Le Western américain : Parcours chronologique I 1930-1949

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

A signaler que le DVD de Brigham Young ne comporte ni VF ni stf mais des sous titres anglais pour malentendants qui défilent vraiment vite et parfois sur 3 lignes ; pas facile pour un non anglophile.
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Jeremy Fox
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The Westerner

Message par Jeremy Fox »

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Le Cavalier du Désert (The Westerner, 1940) de William Wyler
SAMUEL GOLDWYN


Sortie USA : 18 septembre 1940


Avec The Westerner et malgré quelques exemples déjà probants, les plus sceptiques devaient définitivement se rendre à l’évidence ; voir un cinéaste réputé pour son sérieux, dont les œuvres précédentes avaient été des films de prestige adaptés pour certains de chefs-d’œuvre de la littérature mondiale tel Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights), se mettre à aborder le western était pour ce dernier un gage de reconnaissance et de maturité. Certain parlent à son propos de premier ‘sur-western’ ou, pour ceux qui n’en auraient encore jamais entendu parler, de la pénétration de la psychologie au sein d’un genre jusqu’à présent destiné principalement à divertir. S’il s’avère très moderne de par son écriture et sa mise en scène, on peut néanmoins difficilement parler de western psychologique. Il s’agit d’un film au ton très original mélangeant aux séquences d’actions traditionnelles des scènes de pures comédies, un film ‘en creux’ au rythme lent et à la théâtralité assumée (le final l’affirmera au sens propre) avec de longues plages de dialogues au cours desquelles l’humour occupe une place très importante, la gravité pouvant faire son apparition la séquence suivante ; un mix parfois improbable, tour à tour déroutant et stimulant, pas toujours bien maitrisé et cassant parfois un peu l’ampleur que le film semblait vouloir prendre, mais au final assez séduisant. A côté de l’éternel conflit entre éleveurs et agriculteurs, Wyler et ses scénaristes Niven Busch et Jo Swerling abordent les relations entre deux hommes que tout oppose ; d’un côté un ‘Westerner’ individualiste qui va se transformer en médiateur, de l’autre un tyran local à la fois terrifiant et pitoyable.

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En cette année 1884 au Texas, les éleveurs voient d’un mauvais œil les agriculteurs arriver sur leur terre et les clôturer pour ne pas que les bêtes viennent empiéter sur leurs cultures. Lors d’un affrontement entre les deux camps, un fermier tire sur une vache. Abattre un bête à cornes étant pour l’impitoyable juge Roy Bean (Walter Brennan) un crime bien plus grave que de tuer un homme, le fermier est immédiatement condamné à mort et lynché dans la foulée. La journée du magistrat, véritable despote qui se vantait de "faire régner sa loi à l’Ouest du Pecos" ne s’arrête pas là puisqu’on lui amène Cole Harden (Gary Cooper), aventurier de passage en fâcheuse posture puisque accusé d’avoir volé le cheval d’un des habitants de la ville. Ayant remarqué dans l’attente de son jugement que Roy Bean éprouvait une passion absolue pour l’actrice Lili Langtry (au point d’avoir chassé de la ville un homme ayant avoué ne pas avoir été la voir en spectacle alors qu’elle passait en tournée dans la ville où il se trouvait), Cole lui fait croire qu’il la connait très bien lui faisant un formidable éloge de la dame en question. Grace à cette roublardise et à l’intervention de Jane-Ellen Matthew (Doris Davenport), il s’en sort indemne. Il a pourtant du mal à quitter la ville pour reprendre son vagabondage insouciant en direction de la Californie, retenu d’une part par le juge qui souhaite ne pas le quitter tant qu’il n’aura pas vu la mèche de cheveu que l’actrice lui aurait soi-disant confié, de l’autre par la famille Matthew qui recherche de la main d’œuvre pour la récolte du maïs et qui pour se faire, encourage la fille de la maison à le séduire et ainsi ‘l’attacher’ à la ferme...

