Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1970)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1970)

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LE PONT (die brücke) de Bernhard WICKI -1959
avec Wolker BOHNET

Avis de Kurz
Sept adolescents allemands sont envoyés au front à la fin du mois d'avril 1945...
Tout est perdu mais le régime joue le tout pour le tout et enrôle des gamins. Leur hiérarchie va faire en sorte de les préserver de l'épreuve du feu en leur ordonnant de protéger un pont insignifiant sur le plan stratégique.
C'est sans compter sur le zèle de ces gosses de 16 ans, qui jouaient encore aux cow-boys hier et qui sont aujourd'hui fiers de "servir leur patrie".

Le pont de Bernhart Wicki est sorti en Allemagne en 1959. Depuis, il a été projeté à tous les écoliers allemands. En effet, ce film intemporel montre comme aucun autre l'absurdité de la guerre. Grâce à son sujet très fort mais aussi à sa sincérité. J'ai plusieurs fois eu les larmes aux yeux mais aucun procédé tire-larmes n'est utilisé, ce qui rend le film encore plus implacable. Il y a une absence quasi-totale de musique. Le film adapté d'une histoire vraie a été tourné en décors naturels et rappelle l'esthétique néoréaliste.
Mais au contraire de beaucoup de films de ce mouvement, Le pont n'est pas sec, il est plein d'émotions et est accessible à tous. Notamment grâce à ses jeunes comédiens auxquels on s'attache très facilement.
C'est l'équivalent en Alemagne d'un Jeux interdits car c'est LE film du patrimoine que tout le monde a vu.
Mais c'est aussi un des plus plus grands films de guerre jamais tournés à ranger aux côtés de La Grande Illusion et Le Pont sur la rivière Kwaï.
Et franchement, je ne crois pas exagérer.

C'est un film universel qui ne requiert aucune culture préalable. C'est pouquoi, que votre truc soit le western américain, les film d'auteur des années 60, le cinéma bis ou le blockbuster hollywoodien, vous devez voir ce film. Et le faire partager à un maximum de gens.


Avis de Tom Peeping
Je ne connaissais pas l'existence de ce film avant d'avoir lu les posts de Kurtz/Amboise. Apparemment, le film est un très grand classique en Allemagne, a été nominé aux Oscars et a reçu un Golden Globe en 1959.

Excellent, pas grand chose à dire de plus que ce qui a été dit plus haut.
La fin de la guerre vue du côté allemand à travers la triste histoire de 7 ados d'une petite ville oubliée. Juste, limpide et sans concession. Un plaidoyer anti-guerre plus efficace que bien des Soldat Ryan.

C'est dommage qu'il n'y ait que la version française sur le DVD. Les dialogues en allemand auraient ajouté au réalisme compte-tenu du thème du film. Mais il faut avouer que la VF est de très bonne qualité et qu'elle ne m'a pas empêché d'apprécier le film. Image et compression : très bonnes (4:3 d'origine / N&B net et contrasté).

Une vraie découverte, merci DVDClassik !


Avis de Sybille
Quand j'étais au lycée, on avait lu "Effroyables jardins" de Michel Quin où il est fait référence à ce film. Je crois même que Berhard Wicki devient un personnage de la nouvelle, ça nous avait un peu embrouillé à la lecture, et on savait même pas si le film et son réalisateur existait vraiment ou si c'était de la fiction.

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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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LE TROISIEME SEXE (anders als du und ich) de Veit HARLAN -1958
avec Paula WESSELY, Christian WOLFF

Avis de Tom Peeping
Un film allemand de 1957 traitant du douloureux problème de l’homosexualité est en soi une curiosité. Quand il est réalisé par Veit Harlan, le sulfureux réalisateur des années nazies, c’est une tentation. Quand l’outrance du scénario fait basculer le film dans un sommet de camp, c’est un must. La critique ci-dessous s’adresse à celles et ceux qui aiment savourer le cinéma de Papa d’après-guerre dans ce qu’il a de plus tordu et de plus tordant : Anders als du und ich (traduction : "Différent de toi et moi").

