Les insurgés (We were strangers - 1948)
A Cuba, en 1933, des révolutionnaires désirent planifier un attentat qui assassinerait d'un seul coup le dictateur en place et ses hommes d'état. On trouve parmi eux une jeune femme dont le frère vient d'être assassiner par la police secrète.
Un film injustement méconnu (et invisible) de John Huston qui mérite pourtant une très bonne place dans sa première période.
Avec ces transparences grossières des acteurs évoluant maladroitement dans un Cuba retro-projeté, j'avoue avoir craint le pire mais le film devient vraiment excellent une fois que l'équipe de "terroristes" se fait en place et s'attèle à leur missions : creuser un tunnel passant sous un cimetière.
On est en plein dans ce que les critiques diront du cinéaste à savoir "la poésie de l'échec". Je n'attendais d'ailleurs pas une tel noirceur dans l'histoire qui va quand même assez loin dans le glauque et les détails sordides. Ainsi le fait de creuser sous la partie du cimetière pauvre implique des tombes de prolétaires sommaires qui dégagent rapidement une odeur pestilentielle au point de rendre fou l'un des personnages. Il faut dire qu'il faut aussi déplacer les cadavres (ce n'est pas montrer mais clairement évoqués dans les dialogues !). C'est vraiment étonnant que la censure ai laissé passer de telles choses.
L'histoire fait ainsi assez peu de concession et bénéficie en plus de personnages mieux dépeint que chez la concurrence. On sent de ce point de vue que Huston a co-écrit le film et désire sortir des sentiers battus. On échappe ainsi à la rivalité amoureuse avec différents personnages masculins qui se trouvent autour de Jennifer Jones. Le rôle campé par Gilbert Roland échappe ainsi à pas mal de stéréotypes et se lance dans une chanson de son crue à la guitare assez mémorable. On oubliera pas aussitôt la belle ordure interprêté par Pedro Armendáriz qui offre une séquence presque anthologique de séduction/intimidation autour de la dégustation d'un crustacé.
Le suspens et la tension dramatique sont donc bel et bien présent jusqu'au double "échec", professionnelle et humaine.
La séquence d'action finale est là encore assez impressionnante et possède une hargne et une violence assez impressionnante entre rafale d'impacts sur les murs, grenades propulsant les corps dans les airs et Jennifer Jones mitraillant la gestapo locale avec le visage déformé par la haine ! La réalisation est en plus assez audacieuse en ne restant que dans le point de vue des 2 héros et en ne montrant pratiquement jamais leurs ennemis.
Après, le film n'est pas exempt de défauts avec donc Jennifer Jones un peu fade (sa prestation contre son personnage manque de subtilité), des pistes parfois survolés, une romance artificielle qui manque de lyrisme et une conclusion un peu bâclée qui sent la fin imposée par les studios. A noter qu'on trouve un plan très furtive stupéfiant où au milieu des révoltés contre le pouvoir en place, on voit des chinois criés "Vive la révolution" !
Malgré tout ces menus défauts, une pièce de choix à redécouvrir dans la carrière du cinéaste.
Plus rapidement, j'ai aussi pu découvrir l'excellent
Malin (1979) au scénario très audacieux et courageux, porté en plus par une mise en scène qui ne cherche à aucun moment à accentuer ce climat très particulier où la une société américaine en totale perte de repère est prête à accepter n'importe quel prophète de pacotille. Avec un humour à froid très atypique, on est constamment déstabilisé par cette folie normalisée. Vraiment très riche et brillant.
A l'inverse j'ai quasi détesté
Au dessus du volcan (1984) qui sent l'adaptation littéraire trop fidèle et/ou écrasé par son modèle. Les personnages m'ont horripilé, je n'ai pas compris ce que le film racontait vraiment. Profond moment d'ennui à peine sauver par les 15 dernières minutes qui retrouvent cette poésie macabre et torturée.
La bible (1966) est un peu mieux que ce je croyais. Il y a plusieurs moments assez somptueux visuellement mais le film est bien trop mal structuré et équilibré. La tour de Babel est emballé en 5 minutes alors que l'histoire d'Abraham, interminable, s'éternise sur 90 minutes.