Esther Williams (1921-2013)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Esther Williams (1921-2013)

Message par Jeremy Fox »

Un second coffret de six titres allant paraître en octobre, les 3/4 de sa filmographie seront donc bientôt disponible en DVD.

J'en profite pour commencer à revoir ses films déjà existants et pour ouvrir ce topic sur la fameuse et sculpturale nageuse hollywoodienne. Ce n'est pas tant qu'elle soit une très bonne actrice mais elle s'en sort malgré tout relativement bien ; mais surtout la plupart de ses films sont des monuments pour amateurs de kitsch, de vulgarité assumée, de bonne humeur, de décontraction et de technicolor criard et flashy. Les ballets nautiques mis en place par Jack Donohue sont souvent de toute beauté et leurs mises en scène étonnantes d'inventivité. Pour le reste, on y trouve toujours les éternels Latin Lovers entreprenants, de dépaysant numéros musicaux exotiques, des décors de studio génialement ringards, des quiproquos abracadabrants, des costumes colorés et des ‘sketchs’ plus ou moins drôles interprétés par Red Skelton, Van Johnson ou Jimmy Durante.

Le tout respire pour moi le pur Entertainment hollywoodien comme je l’apprécie. Pas question de chercher un quelconque message ou autre chose que le seul divertissement, ces films ne sont réalisés que dans cette optique et fonctionnent remarquablement bien sur moi. :oops: On trouve néanmoins quelques exceptions comme le plus dramatique Million Dollar Mermaid dont je reparlerais une fois le nouveau coffret entre mes mains. Elle a aussi tourné dans 3 ou 4 autres films non musicaux dont un film noir il me semble.

Ceux qui recherchent avant tout en regardant un film de l'intelligence, de la délicatesse et de la sobriété peuvent détourner sans attendre le regard de ce topic :mrgreen:

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La Fille de Neptune (Neptune's Daughter) de Edward Buzzell 1949


Betty Barrett (Betty Garrett) est une coureuse d'hommes. Après les footballeurs et les toreros, elle décide de jeter son dévolu sur un joueur de polo ; en effet la société de création de maillots de bain dans laquelle elle travaille doit organiser un défilé pour une équipe sud-américaine venant jouer dans la région. Elle se jette immédiatement au cou de celui qu'elle prend pour le capitaine de l'équipe qui n'est en fait qu'un simple masseur (Red Skelton), 'puceau' qui plus est. Sa sœur Eve (Esther Williams), estimant que le comportement de Betty est indécent, veut empêcher qu'elle ait une histoire avec ce sportif. Elle décide d'aller trouver le capitaine, le 'vrai' (Ricardo Montalban), pour le contraindre à ne pas répondre à ses avances ; mais elle tombe amoureuse de ce dernier. Les deux filles pensant sortir avec le même homme, quelques quiproquos cocasses vont en découler ; vont aussi prendre part au 'jeu' de dangereux gangsters et l'amoureux transi de Eve, son associé (Keenan Wyn).

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Neptune’s Daughter est le second film de l’association Esther Williams/Edward Buzzell (après Easy to Wed), les autres réalisateurs attitrés de la comédienne championne de natation ayant tout d’abord été Richard Thorpe puis par la suite l’excellent et mésestimé Charles Walters. Buzzell, sans parvenir à certains sommets que réussit parfois à atteindre Walters (y compris avec Esther Williams, voire plus tard Dangerous when Wet) fait le travail en grand professionnel, tout comme Richard Thorpe d’ailleurs mais avec un peu plus de dynamisme et d’efficacité. Quoiqu’il en soit, une fois encore, avant d’aborder un film de ce style, il faut de nos jours prendre quelques 'précautions' et tenir compte de quelques avertissements préalables afin de savoir à quoi s’attendre ; en effet, même si Red Skleton et Esther Williams étaient des valeurs sûres de la MGM à l’époque - voire même deux des ‘attractions’ les plus rentables du studio du lion - l’incompréhension pourrait s'avérer totale aujourd'hui surtout que nous ne sommes ici non plus ni chez Vincente Minnelli ni chez Stanley Donen qui font pourtant déjà parfois grincer les dents de quelques cyniques n’ayant pas l’habitude du ‘Musical’ hollywoodien des années 40.

