Pola Negri (1897-1987)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Pola Negri (1897-1987)

Message par Music Man »

Image

Du 7 au 12 avril 2010, hommage à Pola Negri à la cinémathèque de Paris. Les films qui seront diffusés sont fort rares et comprennent un film polonais de ses débuts, son seul film français (un parlant de 1934, ainsi que sa rarissime version anglaise avec Pierre Richard Willm), son dernier film parlant allemand (Moscou Shangaï), ses films américains, et un documentaire récent.

Les films diffusés :

Mercredi 7 Avril 2010 - 20h00
LA DUBARRY - ERNST LUBITSCH
Allemagne - 1919 - 111' - SALLE HENRI LANGLOIS - INT.FR - 35mm

Jeudi 8 Avril 2010 - 21h30
BAD GIRL - ALEKSANDER HERTZ
Pologne - 1917 - 64' - SALLE GEORGES FRANJU - INT.FR - 35mm

Vendredi 9 Avril 2010 - 17h00
COMTESSE DODDY - GEORG JACOBY
Allemagne - 1919 - 81' - SALLE HENRI LANGLOIS - INT.FR - 35mm

Samedi 10 Avril 2010 - 17h00
MOSCOU-SHANGHAI - PAUL WEGENER
Allemagne - 1936 - 90' - SALLE HENRI LANGLOIS - VOSTF - 35mm

Samedi 10 Avril 2010 - 19h30
FANATISME - GASTON RAVEL, TONY LEKAIN
France - 1934 - 80' - SALLE GEORGES FRANJU - VOSTF - 35mm

Samedi 10 Avril 2010 - 21h30
BELLA DONNA - GEORGE FITZMAURICE
Etats-Unis - 1923 - 60' - SALLE GEORGES FRANJU - INT.FR - 35mm

Dimanche 11 Avril 2010 - 17h00
WENN DAS HERZ IN HASS ERGLUHT/ THE SPANISH DANCER - HERBERT BRENON, KURT MATULL
Allemagne, Etats-Unis - 112' - SALLE GEORGES FRANJU - INT.FR - 35mm

Dimanche 11 Avril 2010 - 19h30
SON DERNIER TANGO - PAUL CZINNER
Grande-Bretagne - 1929 - 94' - SALLE GEORGES FRANJU - INT.FR - 35mm

Dimanche 11 Avril 2010 - 21h30
DER GELBE SCHEIN - EUGEN ILLES, PAUL L. STEIN, VICTOR JANSON
Allemagne - 1918 - 66' - SALLE GEORGES FRANJU - INT.FR - 35mm

Lundi 12 Avril 2010 - 17h00
POLA NEGRI: LIFE IS A DREAM IN CINEMA - MARIUSZ KOTOWSKI
Etats-Unis - 2006 - 89' - SALLE GEORGES FRANJU - VOSTF - Vidéo

Lundi 12 Avril 2010 - 19h00
TANGO NOTTURNO - FRITZ KIRCHOFF
Allemagne - 1937 - 88' - SALLE HENRI LANGLOIS - VOSTF - 35mm

Lundi 12 Avril 2010 - 21h00
THE THIRD NAPOLEON'S SECRET - GASTON RAVEL
Grande-Bretagne - 1934 - 106' - SALLE HENRI LANGLOIS - VOSTF - 35mm


POLA NEGRI

On a peine à imaginer aujourd’hui la popularité qu’ont pu avoir les stars de cinéma pendant les années 20. Le public parfaitement crédule, les adulait comme des divinités et était prêt à croire les délires les plus insensés crées par les agences publicitaires. La polonaise Pola Negri fut une des plus grandes stars du cinéma muet, et la première importation européenne réalisée par Hollywood. Bien évidemment, nous nous attarderons ici surtout sur la deuxième partie de la carrière de la diva dans ses films parlants et chantants.
Image