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Et voilà encore une réévaluation pour ma pomme ! Alors qu’il m’avait jusqu’à présent toujours plus ou moins ennuyé, voici que je redécouvre un western tout à fait plaisant d’autant que le fait de voir les films par ordre chronologique me fait d’autant mieux me rendre compte de la modernité que le film de Wyler pouvait avoir pour l’époque. On s’en rend compte d’ailleurs très vite ; après une séquence en extérieur voyant un combat armé entre fermiers et éleveurs dans la grande tradition du genre (magnifiquement photographiée par Gregg Toland et solidement réalisée), c’est au tour de très longues scènes à l’intérieur du bar/tribunal du pittoresque juge Roy Bean (personnage qui a réellement existé ainsi que celui de Lili Langtry d’ailleurs) qui pourraient sembler ne jamais en finir si un humour très particulier ne venait pas les dynamiter. La description du tribunal improvisé avec Roy Bean faisant prêter serment sur une bible et… un revolver ou amendant ceux qui refusent de boire de l’alcool, le croque mort venant prendre les mesures pour ses futurs cercueils (Goscinny semble avoir pris pas mal d’éléments à partir de ce western pour Lucky Luke), le jury se réunissant pour délibérer dans l’arrière salle où ils jouent finalement au poker, le sort des accusés n’ayant pas lieu d’être débattu puisque toujours connu par avance, l’entrée dans le saloon du cheval objet du délit… est un grand moment de comédie d’autant qu’il est suivi par l’inénarrable numéro de roublardise d’un Gary Cooper parfaitement à l’aise dans la comédie (il était déjà passé entre les mains de Lubitsch, Capra…) et qui gruge Roy Bean avec délectation. La scène du réveil des deux hommes ivres au petit matin tend même vers le burlesque. S’ensuit une course poursuite à cheval très efficace avec de très longs panoramiques la rendant encore plus dynamique. Bref, un mélange des genres et des rythmes finalement pas si désagréable d’autant que Wyler maîtrise plutôt pas mal les deux.

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Aux côtés d’un Cole Harden aux motivations égoïstes, homme insouciant, malin et culotté, individualiste forcené qui va retrouver un certain sens moral en jouant le médiateur entre les partis adverses, on côtoie un personnage féminin tout aussi ambigüe puisque pas aussi net que l’on aurait pu le croire de prime abord ; encouragée par son père et son frère, elle va se jeter à la tête de Cole se faisant passer pour une petite oie blanche afin de le retenir au sein de la famille. Ils finiront quand même par tomber réellement amoureux et d’ailleurs la cocasse séquence de la véritable déclaration d’amour mérite aussi le détour. Quant à Roy Bean, il est tour à tour haïssable et attachant grâce à la superbe interprétation de Walter Brennan qui reçut d’ailleurs pour l’occasion un Oscar bien mérité. Tour à tour violent et naïf, ridicule et émouvant, c’est le véritable héros (ou plutôt antihéros) du film ; d’ailleurs Gary Cooper l’avait fait remarquer, se demandant ce qu’il aurait à faire face à un personnage picaresque d’une telle envergure. On le déteste lors de ses semblant de justice sommaire et expéditive, de sa décision de brûler les plantations de ses ‘ennemis’ ; on est touché par sa ferveur devant une actrice qu’il n’a jamais rencontré. La célèbre séquence finale se déroulant au sein d’un théâtre finit de convaincre ; un Gary Cooper charismatique comme jamais (ayant revêtu l’insigne de shérif pour mettre fins aux exactions commises par les éleveurs) se retrouvant sur scène devant un Roy Bean éberlué et déçu de ne pas y voir Lily Langtry, ayant fait acheter toutes les places du spectacle afin de se trouver seul dans la salle à l’admirer.

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Mi-comique mi-tragique, mi-réaliste mi-théâtral, mi-sec mi-lyrique (les plans sur les paysans et les champs de maïs ne dépareilleraient pas un film de King Vidor) naviguant entre farce et pathétique, un western original et assez riche aux protagonistes anti manichéens et n’oubliant pas, à de rares moments, le côté spectaculaire pour faire plaisir aux aficionados, ici une fabuleuse séquence d’incendie. Dans le même temps, une réflexion sur le vieil Ouest ( représenté par les éleveurs) en train d’évoluer et de laisser le progrès s’immiscer avec l’arrivée des cultures ! Et l’ombre du rideau tombe sur la scène avant qu’un happy-end plus conventionnel (certainement imposé) achève ce curieux western. Trop de ruptures de ton qui m’ont empêché d’avoir autant d’empathie que j’aurais souhaité pour les personnages mais néanmoins une bonne surprise.
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Re: The Westerner

Message par Jeremy Fox »