1957 en Allemagne. Dans une salle de tribunal berlinoise s’ouvre le procès sensationnel d’une bonne petite mère de famille d’une cinquantaine d’années. Flash-back sur les mois précédents : Klaus, le fils adolescent de l’accusée, traîne un peu trop avec le blond Manfred, un ami de collège dont les mœurs sont suspectes. Manfred lui présente le Dr Boris, un esthète entre-deux-âges qui collectionne les objets d’art et les jeunes éphèbes. Klaus, fasciné, se laisse entraîner dans un monde interlope que ses origines petite-bourgeoises réprouvent pourtant. Cherchant dans le dictionnaire le sens du mot « homosexuel », dont son fils a été traité par ses camarades de classe, la bonne petite mère tombe dans les pommes puis décide de prendre le taureau par les cornes. Elle paie une jeune fille au pair pour déniaiser son fils en perdition et lui faire retrouver le droit chemin. Mais les choses ne se passent pas comme prévu et c’est la bonne dame qui se fait interpeller par les flics et risque maintenant la prison pour proxénétisme…

Voilà en bref le scénario démentiel de Anders als du und ich, une rareté qui est sorti il y a quelques mois dans une excellente édition DVD de la très sérieuse Edition Filmmuseum (Filmmuseum München/Goethe Institut).

Comment appréhender un film comme celui-là 50 ans après sa réalisation ? Par l’analyse historique un peu, par le rire surtout.

Du côté historique, si ce n’est pas le premier film grand public abordant frontalement l’homosexualité (c’est un autre film allemand de 1919 ( !) – au titre très proche - qui donna le coup d’envoi : Anders als die Anderen), celui-ci s’impose quand même comme une date dans le genre. Dans ses mémoires, Veit Harlan a dit qu’il avait voulu faire un film anti-homophobe en réaction contre l’infamant §175 du Code Pénal allemand de l’époque qui faisait de l’homosexualité un délit. Quand on sait que Veit Harlan (1899-1964) avait été, une quinzaine d’années auparavant, le réalisateur officiel du Troisième Reich et que Goebbels lui avait confié des films de propagande nazie à succès comme Le Grand Roi de 1942, Kolberg de 1945 et surtout l’explosif antisémite Juif Süss de 1940, on peut douter de sa bienveillance pour l’homosexualité. A la vision du film, il semble en effet au début que Harlan ne juge pas les invertis qu’il montre mais très vite, l’outrance de leur représentation en fait sérieusement douter. L’une des nombreuses originalités de Anders als du und ich est donc qu’il commence comme un manifeste de tolérance homophile pour se terminer en véritable brûlot homophobe. Le film a connu des démêlés avec la censure allemande de l’époque : son titre original « Le Troisième Sexe » a été refusé et certaines scènes ont dû être retournées, coupées ou ajoutées, notamment la fin dont le rythme semble un peu précipité. Pour la petite histoire, Veit Harlan était l’oncle par alliance de Stanley Kubrick (l’oncle de la femme de Kubrick).

Mais c’est bien sûr le côté comique du film, totalement involontaire, qui en fait aujourd’hui tout le sel. Il faut le voir pour le croire. Les parents de Klaus n’écoutent que de la musique wagnérienne alors que ses amis invertis ne jurent que par la « musique concrète », soupe éléctronique dégénérée qui pastiche celle de Planète Interdite. Le séducteur Dr Boris Winkler (docteur en quoi ? on se le demande toujours) vit dans une grande maison dont les fenêtres sont toujours closes de tentures et organise pour ses amis des matchs de lutte grecque entre garçons fort dénudés au milieu de son salon bourré d’antiquités. Les scènes qui se passent chez lui sont d’ailleurs toutes filmées avec la caméra penchée à 45°, sans doute pour suggérer le déséquilibre et font beaucoup penser aux films d’horreur Universal des années 30. Le blond Manfred, celui par qui les problèmes arrivent, écrit des poésies « pleines d’adjectifs », a les yeux cernés et passe la plupart de son temps au lit, signe évident de paresse physique et morale. La jeune fille au pair, payée par la bonne mère, relève son chandail sous les yeux médusés du jeune homme en péril – et elle ne porte pas de soutien-gorge (je ne vous dirai pas si finalement Klaus franchit ou non le Rubicon, vous devez voir le film pour le savoir). Il faut avoir vu la réaction de la mère s’effondrant sur son canapé après avoir lu la signification du mot « homosexuel » dans le dictionnaire et entendu les « explications scientifiques » du médecin de famille sur la vie que le fils se prépare s’il s’engage dans sa voie de perdition. Le père du jeune homme, quant-à-lui, se refuse à parler à son fils après la première engueulade mais se laisse quand même entraîner par son frère (qui semble connaître les bons endroits de la ville) dans un cabaret homo où un énorme travesti chante des torch-songs puis s’enfuit affolé quand il se rend compte qu’il n’arrive plus distinguer dans la pénombre les hommes des femmes… et des autres. Il faut aussi voir la tête de la bourgeoise de mère (jouée par Paula Wessely, la star du cinéma et du théâtre autrichiens), dont l’idée de dépucelage hétérosexuel de son fils n’était pourtant pas malicieuse, quand elle entend le verdict de son jugement, coiffée d’un petit chapeau et s’accrochant à son sac-à-main pour ne pas défaillir.