Né en 1894, la jeune Pola, après des cours de danse et de théâtre à Saint Petersbourg débute sur les planches en 1913. Comme suite à la fermeture des théâtres pendant la première guerre mondiale, la jeune actrice, aidée d’un riche protecteur, se tourne vers le cinéma (encore balbutiant)et obtient des rôles principaux dans plusieurs productions cinématographiques locales. Le passeport jaune (1914) où elle incarne une jeune juive remporte un réel succès. En 1918, elle se rend à Berlin, en passe de devenir la capitale européenne du cinéma. Les films qu’elle va tourner sous la direction d’Ernst Lubitsch vont remporter un succès sensationnel dans toutes l’Europe et aux USA (où ils seront exploités comme « productions européennes » afin d’éviter de faire fuir un public très méfiant envers les allemands). Certains d’entre eux viennent de ressortir en coffret DVD en Allemagne. On reconnaît déjà la patte du célèbre cinéaste, et la présence de Pola est indéniable.
Image
Elle n’est pas vraiment belle, mais dans ses rôles exotiques de tziganes ou d’esclaves, elle exerce une sorte de magnétisme animal. Dans les yeux de la momie (1919), elle est sous l’emprise d’un fou (très impressionnant Emmil Jannings) qui la séquestre dans une pyramide. Sauvée par un riche étranger, elle devient danseuse (et fait preuve d’ailleurs d’une certaine souplesse dans ses numéros pseudo orientalistes). Le mélo s’achève de façon dramatique, comme la plupart des films de la femme fatale. Alertée par le succès de la comédienne, la Paramount la convainc de venir poursuivre sa carrière à Hollywood.
Image

En dépit de la médiocrité de la plupart des films (dans lesquels elle se présente sous un jour très sophistiqué qui lui ôte beaucoup de son originalité) qu’elle y tourna (hormis Hôtel impérial de Mauritz Stiller et Barbed wire, deux films très réussis où elle ne joue pas les vamps), Pola Negri va réussir à se faire un nom aux States par ses extravagances et son goût immodéré pour la publicité. Après une liaison tapageuse avec Charlie Chaplin (qui pourtant semblait préférer les femmes plus jeunes), Pola Negri extériorise sa douleur lors du décès tragique et prématuré de Rudolph Valentino : elle serait tombée follement amoureuse de l’artiste peu avant sa disparition. Pourtant des amis de l’acteur prétendront qu’elle ne l’a jamais rencontré. Les nombreuses interviews dans lesquels la comédienne fait part de son chagrin vont finalement la desservir et lui donner l’image d’une opportuniste malveillante. L’année suivante, pour damer le pion à sa rivale Gloria Swanson qui vient d’épouser un conte, Pola se marie un prince (d’origine douteuse), car à l’époque cela impressionnait beaucoup le public.
Image

L’arrivée du cinéma parlant (qu’elle qualifie de caprice, de curiosité qui va vite lasser le public) la met rapidement sur la touche, car la Paramount n’entend guère miser sur l’accent polonais prononcé de l’artiste.
Après un ultime muet en Angleterre de Paul Czinner « Son dernier tango, rue des âmes perdues (un film surprenant très dépouillé où Pola est surprenante en prostituée allumeuse draguant dans un bouge infame puis tentant de devenir une épouse modèle : probablement un de ses meilleurs films), Pola, ruinée par le crash boursier de 1929, entreprend un tour de chant aux USA avec des airs du folklore russe, bien mis en valeur par sa voix rocailleuse et tremblée, mais envoûtante.
En 1932, elle tente un come-back parlant à la RKO. Si le mélo « Maria Draga» est un échec (certaines scènes hyper mélo sont jouées de façon très passionnées comme au bon temps du muet), la chanson « Paradise » ( un air langoureux au charme très rétro)
qu’elle interprète dans le film devient le plus gros succès de l’année, et un tube international qu’elle enregistrera même en français. Voici quelques paroles de ce must : « je rêve que je suis dans tes bras, mmmmm, je sens sur moi, mmmmmm,tes lèvres d’amant, d’amour brûlant, qui cherchent un doux baiser, saurais-je résister ?, et quand dans la pénombre, il me prend, mmmmmm, il m’emporte au Paradis. »
Image

