Premake/Remake

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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francesco
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Message par francesco »

Joe-Ernest m'a dit un jour très joliment que j'aimais les comédiens et non pas les acteurs (ou était-ce les stars ?).
Il a tout à fait raison et c'est ce qui toujours réjouissant pour moi la vision de deux (ou trois) films basés sur le même scénario mais joués par des interprètes différents.

Grâce à une forumeuse virtuellement ici présente j'ai pu ainsi voir la première version de "Vacances"/Holiday, dont on connait bien celle de Cukor avec Cary Grant et Katharine Hepburn, qui date de 1938, soit la même année que L'Impossible Monsieur Bébé. Dans les deux cas il s'agit d'une adaptation d'une pièce de Philippe Barry qui sera aussi l'auteur de Philadelphia Story. Adaptations qu'on peut imaginer fidèle (celle de Philadelphia Story l'est de manière exemplaire). Dans tous les cas les deux films suivent une trame strictement identique, la version Cukor étant légèrement plus fluide, ce qui gomme davantage l'origine scénique de la pièce. Au demeurant on retrouve dans les deux scénario le même brio verbal, les mêmes personnages complexes (c'est leur grande richesse), le même fil du rasoir dramatique entre différents registres (on rit ou on pleure ?) qui épouse une narration incertaine jusqu'aux dernières minutes (la fin est presque ouverte, au moins très floue, dans la première version).

Edward H Griffith se retrouve donc aux commandes, 8 ans seulement avant la version Cukor, d'une véhicule de luxe et s'attache tranquillement à l'intrigue, filmant en plans serrés ses personnages, évitant le trop plein de statisme théâtral grâce à un montage varié, même si les cadrages n'ont rien de révolutionnaire. La pièce est si bien écrite que le film est pour ainsi inratable, même s'il manque le soupçon de grâce de la version Cukor et la mélancolie poignante de sa "contre-célébration".

C'est Robert Ames qui joue Johnny et il souffre nécessairement de la comparaison avec l'interprétation très brillante, très aisée et très naturelle de Cary Grant, lequel n'est pas, à mon avis, un acteur légendaire pour rien. On serait tenté de dire que les acteurs sont moins convaincants que les actrices n'était la présence Edward Everett Horton qui reprendra le même rôle dans la version Cukor et qui a même ici droit à un délicieux (et très théâtral) morceau de bravoure, parodie du discours du patriarche américain qui raconte comment il a réussit dans la vie. Son humour décalé garde un vrai charme, 70 ans plus tard.

Le rapport entre les deux soeurs est probablement ce qui change le plus d'une version à l'autre, et ce alors que les répliques sont pour ainsi dire identiques et c'est aux actrices qu'on doit ce rapport plus complexe que dans le remake. Hepburn mangeait toutes les scènes et dominait physiquement sans problème Doris Nolan, petite soeur à protéger, dont l'évolution était du coup surprenante (et bien caractérisée).
Les rapports entre Mary Astor et Ann Harding sont plus équilibrés, cette dernière presque en retrait face à la stature imposante de sa "petite" soeur, batie en force et follement allurée dont on prescent dès les premières apparitions la dureté potentielle. C'est moins fin que chez Cukor, plus primitif, mais passionnant à regarder et sa scène en déshabillé est inoubliable. Face à elle Harding joue sur la diction et globalement tout ce qui ressort du vocal pour caractériser la force apparente de Linda (évidente chez Hepburn) lors des premières scènes mais "fond" très vite, la fragilité et la mélancolie semblant faire partie de ses dons naturelles. Lorsqu'Hebpurn dégageait une tension presque insoutenable (aussi bien par son corps que par son phrasé) à certains moments, qui rendait envisageable une fin tragique, Harding a une retenu aristocratique et délicate, totalement dénué de miévrerie par ailleurs (dans Peter Ibetson ce refus de la corde directement sentimental était très payant et intelligent je trouve) qui rendent son portrait aussi attachant et finalement plus réaliste. Elle fut nommée aux oscars pour ce film, son 4ème ou 5ème seulement.

Bref une confrontation passionnante, quel que soit l'angle d'approche.

PS : j'ai choisi le titre du fil pour pouvoir le nourrir d'autres films avec l'aide de qui voudra !
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Re: Premake/Remake

Message par francesco »

Finalement je m'aide tout seul :uhuh:

Une discussion à propos de Margaret Sullavan sur le fil adéquat (ici : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... n#p1884010) avait ravivé mon désir de voir la version que Robert Stevenson (celui de Mary Poppins, mais aussi celui de Jane Eyre que j'aurais d'ailleurs envie de réavaluer) donna du roman de Fanny Hurst "Back Street", histoire archétypale de la maîtresse d'un riche banquier marié, qui vit dans l'ombre d'un homme qui ne peut (ne veut ?) lui donner qu'une partie de lui-même (le titre est donc à la fois concret et métaphorique).

