Le Western américain : Parcours chronologique I 1930-1949

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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homerwell
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par homerwell »

Jeremy Fox a écrit :
Julien Léonard a écrit : Sinon, visiblement, mis à part Sur la piste des Mohawks, il semble difficile d'avoir un vrai grand film sur cette période western là. Le premier rebelle n'est pas terrible, et celui-ci n'a pas l'air totalement abouti. Et puis, ne parlons même pas du Bagarreur du Kentucky quelques années plus tard...
En même temps, on peut presque compter sur les doigts de deux mains les films abordant cette période de l'histoire des USA. Mais le film de Ford me semble effectivement la plus belle réussite la concernant. Par contre, Le Grand passage demeure un film culte pour beaucoup ; alors encore une fois, je préfère te laisser juge à propos de ce titre :wink
Sur cette période (proche de la guerre d'indépendance), on peut ajouter Les conquérants du nouveau monde de Cecil B. Demille, Le dernier des Mohicans de Mickael Mann mais aussi celui de Maurice Tourneur dont Ann Harding nous a parlé dans un autre topic et La captive aux yeux clairs de Howard Hawks et Au delà du Missouri de William A Wellman qui se déroulent tous deux un tout petit peu plus tard. J'aime bien tous ces films.
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par homerwell »

Un lien sur le sujet : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_f ... %A9ricaine

Il est sûr que la guerre de sécession a beaucoup plus inspiré les cinéastes.
Dernière modification par homerwell le 8 févr. 11, 18:02, modifié 1 fois.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

homerwell a écrit : et La captive aux yeux clairs de Howard Hawks et Au delà du Missouri de William A Wellman qui se déroulent tous deux un tout petit peu plus tard. J'aime bien tous ces films.
J'adore aussi sans restrictions ces deux films mais on change carrément de siècle puisque leur action se situe aux alentours de 1830 soit quand même plus de 70 ans après.
luc
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par luc »

Jeremy Fox a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Northwest Passage[/b] dont le titre devait d’ailleurs s’appliquer à une seconde partie qui n’a finalement jamais vue le jour, les producteurs ayant eu peur que le public n’accepte pas un Spencer Tracy se décomposant et devenant presque fou.
On peut d'ailleurs constater dans la capture du générique faite plus haut que le sous titre du film était Book 1 - Rogers' Rangers. King Vidor a tourné quasiment l'intégralité de son film en pensant qu'il allait enchainer avec une suite. Ce n'est d'ailleurs pas lui qui a mis en scène l'épilogue.
A noter que la VF doit dater des années 60 ... on reconnait Jean Claude Michel au début du film ainsi que Michel Roux pour le double de Robert Young ... Spencer Tracy étant lui doublé par la merveilleuse voix de Serge Nadaud ...
je possède la VHS ( par TCM) ... souvenir d'ado également et grosse attente jusqu'à l'acquisition de la K7 ...mais bon pas autant déçu que Jérémy ( j'aime tellement Spencer Tracy ) ... ce film est tout de même nettement au dessus du premier rebelle ... mais je dois avouer ... c'est vrai ...qu'il manque quelque chose ...
Julien Léonard
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Julien Léonard »

homerwell a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
En même temps, on peut presque compter sur les doigts de deux mains les films abordant cette période de l'histoire des USA. Mais le film de Ford me semble effectivement la plus belle réussite la concernant. Par contre, Le Grand passage demeure un film culte pour beaucoup ; alors encore une fois, je préfère te laisser juge à propos de ce titre :wink
Sur cette période (proche de la guerre d'indépendance), on peut ajouter Les conquérants du nouveau monde de Cecil B. Demille, Le dernier des Mohicans de Mickael Mann mais aussi celui de Maurice Tourneur dont Ann Harding nous a parlé dans un autre topic et La captive aux yeux clairs de Howard Hawks et Au delà du Missouri de William A Wellman qui se déroulent tous deux un tout petit peu plus tard. J'aime bien tous ces films.
Je ne connais pas le DeMille, je l'avoue. Quant aux autres, je suis complètement d'accord, ce sont de grands films ! Je ne les ai pas cité car ils venaient bien plus tard, dans les années 1950 (et même parfois après). Par contre, je n'aurais pas pensé au film de Mann... Mais c'est vrai qu'il a sa place. :)
Dernière modification par Julien Léonard le 28 avr. 10, 11:23, modifié 1 fois.
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homerwell
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par homerwell »

