Le Western Muet

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Bugsy Siegel
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Re: Le Western Muet

Message par Bugsy Siegel »

Woohoo, félicitations, vu comment ?
(Celui-là je rêve de le voir, ou du moins ce qui en reste, depuis longtemps).
on faisait queue devant la porte des WC comme au ciné lors du passage de l'Atlantide à l'écran. Jean Ray, Hôtel de Famille, 1922
feb
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Re: Le Western Muet

Message par feb »

Ann Harding a écrit :Pour l'anecdote, Bessie Love mentionne que John Gilbert était figurant-cascadeur dans le film où il jouait pas moins de trois rôles différents. Je ne l'ai pas reconnu. Mais, on peut le voir clairement dans Hell's Hinges (Le vengeur, 1916), un chef d'oeuvre signé Hart, cette même année.
C'est déjà dur de le reconnaitre dans ce film :mrgreen:
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Alors on peut comprendre que tu aies du mal dans The Aryan surtout si la copie est abimée et incomplète.
Merci pour ta chronique Ann !
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Ann Harding
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Re: Le Western Muet

Message par Ann Harding »

Disons que je connais un historien du cinéma qui a une belle collection. :mrgreen:
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Re: Le Western Muet

Message par Ann Harding »

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Je viens d'ajouter un portrait du génial William S. Hart sur mon blog, l'inventeur du western tel que nous le connaissons.
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Re: Le Western Muet

Message par Ann Harding »

feb a écrit :
Ann Harding a écrit :Pour l'anecdote, Bessie Love mentionne que John Gilbert était figurant-cascadeur dans le film où il jouait pas moins de trois rôles différents. Je ne l'ai pas reconnu. Mais, on peut le voir clairement dans Hell's Hinges (Le vengeur, 1916), un chef d'oeuvre signé Hart, cette même année.
C'est déjà dur de le reconnaitre dans ce film :mrgreen:
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Alors on peut comprendre que tu aies du mal dans The Aryan surtout si la copie est abimée et incomplète.
Merci pour ta chronique Ann !
Pour ajouter quelques précisions sur John Gilbert dans les films de William S. Hart, voici deux captures de Hell's Hinges (1916):
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John Gilbert porte une chemise noire et un foulard clair autour du cou et il a une moustache.
William S. Hart raconte dans ses mémoires qu'il a donné son tout premier rôle à John Gilbert dans The Apostle of Vengeance (1916) en dépit de l'opposition de Thomas Ince (voir ci-dessous):
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White Oak (1921, Lambert Hillyer) avec William S. Hart, Vola Vale, Alexander Gaden

Oak Miller (Wm S. Hart), un joueur professionnel, apprend que sa jeune soeur Rose (Helen Holly) a été victime d'un séducteur sans scrupules. Après sa tentative de suicide, il doit prendre soin d'elle avec l'aide de Barbara (V. Vale) dont il est secrètement amoureux...

En 1921, William S. Hart est toujours l'une des plus grandes stars de l'écran. Il a quitté la Triangle pour former sa propre compagnie de production au sein de la Paramount-Artcraft. Les films sont maintenant plus longs que ceux des années 10 qui se limitaient souvent à 5 bobines. Celui-ci dure 7 bobines. La construction dramatique conserve cependant son dynamisme avec plusieurs actions simultanées que la durée plus longue permet de développer. Le scénario du film est adapté d'une histoire signée par Hart lui-même. On y retrouve les thèmes qui lui sont chers: l'armour fraternel, la vengeance et le sacrifice. Le personnage d'Oak Miller ressemble au joueur qu'il interprétait dans The Cold Deck (Grand Frère, 1917). Il est aussi élégament vêtu d'une longue redingote avec chapeau haut-de-forme et chemise à jabot volanté. Comme le Jefferson Leigh de Cold Deck, il doit prendre soin de sa jeune soeur qui a été ici la victime d'un séducteur. Il se retrouve également embarqué dans la défense de la jolie Barbara (Vola Vale qui a de faux airs de Lillian Gish). Cette dernière est la proie d'un ignoble beau-père qui veut abuser d'elle tout en étant convoitée par un individu louche qui va se révéler être l'ancien séducteur de Molly. Le film nous promène dans tous les paysages possibles du western: les rives du Mississippi avec ses bateaux à aube, les petites villes du Missouri avec ses saloons et le désert avec son convoi de chariots bâchés. Contrairement à ses films précédents, Hart reste un ici un personnage positif qui se sacrifie pour sauver la femme qu'il aime. Il accepte d'être arrêté pour un meurtre dont on accuse (à tord) Barbara. Il s'évade ensuite de la prison où il se trouve pour aller sauver la même Barbara qui se trouve encerclée avec son convoi par un groupe d'indiens. Il est intéressant de constater que le personnage du chef indien n'est pas simplement un sauvage sanguinaire, mais qu'il est aussi un père meurtri dont on a enlevé et tué la fille. C'est lui qui finalement vengera la soeur d'Oak Miller. Le film a été photographié par le complice habituel de Hart, Joseph August. Il peut magnifier les vues du Mississippi et du désert aride. Mais, malheureusement, ce beau film n'est disponible que dans des versions très médiocres en particulier chez Alpha-Video. Quand aura-t-on enfin une édition restaurée et de qualité des films de William S. Hart ? Espérons qu'un éditeur de qualité le fera un jour prochain.
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monk
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Re: Le Western Muet

