Le Western américain : Parcours chronologique I 1930-1949

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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They Died with their Boots on

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La Charge fantastique (They Died with their Boots On, 1941) de Raoul Walsh
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Sortie USA : 21 novembre 1941

Une hagiographie du tristement célèbre Général Custer qui s'avère être dans le même temps (même s'il ne s'agit pas de son thème principal) l'un des premiers grands westerns pro-indiens (la conclusion du film ne laisse planer aucun doute là-dessus) : quel beau paradoxe pour un très grand film !


En 1857, le fringant cadet George Armstrong Custer (Errol Flynn) arrive à la célèbre école militaire de West Point. Il s'y révèle aussi brillant dans le maniement des armes et des hommes qu’indiscipliné ; il est ainsi le plus mal noté des élèves de sa promotion. L’arrivée au pouvoir d'Abraham Lincoln provoque la guerre civile. Cantonné dans les bureaux à Washington, Custer ronge son frein mais, grâce au Général Winfield Scott (Sidney Greenstreet), il voit son rêve se réaliser : il est envoyé dans un régiment de cavalerie participant activement aux combats. En 1861, désobéissant aux ordres de retrait lors de la bataille de Bull Run, il attaque l’armée ennemie et en sort victorieux. Il reçoit ainsi sa première médaille. Custer est par erreur promu Général de brigade et, chargeant lui-même à la tête de ses troupes du Michigan, il provoque l’abandon de Jeb Stuart ; il permet ainsi aux camp nordiste de remporter une éclatante victoire à Gettysburg. Il devient dès lors un héros national et, à la fin de la Guerre de Sécession, épouse Elisabeth Bacon (Olivia de Havilland), qu’il avait rencontrée à West Point et dont il était immédiatement tombé amoureux. Custer refuse de cautionner les opérations financières louches d'une compagnie ferroviaire voulant profiter de la gloire nouvelle attachée à son nom. L'inactivité commence à lui peser et il se met à boire ; c’est Elisabeth qui va solliciter auprès des hautes instances militaires une nouvelle affectation pour son époux. Sacrifiant son confort, elle accepte de le suivre pour Fort Lincoln au Dakota où Custer va devoir désormais "pacifier" la région perturbée par le grondement de colère des tribus indiennes. Il fait régner une discipline de fer sur ses hommes, fait arrêter le chef sioux Crazy Horse (Anthony Quinn) et, sans se soucier des procédures légales, met fin au trafic d’armes et d’alcool qu’entretenait avec les Indiens son ennemi de toujours, Ned Sharp (Arthur Kennedy)... Crazy Horse s’évade et, lors d’une nouvelle rencontre avec Custer, lui promet que son peuple cessera les combats à condition qu’on lui laisse le petit territoire des Black Hills, sanctuaire pour son peuple. Par esprit de vengeance et afin que son vil commerce reprenne, Ned Sharp fait courir le bruit que de l’or a été découvert dans les Black Hills. Cette nouvelle provoque la ruée des prospecteurs et les Indiens qui avaient signé un traité de paix reprennent le sentier de la guerre. Après maintes autres péripéties, Custer décide de les affronter malgré l'infériorité numérique et, le 25 juin 1876, il se retrouve face à face avec Crazy Horse à Little Big Horn...