Jeremy Fox a écrit :
A suivre : Northwest Mounted Police de Cecil B.DeMille
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En raison d'un incident technique indépendant de notre volonté * nous ne pourrons pas poursuivre le cycle avec le film de Cecil B.DeMille. En lieu et place, Le Signe de Zorro de Rouben Mamoulian le remplacera. Mais pas d'inquiétude, les Tuniques écarlates seront reprogrammés d'ici un mois au pire. :mrgreen:


*
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DVD flingué :twisted: &@*ù$&*%$
Julien Léonard
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Julien Léonard »

Qu'est-ce qui a causé cela ? Il était rayé ? Mince...
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North West Mounted Police

Message par Jeremy Fox »

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Les Tuniques Ecarlates (North West Mounted Police, 1940) de Cecil B. DeMille
PARAMOUNT


Sortie USA : 22 octobre 1940


« L’amour fait faire de drôles choses » dit Gary Cooper à Paulette Goddard vers la fin des Tuniques écarlates. Cette phrase aurait d’ailleurs très bien pu être mise en exergue sur une affiche du film ; étonnant pour un western militaire et par rapport à ce que nous en attendions au vu d’un au titre aussi martial promettant avant tout de la grande aventure ! Et pourtant, si l’on se penche sur les personnages principaux, on constate que la principale motivation dans leurs agissements est justement l’amour, que les conséquences soient d’ailleurs néfastes ou bénéfiques. Mais Cecil B.DeMille est moins romantique que ses protagonistes puisque le seul personnage masculin à trouver chaussure à son pied à la toute dernière minute est celui qui aura pourtant privilégié son devoir à des sentiments plus élevés. D’ailleurs, sans le dévoiler, le final va franchement à l’encontre de tout ce à quoi nous nous attendions. Alors, vraiment « Ecrasant d’ennui et de convention scénaristique » comme l’affirment Coursodon et Tavernier dans leur 50 ans de cinéma américain ? Rien que cette dernière séquence vient à mon avis le contredire. Tous ces paradoxes mêlés à une approche historique assez intéressante (d’autant que la période et les faits évoqués ont rarement été abordés, par la suite non plus d’ailleurs) font au contraire de ce troisième western parlant de Cecil B.DeMille un film plutôt original, sorte de ‘mélodrame d’aventure humoristique’ parfois balourd mais jamais ennuyeux. Il a pour toile de fond historique en 1885 la ‘North-West Resistance’ , à savoir la révolte des métis canadiens menés par Louis Riel contre le gouvernement du Canada et le symbole de sa domination britannique, la police montée, 15 ans après l’écrasement de la première insurrection déjà menée par le même homme.

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Alors qu’il est en train de faire la classe à de jeunes enfants, Louis Riel (personnage ayant réellement existé) est interrompu par deux de ses ex-compagnons de résistance, Dan Duroc et Jacques Corbeau, qui souhaitent le convaincre de reprendre la lutte pour les droits du peuple métis franco-indien. Corbeau, vil trafiquant de whisky à ses heures perdues, le décide à tenter de déloger les ‘blancs’ et à former un nouveau gouvernement à Batoche en lui promettant pour se faire la mobilisation inconditionnelle de la population, l’aide des tribus indiennes de la région et l’apport d’une nouvelle arme d’une efficacité redoutable, une mitrailleuse. A Saskatchewan, les Tuniques Rouges de la reine d’Angleterre reçoivent un ultimatum de la part de Duroc qui les engagent à accepter leurs conditions sous 24 heures. La troupe de soldats est dirigée par Jim Brett (Preston Foster) amoureux d’April (Madeleine Carroll), une infirmière et la sœur d’un de ses officiers, Ronnie Logan (Robert Preston) lui-même amouraché de Louvette (Paulette Goddard), une sauvageonne métis qu’il ignore encore être la fille de l’inquiétant Jacques Corbeau recherché pour meurtre par la police canadienne. Alors qu’au fort d’Hudson Bay, on se prépare à un éventuel combat, arrive Dusty Rivers (Gary Cooper), un Texas Rangers lui aussi à la recherche du même Jacques Corbeau et qui n’est pas insensibles aux charmes de la douce April dont Jim Brett vient de demander la main. Les personnages présentés, les situations bien mises en place, l’action et les différentes romances vont pouvoir s’engager…

