Miss Nobody a écrit :Une drôle d'histoire que celle de Liliom née sous la plume de l'écrivain hongrois Molnár, dont l'aspect un peu poussiéreux et mystique, un peu bancal aussi, donne paradoxalement à ses adaptations un vrai intérêt. Il faut voir les représentations du paradis, de l'enfer et du purgatoire par Borzage et Lang pour le croire : des trains, des anges, des étoiles en carton... Ca mérite quand même le détour.
Il me reste à découvrir le film musical Carousel qui ne jouit pas d'une très bonne réputation et que j'hésite du coup vraiment à me procurer.
Bon, et bien ce fut finalement vu.
J'étais curieuse de savoir comment une comédie musicale familiale et colorée pouvait être tirée de l'histoire assez sinistre et malaimable de Liliom. Et bien la recette est simple : l'édulcorant. Liliom cumule les vices : Billy n'en a presque plus après son mariage, il ne court plus les jupons, ne boit pas, ne crie pas, à peine s'il bat sa femme (bon d'accord, juste une fois parait-il, mais ce sera en hors champ). La mort du personnage principal au beau milieu de l'intrigue, c'est violent : le voilà déjà mort à la première seconde de
Carousel, il racontera son histoire en flashback. Le suicide c'est mal : alors on le maquillera en un accident (ça arrive de "tomber sur son couteau" par accident quand même
). Les histoires de jugement et de punition divine, la vie après la mort, c'est pas très évident à représenter tout ça : on éludera la question rapidement, Billy n'étant quand même pas très méritant, on lui fait dépoussiérer des étoiles (en plastique…) au paradis et on insinue au détour d'un dialogue que d'autres plus méchants n'ont pas cette chance. Enfin, dans l'histoire originale, Liliom revient sur terre et foire une nouvelle fois tout ce qu'il entreprend, dans
Carousel, Billy réchauffe le coeur de sa bien-aimée d'une chanson et susurre à sa fille déjà diplômée d'écouter les bonnes prêches des gens biens. Et voilà comment finalement tout reste mignon et propret dans le joli monde des comédies musicales, même quand on est triste et qu'on manque d'argent, même quand on a un mari immature et violent, même quand un bébé perd son père avant même de naître…
Et en plus, il nous reste du temps pour chanter et danser.
Au final,
Carousel est un film assez ennuyant, boursouflé de numéros musicaux dont la mise en scène est statique, peu inspirée, la musique plutôt jolie mais les paroles souvent insipides. Quant au CinémaScope, il est complètement sous-exploité. Heureusement que deux scènes de ballet m'ont sortie de ma torpeur car je commençais à trouver plus d'intérêt aux décors qu'aux personnages eux-mêmes. Restent tout de même de bien belles couleurs, quelques chansons notables (Soliloquy, You'll Never Walk Alone) et ces deux scènes dansées vraiment sympathiques.