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Voilà le résumé 'succinct' d’un scénario d’une richesse inouïe au niveau de l’intrigue, narrant en à peine 140 minutes vingt années de la carrière fulgurante et mouvementée de George Armstrong Custer. Il est clair que ce que nous montre Raoul Walsh de la Cavalerie américaine et de Custer est d’une totale fantaisie, une vision idéalisée et peu conforme aux faits. Mais l’on sait qu’un film ne doit pas nécessairement être le reflet exact d’une quelconque réalité pour pouvoir prétendre à la réussite ; la preuve flagrante se dévoile sous nos yeux avec le magistral They Died with their Boots On. Il a souvent été question de révisionnisme à son propos. Cela aurait été le cas si le film avait pris la défense des Tuniques bleues et des politiciens en cautionnant les massacres des tribus indiennes. Il n’en est rien ! Walsh, prenant ses distances avec l’Histoire avec un mépris absolu du réel, et laissant tomber les aspects ambigus et contestés du vrai Custer, préfère en faire une figure épique et mythique chargée d’exprimer les valeurs qu’il juge essentielles (liberté et démocratie) et son culte de l’héroïsme. Nous nous trouvons ainsi devant une fresque biographique monumentale, une hagiographie "Bigger Than Life" nous mettant face à face avec un homme exubérant et éminemment sympathique qui ose dire ce qu’il pense, prenant fait et cause pour les Indiens, refusant toutes formes de compromissions et n’hésitant pas à aller à l’encontre de la hiérarchie pour foncer tête baissée et suivre ses propres instincts. Son sacrifice final voit la victoire des Indiens dont il s’était fait le défenseur mais nous savons très bien que ses derniers sont des morts en sursis : ils se firent par la suite massacrer ou parquer presque jusqu’au dernier.

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Avec Michael Curtiz, Errol Flynn venait de tourner d’inoubliables grands films d’aventures et westerns. Fatigué de la direction dictatoriale de l’autrichien qui devait réaliser le film, Errol Flynn refuse de tourner une nouvelle fois avec lui. They Died with Their Boots On marque donc la rencontre de l’acteur avec son second réalisateur d’élection, Raoul Walsh. Il marque aussi l’ultime rencontre de l’acteur avec celle qui fut sa partenaire d'élection, Olivia de Havilland : la dernière scène qu’ils partagent dans ce magnifique western est peut-être la plus touchante de toute la filmographie du cinéaste ; difficile de ne pas être profondément ému par ce moment assez unique ! Comment oublier le discours d’un Custer se sachant condamné, sa tendre déclaration d’amour à son épouse, leurs adieux et le travelling arrière qui clôture la séquence sur une Elisabeth bouleversée, pressentant avoir vu son mari pour la dernière fois de sa vie, ce qui provoque son évanouissement. Le très beau thème d’amour que Max Steiner a composé pour le film finit de rendre encore plus mémorables ces sublimes minutes. Notre élégant, vigoureux et charismatique moustachu tient ici l’un des plus beaux rôles de sa carrière. Dès sa première apparition (qui rappelle étrangement celle de d’Artagnan dans le roman d’Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires), il conquiert le spectateur : à la fois arrogant, prétentieux mais aussi brave, fier (« Je suis prêt à jouer s’il le faut mon argent, mon épée et ma vie mais jamais le nom que je porte »), naïf, noble (« La gloire a un avantage sur l’argent, on l’emporte avec soi en mourant ») et plein d’humour, il ne peut inspirer dès le départ que la plus profonde des sympathies. Adorateur de Murat, dont il aime à reprendre les tenues vestimentaires, survolté quand il chevauche au son du canon sabre en main, le Custer de Flynn est l’incarnation exemplaire du héros tel qu’aimait à le voir le public de l’époque. Sa gouaille, son rire, son sourire et son humour fonctionnent toujours autant sur les spectateurs que nous sommes aujourd’hui. Olivia de Havilland se tire très bien de ce rôle un peu ingrat car légèrement sacrifiée ; elle trouve même l’occasion d’être de la plus belle séquence du film déjà évoquée plus haut. Aux côtés de ce couple étincelant, nous trouvons une tripotée de seconds rôles tous excellents à commencer par un Sidney Greenstreet au meilleur de sa forme dans le rôle du Général Scott. Arthur Kennedy est un salaud assez convaincant même si un peu en retrait.