Hollywood ne s’intéressant plus à la vamp, Pola tourne un film français en 1934 (avec Pierre Richard Wilm), puis finit par retrouver les studios allemands de la UFA, 12 ans après. Entre temps, l’Allemagne a basculé dans le nazisme et Goebbels surveille de près la propagande distillée dans les documentaires d’actualité et un peu moins dans les films. Mazurka(1935), réalisé par le talentueux Willi Forst est un excellent mélo qui va relancer la carrière de Pola. Il faut bien convenir qu’elle est très convaincante en chanteuse meurtrière (Lors d’une projection, Pola estimait elle-même qu’elle n’avait jamais vu une aussi brillante interprétation à l’écran !). Si elle interprète elle-même la chanson triste dans la scène de cabaret, elle est doublée pour l’interprétation de « ich spur in mir »par une soprano coloratur (en revanche, pour la version commercialisée en 78 T, c’est Pola qui chante elle-même avec sa voix d’outre tombe la célèbre mazurka, sauf l’envolée lyrique du milieu).
ImageComme le film, la chanson remportera un très gros succès repris en France par Damia et Annette Lajon. Pola comptait fort sur ce joli come-back, pour renouer avec Hollywood. Hélas, le film sera très vite adapté pour les USA, mais sans elle ! (Confession avec Kay Francis). Jusqu’en 1938, Pola va tourner 6 films pour la UFA, dans lesquels elle chante le plus souvent. Tango notturno (1937) est un musical sans grand intérêt dont on retiendra surtout la très belle chanson, dans un style très proche des succès de Zarah Leander. L’adaptation filmée de Mme Bovary (1937) a été beaucoup critiquée, et on a reproché à l’époque à Pola de sous-jouer. Quand on sait que parfois dans les films de l'époque, certains acteurs avaient un jeu très théâtral, peut être que l’interprétation de Pola Negri mériterait d’être reconsidérée.
Image

En 1937, Pola Negri attaque le journal français « Pour vous » qui prétend que la star est devenue la maîtresse d’Hitler et qu’elle aurait déclaré « que voulez-vous, il y a eu beaucoup d’hommes importants dans ma vie : Chaplin, Valentino… » . En 1939, dès l’entrée en guerre de la Pologne, Pola décide de quitter l’Allemagne (il faut également ajouter que Goebbels la détestait, et qu’il avait mené une enquête prouvant les origines juives de la star). Après un bref séjour en France, elle parvient avec difficultés à regagner les USA, en passant par le Portugal. A New York, la comédienne, à laquelle on reproche d’avoir joué dans plusieurs films allemands, ainsi que les fausses rumeurs de sa liaison avec Hitler est mise en quarantaine. Libérée, elle tourne un film à Hollywood « Hi diddle diddle »1943, une comédie musicale de série B, loufoque et décapante.
Image

Aucune proposition ne suivra. L’actrice partagera ensuite la vie d’une riche héritière texane qui lui léguera sa fortune. En 1964, elle fera une apparition dans la baie des émeraudes, une comédie de Walt Disney, où elle pastiche son personnage excentrique (n’a t’on pas dit que la Norma Desmond de Sunset Boulevard était en grande partie inspirée d'elle ?). En 1970, elle publie ses mémoires, un vrai monument de suffisance. L’ancienne diva, souffrant d’une tumeur au cerveau et d’une pneumonie, s’est éteinte en 1987. Il paraît que peu avant sa mort, elle aurait pris sur son lit sa plus belle pose et dit au médecin venu la soigner « vous ne me reconnaissez pas ? Je suis la star Pola Negri ».
Image

Comme beaucoup de superstars du muet, on n’a plus guère l’occasion de revoir les films de celle qui fut à ses propres yeux « une grande artiste ». Dommage, car c’était vraiment une excellente actrice, et pas simplement une femme fatale fabriquée par les studios de cinéma. On peut également écouter ses disques repris en CD, à condition de n’être point rebuté par sa voix très rauque et chevrotante, mais emprunte du mystère d’une autre époque.
Dernière modification par Music Man le 10 mars 10, 10:52, modifié 2 fois.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par Music Man »

Image

Avis de Joe Ernst :

Hotel Imperial (1927), de Mauritz Stiller.

Situé pendant la Première Guerre Mondiale en Galicie, il met en scène une jeune officier hongrois (James Hall) traqué par les troupes d'occupation russes et se réfugie à l'hôtel Impérial. Caché par le propriétaire et son employée Anna (Pola Negri), il va tenter avec leur aide de mettre à mal les plans d'un espion russe lorsque le général russe fait de l'hôtel son QG.

