeu (1942) ... avec Erich von Stroheim

[Alphonse Tram]

Je l'ai vu dans L'assassin a peur la nuit, de Jean Delannoy justement, disponible dans la collection SNC/M6.
Le film est correct. Il date de 1942, un de ses derniers rôles certainement. Difficile d'en penser quelque chose car je ne l'ai vu que dans ce rôle. Un jeu un peu forcé, dans le style de l'époque; mais c'est vrai qu'elle était très belle.

Pour une iconographie, vous pouvez vous référer au site mireillebalin.free.fr


Visiblement ça date de 1941. Elle aurait mieux fait de rester avec Tino

[joe-ernst]

Sans conteste un des destins les plus tragiques du cinéma français. Il semblerait que ce soit sa participation au film de propagande Les cadets de l'Alcazar qui lui ait valu un traitement aussi ignoble et qui expliquerait pourquoi d'autres actrices auraient été moins maltraitées à la Libération. C'est la fondation La roue tourne qui lui permit de ne pas se retrouver à la rue. Daniel Arsand lui a consacré un livre en 1989. Le personnage incarné par Isabelle Adjani dans l'excellent film de Jean-Paul Rappeneau Bon voyage a rappelé le souvenir de cette très belle actrice.
Il faut que je visionne Macao (et que j'écoute les commentaires de Delannoy) et L'assassin a peur la nuit.

[Commissaire Juve]

Pour une iconographie, vous pouvez vous référer au site http://mireillebalin.free.fr/index.html

Pas mal du tout, ce site "Free".

[Ann Harding]

J'aime beaucoup Mireille Balin qui est une femme fatale parfaite dans Gueule d'Amour et Pépé le Moko. Je l'ai remarquée aussi dans un petit rôle alors qu'elle était encore toute jeune dans le Don Quichotte (1932) de Pabst. Quelle fin tragique....!

[Nestor Almendros]

Merci, vraiment, d'avoir ouvert ce fil très intéressant sur cette comédienne que j'ai encore croisé la semaine dernière dans NAPLES AU BAISER DE FEU (diffusé au Cinéma de Minuit). Au-delà de ce destin tragique dont j'étais loin de me douter (la bio du site mireillebalin.free.fr est très émouvante), cela permet de reparler du cinéma français sous l'Occupation: une époque bien riche en petites histoires, honorables ou honteuses.

[joe-ernst]

J'aime beaucoup Mireille Balin qui est une femme fatale parfaite dans Gueule d'Amour et Pépé le Moko.

J'adore la scène dans Pépé le Moko où elle crache son mépris à la figure de son vieil amant. Elle y est superbe !

[Music Man]

Je me souviens notamment de ses prestations dans Gueule d'amour et Macao enfer du jeu.
Dans un vieux numéro de la revue cinéma, un journaliste faisait part de sa rencontre avec la star déchue, tout en restant discret sur les raisons de sa disgrâce.
Il était frappé par le visage très marqué de la star d'avant guerre.
Elle lui parlait de son court passage à Hollywood. La MGM voulait qu'elle tourne dans le remake de la chair et le diable, mais Mireille a décliné la proposition.

[Commissaire Juve]

...
Il était frappé par le visage très marqué de la star d'avant guerre.

Oui, on dit qu'elle a eu une maladie de peau (du reste, le site qui lui est consacré parle carrément d'une opération pour tenter de rectifier le tir). Mocky en parle dans les suppléments d'un film de Jean Gourguet édité par Doriane Films.

[Music Man]

LA FEMME QUE J’AI LE PLUS AIME de Robert VERNAY – 1942
Avec ARLETTY, Mireille BALIN, Raymond ROULEAU, NOEL-NOEL, René LEFEVRE, André LUGUET, Michèle ALFA, Jean TISSIER, Lucien BAROUX, Jacqueline GAUTHIER

Un jeune garçon éprouve sa première déception amoureuse. En guise de consolation, ses amis évoquent, à tour de rôle, les femmes qu'ils ont le plus aimées...

Un film à sketches dialogué par le célèbre scénariste et dramaturge Yves Mirande qui présente avec humour cinq petites histoires pour illustrer les déboires sentimentaux rencontrés par différents par différents hommes. Comme on peut l’imaginer, c’est très misogyne. Tantôt garces, frivoles, égoïstes ou manipulatrices, les femmes sont rarement présentées sous un angle qui les valorise. Dans le genre mufle, le pire sketch est celui où René Lefèvre se souvient avec émotion d’un coup de foudre qu’il avait eu jeune pour une employée ; des années après, quand il la retrouve, vieillie et fourbue par le travail, il se réjouit de ne pas l’avoir épousée.
Globalement, les sketchs s’enchaînent bien et se regardent avec un certain plaisir : celui notamment de revoir tant d’artistes de l’époque, et ces fameux seconds rôles qui faisaient tout le sel du cinéma français. Curieusement, j’ai été déçu par la prestation d’Arletty en fofolle gouailleuse qui séduit Noël-Noël. Mal maquillée, elle est vraiment peu séduisante et son personnage irritant (ce qu’elle chantait mal !). Mireille Balin et Raymond Rouleau m’ont paru bien plus naturels. Le sketch macabre de Lucien Baroux (que tout le monde croit mort d’une crise cardiaque, et qui que sa femme le trompait avec son le meilleur ami) : c’est bien enlevé, avec pas mal d’humour noir. Un film agréable à revoir.

[Supfiction]

LA FEMME QUE J’AI LE PLUS AIME de Robert VERNAY – 1942
(...)
Arletty en fofolle gouailleuse qui séduit Noël-Noël. Mal maquillée, elle est vraiment peu séduisante et son personnage irritant (ce qu’elle chantait mal !)

