Premake/Remake

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Cathy
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Re: Premake/Remake

Message par Cathy »

Federico a écrit :
Cathy a écrit : Rien ne sert de courir, Walk don't run (1966)
Je n'ai pas le souvenir d'un film terrible mais bon, un tel trio peut donner un p'tit goût de rev'nez-y à l'occasion.
Il me semble que la photo était assez sympa avec des couleurs à la Kodachrome bien pétantes.
Cary Grant est au meilleur de sa forme dans ce film. Le premake est plus intéressant, car le trio fonctionne plus ensemble. J'ai beaucoup aimé les deux, mais bon je suis très cliente du genre :) !
Tancrède
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Re: Premake/Remake

Message par Tancrède »

qui parmi vous a vu Georges et Geogette, la version française de Viktor and Viktoria?
riqueuniee
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Re: Premake/Remake

Message par riqueuniee »

Pas vu, mais vu par contre Fanfare d'amour, un film de 1934 avec Carette et Fernand Gravey, qui a des allures de premake de Certains l'aiment chaud.
En ce qui concerne les adaptations de romans, il faudrait presque créer un topic à part, certains ouvrages ayant ét adaptés plusieurs fois, avec des scenarios parfois très différents.
Par exemple, Le faucon maltais de Huston est la troisième adaptation (en moins de 10 ans...) de ce roman. Il serait d'ailleurs intéressant de voir les deux autres films, pour comparer.
Lord Henry
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Re: Premake/Remake

Message par Lord Henry »

Satan Met A Lady est un ratage notoire. Il faut dire que le film se propose de traiter l'intrigue de Dashiell Hammett sur le mode de la comédie, avec Warren Williams en succédané de William Powell.

Quant à la première version, Ricardo Cortez y interprète Sam Spade en émule de Rudolph Valentino.
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someone1600
Euphémiste
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Re: Premake/Remake

Message par someone1600 »

Personnelement j'ai trouvé que la premiere version du Faucon Maltais etait presque meilleure que la seconde. En tout cas, mis a part les acteurs plutot inconnu, le film fonctionne superbement. :wink:
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Cathy
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Re: Premake/Remake

Message par Cathy »

My Sister Eileen (1942) - Alexander Hall

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Deux soeurs décident de quitter leur Ohio natal pour réussir à New York, Ruth veut devenir écrivain, et Eileen actrice de théâtre. Cette dernière rend fou tous les hommes qui l'approchent.

Ici nous sommes dans la screwball type, une histoire anecdotique et des dialogues fournis, des personnages débitant à toute vitesse leurs répliquesn et des situations totalement folles. My sister Eileen est avant tout une pièce de théâtre et cela se sent, on a l'impression d'une succession de scènes avec le plan final de chacune où le rideau devait tomber, les portes claquent, les acteurs entrent et sortent à toute vitesse. Le scénario repose sur ces personnages tous plus farfelus les uns que les autres qui se retrouvent tous dans le studio des deux soeurs niché dans l'entresol d'un immeuble. Mais finalement les scènes sont tellement too much qu'on finit par trouver cela trop gros et fatigant. Il y a évidemment quelques scènes complètement délirantes qui entrainent le rire ou le sourire, comme cette conga endiablée avec des marins étrangers. Les personnages secondaires sont assez nombreux d'ailleurs, avec ce journaliste qui veut aider Ruth, celui qui est attiré par Eileen, le propriétaire peintre "à la Picasso", le père, la grand-mère, ou Wreck le voisin marié qui est hébergé car la mère de sa femme ne sait pas qu'ils sont mariés. Rosalind Russell et Janet Blair rivalisent dans les deux soeurs, si le bagou de la première semble fait pour ce style de film, la seconde est effectivement bien plus charmante. Brian Aherne prête sa nonchalance à ce rédacteur épouvantablement bavard, et George Tobias campe un Apoppoulos au look résolument "moderne". Toutefois la comédie est assez saoulante, sans doute est-ce du aux acteurs principaux qui manquent de charisme ou à une mise en scène trop conventionnelle et théâtrale. 13 ans plus tard Richard Quine adaptera le film en comédie musicale avec Debbie Reynolds, Betty Garrett et Jack Lemmon.

