Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1970)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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LE PETIT TOUCHE A TOUT / LES MATINS CLAIRS (Morgens um sieben ist die Welt noch in Ordnung) de Kurt HOFFMANN – 1968
Avec Gerlinde LOCKER, Werner HINZ, Peter ARENS

Gaylord, bon petit diable de 7 ans est un gamin attachant et très turbulent qui multiplie les farces et les bêtises. Il vit à la campagne, entouré de son père, de sa mère, de ses deux tantes qui se chamaillent sans arrêt et de son grand-père. L’enfant est fasciné par un joli presse papier que possède un jeune voisin attardé…

Cette délicieuse comédie familiale inter générationnelle a remporté un succès considérable en Allemagne en 1969.
Elle est tirée d’un roman anglais de Eric Malpass, qui fut aussi adapté pour la télé française sous forme de mini série : mon ami Gaylord) (j’imagine que beaucoup de gens de mon âge n’ont pas oublié les aventures du remuant gamin dont le grand père était incarné par Christian Barbier et la maman par la jolie Sylvie Fennec.)
En tout état de cause, la version allemande est vraiment réussie, alerte et parfois très drôle en brossant avec malice le portrait de différents personnages d’une même grande famille vivant tous dans la même demeure : une tante un peu coincée qui croit rencontrer l’homme de sa vie, alors que celui-ci drague sa sœur, une grand-tante à côté de la plaque, une maman adorable. Certes, ce n’est peut-être pas très subtil, mais cela fonctionne bien. C’est à la fois gentil comme tout, cocasse et tendre. Si parfois les évènements sont tristes (la mort de la grand-tante et son fauteuil laissé vide), la vie prend aussitôt le dessus avec l’intrépide gamin qui répète tout ce qu’il voit, multiplie les questions sans en écouter les réponses, s’impose partout, mais dont l’énergie incroyable rythme la vie de la maisonnée.
Certaines images comme la vieille dodoche du fiancé de la tante écervelée, avec son plaid écossais sur la banquette arrière ont un délicieux parfum d’enfance.
La musique de James Last, très « easy listening » remporta un succès aussi gros que le film (une suite sera tournée l’année suivante avec le même gamin (Archibald Eser) et grand père, mais sinon d’autres comédiens.
Apparemment Archibald Eser n’a pas poursuivi sa carrière à l’écran par la suite.
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MANDRAGORE, LA FILLE SANS AME (Alraune) de Arthur Maria RABENALT – 1952
Avec Hildegard KNEF, Erich VON STROHEIM et Karlheinz BOEHM

Un antipathique vieillard pratique des expériences étranges dans les caves de son manoir. Son neveu tombe amoureux de sa fille Mandragore avant d’apprendre l'horrible vérité : Mandragore est en fait le fruit d'une insémination artificielle ayant été effectuée sur une prostituée avec la semence d'un criminel condamné à la pendaison ! Maléfique, elle est vouée à conduire les hommes à leur malheur...

La Mandragore est d’abord un roman de Hanns Heinz Ewers paru en 1911 (L’auteur s’est basé sur une vieille légende qui prétend que la semence des pendus pouvait féconder le sol, et que de celui-ci naissait alors une étrange racine, la mandragore, utilisée dans de nombreux rites magiques). Un romancier dont les récits souvent macabres et érotiques lui ont conféré une réputation d'écrivain scandaleux…mais inspiré beaucoup les cinéastes. Ainsi sa Mandragore fut maintes fois portée à l’écran, surtout à l’époque muette.
Cette version de 1952 est vraiment réussie. Non seulement cet étrange récit incroyablement futuriste (on y évoque les manipulations génétiques et fécondations artificielles !) étonne mais surtout une palpable atmosphère gothique vient nimber le film d’un fascinant voile d’épouvante.
Lentement mais sûrement, le film distille son parfum de mystère et de magie tout comme le personnage de la mandragore fascine, séduit et détruit ceux qui l’entourent (elle pousse une amie au suicide, va provoquer la mort de 3 prétendants, etc…). Arthur Maria Rabenalt dont le talent de cinéaste ne m’a jamais ébloui (il est notamment l’auteur d’un Tsarévitch bien moche avec Luis Mariano), révèle ici des capacités insoupçonnées avec un sens de l’image d’une grande élégance (je pense à un gros plan d’Hildegard Knef, dans un hamac, filmée par en dessous, où elle regarde à travers les mailles du filet, comme une araignée), une belle utilisation de la profondeur de champ des salles du château. Mais l’unité et toute la magie du film proviennent de la présence charismatique d’Erich Von Stroheim, en Svengali dominateur (dans Comme tu me veux, il tenait un rôle similaire , manipulant une Garbo amnésique ; ici, il ne veut pas que la créature qu’il a fabriqué lui échappe et n’hésitera pas à la tuer) et surtout d’une merveilleuse Hildegard Knef, d’abord froide et détachée puis gagnée par l’amour, et terriblement émouvante dans les superbes derniers moments du film (la dernière minute et le gros plan final de la star touchent au sublime : un très beau moment de cinéma fantastique). A voir.
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TAUSEND TAKTE UBERMUT de Ernst HOFBAUER - 1965
Avec Vivi BACH, Rex GILDO, Hannelore AUER, Elke SOMMER, Gunther PHILIPP, Peggy MARCH