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Cette succession de pages glorieuses, commencée dans la comédie assez débridée (que d’humour durant la première heure !) pour finir dans la tragédie, a bénéficié d’énormes moyens permettant d’en faire une fresque d’une grande envergure. Rude et sincère, d’une vigueur jamais démentie, d’un rythme constamment soutenu, le film de Walsh est presque irréprochable aussi bien en ce qui concerne son ample scénario que sa mise en scène. Ne s’embarrassant pas de psychologie, il fonce bille en tête et n’arrive pas à faire décrocher le spectateur pris dans un tourbillon de mouvements qui ne subit aucune baisse de régime. Non content de réaliser un spectacle parfaitement maîtrisé, il nous ravit en montrant à l’écran des Indiens dignes et braves : Crazy Horse n’est ainsi pas décrit comme un sauvage mais comme une figure noble, victime des Blancs et de l’Histoire, les trafiquants sans scrupules et les politiciens véreux étant montrés par Walsh comme les seuls responsables de ce désastre. Encore une preuve du non-racisme et du non-bellicisme du film à travers cette simple phrase de Custer-Flynn à propos des tribus indiennes en colère : « Si j’étais à leur place, je ferais pareil ». Totalement fantaisiste mais pour la bonne cause !

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Et qu’en est-il de cette "charge" justement, celle qui vient clore le film avec une belle splendeur épique et lyrique ? Le jeune général, ayant fait stopper son cheval qui glisse avant de s’arrêter, se retrouve seul au milieu de ses hommes (la plupart tombés à ses pieds), sabre à la main à côté du fanion du 7ème de cavalerie, la chanson irlandaise Garryowen (devenue entre-temps l’hymne du régiment) se faisant entendre avec force persuasion par derrière. Cette image ayant valeur d’icône de l’héroïsme possède une puissance étonnante. Mais laissons s’exprimer, à propos de la mise en scène de cette séquence qui résume assez bien le style du réalisateur à son apogée, l’un des journalistes ayant le mieux écrit sur Raoul Walsh, Jacques Lourcelles : «… la charge finale où triomphe le style unique de Walsh, alliant comme personne n’a su le faire l’ampleur à la trépidation, la frénésie des plans rapprochés à la sérénité grandiose des plans d’ensemble, véritables tableaux, égaux en génie à la plus belle peinture américaine, et, par exemple, à celle de Remington que Walsh adorait. »

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Petit bémol pour conclure cet avis. Le fait de les voir dans l'ordre de leurs sorties et l'ayant donc visionné peu de temps après les westerns que Flynn tourna avec Michael Curtiz, je dois avouer désormais une petite préférence tout à fait subjective pour la mise en scène des westerns de ce dernier plus sensible à l'aspect plastique, plus racée et plus virtuose, celle de Walsh semblant plus rustre en comparaison. Cette différence se retrouve également dans des éléments à priori anodins comme les toiles peintes ou la musique, beaucoup moins poétiques et délicates ici que dans Virginia City par exemple. Bref, un très grand film que j'aurais néanmoins voulu voir réalisé par le réalisateur d'origine autrichienne. Attention cependant, j'adore le cinéma de Raoul Walsh, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ! :wink:
Julien Léonard
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Julien Léonard »

Ta chronique fait bien plaisir, Jeremy ! Un de mes westerns préférés (dans mon top 20), l'un de mes Raoul Walsh préférés... Tu as très bien encadré l'œuvre. :D