La déclaration d'indépendance est de 1776 et les deux récits de Au-delà du Missouri et de La captive aux yeux clairs, respectivement de 1829 et 1832. Alors on a bien changé de siècle mais on est juste une cinquantaine d'années plus tard. Et si géographiquement, les actions se situent un peu plus à l'ouest de la région des grands lacs, par contre, les armes, les accoutrements et l'utilisation du français me font immanquablement (et avec un peu de mauvaise foi :wink: ) rallier ces films à la période de la guerre d’indépendance américaine.

On peut aussi citer plus facilement Révolution de Hugh Hudson avec Al Pacino et l’une des grandes productions avec Mel Gibson : The Patriot, le chemin de la liberté.
On s’égare mais il peut y avoir différentes chronologies respectées, celle des tournages ou celle des événements historiques. :mrgreen:
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Strum »

J'aime beaucoup pour ma part Le Grand Passage, que je trouve impressionnant et terriblement dépaysant, historiquement comme visuellement. J'ai volontiers cru en voyant le film à l'existence dans le passé de l'Amérique de personnages comme celui de Tracy, obsessifs jusqu'à l'inconscience mais précisément capables de défricher des terres dans les pires conditions et au prix des pires sacrifices grâce à leurs obsessions. Et que d'aspects picaresques dans le film !
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Jeremy Fox
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

Strum a écrit : Et que d'aspects picaresques dans le film !
Je devais dormir à moitié car même Walter Brennan ne m'a pas paru pittoresque (ni picaresque d'ailleurs) ; en fait je n'y ai pas trouvé beaucoup d'humour :oops:
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Strum »

Jeremy Fox a écrit :Je devais dormir à moitié car même Walter Brennan ne m'a pas paru pittoresque (ni picaresque d'ailleurs) ; en fait je n'y ai pas trouvé beaucoup d'humour :oops:
Le film n'est pas spécialement drôle en effet, mais je ne crois pas qu'il essaie de l'être. Il insiste plus sur la folie, le caractère désespéré et héroïque, de l'entreprise. Pour enfoncer le clou, je mets Le Grand Passage au même niveau (voire un peu au-dessus mais mes souvenirs remontent un peu trop loin pour que j'en sois sûr) que Sur la piste des Mohawks de Ford, sachant qu'il s'agit de deux films très différents, qui apportent donc des plaisirs différents. Des plaisirs, et des visions, complémentaires en fait.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

Strum a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Je devais dormir à moitié car même Walter Brennan ne m'a pas paru pittoresque (ni picaresque d'ailleurs) ; en fait je n'y ai pas trouvé beaucoup d'humour :oops:
Le film n'est pas spécialement drôle en effet, mais je ne crois pas qu'il essaie de l'être.
Oui et d'ailleurs ce n'est pas forcément un défaut car l'utilisation de l'humour dans le western jusqu'à présent a le plus souvent semblé quelque peu forcé voire parfois lourdingue.

Qu'entend tu par "picaresque" alors ? Selon moi, lorsqu'on utilise ce terme, c'est pour définir des personnages ou situations colorés, pétillants... Les exemples qui me viennent immédiatement en tête sont Lancaster dans Vera Cruz ou Tuco dans Le Bon, la brute et le truand voire Stumpy dans Rio Bravo
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Strum »