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Ma soeur est du tonnerre, My sister Eileen

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Treize ans donc après ce film, Richard Quine aidé de Blake Edwards reprend My Sister Eileen et l'adopte sous forme de comédie musicale. Le point différent outre que le fait que les acteurs chantent et dansent, est que nous sortons des prises de vue d'intérieur, même si cela reste tourné en studio, le film semble moins statique et on sent moins le côté théâtral. Il est évident que les échanges qui fusent du premier sont remplacés par des chansons comme celle de Ruth qui déplore son manque de séduction, celle de Eileen qui réconforte sa soeur. Il y a aussi ces pures scènes de danse, comme celle entre Bob Fosse et Tommy Rall qui rivalisent de technique dans leur duo ou le quatuor jazzy du kiosque à musique. Betty Garret reprend le rôle de Rosalind Russell avec brio et moins de vulgarité sans doute. Janet Leigh est tout aussi charmante en Eileen. A noter aussi la présence de Dick York, le fameux Jean-Pierre de ma sorcière bien aimée dans le rôle de Wreck, le voisin du dessus. A noter aussi que les moeurs ont évolué et ne sont plus aussi soumises au Code Hayes, ainsi Wreck est marié dans la première version, alors que dans la seconde, il n'est que fiancé à sa co-locataire, pour rester moral, la jeune femme travaille la nuit et le jeune homme s'occupe des tâches ménagères le reste du temps. Il y a aussi Kurt Kasznar sympathique en propriétaire quelque peu escroc. Il y a naturellement Jack Lemon très séduisant en directeur de maison d'édition et qui va même jusqu'à pousser la chansonnette. Finalement il s'avère que ce remake bien que totalement fidèle au premier film, y compris dans la folie finale des marins brésiliens, semble plus réussi, moins saoulant et finalement plus léger.
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Jeremy Fox
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Re: Premake/Remake

Message par Jeremy Fox »

Cathy a écrit : Ma soeur est du tonnerre, My sister Eileen

Finalement il s'avère que ce remake bien que totalement fidèle au premier film, y compris dans la folie finale des marins brésiliens, semble plus réussi, moins saoulant et finalement plus léger.
Je n'ai pas vu l'original mais son remake musical est pour moi une petite merveille de légèreté, un des tous meilleurs Richard Quine.
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Cathy
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Re: Premake/Remake

Message par Cathy »

Je dois avouer que je suis en plus quelque peu allergique à Rosalind Russell, alors que Betty Garrett est aussi cynique et moins désagréable. Et effectivement c'est un très bon Richard Quine, car on y trouve indéniablement sa patte !
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Ann Harding
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Re: Premake/Remake

Message par Ann Harding »

Les deux premières versions parlantes de Three Godfathers avant la version 1948 de Ford. Le film de Wyler est vendu couplé avec la version de Boleslawski par Warner Archive.
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Hell's Heroes (Les héros de l'enfer, 1930) de William Wyler avec Charles Bickford, Raymond Hatton et Fred Kohler

Trois hors-la-loi, qui viennent d'attaquer une banque, s'enfuient dans le désert. Durant une tempête de sable, leurs chevaux s'échappent. Chemin faisant, ils trouvent une femme enceinte dans un chariot abandonné...

