Le Western américain : Parcours chronologique I 1930-1949

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

Chip a écrit :Signalons un fait assez rare dans le western et le cinéma US en général, l'actrice (Jean Arthur ) de ARIZONA a 18 ans de plus que son partenaire ( Holden) ce qui n'est pas frappant quand on visionne le film.
:o Effectivement, ça ne saute pas aux yeux !
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Santa Fe Trail

Message par Jeremy Fox »

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La Piste de Santa Fe (Santa fe Trail (1940) de Michael Curtiz
WARNER


Sortie USA : 28 décembre 1940


Nous aurions pu être en plus mauvaise compagnie pour terminer l’année qu’avec Michael Curtiz qui, par la même occasion, boucle sa trilogie westernienne avec Errol Flynn. La Piste de Santa Fe marque également le dernier jalon de la prestigieuse collaboration entre le cinéaste et l’acteur qui avait débuté en 1935 avec le sublime Capitaine Blood. Leur mésentente arrivant à un point de non retour, il était grand temps pour les deux hommes de se séparer. La Piste de Santa Fe, même s’il n’égale pas les réussites exemplaires que sont Captain Blood, L’Aigle des Mers (The Sea Hawk) ou La Caravane Héroïque (Virginia City) n’en demeure pas moins un des très bons fleurons de cette brillante association et un excellent western à réhabiliter de toute urgence surtout au vu des accusations de racisme et de pro-esclavagisme qu’on lui a injustement craché à la figure.

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1854, académie de West Point. Le cadet Carl Rader (Van Heflin) a une altercation avec Jeb Stuart (Errol Flynn) et George Armstrong Custer (Ronald Reagan) à propos de John Brown (Raymond Massey), un abolitionniste forcené. Farouche partisan de Brown, Rader le soutient avec vigueur, lisant ses tracts à voix haute et accusant ses camarades de chambrée d’être en revanche de vils sudistes esclavagistes. Robert E. Lee qui dirige l’école renvoie Rader et mute les deux autres à Fort Leavenworth, poste avancé du Kansas. Nos deux officiers fraîchement émoulus sont tous deux amoureux de la même fille, Kit Carson Halliday (Olivia De Havilland), dont le père dirige la construction de la voie ferrée qui doit conduire à Santa Fe. Chargés de protéger un convoi de marchandises, la troupe de soldats qu’ils conduisent est attaquée par John Brown et ses hommes qui volent les caisses en fait remplies d’armes à leur destination. Sous prétexte de s’opposer aux esclavagistes et de rendre leur liberté aux noirs, John Brown sème la terreur au Kansas se disant le bras de Dieu ; un illuminé n’ayant aucun scrupule à tuer puisque se croyant fermement dans son bon droit. Désormais, les soldats de Fort Leavenworth ont pour mission de tout faire pour appréhender et arrêter les exactions du fanatique qui sans ça risque de mettre le pays tout entier à feu et à sang. Une expédition est mise sur pied au cours de laquelle Jeb Stuart, mis en civil pour une mission d’espionnage, est reconnu, fait prisonnier et condamné à mort…

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Taxé de révisionnisme et de racisme à cause du portrait peu reluisant qui est fait de John Brown, La Piste de Santa Fe n’est peut-être pourtant pas si éloigné que ça de la vérité. En effet même si sa pendaison en a fait un martyr de la cause anti-esclavagiste loué par Henry David Thoreau ou par Victor Hugo (qui le décrivait comme un Spartacus du 19ème siècle et qui tenta d’obtenir sa grâce), Abraham Lincoln le considérait en revanche comme un exalté intolérant ; John Brown ne se gênait pas pour massacrer quelques colons esclavagistes qu’il nommait 'les légions de Satan'. En 1959, il souhaite provoquer un soulèvement d’esclaves après s’être emparé de l’arsenal d’Harpers Ferry en Virginie. Sa révolte tourne au désastre mais il devient dès lors un symbole de la lutte pour l’abolition de l’esclavage préconisant l’insurrection armée pour y mettre fin. Bref, comme le disent les personnages principaux à plusieurs reprises, ses idées et convictions étaient louables ; c’est l’homme qui était dangereux malgré qu’il ait été héroïquement capable de sacrifier sa vie pour mettre un terme à l’asservissement de la population noire. Quoi qu’il en soit, son activisme féroce, son raid sur l’arsenal virginien et sa mort tragique font partie des causes de la Guerre de Sécession qui commencera deux ans après en 1861.En tout cas, une personnalité historique très controversée, à la fois visionnaire et terroriste, humaniste et criminel d’autant plus captivante par ses paradoxes. Michael Curtiz et son scénariste Robert Buckner (déjà à l’origine des deux précédents scénarios des westerns du réalisateur d’origine hongroise) ne font rien d’autre que de mettre le doigt sur cette ambigüité ne prenant jamais partie pour un camp ou pour un autre ; les soldats obéissent aux ordres en allant mettre fin aux agissements de John Brown et l’on sent fortement que les théories abolitionnistes ont l’aval des personnages interprétés par Olivia de Havilland ou Ronald Reagan, le Jeb Stuart d’Errol Flynn ressemblant étrangement à Michael Curtiz, à savoir ne voulant jamais prendre position dans le domaine politique.