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Conséquence heureuse de l’immense succès remporté par Pacific Express (Union Pacific), la Paramount accorde à nouveau un très gros budget à l’un de ses plus prestigieux réalisateurs, Cecil B. DeMille. Il n’aura pas jusqu’à la possibilité de tourner sur les lieux mêmes de l’action (les rares extérieurs ayant été tournés en Oregon) mais, tout comme John Ford pour Sur la Piste de Mohawks et King Vidor pour Le Grand Passage, il pourra se frotter pour la première fois au Technicolor ; et le résultat est comme les deux précédents, plastiquement superbe, les chefs-opérateurs ayant ici privilégiés deux couleurs se complétant à merveille, le rouge éclatant des uniformes et le vert plus doux de la nature environnante et de certains attributs vestimentaires portés par Paulette Goddard et Gary Cooper. Les ¾ du film ayant été filmés en studio, il faut savoir que les décors et toiles peintes sont néanmoins un véritable régal pour les yeux. Sinon, on retrouve bien le style particulier du réalisateur, rarement virtuose mais toujours consistant, l’efficacité de ses cadrages (et notamment de ses gros plans), le classicisme de son montage, l’enchainement des différentes séquences comme si nous tournions les pages d’un livre… En parfait conteur parfaitement conscient de ses effets, il peut se permettre une nouvelle fois une certaine théâtralité dans la construction de son film ; un petit nombre de scènes mais la plupart toutes plus longues que la moyenne et plutôt bavardes. Avec un tel casting et des dialogues ma foi souvent fort drôles, malgré une faible dose d’action on ne s’ennuie pourtant quasiment jamais grâce au solide métier de DeMille et au très bon scénario d’Alan Le May, son premier travail pour le cinéma en tant qu’écrivain et qui marque le début d’une étroite collaboration avec DeMille ; c’est lui qui, au vu des dons comiques de Gary Cooper lui écrira Along Came Jones, l’une des parodies de western les plus amusantes qui soit (mais n’anticipons pas).

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Parlons en de Gary Cooper que DeMille ne fait malicieusement entrer en scène qu’au bout de vingt minutes qui ont du sembler interminables pour les fans de l’acteur ! Habitué à tourner dans les meilleures comédies américaines, les westernophiles avaient néanmoins pu se rendre compte de son talent pour l’humour avec Le Cavalier du Désert (The Westerner) quelques mois auparavant. Jubilatoire, il continue ici sur sa lancée, véritable bouffon, clown maladroit à la langue bien pendue et aux répliques qui font mouche ; son Dusty Rivers est plus proche d’un personnage de parodie que d’un véritable héros westernien. Ce n’est pas que ce soit un mal mais à travers cet exemple on se rend vite compte que le mélange des genres souhaité par le scénariste et qui apporte une pointe d’originalité au film est également à l’origine des limites de ce dernier. En effet, pour ne prendre qu’une référence parmi tant d’autres, comment s’inquiéter pour un personnage qui, au beau milieu d’une scène de bataille épique, se plaint avec furie qu’une balle ait troué son couvre-chef alors que d’innombrables soldats tombent comme des mouches autour de lui, d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’un pittoresque second rôle mais de Gary Cooper en personne ? Certes tout ceci nous fait bien sourire mais le suspense en prend un coup dans l’aile ; les séquences mouvementées sont ainsi toutes plus ou moins coupées dans leur envol par ce genre de détails qui cassent un peu l’élan vers une réelle ampleur qu’elles auraient pu avoir sans ça. Il en va souvent de même dans de nombreux autres films du cinéaste mais parfois, comme dans The Plainsman, le mix était beaucoup plus réussi et ne nous mettait jamais en porte à faux. Mais ne boudons pas notre plaisir pour si peu d’autant que Dusty Rivers arrive néanmoins à nous toucher, notamment quand il supprime les preuves risquant de faire accuser Ronnie de trahison ou lui faisant porter son propre héroïsme afin que sa réputation ne soit pas terni ; seulement, si vous vous souvenez que Ronnie est le propre frère de la femme à qui il cherche à plaire, on se demande bien si c’est l’amitié pour ‘le beau frère’ qui le motivait vraiment à ces moments de grandeur !