Ce très intéressant western de Wyler est la toute première version du roman de Peter B. Kyne, Three Godfathers, qui sera à nouveau porté à l'écran par Richard Boleslawski en 1936 et par John Ford en 1948. C'est aussi le premier film totalement parlant de Wyler. Avec une distribution de vieux routiers du muet comme Fred Kohler et Raymond Hatton qui furent des spécialistes des rôles de méchants, Wyler offre un film dépourvu de glamour, mais qui sent la poussière et la sueur. Charles Bickford, lui, vient de commencer sa carrière au cinéma parlant après des années de théâtre. Il deviendra aussi un acteur de second plan que l'on retrouve dans de multiples westerns. Donc, il n'y aucune star au générique de ce western adapté par C. Gardner Sullivan, un grand spécialiste du genre qui a travaillé durant des années avec William S. Hart. Son adaptation (avec Tom Reed) est nettement plus sèche que celle des scénaristes de Ford. ici, il n'y a pas de scènes comiques pour introduire les hors-la-loi. Et on n'essaie à aucun moment de les rendre sympathiques. Ces trois brutes avec leur quatrième complice exécutent même le caissier de la banque de sang-froid. Quant à la découverte du chariot, loin de provoquer une brusque montée de foi et de générosité, elle n'engendre d'abord qu'un désir de possession de cette femme abandonnée en plein désert. Réalisant qu'elle va accoucher, l'un d'eux est obligé de se dévouer pour l'aider, mais presque à contre-coeur. Devenus parrains malgré eux, les disputes continuent. Dépourvus d'eau, ils songent même à se partager le lait en boîte au lieu de nourrir l'enfant. Ils vont finalement se dévouer pour sauver cet enfant, comme si ils ne pouvaient pas faire autrement. Bickford poussera l'abnégation jusqu'à boire de l'eau empoisonnée pour réussir à atteindre la ville voisine et sauver ainsi le bébé. La fin est totalement dépourvue de sentimentalisme : il tombe mort à l'arrivée et on lui enlève l'enfant des bras. Au début du cinéma parlant, la censure est moins dure et on peut plus facilement montrer un méchant sans chercher à lui donner des excuses diverses. En 1948, il faut trouver des faux-fuyants pour que les personnages soient acceptés. On insiste lourdement sur l'aspect biblique avec l'arrivée de l'âne et on termine le film sur un happy-end hyper-sentimental qui n'est guère convaincant. J'ai été plus convaincue par le trio de brigands de Wyler que par celui -édulcoré- de Ford. Quant à l'aspect visuel du film, on est entièrement en décors naturels et la caméra n'est absolument pas statique. C'est certainement un des meilleurs films de 1930 que j'ai pu voir. Les dialogues ne sont pas emphatiques, mais naturels. Avec une durée de 69 min et sans une once de gras, le film est une vraie réussite parmi les premiers westerns parlants.

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Three Godfathers (1936, Richard Boleslawski) avec Chester Morris, Lewis Stone et Walter Brennan

Quatre hors-la-loi arrivent dans la petite ville de New Jerusalem. Ils préparent un hold-up de la banque...

Cette deuxième adaptation parlante du roman de Peter B. Kyne a été produite à la MGM par Joseph L. Mankiewicz dont c'est le premier film en tant que producteur. Contrairement à la version de Wyler de 1930, le début du film nous présente les hors-la-loi un à un dans la petite ville de New Jerusalem. Bob Sanger (Chester Morris) est un enfant du pays qui a mal tourné. Il s'habille en noir et ne semble avoir aucun principe. Le début du film se déroule en intérieurs au saloon et lors d'une soirée de Noël. Le film prend plus de temps à démarrer avec des intermèdes comiques, en particulier avec Walter Brennan. Le scénario a subi des modifications par rapport à la version Wyler. Les trois personnages des hors-la-loi sont plus 'clean' que ceux de la version Universal. Lewis Stone, en particulier, donne à son Doc Underwood, une qualité d'intellectuel qui est tombé dans le crime par accident. Chester Morris est le plus dur des trois. Celui qui ne veut pas entendre parler de ce bébé qu'il va falloir traîner avec eux dans le désert. Walter Brennan est égal à lui-même avec son accent comique. Il est étonnant de voir que la MGM ait confié ce western (un genre qu'elle pratiquait peu dans les années 30) au russo-polonais Boleslawski, un réalisateur de productions de prestige. Il s'en sort plutôt bien avec une prédominance de gros-plans des trois acteurs principaux (et du bébé) qui tranchent avec l'écriture plus rude la version de 1930. Le scénario préserve la conclusion tragique de la première version, avec Morris qui meurt en arrivant, le bébé dans les bras. C'est bien la version de 1948 de Ford qui introduira ce happy end convenu et sentimental. le film contient beaucoup plus de scènes en studio que celle de 1930, même si la seconde partie offre des extérieurs superbes photographiés par Joseph Ruttenberg. De toutes les versions, ma préférée reste celle de Wyler, plus âpre, plus rêche et la moins sentimentale.
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Re: Premake/Remake