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Alors nous trouvons clairement dans le film des inexactitudes historiques (Custer n’est entré à West Point qu’après le départ de Jeb Stuart par exemple et il n’en est sorti qu’en 1861 soit deux ans après la mort de John Brown, l’année du début de la guerre civile) mais ceci est valable pour la grande majorité des films hollywoodiens. La réflexion sur cette époque troublée, annonciatrice du conflit fratricide à venir et l’approche du problème abolitionniste sont rendus justement passionnants par les côtés obscurs et prophétiques du antihéros de l’intrigue, par l’indécision voire même l’impossibilité qu’à le spectateur de savoir choisir son camp. Une période sombre et menaçante de l’histoire des USA parfaitement restituée par l’équipe de la Warner, Sol Polito en tête, nous octroyant une photographie très contrastée jouant sur les clairs obscurs avec son génie habituel. Pour s’en convaincre, il suffit de voir cette séquence plastiquement splendide au cours de laquelle, de nuit, une vielle indienne prédit l’avenir aux officiers, ces derniers, derrière les flammes vacillantes, semblant en mouvement dans ces effets d’ombres et de lumière ; dramatiquement la scène est également très forte, la diseuse de bonne aventure augurant l’antagonisme futur qui opposera ces actuels meilleurs amis du monde qui, s’ils s’en moquent au départ, rient jaune à la fin de la séance, la tempête qui se prépare ayant l’air d’être entrée dans leur esprit jusqu’à présent plutôt insouciant. Leur destin est en marche et il ne s’avère pas bien gai. Et ce ne sont pas les soupapes bienvenues de bonne humeur que constituent les bouffonneries de l’inénarrable duo formé par les habituels faire valoir Alan Hale et Guinn ‘Big Boy’ William, ou les affres drôles et plaisante du triangle amoureux, qui arrivent à faire descendre en puissance l’ambiance mortifère qui s’installe dès lors. Bref, même si les séquences ne s’enchaînent pas toutes avec liant (contrairement à celles de Virginia City), même s’il comporte quelques lacunes, mêê s'il évacue l'émotion au profit de l'efficacité, le scénario de Robert Buckner s’avère une nouvelle fois formidablement riche et parfaitement bien mené ; j‘ai toujours du mal à comprendre la sévérité avec lequel on a souvent jugé ses travaux.

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Un mélange dense, riche et racé de page d’histoire et de romance à l’interprétation d’ensemble très convaincante même si le sympathique Ronald Reagan a du mal à faire le poids face à un Errol Flynn toujours aussi vigoureux et à l’aise (contrairement à Randolph Scott dans le western précédent qui faisait jeu égal avec son partenaire moustachu) ; Olivia de Havilland est charmante et pétillante, Van Heflin s’avérait un jeune débutant prometteur et Raymond Massey est tellement habité par son personnage avec son regard de dément qu’on lui redonnera à jouer 15 ans plus tard le rôle de John Brown dans un western de Charles Marquis Warren.