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Aux côtés donc d’un inénarrable Gary Cooper, on trouve une somptueusement belle Paulette Goddard grimée en métis, forçant un peu trop sur la cabotinage, prenant quasiment les mêmes mimiques que dans Les Temps modernes. Son personnage est pourtant très intéressant puisqu’amoureux d’un membre de la police montée tout en étant la fille de leur pire ennemi. Ne voulant trahir ni l’un ni l’autre, les conséquences de ses actes, quoique d’une réelle grandeur d’âme, n’en seront que fatalement tragiques. Plus conventionnel est celui joué par Madeleine Carroll (l’actrice hitchcokienne de 39 Steps ou Secret Agent) mais tellement attachant grâce à l’actrice qui le tire vers des sommets d’émotion ! Splendidement filmée et photographiée, c’est vraisemblablement le personnage et le visage qui vous seront les plus entêtants un fois le film terminé. Quant à Preston Foster et Robert Preston, en très bons professionnels, ils se révèlent tous deux parfaits vêtus de leurs tuniques écarlates, le premier un peu guindé mais réussissant à nous faire trouver son personnage sympathique, le second bien rôdé dans son éternel rôle de gentil garçon se trouvant en fâcheuse posture écartelé entre son amour et le respect de sa patrie.

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Une oeuvre efficace et solide aux ruptures de ton parfois déstabilisantes (voire le face à face grotesque entre Lynne Overman et Akim Tamiroff juste avant la mort de ce dernier, séquence oh combien pénible que Luc Moullet, dans les bonus du DVD, juge comme la meilleure scène du film :o ), au paternalisme envers les indiens qui pourrait un peu choquer aujourd’hui alors qu’il était de bon ton à l’époque, pour un plaisant divertissement qui fut à l’origine des plus grosses recettes de la Paramount en cette année 1940. Manquant singulièrement de souffle épique et d’aération en extérieurs, Les Tuniques écarlates n’en constitue pas moins un jalon très intéressant dans l’histoire du western ne serait-ce que pour les faits historiques peu connus abordés et les paysages inhabituels encore à l’époque. Avec sa folklorique galerie de personnages et son scénario mêlant avec habileté intrigues amoureuses et guerrières, North West Mounted Police se révèle de plus un agréable spectacle familial.
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Cathy »

Jeremy Fox a écrit :
Julien Léonard a écrit :Qu'est-ce qui a causé cela ? Il était rayé ? Mince...
C'était un DVD test non sérigraphié et j'ai écrit le titre sur la mauvaise face ; est-ce cette mauvaise manip qui a fait que le DVD ne veuille pas se lancer sur aucun de mes 3 lecteurs ?
Quelle idée aussi :fiou: !
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Jeremy Fox
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The Mark of Zorro

Message par Jeremy Fox »

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Le Signe de Zorro (The Mark of Zorro, 1940) de Rouben Mamoulian
20TH CENTURY FOX


Sortie USA : 01 novembre 1940

Après Brigham Young, une nouvelle production de prestige de Darryl F. Zanuck avec ce remake d’un film de 1920 signé Fred Niblo qui voyait Douglas Fairbanks dans le rôle du célèbre justicier moustachu et masqué inventé par Johnston Mc Culley ; Le Signe de Zorro est en quelque sorte une réponse tardive de la 20th Century Fox à la Warner et ses Aventures de Robin des Bois. Alors ce Swashbuckle avait-il vraiment sa phrase au sein d’une chronologie du western ? Oui car si la plupart des films de cape et épée se déroulent dans des pays européens (principalement la France et L’Angleterre), les aventures du héros tout de noir vêtu, une sorte de Robin Hood du Far-West, prennent place en Californie dans le début du 19ème siècle. On peut donc le considérer comme faisant partie du genre qui nous préoccupe même si au travers du ton et du style employés, on se rapproche plus du film d’aventure. Ceci étant dit et malgré le fait que beaucoup connaissent l’histoire, il n’est pas inutile de se la remémorer, certains n’ayant peut-être même pas eu l’occasion de succomber au charme de Guy Williams dans la version la plus connue des aventures du mythique redresseur de torts, celle produite en série télévisée par Walt Disney dans les années 50.