Pour essayer de sauver une maison de disques au bord de la faillite, un jeune employé est envoyé en Italie pour tenter de séduire une chanteuse à la mode afin qu’elle signe un contrat avec la firme. Mais, celle-ci n’a d’yeux que pour son ex-mari…

Les « schalgerfilme » spécialité toute germanique sont des prétextes pour présenter des chansons à la mode (ici une dizaine) . On nous propose un chassé croisé de personnages et quelques quiproquos sur une plage de l’Adriatique, longée d’hôtels qui ressemblent de loin à des HLM : ça ne donne pas envie d’y passer les vacances ! C’est très moyennement drôle, plutôt médiocre. A la fin, Gunther Philipp que l’équipe de l’hôtel prenait à tort pour un millionnaire est démasqué et s’enfuit dans une course poursuite pas vraiment hilarante. Les chansons yéyé qui viennent s’intégrer dans le récit rentrent en général par une oreille pour ressortir par l’autre. On entend le premier tube allemand de Peggy March, chanteuse anglaise qui en profitera pour poursuivre sa carrière là-bas, un titre de Peppino de Capri, un succès sautillant de Rex Gildo.
Le réalisateur Ernst Hofbauer se concentrera ensuite sur le cinéma porno avant de tourner des films en Turquie avec l’inénarrable Alain Delon turc (Cuneyt Arkin), le roi du nanar pourri.
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Une scène de tarte à la crème, qui situe en une seconde le niveau du film
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AU VOLEUR ! (Affäre Nabob) de Ralph HABIB –France/Allemagne 1960
Avec OE HASSE, Perrette PRADIER, Paul GUERS, Sonja ZIEMANN et Mary MARQUET

Une ravissante aventurière s’éprend d’un apprenti voleur convoitant un diamant hors de prix, le Nabab, que la demoiselle est parvenue à subtiliser à son richissime protecteur …

En 1957, alors qu’il était très malade, Sacha Guitry a écrit le scénario complet, les dialogues, le découpage d’Au voleur qu’il n’a jamais pu mettre en scène. Jean-Bernard Luc a repris et remanié complètement l’ouvrage pour aboutir à cette comédie policière confuse : de vol en substitution de bijou, j’avoue avoir un peu décroché ou n’ai-je pas été assez attentif. A la fin, je ne savais plus qui était le voleur ou la victime. Le film est assez mou, et à sa sortie Les cahiers du cinéma ont mentionné que « Les voleurs sont évidemment ceux qui osent s'emparer du nom de Guitry (auteur du seul point de départ) pour couvrir la plus morne des comédies policières ». L’ouvrage n’est pourtant pas déplaisant et plutôt bien filmé : Perrette Pradier est absolument ravissante et tient fort bien son rôle, OE Hasse, mystérieux à souhait dans son personnage à la Von Stroheim. Sinon, j’ai trouvé que le film avait du mal à trouver son style…en tous les cas, mis à part quelques phrases (comme les commentaires sur les riches oisifs se dorant près de la piscine), le film manquait du style Guitry, hélas.
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HANUSSEN, L’ASTROLOGUE D’HITLER (Hanussen) de OW FISCHER et Georg MARISCHKA – 1955
Avec OW FISCHER, Liselotte PULVER et Klaus KINSKI

Ce film retrace la carrière et la fin tragique d'Hanussen, personnage mystérieux connu comme étant l'astrologue d'Hitler. À Berlin il s'éprend d'une jeune et jolie romancière opposée aux idées nazies. Pour la sauver des SS, Hanussen l'aide à fuir vers la France, mais il est dénoncé par son imprésario nazi fanatique et illuminé ...