Jeremy Fox a écrit :Qu'appelle tu "Picaresque" alors ? Selon moi, lorsqu'on utilise ce terme, c'est pour définir des personnages ou situations colorés, pétillants... Lancaster dans Vera Cruz ou Tuco du Le Bon, la brute et le truand
Ce qui relève d'une succession d'aventures ou d'épisodes, souvent truculents, toujours variés, vécus par des aventuriers de différents milieux sociaux, qui sont pour eux comme un apprentissage de la vie. C'est la succession d'épisodes du film, variés et imprévisibles, qui m'y fait penser. Le terme s'applique pour moi mieux à des situations qu'à des personnages. A ce titre, Vera Cruz et Le Bon, la brute... ont effectivement quelque chose de picaresque.
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

Strum a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Qu'appelle tu "Picaresque" alors ? Selon moi, lorsqu'on utilise ce terme, c'est pour définir des personnages ou situations colorés, pétillants... Lancaster dans Vera Cruz ou Tuco du Le Bon, la brute et le truand
Ce qui relève d'une succession d'aventures ou d'épisodes, souvent truculents, toujours variés, vécus par des aventuriers de différents milieux sociaux, qui sont pour eux comme un apprentissage de la vie. C'est la succession d'épisodes du film, variés et imprévisibles, qui m'y fait penser. Le terme s'applique pour moi mieux à des situations qu'à des personnages. A ce titre, Vera Cruz et Le Bon, la brute... ont effectivement quelque chose de picaresque.
Voilà, j'associe picaresque à truculence et je n'ai justement pas trouvé de truculence dans Northwest Passage.
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Link Jones »

Comme Jeremy, "NorthWest Passage" me laisse un peu distant. Je prefère par exemple "The Big Sky", "Drums Along The Mohawks" pour les Westerns relatant les premiers pionniers. "NorthWest passage" est un western "militaire" assez froid sur la bravoure, l'héroîsme, où il faut combattre une nature hostile, avec des marais, des collines à escalader avec les barques, des tribus d'indiens considérés comme des sauvages....

Les 2 autres sont plus nuancés, il y a bien des épreuves à surmonter mais tout n'est pas sauvagerie, hostilité. Il y a un côté romantique plus marqué, d'abord grâce à la présence de femmes, absentes de NorthWest Passage, sauf au tout début et à la fin. Egalement en raison d'une certaine harmonie avec la nature, dans la façon de filmer les paysages ; on sent une certaine harmonie entre les pionniers et le cadre qui les entoure ; dans "Drums along The Mohawks" c'est l'installation du couple de pionniers, la scène de la récolte, également l'occasion d'une très belle scène intime entre Henry Fonda et Claudette Colbert ... dans the Big Sky, on sent également ce plaisir de suivre la rivière, encadrée de grandioses paysages montagneux ; harmonie finale également avec les indiens, de la tribu des Blackfoot, qui ne sont pas considérés comme des sauvages, à exterminer comme dans NorthWest Passage ; et puis là aussi il y a aussi une forte présence féminine, la captive indienne, avec de belles scènes comme le sauvetage de la noyade par Kirk Douglas.
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Re: Le Western Américain : Parcours chronologique

Message par Jeremy Fox »

Tu as parfaitement résumé mon ressenti qui est le même que le tien ; je trouve effectivement Northwest Passage trop froid, ce qui fait qu'il n'arrive pas vraiment à me toucher. C'est tout à fait subjectif mais je me sens sens beaucoup plus en harmonie avec les univers de Ford et de Hawks en prenant les deux exemples que tu cites, leurs rythmes plus déliés, plus nonchalants, les passages bucoliques, la chaleur qui se dégage des groupes décrits, tout ceci étant totalement absent du film de Vidor (c'est aussi pour ça que je ne vois aucun aspect picaresque dans ce film). Ce qui est clair, c'est qu'ils n'ont pas grand chose en commun excepté l'époque de leur déroulement et qu'il est compréhensible d'être plus sensible à un univers qu'à un autre. Sur le coup, je choisis le camp fordien si on ne se réfère qu'à l'année où j'en suis arrivé dans ma chronologie.