Message par someone1600 »

C'est intéressant en tout cas, car avant que tu n'en parles et je crois que Jeremy y fait allusion aussi dans sa chronique de Three Godfathers de Ford, j'ignorais qu'il y avait eu plusieurs versions de ce film.
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Re: Premake/Remake

Message par Federico »

Petit comparatif des deux adaptations de La bête humaine par Renoir et Lang :

http://television.telerama.fr/televisio ... ,68942.php
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
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Cathy
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Re: Premake/Remake

Message par Cathy »

Le voile des illusions, The Painted Veil (1934) - Richard Boleslawski

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Une jeune autrichienne épouse un médecin anglais. Celui-ci l'emmène en Chine, où elle tombe amoureuse d'un autre homme. Une épidémie de choléra s'abat.

Le film est encoe un véhicule pour la vedette Garbo. D'ailleurs dès le générique le ton est donné avec un GARBO (sans Greta) en filigrane présent tout le long de ce générique. Richard Boleslawski ne se contente toutefois pas de mettre en valeur sa vedette dans des plans superbes, il décrit aussi les coutumes chinoises, leurs traditions. Nous sommes dans ce vent d'exotisme qui souffle sur Hollywood. Naturellement le film reste un mélodrame, mais il y a tout de même un souffle épique dans l'histoire avec toute cette évocation de la Chine. De nombreuses scènes montrent des cadrages audacieux, et surprenent par leur beauté. La scène de la procession et de la fête est magnifique visuellement parlant, avec ces gros plans de dragons chinois notamment, tout comme ce plan du visage de Greta Garbo se reflétant ou encore ces plans à travers des claustras. Boleslawski sait aussi donner un souffle épique à sa réalisation, notamment dans les dernières scènes d'émeutes. Garbo joue encore un personnage par qui le scandale arrive mais avec toujours autant de classe et d'élégance. A ses côtés. Herbert Marshall est totalement convaincant en médecin trompé tout comme George Brent en amoureux ténébreux. Un très beau film qui mériterait de sortir en DVD.

Copie TCM

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La passe dangereuse, The 7th sin (1957) - Ronald Neame

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Ce film est donc une adaptation plus qu'un véritable remake du livre de Somerset Maugham the Painted Veil. Si dans la version Garbo, on voit tout le parcours qui conduit la jeune femme à épouser un médecin sans amour puis à prendre un amant, ce n'est pas le cas du film de Neame co-réalisé par Minnelli (qui n'est pas crédité au générique) qui commence directement par une scène qui peut paraître crue pour l'époque avec l'évocation très nette d'une chambre où vient de se passer une scène d'amour, bas négligement jetés sur le sol, chaussures de côté (cela fait penser à l'évocation de la scène d'amour pudique telle que la décrit Claude Dauphin dans Entrée des Artistes d'ailleurs), et très vite on comprend que c'est en plus une scène d'amour adultérine qui vient de se passer. Tout préambule est donc enlevé dans cette version, et c'est par un récit du médecin que l'on va savoir le passé de la jeune femme qui suite au mariage de sa soeur cadette plus jolie qu'elle a épousé le premier venu satisfaisant. L'évocation de l'épidémie de choléra n'est pas non plus la même. Ici l'importance du couvent et de sa mère supérieure est mise en avant, alors que dans la première version, il y a une sorte de guerre civile. Il y a aussi cette fin malheureuse dans cette version mais moins moralement correcte que la version Garbo où le mari ne meurt pas et pardonne son adultère à sa femme. La morale a totalement changé, car la jeune femme est aussi enceinte sans savoir naturellement de qui. Nous ne sommes pas non plus dans les mêmes évocations des traditions. Dans le premier film, nous avons le droit aux fêtes des dragons, et autres kitscheries, alors qu'ici la seule promenade chinoise se fera dans un milieu infesté par le choléra, la vision de cadavres ou la rencontre avec l'épouse chinoise.
A noter que lors de la fête, c'est la valse de Madame Bovary de Minnelli que l'on entend comme musique d'ambiance.
Eleanor Parker déborde de sensualité et d'érotisme dans ce film qu'elle porte entièrement sur ses épaules, alors que Bill Travers semble assez brute en mari amoureux et trahi par sa femme. Jean-Pierre Aumont prête ses traits à l'amant lâche qui préfère sa famille à sa maîtresse et George Sanders promène son flegme habituel dans le rôle de cet "alcoolique" mondain, Françoise Rosay prête ses traîts à la mère supérieure. Le film sans être un chef d'oeuvre est une belle comédie dramatique. Dommage que la version diffusée sur TCM ait été pan et scanisée !
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Re: Premake/Remake