Au milieu de tout ce délire, il y a quelques scènes assez surprenantes dans leur franchise, comme celles où revient le mot « homosexuel » (prononcé au moins dix fois dans le film et banni dans les autres cinémas de la même époque), celle du cabaret de travestis, celle où les deux garçons se jurent « un amour éternel » et se promènent main dans la main ou encore l’apparition spectaculaire des nichons de la fille au pair (on a envie d’écrire « au paire ») … Les acteurs sont plutôt bons dans les stéréotypes qu'ils représentent - notamment celui qui joue le Dr Boris - et ne surjouent presque pas.

Les divers titres du film sont à eux-seuls un poème : "Anders als du und ich" (Différent de toi et moi) est celui du film sorti après les modifications demandées par la censure. Les autres titres avaient été : "Les Parents accusés" ; "Le Troisième Sexe" ; "Tu es coupable et tu ne le sais pas" (mon préféré) ; "§175" ; "Jeunesse endiablée"…

Bref, Anders als du und ich est une perle rare du cinéma allemand de l’après-guerre, à la fois passionnant et ridicule mais qui a le mérite de parler de choses dont on ne parlait pas encore dans le cinéma des années 50. Veit Harlan étant Veit Harlan, tout cela ne fait pas dans la dentelle mais le film réserve assez de surprises et d’audaces (et de burlesque malgré lui) pour faire partie des OVNI les plus remarquables de l’époque. C’est sans doute cela qui a poussé la très respectable Edition Filmmuseum à le ressortir dans une belle édition DVD.

C'est évidemment le genre de film qui gagne encore à être découvert un bon verre à portée de main. Il va sans dire qu'il est entré d'office dans la liste de mes films cultes. Inénarrable !

Le DVD Edition Filmmuseum (Z0 allemand) est d’excellente qualité image (N&B - 1,37 – 4/3) et son (allemand d’origine). Sous-titres allemands et anglais optionnels. Bonus : Comparaison scène par scène de la version originale et de la version remontée pour la sortie en salles (38 minutes) + documents de production sur DVD-Rom + livret allemand/anglais.

Remarque de Music Man
Si j'en croie le livre publié jadis par Michel Azzopardi sur les "années tunnel", il s'agirait d'un "très mauvais film" "manquant de tact, de sincérité, de pudeur et de profondeur";Selon lui "ce film qui aurait pu être un document inestimable sur un certain milieu et même un plaidoyer pour le droit à la différence n'est qu'un amas de lieux communs traités sans aucune finesse"
L'auteur préfère de loin un certain désir de Hans Albin (1965)qui "sur le thème de l'homosexualité en dit bien plus que Veit Harlan, quoique la question passe au second plan".
A noter que la grande Paula Wessely joue dans le premier film.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1965)

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Music Man a écrit : LE PONT (die brücke) de Bernhard WICKI -1959
avec Wolker BOHNET
Depuis tout ce temps... Le pont a eu droit à une réédition en VO chez Opening (la première édition était carrément douteuse).

Il était même proposé dans un coffret avec Le général du Diable / Des Teufels General (Helmut Kaütner, 1955). Transfert de très belle qualité.
Dernière modification par Commissaire Juve le 11 avr. 09, 21:08, modifié 3 fois.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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PRINCESSE CZARDAS (Die Czardasfürstin) 1951 de Georg Jacoby
Avec Marika Rökk, Johannes Heesters

Le fils d’un prince s’éprend d’une chanteuse d’opérette en tournée en Sicile. Cependant ses parents ont déjà prévu de le marier avec une comtesse et organisent au plus vite les fiançailles. ..

C’est la version filmée de l’opérette d’Emmerich Kalman que Georg Jacoby avait déjà tourné autrefois avec Marta Eggerth.
J’avoue être réfractaire à ce type d’opérettes viennoises, dont la musique ne me charme nullement et qui a fait les beaux jours du Châtelet en France par le couple Paulette Merval et Marcel Merkes dont je ne suis pas du tout fan.
Malgré tout, l’intrigue assez conventionnelle et jouée sans subtilité par Marika Rökk se laisse pourtant suivre, et on finit même par y prendre un certain plaisir. Cependant j’ai nettement préféré Marika dans d’autres films (Cora Terry, la femme de mes rêves, le démon de la danse bien plus proches du musical hollywoodien, où son réel talent pour l’acrobatie et la fantaisie sont bien mieux mis en valeur : c’est une danseuse terriblement douée) que dans les longs ballets, valses et czardas de ce film-opérette. Je dois bien reconnaître que, pour la partie chantée, Marika Rôkk est surprenante et chante très bien ses numéros avec une voix de soprano, sans doublage.
Le DVD comporte des sous-titres allemands. Les couleurs, en revanche se sont vraiment affadies.
A réserver en priorité aux amateurs d’opérettes et d’opéra comique.
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Dernière modification par Music Man le 29 déc. 12, 21:34, modifié 1 fois.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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A L'OMBRE DE L'ARMEE ROUGE ou C'EST ARRIVE LE 31 JANVIER 1945 (nacht fiel über Gotenhafen) de Frank WISBAR -1959
avec Sonja ZIEMANN, Dietmar SCHONNHER, Brigitte HORNEY, Eric SCHUMANN