Erik Jan Hanussen (1889-1933) était un voyant, hypnotiseur et artiste de music-hall célèbre en Allemagne durant l'entre-deux-guerres. Il est notamment connu pour avoir conseillé Hitler au début du nazisme, sur la façon de mettre en scène ses discours.
Mis en scène par l’acteur OW Fischer (comédien très populaire en Allemagne dans les années 50, adoré les midinettes et notamment par Françoise Hardy, qui l’adorait), Hanussen est une bio très intéressante qui démontre et démonte l’art de manipuler les foules et de contrôler les masses, en employant une gestuelle particulière et sachant toujours rebondir. En un tournemain et deux déclarations, le magicien parvenait à retourner un procès en sa faveur. Si le film évoque une rencontre du voyant avec Hitler, dont il semble au départ partager les idées (surtout par opportunisme), on ne voit jamais le dictateur ni les cours et conseils que le magicien lui aurait prodigué. Le visage fardé, les cils noircis, le regard illuminé toisant le public, dans une atmosphère quasi expressionniste, OW Fischer incarne magistralement le magicien avec toute l’autorité nécessaire. Dans cette période particulièrement trouble, Il a l’air inquiétant du maître de cérémonie du film Cabaret. Il est excellent dans la troublante scène où il a une vision de tous les malheurs que vont apporter le IIIème Reich : c’est vrai qu’il y avait de quoi avoir des frissons d’horreur !
Un film troublant, intelligent et réussi.
Une bonne réédition de René Château (avec pas mal de souffle en fond sonore, néanmoins).C'est une VF avec notamment Martine Sarcey qui double la toujours très fine Liselotte Pulver.
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riqueuniee
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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Sur le même sujet, j'ai vu un film de Istvan Szabo (1988) avec Klaus Maria Brandauer (très bon film, d'ailleurs). J'ignorais qu'il avait eu un prédécesseur. Cette première version a l'air intéressante (dommage qu'il n'y ait pas de VO).
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UNE CHANSON FAIT LE TOUR DU MONDE (ein lied geht um die welt) de Geza VON BOLVARY – 1958
Avec Hans REISER, Sabina SESSELMANN, Theo LINGEN et Ruth STEFAN

La vie tragique de Joseph Schmidt, chanteur d’opéra et star du cinéma autrichien du début du parlant.
L’avènement du nazisme va contraindre la vedette à un exil incessant. Epuisé, il s’éteindra dans un camp de prisonnier en Suisse en 1942, après avoir fui la France.


Joseph Schmidt fur un ténor particulièrement célèbre grâce au cinéma au début des années 30 (j’ai parlé de 2 de ses films sur le topic cinéma allemand 1929-1945). Même si sa très petite taille (1 m 50) l’empêcha de tenir des grands rôles sur scène, il enchaîna les récitals (il excellait notamment pour les mélodies de Schubert et Lehar) et devint une star de cinéma, avant que les nazis n’empoisonnent le reste de son existence.
Ce biopic présente la triste vie du chanteur en ajoutant dans le scénario encore plus de pathos et de situations mélodramatiques, alors que la réalité était déjà bien cruelle. Ici, l’artiste meurt d’épuisement en camp de travail, alors qu’il vient tout juste de recevoir enfin une lettre de sa maman et juste avant que sa femme n’arrive avec à la main, les documents qui lui auraient permis de sortir de ce camp de travail où il a perdu la santé.
Le film est réalisé comme un mélo lacrymal à l’ancienne, entrecoupé d’innombrables chansons du ténor (hélas, le cinéaste a surtout retenu ses chansons de films comme son tube « ein Lied geht um die Welt »plutôt que les airs d’opéra) et de quelques facéties de Ruth Stefan. Sans doute pour ne pas trahir la mémoire du chanteur, c’est sa voix qu’on entend dans les parties musicales, ce qui fait tout de même bizarre, car on a toujours l’impression qu’elle sort d’un vieux 78 tours. Dommage en revanche que l’acteur qui l’incarne ne lui ressemble pas du tout. Je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec la pièce Les derniers jours de Stefan Zweig qui se joue actuellement au théâtre Antoine (avec Patrick Timsit), car c’est le même enfer de l’exil que traverse le chanteur avec tout ce qu’il peut avoir de déstabilisant et de démoralisant (Joseph Schmidt se retrouve séparé de son épouse et de sa maman, ignorant ce qu’ils deviennent).
Mais ici, le sujet est traité sous forme de mélo, daté et sentimental : l’émouvante histoire du chanteur touche néanmoins. On notera que son metteur en scène Géza Von Bolvary a beaucoup tourné de films sous le troisième Reich (des comédies musicales et opérettes surtout), et qu’il était considéré comme « un fidèle serviteur du régime nazi ». A-t-il voulu se racheter une conduite avec ce film ?
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LA PARADE DES SUCCES (Schlagerraketen) de Erik ODE – 1960
Avec Peter KRAUS, Conny FROBOESS, Heidi BRUHL, Nat King COLE, Cab CALLOWAY, Duke ELLINGTON, Teddy RENO, Camillo FELGEN, Vivi BACH, LOLITA, Vico TORRIANI, Jacqueline BOYER…

Camillo, animateur du hit parade de RTL organise un grand festival de la chanson "le festival des coeurs".

