Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

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LA PALOMA (grosse freiheit nummer 7) d’Helmut KAUTNER – Allemagne -1944
Avec Hans ALBERS, Ilse WERNER, Hans SOHNKER, Hilde HILDEBRAND

Un ancien marin devenu chanteur dans un bouge de Hambourg s’éprend d’une toute jeune fille qui lui est confiée ; Mais celle-ci est amoureuse d’un ouvrier de son âge. Cruellement blessé par cet abandon, il reprend la mer.

La Paloma est tout simplement un film magnifique et probablement le plus beau tourné à la fin du troisième Reich. Jugé déprimant et apolitique par les autorités nazies, il sera interdit et ne sera diffusé qu’après guerre, avec beaucoup de succès.
Analyse poignante du déclin d’un vieux marin qui se raccroche illusoirement à une nymphette qui n’a pour lui qu’un peu de compassion, le film tourné en Agfacolor est d’une beauté plastique saisissante. Helmut Kautner utilise sa caméra avec une grande maestria. Le réalisme poétique évoque à la fois les films de Carné comme quai des brumes, l’expressionisme des films muets et déjà le néo réalisme. La séquence onirique où Hans Abers se voit froidement comme un chanteur de beuglant démodé qui se retrouve face à la vieille prostituée est saisissante. L’interprétation est parfaite, et la présence magnétique d’Hans Albers remarquable. Certes, sa voix n’est pas terrible pour entonner les nombreuses chansons de marin comme la Paloma, mais le coeur y est. A ses cotés, la troublante Ilse Werner révèle beaucoup de sensualité notamment dans l’audacieuse scène où elle partage le lit d’Hans Sohnker : dans son ouvrage référence sur l’érotisme au cinéma, Ado Kyrou la considérait d’ailleurs comme une des plus sensuelles présences de l’écran allemand : on n’en doute pas.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

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LE CHEMIN DE LA LIBERTE (Der weg ins freie) 1941- de Rolf Hansen
avec Zarah Leander, Hans Stüwe

En 1948 à Vienne, en pleine révolution, une cantatrice très populaire qui vient d’épouser un riche propriétaire refuse de quitter le monde du spectacle à la grande fureur de son mari, qui retourne seul en Poméranie. Après être tombée dans les griffes d’un comte aussi vil que malhonnête qui devient son amant, la chanteuse n’a pas d’autre choix que se faire passer pour morte pour fuir l’emprise de cet homme cruel. Errant sous des noms d’emprunt et sous divers déguisements dans différentes petites troupes de théâtre en Italie, elle est finalement rattrapée par son destin : pour ne pas nuire à son mari, qui la croyant morte a refait sa vie, elle n’a plus qu’une solution : mourir pour de bon.
Voici donc un mélodrame échevelé et romantique comme les aimait tant dans les années 30. On se laisse prendre par cette intrigue rocambolesque sur fond de révolution, et la fin est tragique à souhait.
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Je n’ai pas décelé de propagande dans ce film de l’époque nazie. On peut critiquer l'attitude pendant la guerre de la vedette suédoise Zarah Leander (voir portrait), grande star du troisième Reich, mais on doit admettre qu’elle fournit dans ce film une remarquable prestation de comédienne. Quant à ses talents de chanteuse, ils sont indiscutables. Ici elle chante à plusieurs reprises dans des registres très différents. C’est sûr on a rarement entendu des extraits de Rigoletto de Verdi ou de Semiramis de Rossini avec une voix aussi caverneuse. Dans un style qui lui est plus habituel, celui de la diseuse, elle nous livre un « ich sag nicht ja » que Dietrich aurait pu mettre à son répertoire. Son interprétation poignante de « ich will nicht vergessen » (reprise en France par Lucienne Delyle) est fort belle (lors de la tournée où la cantatrice en fuite se fait repérée).
Le film, un des meilleurs de Zarah Leander, est ressorti sur un coffret à l’occasion du centenaire de la naissance de la star.
On raconte que Zarah Leander venait elle-même doubler ses films en français (du moins les chansons) dans les studios de Joinville. Mais je ne sais pas si ce fut le cas pour ce film, et si une version subsiste.
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TITANIC de Herbert SELPIN - 1943
Avec Sybille SCHMITZ, Karl SCHONBOCK, Kirsten HEIBERG, Claude FARELL