Avis de Tom Peeping
Voilà un film méconnu que je viens de découvrir (DVD Z2 allemand), réalisé en Allemagne en 1959 par Frank Wisbar autour du naufrage du Wilhelm Gustloff : Nacht fiel über Gotenhafen. Titre français - stupide - lors de sa sortie : "A l'Ombre de l'Armée Rouge" (traduction littérale : "La Nuit tomba sur Gotenhafen").

1944-1945 : les derniers mois de la guerre en Allemagne. Les populations civiles allemandes proches du front de l’Est fuient massivement vers l’Ouest ou la Baltique pour échapper à l’avancée de l’Armée Rouge. Une jeune berlinoise, enceinte, dont le fiancé est parti au front, part elle aussi sur les routes. Elle passe quelques jours dans une ferme occupée par des femmes seules de toutes classes sociales et continue son chemin jusqu’au port de Gotenhafen (aujourd’hui Gdynia, près de Gandsk en Pologne) où le paquebot Wilhelm Gustloff, reconverti en navire-hôpital, s’apprête à appareiller avec des milliers de réfugiés, principalement des femmes et des enfants. Le bateau quitte le port de nuit et est coulé par trois torpilles d’un sous-marin soviétique…
/
Le film vaut surtout par l’histoire qu’il raconte, à peine quinze ans après les faits. Ce n’est pas un film catastrophe au sens propre mais plutôt un film historique doublé d’un (mélo)drame qui pose un regard sans doute assez juste sur une page de la Seconde Guerre Mondiale assez peu évoquée au cinéma : le chaos des derniers mois de la guerre vu du côté des femmes allemandes. La déroute de l’armée allemande, les incessants bombardements alliés, la terreur des soldats soviétiques, la déstructuration des familles dont les hommes partent tous au front, les rencontres improbables (dans la ferme où elle se retrouve quelques jours, un garçon de ferme est un français en S.T.O., ce qui fait l'objet de plusieurs scènes très étonnantes), la force ou la faiblesse des individus… sont évoqués de façon objective, dans des scènes simples où la réalisation s'efface pour laisser la place à la narration. C’est du bon cinéma classique des années 1950, porté par une volonté de réalisme et l’excellence de l’interprétation des actrices dont toutes m’étaient inconnues sauf Brigitte Horney, une star allemande de l’époque. Les dernières vingt minutes, qui se passent sur le Wilhelm Gustloff, ne sont évidemment pas à la hauteur du naufrage du Titanic de James Cameron mais restent dans une froideur objective qui correspond bien l’esprit global du film (et en ce sens, ressemblent plus au A Night to Remember de Roy Ward Baker).

Nacht fiel über Gotenhafen a aussi le mérite d’évoquer ce qui est sans doute le plus dramatique naufrage de l’histoire, en termes du nombre de victimes. Les historiens semblent être divisés sur le nombre total de pertes humaines que provoqua le torpillage du Wilhlem Gustloff dans les eaux glacées de la Baltique le 30 janvier 1945 : les estimations vont de 5.000 à 12.000 victimes, le chiffre de 9.000 étant le plus souvent évoqué. Aucune liste complète des passagers n’est disponible, l’équipage ayant grand ouvert les portes du bateau à la foule des réfugiés qui se pressait sur le quai de départ. Ce qui est certain, c’est que le navire était en très forte surcharge et que l’essentiel des victimes furent des femmes et des enfants.