Message par monk »

Merci pour toutes ces belles critiques ! Je pense commander le coffret Treasures V: The West (1898-1938) sous peu ! :D
Ca n'est pas très interressant que je raconte ça, mais au moins, le sujet apparaitra dans "mes messages" 8)
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Ann Harding
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Message par Ann Harding »

Tu ne le regretteas pas, Monk. Le coffret porte bien son nom: 'treasures'! :)
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Re: Le Western Muet

Message par Ann Harding »

J'ai vu aujourd'hui deux westerns des années 10 à la médiathèque de la Cinémathèque française qui a numérisé certains films Triangle qu'elle possède. La copie du film de Hart est très belle, par contre le film de Dwan était assez noir et granuleux.

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The Desert Man (1917, La cité du désespoir) de William S. Hart avec Wm S. Hart, Margery Wilson, Henry Belmar et Milton Ross

Jim Alton (Wm S. Hart) un chercheur d'or perdu dans le désert rencontre Kate (Josephine Headley) qui a fui son époux violent, le barbier Burton (Henry Burton). Elle meurt en lui recommandant son enfant, le petit Joey (Buster Irving). Jim arrive en ville décidé s'attaquer au barbier...

Il n'existe plus qu'une seule copie incomplète de ce western de William S. Hart. Elle est maintenant numérisée et visible à la médiathèque de la Cinémathèque française. William débarque dans une ville autrefois prospère grâce aux mines d'or qui maintenant se délite. Il arrive en ville après avoir vu mourir la pauvre Kate qui fuyait son ignoble époux. Il va nettoyer la ville en poussant vers la sortie cette brute qui terrorisait la ville, il devient le père adoptif du petit Joey. Entre temps, il a fait la connaissance de la belle Jennie (M. Wilson) dont le grand-père est au bord de rendre l'âme. Il ramène de force un médecin pour soigner le vieil homme, mais en vain. Finalement, Jennie part avec le médecin qui se révèle être un vulgaire séducteur déjà marié. Il faudra un certain temps avant que Jim ne soit réuni avec sa belle. Sur cette intrigue typique des films de William S. Hart, ici écrite par son futur metteur en scène Lambert Hillyer, nous avons un beau film superbement éclairé par Joseph August qui joue du clair-obscur lorsque nous découvrons la malheureusement épouse du barbier ou des contre-jours lorsque Hart attrape au lasso le médecin récalcitrant qui refuse de le suivre. Le film contient son lot de scène comique avec le détestable barbier qui se fait raser avant d'être éjecté de son magasin devant des badauds hilares. Hart est ici un vengeur tranquille qui redonne vie à une ville en perdition. Si le film n'a pas l'intensité de Hell's Hinges (1916), c'est cependant un bon western de Hart. Juste un petit bémol dans cette restauration qui offre une belle image, les cartons français sont une réelle trahison par rapport au style tout à fait spécial des films de Hart. L'humour et le language qui font partie intégrante de ces films et les adaptations étrangères sont toujours sans âme.

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The Good Bad Man (Les parias de la vie, 1916) d'Allan Dwan avec Douglas Fairbanks, Bessie Love, Sam de Grasse et Mary Alden

Dans le Wyoming, Passin' Through (D. Fairbanks) est devenu bandit suite à la disparition de sa mère. Il se croit un enfant sans père et a décidé par ses larcins d'aider les enfants nés hors mariage. Il rejoint un groupe de malfrats dirigé par le dangereux 'The Wolf' (S. de Grasse)...