Si le scénario est somme toute assez prévisible, la mise en scène de Stiller est très bonne, capable d'évocations puissantes et ménage de bons moments de suspense. Pola Negri est excellente et mérite certainement mieux que sa réputation d'actrice au jeu limité. Le couple qu'elle forme avec Hall est très crédible.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par Music Man »

Image
Sumurun de Ernst Lubitsch (ALL 1920)

Avis de Alligator :

Ces histoires d'amour contrariés, entre mélodrames et farces, ont assez rapidement fini par me lasser. L'histoire ne m'a pas vraiment atteint.
Le jeu des comédiens est souvent appuyé à l'extrême. De pratiquement tous les comédiens, de Lubitsch lui même à Pola Negri (on ne s'y habitue pas). Les deux muftis surtout sont à la limite du supportable.

Alors que retenir de bien? D'abord les décors très impressionnants, somptueux, réalistes. Mais également et surtout l'adresse dont fait preuve Lubitsch pour mettre en scène ses éléments dramatiques. La scène de l'arrivée des saltimbanques par exemple fait preuve de magistrale invention. Ya bien une actrice qui m'a tapé dans l'oeil sur deux ou trois scènes, je ne connais pas son nom, je n'ai pas su la retrouver, elle joue une des amies de Sumurun.

On compte malheureusement sur les doigts d'une main les idées brillantes. De là à dire que c'est un Lubitsch balbutiant son cinéma, il n'y a qu'un pas que je m'empresse de faire.

Je le préfère autrement plus dans le registre comique.
Dernière modification par Music Man le 18 avr. 10, 09:32, modifié 2 fois.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par Music Man »

Image

MARIA DRAGA (A WOMAN COMMANDS) de Paul STEIN - 1932
Avec Pola NEGRI, Basil RATHBONE, Roland YOUNG

Très vaguement inspiré par l’assassinat en 1903 d’Alexandre I de Serbie et de son épouse Draga par une conjuration d’officiers nationalistes, ce mélo tentait de rétablir la carrière de la star du muet Pola Negri, mise à mal par l’arrivée du parlant.
Elle y tenait le rôle d’une chanteuse de cabaret amoureuse entretenue par un officier. Afin de ne pas nuire à sa carrière, la belle artiste se sacrifie et prétend avoir rencontré un autre homme. Le roi de Serbie tombe amoureux d’elle et la force à l’épouser : elle finit par capituler quand elle comprend l’intérêt d’un tel mariage. Son ancien amant rentre alors dans les mouvements cherchant à déstabiliser le régime. Un attentat a lieu pendant le baptême du nouveau né du couple. Le roi est assassiné. Après avoir frôlé le peloton d’exécution, Maria sera épargnée et sauvée par son ancien amant.
Franchement, le film n’est pas très réussi. Le coté mélodramatique est poussé à l’excès par les acteurs, qui semblent jouer comme à l’époque du muet, de façon très passionnée.
Les adieux du couple Pola Negri –Basil Rathbone au début du film sont limite ridicules, tant la comédienne en fait des tonnes alors que l’acteur reste impassible, raide comme un piquet.
La fin du film nous propose une scène hyper mélo : Pola est condamnée à mort mais est autorisée à revoir son amant une dernière fois. Pour ne pas l’inquiéter, elle prétend qu’ils vont se retrouver dans une heure alors qu’elle se sait condamnée. Elle essaie de cacher sa peur et ses larmes (que personne ne s’inquiète, tout finira par un happy end inattendu) . Le coté hyper mélo et guimauve, la médiocrité des dialogues tuent la scène. L’actrice est par contre excellente dans les rares scènes de comédie (quand le roi la drague notamment). Mais vraiment tout s’enchaine mal dans ce film très peu convaincant, qui sera un échec au box office. Le fort accent étranger (qui rappelle un peu celui de Garbo)de l’actrice aurait également dérangé les spectateurs américains. L'actrice poursuivra sa carrière en Allemagne (où elle fera sensation dans Mazurka, pourquoi j'ai tué de Willi Forst en 1935).
Paradoxalement, « paradis » la chanson que Negri interprète dans le film remportera un triomphe international, le plus gros succès musical de 1932.
Elle la chante ici dans une scène de cabaret : dans ce passage, la grande star du muet à la voix rocailleuse, est assez fascinante et fait preuve d’un magnétisme brut de décoffrage assez particulier, même si on ne peut pas vraiment dire qu’elle soit belle.
Avatar de l’utilisateur
Ann Harding
Régisseur
Messages : 3144
Inscription : 7 juin 06, 10:46
Localisation : Paname
Contact :