Message par allen john »

Les sept Samouraïs (Akira Kurosawa, 1954) The magnificent Seven (John sturges, 1960)

Des paysans harcelés par une bande de voleurs qui les pillent régulièrement décident de demander à des samouraïs de les épauler; ils se rendent en ville, et trouvent Kambei, un Ronin qui va les aider à recruter quelques hommes. Kambei trouve 4 autres hommes expérimentés, un jeune aspirant de bonne famille (Katsushiro), et se retrouve flanqué d'un simili samouraï, Kikuchiyo, qui est un clown, mais qui va vite s'avêrer un atout de poids. Les sept hommes viennent chez les paysans, et s'installent avec eux pour préparer la défense du village.

Epique, le film de Kurosawa semble tellement classique qu'on en oublie à quel point il est révolutionnaire, tout en incarnat un fascinant confluent des genres du cinéma Japonais. A la tradition des films de Samouraïs et des films de sabre, aux ballets rêglés et ultra-esthétiques, Kurosawa substitue insidieusement des combats qui vont devenir de plus en plus brutaux et de plus en plus réalistes au fur et à mesure de la progression de l'action... Il utilise aussi une de ses bottes secrètes, en installant le village dans lequel l'action des deux derniers tiers se situe sous un déluge, qui provoque une boue particulièrement tenace, qui rend les combats, et, j'imagine, le tournage, difficiles... il demande à ses acteurs de faire leurs propres cascades et le résultat, c'est qu'il s'agit de vrais humains qui doivent régir physiquement à de vraies difficultés. A ce titre, la dernière bataille est d'une violence incroyable...

Mais le film, situé dans une période d'incertitude chère à Kurosawa, pointe du doigt une réalité historique en même temps que des données sociales qui ont beaucoup contribué à consolider cet esprit de classe si particulier au Japon: A une époque durant laquelle aucun pouvoir central n'émergeait, le pays était en proie aux querelles permanentes entre clans, et les combattants faisaient la loi. Un paysan, dans ces conditions, n'était pas grand chose, et la survie entrainait parfois de sombres pratiques: c'est le sens de la découverte par les samouraïs chez l'un des paysans de'uniformes de combattants, tués par les paysans afin de se faire un peu d'argent... De fait, si les paysans et les mercenaires qu'ils ont engagés fraternisent le temps du combat, la fin laisse les samouraïs, tous indépendants et ne pouvant prétendre retourner dans aucun clan, sur le carreau, alors que les paysans reprennent leur travail comme si le fait d'avoir défendu enfin leur village contre les bandits n'avait été qu'une anecdote, et en effet, les samouraïs survivants partent dans l'indifférence générale. Donc, si le monde dépent par Kurosawa est un monde injuste à l'égard des paysans, il jette un regard extrêmement sévère sur eux, qu'il accuse finalement de profiter de tout, y compris de leur classement social indigne...