Le cinéma s'empara du roman par 3 fois, renchérissant sur ce que l'histoire peut avoir de romantique, quand le texte se voulait surtout une dénonciation d'une situation humiliante et douloureuse. Je connaissais jusqu'à présent la version Stalh, avec Irene Dunne et John Boles et la version Miller avec Susan Hayward et John Gavin. Les différences étaient considérables (un peu comme entre les deux versions de Mirage de la vie) et d'une certaine façon Stevenson permet de faire le lien entre les deux scénérios et entre la grisaille de la première (reflet fidèle du roman), rachetée par une dernière bobine poignante et le délire (de couleurs, de musique, de costumes) propre aux productions Hunter de la troisième.

Le premier film qui date, de mémoire, de 1930 ou 31, c'est un des premiers grands succès personnels de Irene Dunne, ne pratiquant, selon la logique du temps, la nostalgie immédiate, a un look indubitablement années 20, dans les costumes et les coiffure, même si l'action commence vers 1905. Pour rajouter une touche de séduction romanesque, la version Stevenson au contraire privilégie une ambiance turn of the century, extrêmement seyante pour Margaret Sullavan qui porte à merveille le chignon. Quand au film de Miller qui a déplacé l'action aux rutilantes années 50 (les jeeps remplacent les calèches, les avions remplacent les transatlantiques) c'est un des sommets de l'oeuvre de Jean Louis (la bande annonce du film est d'ailleurs, littéralement, un defilé de mode de Susan Hayward et de Vera Miles). Le procédé de "glamourisation" est donc progressif et passionnant de ce point de vue.

Pour le reste, à part quelques points de détail (Sullivan travaille, ce qui n'est pas le cas de Dunne, dans mon souvenir, mais sera primordial pour Hayward, carriériste) la version Stevenson épouse avec fidélité le synopsis de la version Stalh, quand celle de Miller resserera dans le temps l'action, modifiera la fin en conséquence et surtout fera de l'épouse de John Gavin (qui n'est qu'un silhouette dont on ne voit pas le visage dans les autres versions, tout étant vécu du point de vue de Ray) un personnage pivot et d'ailleurs mauvais, joué avec un sens réjouissant de la démesure par Vera Miles. Stevenson cherche cependant, ce qui était perceptible mais moins flagrant chez Stalh, à faire du cinéma "romantique" (le film date de 41, on est en plein boom d'un certain "Women's picture) et d'ailleurs y réussit très bien, en jouant de la silhouette gracile de son actrice principale, des échanges frémissant entre les deux amants, de chutes de neige (de la neige sur un couple en vêtement 1900 renvoie de plus aujourd'hui pour tout cinéphile, à Lettres d'une inconnue, d'une certaine manière le plus beau des films romantique américain), de mer contemplée depuis un paquebot et de musique qui tire sur la corde sensible avec un charme certain.

Petite différence entres les trois : la raison qui cause leur première séparation connait à chaque fois une petite variante, même si, cette fois Stevenson annonce Miller. Chez Stalh, comme dans le roman, Walter/Boles veut présenter Ray/Dunne à sa mère, mais elle ne peut pas venir au rendez-vous parce qu'elle découvre que sa soeur (enceinte je crois) est sur le point de se suicider. Margaret Sullavan, elle, doit rejoindre Charles Boyer sur un bateau (elle ignore qu'il veut l'épouser), mais un prétendant mal élevé au lieu de la conduire embarquer comme prévu la perd dans les bois. Hayward doit également rejoindre Gavin, mais c'est une simple panne de voiture qui ruinera sa vie.

Ce qui est intéressant c'est qu'à la fin du film, Ray, revit en rêve ce qui aurait pu arriver si elle n'avait pas raté ce rendez-vous. La final de la version de Stalh avait eu un succès critique si important que ses successeurs ont reproduit à l'identique ce procédé de "possibilité" alternative, finalement peu courant au cinéma.