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par Ann Harding »

A Woman of the World (1925, Malcolm St.Clair) avec P. Negri, Chester Conklin et Holmes Herbert

La comtesse Natatorini (P. Negri) découvrant l'infidélité de son époux quitte la Côte d'Azur pour le fin fond du Middle-West. Elle arrive à Maple Valley, petite ville puritaine pour y visiter son cousin (C. Conklin)...

Mon premier film du cycle consacré à Pola Négri et ce fut une très bonne soirée avec cette comédie bien menée. La belle Pola est un espèce d'OVNI qui débarque dans un petit bled paumé du Middle-West avec son fume-cigarette, ses plumes, des bijoux par milliers, son tatouage au bras et sa sensualité provocante. C'est d'ailleurs une excellente idée que de la confronter à Chester Conklin, un comique des films de Mack Sennett et de Chaplin. Le contraste ne pourrait pas être plus frappant! :uhuh: Quant à Herbert Holmes, le 'district attorney' du coin qui veut éliminer tous les vices de la ville, il va tomber sous le charme de la provocante comtesse. La scène où elle lui demande du feu en machouillant sensuellement une cigarette est hilarante : il se liquéfie littéralement devant nos yeux. :mrgreen: Ce que j'ai apprécié particulièrement dans ce film, c'est comment ils se moquent gentiment du personnage de vamp de Pola en la mettant en porte-à-faux dans un milieu totalement étranger. Le final est malheureusement un peu moins heureux et plus conventionnel. Mais, dans l'ensemble ce fut une très bonne soirée.

Un petit extrait sur YouTube nous montre l'arrivée de la Comtesse qui se fait tancer par le district attorney:
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par Music Man »

Le documentaire sur la vie de Pola Negri qui sera diffusé à la cinémathèque lundi sortira prochainement en DVD.
En Espagne, Madame du Barry a fait l'objet d'une sortie DVD en mars dernier.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par Music Man »

Image
MOSCOU SHANGHAI (der weg nach Shanghai) -de Paul WEGENER-ALLEMAGNE -1936
Avec Pola NEGRI, Gustav DIESSL


En 1917, pendant la révolution russe une riche veuve (Pola Negri ) tente de retrouver sa fille qu’elle a confié à une nourrice. Sur son trajet, elle croise un jeune homme qui l’aide à échapper aux bolcheviques. Pendant ses évènements sanglants, le couple va vivre une folle passion, avant que son sauveur ne soit arrêté.
Réfugiée à Shangai, elle perd tout espoir de retrouver son biennaimé , mais finit par le rencontrer fortuitement dans une chorale! Emotion! Hélas, il n’est plus libre et fiancé depuis un an avec une jeune femme. Emotion bis! Qu’à cela ne tienne, Pola n’a pas peur de la concurrence, mais elle découvre que sa rivale est…sa FILLE!


Mélo soigneusement réalisé et interprété avec sobriété, ce Moscou Shangaï commence vraiment très bien. La fuite de Pola en pleine révolution russe est mise en scène de façon haletante (attaque du train, fuite dans la forêt, exécutions) avec beaucoup de réalisme. Hélas, le film sombre dans la dernière demi heure dans le mélo avec un grand M, difficile à digérer pour le spectateur des années 2010. La série de coups de théâtres invraisemblables et pourtant prévisibles aurait peut être pu passer avec un peu de flamme ou de folie…J’ai même entendu quelques ricanements dans la cinémathèque.
Dans un cabaret sordide, Pola chante une chanson très mélancolique dans un style très proche de la Leander, qui aurait très bien pu la remplacer dans le film.
Dernière modification par Music Man le 11 avr. 10, 10:36, modifié 3 fois.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par Music Man »

Image
FANATISME -de Gaston RAVEL -FRANCE - 1934
Avec Pola NEGRI et Pierre RICHARD WILLM


La compagne d’un révolutionnaire italien qui a participé à un attentat contre Napoléon III, tente de s’introduire à la cour de l’empereur pour réussir là où son amant avait échoué; L’empereur étant un vrai coureur de jupons, la belle n’a aucun mal à la séduire. Mais son cour bat pour un jeune compositeur….