Mais ma déception vient encore plus du fait que le Vidor ne m'ait pas plus impressionné plastiquement parlant alors que j'avais encore en tête les claques esthétiques de The Fountainhead ou de Duel au Soleil. Pas une fois je me suis extasié devant un quelconque plan.
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Virginia City

Message par Jeremy Fox »

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La Caravane Héroïque (Virginia City, 1940) de Michael Curtiz
WARNER


Sortie USA : 16 Mars 1940


Après quelques incursions temporelles aux alentours de la Guerre d’Indépendance, nous voici replongés avec Virginia City en pleine Guerre de Sécession, en 1864 exactement après quatre années de conflits meurtriers alors que la Confédération présidée par Jefferson Davies est aux abois. Les Sudistes n’ont plus d’argent dans les caisses pour se fournir en armes et sentent la défaite proche. Un de leur officier, le Capitaine Vance Irby (Randolph Scott) va être chargé d’une mission très dangereuse mais vitale pour son camp : faire sortir un convoi d’or de Virginia City (Nevada), ville en pleine effervescence et fourmillant de Nordistes, pour le conduire durant des milliers de kilomètres jusqu’au quartier général de la Confédération ; un périple qui devrait prendre environ un mois. Il va trouver sur son chemin John Murrell (Humphrey Bogart), un bandit de grand chemin avec qui il va devoir momentanément s’allier ainsi qu’un espion unioniste, le Capitaine Kerry Bradford (Errol Flynn) qui venait peu de temps avant de s’échapper de la prison dont il avait le commandement et à qui l’armée du Nord a justement confié la tâche d’empêcher le convoi d’arriver à bon port. Julia Hayne (Miriam Hopkins), espionne sudiste à l’origine de l’idée de cette ‘Caravane Héroïque’, va se retrouver prise ‘entre deux feux’ puisqu’elle se doit d’aider Vance (fortement épris de la jeune femme) dans sa périlleuse entreprise alors que dans le même temps elle ne peux faire autrement que de succomber aux charmes de l’officier ennemi ; comment faire pour ne pas trahir l’un des deux ?

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A la fin de Dodge City, Errol Flynn partait pour Virginia City. Son titre original et de nombreux points communs auraient pu nous le laisser croire mais La Caravane Héroïque n’est pourtant pas une suite à l’exubérant et coloré film précédent bien que l’on remarque aussi la présence de même nombreux comédiens dont le duo folklorique que forment Alan Hale et Guinn Williams. Il s’agit du deuxième des trois westerns que Michael Curtiz tourna avec Errol Flynn entre 1939 et 1941, le troisième étant La Piste de Santa Fe (Santa Fe Trail) dont nous reparlerons plus tard. En anticipant quand même un peu, Virginia City s’avère être le plus intéressant et surtout le plus réussi des trois. L’intrigue principale s’inspire d’une histoire vraie, véritable odyssée d’un petit groupe d’une soixantaine de personnes (le générique leur dédie d’ailleurs le film), hommes, femmes et enfants issus de familles très attachées à la cause Sudiste au point de proposer lui offrir leur fortune accumulée les dernières années grâce à des monceaux d’or trouvés dans les mines alentours. Se faisant passer pour des pionniers, ils s’enfuyent à travers les étendues sauvages de l’Ouest américain avec leur précieux et lourd butin, poursuivi d’une part par l’armée ennemie qui n’a pas su les empêcher de quitter Virginia City ainsi que par une bande de hors-la-loi qui, après les avoir aidé à partir en faisant diversion souhaitent désormais s’emparer du ‘magot’ ; cette partie aventureuse de l’intrigue se trouve néanmoins reléguée dans le dernier quart du film, ce qui précède s’attachant à la présentation des personnages, à la description de la situation et des enjeux historiques et faisant se dérouler avec brio la mise en place de l’expédition tenue secrète alors que les espions nordistes tentent de mettre à jour cette ‘trahison’ à venir.