Par rapport au naufrage du Titanic (qui avec ses 1.500 victimes, fait figure de galop d’essai), celui du Wilhelm Gustloff est resté dans une relative obscurité pour des raisons multiples, historiques et politiques : les alliés n’étaient pas directement impliqués dans les faits et n’ont donc pas voulu faire de commentaires, les soviétiques n’étaient pas très fiers d’avoir coulé des milliers de femmes et d’enfants (il y avait aussi des soldats allemands à bord), les allemands ne voulaient plus parler de la guerre. L’épave a été récemment fouillée : les plongeurs voulaient voir entre autres si la fameuse « Chambre d’Ambre », volée par les Nazis à Saint-Petersbourg et jamais retrouvée depuis, avait été embarquée à bord. Ils ne l’ont pas trouvée. En 2002, Günter Grass a publié un roman extraordinaire : En Crabe (Im Kresbgang), qui prend le prétexte de l’histoire naufrage de Wilhelm Gustloff pour parler du refoulement et de la mémoire. Je l’ai lu après avoir vu le film et je dois dire que c’est un des livres les plus forts et maîtrisés que j’ai lus depuis longtemps. En 2008, Joseph Wilsmaier, le réalisateur du très bon Stalingrad, vient de réaliser pour la ZDF un film de 3 heures sur le naufrage : Die Gustloff, aux critiques très mitigées. Petit-à-petit, l’histoire du bateau fantôme semble donc refaire surface.

Bref, Nacht fiel über Gotenhafen est un bon exemple du « cinéma d’exorcisme » allemand de l’après-guerre. De celui qui raconte une histoire qui doit être racontée. C’est un film qui n’a pas révolutionné le cinéma, qui possède beaucoup de qualités et pas mal de défauts mais qui, replacé dans son contexte historique, est intéressant à plus d’un titre. Je le recommande vivement. Je recommande aussi de faire un peu de recherches personnelles sur l'histoire du navire Wilhelm Gustloff, de sa construction à son naufrage, car l’histoire en est franchement passionnante.

Le DVD Z2 allemand de Nacht fiel über Gotenhafen a une image N&B (format 1.33 d’origine) et un son excellents, une bonne compression. Le film est en allemand et a seulement des sous-titres allemands optionnels (j’ai dû faire avec les souvenirs des mes cours d’allemand du secondaire…).

Avis de notre commissaire Juve
Ayé, film terminé !

Finalement, on peut suivre un film en ne comprenant que 5 à 10% des dialogues...

Bilan : oué... (j'ai toujours un mal fou à parler des films juste après). Ce n'est pas un très "grand" film, c'est clair ; plein de maladresses d'époque aujourd'hui "attendrissantes" ; des effets spéciaux qui font ce qu'ils peuvent... J'ai souvent pensé au bon film que ça pourrait faire (un film d'exode dans la neige, avec des kilomètres de figurants, de véhicules, de la fumée et le bruit de la canonnade en arrière-plan), mais, comme le dit Tom, si on replace tout ça dans le contexte de la sortie, c'est intéressant.

Le nombre de plans qu'on retrouve dans Titanic est assez amusant ! On dirait que Cameron est allé jusqu'à mater ce Nacht fiel... avant de faire son film (mais Wisbar a peut-être copié lui-même dans une versions plus ancienne du naufrage du Titanic).

Le seul truc qui cloche, à mon goût, c'est la musique... Le grand orchestre swing, ça le fait moyen ! surtout pendant le naufrage (les notes de saxophone tourbillonnantes, heu... ça ne produit pas forcément l'effet recherché).

Enfin, les plans* crapuleux sur les pauvres petits enfants abandonnés à leur triste sort, grrr ! (pourquoi pas les chiens hurlant à la mort tant qu'on y est ?).

Le transfert DVD est très bien.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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LE BAL DE L’OPERA(Opernball) d’Ernst MARISHKA- Autriche- 1956
Avec Sonja ZIEMANN, Johannes HEESTERS, Adrian HOVEN, Hertha FEILER