Pola Negri n’a tourné qu’un seul film en France . Si celui-ci est lent (les répliques sont détaillées consciencieusement par tous les comédiens), certaines pointes d’humour (pas forcément intentionnelles) viennent égayer le récit. Le personnage de terroriste un peu sauvage convient bien à Pola Negri qui n’a pas son pareil pour jeter un regard plein de flamme aux hommes qu’elle veut séduire. En danseuse romaine chantant la tarentelle dans une taverne ou en fausse comtesse, elle fait preuve d’un charisme certain. Si son accent étranger colle bien avec son personnage d’italienne, elle joue un peu trop sur les trémolos dans les grands moments dramatiques qui clôturent le film. Pierre Richard-Willm en bellâtre affable est limite ridicule quand il déclame ses poésies alors que Lucien Rozenberg est parfait en Napoléon III. Du cinéma à l’ancienne pas du tout désagréable à revoir.
Dernière modification par Music Man le 11 avr. 10, 10:17, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
Ann Harding
Régisseur
Messages : 3144
Inscription : 7 juin 06, 10:46
Localisation : Paname
Contact :

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par Ann Harding »

Voici le troisième film de la journée qui complètera les critiques de Music Man. :wink:

Bella Donna (1923) de George Fitzmaurice avec Pola Negri, Adolphe Menjou, Conway Tearle, Conrad Nagel et Lois Wilson

Image

Ruby (P. Negri) est mariée à un homme d'une jalousie maladive (A. Menjou). Durant leur lune de miel à Venise, il tue un homme qui s'approchait trop d'elle. Seule et sans argent, elle part pour Londres où elle rencontre Nigel Armine (Conrad Nagel) qui est l'héritier d'une grosse fortune...

Cette concoction assez ridicule est l'oeuvre de la scénariste Ouida Bergère, qui cachait sous ce nom d'emprunt ronflant le très plébéin Ida Berger. Le scénario est à son image, une suite de tableaux pleins de clichés et de stéréotypes issus de la littérature à trois sous. Pour la petite histoire, Ouida était alors l'épouse de Fitzmaurice et écrivait souvent ses scripts. Plus tard elle convolera en justes noces avec Basil Rathbone et deviendra l'unes des hôtesses les plus extravagantes d'Hollywood. George Fitzmaurice était un réalisteur inégal, capable du meilleur comme du pire. Ici, nous sommes vraiment dans le banal et l'ennuyeux. La destinée de Ruby, dite Bella Donna est filmée on-ne-peut-plus platement. Elle passe d'un homme à un autre sans transition. Les bons acteurs dans la distribution ne peuvent guère tirer leur épingle du jeu. Menjou disparait au bout de quelques minutes, Nagel est confiné en mari naïf et Conway Tearle, le visage passé au cirage est un prince égyptien assez ridicule. Il semble que le mirage des tentes dans le désert entourées de palmiers était à la mode en 1923 après le succès du Sheikh! Quant à Pola Negri, attifée dans des vêtements extravagants, elle essaie vaguement de donner corps à son personnage de femme fatale, mais sans grande conviction. La cinématographie signée Arthur Miller aurait pu sauver le film d'un naufrage complet, mais, hélas, cette copie reconstituée récemment n'est qu'un contretype granuleux teinté qui n'offre que bien peu de contraste. Si j'ajoute que le film est une réalisation de studio avec des toiles peintes plutôt laides pour figurer l'Egypte et Venise, je crois que j'achève de clouer le cercueil de Bella Donna... Je doute que, même en 1923, le film ait eu un grand succès.