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Imaginez par exemple Red Skelton, masseur puceau et un peu idiot pourtant pris pour un célèbre joueur de polo sud-américain par une nymphomane interprétée par l’énergique Betty Garrett ! Red Skelton encore qui se travestit en femme pour se cacher, vêtu en maillot et bonnet de bain, au sein d’un groupe de nageuse (il l’avait déjà fait dans Le Bal des sirènes mais en tutu parmi une troupe féminine de danse) ! Le légendaire Mel Blanc - la célèbre voix de Bugs Bunny entre autres - en second couteau dans le rôle d’un mexicain parlant avec l’accent de Speedy Gonzales, l’une de ses plus fameuses ‘créations’ vocales ! On imagine aisément que nous sommes ici plus proches de Max Pecas que de Ernst Lubitsch mais un Pecas dopé à la Tex Avery, certaines séquences cartoonesques virant parfois vers le splastick le plus déjanté - parfois bien plus qu’un Frank Tashlin dont on a à mon humble avis souvent exagéré la loufoquerie -, notamment lors de la poursuite de Red Skelton par un mafioso interprété par Mike Mazurki. Le fameux The Naked Gun (Y-a-t'il un flic...) des ZAZ rendra d’ailleurs à plusieurs reprises hommage au film d’Edward Buzzell notamment lors des séquences avec Ricardo Montalban qui faisait effectivement partie des aventures de l’inénarrable inspecteur Leslie ‘Drebin’ Nielsen. Certains pensent d'ailleurs que le comédien, à l'affiche des deux films, est à l'origine de ces idées de pastiches.

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Si vous n'êtes donc allergiques ni au cabotinage éhonté de Red Skelton - qui ferait passer le jeu de Jack Nicholson pour de l'underplaying - ni à la bêtise d'un scénario cependant rempli de quiproquos assez drôles, ni encore au kitsch coloré de ce genre de comédies musicales destinées uniquement au pur divertissement, vous pourriez tout comme moi trouver ce Neptune's Daughter assez jubilatoire même au bout de plusieurs visions. Il se situe exactement dans le même style et la même lignée que le réjouissant Le Bal des sirènes (Bathing Beauties) de George Sidney y compris dans la mise en scène et la manière de filmer et monter les numéros musicaux aquatiques ou exotiques : c'est à dire une caméra toujours en mouvement, un montage parfois très cut et assez euphorisant (le ballet final des plongeons) ainsi que des travellings assez savants, notamment ici lors du numéro ‘I Love those Men’ chanté par Betty Garrett. Parlons en justement plus en détails de cette bande originale plutôt réussie signée Frank Loesser à commencer par ‘On a Slow Boat to China’, morceau durant lequel l’on assiste à un bien sympathique défilé de mode de maillots de bains, mais surtout la superbe ‘Baby, It's Cold Outside’ qui récolta à juste titre l'Oscar de la meilleure chanson en 1949 et dont la version la plus célèbre sera sans doute celle réunissant Dinah Shore et Buddy Clark.