Le naufrage du Titanic en 1912

Il s’agit bien là d’un film de propagande anti-britannique destiné à démontrer que le naufrage du célèbre paquebot était la résultante de la cupidité de propriétaires britanniques. Tout le déroulement du film sert à étayer cette démonstration insistante, jusqu’au panneau final on ne peut plus clair.
Hormis ce coté détestable et sans doute historiquement faux sur de nombreux points, le film n’est pas inintéressant. Si la première partie confronte une série de personnages peu attachants, les scènes finales de catastrophe sont filmées de façon intelligente (angles de prise de vue des canots de sauvetage descendant vers la mer, scènes de panique dans la pénombre).
Le passage où les agents de surveillance séparent brutalement les hommes des femmes parmi les passagers de troisième catégorie fait vraiment froid dans le dos et m’a fait songer au sort subi par les victimes des persécutions nazies au moment du tournage.
En fait, je pense que si le climat cataclysmique est rendu avec une telle acuité, c’est que le climat de tension qui régnait en Allemagne au même moment imprègne le film entier. D’ailleurs, à sa sortie, il sera finalement interdit en Allemagne pour ne pas démoraliser la population et réservé à la France et d’autres occupés (histoire de nous saper le moral un peu plus!).
On remarquera que certaines situations totalement fictives de ce film, ont été reprises dans la version de James Cameron!
Sinon, en dehors du climat d’angoisse, les amateurs de camp se délecteront de la prestation over the top de Sybille Schmitz (Vampyr de Dreyer, dont le déclin fut évoqué dans le film Le secret de Véronika Voss), au curieux visage prognathe. Avec son maquillage appuyé, sa perruque et la veste du commandant sur sa robe de soirée, elle est incroyable, quand touchée par la grâce, elle essaie d’aider un maximum de passagers à se sauver. Une vraie reine de mélo!
Le réalisateur Herbert Selpin, qui s’était opposé à Goebbels sur le scénario, sera emprisonné et retrouvé pendu dans sa cellule.
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joe-ernst
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

Message par joe-ernst »

Music Man a écrit : Le film, un des meilleurs de Zarah Leander, est ressorti sur un coffret à l’occasion du centenaire de la naissance de la star.
Je pense qu'il n'y pas de sous-titres ?
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

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joe-ernst a écrit :
Music Man a écrit : Le film, un des meilleurs de Zarah Leander, est ressorti sur un coffret à l’occasion du centenaire de la naissance de la star.
Je pense qu'il n'y pas de sous-titres ?
Non, hélas.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

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MUSIQUE DE REVE (TraumMusik) de Geza VON BOLVARY - Allemagne -1940
Avec Marte HARELL, Benjamino GIGLI, Lizzi WALDMULLER, Albrecht SCHOENHALS

Une cantatrice est engagée à l’opéra de Milan. Son fiancé, un compositeur qui rêve de créer un opéra pour sa bien aimée, pense que cette dernière ne l’aime plus : il se tourne vers la musique de variétés pour gagner sa vie.

Tout comme aux USA, où le producteur Joe Pasternak a mis en chantier à la MGM de nombreux films mêlant opéra (et plus spécifiquement les airs les plus connus du grand public) et musique légère, le cinéma allemand a souvent joué sur les deux tableaux. Ici l’art lyrique et la musique de revue sont mis en opposition au gré d’une intrigue particulièrement pauvre mais fort bien interprétée.
Coté lyrique, le légendaire ténor Benjamino Gigli, qui a beaucoup joué dans des films allemands pendant la période nazie, ne fait que deux brèves apparitions dont une dans un extrait de la Bohème de Puccini. Le physique pas du tout photogénique de l’artiste expliquant peut être la brièveté de sa présence (même si les affiches du film mettent l’accent sur sa présence). Evidemment, il n’y a rien à redire sur son ramage. Marte Harell, fine comédienne autrichienne des années 40, est fort bien doublée vocalement par Mafalda Favero. Dommage que la bande son un peu vielle coince parfois sur les notes aiguës.
La partie variétés a été laissée entre les mains talentueuses du compositeur Peter Kreuder , roi du swing allemand, qui a troussé quelques très jolis morceaux tous chantés par la piquante Lizzi Waldmuller.
On retiendra un passage très inspiré de Busby Berkeley, où Lizzi Waldmuller danse et chante sur un gramophone géant dont un boy change l’aiguille car le disque est rayé. Un morceau qui a sans doute été copié dans le boy friend de Ken Russell. Les autres numéros musicaux sont un peu plombés par la laideur des décors.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

