Noboru Tanaka (1937-2006)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Eigagogo
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Re: Noboru Tanaka (1937-2006)

Message par Eigagogo »

Tanaka et Wakamatsu ça doit trouver plus facilement acquéreur chez les cinéphiles ou alors à quoi bon éditer des dvds tout court?
Tu veux les chiffres des Tanaka Cinemalta pour rire?

Je pense que depuis le temps, Wildside, Carlotta, MK2 et HKvideo se sont fait une raison sur l'état du marché, on peut malheureusement pas leur en vouloir. Maintenant ça passe par le fansub ou le marché US.
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Spike
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Re: Noboru Tanaka (1937-2006)

Message par Spike »

The Watcher in the Attic est sorti en DVD Z0 (chez Mondo Macabro) et en DVD Z2 anglais (chez HB Films). Quelle est, d'après vous, l'édition possédant la meilleure qualité d'image ?
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Profondo Rosso
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Re: Noboru Tanaka (1937-2006)

Message par Profondo Rosso »

L'école de la sensualité (1972)

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En proie à ses premiers émois sexuels, l'adolescent Isao rêve chaque nuit de son professeur d'éducation physique, la belle et vive Ikuko. Il finit par lui ouvrir son cœur mais elle repousse gentiment ses avances. Frustré, Isao invente toutes sortes de stratagèmes pour dégoûter Ikuko de son fiancé, professeur de chimie dans le même lycée. Comme ses plans échouent, il envisage une solution radicale. La catastrophe est imminente...

Noboru Tanaka signe avec L'école de la sensualité l'un de ses premiers Pinku Eiga au sein de la Nikkatsu. La tonalité de comédie lycéenne potache ne permet pas au film d'atteindre complètement le trouble de ses classiques à venir. Le film dépeint le désir dévorant du jeune Isao (Nobutaka Masutomi) pour son professeur d'éducation physique, la belle Ikuko (Mari Tanaka). Dès l'ouverture, cela permet au réalisateur de signer une séquence éblouissante dans l'expression des fantasmes de l'adolescent. La salle de classe devient le théâtre de ses ébats imaginaires, cet environnement participant aux jeux érotiques avec Ikuko nue se frottant au tableau de classe et voyant son corps pâle enduit de craie. On reconnaît à la fois l'esthétique crue et stylisée du désir chez Tanaka où une étreinte très bestiale baigne dans un écrin travaillé avec cette photo gorgée de filtre. Isao va ensuite tenter divers stratagèmes pour séduire Ikuko et surtout la faire rompre avec son fiancé le professeur de chimie. Le scénario est assez paresseux pour dépeindre ces péripéties et c'est surtout par l’étude de caractères que Noboru Tanaka élève l'intérêt du récit. Contrairement à nombres de grandes icones du Pinku Eiga, Mari Tanaka n'incarne pas un personnage victime (une Naomi Tani, Junko Miyashita ou Asami Ogawa passent par un véritable chemin de croix pour assumer leur désir dans leurs films phare) symbole de la domination masculine dans la société japonaise, mais une femme assumant sa libido. L'aspect culpabilisant du sexe s'estompe à travers son personnage en parlant librement avec ses élèves, repoussant sans le brusquer les avances d'Isao. Cette sensualité sans complexe est à la fois implicite (Ce short et ce haut moulant laissant voir ses tétons qu'elle porte pour donner ses cours de volley) et explicite dans le total abandon lascif de ses étreintes avec son fiancé qu'espionnent en douce les élèves.

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Le cadre contemporain et l'humour atténue un peu des thématiques que l'on verra avec plus d'intensité dans ses œuvres suivantes. Isao par ses manigances rend le fiancé d'Ikuko de moins en moins fiable à ses yeux et paradoxalement renforce leur attirance mutuelle, leur coït trouvant une intensité plus grande encore et filmée sur le vif par Noboru Tanaka. Cette excitation renforcé par l'incertitude annonce bien sûr le très anxiogène La Véritable histoire d'Abe Sada (1975) où il donnait une étouffante relecture du même fait divers ayant inspiré Oshima pour L'Empire des sens (1976). L'amour obsessionnel nourri de fantasmes et de voyeurisme d'Isao prépare également aux visions d'un Japon libre de ses perversions dans le cadre des années 20 sur La Maison des perversités (1976). Enfin le côté douloureux (Isao préférant la frustration tant qu'il n'a pas eu Ikuko plutôt que de suivre ses camarades chez une prostituée) et le plaisir transgressif de cette impossible romance élève/professeur développe déjà les idées de Bondage (1977) le biopic que Tanaka consacrera à l'artiste Seiu Ito.

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Tout cela passe par le visuel plus que par la construction maladroite du scénario. Les scènes d'amours prennent un tour de plus en plus oniriques au fil du récit, comme pour nous faire douter que l'ensemble n'est pas une prolongation du fantasme d'ouverture et que nous nous trouvons dans l'esprit d'Isao. L'adversité semble rendre l'attirance irrépressible, Ikuko s'accrochant à la fois à son amant quand il est le plus vulnérable et cédant enfin à Isao alors que celui-ci a commis l'irréparable. Le plaisir semble reposer sur ce danger et cette transgression morale, Noboru Tanaka faisant apparaître symboliquement des flammes autour d'Ikuko et Isao lors de leur sensuel rapprochement qu'il filme avec une lenteur savamment calculée. Malgré le ton comique qui atténue parfois la portée dramatique et les quelques maladresse narratives, une œuvre très intéressante où s'exprime déjà tout le brio de Noboru Tanaka qui fera bien mieux par la suite. 4/6

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