Tourné entre Sissi 1 et 2 par le metteur en scène de la célébrissime série, on pouvait s’attendre au pire de cette opérette filmée (d’après Richard Heuberger), déjà tournée en 1939 avec Marte Harell. Pourtant, c’est un spectacle bien agréable à condition de ne pas être allergique au genre. Les airs sont d’ailleurs sympas et certains me semblent assez connus.
Soubrettes coquines, valets impertinents, maris cocus et cavaleurs, femmes du monde cherchant à se venger, tous les ingrédients sont là pour un marivaudage rythmé et souvent amusant, avec moult quiproquos, dans le même esprit que la Chauve souris de Strauss, auquel il ressemble par maints aspects. Ici, tout le monde se trompe (ou essaie de se tromper) joyeusement et tente de profiter du bal masqué de l’opéra pour s’encanailler incognito. Le rythme s’emballe et le film finit par être fort drôle, sans faire « théâtre filmé ». L’interprétation est très bonne, notamment la délicieuse et très belle Sonja Ziemann, star allemande des années 50, le sémillant Johannes Heesters très à son aise (il a joué des centaines de fois le rôle du comte Danillo dans la veuve joyeuse) , Hertha Feiler très distinguée et les seconds rôles impeccables (Hans Moser, toujours présent dans les viennoiseries).
Les scènes de bal, avec force valses viennoises et crinolines, sont spectaculaires.
Les couleurs Agfacolor ont mal survécu à l’épreuve du temps. Si l’opérette viennoise vous tente, un très bon moment en perspective, sinon…passez votre chemin.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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AVE MARIA – Allemagne – 1953 de Alfred Braun
Avec Zarah LEANDER, Hans STUWE, Marianne HOLD
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Une jeune fille, pensionnaire d’une école religieuse est invitée avec sa mère, une chanteuse d’opéra chez une camarade pour les vacances. Elle tombe amoureuse du fils de la maison.
Mais c’est la catastrophe quand le père du garçon apprend que la chanteuse pour laquelle il avait aussi des sentiments ne se produit pas à l’opéra mais dans un beuglant sordide et mal fréquenté , où elle chante des chansons à boire. Il la somme de disparaître de la vie de sa fille pour ne pas gâcher son avenir. Dans un incroyable concours de circonstances, elle arrive à se faire passer pour morte…


La chanteuse suédoise Zarah Leander, si célèbre pendant la guerre, a vainement tenté pendant les années 50 de reprendre sa place à l’écran.
Le film reprend certains ressorts dramatiques de ses célèbres rôles des années 30-40 : comme dans le chemin de la liberté ou le foyer perdu, elle endosse une autre personnalité et tout le monde la croit décédée. Mais ici tout est affadi et manque cruellement de nerf et d’un bon réalisateur. La première partie est totalement insipide. Marianne Hold (Marianne de ma jeunesse) est certes très belle mais trop nunuche.
La pauvre Zarah a pris un sacré coup de vieux, et les boas à la Régine et autres fanfreluches dont elle se pare n’arrivent pas à dissimuler son embonpoint et les années qui passent. Néanmoins les scènes où elle chante dans son cabaret mal famé sonnent justes par rapport au reste.
Sur un plan musical, les chansons de Franz Grothe sont toutes très bonnes notamment le nostalgique « Wenn die wilden rosen blühn », et bien chantées par la voix si grave et si particulière de la star. Elle nous livre aussi une version très personnelle de l’Ave Maria de Gounod (sur un prélude de Bach).
Le DVD comporte des sous-titres allemands.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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NOUS IRONS A HAMBOURG (grossestarparade) - de Paul MARTIN -1954
Avec Adrian HOVEN, Renate HOLM, Caterina VALENTE, Sonja ZIEMANN, Conny FROBOESS, Buhly BULHAN, Peter ALEXANDER, Evelyn KUNNEKE

Les animateurs du radio pirate X se lancent sur les routes, avec un succès toujours croissant.

Remake de la populaire comédie musicale de Jean Boyer, « Nous irons à Paris », ce film est un véritable bouquet de chansons. Comme dans la version originale, on s’amuse et surtout on chante sans arrêt sur les rythmes de l’orchestre de Michael Jary (qui remplace ici Ray Ventura).
Même si les trois ou quatre chansons principales sont fort agréables, on peut quand même s’étonner de les entendre et réentendre jusqu’à épuisement à toutes les sauces, tantôt fredonnées par le couple vedette, par l’orchestre, par les guest stars (Peter Alexander, Caterina Valente, etc…) en version jazz, tyrolienne (par Peterli Hinen), exotique, ronde enfantine (par Conny Froboess), boogie-woogie. Ro-ro-ro robinson, au bout d’un moment, on en a plein les oreilles (on doit l’entendre au moins 15 fois). Au bout d’un moment trop c’est trop! On préféra le pot-pourri des anciens succès de Michael Jary.
Le morceau le plus bizarre est le ballet ethnique de Katherine Dunham(stormy weather) , mal intégré après un boogie dansé par Peter Alexander et Evelyn Kunneke.
Mais bon, globalement c’est allègre et sympa, avec la même bonne humeur que dans le film français.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1965)

Message par Eusebio Cafarelli »

Il existe un ouvrage sur le cinéma est-allemand :
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et son compte rendu :
http://www.cine-studies.net/r1_01_1200.html
Cinéfil31
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1965)

Message par Cinéfil31 »

Un très intéressant topic ouvert par Music Man... Et l'ouvrage sur la DEFA indiqué par Eusebio fait envie... L'occasion de rappeler qu'assez peu de films allemands et autrichiens de cette période sont disponibles en DVD français. Ce sont des lacunes regrettables, car des oeuvres comme Les Assassins sont parmi nous [Die Mörder sind unter uns] (1946), de Wolfgang STAUDTE, ou Nu parmi les loups [Nackt unter Wölfen] de Frank BEYER (1963, d'après le livre éponyme de Bruno APITZ] mériteraient à mon avis une plus large diffusion. Seule Arte avait fait l'effort de nous les passer il y a quelques années.
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Commissaire Juve
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1965)

Message par Commissaire Juve »

Je pense qu'il y a un parti-pris assez consternant chez nos programmateurs : les films allemands, néerlandais, scandinaves, "slaves" (c'est pour résumer)... ça n'intéresse pas le public français.