Concernant ta dernière remarque, très intéressante également, et bien je ne saurais quoi répliquer. Walsh et Curtiz étant tous deux parmi mes cinéastes préférés, je te concède bien volontiers ce que tu avance comme remarque sur la maîtrise plastique de l'un contre la rugosité de l'autre. Ils ont chacun un univers particulier et une façon de mettre en scène diamétralement différente... Question de sensibilité. On pourrait dire la même chose des Anges aux figures sales comparé aux Fantastiques années 20 : le premier est d'une maitrise plastique et thématique parfaite, l'autre est constamment dans le mouvement, l'action... Mais les deux sont des chefs-d'oeuvre. Effectivement, Curtiz a très bien soigné le visuel, la beauté plastique de ses œuvres. Walsh est plus dans le style uppercut, il faut que ça bouge, c'est toujours bruyant, très fort, très démesuré. Les deux me convainquent à fond, alors choisir celui qui me procure le plus de plaisir... Pour leur collaboration avec Errol Flynn, je préfère celle de Walsh. Flynn était magnifiquement mis en valeur par Curtiz, mais Walsh lui a donné des ailes, littéralement, et peut-être ses deux plus beaux rôles : George Armstrong Custer et Gentleman Jim. 10 films avec l'un, 7 avec l'autre, 17 films de qualité, allant du très bon film au chef-d'oeuvre absolu. Flynn aurait pu plus mal tomber, n'est-ce pas !
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Jeremy Fox
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

Julien Léonard a écrit : Ils ont chacun un univers particulier et une façon de mettre en scène diamétralement différente... Question de sensibilité.
Voilà. Les deux styles sont totalement opposés et tous deux remarquables mais je constate être un poil plus sensible à l'élégance d'un Curtiz qu'à la rugosité d'un Walsh en ce qui concerne leurs westerns avec Errol Flynn. Et je ne parle ici que de mise en scène.
Julien Léonard
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Julien Léonard »

Jeremy Fox a écrit :
Julien Léonard a écrit : Ils ont chacun un univers particulier et une façon de mettre en scène diamétralement différente... Question de sensibilité.
Voilà. Les deux styles sont totalement opposés et tous deux remarquables mais je constate être un poil plus sensible à l'élégance d'un Curtiz qu'à la rugosité d'un Walsh en ce qui concerne leurs westerns avec Errol Flynn. Et je ne parle ici que de mise en scène.
Mais je le répète, tu as soulevé un point très intéressant, à mon avis. Curtiz était, comme tu l'as souligné dans ta chronique de La piste de Santa Fe, le meilleur réalisateur de films d'action de l'époque et, disons-le, le meilleur metteur en scène de la Warner durant les années 30. Mais son royaume a commencé à vaciller le jour où Walsh a obtenu un contrat à la Warner et a réalisé son premier film pour eux : Les fantastiques années 20. Ce film mettait la barre très haut question rythme et montage, et Walsh dépassera très vite Curtiz concernant l'action à l'écran, finissant même par devenir le seul réalisateur capable de sauver n'importe quel film par sa maitrise de la narration. D'ailleurs, les deux hommes partagent en commun d'être régulièrement appelés à la rescousse. Curtiz n'a-t-il pas aidé Archie Mayo plusieurs fois, mais aussi Lloyd Bacon, et même remplacé William Keighley sur Les aventures de Robin des bois, pourtant l'un des meilleurs techniciens de la Warner dans les années 30 ? De son côté, Walsh n'a-t-il pas aidé Lloyd Bacon sur Convoi vers la Russie, mais aussi David Butler, et même remplacé Bretaigne Windust sur La femme à abattre ? C'est à cela que l'on reconnaissait les meilleurs à la Warner, on les appelait pour fignoler un job, rajouter un peu de piment, ou même carrément sauver l'entreprise.

Ces deux metteurs en scène sont justes totalement géniaux et ont chacun su apporter leur pierre à l'édifice, dans des styles opposés, mais de très grande qualité.
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villag
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par villag »