La photo que Music Man a posté plus haut pour Sumurum est en fait issue de Bella Donna:
Image
Ruby revet un habit typique pour aller rejoindre son amant le Prince Baroubi.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par Music Man »

Image
TANGO NOCTURNE (Tango notturno) de Fritz KIRSCHOFF- Allemagne - 1937
Avec Pola NEGRI, Albrecht SCHOENHALS


Une chanteuse file le parfait amour avec son compositeur de mari, jusqu’au retour d’un ancien soupirant. Alors qu’elle rend visite à ce dernier, son fils fait une chute mortelle dans les escaliers. Rongée par la culpabilité, elle disparaît et s’enfonce dans la drogue…

S’il n’ y avait qu’une chose à sauver dans ce film, ce serait bien cette merveilleuse chanson « Tango notturno » chantée magnifiquement par Pola Negri. Un air envoûtant ,qui revient souvent au cours du film, qui remporta un succès énorme à l’époque et fut repris plus tard par Milva.
Pola Negri joue très bien son rôle de chanteuse dont la vie bascule dans le drame, mais le film est vraiment trop mauvais, creux et très ennuyeux. L’action se réveille enfin dans le dernier quart d’heure dans le plus pur style mélo, hérité des chansons réalistes. Un peu tard quand même…
Dernière modification par Music Man le 17 avr. 10, 09:39, modifié 2 fois.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par Music Man »

Image
POLA NEGRI : LIFE IS A DREAM IN CINEMA
Documentaire de 2006 de Mariusz Kotowski


Portrait laudatif de la superstar du muet, ce documentaire a été applaudi lors du festival consacré à Pola Negri.
J’ai regretté la mauvaise qualité visuelle de la plupart des extraits proposés et l’absence des films polonais des débuts. En revanche les interviews d’Elli Walash et de Helley Mills, partenaires de Pola dans la baie des émeraudes étaient souvent drôles.

On y apprend notamment que lors de son arrivée en Amérique, la star fut accueillie de façon délirante à New York : dans le port, des navires envoyaient des jets d’eau dans le ciel pour créer des arcs en ciel de lumière….A Hollywood, de jeunes fans jetaient des pétales de rose sur son passage. Mais il semble que les fans étaient payées par elle pour ce rituel…
Elle aurait vécu une grande passion pour Valentino , le plus grand amour de sa vie. Même si cette liaison a souvent été remise en cause par les journalistes , ici le documentaire semble l’accréditer . Valentino aurait jeté des pétales de roses sur leur lit avant leur première nuit d’amour (encore les roses…). En revanche, il est bien précisé que pour suivre le convoi mortuaire de son amant , Pola était flanquée d’un publicitaire de la Paramount ( on la voit aux obsèques dans un document d’époque) .
Pola n’aurait pas quitté Hollywood à cause de l’avènement du parlant, mais parce qu’elle était enceinte et que son mari de l’époque trouvait que la Paramount ne la payait pas suffisamment…
Pola possédait un château en France (à Rueil-Seraincourt ancien repaire ayant abrité les amours clandestines de Ninon de Lenclos)…
Lors de son come back dans la baie des émeraudes, elle avait exigé de ne porter que des tenues de hautes couture et des bijoux authentiques de si grande valeur qu’elle était toujours suivie par un agent de la sécurité…
Spielberg voulait l’engager pour Sugerland express et Minelli pour a matter of time mais sa santé et ses problèmes de vue ne lui ont pas permis d’y donner suite.
Le magnétisme animal et brut de Pola transparaît dans la plupart des extraits (Carmen, ; Les plus surprenant étant ses quelques intrusions le comique (hi diddle diddle) où elle se révèle irrésistible. Les intervenants retiennent hôtel impérial et barbed wire (elle est vraiment très bonne dans le second) comme ses meilleurs films et a woman of the world comme le plus drôle.

