Sergio Corbucci (1926-1990)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kevin95
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Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Kevin95 »

Effectivement, elle est folklorique. Mais je crois être tellement fan du film, qu'ils auraient fait une fin avec des aliens enlevant Kinski que j'aurai eu quand même les larmes aux yeux.
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Julien Léonard
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Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Julien Léonard »

J'avais vu cette "fin alternative". C'est tout de même n'importe quoi, et cela tranche tellement avec le ton du film...

Au passage, pour les amateurs, El mercenario est également un très grand film. Companeros aussi. Je dois dire que j'aime beaucoup la vision révolutionnaire de Corbucci, très crue bien entendu, et surtout pleine d’acuité : tout le monde est renvoyé dos à dos. Franco Nero leur impose une prestance magique, comme d'habitude.
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Cololi

Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Cololi »

Julien Léonard a écrit :J'ai revu il y a peu le Django de Corbucci. C'est dantesque ! Peu à peu, au fil du temps, je deviens de plus en plus sensible au genre du western italien (ce qui n’était pas gagné, tant je réprouvais le genre depuis longtemps !). On peut être un "fordien" convaincu (Ford reste peut-être mon cinéaste préféré...) et adorer cet univers tout à la fois opposé et dans la continuité le cas échéant. Il suffit juste de bien tomber, car tout n'est pas bon à prendre, loin de là.

Quelle leçon que ce film, et il y a tant à en dire... C'est d'une concision et d'un foisonnement insolents.

Si les séquences d’anthologie ne manquent pas dans ce Django (que d'ailleurs je préfère ne pas comparer une seule seconde avec le truc de Tarantino...), j'en retiendrais une en particulier, la première du film. A l’inverse du western américain qui débute souvent par un héros à cheval au milieu d’une nature magnifique, Django oppose son étranger sorti de nulle part, voyageant à pieds, dans la boue et sous la pluie, et tirant inlassablement ce cercueil derrière lui. Avec cette image iconique insaisissable, Corbucci y projette l’essence même du cinéma populaire de qualité à la fois fun, provocateur, sensible et intelligent. Car si cette idée du cercueil compose effectivement une brillante idée de scénario, elle impose également son étrangeté philosophique aux yeux du spectateur. Django traîne avec lui ce cercueil, mécaniquement, tel un spectre. Est-ce le symbole de la mort qu’il amène dans son sillage partout où il va ? Est-ce encore le symbole de sa propre finitude ? Voilà donc un drôle de Sisyphe traversant des terres inhospitalières, et dont la puissance d’évocation funeste troublera durablement le spectateur. Un chef-d’œuvre, dénué de la moindre trace de concession humaniste.

Et je ne parle pas du Grand Silence, revu récemment également, et qui m'a traumatisé comme peu de films ont su le faire. Cette fin apocalyptique et d'une cruauté furieuse, c'est terrifiant.
Euh je pense franchement que tu as tort de mépriser le Django de Tarantino (peut être arrivera t-il au même salut que les Corbucci que tu disais ne pas vraiment aimer jusque là).
Pour le reste ... le Grand Silence c'est effectivement effrayant comme sûrement aucun autre western. Et Kinski comme personnification de ce nihilisme faisant très froid dans le dos ... c'est tout simplement une idée de génie. Surtout que ça constraste avec l'humanité de Trintignan ... et la beauté de la veuve !
Quant à Django ... c'est effectivement très bon, mais je ne le mettrais pas à la hauteur du Grand Silence.

Du coup n'ayant pas vu El mercenario et Companeros, ton message va m'encourager à les voir (j'avais vraiment peur de tomber sur des trucs très moyens).
Julien Léonard
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Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Julien Léonard »

Je n'ai jamais aimé le cinéma de Tarantino, et ce depuis plus de quinze ans. :oops: Pire, il me frustre et génère chez moi un ennui mortel allant en empirant au fil des visions... Mais je n'ai pas tellement pour habitude d'enfoncer quelque-chose que je n'aime pas pendant de longues diatribes. A ce niveau, je préfère être lapidaire. J'ai vu deux fois son Django unchained, et n'arrive pas à imprimer ni les meilleures scènes ni le brio du film. Je pense que lui en tant que cinéaste et que moi en tant que spectateur sommes profondément incompatibles. Mais en tant que cinéphiles, on se rejoint sans doute beaucoup. Mais bon, ce n'est sans doute pas le bon topic pour en discuter. Je ne méprise pas Tarantino, je lui reconnais même son savoir-faire technique et ses indéniables talents de directeur d'acteurs. Mais son œil de cinéaste me fatigue, son brio de réalisateur m'agace, je n'y trouve que substance creuse. Le tout renforcé par des motifs très empesés. Mais là encore, c'est mon avis. Je sais que l'homme a des millions de fans, et c'est parfait ainsi.