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Une chanson qui a tout récemment fin 2018 fait le buzz après avoir été interdite d’antenne aux États-Unis et au Canada pour incitation au harcèlement ; autant dire que la bêtise de ce genre d’interdits féministes n’a plus de limites car en remettant le tout dans le contexte de l’époque et du genre, la séquence reste toujours aussi bon enfant, le harcèlement gentillet de Esther Williams par Ricardo Montalban étant immédiatement suivie par la situation inversée puisque c’est au tour de la nymphomane Betty Garrett de forcer Red Skelton à rester chez elle pour essayer de le faire ‘passer à la casserole’. Autant dire que tout ceci est bien plus amusant que choquant. Ricardo Montalban est d'ailleurs très convaincant en sympathique Latin Lover et s'en sort plutôt pas mal du tout lorsqu’il nage aux côtés de sa partenaire et même lorsqu'il se met à entonner la très romantique chanson ‘My Heart Beats Faster’ ; il se voit même attribuer quelques répliques très amusantes ("you've showed me pirates cove with no pirates, inspiration point with no inspiration, and lovers lane with no love", totalement dépité de sa sortie sinistre avec Esther Williams) : il faut dire que les dialogues sont dans l’ensemble plutôt bien tournés. Betty Garrett pète la forme - exubérante dans le numéro 'I Love Those Men" - dans un rôle qu’elle reprend à peu de chose près la même année dans le bien plus connu - à juste titre - On the Town (Un Jour à New York) de Stanley Donen, tandis que Esther Williams se révèle toujours aussi pulpeuse (sublime grâce à la costumière Irene dans sa robe noire et rouge lors de sa danse avec Ricardo Montalban), d’abord glaciale et quasiment psychorigide puis au fur et à mesure qu’avance l’intrigue, amoureuse et langoureuse ; cette situation de départ et cette évolution est quasiment la même dans la plupart des comédies musicales avec l'actrice qui ont précédées celle-ci.

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Quant à Red Skelton dont nous parlions au départ, même s'ils en agacera certainement un grand nombre, j'avoue que sa scène de séduction à l'espagnol à l'aide d'un disque m'a fait mourir de rire. Bref, pour résumé rapidement, c'est coloré, inoffensif mais pas désagréable du tout - à condition d'aimer le kitsch - et sachant que la mise en scène des numéros musicaux est vraiment superbe. On regrettera juste un Keenan Wynn sacrifié dans le rôle du narrateur qui semble étrangement tout droit sorti d’un film noir par son côté totalement dépressif, mais on se rattrapera avec un Ted De Corsia qui ré-endosse le rôle de mafioso qu’il a souvent tenu, mais ici bien évidemment ‘pour de rire’. Une comédie musicale aux quiproquos aussi débiles qu’amusants pour un spectacle plutôt réussi.
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Re: Esther Williams

Message par Cathy »

Eve éternelle, Easy to wed (1946) - Edward Buzzell

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Afin d'empêcher que le journal pour lequel il travaille soit condamné pour diffamation envers une riche héritière, un reporter est envoyé pour faire chanter la jeune femme.

Assez curieux comme film, car on s'attend forcément à un numéro aquatique et non, il n'y en a pas un seul. Pour rassurer les fans d'Esther Williams, elle apparaît par deux fois en maillot de bain, et deux fois dans une piscine, mais ici c'est la comédienne qui est mise en valeur, et non la nageuse. Comme dans beaucoup de comédies musicales de cette époque, le début est censé se dérouler à Mexico, permettant une chanson "locale" et le seul grand numéro évoque aussi l'ambiance mexicaine, avec une longue introduction à l'orgue interprétée par Ethel Smith.
Le film n'est pas non plus réellement une comédie musicale, même s'il y a deux numéros dansés un par Lucille Ball l'autre par Esther Williams et Van Johnson. Le film est surtout basé sur celui-ci, et la scène de la chasse au canard est un grand moment de drôlerie ! Keenan Wynn complète le casting ainsi que Lucille Ball comme à son habitude survoltée.
Le tout forme quand même une comédie fort agréable, (qui n'est pas un sommet de mauvais goût et kitsch) avec naturellement la fameuse piscine que l'on voit dans That's entertainement et que présente Donald O Connor, il me semble :) !
Les sous-titres anglais sont assez faciles à comprendre (même si je n'ai pas saisi toutes les nuances et sans doute la drôlerie de toutes les répliques, par contre la copie n'est pas exempte de défaut !
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Jeremy Fox
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Re: Esther Williams

Message par Jeremy Fox »