Une sortie en DVD est prévue prochainement.
Dernière modification par Music Man le 18 avr. 10, 09:34, modifié 1 fois.
joe-ernst
Décorateur
Messages : 3820
Inscription : 20 mars 06, 15:11
Localisation :

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par joe-ernst »

Music Man a écrit :POLA NEGRI : LIFE IS A DREAM IN CINEMA
Documentaire de 2006 de Mariusz Kotowski


Elle aurait vécu une grande passion pour Valentino , le plus grand amour de sa vie. Même si cette liaison a souvent été remise en cause par les journalistes , ici le documentaire semble l’accréditer .
Cela faisait hurler de rire Alice Terry, selon Anthony Slide.
Music Man a écrit :Une sortie en DVD est prévue prochainement.
Je m'en réjouis d'avance. :wink:
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Avatar de l’utilisateur
Ann Harding
Régisseur
Messages : 3144
Inscription : 7 juin 06, 10:46
Localisation : Paname
Contact :

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par Ann Harding »

Music Man a écrit :Elle aurait vécu une grande passion pour Valentino , le plus grand amour de sa vie.
Puisque la liaison de Pola avec Valentino semble vous intéresser particulièrement, voici ce que je peux ajouter sur ce sujet brûlant. :mrgreen: Dans un ouvrage publié en 2006 qui contient un recueil de lettres écrites par la secrétaire de Samuel Goldwyn (qui se trouvait au studio de la United Artists), voici ce qu'elle écrit le 2 février 1926: "Le seul ragot du moment au studio est que Pola Negri est partie en voiture aujourd'hui à Albuquerque pour y retrouver Valentino. Elle est folle de lui. Quand Joe Schenck* en a entendu parler, il a voulu envoyer son attaché de presse là-bas pour empêcher leur rencontre parce que Schenck a peur que cela ne crée de la publicité négative et un scandale. Mais, il n'a pas pu le faire, alors je crois que cette histoire va se retrouver dans les journaux."

*Joseph M. Schenck était un des producteurs les plus importants au sein de la United Artists. Il a produit les derniers films de Valentino.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par Music Man »

Image
BARBED WIRE de Rowland V Lee- USA -1927
Avec Pola NEGRI, Clive BROOK

Pendant la première guerre mondiale, une fermière s’éprend d’un prisonnier allemand réquisitionné pour l’aider dans les taches journalières. Un amour très mal perçu par le voisinage.

Pola Negri avait la plus haute opinion pour ses films et son talent. Si hélas elle s’est souvent fourvoyée dans de gros mélos, au moins peut elle être fière de barbed wire. C’est un excellent film au message pacifiste, à la fois émouvant et drôle, remarquablement mis en scène (Mauritz Stiller a tourné les premières scènes avant son décès) et très bien interprété par Clive Brook et Pola Negri.
J’ai été touché par le message humaniste et par les belles idées de mise en scène : notamment une remarquable scène où Pola, qui a osé défendre au tribunal le prisonnier allemand est huée par la foule, mais vivement saluée par les prisonniers, derrière leurs barbelés. Leurs cris de joie finissent par la paniquer : c’est fort bien pensé et fort bien joué.
Un excellent muet très vivement recommandé.

A noter que la censure en a interdit la projection en France en 1928 et qu'il n'a donc jamais été distribué chez nous, alors que le film preche la fraternité. Marcel Carné , alors journaliste, s'en été ému dans un numéro de Cinémagazine.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Pola Negri (1894-1987)

Message par Music Man »

Image
LA CHATTE DES MONTAGNES (Die bergkatze) de Ernst LUBITSCH –1921
Avec Pola NEGRI

Un jeune lieutenant tombe fou amoureux de la belle Rischka, « la Chatte des montagnes ». Peu après, son commandant lui confie la direction d’une expédition punitive contre le chef des brigands, qui n’est autre que le père de Rischka. En récompense, il lui offre la main de sa fille, Lilli...

Afin de poursuivre ce survol de la carrière de Pola Negri j’ai revu la chatte des montagnes (merci à Ann, au passage), comédie burlesque à la fantaisie débridée. Loin de toute convention, Ernst Lubitsch s’amuse comme un enfant dans ce royaume imaginaire aux décors délirant ressemblant à une grande maison de poupée. Il force le trait et nous amuse notamment dans l’hilarante scène où une foule impressionnante de femmes en délire vient saluer le lieutenant, avec leurs nombreux bébés pas loin, dont il était le papa apparemment. C’est un peu comme un jeu de Guignol, très bon enfant avec une bonne dose d’humour coquin pas toujours très subtil mais souvent efficace. Pola Negri est très bonne dans ce genre de comédie. Notamment dans le passage où elle s’introduit par effraction dans le château et essaie une robe élégante, avant d'être coursée par le lieutenant.
Répondre