Concernant le Django de Corbucci, allez, je me laisse carrément aller, je trouve que c'est un film inouï. Un immense chef-d'oeuvre. Il ne subsiste pas une séquence qui ne soit toute entière livrée au contact de la furie, de la barbarie, de l’inconscience, de la violence, de l'instinct et de l'ambiguïté. C'est tellement austère, avec pourtant cette touche de baroque très "opéra bouffe" à l'italienne, et tellement sombre, que je n'en reviens pas que l'on ai pu enfanter de tels films à un moment donné, et que les spectateurs aient été les voir comme des divertissements de seconde main, juste pour le fun. C'est un dialogue constant et unique entre la culture dite "basse" et la culture dite "haute" (notez les guillemets... mais je suis confronté à ces questions au quotidien dans mon travail) dans un parfait mélange de récit dégénéré. Un film viscéral. Mais le cinéma de genre italien de l'époque (souvent appelé "bis" pour des raisons que je ne partage pas toujours) était ainsi : le giallo, le neo polar, le western...

Je pense qu'on peut être exalté par un Spielberg parce qu'il donne à voir ce qu'il y a de meilleur en nous (je prends ce cinéaste, mais cela aurait pu être un autre... même si cette assertion est toujours discutable), mais je pense également que l'on peut être saisi à la gorge par un Corbucci parce qu'il donne à voir ce qu'il y a de pire. C'est un cinéma sans grâce (quoique), délétère et tragique, avec une pointe de romantisme. Somme d'éléments que l'on retrouve à plein régime dans Le grand silence, plus fort et audacieux sur de nombreux points. Ce n'est pas un cinéma qui met le spectateur à l'aise, c'est même tout à fait inconfortable.
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Cololi

Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Cololi »

Ce que moi je trouve dommage chez Corbucci, c'est qu'il ne s'appliquait vraiment pas sur l'image. Alors que l'histoire, la musique, les acteurs, la mise en scène sont très bons (je parle des 2 seuls que j'ai vu pour le moment - Grand Silence et Django) ... c'est sûr que ce n'est pas Leone sur le plan de l'image ... et c'est dommage.
Julien Léonard
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Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Julien Léonard »

Cololi a écrit : c'est sûr que ce n'est pas Leone sur le plan de l'image ... et c'est dommage.
Justement, oui. Je suis entièrement d'accord. Formellement, les deux diffèrent de façon gigantesque. Corbucci n'est pas Leone, et heureusement d'ailleurs ! Leone avait le soin du cadre, utilisait des focales très longues ou très courtes, travaillait chaque plan comme le morceau d'une superbe mosaïque au bout du compte très belle. Corbucci possède en vérité une esthétique très marquée, il prend grand soin de l'image, mais d'une façon radicalement opposée.

Ces plans voyant Kinski déambuler sur une montagne enneigée (au cadre tremblant et oppressant, comme tétanisé par le froid et la morbidité de cet univers) sont recherchés comme tel. Il filme à l'instinct, de façon très sensorielle. Leone est beaucoup plus technique. Et encore, je ne puis être entièrement certain de ce que j'avance.