La distribution des deux personnages principaux (à part Miles dans la version Miller, les autres ne sont que là que pour illustrer différents aspects de la vie ratée, comme le rendez-vous, de Ray) est également remarquable de cohérence : trois femmes solides et respirant l'intelligence (Dunne, Sullivan et Hayward, cette dernière s'élignant un peu des autres par, d'abord, son physique au moment du tournage - c'est la plus mure de nos trois Ray- ensuite par sa flamboyance brooklynienne, à l'opposé des aristocratiques Dunne et Sullavan) et trois hommes "fatals" à la séduction immédiate (Boles, Boyer et Gavin. Je ne suis pas du tout sensible au charme de Boyer -je ne connais personne qui le soit encore aujourd'hui-, mais là trois ans avant Hantise, il est vraiment photographié très flatteusement).

Puisque c'est la version Stevenson que je viens de revoir, il faut encore dire à quel point Margaret Sullavan est une actrice extraordinaire, d'une justesse exemplaire, d'une constante retenue expressive (elle connait le poids de chaque geste, de chaque expression) et d'une force émotionnelle bouleversante. Aucun "ajustement" à faire en ce qui la concerne. Je suis à peu près sûr qu'elle pourrait jouer cela exactement de la même manière dans un film contemporain. Sa voix est un instrument diabolique et elle joue de son timbre félée avec une adresse consomée pour ne jamais avoir à surenchérir expressivement la douleur de Ray.

Mais Boyer n'est pas moins bon (le meilleur des trois Walter à mon sens, alors que Dunne, peut prétendre ravir la couronne à Sullavan en particulier lors de l'ouverture - où elle réussit à être plus naturellement "Ray-la bonne-fille-avec-on-peut-rire et du final du film -mais ça se discute !), tendre et léger (à tous les sens du terme, hélas pour Ray/Sullavan), puis soudain grave d'un sourire, d'un regard, d'une inflexion. Ses dernières minutes à l'écran, sa "grande scène du III" montrent quel grand technicien il pouvait être.

Bref, trois oeuvres (j'ai surtout parler de celle que je viens de découvrir) et trois réussites (même si la troisième est plus contestable artistiquement. Mais quel pied -pardonnez-moi l'expression- à d'autres niveaux !)

Et merci à AnnHarding d'avoir exaucé mon voeu. :wink:
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Message par Cathy »

Et hop pour Francesco :D


Smilin Through, Chagrins d'amour (1932) - Sidney Franklin et (1941) - Frank Borzage

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Un homme recueille Kathleen la nièce de Moonyeen la jeune femme qu'il aimait et qui est morte alors qu'elle n'avait que 19 ans dans la première version et 23 ans dans la seconde. Kathleen grandit auprès de son oncle et tombe amoureuse d'un jeune homme qui s'avère être le fils du pire ennemi de son oncle.

Je commenterais les deux versions ici, même si la première en NB n'est pas signée Borzage mais de Sidney Franklin. Cette première version de 1932 réunit un casting plus que prestigieux avec Norma Shearer, Leslie Howard et Fredric March. Smilin Through est ici un mélodrame sombre, si côté masculin, Leslie Howard campe un vieillard magnifique et Fredric March un amoureux plein de fougue, Norma Shearer est parfois too much dans son jeu. D'ailleurs dans l'ensemble la distribution est plus théâtrale, moins humaine que celle que réunit Borzage, les effets spéciaux sont réussis et la fameuse scène du jardin ou de la fin sont très belles, de même que le bal ou le mariage tragique. Pourtant l'histoire est strictement la même, exception faite de quelques détails. Mais ces quelques détails ajoutent sans doute dans l'humanité des personnages et l'empathie plus grande qu'ils suscitent, même s'ils sont sans doute de moins grands acteurs. Et puis il y a sans doute le fait que le premier film ait été tourné entre les deux guerres, alors que le second est un film tourné pendant la guerre, ce qui donne un relief sans doute différent aux caractérisations des personnages.

La couleur change aussi naturellement beaucoup le traitement de l'image. Les plans de jardins sont moins mystérieux dans le Borzage, enlevant sans doute le côté fantastique du premier film, mais la nature y est magnifique (ah ces hortensias roses et bleus, ce saule vert, ce plan de tombe avec son bouquet de fleurs rouges), donnant un autre éclairage aux mêmes scènes. Certains plans sont strictement les mêmes dans les deux films, comme l'apparition du fantôme de Mooneyen dans le jardin avec son saule pleureur, son ruisseau, son banc, la séparation entre Kathleen et Kenneth à travers le portail en bois. Les robes sont plus belles dans la première version, la couleur enlève cette part d'imaginaire que le spectateur peut avoir lors de la vision du premier film. Certains autres détails changent, le film s'ouvre sur le jubilé de Victoria dans la seconde version, alors que la première version nous plonge dans le vif du sujet avec ce vieil homme appelant Mooneyheen. Le meilleur ami de l'oncle est médecin dans la première version, vicaire dans la seconde. Et puis évidemment il y a l'apport de la musique dans le second, avec Jeanette MacDonald qui chante quelques mélodies sans couper le rythme du film, mais qui là changent des dialogues très vifs entre les différents personnages.