Cette production Triangle est le premier western de Douglas Fairbanks. Lorsque Bessie Love apprit qu'elle avait été choisie pour être la partenaire de Fairbanks, elle fut absolument ravie. Avec sa petite taille, Fairbanks paraît très grand en comparaison. C'est certainement une des raisons de ce choix. Néanmoins, le délicieux visage poupin de Bessie et son exubérance font d'elle la partenaire idéale du jeune Fairbanks. Comme dans The Half-Breed (1916) du même Dwan, Fairbanks joue un outsider de la société. Ici, il n'est pas un métis, mais un fils sans père. Sa décision de devenir bandit (bien que ses larcins sont bien minces) est donc en fait une quète d'identité. En rencontrant la jolie Amy (Bessie Love), il va doucement changer d'attitude. Comme toujours dans les films de Fairbanks de cette époque, il mélange le comique et le tragique. Certains personnages sont franchement comiques comme le sheriff du coin qui passe sa journée à jouer au lasso. La petite Bessie Love montre soudain qu'elle est capable de tirer au révolver et montre sa joie d'une manière enfantine quand elle fait mouche. Finalement, Fairbanks arrivera à venger la mort de son père et à conquérir la main de sa belle. Tout le film contient la joie de vivre habituelle de Fairbanks et Dwan le parsème de petites notes humoristiques comme lorsque le marshall découvre qu'il est sauf grâce au médaillon qu'il portait sur sa poitrine. Du mouvement, de l'humour, un délicieux western!
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Re: Le Western Muet

Message par Ann Harding »

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M'liss (L'enfant de la forêt, 1918) de Marshall Neilan avec Mary Pickford, Thomas Meighan, Tully Marshall et Theodore Roberts

Melissa Smith (M. Pickford), dite M'liss, vit avec son vieux père Bummer Smith (T. Roberts). Elle se comporte en sauvageonne, attaque la diligence avec son lance-pierre et ne fréquente pas l'école. Mais l'arrivée d'un nouveau maître d'école (T. Meighan) va la faire changer d'idée...

Cette parodie de western est une adaptation de Bert Harte qui a produit nombres d'oeuvres westerniennes adaptées au cinéma comme Tennessee's Pardner. La scénariste Frances Marion, la collaboratrice habituelle de Mary Pickford à l'époque, va en faire une version comique tout à fait réussie. Retournant les situations habituelles du western, le héros déliquant juvénile est ici une héroïne. M'liss se comporte comme un petit vaurien et ne respecte aucune autorité. La figure de la 'schoolmarm' est ici remplacé par un maître d'école sous la forme de l'élégant Thomas Meighan, acteur alors très actif chez Cecil B. DeMille où il apparaît dans Kindling (1915), The Trail of the Lonesome Pine (1916) et dans nombres de comédies avec Gloria Swanson. Pickford bénéficie également d'un casting de choix pour les seconds rôles où l'on reconnaît ce grand cabot de Theodore Roberts (autre acteur de DeMille) et l'inusable Tully Marshall en juge excentrique et incompétent. L'intrigue, extrêmement bien construite, nous conte la vie de M'liss dans une petite ville minière du nord de la Californie. Son vieux père ne songe plus qu'à dormir avec sa poule favorite et à engloutir des litres de whisky. L'arrivée du séduisant maître d'école, Charles Gray va la décider à se rendre à l'école dans un accoutrement qu'elle croit à la mode (avec les plumes de la poule sur son chapeau!). Mais, l'intrigue tourne au drame lorsque son père est assassiné subitement d'un coup de couteau. Les soupçons se portent sur Charles Gray qui l'a vu le dernier en vie. M'liss va tout faire pour le sortir de ce mauvais pas grâce à l'aide du conducteur de la diligence (Charles Ogle). Tous les éléments westerniens sont réunis : la ville minière, la diligence, les milices de lyncheurs, etc. Mais, les éléments sont subtilement détournés comme dans l'excellent Wild and Woolly (1917, J. Emerson) où Fairbanks apporte beaucoup de fraîcheur à sa vision westernienne. La séquence du procès présidé par l'inénarrable juge Joshua McSnagley (un Tully Marchall en grande forme) tourne finalement à la comédie. Le film a été tourné près de Boulder Creek dans le nord de la Califonie. Et les images sont signées du britannique Walter Stradling (l'oncle d'harry Stradling) qui nous offre des paysages et des gros plans de toute beauté. Mary Pickford donne à son personne brio, exubérance et énergie. Cette adolescente presqu'adulte le devient plus vite que prévu suite à la mort de son père. Ce thème sera de nouveau exploité dans ce petit chef d'oeuvre qu'est The Heart o' the Hills (1919, S. Franklin). Un Mary Pickford de très grande qualité.
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Re: Le Western Muet