Merci d'avoir sauvé ce topic du bide le plus total :lol:
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Re: Esther Williams

Message par Cathy »

Jeremy Fox a écrit :Merci d'avoir sauvé ce topic du bide le plus total :lol:
De rien, c'était un des rares Esther Willliams que je n'avais pas vus ! Pourtant il est pas mal. J''espère qu'il sera diffusé au moins sur TCM en VOST à défaut de sortir en France pour que je comprenne toutes les subtilités que je n'ai pas saisies :) ! Ceci étant, tu avais aussi promis un enrichissement régulier de cette rubrique pour fêter le second coffret :) !
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Jeremy Fox
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Re: Esther Williams

Message par Jeremy Fox »

Cathy a écrit : Ceci étant, tu avais aussi promis un enrichissement régulier de cette rubrique pour fêter le second coffret :) !
Oui, oui, ce sera fait et avec plaisir en plus ; pouvoir dire le plus grand bien de Dangerous when Wet (Traversons la manche) par exemple, que même Ducdame a apprécié, c'est peu dire :mrgreen:
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Re: Esther Williams

Message par Cathy »

Jeremy Fox a écrit :
Cathy a écrit : Ceci étant, tu avais aussi promis un enrichissement régulier de cette rubrique pour fêter le second coffret :) !
Oui, oui, ce sera fait et avec plaisir en plus ; pouvoir dire le plus grand bien de Dangerous when Wet (Traversons la manche) par exemple, que même Ducdame a apprécié, c'est peu dire :mrgreen:
Il est effectivement sympathique, c'est celui où elle rencontre Tom et Jerry, non ?
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Jeremy Fox
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Re: Esther Williams

Message par Jeremy Fox »

Cathy a écrit :
Il est effectivement sympathique, c'est celui où elle rencontre Tom et Jerry, non ?
Oui
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Re: Esther Williams

Message par francesco »

Vous savez que vous me motivez tous les deux ? Des sommets de kitsh ? Mais c'est pour moi !!!!!
Bon, blague à part, je n'avais vu que le film qui se passe dans le milieu du base ball avec Kelly et Sinatra et je m'étais ennuyé ferme (Match d'amour ?). De plus Williams, très mignonne m'avait semblé fade et ses numéros ..... bof.
Depuis, grâce à Catherine d'ailleurs, j'ai pu voir La Chérie de Jupiter que j'ai trouvé d'abord charmant, ensuite presque surréaliste à force d'être délirant et en plus magnifiquement mis en scène (la scène ou Williams est poursuivi et plonge et nage pendant d'interminables minutes m'a mis en apnée.) J'ai été également très sensible au côté "Je ne me prends pas au sérieux" d'Esther Williams. Entre ça et vos commentaires c'est vrai que je commence à m'interroger. Vous conseillez quel film pour commencer ou plutôt pour continuer ?

PS : Quelqu'un a vu le film dramatique qu'elle a fait, d'après un scénario de Rosalind Russell (L'enquète de l'inspecteur Graham je crois) ?
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Re: Esther Williams

Message par Cathy »

Le Bal des sirènes est culte, mais je suis quelque peu allergique à l'humour de Red Skelton, même si la scène de danse est assez drôle. Celui que je préfère n'est pas encore sorti en DVD, mais il va bientôt vu que c'est La première Sirène qui raconte une histoire vraie, j'aime bien Traversons la Manche. Je dois dire que je n'accroche pas plus que cela à Match d'amour, ceci étant quand je l'ai revu, je l'ai plus apprécié.
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Re: Esther Williams

Message par Jeremy Fox »

Justement j'aime beaucoup Match d'amour :oops: Mais si tu veux du Kitsch, c'est le Bal des sirènes qu'il te faut. Sinon ses deux meilleurs films sont à mon avis effectivement La Première sirène et Traversons la Manche avec un coup de coeur spécial pour La Chérie de Jupiter avec un Howard Keel très drôle.