La scène où la petite fille se transforme en jeune fille est bien plus réussie dans le Borzage, par contre on a du mal à croire que la gamine n'a que cinq ans, avec cette mélodie irlandaise sur fond d'images de jeune fille grandissant au milieu d'un jardin plein de fleurs. Le second film est aussi moins bavard notamment toute la naissance de l'amour entre Kathleeen et Kenneth Wayne qui se fait là aussi en chanson avec cette barque flottant devant un coucher de soleil so made in Hollywood. Si le premier film a le goût de l'inédit et du mélodrame, le second touche par l'humanité des personnages dont les sentiments semblent finalement plus humains et moins surfaits et surjoués. Il est aussi intéressant de voir la crédibilité de la toute dernière scène dans le Borzage
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Dans la première version, le vieil homme meurt, laisse tomber sa pipe, mais son ami ne voit pas ce détail et le laisse croyant qu'il dort. Dans la seconde version, le vieil homme meurt, l'ami le laisse croyant qu'il s'est une fois encore assoupi, et seulement à ce moment-là, la pipe tombe, on comprend alors qu'il est mort et on s'étonne pas de voir l'ami partir ainsi. Et puis la toute dernière scène qui voit les fantômes de Mooneyheen et John partir en calèche et croiser les deux amoureux qui rentrent dans la demeure est bien plus charmante, contribuant à ce fameux côté humain du second film.
Détail amusant, dans la première version, Norma Shearer brune naturellement en Kathleen devient blonde quand elle est Mooneyheen alors que c'est le contraire dans la seconde version ! La scène du mariage est plus poignante dans la première version.

Le retour du héros blessé est beaucoup plus anecdotique dans le remake, Kenneth arrive dans la maison paternelle voulant hâter sa vente, alors que dans le premier film, on accentue le côté dramatique de la blessure du héros avec ce wagon spécial grands blessés et Franklin sombre un peu dans le pathos, même si Fredric March est excellent et là bien meilleur que Gene Raymond en homme blessé qui rejette tout amour. Le premier film se termine avec la fin de la guerre, alors que visiblement la guerre n'est pas encore achevée dans le second. On voit aussi l'héroïne (période de guerre oblige) être chanteuse pour les soldats, Jeanette MacDonald apparaît en uniforme, ce qui n'est aucunement le cas de Norma Shearer.

C'est assez intéressant de voir les deux films dans la foulée pour juger des ressemblances et aussi des différences. Brian Aherne est sans doute moins convaincant en vieil homme torturé que Leslie Howard, même s'il apparaît quelque peu plus sympathique tout comme Gene Raymond est bien plus pale que Fredric March, restent les deux interprètes féminines, Norma Shearer est une grande héroine romantique torturée, surjouant totalement dans les grandes scènes de désespoir alors queJeanette MacDonald apparaît comme une jeune femme plus humaine (par contre quel horrible maquillage). A noter aussi sa très belle interprétation du Pump and Circumstance d'Elgar.

En tous les cas, deux très jolis films, même si le Borzage touche sans doute plus que le Franklin.

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Re: Premake/Remake

Message par francesco »

Merci beaucoup !

Ca illumine ce "Triste Topic" :wink:
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Message par Cathy »

Le Prisonnier de Zenda, The Prisoner of Zenda (1937) - John Cromwell et (1952) - Richard Thorpe

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Un anglais Rudolf Rassendyll remplace pour son couronnement le roi d'un royaume européen drogué par son demi-frère qui souhaite régner à tout prix.

L'histoire fut un succès de la littérature, le premier tome fut adapté plusieurs fois du muet de Rex Ingram à la version en technicolor de Richard Thorpe en passant par le parlant de John Cromwell. Richard Thorpe a réalisé un remake "servile" de la version en noir et blanc au niveau d'un certain nombres de plans et de dialogues. John Cromwell a donc sans doute créé certains des effets les plus saisissants et d'ailleurs plus "beau"' formellement parlant comme les alignements de soldats sonnant l'arrivée du roi, ou ce long travelling arrière lors de l'arrivée du roi et de Flavia au bal. Puis évidemment il y a l'ajout du technicolor dans le second film qui donne une autre vie au film.
Les rares différences sont dans les scènes d'action. On sent Stewart Granger plus à l'aise dans les scènes de cape et d'épée que Ronald Colman, plus d'humour dans la première version, plus d'action dans la seconde, avec un Rudolf qui escalade les pavillons, se bat pendant plus de temps, etc. Les différences tiennent donc au casting et à l'attachement personnel que l'on a pour les différents acteurs. Les points forts du premier sont indubitablement C. Aubrey Smith en Zapt plus typé et intéressant que Louis Calhern et naturellement David Niven plus fin que Robert Coote. On note aussi une dramatisation de Michael dans le second film avec le personnage qui boite et se déplace donc avec une canne contrairement au premier film où le demi-frère est plus sinistre. Mary Astor et Jane Greer sont aussi séduisantes en femme amoureuse.