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LA CHAUVE SOURIS (die fledermaus) –Allemagne -1945 de Geza Von Bolvary
Avec Marte HARELL, Johannes HEESTERS, Willy FRITSCH, Dorit KREYSLER

Revenant un matin d'un bal masqué, un notaire, victime d'une farce de son meilleur ami, a été obligé de traverser la ville, encore revêtu de son déguisement de chauve-souris : il a juré de se venger. Le moment lui paraît propice lorsque son ami, doit purger une peine de 8 jours de prison, débutant ce soir à minuit.

Cette luxueuse adaptation de l’opérette de Strauss, tournée en Agfacolor a été fort bien restaurée pour sa sortie en DVD (en 2003 pour fêter le centenaire de Johannes Heesters). Evidemment, les amateurs d’opérettes viennoises seront frustrés car la majeure partie de la partition passe ici au second plan et des airs les plus fameux, il ne demeure que des bribes. En outre, on entend parfois des airs de Strauss tirés d’autres œuvres.
Néanmoins à part ces fortes réserves sur la partie musicale, le film est vraiment réussi et ne ressemble pas à du théâtre filmé. Si les acteurs (hormis Heesters, Hans Brausewetter et une Dorit Kreysler doublée) ne chantent pas, ils savent parfaitement mener cette comédie frivole, notamment l’élégante Marte Harell, brillante comédienne dont la classe fait songer à Greer Garson (on a néanmoins du mal à croire qu’il suffise qu’elle se teigne en rousse pour que son mari la prenne pour une autre…). Les scènes de bal sont grandioses et filmées avec faste par Geza von Cziffra. L’agfacolor est utilisé de façon plus que convaincante en mettant en valeur les superbes costumes et décors (scènes de danses orientales) dans tes tons très chatoyants. On est étonné qu’un film d’une telle opulence ait pu être tourné en pleine bérézina (les derniers jours de tournage eurent lieu en mars 1945) juste avant la fin de la seconde guerre mondiale. Il sera monté et sortira en salles en 1946 avec un très grand succès, y compris en France où il sera présenté comme une production autrichienne.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

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Paramatta Bagne de femme (1938) (Zu neuen Ufern) de Douglas SIRK (1938)
Avec Zarah LEANDER, Willy BIRGEL


Par amour pour un militaire parti en Australie, une jeune chanteuse s'accuse d'avoir falsifié un chèque. Elle est condamné à sept ans d'emprisonnement au bagne de Paramatta, lui aussi en Australie.


Avis de Cathy

Douglas Sirk montre ici dans un de ses derniers films allemands son amour pour les mélodrames flamboyants, avec tous les ingrédients qui feront son succès aux USA. On trouve ici tout ce qui fera la beauté de ses films sur le plan esthétique avec des jeux de miroirs, d'ombre, naturellement ces profondeurs de champ, bref visuellement un très beau film. Le bemol vient du jeu limité de ses interprètes principaux, la froide Zarah Leander évolue dans un certain pathos en femme douloureuse, trompée par son amant, et égrène d'une voix qui n'est pas sans rappeler celle de Marlene Dietrich des mélodies très allemandes (bien qu'elle soit censée être une chanteuse anglaise) quant à Willy Birgel, il est totalement inconsistant et joue toujours de la même manière du début à la fin. Maintenant malgré ce bémol, le film est prenant et passionnant révélant ce que Sirk fait visuellement de mieux, et montrant ce gout profond pour le mélodrame !