Match d'amour (Take me out to the Ballgame) de Busby Berkeyle 1949 MGM


Ce film produit par l'équipe d'Arthur Freed est l'exemple type de la comédie musicale sans aucune autre prétention que de divertir et de nous donner la pêche ; il y réussit à merveille. Pas de recherches esthétiques, pas de messages à faire passer, aucun élément dramatique... uniquement de la musique, de la danse, du dynamisme et de la drôlerie (sur ce dernier point, la tentative de drague de Sinatra auprès d'Esther Williams sur le balcon, s'avère hilarante ; Buster Keaton était d'ailleurs le consultant pour les gags). Pour pouvoir apprécier le film, Il faut savoir que Busby Berkeley lache la bride à ses acteurs qui cabotinent à outrance, Gene Kelly en tête dans la peau du sempiternel coureur de jupons extraverti. Autour de lui, Sinatra interprète une nouvelle fois le timide maladroit, Jules Munshin, le bon copain, Betty Garrett, la croqueuse d'hommes et Esther Williams la femme sculpturale à fort caractère. Les chansons de Betty Comden, Adolph Green et Roger Edens sont toutes facilement mémorisables et très amusantes et le tout passe à une vitesse phénoménale d'autant plus que Berkeley s'amuse avec son montage extrêmement rythmé. On en ressort lessivé mais on en redemande.
A signaler que les chorégraphies musclées sont signées Stanley Donen et Gene Kelly et que le film fait en définitive plus penser à un film de ces deux derniers qu'aux films que Berkeley réalisait pour la Warner dans les années 30 à l'exception d'un numéro typique de l'immense chorégraphe, l'étonnant 'Strictly U.S.A' à la très nombreuse figuration.


*********************************************************



Le Bal des sirènes (Bathing Beauty - 1944) de George Sidney MGM

Ceux pour qui le Musical rimerait seulement avec élégance, délicatesse et intelligence (Vincente Minnelli pour faire plus court) peuvent détourner les talons et fuir au plus vite. Car Bathing Beauty est au contraire un monument ‘kitchissime’ de mauvais goût assumé à tous les niveaux. Dire qu’il aura fallu sept scénaristes pour arriver à pondre ce script est peut-être d’ailleurs le gag le plus drôle du film. Se rendront vite compte pourquoi, ceux qui ne sont pas effrayés par l’humour pachydermique de Red Skelton, les sourires ‘colgates’ et figés d’Esther Williams, les nombreuses chansons sud américaines vociférées par Carlos Ramirez et jouées par Xavier Cugat, les multiples airs virtuoses jouées par la trompette endiablée d’Harry James, les leçons d’orgue électronique octroyées par Ethel Smith, etc... Ceux qui ont réussi à passer l’épreuve de cette énumération ne devraient pas regretter de s’être rendus à ce bal grotesque puisque le chef d’orchestre de ce divertissement, destiné avant tout à soutenir le moral des troupes américaines pendant la Seconde Guerre mondiale, n’est autre que George Sidney, la preuve flagrante de son talent éclatant une nouvelle à la vision de ce Bal des sirènes au pitch pourtant aussi ténu que la grâce et la finesse d’un Red Skelton en tutu dansant Casse-noisette, un papier de bonbon collé aux pointes ! A ce propos, son numéro, aussi lourd soit-il, est, avouons-le sans honte, franchement hilarant (c’est tout de même Buster Keaton qui serait à l’origine de nombreux gags). L’histoire est tellement lâche que d’innombrables interludes musicaux viennent la court-circuiter à la moindre occasion. Qu’à cela ne tienne, Sidney s’en donne déjà ici à cœur joie. Sa mise en scène débridée et constamment inventive s’avère brillante et atteint une sorte d’apothéose lors du fameux ballet nautique final. Il se permet ici (comme déjà dans d’autres numéros auparavant, notamment ceux du trompettiste Harry James) des mouvements de caméra et de grue, des raccords, des travellings absolument étonnants. Il fallait oser ; Sidney a très bien fait de foncer tête baissée sans peur du ridicule et de nous offrir une comédie musicale aussi dynamique. A ce niveau de kitsch, ça en devient carrément jouissif d'autant plus que la palette de couleur d’Harry Stradling éclabousse l’écran et qu’Esther Williams est décidément toujours aussi belle.
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Re: Esther Williams