Pour les trois rôles principaux, Ronald Colman joue sur la touche de l'humour là où Stewart Granger joue sur la touche de dynamisme et du héros pur de films d'aventures, bondissant, se battant, avec un naturel confondant. Les deux interprétations sont aussi intéressantes. Sans doute Granger est-il plus intéressant en roi que Colman. Madeleine Carroll rivalise de charme, de fraicheur et de beauté avec Deborah Kerr. La première a sans doute une innocence plus évidente et est-elle plus amoureuse que la seconde plus sophistiquée et plus noble, mais les deux sont superbes. D'ailleurs les scènes d'amour sont plus "fortes" dans le premier opus, les adieux entre Flavia et Rudolf sont plus déchirants que dans la seconde version. Là où il y a vraiment une différence c'est dans la caractérisation de Rupert of Hentzau. Dans la première version, c'est lui l'acrobate de service, il faut dire que c'est Douglas Fairbanks Jr qui surfe sur les traces de son père, il a aussi une espèce de charme canaille, de sourire séduisant qui tranche avec le côté purement traitre de James Mason qui joue dans un registre sans doute plus "Shakespearien", il accentue plus le rôle traitre que le premier qui semble plus s'amuser à trahir que trahir par profonde conviction.

A noter aussi pour faire écho au topic sur la divagation sur les ombres, le moment du duel entre Rudolf et Henzau filmé avec les ombres se projetant sur le mur, tandis que dans le second, et là, le choix de Richard Thorpe semble plus judicieux que celui de Cromwell, le gardien qui sort de la cellule où est retenu le roi découvre Rudolf par son ombre, pistolet en main qui se reflète au mur et non comme ci Rudolf était derrère lui et bien visible (assez curieux d'ailleurs cette scène).

Bref les deux films sont aussi admirables l'un que l'autre, même si le casting secondaire est supérieur dans le premier film, l'équipe du second semble se délecter à tourner un pur film de cape et d'épée. En tous les cas dommage que personne ne se soit intéressé à la suite du Prisonnier de Zenda, Au service de la Reine en français (Rupert of Hentzau en VO).
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Message par someone1600 »

Faudrait vraiment que je me decide a visionner mes deux enregistrements TCM.
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Re: Premake/Remake

Message par Cathy »

My Sister Eileen (1942) - Alexander Hall

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Deux soeurs décident de quitter leur Ohio natal pour réussir à New York, Ruth veut devenir écrivain, et Eileen actrice de théâtre. Cette dernière rend fou tous les hommes qui l'approchent.

Ici nous sommes dans la screwball type, une histoire anecdotique et des dialogues fournis, des personnages débitant à toute vitesse leurs répliquesn et des situations totalement folles. My sister Eileen est avant tout une pièce de théâtre et cela se sent, on a l'impression d'une succession de scènes avec le plan final de chacune où le rideau devait tomber, les portes claquent, les acteurs entrent et sortent à toute vitesse. Le scénario repose sur ces personnages tous plus farfelus les uns que les autres qui se retrouvent tous dans le studio des deux soeurs niché dans l'entresol d'un immeuble. Mais finalement les scènes sont tellement too much qu'on finit par trouver cela trop gros et fatigant. Il y a évidemment quelques scènes complètement délirantes qui entrainent le rire ou le sourire, comme cette conga endiablée avec des marins étrangers. Les personnages secondaires sont assez nombreux d'ailleurs, avec ce journaliste qui veut aider Ruth, celui qui est attiré par Eileen, le propriétaire peinte "à la Picasso", le père, la grand-mère, ou Wreck le voisin marié qui est hébergé car la mère de sa femme ne sait pas qu'ils sont mariés. Rosalind Russell et Janet Blair rivalisent dans les deux soeurs, si le bagou de la première semble fait pour ce style de film, la seconde est effectivement bien plus charmante. Brian Aherne prête sa nonchalance à ce rédacteur épouvantablement bavard, et George Tobias campe un Apoppoulos au look résolument "moderne". Toutefois la comédie est assez saoulante, sans doute est-ce du aux acteurs principaux qui manquent de charisme ou à une mise en scène trop conventionnelle et théâtrale. 13 ans plus tard Richard Quine adaptera le film en comédie musicale avec Debbie Reynolds, Betty Garrett et Jack Lemmon.
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Re: Premake/Remake