Le générique d'ouverture de Django est une longue suite de plans formidablement composés et qui génèrent beaucoup de sens. La scène de bagarre dans le saloon, avec les mexicains qui entourent les deux hommes, répond à l'urgence et à la violence d'une situation. De même que les scènes de boue, d'attaques (chaotiques), d'échanges de coups de feux... Corbucci a un œil extrêmement aiguisé. Que son esthétique soit plus sordide et plus boueuse (plus instinctive) que celle bien plus préparée d'un Leone, n'en fait pas pour autant une mise en scène moins bonne. Au contraire, je trouve les deux univers passionnants. Mais de toute façon, il me semble que le problème se situe aussi ailleurs. Dès que l'on parle de western italien, on revient à tout comparer à Leone. Un peu comme si l'on comparait tout le neo polar italien à la seule figure incarnée par Fernando Di Leo. Or, si je devais composer un top 10 de mes westerns transalpins préférés, il n'y aurait sans doute qu'un seul de ses films. Tout cela pour dire que lorsque je regarde un film de Corbucci, je ne pense jamais au travail de Leone en comparaison. Les histoires diffèrent, les univers aussi, le point de vue sur le monde est très différent là encore... Je trouve heureux que leurs styles soient à ce point dissociables. Il est dommage de réduire Corbucci, Sollima, Damiani ou autres à la seule évidence d'un Sergio Leone. Il a lancé un élan, créé un espace différent, mais en se servant du classicisme américain. Leone le disait lui-même, c'est un continuateur de Ford. Tant sur le point fondamental que plastique (même si ce second élément est beaucoup plus discutable). Corbucci est en rupture totale avec ce classicisme. C'est un cinéma qui ne ressemble en rien à Ford ou au western américain classique. Il se veut même son contrepoint. Le début de Django est un choc énorme de ce point de vue-là aussi : le générique ne fait que renverser totalement les valeurs esthétiques du début d'un western américain. Il est plus proche d'un Peckinpah, qui d'ailleurs se réclame aussi de Corbucci. C'est d'ailleurs visible lorsque l'on regarde Le grand silence. Peckinpah et Corbucci ont des approches assez similaires, même si elles demeurent très éloignées sur bien des points. Mais il s'agit dans le fond d'un cinéma très misanthrope (avantage Corbucci sur cet argument), très brumeux, très cruel.

Corbucci est un fabuleux compositeur d'images. Ce n'est pas parce qu'elles sont plus rapides, sordides, frénétiques, qu'elles sont moins belles. Ces jugements esthétiques sont discutables, oui, mais à mon avis trop difficiles et en fin de compte peu intéressants à trancher. Dit-on que les westerns d'anthony Mann sont moins beaux que ceux de Ford ? On n'y pense jamais à dire vrai. Les deux cinéastes avaient une vision très personnelle de l'ouest. Ce serait valable pour un Walsh comparé à un Hawks. Cela n'a, je pense, pas vraiment de sens.

Corbucci est un cinéaste explorateur à sa façon. Et de Leone, il ne prend qu'un point linéaire (un anti-héros inconnu et insaisissable confronté à des guerres sans fin), pour le dépasser, le détruire, et le relancer à sa façon. Au bout du compte, son Django "personnage" n'a plus rien à voir avec l'homme sans nom de Leone. Pour ma part, si l'on va par là, je prends plus de plaisir avec Corbucci. Parce que l'expérience de cinéma qu'il m'offre est très anticonformiste, encore à l'heure actuelle. Peut-être a-t-on trop vu/étudié les Leone ? Je n'en sais rien. Mais là où le cinéma de ce dernier m’apparaît riche et limpide, celui de l'autre m’apparaît rugueux et presque fantastique. Il n'y a qu'à voir leurs westerns de révolution. Il était une fois la révolution est une fresque magnifique (peut-être son meilleur film, qui sait...). Mais à côté, qu'est-ce que j'aime le foisonnement perpétuel, la grande bringue dévastée et totalement effrénée de El mercenario. En 1H45 de temps, il faut voir avec quelle énergie et quelle audace visuelle Corbucci révèle ses personnages, les défait et les reforme autour de projets totalement irréconciliables. Là aussi, la fin est belle.

En bref, je trouve les films de Corbucci très beaux, mais à leur manière. Et je pense qu'ils sont assez bien composés tout de même... Il suffit de jeter un œil à ces captures.

http://www.dvdclassik.com/critique/le-g ... e-corbucci

Il faut regarder le plan final de Django : une série de croix de cimetière entrelacées, desquelles se dresse la silhouette d'un Django affaibli mais triomphant. Au premier plan, son revolver posé à jamais sur une croix, la crosse laissant le sang couler. A l’arrière plan, un homme qui s'éloigne, qui s'efface progressivement du désastre. C'est tout de même magique.
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Cololi

Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Cololi »

Je ne voulais bien sûr pas dire qu'il ne pouvait pas être fort choisir pour ses plans pour exprimer de façon très précise ce qu'il veut montrer. Simplement évidemment quand on regarde Leone on reste sidéré par l'image, ce n'est pas le cas ici. Mais bon ... je reconnais bien volontiers que ce n'est pas forcément pertinent comme opposition dans le sens où pour moi Leone c'est un sommet.

Chez Leone, je suis d'accord, l'histoire est plus classique, c'est moins corrosif ... Mais l'intérêt chez lui ne réside évidemment pas là.