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avis de Joe Wilson

Un mélodrame intense, jusque dans le désespoir et la désillusion. Alors certes, l'interprétation s'avère décevante, et le rythme du récit très inégal...mais la fadeur de Willy Birgel renforce paradoxalement les traits de caractère de son personnage : il ne fascine jamais, traverse le film tel un spectateur affaibli. Son illusion de respectabilité s'écroule face à son incapacité à décider, pour connaître un destin amer mais brutalement cohérent.
Ce n'est donc pas le lien amoureux qui emporte l'adhésion,(le second rôle masculin n'est guère plus convaincant) mais la solitude et la quête de Zarah Leander. Si elle n'est ni Dietrich, ni Garbo, elle parvient à donner un souffle au parcours de Gloria Vane. Les passages chantés s'intègrent avec justesse et accentuent des impressions d'euphorie légère, ou d'imploration pathétique.
Paramatta, bagne de femmes se construit sur des exagérations, que la mise en scène souligne dans l'utilisation des ombres et la perception d'un enfermement.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

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LA HABANERA de Douglas SIRK -1937
Avec Zarah LEANDER, Ferdinand MARIAN

Astrée (Z. Leander) une suédoise, tombe follement amoureuse d'un richissime porto-ricain lors d'un voyage. Elle décide de rester sur l'île et de l'épouser. Dix ans plus tard, elle vit dans le désenchantement et regrette sa Suède natale...
Avis d’Ann Harding

Les premiers films de Douglas Sirk réalisés en Allemagne sont peu discutés sur ce topic. C'est bien dommage car ils sont tout aussi intéressants que certains des 'romans-photos' qu'il a réalisé plus tard à la Universal. Récemment, le cinéma de minuit a diffusé deux films remarquables Das Mädchen vom Moorhof d'après Selma Lagerlöf (également adapté par Sjöström en 1917) et Stützen der Gesellschaft d'après Ibsen. Sirk réussit à éviter les sujets polémiques dans ces premières années du nazisme en adaptant des auteurs scandinaves avec talent. Il ne faut pas oublier qu'il était avant tout un metteur en scène de théâtre classique. Pour La Habanera, il part tourner à Tenerife, dans les Iles Canaries alors sous domination franquiste. On sent que le cinéma allemand de l'époque recherche avant tout l'évasion plutôt que de regarder la vie de tous les jours. On joue à fond la carte de l'exotisme avec sa vedette principale Zarah Leander que je découvrais pour la première fois. Elle a un visage sculptural à la Garbo avec une voix de contralto, mais elle est plus sensuelle que Greta. Nous sommes en plein mélo flamboyant, mais en N&B. La trajectoire d'Astrée, qui passe d'amoureuse à une femme malheureuse et inhibée, est magnifiquement encadrée par les éclairages et le jeu des acteurs. Le montage est également incroyablement important dans sa manière de suggérer les transitions comme lors du départ du bateau au début et à la fin du film. Les costumes se veulent somptueux et extravagants à l'image de son héroïne. Les chansons s'intègrent très intelligemment dans le déroulement de l'intrigue. Leander a énormément de charisme et leur donnent un vrai poids dramatique.
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Major Dundee
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

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Effectivement, j'ai beaucoup apprécié aussi "Paramatta" et " La Habanera". Je suis un grand admirateur de Garbo mais j'avoue que j'ai trouvé Zarah Leander très belle.
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

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Major Dundee a écrit :Effectivement, j'ai beaucoup apprécié aussi "Paramatta" et " La Habanera". Je suis un grand admirateur de Garbo mais j'avoue que j'ai trouvé Zarah Leander très belle.
On a les mêmes goûts. J'aime beaucoup les deux.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

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LUMIERE DANS LA NUIT (Romanze in moll) d’Helmut KAUTNER - 1943
Avec Marianne HOPPE et Ferdinand MARIAN

Adaptation d’une nouvelle de Maupassant : L’épouse d’un comptable, cède aux avances d’un compositeur. Elle est bientôt la victime d’un odieux chantage de la part du nouveau patron de son mari, au courant de la liaison : elle se suicide.