Message par Music Man »

Cathy a écrit :My Sister Eileen (1942) - Alexander Hall



. 13 ans plus tard Richard Quine adaptera le film en comédie musicale avec Debbie Reynolds, Betty Garrett et Jack Lemmon.
C'est pas plutôt Janet Leigh? :wink:
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Cathy
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Re: Premake/Remake

Message par Cathy »

Oui naturellement, mais bon il est tard
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et puis elles ont un air de ressemblance :uhuh:
:fiou: !
francesco
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Re: Premake/Remake

Message par francesco »

Ah ! Merci Cathy, je n'avais pas vu. Ca me permet de recaser une critique d'aout dernier (déjà ... pffffffff)

"J'aurais bien classé ce post sur My Sister Eileen (Ma soeur est capricieuse, 1942) dans le topic que j'ai ouvert sur les remakes, mais je n'ai pas vu Ma Soeur est du tonnerre, célèbre deuxième mouture de ce premier film, lui-même adaptation d'une pièce de Broadway, tiré d'un recueil d'histoires publiées dans un journal.
Le scénario est d'ailleurs hautement autoréférenciel puisqu'il raconte justement comment à partir de ses propres expériences la jeune Ruth va écrire ce qui va devenir 'My Sister Eileen." Le spectateur la voit donc rédiger ses histoires dans les mêmes temps que ses propres aventures lui arrivent.
Peut-on parler de Screwball comedy (le film fait partie du coffret "Icons of .....", sans stf, mais avec des sta) ? Les dialogues ne fusent pas avec la mécanique délirante habituelle, mais le climax du film (une rumba endiablée qui se termine dans la rue et .... en prison) flirte bien avec le registre dont la Colombia s'était fait une spécialité.
Moins structurée, moins parfaitement mis en place que d'autres fleurons du genre Ma soeur est capricieuse bénéficie d'une narration absolument charmante, et si la plupart des personnages secondaires sont des marionnettes, Eileen et surtout Ruth sont délicieusement caractérisées par le scénario. On comprend qu'on ait pu en faire une comédie musicale, ce qui aurait été beaucoup plus complexe avec L'Impossible Monsieur Bébé ou La Dame du Vendredi où tout est action et commentaires de l'action, quand le film d'Alexandre Hall prend le temps de respirer et laisse même quelques temps de silence.
Janet Blair est charmante et évite de faire d'Eileen un portrait charge, mais c'est Rosalind Russell qui séduit avant tout le spectateur (alors que dans le film c'est précisément l'inverse). Après ses succès dans Femmes et La Dame du Vendredi on lui offre un film dans lequel l'attention est focalisée sur elle (alors que dans Femmes elle volait les scènes à ses partenaires !) et où ses partenaires masculins seront très en retrait (ce qui n'était certe pas le cas de Cary Grant dans le Hawks). Elle répond parfaitement aux attentes qu'on a placé en elle (et sera nommée, pour la première fois, aux oscars d'ailleurs en récompense) : sans exploiter le registre frénétique et épuisant qui caractérise certaines de ses plus célèbres créations, elle est désarmante de naturel dans la clownerie. Pendant tout le film ses réactions visuelles et vocales (parfois volontairement grossies et souvent très drôles) semblent être l'expression normale d'une jeune femme dotée de beaucoup d'humour et d'un sens très aigu de l'auto-dérision. En conséquence l'humanité, le côté "girl next dor", de son personnage est parfaitement campé et on s'attache très vite à ce qu'elle ressent et fait. Cette technique n'est pas sans rappeler celle d'Eve Arden, mais Russell n'hésite pas à profiter de l'élasticité de son visage pour pousser plus loin les mimiques. Un très joli numéro dans tous les cas et un de ses plus beaux rôles.

PS : Elle le reprendra d'ailleurs à la scène dans Wonderful Town, une comédie musicale qui n'a pas inspiré la version Donen, laquelle est purement un remake du premier film pour lequel une musique et une chorégraphie originale ont été conçues."