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A Madrid, Don Diego Vega (Tyrone Power) met fin à sa formation de cavalier à la demande de son père, Don Alejandro (Montagu Love). Ses camarades le plaignent ; quel guigne de devoir rentrer dans un pays où tout est calme et où il n’aura pas à ferrailler ! Le cœur gros, il quitte alors l’Espagne pour se rendre à Los Angeles. De retour sur sa terre natale, il se rend compte d’importants changements qui lui font se dire que sa maîtrise de l’escrime et du combat ne seront finalement pas de trop pour redonner à la Californie un semblant de dignité et de paix. En effet, ce n’est plus son père qui gouverne la région avec douceur mais un nouvel Alcade en la personne de Don Luis, marionnette entre les mains de son âme damnée de capitaine, Esteban Pasquale (Basil Rathbone). Avec sa main de fer, ce dernier taxe plus que de coutume les pauvres péons qui n’ont, après le passage des soldats, plus d’argent pour survivre. Diego décide de jouer au freluquet efféminé afin de ne pas être soupçonné de revêtir la nuit venue le costume d’un nouveau vengeur masqué, Zorro. Soutenant les paysans opprimés, il devient la bête noire du gouverneur et de son inquiétant homme de main. Dans le même temps, afin de lier les mains aux cavaliers qui semblent vouloir se révolter eux aussi, l’Alcade propose de marier sa nièce, la douce Lolita (Linda Darnell), au fils de l’homme qui les dirige et qui n’est autre que Diego Vega alias Zorro… Nous ne sommes pas loin d'une situation vaudevilesque !

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Beaucoup de points communs avec le Robin des Bois de Michael Curtiz et William Keighley à commencer par l’histoire mais également un même ton enjoué et jamais franchement dramatique, un méchant interprété ici et là par Basil Rathbone et deux autres acteurs déjà présents dans la forêt de Sherwood, Eugene Pallette et Montagu Love. On y trouve les mêmes qualités (charme, style et fraîcheur) et malheureusement aussi les mêmes défauts, à savoir surtout un scénario de John Taintor Foote pas très fluide, trop léger voire parfois simpliste (les problèmes et motivations politiques de chacun des camps qui auraient pu être passionnantes sont quasiment évacués) n’arrivant à aucun moment à donner de l’ampleur à une histoire rocambolesque et manquant singulièrement de chair. La musique d’Alfred Newman est loin de posséder la richesse de celles écrites pour le même genre de films par Erich Wolgang Korngold ou Max Steiner et s’avère au contraire parfois pesamment redondante. En revanche la photographie sophistiquée d’Arthur C. Miller est magnifique, jouant avec bonheur sur les ombres et contrastes et les duels chorégraphiés par l’inimitable Fred Cavens sont dignes d’éloges d’autant que Basil Rathbone, en escrimeur émérite, ne s’est pas fait doubler lors des spectaculaires combats. Quant à la mise en scène de Robert Mamoulian, elle a beau être sacrément racé, très élaboré, souvent virtuose et plaisamment élégante (ce qui avouons le, n’est déjà pas négligeable), elle manque néanmoins de la vigueur et du génie d’un Michael Curtiz ou, plus tard, d’un George Sidney ou Jacques Tourneur qui, tout en sachant créer une atmosphère (ce que réussit aussi tout à fait bien Mamoulian), savaient donner un formidable élan à leurs aventures qui ici, bien que fringantes, ne possèdent pas le côté athlétique et intense d’un Capitaine Blood, d’un Scaramouche ou d’un Flèche et le Flambeau par exemple. Rien de déshonorant dans Le Signe de Zorro mais un ensemble bien trop sage à l’image de son interprétation d’ensemble y compris son acteur principal.

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En effet, Tyrone Power n’a jamais été aussi convaincant que dirigé par Henry King qui, avec l’aide de ses scénaristes attitrés dont l’immense Lamar Trotti (dites si je radote ! :lol: ), savait donner un peu d’humanité voire de gravité aux personnages d’aventuriers ou de bandits que l’acteur avait à personnifier. Son Zorro a beau être alerte, drôle et bondissant, il lui manque un peu d’âme. Errol Flynn avait un éclair de malice dans le regard qui lui semblait naturel et qui parait au contraire forcé chez Tyrone Power. On l’aurait voulu génial, il est juste très bon. Il faut dire qu’il aurait été difficile de ne pas l’être avec un tel double rôle, d’un côté le freluquet maniéré et couard, de l’autre le preux chevalier. On sent le plaisir qu’il a du prendre à interpréter deux facettes aussi différentes d’un même personnage, le thème du double semblant d’ailleurs cher à Rouben Mamoulian qui l’avait par exemple déjà expérimenté dans Dr Jekyll et Mister Hyde. Ses apparitions en Diego provocant la consternation chez la plupart de ses interlocuteurs, y compris sa promise, sont assez jouissives tout comme ses tentatives pour effrayer mine de rien son principal ennemi. Les séquences les plus réussies sont celles le réunissant avec la subliment belle Linda Darnell qu’on regrette qu’elle n’ait pas eu un rôle plus important. Divinement photographiée et costumée, elle est pour beaucoup dans le plaisir pris à la vision d’un film profondément divertissant, certes un peu décevant mais loin d’être ennuyeux.
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Re: The Mark of Zorro