Jeremy Fox a écrit :
Julien Léonard a écrit : je constate être un poil plus sensible à l'élégance d'un Curtiz qu'à la rugosité d'un Walsh en ce qui concerne leurs westerns avec Errol Flynn..
Bravo pour cet article, dans lequel tu mentionnes VIRGINIA CITY; je viens de visionner ce dernier et l'elegance de Curtiz dont tu parles y éclate à chaque instant, notamment dans la scène du cabaret ou Errol Flynn retrouve son ennemi sudiste Randolph Scott, et ce , en presence de Miriam Hopkins( autre ennemie); la camera execute, dans cette scène, un veritable ballet tout à fait rejouissant,autour de ces trois personnages, .....superbe !
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Jeremy Fox
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

villag a écrit :
Bravo pour cet article, dans lequel tu mentionnes VIRGINIA CITY; je viens de visionner ce dernier et l'elegance de Curtiz dont tu parles y éclate à chaque instant!
Merci. :)
Et non seulement l'élégance mais la virtuosité discrète ; sa caméra semble se déplacer seule, être aérienne sans jamais qu'il en fasse démonstration, comme si ça coulait de source (que ce soit dans les scènes intimistes ou les scènes d'action). Plus tard, j'admirais Minnelli pour ce même genre de "prouesses".
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Julien Léonard »

Il est vrai que cela ne relève d'aucun maniérisme, mais tout simplement d'un talent pur et sincère, qui n'avait pas besoin de s'exhiber pour s'affirmer.
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Sybille
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Sybille »

Il faudra que je redonne une chance à La charge fantastique un de ces jours, parce que j'ai vraiment manqué d'enthousiasme en le découvrant (je ne place décidément pas Walsh parmi mes favoris).
La lecture de ta chronique me rappelle néanmoins beaucoup les impressions que j'ai eu pendant son visionnage.
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Jeremy Fox
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Le Western Américain : Année 1941 en DVD

Message par Jeremy Fox »

Le Western de 1941 en DVD

Comme pour les deux années précédentes, tous les westerns importants de 1941 ont été abordés ici.

En DVD, il manquerait pour l'instant Franc Jeu et Le Réfractaire, tous deux néanmoins sortis dans la fameuse collection Warner Archives, donc réservés uniquement aux anglophiles n'ayant pas besoin de sous titres pour suivre.


Les Westerns les plus importants de cette année :


* Les Pionniers de la Western Union (Western Union) : Fritz Lang :arrow: Page 18
* Le Réfractaire (Billy the Kid) : David Miller :arrow: Page 19
* Franc Jeu (Honky Tonk) : Jack Conway :arrow: Page 22
* La Charge Fantastique (They Died with their Boots on) : Raoul Walsh :arrow: Page 23


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Pour les amoureux du genre uniquement, il manquerait encore néanmoins pour être un peu plus complétiste, parmi tous les westerns restants (une soixantaine) :

* Pour la MGM : The Bad Man de Richard Thorpe avec Wallace Beery & Larraine Day

* Pour La Universal : Lady from Cheyenne de Frank Lloyd avec Loretta Young & Robert Preston
The Badlands of Dakota de Alfred E. Green avec Robert Stack & Ann Rutherford



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Mon top 5 arrivé à cette date :

* Sur la Piste des Mohawks (John Ford)
* Une Aventure de Buffalo Bill (Cecil B.DeMille)
* La Caravane Héroïque (Michael Curtiz)
* La Charge Fantastique (Raoul Walsh)
* La Piste des Géants (Raoul Walsh)


Avant d'attaquer 1942, je ferais un rapide retour arrière de quelques mois pour y inclure l'un des premiers westerns du prolifique Ray Enright, Bad Men of Missouri. A savoir que les 3 années suivantes, années de l'engagement des USA dans la Seconde Guerre Mondiale, seront bien moins copieuses en westerns de prestige.
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par hellrick »

Je viens de remettre tes chroniques (sans les images!) sous forme de document word...j'en suis déjà à plus de 60 pages, j'ai imprimé la moitié pour lire ou relire tout ça à tête reposée...encore une fois félicitation pour un travail de titan!!!!

:D
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par CC Baxter »

hellrick a écrit :Je viens de remettre tes chroniques (sans les images!) sous forme de document word...j'en suis déjà à plus de 60 pages, j'ai imprimé la moitié pour lire ou relire tout ça à tête reposée...encore une fois félicitation pour un travail de titan!!!!