Message par joe-ernst »

Francesco, je plussoie pour Traversons la manche, mais je m'étais un peu enquiquiné devant Easy to Wed, et la scène de la chasse aux canards m'avait parue interminable. Le bal des sirènes, c'est quitte ou double. Ou tu vas aimer ce délire kitsch et absurde, ou tu vas détester. Neptune's Daughter vaut surtout pour le couple Garrett-Skelton. Ils y sont épatants. On an Island With You est sympa, sans plus.

Vivement le coffret 2 ! :D

EDIT: posté le 27 novembre 2007

Bon, voilà mes critiques du coffret Esther Williams :

Dans une île avec toi (On an Island with You, 1948), de Richard Thorpe.

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Rosalind Rennolds (Esther Williams), une vedette de cinéma, est fiancée à son partenaire Ricardo Montez (Ricardo Montalban) mais un jeune officier de la Navy, Lawrence Kingslee (Peter Lawford), consultant sur le tournage, est amoureux d'elle...

Film au scénario pour le moins faiblard, où chacun vient faire son show dans sa spécialité, notamment Jimmy Durante qui se taille la part du lion. C'est kitsch au possible mais les numéros sauvent le film de l'ennui.


Neptune's Daughter (1949), d'Edward Buzzell.

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Esther Williams y incarne Eve Barrett, une ex-championne de natation et femme d'affaires d'une société de fabrication de maillots de bain (les scénaristes ont débordé d'imagination, et l'on a même droit à une visite guidée de l'usine de fabrication !). Elle veille sur la vertu de sa jeune et exubérante soeur, Betty Barrett (changez la première lettre du nom de famille par un G et vous aurez le nom de l'actrice qui l'incarne !) qui ne rêve que de se marier. Du coup elle jette son dévolu sur le masseur de l'équipe de polo (Red Skelton) qui se fait passer pour le capitaine (Ricardo Montalban). Cependant la toujours psycho-rigide Williams décide d'y mettre un terme, mais elle va s'adresse au vrai capitaine, d'où de nombreux quiproquos...

Intrigue vraiment mince, basée sur les duos Skelton-Garrett et Williams-Montalban, le tout parsemé de numéros musicaux par Xavier Cougat and His Orchestra. On rate de peu l'ennui...

Easy to Wed (1946), d'Edward Buzzell.

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Miss Williams y incarne une riche héritière qui décide de poursuivre pour diffamation un journal. L'un des managers, Keenan Wynn, fiancé à la volcanique Lucille Ball, décide de lui mettre dans les pattes un coureur de jupons, Van Johnson, et de la piéger pour qu'elle retire sa plainte...

Scénario digne du théâtre de boulevard, mise en scène laborieuse (interminable chasse aux canards), et pour illustration musicale, l'inénarrable Ethel Smith. Bon, les tenues de Miss Ball valent quand même le coup d'oeil !

Suite et fin du visionnage du coffret Esther Williams, et sans conteste Traversons la Manche (Dangerous When Wet, 1953) est le meilleur. Normal, il est dirigé par Charles Walters, ce qui est autre chose que ce tâcheron de Buzzell !(coucou, Jeremy :mrgreen: )

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Miss Williams y incarne Katie Higgins, la fille aînée d'une famille de paysans à l'esprit sportif, et qui décide de s'inscrire au concours de la traversée de la Manche dans l'espoir de remporter l'argent pour se payer un taureau reproducteur (pour les vaches, pas pour Esther !). Arrivée en Angleterre, Katie fait la connaissance d'un bel aristocrate français, André Lanet (Fernando Lamas, qui est censé parler anglais avec l'accent français !!!). L'amour et la compétition feront-ils bon ménage ?