Message par Federico »

Jeremy Fox a écrit : Nous ne sommes pas loin d'une situation vaudevilesque !
Impression renforcée quand on peut voir (j'ignore si elle est en bonus sur les DVD) la version-gag d'une scène que fit re-tourner Tyrone Power pour - je crois - faire une blague pour l'anniversaire de son producteur quand il verrait les rushes. Le justicier masqué trace son fameux Z sur une calèche et au lieu de s'exclamer Zorro !, quelqu'un crie Zanuck !
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Re: The Mark of Zorro

Message par Jeremy Fox »

Federico a écrit :
Jeremy Fox a écrit : Nous ne sommes pas loin d'une situation vaudevilesque !
Impression renforcée quand on peut voir (j'ignore si elle est en bonus sur les DVD) la version-gag d'une scène que fit re-tourner Tyrone Power pour - je crois - faire une blague pour l'anniversaire de son producteur quand il verrait les rushes!
Le zone 2 (dont j'ai mis le visuel) est vierge de tous suppléments et c'était encore l'époque chez la Fox des sous titres dans de vilains bandeaux noirs.
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par someone1600 »

Avec ton topic et le jeu Red Dead Redemption qui vient de sortir, j'ai de plus en plus envie de regarder tous les westerns dont tu parles... lol.... :wink:
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

someone1600 a écrit :Avec ton topic et le jeu Red Dead Redemption qui vient de sortir, j'ai de plus en plus envie de regarder tous les westerns dont tu parles... lol.... :wink:
J'imagine que le jeu dont tu parles se situe probablement dans le Far-West. Sinon, ça risque de nous durer quelques années car ma liste de la page 1 s'allonge de jour en jour et ça se pourrait qu'elle atteigne les 400 avant fin 2010 :wink:
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par someone1600 »

Oui c'est un jeu western des créateurs de GTA, donc c'est carrement jouissif. lol. Hier moi et un ami on s'est joué des scenes de western lol.

T'inquiete on te lira jusqu'au bout, c'est passionnant. J'aimerais etre capable d'écrire comme ca quand je parle d'un film, mais je suis pas patient et je n'ai aucunement la verve necessaire pour écrire des textes comme toi. Lache pas. :wink:
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

Je ne lâcherais pas le morceau surtout avec de tels encouragements :wink:

Par contre pas de bol ; au moment où je vais recevoir Les Tuniques écarlates, le PC sur lequel j'ai mon lecteur DVD vient de se prendre un très méchant virus ; impossible désormais de le remettre en route. Je ne le récupèrerais probablement pas avant 3 semaines voire plus. Il serait dommage de ne pas voir le film de DeMille illustré avec de belles captures couleur. Donc je le repousse encore et vais passer à Arizona de Wesley Ruggles et à La piste de Santa Fe pour lesquels il doit être possible de trouver de l'iconographie sur le net.
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

La proposition d'aide de plusieurs d'entre vous me touche énormément et me motive encore plus si c'était possible. Donc, grâce à votre plus que sympathique contribution , le film à venir pourra donc être dès le début de la semaine prochaine :
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Merci beaucoup :oops:
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Cathy »

On attend tes commentaires avec impatience, surtout que tu n'es pas un grand fan de Cecil B de Mille, je n'ai pas vu North West Mounted Police, mais j'ai adoré les Conquérants du Nouveau Monde que j'ai vu il y a deux mois, on y retrouve d'ailleurs Gary Cooper et Paulette Goddard ! Ceci étant, il me semble que si tu tétais ennuyé devant Wassell, tu avais aimé les tuniques écarlates quand tu l'avais vu l'an passé !
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