Le film n'est pas que ce puissant spectacle des combats, et cet ironique commmentaire sur le japon ancestral: Les sept samouraïs est comme chacun sait une fête esthétique, de par le sens incroyable de la composition qui se manifeste en permanence, l'utilisation admirable de la profondeur de champ tout du long, des interprétations à couper le souffle, pas forcément dicrètes et subtiles, mais le sujet et les personnages le permettent... La mise en scène est un modèle de ce qu'on peurt faire en matière d'accumulation intelligente de personnages; la scène d'introduction de Kambei, par exemple, montre le samouraï en action, et va aussi installer dans le champ les deux personnages de Katsushiro, et de Kikuchiyo. pas un dialogue ne sert à caractériser les uns et les autres, mais Kurosawa nous montre le leader dans ses oeuvres (Il doit se déguiser pour récupérer un enfant kidnappé), l'apprenti déja armé et habillé, mais pour qui tout reste à faire, et le vilain petit canard qui regarde la scène du coin de l'oeil avec son épée trop grande pour lui...

Oui, ce film est un miracle permanent, qui renvoie au western autant qu'à Shakespeare. Donc, le western a réagi, et 6 ans plus tard, John Sturges a fait un remake, très simplifié, du film, avec Eli Wallach en chef des bandits, et un assortiment de personnage westerniens qui sont très tributaires de certains clichés (Yul Brinner, Steve McQueen, Robert Vaughn, James Coburn...). on lit parfois ça et là chez certains commentateurs que Sturges a fait mieux que Kurosawa en matière de personnages, puisqu'ils sont tous caractérisés dans le western, alors que seuls trois surnagent dans le film japonais: c'est un délire, qui tend à prouver que certains critiques ne voient pas les films dont ils parlent! De plus, Horst Buchholz, qui a la tâche de reprendre les rôles de Kikuchiyo ET Katsushiro, est ridicule, jouant plus mal que mal. Mais de toute façon, avec ses décors sublimes, son scope, sa musique, le film est un monument de fun! un grand film, plus qu'un grand remake...

C'est intéressant de constater que ce sujet revienne au western en voyant combien l'influence des films du genre a pu être importante sur Kurosawa, les Ford en particulier; les scènes de préparation militaire, avec Toshiro Mifune en "sergent instructeur" de fortune, renvoient pour moi à ces scènes dominées par McLaglen en sergent Irlandais dans les films de cavalerie de John Ford... ca a du amuser Kurosawa, et ce n'était, comme chacun sait, pas la dernière fois que ce curieux retour allait s'opérer.

http://allenjohn.over-blog.com/article- ... 11980.html
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Re: Premake/Remake

Message par someone1600 »

Un chef d'oeuvre pour Les sept samourai, et un tres bon film pour les sept mercenaires. Bien d'accord avec ton analyse. :wink:
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Kevin95
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Re: Premake/Remake

Message par Kevin95 »

Très intéressante analyse de deux classiques qui comme la justement dit allen john, le sont chacun dans leurs styles.

Il s'agit bien là d'une part de parfaites réussites cinématographiques (à mes yeux) et d'autre part de deux œuvres aux intentions et à la mise en scène si éloignés qu'il mets difficile de les comparer à armes égales (quand bien même ils ont un même sujet). Autant le jeux des différences entre Pour une poignée de dollars et Yojimbo marche à fond, autant ici et quand bien même Kurosawa s'inspire des films de Ford, Les Sept Samouraïs emprunte la voie des œuvres dites "iconiques", "épiques" et s'inscrit comme un film autours de la forme, de la mise en scène, du tragique et du rapport entre l'homme et son destin (Shakespeare n'est forcement pas loin) tandis que Les Sept Mercenaires et un pur film d'exploitation, plus terre à terre qui lui (à la manière de Hawks) se concentre sur les rapports qu'entretiennent ces "chevaliers", à grand renfort d'humour et d'amitiés viriles.

Le terrain dans lequel évoluent ces deux films n'est pas le même, dès lors il est tout naturel de ressentir une préférence pour un film par rapport à l'autre mais il parait inapproprié de réduire la porté du film de Sturges sous le film prétexte que le film de Kurosawa (que je préfère disons le nettement) est meilleur.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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