Film à la superbe photo magnifiant un somptueux Technicolor, au scénario délicieusement absurde par moment, il est plein de plaisirs coupables dont je me suis délecté. Esther Williams n'y a jamais paru aussi jeune et ravissante (on dirait qu'elle a 10 ans de moins que dans ses films des années 40). La scène onirique où elle nage avec Tom et Jerry est sans conteste le clou du film et a peut-être inspiré les concepteurs de L'apprentie sorcière pour la scène aquatique. Le casting comprend également Jack Carson, excellent en manager poursuivi par les assiduités d'une jeune nageuse française (charmante Denise Darcel), William Demarest, en père de famille plein d'allant, et l'épatante Charlotte Greenwood, qui à plus de 60 ans levait encore haut la jambe et faisait sans difficulté apparente le grand écart !
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Re: Esther Williams

Message par Cathy »

La chasse aux canards est le style d'humour qui a le don de me faire beaucoup rire, en plus comme j'aime les chiens, j'ai d'autant plus apprécié cette scène. Elle est un chouia trop longue, mais bon :) !
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Re: Esther Williams

Message par joe-ernst »

Cathy a écrit :La chasse aux canards est le style d'humour qui a le don de me faire beaucoup rire, en plus comme j'aime les chiens, j'ai d'autant plus apprécié cette scène. Elle est un chouia trop longue, mais bon :) !
C'est mon amour des chats qui a dû me rendre insensible à ce genre d'humour... :lol: :wink:
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Re: Esther Williams

Message par someone1600 »

Bien aimé aussi Traversons la Manche.

En fait, des 5 films que j'ai vu avec elle, je n'ai pas trouvé aucun mauvais. Me reste a découvrir les autres. J'en ai quelques uns enregistré a TCM dont je dois faire le visionnement. :wink:
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Re: Esther Williams

Message par Jeremy Fox »

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Dans une île avec vous (On an Island with you, 1948) de Richard Thorpe


La star de cinéma Rosalind Reynolds (Esther Williams) est fiancée à Ricardo (Ricardo Montalban), son partenaire à l’écran sur qui louche amoureusement l’autre vedette féminine du film, Yvonne (Cyd Charisse). Lawrence (Peter Lawford), un jeune officier de la Navy, a réussi à se faire embaucher comme consultant sur le tournage, car depuis que Rosalind l'a embrassé lors d'une de ses tournées pour soutenir le moral des troupes durant la Seconde Guerre Mondiale, il ne cesse de penser à elle. Son égérie refusant ses avances, il va néanmoins tout mettre en œuvre pour qu'elle lui accorde une danse et ira pour se faire jusqu'à l'enlever en avion pour la conduire sur une île déserte…

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Le cadre : Hawaii. Esther Williams est la vedette d'un film exotique, son partenaire de cinéma est Ricardo Montalban ; ils sont fiancés et sur le point de se marier. L'autre vedette féminine, Cyd Charisse, n'a d'yeux que pour Montalban qu'elle se désespère de voir épouser sa 'rivale' à la ville comme à l'écran. Quant à Peter Lawford, c'est un officier de la Navy qui, depuis qu'Esther Williams l'a embrassé lors d'une de ses tournées pour soutenir le moral des troupes, ne cesse de penser à elle d’une manière quasi obsessionnelle. Réussissant à être embauché comme consultant sur le tournage, il va tout mettre en œuvre pour que son égérie lui accorde une danse et ira pour se faire jusqu'à l'enlever en avion pour la conduire sur une île déserte… Bref Montalban aime Williams, Charisse aime Montalban, Lawford aime Williams et Williams semble aimer Montalban ; on se doute bien à la lecture de ces lignes que le scénario ne brille ni par sa profondeur ni par son originalité ; mais on se serait douté que tel n’était pas son but, d’autant plus qu’on devine bien évidemment dès le début comment tout cela finira, quels couple seront finalement formés.