Même les classiques britanniques (qu'on ne vienne pas me dire que nous croulons sous l'offre) ; c'est dire. :roll:

Déjà dans les années 60 / 70, à la télévision, on avait tous les classiques italiens possibles et imaginables (parce que, c'est bien connu, les Français regardent vers le Sud, surtout pas vers le Nord, et encore moins vers l'Est), mais, pour le reste... ceinture ! :?

Aujourd'hui encore, les éditeurs se sont jetés sur les classiques italiens (il y a peut-être eu une braderie de masters transalpins :mrgreen: ), mais, pour les autres patrimoines, ben, il faut attendre que les petits éditeurs comme Malavida se jettent à l'eau.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Music Man
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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CUBA CABANA de Fritz Peter BUCH -1952
avec Zarah LEANDER, OW FISCHER

Avis de Francesco
Cuba Cabana est un film 1952 par lequel je trouve amusant d'initier le fil, en raison de son titre paradoxal. Tout est censé se dérouler en Amérique du Sud (à "San Puerto Antonio" !), mais chaque habitant y parle allemand sans aucune difficulté, ce qui faciliterait évidemment la tache de deux journalistes étrangers qui veulent enquêter sur les agissements politiques qui se passent en ville, sauf qu'en fait les deux jeunes apprentis Tintin (le début du film rappelle par son ton un sympathique film d'aventure ou une Bande Dessinée) sont peut-être bien anglais ou américains : ils s'appelles Billy et Robby. Je n'ai donc pas réussi à déterminer en fait quelle langue était parlée d'un point de vue poétique dans le film (Espagnol ? Allemand ? Anglais ?).

Tout cela est accessoire, comme l'est finalement l'intrigue rocambolesque dont le dénouement politique est pour le moins miraculeux, voire absurde. Pourtant on suit avec angoisse les tribulations du jeune et séduisant Robby (O.W Fisher, parfait jeune premier par essence et qui a un emportement juvénile qui le rend très crédible) meurtrier sans le vouloir et recherché par la police. Heureusement il croise sur son chemin une chanteuse qui tient un cabaret (le Cuba Cabana, évidemment) et a manifestement un passé d'aventurière (c'est l'ancienne maîtresse du gouverneur de la ville). Elle lui sauve la vie et bien entendu il tombe amoureux d'elle, bien qu'elle soit plus âgée que lui. L'âge de Zarah Leander qui n'a dans la réalité que 7 ans de plus que son partenaire, est un leimotiv du film qui n'arrête pas d'insister sur le fait qu'"Arabella" est une femme, une vraie, une qui a vécu et pas une gamine. D'ailleurs le beau Robby n'aime pas "les minettes", c'est lui qui le dit, lors de leur première rencontre, et ce alors que des lunettes et une permanente de caniche n'avantage pas l'actrice. Dix minutes avant, pour sa première apparition dans le film, elle était sur la scène de son cabaret, éblouissante, en train de chanter "Une femme de mon âge" (comme ça c'était dit tout de suite) et le contraste est assez frappant.

En 52 Leander avait 45 ans, faisait son come back et avait quelques kilos de plus que lors de ses années de gloire.
Cela ne l'empêche pas de remporter la mise, d'abord parce que c'est une immense chanteuse (on ne la prend pas encore pour un baryton ces années-là) aussi bien dans un registre ironique (on se rappelle de son éblouissant "Yes sir" dans Paramatta, mais aussi de la ballade qu'elle chantait dans le superbe film sur Tchaikovsky qu'elle avait joué à l'époque où elle était une immense star en Allemagne et en France) que dans le sentimentalisme mélancolique, où elle évite toute miévrerie. Sa présence et son timbre sont également sombres et suffisent déjà à suggérer le tragique, ce que l'architecture de son visage (moitié madonne, moitié statue grecque) confirme encore et en conséquence elle donne à ses moments de défi un poids particulier (la chanson qu'elle chante au gouverneur est donc, logiquement, un des grands moments du film). Il lui suffit juste d'être à l'écran pour que fatalisme, mystère et sacrifice la suivent. Un regard, un sourire, un silence, une hésitation lui permettent d'exprimer plus que beaucoup d'autres, plus expansives pourtant.