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Sinon, en cette fin des années 40, une chose est sûre selon moi : Michael Curtiz était le plus grand réalisateur de scènes d'action de l'époque ; ses trois westerns avec Errol Flynn sont là pour le prouver : l'alchimie qui s'opère entre la gestion des figurants, la vigueur et l’élégance des mouvements de caméra, la maîtrise totale de l’espace et de la topographie, la perfection et la rigueur du montage de George Amy et la flamboyance stridente des compositions de Max Steiner aboutit à de très grands moments de cinéma d’une force peu commune pour l’époque. Bien des réalisateurs actuels feraient bien de se pencher sur ces quelques séquences d’une lisibilité édifiante et d’une virtuosité époustouflante, se les passer et repasser pour s’en servir comme cas d’école ! En ce qui concerne La Piste de Santa Fe, elles sont au nombre de trois : la première au moment où John Brown venant de confisquer le convoi aux soldats, ces derniers décident sur un coup de tête de récupérer leur bien ; la deuxième voyant Jeb Stuart essayer d’échapper à la pendaison et sauvé in-extremis par l’arrivée de la cavalerie ; la troisième et plus impressionnante, le fameux siège d’Harpers Ferry. Rien que pour ces trois séquences le film aurait mérité de figurer dans toute bonne anthologie. En tout cas, l’un des rares films sur le vrai début des hostilités entre Nord et Sud dont le Happy end semble plaqué, très certainement imposé par les producteurs effrayés par la noirceur du propos. Mais ceci n’est pas bien grave ; voir l’un des couples les plus glamours d’Hollywood se retrouver dans les bras l’un de l’autre est un plaisir sans cesse renouvelé.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

Attention, évitez de découvrir ce film aux travers des vingtaines d'édition libres de droit sortis en DVD depuis des années ; vous n'en retirerez surement aucun plaisir. Privilégiez le DVD Warner qui a quand même des blancs bien cramés par moment mais qui reste tout à fait honnête ; le Wild Side va-t-il arranger ça ?
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par hansolo »

Jeremy Fox a écrit :Attention, évitez de découvrir ce film aux travers des vingtaines d'édition libres de droit sortis en DVD depuis des années ; vous n'en retirerez surement aucun plaisir.
je l'ai découvert sur une edition Dvd médiocre; je n'en garde effectivement pas un bon souvenir!
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Jeremy Fox
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

hansolo a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Attention, évitez de découvrir ce film aux travers des vingtaines d'édition libres de droit sortis en DVD depuis des années ; vous n'en retirerez surement aucun plaisir.
je l'ai découvert sur une edition Dvd médiocre; je n'en garde effectivement pas un bon souvenir!
J'avais fait la même expérience ; comme quoi un certain confort de visionnage est nécessaire pour pouvoir apprécier un film.
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par hansolo »

Jeremy Fox a écrit : J'avais fait la même expérience ; comme quoi un certain confort de visionnage est nécessaire pour pouvoir apprécier un film.
Pas toujours, mais c'est souvent bien plus appréciable!
J'avais vu Star Wars a la télé étant tout petit, ça ne m'avait pas du tout interessé; je l'ai vraiment découvert quelques années après au cinéma avec l'Edition Spéciale!

Contre exemple; j'ai découvert les chefs d'oeuvre de Chaplin en qualité très moyenne (Opening / Les Films de ma vie); ça ne m'a pas empêché de tomber immédiatement sous le charme; de même pour Derzou Ouzala de Kuro; que j'adore malgré la qualité discutable de la copie Dvd.
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

hansolo a écrit :
Jeremy Fox a écrit : J'avais fait la même expérience ; comme quoi un certain confort de visionnage est nécessaire pour pouvoir apprécier un film.
Pas toujours, mais c'est souvent bien plus appréciable!
J'avais vu Star Wars a la télé étant tout petit, ça ne m'avait pas du tout interessé; je l'ai vraiment découvert quelques années après au cinéma avec l'Edition Spéciale!

Contre exemple; j'ai découvert les chefs d'oeuvre de Chaplin en qualité très moyenne (Opening / Les Films de ma vie); ça ne m'a pas empêché de tomber immédiatement sous le charme; de même pour Derzou Ouzala de Kuro; que j'adore malgré la qualité discutable de la copie Dvd.
Oui, j'étais un peu radical d'autant que je suis entièrement d'accord avec toi. J'ai découvert et adoré 2001 sur une VHS franchement pas top :oops:
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par hansolo »

Du coup, je redonnerais bien une chance à Santa Fé (mais si je trouve le charisme de Reagan , comment dire ...).

On peut trouver la copie Wild Side ou Warner à bon prix?
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Cathy »

Le Warner est à 9.98 chez Amazon :) !
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par hansolo »

Cathy a écrit :Le Warner est à 9.98 chez Amazon :) !
Merci :wink:
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Julien Léonard »

I vote for Jeremy ! Tout à fait d'accord avec toi, surtout à la fin de ton texte. Mais tu t'en doutais. :wink:

Pour le DVD, l'édition Warner est très bonne, même si l'on est tout de même loin de leurs meilleurs copies. La meilleure édition à ce jour en tout cas. Wild Side ? Je serais curieux de voir cela, mais j'avoue être septique sur la supériorité de leur master. On verra bien.
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Le Western Américain : Année 1940 en DVD

Message par Jeremy Fox »

Le Western de 1940 en DVD

Comme pour l'année précédente, tous les westerns importants de 1940 ont été abordés ici.

