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The Invaders de Thomas H. Ince - 1912
Ce western de 40 min brasse tous les thèmes classiques:
Le traité qui permet aux Sioux de vivre sur leurs terres est révoqué (sans aucune sommation) lorsque la compagnie de chemin de fer envoie des ingénieurs sur le terrain. D'ailleurs les envahisseurs du titre sont les topographes envoyés par cette Cie...(They Died with their Boots On, Fort Apache)
La fille du colonel flirte avec un sous-officier (She Wore a Yellow Ribbon, Fort Apache)
La fille du chef indien flirte avec un ingénieur (Indian Fighter, Across the Wide Missouri)
La fille du chef repousse un prétendant qu'elle déteste...
Comme vous pouvez le voir, le film utilise déjà les décors naturels avec une belle imagination pour 1912! Et les indiens du film sont de vrais Sioux d'une réserve du South Dakota. Ils sont des personnages à part entière, des êtres humains. Ils ne sont pas de simples sauvages qu'il faut éliminer. Bien sûr, l'image est paternaliste, nous sommes en 1912!!! Mais, malgré tout, ce film est impressionnant! On a presque une impression de documentaire sur cette période. J'ai pensé aux sublimes photos de Edward S. Curtis, ce photographe américain qui dans les années 1900-1910 a photographié toutes les tribus indiennes.
(Film disponible dans le coffert More Treasures from the American Film Archives, Z0, US.)
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Hell's Hinges (Le vengeur, 1916) William S. Hart
Voici un western fascinant qui annonce les futurs films de Clint Eastwood comme High Plain Drifter, Pale Rider ou Unforgiven. William S. Hart est devant et derrière la caméra (bien que son nom ne soit crédité au générique).
Nous sommes dans une petite ville champignon au nom particulièrement évocateur: Hell's Hinges (les charnières de l'enfer). Un jeune pasteur fraîchement émoulu arrive dans ce petit patelin qui n'a que faire de lui. Une réunion dans le saloon local prépare un accueil particulièrement glacial pour lui. Au milieu des gredins et autres canailles locales, se détache Blaze (W.S. Hart), un mauvais garçon au regard froid. Il décide d'accueillir le pasteur à sa façon. Mais, quand celui-ci arrive, il est accompagné par sa soeur. Blaze rennonce à ses mauvaises intentions.....
Les westerns produits par Ince à cette époque sont absolument formidables par leur construction, leur cinématographie et l'utilisation des décors naturels. Celui-ci porte la marque de son auteur: William S. Hart qui s'était fait une spécialité des good/bad men. Une gestique très lente et mesurée, un visage allongé hiératique. On ne peut s'empécher de penser à Clint eastwood. Je ne serais pas surprise si Clint n'avait pas étudié certains films de Hart. les thèmes abordés sont à peu près identiques: la ville 'infernale' où les habitants brûlent l'église avec un vengeur solitaire. Il faudra attendre 1970 pour voir à nouveau un tel anti-héros sur l'écran!
A découvrir d'urgence pour les amateurs de western!!!
(Le film est disponible dans la boîte Treasures from American Film Archives.)
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The Narrow Trail (Révélation, 1916) de William S. Hart & Lambert Hillyer
Ice Harding (WS Hart) est un hors-la-loi qui sévit dans les montagnes où il attaque les diligences, jusqu'au jour où son regard croise celui de la belle Betty (Sylvia Breamer). Il décide de se réformer mais, la belle se révèle être une entraineuse dans un saloon mal famé de San Francisco...
William S. Hart est le prototype du mauvais garçon au regard glacial. Il semble être l'ancêtre des héros de western cool et 'taiseux' du type de Clint Eastwood. Dans ce film, il s'amende en découvrant une femme qu'il croit pure et sans tâche. De ce point de vue, il est assez intéressant de comparer les comportements de Harding lorsqu'il découvre la véritable vie de Betty et celui de la fille lorsqu'elle découvre sa vie de hors-la-loi. Il l'insulte et la quitte brusquement alors qu'elle le pardonne et le comprend. Le film montre que la société est tout aussi corrompue à la campagne qu'à la ville. Le film se termine sur un happy end avec un hymne au retour à la nature. C'est seulement le deuxième western de WS Hart que j'ai pu voir mais je suis vraiment fascinée par le personnage du 'good bad man' qu'il représente tout de noir vêtu. Il a eu certainement une influence énorme sur les réalisateurs et les acteurs des futurs classiques du western. Dommage que la copie présentée ait été issue d'un contretype.