Arletty est effectivement peu à son avantage dans ce film, je me demande également pourquoi. C'était pourtant avant ses déboires amoureux si je ne m'abuse. Son sketch avec Noël-Noël se laisse regarder, pour le plaisir des acteurs. Sans plus.

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En revanche, Mireille Balin est une nouvelle fois superbe, distinguée, délicate, sexy, amoureuse, touchante, drôle, raffinée, adorable, taquin, classe.
Son sketch est de loin le plus réussi et le plus drôle, je trouve. Elle avait quitté le personnage de Raymond Rouleau (formidable tout comme dans Falbalas dans un rôle assez proche) quand il était riche et bon à rien, elle craque de nouveau pour lui quand il est ruiné et désormais auteur de pièce de théâtre. Elle se fait passer pour lui - jouant de son prénom unisexe (Claude) - auprès de l'huissier (excellent Jean Tissier avec sa voix empruntée idéal pour la comédie) venu saisir et qui annule la dette par amour.

Le sketch avec André Luguet est sympa aussi, on sourit à le voir poser à moitié nu ou déguisé en gladiateur, par amour pour une femme sculpteur (Michèle Alfa). Le reste est très dispensable.

Mireille Balin et Raymond Rouleau enchaineront d'ailleurs avec un nouveau film ensemble tourné la même année : Dernier atout.

[Sybille]

LA FEMME QUE J’AI LE PLUS AIME de Robert VERNAY – 1942
(...)
Arletty en fofolle gouailleuse qui séduit Noël-Noël. Mal maquillée, elle est vraiment peu séduisante et son personnage irritant (ce qu’elle chantait mal !)

Arletty est effectivement peu à son avantage dans ce film, je me demande également pourquoi. C'était pourtant avant ses déboires amoureux si je ne m'abuse. Son sketch avec Noël-Noël se laisse regarder, pour le plaisir des acteurs. Sans plus.

Disons que cette frange épaisse ne l'avantage pas, aussi !

Sinon, je n'ai pas encore croisé la route de Mireille Balin au cours de mes découvertes "cinéma français", mais l'actrice attise ma curiosité.
Sur les photos postées, elle me fait lointainement penser à Joan Crawford, pas tellement de visage (même si cheveux bruns dans les deux cas), mais un peu d'allure...

[Supfiction]

je n'ai pas encore croisé la route de Mireille Balin au cours de mes découvertes "cinéma français", mais l'actrice attise ma curiosité.
Sur les photos postées, elle me fait lointainement penser à Joan Crawford, pas tellement de visage (même si cheveux bruns dans les deux cas), mais un peu d'allure...

Oui, c'est surtout la coiffure et son côté distingué qui lui donne parfois un air de Joan Crawford.
(Jacqueline Delubac avait un peu la même coupe mais ça faisait pas du tout le même effet)

Je te conseille surtout le magnifique Gueule d'amour pour commencer. J'adore.
J'évoquais plus haut Dernier atout, c'est une sorte de comédie policière plutôt ratée mais dont on peut tirer du plaisir à la vision. Ça se veut à la fois sérieux et léger de par le jeu aérien de Raymond Rouleau et la présence de Noël Roquevert. Il fallait oser faire de Gaston Modot l'ennemi public n°1 américain (Toni Amanito).

[Sybille]

Oui, c'est surtout la coiffure et son côté distingué qui lui donne parfois un air de Joan Crawford.
(Jacqueline Delubac avait un peu la même coupe mais ça faisait pas du tout le même effet)

Oui. Et je dois également être influencée par le côté "vénéneux" qui leur est associé à elles deux.
Jacqueline Delubac est différente effectivement, plus légère, voire juvénile. Son visage est un peu trop maigre parfois, mais elle a incontestablement de très beaux yeux.

Je te conseille surtout le magnifique Gueule d'amour pour commencer. J'adore.

J'ai très envie de découvrir ce film, surtout que je suis fan de Grémillon et j'aime assez Gabin.

[kiemavel]

13 messages dont 3 aujourd'hui pour Mireille Balin ; comme l'avait dit le commissaire à la création du sujet, elle était tombée dans l'oubli de son vivant... et apparemment ça ne s'arrange pas. Il faut dire qu'on peut voir facilement guère plus de 6 ou 7 films. J'en ai noté un depuis longtemps mais je ne l'ai jamais vu : On a trouvé une femme nue de Leo Joannon avec Saturnin Fabre. Selon le guide suprême de la critique ciné (Tulard)...La fille d'un aristocrate ruiné se rend par mégarde au bal de l'internat au cours duquel elle est déshabillé par des étudiants en folie (tiens, tiens…) Elle parvient à s'enfuir et à trouver refuge chez Jacques, un jeune homme qui s'avère être celui que son père voulait lui faire épouser de force...
D'apres Tulard, le grand Saturnin Fabre y est fabuleux en marquis ruiné et on y retrouve quelques autres grands excentriques. Accessoirement, mais ce n'est pas pour ça que je veux le voir bien sûr , le film est réputé contenir quelques scènes olé, olé (une spécialité de Joannon 1ère époque) mais bizarrement Tulard n'en dit rien. Le film est rare. Il a été montré à la cinémathèque en 2009 mais à ma connaissance n'est jamais passé à la TV. René Chateau l'avait sorti en vhs mais c'est devenu presque introuvable. Une tête à claques en veut + de 100 e sur Ebay en ce moment…Quelqu'un l'a vu ? (Au hasard, Federico )