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Il est assez curieux de constater à quel point le scénario a été villenpidé par une bonne partie de la critique ; ‘lourd comme un chariot de la Wells Fargo’ par ci, ‘ultra-conventionnel’ par là… rien ne lui a été épargné. Je lui trouve au contraire toutes les qualités d’écriture, aussi bien dans le portrait qui est fait des personnages (même s’ils ne possèdent aucune zones d’ombres, même s’ils sont tous sans ambiguïtés) que dans la tenue du récit. Le film traite par ailleurs de la Guerre de Sécession sans que jamais le cinéaste ne prenne parti, avec un respect, une droiture et une grandeur d’âme qui lui font honneur. Des deux côtés, nous trouvons un personnage extrêmement sympathique se battant sincèrement pour ses idées, tous deux fidèles à leurs camps respectifs tout en respectant l’ennemi, Errol Flynn pour l'Union, Randolph Scott pour la Confédération. Les deux acteurs se révèlent tous deux excellents, le premier ne portant jamais ombrage au second, le cinéaste les ayant mis sur un même pied d’égalité, Errol Flynn ne forçant jamais le trait du pittoresque comme il avait souvent tendance à le faire, avec grand talent cependant. « Si nous n’avions pas été dans des camps opposés, nous aurions pu être amis » dit à un moment critique Errol Flynn à Randolph Scott ; la relation qui se noue entre les deux hommes est vraiment bien vue, toute en finesse et extrêmement touchante vers le final.

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Le scénario rocambolesque à souhait de Robert Buckner est donc selon moi d’une solidité à toute épreuve, formidablement bien écrit, brillament dialogué, mélangeant dans un même mouvement romance et action, héroïsme et émotion. Une nouvelle fois, après une kyrielle de petits chefs-d’œuvre depuis le milieu des années 30, Michael Curtiz fait montre de tout son savoir-faire, que ce soit dans les scènes intimistes ou spectaculaires, et porte son film avec un réel souffle épique du début à la fin sans quasiment aucun relâchement. Dans la dernière demi-heure, il nous étonne encore par son génie pictural : les séquences de la caravane avançant dans les paysages désertiques et poursuivie par la cavalerie sont tout simplement somptueuses ! Regrettons une Myriam Hopkins un peu perdue en lieu et place de Olivia De Havilland et un Humphrey Bogart peu à l'aise dans ses habits de hors-la-loi moustachu ; en revanche le contrepoint humoristique apporté par les compagnons d'Errol Flynn interprétés par Alan Hale et Guinn "Big Boy" Williams n’est étonnament pas gênant une seule seconde, ne venant jamais vraiment casser l’ambiance dramatique qui parcourt le film. Il faudrait aussi pouvoir s’attarder sur la superbe photographie avec son noir et blanc très contrasté et le génie avec lequel Sol Polito joue des zones d’ombres (entre autres d’inoubliables gros plan sur les visages) ansi que sur l’un des très beaux scores, d’une grande richesse thématique et remarquablement bien enlevé, de Max Steiner.

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Un excellent western qui se termine à la date historique du 09 avril 1865, journée au cours de laquelle, à Appomatox, le Général Lee rencontre le Général Grant pour mettre enfin un terme à ce conflit civil meurtrier. Après un geste digne d’éloge du personnage joué par Errol Flynn qui préfère privilégier « son devoir d’homme à son honneur de soldat », c’est une nouvelle fois la figure tutélaire d’Abraham Lincoln qui donne la conclusion au film au travers un discours fait à Miriam Hopkins qui prone la réconcilitaion entre les deux camps : "Oui, dites leur que nous ne sommes pas des ennemis mais des amis. Que dans mon coeur comme dans celui de milliers de gens en Amérique il n'y a aucun esprit de vengeance dans notre victoire. Il ne doit pas y avoir de haine dans leur défaite. Dites leur que nous sommes un seul peuple uni par le sang et le feu. Et qu'à partir de ce jour notre destin est indivisible." Un western d’une belle hauteur morale sans être jamais moralisateur ; un film passionnant, attachant, digne de respect et qui n’en oublie pourtant jamais d’être divertissant.
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