Encore, un schalgerfilm, c’est à dire un défilé de chansons reliées par un prétexte encore plus insignifiant que d’habitude. Le résultat est assez affligeant car musicalement, ce n’est pas très intéressant hormis les vedettes américaines qui chantent ou jouent leurs plus gros tubes : Nat King Cole entonne Mona Lisa, Duke Ellington joue Sophisticated lady et Cab Calloway Hi de Ho. Ces extraits sont visiblement rajoutés, et peut être tournés des années auparavant aux USA.
Sinon, côté allemand, on a droit à de la variétoche insipide. Les très charmantes Heidi Brühl et Conny Froboess se détachent un peu du lot. Je ne comprends pas pourquoi le présentateur vedette de radio Luxembourg, Camillo Felgen, se contente de jouer son rôle et ne chante rien ici alors que cette même année il triomphait dans toute l’Europe avec son slow Sag warum. La française Jacqueline Boyer , qui fredonne un air aussi oubliable que le reste, remporta la même année l’eurovision avec Tom Pillibi.
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MELODIE VIENNOISE (Wiener melodien) de Theo LINGEN et Hubert MARISCHKA– Autriche - 1947
Avec Elfie MAYERHOFER et Johannes HEESTERS

Dans un orphelinat, deux sœurs sont recueillies par des familles différentes. Douées toutes les deux pour le chant, elles vont finir par se retrouver 20 ans plus tard à Vienne, après que leur incroyable ressemblance ait crée quelques confusions auprès de leur entourage respectif.

Theo Lingen, célèbre acteur de comédie, abonné aux seconds rôles de valet dans de charmantes opérettes filmées, a tenté sa chance à l’occasion derrière la caméra. Son film « Mélodies Viennoises » est une comédie musicale assez sympathique, qui manque pourtant un peu de cette légèreté, cette impertinence et cette élégance qui ont marqué les meilleurs films du genre. Les amateurs de musique légère ne seront pas déçus car la divette Elfie Mayerhofer, dans son double rôle, chante très souvent, une bonne sélection de mélodies viennoises. Au programme, l’Ave Maria de Gounod, fort bien interprété par la voix aérienne de la chanteuse aussi belle à voir qu’à entendre et à la fin, rêve de printemps de Strauss par Elfie en duo avec elle-même. Assez sympathique et très musical.
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RHEINSBERG de Kurt HOFFMANN – 1967
Avec Conny FROBOESS, Christian WOLFF, Werner HINZ et Ruth STEFAN

En 1912, lors d’un week-end romantique dans la ville de Rheinsberg, un charmant bourg dans les environs de Berlin, un jeune couple se remémore leur première rencontre …

Rheinsberg est l’adaptation d’un roman de Tucholsky « Rheinsberg, un livre d'images pour amoureux », qui avait touché en 1912 un large public en raison de son style frais et léger, inhabituel à l'époque. Le film de Kurt Hoffmann, un cinéaste doué pour la comédie, nous propose une reconstitution à la fois soignée(les décorateurs et costumiers ont fait un travail remarquable, c’est certain) , fraiche et nostalgique d’une époque révolue, avec ce jeune couple sur lequel la caméra s’attarde avec une tendresse certaine : certes, il y a le charme timide de Christian Wolff, et celui plus piquant de Conny Froboess (la chanteuse yéyé des années 50-60 sera très applaudie pour son premier film non musical), mais …rien d’autre ! On s’attarde sur de petits riens et on s’ennuie ferme , car il ne se passe pas grand-chose. Le film est assez côté outre Rhin et j’imagine que les spectateurs ont été conquis par ce charme élusif et doucereux, ces sourires tendres, ballades dans les parcs, jolies jeunes filles aux grands nœuds dans les cheveux ?
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LES CONFESSIONS D’UNE PECHERESSE (Die Sünderin) de Willi FORST – 1951
Avec Hildegard KNEF et Gustav FROHLICH

Marina, prostituée, tombe alors amoureuse d'un peintre atteint d’une tumeur au cerveau. Pour financer les frais d'une intervention chirurgicale, Marina se voit contrainte de reprendre son ancien « travail ». Hélas, l'opération n'apportera pas de guérison définitive. Pour abréger les souffrances de son ami, devenu aveugle, Marina accepte de l’aider à mourir.

Avis de Tom Peeping

En janvier 1951, cinq ans et demi après la fin de la guerre, le film qui allait réveiller pour de bon le cinéma allemand dévasté et frapper un grand coup dans la mémoire collective du pays sortait sur les écrans : Die Sünderin (Confession d’une pécheresse / The sinner) de Willi Frost. Aujourd’hui encore, l’évocation même du titre du film en Allemagne provoque toujours une petite réaction de connivence chez votre interlocuteur. Car Die Sünderin, est, près de soixante ans après sa sortie, le plus gros scandale qu’ait jamais connu le cinéma allemand grand public. Et l’irruption tonitruante dans le show-business allemand d’une de ses stars les plus controversées : la sublime Hildegard Knef. Le film reste pourtant trop peu connu hors des frontières germanophones.