Et j'ai commandé El mercenario ... tu peux être fier de toi :uhuh:
Julien Léonard
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Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Julien Léonard »

Cololi a écrit :Je ne voulais bien sûr pas dire qu'il ne pouvait pas être fort choisir pour ses plans pour exprimer de façon très précise ce qu'il veut montrer. Simplement évidemment quand on regarde Leone on reste sidéré par l'image, ce n'est pas le cas ici. Mais bon ... je reconnais bien volontiers que ce n'est pas forcément pertinent comme opposition dans le sens où pour moi Leone c'est un sommet.

Chez Leone, je suis d'accord, l'histoire est plus classique, c'est moins corrosif ... Mais l'intérêt chez lui ne réside évidemment pas là.

Et j'ai commandé El mercenario ... tu peux être fier de toi :uhuh:
C'est évidemment une question de sensibilité aussi. Sinon, pour El mercenario, tu me diras ce que tu en as pensé. :)
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Cololi

Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Cololi »

Je viens de voir El Mercenario.

Je suis mitigé : globalement un film sympa ... mais vraiment sans plus. C'est quoi qui le plombe ? Certaines vulgarités (la mitraillette et les morts qui tombent ...), et puis un scénario qui fini par intéresser tardivement. Corbucci ne s'applique guère au détail du scénario ... ni à l'image ... et c'est quand même très dommage, car le potentiel est là.
Bref : à regarder, mais il faut déjà être amateur de western spaghetti franchement (je crains de ne pas en être un vrai ... moi ce que je vénère ... c'est Leone, et c'est franchement différent des "vrais" western spaghetti). Heureusement ... il y a Morricone, qui fait encore dans le génial.
Bref je conseille de le regarder (mais pas aux allergiques, clairement, et à condition de ne pas s'attendre à un chef d'oeuvre).

Un peu moins bien que Django, beaucoup moins bien que Le Grand Silence (qui si on excepte Leone reste le chef d'oeuvre du genre - le seul ? :uhuh: )
Dernière modification par Cololi le 15 juin 16, 08:01, modifié 1 fois.
Julien Léonard
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Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Julien Léonard »

Excepté en ce qui concerne les allergiques potentiels au western italien dont tu fais la mention, je signe mot pour mot l'exact inverse de ce que tu dis. :mrgreen: Même si je comprends ton point de vue.

C'est ce maelström, cette frénésie, cette folie du détail tous azimuts qui fait le génie de la réalisation de Corbucci. C'est du délire. Il y a une tonne d'énergie et d'idées à chaque plan. En comparaison, Companeros ira d'ailleurs encore plus loin encore dans le burlesque, avec des séquences vraiment drôles, mais s’apparentera bien davantage à une comédie d'aventure aux relents dramatiques. Et d'ailleurs, je n'ai cessé de penser à Tintin durant tout le film, tellement sa construction relève de l'imitation de style (dynamique, énergique, réglée comme un serial).

Après, en terme de composition plus "raffinée" (car encore une fois, je ne pense pas que l'on puisse vraiment comparer Leone et Corbucci... cela reste une question de sensibilité quant à ce qu'ils évoquent par l'image : la précision d'orfèvre dans un cas, et la folie furieuse dans l'autre), le Far West Story de Corbucci va bien plus dans ton sens. La photo est extrêmement soignée et les plans très étudiés sur une bonne partie des séquences. Mais le film est réservé aux initiés. c'est une très belle oeuvre, mais il faut pouvoir l'apprécier.

Si tu es intéressé par une maestria qui pourrait, dans un sens ou dans un autre, s'apparenter à du Leone (par là j'entends non une "imitation", mais bel et bien une "façon" de procéder similairement maniaque), j'aurais tendance à te suggérer des œuvres bien plus carrées telles que Le dernier jour de la colère de Tonino Valerii (pas une once de gras et une multiplicité d'enjeux sociaux et politiques à la densité remarquable -du rarement vu à ce niveau-là-), ou bien plus folles telle que Tire encore si tu peux de Giulio Questi. Il n'est pas nécessaire d'apprécier le genre pour apprécier ces films. Ils font partie du zénith du panier. Le Valerii impressionne par le nombre de ses enjeux et son intelligence implacable. Le Questi est l'un des films les plus fous et incroyables jamais réalisés : le cinéaste évite tout mauvais goût et enchaîne 110 minutes de rebondissements inattendus sans jamais s’essouffler. En outre, le film contient un lot substantiel de scènes jamais revues ailleurs (promesse assurée). Le point de vue et l'image "sens" font un merveilleux alliage chez ce cinéaste qui a été, c'est indubitable, traumatisé par la guerre. Il reste aussi Sergio Sollima, dont Colorado et surtout Le dernier face à face (Tomas Milian, Gian Maria Volonte... attention !) s'apparentent à de grandes leçons de mise en scène. C'est très lyrique, refusant souvent la violence graphique, et l'alliage fond/forme y fait merveille là encore.