Bon je pense qu'en fait on a vu le même film et eu des impressions voisines, mais c'est un film qui a bien marché pour moi et le genre d'humour qui me fait rire.
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Re: Premake/Remake

Message par Cathy »

Le film m'a fait rire, mais Rosalind Russell m'a quelque peu agacée ! Et puis je ne sais pas je trouve que les acteurs manquent de charisme. Par contre, je trouve que c'est une screwball, dans le rythme endiablé. Il n'y a pas que les dialogues punching ball qui font le genre ! Il faut que je m'attelle au remake mais il n'a que des sta, donc il faut que je prenne le temps :) !
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Jeremy Fox
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Re: Premake/Remake

Message par Jeremy Fox »

Cathy a écrit : Il faut que je m'attelle au remake mais il n'a que des sta, donc il faut que je prenne le temps :) !
Pour te rassurer, il me semble qu'ils ne sont pas trop compliqués ; ca fait partie de ceux que j'ai regardé avec ma fille sans avoir rencontré de problème de compréhension particulier.
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Re: Premake/Remake

Message par Cathy »

The Opposite Sex (1956) - David Miller

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Remake de The Women de Cukor

17 ans après le film de Cukor, David Miller tourne sa propre version des fameuses Femmes de George Cukor, mais contrairement à ce dernier, il introduit des hommes même si leur rôle est secondaire, ils sont présents et cela enlève de la force au thème. Il le transforme aussi vaguement en film musical, l'héroïne n'est plus une bourgeoise mariée qui se détend en faisant du cheval, mais une ancienne chanteuse de jazz, et Crystal Allen n'est pas la glamour vendeuse de parfums côtés, mais danseuse dans des revues. Les autres femmes gardent à peu près leurs fonctions et leurs rôles, hormis la Comtesse qui ici est vraiment une vieille excentrique et n'a plus rien à voir dans le dénouement final.
Côté film musical, les numéros n'ont que peu d'attraits, hormis le numéro de June Allyson.

David Miller conserve quelques scènes majeures du premier opus avec la fameuse scène de la douche, ou encore l'importance du boudoir ou de l'institut de beauté. Toutefois le fim baigne dans une atmosphère plus "glauque", il n'y a plus ce côté glamour de femmes futiles du premier opus, le personnage de Crystal est plus vulgaire, par contre il garde l'excentricité de Mrs Fowler, celle par qui le scandale arrive et l'affuble de robes excentriques. Il modifie aussi la rencontre entre Mrs Fowler et Crystal Allen qui n'a plus lieu dans la boutique de parfum, mais dans un drugstore, autour d'un café. Le glamour du parfum a totalement disparu. Curieusement il garde des détails comme le fameux vernis Jungle red, la manucure bien trop bavarde, mais il change des détails. Ainsi, la rencontre entre la fille des Hilliard et Crystal Allen n'est plus évoquée, mais elle est montrée. Ce qui manque sans doute est l'approfondissement du caractère de Mrs Hilliard appauvri du fait que la dispute avec le mari est montré et non raconté ou que l'on nous montre aussi la première rencontre entre les deux futurs époux durant la guerre. Ici nous ne sommes plus dans le monde de bourgeois du premier film, mais dans un monde plus de parvenus, le fait de nous montrer Mrs Hilliard en chanteuse de jazz soutenant l'effort de guerre enlève cette part de rêve hollywoodien qui baignait le premier film.
Tout ce qui fait la force du premier film à savoir la participation du spectateur dans l'imaginaire des scènes est supprimé, vu que les scènes nous sont montrées. Maintenant un remake servile n'aurait sans doute eu aucun intérêt. La scène de la pirogue constitue une scène "comique" bienvenue avec le strip tease de June Allyson.

The Opposite sex s'il n'atteint pas la subtilité et le génie du premier film n'en demeure pas moins un film très agréable, même si quelque part, il ne semble pas déservir les femmes comme Cukor. Dès le début, il fait la différence entre les Femmes (Women) et les Femelles (Female) qui sont futiles. L'introduction des hommes atténue la portée du message, même s'ils ne sont jamais montrés sous un bon jour entre le mari producteur faible et le cow boy macho ridicule.
Le casting n'égale pas non plus celui du film de Cukor toutefois June Allyson est parfaite dans ce rôle d'américaine moyenne, ex-chanteuse qui revient à sa carrière après son divorce, tout comme Dolores Gray qui est aussi excellente que Rosalind Russell dans son rôle. Ann Miller reprend le rôle de Paulette Goddard mais sans son mordant, et chose curieuse, bien qu'il y ait quelques numéros musicaux dans le film, elle ne danse pas, Ann Sheridan remplace Joan Fontaine, mais semble moins innocente, Agnès Moorehead est totalement à l'aise dans ce personnage de vieille comtesse plusieurs fois divorcées et remplace avantageusement Mary Boland. Quant à Joan Blondell, vedette de nombre de Busby Berkeley elle campe à merveille cette mère de famille nombreuse.
Que dire de Joan Collins, elle est une autre Crystal Allen que Joan Crawford, elle tire le personnage vers la vulgarité mais dans l'optique révisée du film est tout à fait à sa place.
Ici point de défilé de mode, mais les robes sont particulièrement belles et David Miller utilise le rouge de la passion et le jaune de 'linfidelité à merveille dans la dernière scène.