Message par Ann Harding »

Je viens de revisiter Wild and Woolly qui est toujours aussi délectable. :)

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Wild and Woolly (1917, John Emerson) avec Douglas Fairbanks, Eileen Percy et Sam de Grasse

Jeff Hillington (D. Fairbanks), un new-yorkais, fils d'un riche magnat des chemins de fer, est obsédé par l'ouest sauvage. Sa connaissance de l'ouest se limite à la lecture de 'pulp magazines' et à la vision de westerns au cinéma. Un jour, son père l'envoie à Bitter Creek (Arizona) pour examiner la création d'un nouvel embranchement ferroviaire. Les habitants lui préparent une surprise : ils 'habillent en costume des années 1880...

Cette délectable parodie de western est due à la plume d'Anita Loos, qui était alors l'épouse de John Emerson, le réalisateur de ce film. Le rôle principal a été écrit pour un Fairbanks en grande forme qui se projette dans le monde du western comme le pourrait de nos jours quelque fana du DVD. Il a décoré sa chambre avec un tipi, des fusils, des tapis indiens, un selle de cheval et autres tableaux du Vieil Ouest. Evidemment de la fiction à la réalité, il y a un monde. En 1917, l'ouest est totalement civilisé. Il n'y a plus de chevaux, mais des voitures et plus personne ne porte les costumes de cow-boys qu'il affectionne. Qu'à cela ne tienne, les habitants de Bitter Creek vont faire de leur mieux pour ne pas décevoir ce citadin dans les nuages. On lui organise des fusillades, des chevauchées, etc. Il tombe d'autant mieux dans le panneau qu'il est ébloui par la belle Nell (E. Percy) qui joue elle aussi très bien son rôle. Mais, l'histoire prend un tournant inattendu lorsque cet escroc de Steve Shelby (S. de Grasse) décide de profiter des festivités pour attaquer le train. Et alors - coup de théâtre! - le citadin se métamorphose en héros de western caracolant à cheval à la poursuite des bandits. L'ensemble du film conserve un ton très 'tongue in cheek' avec un Fairbanks débordant de dynamisme et de gaîté.
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Re: Le Western Muet

Message par Filiba »

Ces posts m'ouvrent des perspectives sur une période du cinéma obscure pour moi.
Merci
J'ai depuis longtemps dans ma bibliothèque un livre "l'alliance brisée" qui traite de la séparation entre le western et la comédie dans les années 20. Il m'a toujours semblé abstrait faute de connaissance des films. Je commence à voir un peu de lumière grâce au travail de Ann Harding.
Re merci donc
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Re: Le Western Muet

Message par Ann Harding »

Filiba a écrit :Ces posts m'ouvrent des perspectives sur une période du cinéma obscure pour moi.
Merci
J'ai depuis longtemps dans ma bibliothèque un livre "l'alliance brisée" qui traite de la séparation entre le western et la comédie dans les années 20. Il m'a toujours semblé abstrait faute de connaissance des films. Je commence à voir un peu de lumière grâce au travail de Ann Harding.
Re merci donc
Ca ne m'étonne pas que le bouquin de Leutrat te semble abstrait. Il l'est pour moi aussi ! :mrgreen: Il y a d'autres ouvrages qui parlent du western muet d'une manière bien plus passionnante comme A Pictorial History of The Western Film de William K. Everson (qui couvre toutes les périodes et est superbement écrit).
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Ann Harding
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Re: Le Western Muet

Message par Ann Harding »

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Wagon Tracks (1919, Lambert Hillyer) avec William S. Hart, Jane Novak, Robert McKim et Lloyd Bacon

En 1850, Buckskin Hamilton (Wm S. Hart) est guide sur la piste de Santa Fe. Il se prépare à rejoindre son jeune frère Billy qu'il a élevé lui-même. Hélas, Billy est assassiné par un joueur professionnel, Donald Washburn (R. McKim). Ce dernier a réussi à convaincre sa soeur Jane (J. Novak) qu'elle est responsable de sa mort...