A sa sortie, Die Sünderin fit l’effet d’une bombe : avait-on jamais vu autant de tabous alignés dans un seul film ? L’adultère, l’inceste, la prostitution, l’euthanasie et le suicide (double, qui plus est) traités en 83 minutes avec un titre racoleur digne d’une production de dessous le manteau. L’Eglise catholique attaqua la première et condamna fermement le film pour son amoralité notamment à cause de sa représentation de l’euthanasie et du suicide. Le traitement de l’euthanasie surtout frappa les esprits car la révélation des programmes d’euthanasie du Troisième Reich était encore toute fraîche et réveillait bien des démons dans la mémoire des allemands. Les associations familiales s’en mêlèrent, mais en se focalisant plutôt sur les thèmes de l’inceste et de la prostitution, jamais montrés aussi franchement au cinéma depuis le tout début des années 30. Hildegard Knef-"La pécheresse" devint le point de focalisation du scandale et alla jusqu'à recevoir des menaces de mort des légionnaires de la décence.

Mais ce n'était pas tout : le scandale s’amplifia encore quand le bouche à oreille fit état d’une scène dans laquelle Hildegard Knef était entièrement nue. Le moment existe bien mais est très court et – tout au moins vu aujourd’hui – d’une remarquable innocence : il s’agit de la scène où Marina pose nue pour son peintre de compagnon sur la pelouse de leur jardin. Si le plan large permet en effet d’apercevoir de très loin la nudité et les seins de l’actrice, les plans rapprochés cachent toute indécence. Ceux qui n’avaient pas vu le film furent évidemment les premiers – et presque les seuls - à hurler et on n’entendit qu’eux. Se doutant parfaitement que cette scène allait plus faire pour le succès du film que tous les autres audaces additionnées, Willi Forst intégra d’ailleurs une petite scène révélatrice dans laquelle deux jeunes hommes, pendant que Marina prend la pose en tenue d’Eve, passent en catimini par-dessus le mur du jardin et s’approchent d’elle pour se rincer l’œil avant d’être chassés par Alexander. Amusante métaphore sur le voyeurisme attendu du public. Il est aussi amusant de noter que "Die Sünderin" ne désigne pas, dans le film, le personnage de Marina mais bien le titre du tableau que son compagnon entreprend de peindre. Le public, évidemment, se mélangea les pinceaux et fusionna l'œuvre d'art au personnage... et à l'actrice elle-même (le titillant titre français Confession d'une pécheresse, exploite d'ailleurs cette confusion évidemment voulue par les auteurs du film).

Tout cela (le titre, le scandale des tabous brisés et de la nudité) fonctionna formidablement bien et quatre millions d’allemands se précipitèrent en 1951 pour voir le film qui fut, jusqu’à la sortie de Sissi (Ernst Marischka, 1955), le plus gros succès de l’histoire du cinéma allemand, période nazie non incluse. Il en reste aujourd’hui encore une date-clé et un film que tous les allemands connaissent au moins de titre, à défaut de l’avoir vu. On peut un peu comparer le phénomène à celui qui accompagna la sortie d’Emmanuelle en France en 1974, les deux films n'ayant autrement rien voir.

Mais à part du point de vue de l’audace du scénario, qui ne repose pas sur les outrances de l’histoire (après tout, le film est un mélodrame et la péripétie improbable est l’apanage du genre) mais sur le nombre de tabous évoqués et du point de vue de l’intérêt historique, Die Sünderin est-il un bon film ? Oui, assurément. Et cela pour plusieurs raisons.

D’abord, la réalisation de Willi Frost (1903-1980), un acteur-réalisateur qui commença sa carrière dans les années 30 avec des films musicaux et dont Die Sünderin est le chef-d’œuvre, permet miraculeusement au film d’éviter tout pathos. Le réalisateur, ayant jugé le risque majeur, compte-tenu du scénario, de plonger dans le mélodrame échevelé, décida de traiter chaque scène avec retenue, en filmant les moments à scandale avec un art superbe de l’évocation et non pas de la démonstration : l’adultère de la mère est signifié par une remarque du beau-père ; le viol de Marina par son beau-frère est montré par un plan sur le visage impassible de la jeune femme (on ne voit pas le corps du garçon) ; la scène du nu est traitée, comme on l’a vu, avec distance et le double suicide qui clôt le film est présenté sur un ton d’une tristesse élégiaque plus proche de la tragédie que du mélodrame.Les relations troubles et la promiscuité sexuelle de la jeune femme devenue prostituée sont en revanche suggérées par une étonnante scène de dancing où deux hommes dansent ensemble et où l’héroïne se fait embrasser sur la bouche par une collègue lesbienne (clin d’œil vraisemblable à Marlene et sa fameuse scène de Morocco). La musique, quant à elle, n’est pas intrusive, au contraire de bien des mélodrames, mais appuie avec une rare discrétion les émotions des personnages. Toujours dans cette volonté de distanciation et d’évitement du pathos, l’un des aspects les plus étonnants du film est son utilisation quasi-exclusive de la voix off. Dès le début du film, la narration – en flashback – suit presque tout le temps la voix grave d’Hildegard Knef qui raconte au spectateur l’histoire de Marina et seules quelques rares lignes de dialogues sont prononcées par les personnages (en voyant le film, je me suis d’ailleurs demandé si c’était un choix volontaire du réalisateur où une nécessite technique pour des raisons de coûts de production : je n’en sais rien mais l’effet marche très bien et c’est l’essentiel). Ainsi, de façon très paradoxale, Die Sünderin, qui avait tout pour être un mélodrame de haut-vol, se révèle en fait un drame qui ne se prête pas aux effusions lacrymales mais à un autre type de sentiment, beaucoup plus subtil et nuancé.