En DVD, il manque pour l'instant Le Grand Passage que Wild Side devrait sortir dans un avenir proche. Il serait sympa aussi que Le Retour de Frank James, Brigham Young et The Westerner soient édités avec des sous titres français. Pour le dernier cité, il avait eu droit à une sortie au tout début du support chez HBO avec stf, version désormais quasi introuvable ou alors hors de prix.


Les Westerns les plus importants de cette année :

* Le Grand Passage (Northwest Passage) : King Vidor :arrow: page 11
* La Caravane Héroïque (Virginia City) : Michael Curtiz :arrow: Page 12
* L'Escadron Noir (Dark Command) : Raoul Walsh :arrow: Page 13
* Le Retour de Frank James (The Return of Franck James) : Fritz Lang :arrow: Page 13
* Brigham Young : Henry Hathaway :arrow: Page 14
* Le Cavalier du Désert (The Westerner) : William Wyler :arrow: Page 15
* Les Tuniques Ecarlates (North West Mounted Police) : Cecil B. DeMille :arrow: Page 15
* Le Signe de Zorro (The Mark of Zorro) : Rouben Mamoulian :arrow: Page 15
* La Piste de Santa Fe (Santa Fe Trail) : Michael Curtiz :arrow: Page 18


*****************************************************************


Pour les amoureux du genre uniquement, il manquerait encore néanmoins pour être un peu plus complétiste, parmi la cinquantaine de westerns restants :

* Pour la Paramount : Geronimo de P.H. Sloane avec Preston Foster & Andy Devine
Rangers of Fortune de Sam Wood avec Fred MacMurray et Gilbert Roland

* Pour la MGM : The Man from Dakota de Leslie Fenton avec Wallace Beery
Twenty Mule Team de Richard Thorpe avec Wallace Beery & Anne Baxter

* Pour la Warner : River's End de Ray Enright avec Dennis Morgan

* Pour l'Universal : Trail of the Vigilantes d'Allan Dwan avec Franchot Tone & Broderick Crawford

Aucun n'est réputé mais ne serait-ce que pour le metteur en scène ou le casting... sait-on jamais.


*****************************************************************


Mon top 5 arrivé à cette date :

* Sur la Piste des Mohawk (John Ford)
* Une Aventure de Buffalo Bill (Cecil B.DeMille)
* La Caravane héroïque (Michael Curtiz)
* La Piste des Géants (Raoul Walsh)
* Le Brigand Bien aimé (Henry King)


PS : pour ceux que les récaps année par année intéressent, sachez que les liens y menant sont également répertoriés dans le premier post :wink:
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par L'étranger... »

Juste pour signaler que pour moi le plus grand western de cette année reste Le grand passage de King Vidor, j'ai bien lu ta critique, Jeremy, et tu soulèves tous les points que j'aime mais tu n'y adhères pas plus que ça, dommage, mais pour moi, ce film reste étonnament moderne ! L'attaque du camp indien est superbement menée et elle est très bien filmée, on y voit même des plans que Spielberg reprend dans son soldat Ryan presque 70 après et qui depuis ne cesse d'être repris dans toutes les scènes de combats des films de guerre. De plus, je trouve l'histoire passionnante, cette épopée me fascine, me touche, m'éxcite et m'émeut. Spencer Tracy incarne le Major Rodgers à la perfection, ses doutes, sa vaillance, son charisme et sa persévérance (sa folie ?) passent bien à l'écran. Et enfin, il ne faut pas oublier la noirceur et la violence du film pour l'époque - un des personnages sombre peu à peu dans la folie et se promène avec une tête coupée pendant un bon moment avant d'être démasqué par ses compagnons, l'attaque sauvage du village indien, toutes les épreuves que doivent surmonter l'escouade (porter les canoés à travers la forêt et les montagnes, ce superbe plan ou tous les hommes dorment ...sur des branches d'arbres au dessus des marécages ou cette chaîne humaine pour traverser une rivière, etc...), bref, pour moi Le grand passage est un grand film épique et j'ai hâte de le revoir dans des conditions optimales avec sa future sortie dvd.
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