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Et puis de toute manière, tout ceci n’a guère d’importance puisque les amateurs du genre n'en attendent rarement plus et que Richard Thorpe mène sa barque en bon professionnel qu’il est ; il gère donc parfaitement - même si sans aucun génie - les numéros musicaux, les scènes dialoguées ou encore les séquences humoristiques surtout amenées par Jimmy Durante… et au bout du compte, même s'il ne provoque aucune étincelle, arrive à ne pas nous ennuyer durant toute la durée de son film qui ne tient pourtant sur presque rien d’autre que sur des acteurs qui accomplissent plutôt bien leur travail de routine - à condition de ne pas nécessairement en attendre beaucoup au départ - et sur les équipes techniques bien rodées de la MGM qui s’en donnent à cœur joie pour le plaisir de nos yeux et de nos oreilles. En ce qui concerne les comédiens, il est cependant bon de savoir que Peter Lawford n’appréciait pas du tout Esther Williams, d’où probablement l’absence totale d’alchimie entre les deux ; un comble pour un récit narrant l’obsession quasi maladive de l’un pour l’autre. Il est d’ailleurs assez cocasse de voir qu’aujourd’hui, beaucoup d’internautes sont outrés par les situations décrites dans le film, à savoir "l’enlèvement" d'une jeune femme par un homme qui souhaite se retrouver seul avec elle sur une île déserte. On parle ici et là de harcèlement, de psychopathie voire même de comportement criminel, et l’on s’étonne que l’on ait pu parler à propos du film de romance et de comédie sentimentale. Tant d’exagérations et d'incapacité à se remettre dans le contexte de l'époque laissent toujours aussi pantois, mais mieux vaut en rire ! Et sinon, la jeune Kathryn Beaumont sera peu d’années plus tard la voix de la Alice de Disney.

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Concernant l’émerveillement de nos mirettes, les costumes sont rutilants et les décors exotiques à souhait ; Esther Williams plonge et nage divinement, nous gratifiant en bonus de son sourire ultra-brite et de sa plastique généreuse, Ricardo Montalban et Peter Lawford nous délivrent leurs habituels numéros de séducteurs, Jimmy Durante sa gouaille coutumière et Cyd Charisse son génie de danseuse. Ce sont d’ailleurs ses deux séquences dansées avec son partenaire Ricardo Montalban qui constituent les deux clous du film, la première étant un magnifique tango, la seconde bien plus lascive, d’une extraordinaire puissance érotique d’autant plus que Miss Charisse nous dévoile à foison le galbe de ses jambes sublimes durant cinq bonnes minutes. Au programme musical, outre ces deux superbes numéros mis en musique par André Prévin, des morceaux légers et entrainants par l’orchestre de Xavier Cugat ainsi que des chansons amusantes par Jimmy Durante dans un style qui est bien à lui comme 'Mr. Dobbins’, ‘I'll Do the Strut-Away (In My Cutaway)’, ou encore ‘Takin' Miss Mary to the Ball’. Sans bien évidemment oublier le traditionnel ballet nautique – en l’occurrence guère inoubliable – ‘All Aboard’.

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Il est fort probable que beaucoup trouveront le film 'kitchissime' et, pourquoi pas, foncièrement idiot ; on ne leur donnera certes pas tort mais, en toute connaissance de cause, il n’est pas non plus interdit de continuer à prendre un plaisir non dissimulé devant cette débauche de couleurs, cette orgie de mauvais goût et de bonne humeur. Le film a aussi pour lui, nostalgiques de La Dernière séance que nous sommes pour la plupart, d’être l’une des rares comédies musicales proposée par Eddy Mitchell ; c’était le film de seconde partie de l’émission de janvier 1994. Pas désagréable mais, dernier des 4 films que tourna Esther Williams sous la direction de Richard Thorpe, on lui préfèrera néanmoins le jubilatoire Thrill of a Romance, leur première collaboration.
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