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Ensuite, Die Sünderin ose regarder en face une situation qui devait résonner avec force dans la conscience allemande du début des années 50 : celle de la détresse des femmes allemandes dans l’immédiat après-guerre, parfois obligées de recourir à la prostitution ou à d’autres activités peu recommandables pour assurer leur survie dans une société en ruines. Le personnage de Marina est le personnage central du film et son chemin de croix est exemplaire mais traversent sa route toute une cohorte d’autres personnages féminins – et quelques masculins - qui doivent aussi lutter et assurer leur existence en fermant les yeux sur la morale sociale. Le film ne prend pas parti, ni pour ni contre Marina, mais se contente de présenter son parcours sur un ton distancié, laissant le spectateur face à son propre jugement. Mais bien évidemment, le charme d’irrésistible innocence et le beau visage d’Hildegard Knef (admirablement photographié, comme tout le film, en noir et blanc), ne peuvent que faire pencher le spectateur le moins indulgent vers l’absolution du personnage. Die Sünderin peut être perçu comme un manifeste de tolérance et d’acceptation des actes et c’est sans doute une des raisons qui provoquèrent l’outrage des pourfendeurs du film à sa sortie : la société ne peut voir que ce qu’elle veut voir.

Et puis, il y a Hildegard Knef. A 25 ans, ce n’est pas la première fois qu’elle apparaissait à l’écran. Elle avait déjà à son actif quelques films dont un précédent succès, l’excellent Trümmerfilm Die Morder sind unter uns (Les assassins sont parmi nous, Wolfgand Staudte, 1946). Dans ce film, elle jouait une jeune prisonnière revenue d’un camp de concentration dans un Berlin en ruines et faisait déjà sensation par sa présence lumineuse. Die Sünderin devait être le véhicule qui la ferait passer au statut de première star allemande de l’après-guerre. Le projet marcha au-delà des espérances. Sa silhouette longiligne, ses longs cheveux blonds, son visage classique à la structure parfaite et aux yeux clairs (avec une très légère coquetterie dans le regard qui le rend d’autant plus émouvant) et sa voix chaude et grave, reconnaissable entre toutes, étaient les atouts imparables d’une star en puissance. Willi Forst exploita tous ces paramètres avec un maximum de flair et lui écrivit un personnage multiple, femme et enfant, pute et sainte, coupable et victime, impudique et détachée qui était un cadeau de rêve pour la jeune comédienne qu’elle était.

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Le triomphe de Die Sünderin fit entrer du jour au lendemain Hildegard Knef au Panthéon d’un cinéma allemand en reconstruction tout en lui collant pour toujours une étiquette sulfureuse avec laquelle elle fit affaire. Aujourd’hui encore, Marlene Dietrich et Hildegard Knef - qui étaient d’ailleurs super copines - sont sans doute les deux actrices originaires d’Allemagne les plus présentes dans la mémoire collective du pays. Il en est pour preuve le biopic sorti récemment - que je n’ai pas vu - Hilde (Kai Wessel, 2009) avec Haike Makatsch, tiré de l’autobiographie à succès de Knef, "Der geschenkte Gaul" / "A cheval donné" (1970). La même année que Die Sünderin, l’actrice jouait dans un formidable film américain, Decision before dawn (Le traître, Anatole Litvak, 1951) qui devait lui ouvrir les portes de Hollywood. Mais la sauce de prit pas vraiment avec le public d’outre-Atlantique et après quelques autres films moins intéressants, Hildegard Knef revint en Allemagne où elle continua une très brillante carrière d’actrice, de chanteuse (écoutez l’un de ses CD, vous serez sans doute accrochés par sa façon de chanter très originale, entre chant et parole), d’écrivain et d’invitée de shows TV. Les allemands laissèrent tomber son prénom et ne l'appelèrent plus que "Die Knef". Dans les années 60-70, ses prises de position franches et médiatisées pour l’émancipation des jeunes et des femmes et pour l’avortement provoquèrent encore des remous dans l’opinion publique mais son combat courageux et public contre le cancer (qui eut raison d’elle en 2002) lui rapporta un capital de sympathie qu’elle n’avait de toute façon jamais vraiment perdu.