L'étranger... a écrit :Juste pour signaler que pour moi le plus grand western de cette année reste Le grand passage de King Vidor, j'ai bien lu ta critique, Jeremy, et tu soulèves tous les points que j'aime mais tu n'y adhères pas plus que ça, dommage, .
D'autant plus dommage que c'était un de mes souvenirs de jeunesse les plus forts. Même chose hier soir avec le Western Union de Fritz Lang qui vient de me laisser sur ma faim pour la deuxième fois en 2 ans alors qu'il m'avait également marqué lors de son passage à la dernière séance. Mais hâte néanmoins de voir le film de Vidor dans de bonnes conditions :wink:
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Western Union

Message par Jeremy Fox »

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Les Pionniers de la Western Union (Western Union, 1940) de Fritz Lang
20TH CENTURY FOX


Sortie USA : 31 janvier 1941

Et nous voici lançés dans l'année 1941 ! Serait-ce le fait d'une copie pas très pimpante (quoique tout à fait regardable) ? En tout cas, contrairement à Frank James que j'ai beaucoup réévalué, Western Union m'a de nouveau fortement déçu :-(

1860. Vance Shaw (Randolph Scott) est poursuivi par une bande de cavaliers. Au cours de sa fuite, il tombe au milieu des montagnes désertiques sur un homme blessé. Voulant dans un premier temps l’abandonner, il décide finalement de le raccompagner jusqu’à une cabane afin qu’il y soit soigné. Quant à lui, il poursuit sa route sans prendre même le temps de descendre de cheval. Les deux hommes se retrouvent face à face quelques mois plus tard alors que Vance est en train de courtiser Sue (Virginia Gilmore) qui se révèle être la sœur de ‘son’ blessé ; ce dernier n’est autre qu’Edward Creighton (Dean Jagger), l’un des responsables de la Western Union, ligne télégraphique qui doit être installée entre Omaha et Salt Lake City ; quant à l’ex bandit, il est venu à Omaha dans le but de trouver du travail et ainsi refaire sa vie. Edward Creighton ayant entre temps appris que son sauveteur avait participé au cambriolage d’une banque et que c’étaient les autorités qui le pourchassaient lors de leur précédente rencontre, il n’en fait pas cas, ne lui en reparle même pas et accepte de l’embaucher dans son équipe comme convoyeur du troupeau allant servir à nourrir les travailleurs. Vient se joindre à eux, Richard Blake (Robert Young), un ingénieur qui n’est pas insensible lui non plus à la charmante Sue Creighton. Le convoi des ouvriers peut enfin se mettre en branle mais les ennuis ne tardent pas à se mettre de la partie : vol de bétail, attaques indiennes, incendie des chariots… ‘Les pionniers de la Western Union’ ne sont pas au bout de leurs peines surtout que Vance Shaw, alors qu’il était parti à la recherche des bêtes dérobées, tombe en plein sur les voleurs qui se révèlent être ses anciens complices dirigés par l’inquiétant Jack Slade (Barton MacLane) ; ceux-ci prétendent œuvrer pour les Confédérés alors qu’il ne s’agit que d’un prétexte pour piller. Ne voulant pas dénoncer ses ex-associés, Vance demande sa démission à Edward Creighton qui la refuse…

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Après Le Retour de Franck James, Fritz Lang, fasciné par les paysages du Far West qu’il commençait à découvrir, se lance une deuxième fois dans ce genre typiquement américain qu’est le western, genre qu’il tenait en haute estime d’après, entre autre, l’interview qu’il donna aux Cahiers du Cinéma dans les années 50 : "J'aime les westerns. Ils possèdent une éthique très simple et très nécessaire. C'est une éthique que l'on ne signale plus parce que les critiques sont devenus trop sophistiqués…" Suite au succès obtenu par le précédent, la 20th Century Fox lui octroie un budget et des moyens logistiques conséquents et lui laisse toute lattitude pour réaliser ‘cette épopée du télégraphe’ (aussi appelé ‘le fil qui chante’ par les tribus indiennes). "Je n'ai pas montré le Far West tel qu'il était mais mon film a fait rêver le public et lui a donné le désir que le Far West ait réellement été ainsi" disait il à propos de Western Union ; une phrase qui explique parfaitement pourquoi certains sont tombés amoureux du western ‘made in Hollywood’ dès leur plus jeune âge. Un Far West à la fois authentique et teinté d’une aura romantique, un western peu avare de spectaculaire et de faits historiques pour légitimer son sérieux ne pouvaient que combler nos plus rêveuses attentes. Et le western de Fritz Lang fut pour beaucoup une sorte de déclencheur de cette passion pour un Far-West à la fois coloré et violent, envoûtant et héroïque.