Alors certes the Opposite sex n'est pas le chef d'oeuvre qu'est Women, il n'en a ni l'originalité, ni la subtilité, ni le sens de la comédie amère mais il reste un divertissement tout à fait honorable symptomatique des années 50.


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The Women, Femmes (1939)

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Evocation de la vie amoureuse d'un groupe d'amies femmes.

George Cukor a filmé la femme mieux que personne et ce Women en est encore l'exemple. Pourtant il ne les flatte pas, chaque femme peut se reconnaître en l'une d'entre elles avec ses défauts mais aussi ses qualités. Chacune de ces femmes est traitée de manière plus ou moins approfondie mais toujours avec beaucoup de finesse même si on montre aussi leur futilité à travers les séances de l'institut de beauté. La force de ce film que tous les cinéphiles conaissent est qu'il n'y a aucun homme qui n'apparaît, même dans les scènes de soirées et pourtant ils sont toujours présents, via le téléphone, via les dialogues évidemment et Stephen Haynes en premier, celui par qui le scandale va arriver.

La force du film réside dans son casting, une fois encore Norma Shearer a quelque peu tendance à théâtraliser son jeu, notamment dans la scène finale du couloir, pourtant elle est excellente dans la séance du boudoir qui précède, il y a aussi Joan Crawford, garce de service, vénale, mais finalement attachante, Joan Fontaine la naîve, Paulette Goddard la demi-garce qui est le pendant "sympathique" du personnage de Jaon Crawford et naturellement Rosalind Russell qui en fait sans doute des tonnes mais est absolument parfaite en ragotière de première. Il y a aussi Marjorie Main, en maîtresse femme "rurale", Mary Boland, Phyllis Powah toutes aussi excellentes dans leurs rôles. Le point fort du film est aussi ce générique où chaque femme est personnalisée avec un sens évident de l'humour par un animal (biche, faon, agneau, vache, cheval, panthère, chat, singe) qui dépeint réellement leurs caractères.

Il y a ce sens du rythme dans chaque scène qui s'enchaine nous entrainant de l'intimité d'une maison à l'intimité d'une cabine d'un institut de beauté, ou d'un boudoir ou encore d'une ferme. Les le spectateur ne s'ennuie jamais grâce aux dialogues brillants, aux affrontements entre chaque femme. Il y a aussi toute la dispute entre le couple narrée par une domestique à la cuisinière, la narration est subtile et évidente. Et il y a ausssi l'apparition du technicolor dans la scène du défilé de mode, point crucial de nombreux films de l'époque et qui semble annoncer celui de Singin' in the Rain et qui une fois encore montre la femme à la fois dans la splendeur de ses vêtements et dans sa "futilité".

Women est un film qui parle de femmes avec un sens évident de la réalité, leurs discussions futiles, leurs forces, leurs faiblesses, bref un hymne magnifique à la femme, même si elles n'en sortent pas toute grandies !
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Message par francesco »

Ah j'ai exactement le même sentiment sur les deux films en fait, à savoir que The Opposite sex me semble surtout manquer, au niveau de la mise en scène, comme du scénario ou du jeu des interprètes, d'élégance (ce dont le Cukor a à revendre) mais qu'il n'est pas non plus indigne de la moyenne des productions MGM du milieu des années 50. C'est un film plus banal que le premier (avec, comme tu le dis, l'introduction des hommes la trame perd de sa force), plus terne en dépit des couleurs, mais effectivement tout à fait agréable. Bref Cukor a fait un chef d'oeuvre de la comédie mondaine, quand Miller a réalisé un produit de consomation courante et si on aime les actrices des années 50, un certain technicolors, une atmosphère propre au musicaux du temps, c'est très visible.
Dernière modification par francesco le 15 mai 10, 11:34, modifié 1 fois.
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Re: Premake/Remake

Message par francesco »

PS : j'adore Joan Blondell dans ce film, by the way. Elle m'a vraiment fait rire avec ses deux, trois scènes.
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