Ne t'en fais pas, excepté Le grand silence, il existe un certain nombre de chefs-d'oeuvre chez le western italien. Les quatre titres que je viens de citer en sont des incontournables. Des films d'une grande humanité. Et ils prouvent que Leone a eu des suiveurs enthousiastes et essentiels. Et ce ne sont, pour finir, que des exemples.
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Cololi

Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Cololi »

Colorado, j'ai vu :) Graphiquement, c'est vrai que c'est assez beau, même si évidemment on est loin de Leone. Comment dire ... j'ai bien aimé, mais sans être bousculé. C'est là où l'on voit qu'il ne suffit pas d'aligner Lee van Cleef pour faire un chef d'oeuvre.

Le dernier face à face en revanche, je n'ai pas vu, mais ça fait partie des films que j'ai à l'esprit dans la catégorie "à voir" (mais j'attends ... que ce soit vraiment dispo ... voire que ça sorte en BR ...)

Quant au Le dernier jour de la colère de Tonino Valerii, Tire encore si tu peux de Giulio Questi, je note tes suggestions pour la suite de mes pérégrinations. :D

De Tonino Valerii j'ai vu l'excellent Mon nom est Personne ... dont seules les scènes tournées par Leone (et oui ... c'est étrange mais c'est la réalité ... il aurait voulu saboter le film qu'il n'y serait pas pris autrement) empêchent le film d'être un vrai chef d'oeuvre.
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Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Cololi »

Je précise quand même que dans El Mercenario ... il y a une scène absolument géniale ... c'est le duel ! Dans une arène ... avec le révolutionnaire en clown ... vraiment cette scène est anthologique. Dommage que le reste du film ne soit pas à cette hauteur.
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Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Kevin95 »

Hier, lors de la présentation d'une copie 4K d'Il grande silenzio (putain, c'te film !) à la tek, Jean-François Rauger a lâcher entre deux dithyrambes qu'il espérait prochainement programmer une rétro Corbucci.

Wait and see.
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Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Kevin95 »

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IL GRANDE SILENZIO (Le Grand Silence) - Sergio Corbucci (1968) révision

C'est l'histoire d'un film né sous une mauvaise étoile, qui depuis sa sortie accueillie avec indifférence, ne cesse de gagner en légitimité au point de figurer sur le podium des meilleurs westerns italiens de l'Histoire. Que de chemin parcouru par cette pépite noire, mise en scène par un Sergio Corbucci dégouté de passer encore et toujours derrière son frère ennemi Sergio Leone et qui avec Il grande silenzio entend jeter toute sa mélancolie, son cynisme et sa radicalité à la gueule des spectateurs blasés du genre. Le coup aurait pu faire du boucan si le concurrent, cette même année, le même mois (décembre 68), ne remportait la mise avec une destruction du genre moins agressive et plus grandiose via le carton C'era una volta il West (Il était une fois dans l'Ouest). Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas, et hormis Django en 1966, Corbucci n'a cessé et ne cessera de se contenter des morceaux laissés par Leone avant de lâcher l'affaire et conduire sa carrière à la fin des années 70 en pilotage automatique. Avec le temps, son chef d'œuvre Il grande silenzio sort sa tête du trou avant de s'imposer comme une œuvre essentielle pour qui parcourt l'Histoire du western, italien ou international. Car derrière cette énième histoire de vengeance, se cache une œuvre brutale, déchirante, malaisante, fascinante et attachante. De la musique d'Ennio Morricone (période je suis Dieu) à sa fameuse conclusion, d'un Jean-Louis Trintignant délicatement charismatique à un Klaus Kinski diablement redoutable, de la neige qui sature l'écran à la love story faite de silence (à juste titre), d'une pudeur émouvante, tout le film vise haut et marque durablement. Si le genre des pistoleros à l'italienne ne devait se résumer qu'à quelques titres, Il grande silenzio serait évidemment dedans, allant jusqu'à faire de l'ombre au successful Django. L'Histoire est sur le point de rendre justice au métrage et à un réalisateur plus complexe que l'image qu'en donne sa filmographie. Sublime.
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Re: Sergio Corbucci (1926-1990)

Message par Jeremy Fox »

Bluff chroniqué par Florian Bezaud. Le film est sorti en DVD chez ESC.
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