Die Sünderin est donc un film passionnant à plus d’un titre et l’une des étapes majeures de l’histoire à rebonds du cinéma allemand (Die Sünderin aura un fan inconditionnel en la personne de Fassbinder, qui a souvent dit que ses propres mélodrames lui devaient beaucoup). Il faut le découvrir pour voir comment un seul film peut aider à reconstruire une industrie en lambeaux. Les fans de mélodrames et de films subversifs devraient y trouver plus que leur compte et les amateurs de belles femmes y feront une découverte inoubliable : Hildegard Knef à 25 ans, l’une des plus magnifiques jeunes actrices qui soit jamais apparue sur un écran. En plus d’être une personnalité terriblement attachante.

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Die Sünderin, fleuron du cinéma allemand, a bien sûr été édité plusieurs fois en DVD Z2 en Allemagne. L’édition à avoir est celle de Kinowelt / Kulture Spiegel / ArtHaus (sortie en 2009, photo ci-dessus). L’image et le son sont excellents. Il n’y a malheureusement pas de sous-titrage (ce qui ne m’a pas du tout empêché de très bien suivre le film avec mes pauvres rudiments d’allemand). Une fois encore, une édition française s’impose pour aider le film à être plus connu en nos contrées.[/quote]

Mon avis

Eh bien, comme Tom Peeping, ce film m’a beaucoup plu.
Déjà, j’aime beaucoup les œuvres de Willi Forst, acteur puis réalisateur spécialisé dans les comédies musicales viennoises à la fois légères, impertinentes, ce qui n’exclue pas une certaine profondeur. Le cinéaste n’avait tout de façon pas une large marge de manœuvre pendant la période nazie, et il a préféré se consacrer au film de divertissement plutôt que de se prêter à des films de propagande, et c’est tout à son honneur.
En abordant enfin un genre différent avec les confessions d’une pècheresse, Forst n’hésite pas à aller à l’encontre de ce que le public attend de lui. Déjà la forme est audacieuse : le film est composé de flash backs successifs, qui sont exposés en fonction des réminiscences de l’héroïne, et l’on sait à quel point le public d’alors (et même encore certains d’aujourd’hui) n’aimaient pas cette construction anti-chronologique. (Ce fut une des raisons de l’échec de Lola Montes). L’histoire nous est en très large partie contée ou plutôt confiée en voix off par Hildegard Knef : cela donne une tension dramatique et quelque chose de vibrant et d’intime au récit, qui fonctionne en effet très bien.
Sur le fond, Forst nous expose une Allemagne délabrée, déboussolée où les personnages (une fille perdue, un peintre déchu) semblent complètement paumés. Cette vision pessimiste et sombre, ce miroir renvoyé en pleine figure, a sans doute fortement déplu au spectateur de l’époque. Pourtant que cette passion désespérée entre les deux personnages principaux (émouvant Gustav Fröhlch et magnifique Hildegard Knef) est belle.
Outre l’inceste avec le demi-frère, il semble que le thème de l’euthanasie ait profondément choqué : il faut aussi comprendre que les nazis avaient intégré ce sujet à leur politique mais sous une acceptation aussi élargie que répugnante (L'extermination des malades mentaux et des handicapés physiques), qu’un film pour défendre l’euthanasie avait même été produit en 1941 (Suis un criminel) puis interdit par les alliés. Aussi, il pouvait sembler douteux et extrêmement malsain de ressortir le thème de l’euthanasie en 1950.
En tout état de cause, et malgré de criantes invraisemblances (notamment l’épisode du chirurgien retrouvé par miracle), les confessions d’une pècheresse est un film vibrant, une vraie réussite (Forst use de la caméra suggestive avec maestria) et un superbe rôle pour la grande Hildegard Knef.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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PARADE DES SUCCES (SCHLAGERPARADE) de Erik ODE – 1953
Avec Germaine DAMAR, Walter GILLER, Karl SCHONBOCK, Nadja TILLER, Johannes HEESTERS, Margot HIELSCHER, Maurice CHEVALIER, Lys ASSIA, Renate HOLM…

La danseuse Barbara veut aider son petit ami, compositeur malchanceux a percer dans le show businnes : elle lui emprunte une de ses compositions et fait croire qu’elle a été signée par un célèbre auteur pour lancer la chanson…