:D
J'attends un peu pour faire la même chose!
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par someone1600 »

La charge fantastique est vraiment un western extraordinaire et pour l'instant, mon film préféré avec Errol Flynn... il faut absolument que je le revois bientot d'ailleurs... lol. Encore une fois, superbe texte Jeremy. :wink:
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

Et dire que les seules années 50 vont être à vue de nez au moins 3 fois plus copieuses que tout ce qui aura précédé ! Merci encore. :wink:

Petite annonce pendant que j'y suis :

Tant qu'à être exhaustif, que ceux qui auraient dans leur DVDthèque des titres des années 40 et 50 de séries A ou B non référencés dans mon premier post (enregistrement TCM ou autres chaînes des films avec Audie Murphy, Randolph Scott...) n'hésitent pas à m'en parler par MP pour d'éventuels échanges ! D'autant que, plus j'avance plus je deviens gourmand ! Concernant cette période il doit me manquer environ une quinzaine de grands classiques et une centaine de série B.
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

Pour compléter l'année écoulée, rapide avis sur Bad Men of Missouri du très prolifique Ray Enright.
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Jeremy Fox
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Wild Bill Hickok Rides

Message par Jeremy Fox »

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Wild Bill Hickok Rides (1942) de Ray Enright
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Sortie USA : 31 janvier 1942

A peine six mois après Bad Men of Missouri, Ray Enright remet le couvert avec quasiment la même équipe technique et les mêmes ingrédients, toujours sous l’égide de la Warner et sa production de westerns à petits budgets. Abandonnant les hors-la-loi célèbres, le cinéaste et son scénariste Charles Grayson se focalisent désormais sur l’un des plus fameux tireurs de l’Ouest, l’aventurier Wild Bill Hickok. Ce dernier était un bagarreur notoire mais oeuvrant toujours pour la loi et la justice. Il gagna son surnom de Wild Bill suite à ses actes héroïques durant la Guerre Civile américaine alors qu’il s’était engagé dans les rangs de l’Union. Il fut ensuite tour à tour shérif adjoint au Kansas puis éclaireur pour l’armée (c’est là qu’il portera sa fameuse veste en daim) avant d’être nommé shérif dans plusieurs villes différentes toujours au Kansas. Il fit ensuite partie du spectacle itinérant de Buffalo Bill avec qui il était ami puis devint chercheur d’or dans le Wyoming avant de se rendre dans les Black Hills en compagnie de Calamity Jane. Il fut tué à Deadwood lors d’une partie de poker. Une vie sacrément mouvementée mais sachez que l’histoire que raconte le film de Ray Enright n’est absolument pas une biographie du personnage ; je ne saurais dire si les faits narrés sont réels, en tout les cas c’aurait pu être l’une de ses très nombreuses aventures, cette dernière s’étalant sur un très court laps de temps à partir de 1871.