Cet excellent opus de William S. Hart, avec ses vieux complices C. Gardner Sullivan au scénario et Lambert Hillyer à la réalisation, nous replonge dans l'atmosphère de la ruée vers l'or. Des milliers de migrants partent dans des 'vaisseaux des prairies' pour traverser le continent par la dangereuse piste de Santa Fe. Buckskin Hamilton est un héros au coeur pur qui mène sa mission de guide avec courage et abnégation. Mais, ses certitudes vont être mises à rude épreuve suite à la mort de son jeune frère qu'il a élevé lui-même comme un fils. Confronté à Jane (Jane Novak), il n'arrive pas à croire que celle-ci puisse être responsable de sa mort. Alors que le convoi s'ébranle vers l'ouest partant du Missouri, les différents personnages vont devoir affronter des dangers et apprendre à se connaître. Il ne faudra pas longtemps à Buckskin pour détecter que Washburn ou son complice (le futur réalisateur Lloyd Bacon alors jeune acteur) sont probablement les coupables. Pour les faire parler, il va les emmener dans le désert poings liés et les obliger à marcher jusqu'à épuisement de leurs forces. Evidemment, celui qui n'a rien fait va dénoncer l'autre, comme il l'avait prévu. Mais, il va se retrouver face à un dilemme. Le convoi a été visité par des indiens. L'un d'eux est tué et ils menacent d'attaquer le convoi à moins qu'on leur livre un homme. L'assassin semble la victime désignée, mais que fera Buckskin ? Sur cette trame de vengeance, de convoi bâché dans le désert, Hart brosse le portrait d'un homme déchiré qui n'a de cesse que de se venger. Sa résolution finale face à Jane est d'autant plus impressionnante. Derrière la caméra, Joe August réalise des merveilles avec des scènes de nuit de toute beauté. Pour une fois, il existe une copie DVD tout à bonne de ce film grace à Unknown Video qui a transféré une belle copie teintée Blackhawk (de David Shepard). Si la musique est répétitive et ennuyeuse, on peut malgré tout apprécier ce beau western intelligemment réalisé.
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Dernière modification par Ann Harding le 11 mai 13, 17:57, modifié 1 fois.
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Re: Le Western Muet

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Et encore un William S. Hart de première classe! 8)

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The Return of Draw Egan (1916, William S. Hart) avec Wm S. Hart, Margery Wilson, Louise Glaum et Robert McKim

Draw Egan (Wm S. Hart) est un hors-la-loi recherché. Mais, un éniment citoyen de la petite ville de Yellow Dog lui demande, sans connaître son identité, de devenir le Marshall de cette ville sans loi...

Ce superbe western de 5 bobines, produit par T. H. Ince, mentionne pour la première fois William S. Hart comme étant le réalisateur. Il s'agit d'un de ses meilleurs films avec une construction dramatique parfaitement contrôlée, des angles de prise de vue élaborés et un scénario superbe de C. Gardner Sullivan. Il fait la démonstration sans effort apparent que le western est un genre cinématographique à part entière. Il est Draw Egan, un hors-la-loi, chef de bande recherché dans tout le pays. Pourtant, dès le début, on constate qu'il reste chez lui un certain code de l'honneur que semble ignorer un de ses complices Arizona Joe (R. McKim) qui ne songe qu'à s'enfuir au plus vite. Comme toujours, C. Gardner Sullivan n'oublie pas d'incorporer un humour bienvenu aussi bien dans les cartons d'intertitres (voir ci-dessous) que dans les situations. Il en effet cocasse de constater que le hors-la-loi va devenir un shérif craint de tous dans cette ville champignon et sans loi, la bien nommée Yellow Dog. Il devient un des citoyens les plus respectés de la ville. Mais, c'était sans compter l'arrivée d'Arizona Joe qui menace de révéler sa véritable identité, d'autant plus ennuyeux que Draw Egan est amoureux de Myrtle (M. Wilson). Le film se termine par un duel dans une rue déserte tel qu'on en verra des centaines dans les westerns à venir. Tout est parfaitement agencé avec l'arrivée de Egan dans le lointain, Joe caché derrière des barils prêt à lui tirer dessus. Egan s'avance face à la caméra en gros plan. La scène est montée et chorégraphiée avec tout le suspense voulu. Un magnifique William S. Hart qui mériterait mieux que les éditions médiocrissimes que l'on trouve de nos jours.
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