La scéance à la cinémathèque était précédée d'un court-metrage, un western français de 1910 de Jean Durand: Pendaison à Jefferson City. Eh oui! Les français faisaient du western dans les années 10 et exportaient leurs films aux USA! Ils tournaient généralement en Camargue; mais celui-ci est encore plus exotique: tourné à Romainville dans la banlieue parisienne! Le Missouri de l'Ile-de-France n'a d'ailleurs pas trop mauvaise allure car ils ont filmé dans une carrière et une usine désaffectée. Joë Hamman était la star des cowboys français de l'époque. Très amusant.
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The Last of the Mohicans (1920, M. Tourneur & C. Brown)
Le film a été présenté dimanche dernier à la cinémathèque dans une superbe copie 35 mm d'une netteté et d'une beauté étonnante! Cela faisait un sérieux contraste avec les contretypes granuleux habituels pour le muet.
Cora Munro (Barbara Bedford) et sa jeune soeur sont escortées à travers la forêt jusqu'au fort commandé par leur père, Le général Munro. Mais, en route leur guide -à l'air passablement inquiétant- l'indien Magua (Wallace Beery) se perd...
Cette adaptation du roman de James Fenimore Cooper est absolument superbe. La cinématographie sur grand écran est spectaculaire avec des immenses forêts de pins surplombant des cascades et des lacs et le tout, filmé avec une science de la composition difficile à imiter. Les scènes des massacres perpétés par les hurons sont particulièrement effrayantes. Wallace Beery -méconnaissable sous son maquillage- incarne le mal et la concupiscence avec brio. Les autres acteurs du film sont également dignes d'éloges: Alan Roscoe (en Uncas) offre une charactérisation incroyablement moderne et Barbara Bedford est tout simplement formidable en Cora. Elle est déterminée et farouche comme la fragile Mary Johnson dans Le Trésor d'Arne (1919, M. Stiller).
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The Vanishing American (1925, George B. Seitz) avec Richard Dix, Lois Wilson et Noah Beery.
L'Indien Nophaie (Richard Dix) fait l'expérience de l'injustice reservée aux Indiens dans les reserves. L'agent du gouvernement local, Booker (Noah Beery) est corrompu et veut sa perte...
Si vous pensiez que John Ford avait été le premier à utiliser Monument Valley, eh bien! regardez plus haut! Ce western pro-Indien contient un plaidoyer remarquable sur le sort réservé aux peaux-rouges au sein des réserves. On les parque sur les terres les plus arides. On vole leurs chevaux. On les envoie au front durant la 1ère GM. Richard Dix offre une figure noble et tourmentée dans le rôle principal. Il est contrasté par l'ignoble traitre interprété par Noah Beery (le demi-frère de Wallace) pourri jusqu'à la moelle. La bande son, enregistrée en public, offre des surprises avec le public qui applaudit lors de l'éviction de Beery! Le film a quelques longueurs comme le tout début qui se traîne légèrement. Mais, la fin est très bien amenée. On retrouve dans ce film la plupart des thèmes de Devil's Doorway (1950). On peut d'ailleurs penser que le scénariste a du voir The Vanishing American car on y retrouve également une relation platonique entre l'Indien Dix et l'institutrice Lois Wilson. Les extérieurs sont splendides et le film vaut d'être découvert. (disponible en zone 1US, chez Image Entertainment)
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Redskin (1929, Victor Schertzinger) avec Richard Dix et Tully Marshall
Le petit Wing Foot (R. Dix) est envoyé à l'école (contre son gré) puis au College pour faire de lui un américain bon teint. Mais, il découvre les préjudices intenses de la société et décide de retourner dans sa tribu...
Comme le film précédent également interprété par Dix, on explore le racisme anti-indien présent dans la société américaine des années 20. Le film a une cinématographie superbe en Technicolor bichrome (reproduisant le rouge et le vert) pour toutes les séquences qui se passent dans le monde des Indiens et monochrome (B&W teinté ambré) pour la société 'blanche'. La restauration est absolument remarquable: la plus belle copie Technicolor bichrome que j'ai jamais vue! Le scénario est moins acéré que celui du film précédant et se termine par un 'Happy End' peu crédible. néanmoins, c'est vraiment un film à découvrir pour se rendre compte que tous les westerns futurs se sont inspirés profondément de tous ces films muets. (disponible dans le coffret Treasures III -Social Issues in American Films, Zone 0 US)