Parade des succès est le film qui lança en Allemagne, le sous genre des Schlagerfilme, revues filmées avec chansons à la mode. L’intrigue est quelconque mais le très jeune Walter Giller à la figure poupine y met de la conviction. La dernière partie se joue sur une scène immense en plein air, avec de nombreuses vedettes de la chanson. Maurice Chevalier chante « ça va »et danse une sorte de boogie décontracté : très sympa, mais comme la caméra se focalise soit sur son habile jeu de jambes, soit sur son visage, j’ai pensé qu’il était peut être doublé. Germaine Damar, la vedette luxembourgeoise, danse elle pour de vrai, et très bien d’ailleurs. Sa fraîcheur ingénue fait beaucoup penser à Vera Ellen(qui dansait quand même mieux qu’elle), dommage qu’elle soit si platement filmée et dans des décors noirs et blancs aussi moches et dépouillés. Les compositeurs Peter Kreuder et Michael Jary nous proposent un pot- pourri de leurs succès ; Johannes Heesters reprend son tube du film Je t’aimerai toujours ; la chanteuse de charme Margot Hielscher arbore un décolleté si vertigineux que c’est un miracle si sa poitrine ne sort pas complètement ; Lys Assia chante c’est la vie (en 1956, elle remportera le 1er grand prix eurovision et chante toujours aujourd’hui à 87 ans : dernièrement un numéro dance avec des rappeurs). Entre numéros jazzy et variété sirupeuse, un film à réserver aux amateurs de variété rétro (à noter la présence de l’orchestre américain de Stan Kenton et du trio Raisner).

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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Music Man »

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LE CHARME DE DOLORES / LES JOLIES JAMBES DE DOLORES (Die beine von Dolores) de Geza VON CZIFFRA – 1957
Avec Germaine DAMAR, Claus BIEDERSTAEDT, Grethe WEISER, Ruth STEFAN, Theo LINGEN, Lys ASSIA, Udo JURGENS, les PETER SISTERS

Pour ne pas contrarier ses parents, la jolie Dolores leur fait croire qu’elle travaille comme infirmière dans un hôpital alors qu’elle danse dans la revue du Pigalle, une boîte de nuit.

Une chanson allemande du début des années 50 (le charme de Dolores, chantée en français par Marie José) a inspiré cette comédie musicale conventionnelle avec une intrigue qui rappelle beaucoup d’autres films. Cela étant c’est gentillet et assez drôle, notamment quand la berlinoise Grethe Weiser est internée à l’asile psychiatrique suite aux mensonges et autres cachoteries de sa fille. Les scènes de revue, avec moult girls, sont colorées et vivantes, mais hélas filmées sans imagination. Pourquoi la caméra se contente t’elle souvent de filmer la scène, au lieu d’évoluer parmi les danseurs ? C’est vraiment dommage car Germaine Damar danse aussi bien qu’elle est jolie. Le décor de la revue finale semble avoir été réutilisé plus tard pour le sérénade au Texas avec Luis Mariano et Germaine Damar. Amusant de voir Udo Jurgens, chanteur autrichien fameux dans les années 60, aussi jeune et maigrichon.
Le film remporta un succès aussi important qu’imprévisible en Argentine où la luxembourgeoise Germaine Damar devint une star et anima un show à la télévision locale.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Music Man »

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LA FILLE ROSEMARIE (das maedchen Rosemarie)de Rolf THIELE – 1958
Avec Nadja TILLER, Peter VAN EYCK, Mario ADORF et Carl RADDATZ

La prostituée Rosemarie est décidée a faire carrière et vend ses charmes aux hommes influents de l'industrie du gouvernement.

Comptée à la manière d’une complainte, par des bribes de goualantes entonnées par des chanteurs de rue (comme dans l’opéra de 4 sous ou wir wunderkinder), la fille Rosemarie a l’intérêt de proposer une peinture acerbe et sans concession du miracle économique allemand. Inspiré d’un fait divers réel qui fit scandale en Allemagne (le meurtre jamais élucidé d’une prostituée qui fréquentait les industriels et politiques les plus en vue), le film nous montre des industriels véreux qui complotent et s’enrichissent, des prostituées vénales et sans cœur qui essaient également de se frayer un chemin. C’est assez glauque et sans sentimentalisme aucun. Glaciale et sans cœur, Nadja Tiller exprime bien le vide et l’arrivisme de son personnage, sous son épais maquillage. La photographie noir et blanc, étincelante, est superbe . Une scène assez saisissante dans un cabaret où l’espionne Nadja croise ses nombreux clients fortunés, à la fois inquiets et menaçants est particulièrement réussie. Quelques restes d'expressionisme encore bien présents dans le style. Du bon boulot.
Federico
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Federico »

Rediff cette nuit à 1h20 sur France Culture de deux émissions Connaître le cinéma de 1965 sur le cinéma allemand.

1- le cinéma ouest-allemand

2- le cinéma allemand contemporain en RDA

Par Jean Mitry et Philippe Esnault.
Avec la participation de Robert Benayoun.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
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