Considéré par beaucoup (G Sadoul notamment) comme le meilleur film tourné en Allemagne pendant la guerre, Lumière dans la nuit est un très beau mélodrame d’une grande noirceur, sans aucun espoir et presque morbide.
Le film, reposant sur des flash backs, est très habilement construit : dès les premières images, on pénètre dans la chambre où Marianne Hoppe gît mourante, alors que son mari de retour pense qu’elle est endormie. C’est extrêmement réussi et cela donne à la narration une force immédiate.
Par la grâce de son interprétation et son sourire énigmatique , Marianne Hoppe (la Sarah Bernhardt allemande) confère sensibilité et délicatesse à son personnage de femme qui cherche à s’évader de son quotidien ennuyeux et d’un mari gentil mais pussillanime. D’habiles mouvements de caméras, un subtil jeu d’ombres et lumières accompagnent en demi teinte cette histoire passionnelle qui tourne au drame.
Autre scène marquante quand pendant le concert, l’héroïne se remémore les épisodes de sa liaison, son visage passant insensiblement du recueillement au désespoir.
Tout en subtilité (notamment l‘interprétation de M Hoppe). C’est souvent triste , glacé et très mesuré dans le jeu des émotions (à l’opposé des mélos flamboyants comme le chemin de la liberté avec Zarah Leander, dans lequel l‘héroïne, placée aussi dans une situation inextricable, choisut de s‘empoisonner) et impeccablement réalisé.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

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LA CHAIR EST FAIBLE - MISSTAP (der schritt vom wege / Effi Briest) de Gustav Gründgens - 1939
Avec Marianne HOPPE, Karl Ludwig Diehl

Adaptation du roman « Effi Briest » de Théodor Fontane :
Fille unique d’aristocrates brandebourgeois, Effi Briest épouse à 17 ans un haut fonctionnaire de 20 ans son aîné. Vive et spontanée, la jeune femme a du mal à s’adapter à la monotonie de sa nouvelle vie et à la solitude; dans un moment d’égarement, elle trompe son mari. Son geste aura des conséquences gravissimes sur son couple et son équilibre mental.

Je n’ai jamais lu que des extraits de ce classique de la littérature allemande qui semble présenter pas mal de similitudes avec Madame Bovary. Le film parait parfois un peu téléscopé dans le déroulement de l’intrigue et on devine que certains aspects du roman n’ont certainement pas pu être développés comme il le faudrait (les névroses qui semblent guetter la jeune femme dès son installation dans la demeure de son mari).
Pourtant le résultat est globalement réussi. Le très grand acteur allemand Gustav Gründgens dirige avec soin son épouse l’excellente Marianne Hoppe. Il illustre parfaitement le récit de symboles visuels, et s’attarde sur les froids paysages de la baltique, conservant ainsi l’aspect naturaliste de l’oeuvre initiale.
La femme infidèle, ployant sous le poids des convenances sociales n’a plus qu’à faire profil bas et à se suicider…thème qui semble récurrent dans les productions de l’époque nazie (le chemin de la liberté, lumière dans la nuit…).

A noter que le roman de Fontane, connaîtra moult versions ultérieures à la télé et au cinéma.
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Major Dundee
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

Message par Major Dundee »

Music Man a écrit : LA CHAIR EST FAIBLE - MISSTAP (der schritt vom wege / Effi Briest) de Gustav Gründgens - 1939
Avec Marianne HOPPE, Karl Ludwig Diehl

LUMIERE DANS LA NUIT (Romanze in moll) d’Helmut KAUTNER - 1943
Avec Marianne HOPPE et Ferdinand MARIAN

LE TRESOR DU LAC D’ARGENT (Der Schatz im Silbersee) de Harald REINL-1962
Avec Lex BARKER, Goetz GEORGE, Pierre BRICE, Karin DOR, Marianne HOPPE
T'es en plein festival Marianne HOPPE si je comprends bien. :wink:
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


Henri Jeanson
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)

Message par Music Man »

Exactement, Major.
Arte avait consacré un documentaire à sa carrière théâtrale (impressionnante et très longue) et cinématographique quand elle est décédée.
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