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Malheureusement, à la revoyure, si Fritz Lang avait parfaitement réussi la suite du parcours dramatique de Frank James, il semble en revanche avoir été mis en difficulté par son manque de sens épique, ses séquences mouvementées manquant singulièrement d’envergure, son style sec s’accomodant assez mal de l’ampleur qu’elles auraient mérité d’avoir. On ne retrouve sa patte qu’à de trop rares reprises, le cinéaste ayant l’air d’avoir aussi eu du mal à jouer avec les conventions du genre ; au vu de ce qui s’était fait précédemment, le résultat aurait certainement été meilleur si Michael Curtiz ou Cecil B. Demille avaient pris les choses en main. La déception est d’autant plus grande que le premier quart d’heure laissait augurer un film brillant. En effet, les cinq premières minutes voyant la traque au milieu de paysages désertiques et montagneux de Randolph Scott par une bande de cavaliers rappellent cette formidable séquence de poursuite dans Le Retour de Frank James, la musique de David Buttolph résonnant étonnement moderne alors que la plupart du temps, au cours du même film, elle se révèle beaucoup trop simpliste, sa tentative de jouer avec le folklore des airs de l’époque faisant chou blanc, noyant, par son aspect guilleret, la puissance que certaines images auraient pu avoir. Par la suite, on se délecte encore du recrutement des ouvriers et de la mise en place de l’expédition avec moult intéressants détails visant à l’authenticité puis on savoure l’amusant triangle amoureux qui se noue entre Randolph Scott, Robert Young et Virginia Gilmore. Puis c’est le départ d’Omaha pour Salt Lake City et, après un superbe long plan fixe sur la rangée de poteaux qui s’érigent au crépuscule tout au long de la plaine, le film s’embourbe dans les clichés les plus éculés, les séquences les plus banales, le cinéaste n’arrivant qu’à de rares moments à transcender son matériau de base trop commun.

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Le film a beau être haut en couleur, rempli de péripéties, d’action, d’humour et de lieux dépaysants, l’ensemble ne dépasse que rarement le niveau de nombreux films de série de l'époque. Le scénario de Robert Carson est écrit à gros traits ; il semble constitué d’une suite de séquences accolées les unes aux autres sans progression dramatique et les pesonnages paraissent avoir été dessinés à la truelle ne subissant guère d’évolution dans la durée. Il y avait pourtant de quoi faire avec de tels événements (dont le dramatisme est constamment court-circuitée par un humour injecté en plein milieu de chaque séquence amené par le comique de service, Slim Summerville par ailleurs assez drôle), un tel potentiel ‘documentaire' (quasiment pas exploité) et un personnage dans la droite lignée des habituels héros ‘langien’ poursuivis par la fatalité, celui interprété avec talent par Randolph Scott, homme victime de son appartenance familiale tentant une ultime rédemption mais rattrapé par son destin tragique. On se réjouit d’ailleurs de ce final amer éloigné du happy end hollywoodien traditionnel, de ce goût minutieux pour une certaine authenticité, de la présence de Dean Jagger (qui après Brigham Young, finit pour la seconde fois en une année un périple le conduisant à Salt lake City :lol: ) mais on se désole au contraire de la présence d’un personnage féminin totalement sacrifié, d’un Robert Young bien terne, de transparences hideuses lors notamment de la rencontre avec les Indiens… Car même plastiquement et techniquement, le film nous laisse sur notre faim ; peu de plans inoubliables, peu de séquences marquantes hormis celle qui ouvre le film et le duel final. La fameuse séquence de l’incendie se révèle même indigne d’un film disposant de tels moyens malgré le fait que certaines images nocturnes impriment durablement la rétine.

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Western Union aurait été signé Ray Enright ou George Marshall, j’aurais certainement été moins sévère mais nous étions en droit d’attendre mieux de la part de Fritz Lang. Un rendez-vous loin d’être honteux mais en partie manqué dont je suis le premier à être attristé puisqu’il constitua l’un de mes souvenirs d’enfance les plus marquants avec un autre film m’ayant déçu lui aussi voici quelques mois, Le Grand Passage de King Vidor. On ne peut malheureusement pas être sensible à tous les classiques.
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