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L’incendie de Chicago. Alors qu’une partie de la ville croule sous les flammes, des hommes d’affaires malhonnêtes, contemplant la catastrophe, s’en moquent un peu ; ils ont déjà dans la tête une nouvelle idée pour s’enrichir. Harry Farrel (Warren William) a un plan pour prendre le contrôle d’une ville du Wisconsin et toutes ses terres alentour, la région d’élevage de Powder River. Ayant placé lui même à sa tête Edmunds (Ward Bond), un shérif véreux, Farrel compte sur ce dernier pour l’aider dans son ignoble tâche. Ayant appris que les éleveurs du coin ne détenaient aucun papier administratif justifiant qu’ils soient propriétaires de leurs terres, il loue des hommes afin que ces derniers les revendiquent à leur tour pour faire tomber ensuite toutes les parcelles entre ses mains. Mais Ned Nolan (Russell Simpson), l’homme à qui appartient la terre la plus fertile, ne veut rien entendre et préfère se battre plutôt que de céder. Le shérif Edmunds monte une cabale contre lui ; il est accusé de meurtre puis lynché sans sommation. La place semble libre pour les spoliateurs ; c’était sans compter sur l’arrivée en ville du vieil ami de Nolan, le fameux Wild Bill Hickok (Bruce Cabot) qui était revenu pour l’anniversaire de Jane (Betty Brewer), la jeune orpheline qu’ils avaient recueillis tous deux. Avec l’aide de Belle Andrew (Constance Bennett), une Gambling lady venu de Chicago avec Farrel pour tenir une maison de jeu, il va organiser la lutte pour que les éleveurs puissent rester sur place avec leurs bêtes à cornes…
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Une intrigue toute simple pour un film qui ne l’est pas moins, pétarades et cavalcades étant les maîtres mots de cette plaisante série B sans aucune prétention autre que de nous divertir à la condition de ne pas en attendre plus d’un western. Si les cavalcades ressemblent étrangement à celles du précédent western de Ray Enright (on remplace juste les enfants de Bad Men of Missouri par des Saloon Gal lors de la débandade d’une carriole dont les chevaux s’emballent), les séquences de bagarres avec armes à feu paraissent un peu forcées et feront certainement aujourd’hui sourire ; malgré que Bruce Cabot ait l’air de ne pas trop savoir tenir un revolver, à chaque tir il fait mouche, les 'Bad Guy' continuant néanmoins à se présenter devant lui avec la constance d’un métronome et tombant comme des mouches sans chercher à se protéger. Ceci étant dit, ça tire dans tous les coins, ça bouge pas mal et nous pouvons même assister in fine au sabotage d’un barrage et à la catastrophe qui s’ensuit, tout ceci étant filmé avec une certaine efficacité, le travail sur les maquettes donnant un petit coté magique et naïf à l’ensemble. Clin d’œil ou non, les personnages du film évoquent à un moment donné les frères Younger, les ‘Bad Men of Missouri’ du film du même titre.

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Sinon, par rapport à ce précédent western de Ray Enright, on prend les mêmes et on recommence ! Le scénario très léger de Charles Grayson ne s’embarrasse guère de psychologie ni de sentiments et ne se préoccupe pas de donner de l’étoffe à ses personnages mais il ne se révèle pas trop désagréable et même un poil mieux mené que son précurseur ; la mise en scène de Ray Enright sait être parfois dynamique mais reste le plus souvent conventionnelle. On trouve cependant de bonnes choses niveau casting mais ce n’est pas vers les ‘héros’ qu’il faut tourner ses regards mais surtout, comme pour le précédent, du côté des ‘méchants’. Après Arizona de George Marshall, Warren William prouve une nouvelle fois qu’il pouvait interpréter à la perfection les pires salauds, le tout avec une certaine classe et une belle élégance. A ses ‘mauvais’ côtés, Ward Bond dans la peau du shérif véreux, Howard Da Silva méconnaissable en juge de l’accusation ou encore, clown de service à nouveau, Walter Catlett en ‘journaliste-barbier’ couard. Car, si l’on passe du bon côté de la loi, Bruce Cabot, pas déshonorant, ne nous fera cependant jamais oublier le Wild Bill charismatique de Gary Cooper dans le très mal nommé en français Une Aventure de Buffalo Bill (The Plainsman de Cecil B.DeMille), Betty Brewer est insupportable et on comprend que sa carrière se soit arrêtée peu de temps après (elle joue ici une fillette de 12 ans alors qu’elle en avait 18), Constance Bennett fait, durant son faible temps de présence, ce qu’elle peut et plutôt bien surtout lors de sa chanson et le sympathique Russell Simpson n’a décidément pas de chances sous la direction de Ray Enright, ce dernier l’envoyant à chaque fois ‘Ad patres’ dès la fin du premier tiers du film. Bref, un petit film pas trop désagréable mais sans grandes surprises réservé avant tout aux aficionados.
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