Que les amateurs de la Diva Leander se rassurent, elle l'est aussi, autant que toujours et on a l'impression que les vêtements d'intérieur servent à contraster avec ses costumes de guerre, plumes et robes du soir sur scène, tailleur et grand chapeau quand elle part à l'attaque auprès du gouverneur (joué par Paul Hartman "alla" Claude Rains). Le plan final, particulièrement exhubérant de ce point de vue, réjouira les amateurs de "too much" en la matière. Qu'importe :Zarah Leander est la noblesse incarnée, elle peut tout se permettre.

Bref, un film qui réjouira ses fans, et plus généralement, tout ceux qui aiment passer un bon moment avec de belles chansons, des péripéties endiablées, des lions en cage, des espions bienveillants, des républiques bananières, des serviteurs dévoués, des meilleurs amis auquel on est fidèle, même menacé de mort, des fins mélancolique sans être morbides et le soleil de l'Espagne où le tout a été tourné. Ca commence à faire pas mal de monde, finalement.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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TU ES FORMIDABLE (Du bist wunderbar) de Paul MARTIN - 1959
Avec Caterina VALENTE, Dietmarr SCHONHERR, Rudolf PRACK

Une jolie française tombe amoureuse d’un marin qui fait escale. Il la séduit avant de rejoindre l’armée navale. Désespérée, la jeune femme va tout mettre en œuvre pour retrouver son marin pour lequel elle n’était qu’une aventure passagère.

Très populaire à la fin des années 50 (elle s’est souvent produite à l’Olympia), la chanteuse Caterina Valente a joué dans pas mal de comédies musicales de piètre valeur. Sans être un chef d’œuvre du genre, ce film est pourtant un très agréable divertissement qui met très bien en valeur la star, qui y chante presque constamment. Du coup, les fans de l’artiste seront servis, les autres risquent de faire la grimace. Le meilleur atout du film sont les chansons, car si l’on aime la variété populaire et insouciante de l’époque, elles sont de très bon calibre. L’une d’elle « Guitarre et tambourins » a marché en France par Dalida, et l’autre Bongo cha cha a été un tube en Italie pour Caterina. Les nombreux numéros dansés sont entraînants et fort plaisants. Silvio Francesco, le frère de Caterina, chante en allemand oui oui oui, le succès de Sacha Distel.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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LA CASE DE L’ONCLE TOM (Onkel Toms Hotte) de Geza RADVYANI -1965
Avec OW FISCHER, Mylene DEMONGEOT, Juliette GRECO, Thomas FRITSCH,Herbert LOM, Eartha KITT, Eleonora ROSSI DRAGO

L’oncle Tom, esclave noir est vendu par son maître ruiné à un marchand . Au cours d’une traversée en bateau il sympathise avec une petite fille condamnée par une grave maladie, qui demande à son papa qu’on lui offre l’oncle Tom, qui chante si bien et raconte de si belles histoires…

Je n’ai pas lu le roman de l'écrivain américaine Harriet Beecher Stowe, qui eut un profond impact sur l'état d'esprit général vis-à-vis des Afro-Américains et de l'esclavage aux États-Unis et fut l'une des raisons de l'intensification des conflits qui menèrent à la guerre de sessession. Il semble que ce film prenne d’incroyables libertés avec le roman initial dans le seul but de le rendre plus spectaculaire (un rôle est inventé pour la chanteuse Juliette Gréco par exemple, les racistes qui attaquent les noirs réfugiés dans un monastère, comme dans un western).
Le résultat se laisse regarder comme un long téléfilm ou un feuilleton. Cet album coloré comme un livre d’images d’Epinal n’est pas du tout ennuyeux : il manque simplement un peu de passion , d’émotion et de sincérité pour donner de l’authenticité à cette succession d’épisodes, ce qui est quand même dommage pour une oeuvre aussi marquante dans l’histoire des USA (d’ailleurs à Hollywood, sauf erreur, personne n’a osé y toucher hormis un film muet en 1927) : l’interprétation est plate à l’exception d’Herbert Lom dans le rôle du méchant . En revanche, la musique constituée des plus spirituals les plus connus du grand public ainsi que d’une superbe chanson finale servie par Eartha Kitt est remarquable et certaines images fort belles (le court passage où les cavaliers courent dans les champs inondés).
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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AMOUR, DANSE et 1000 SURPRISES (liebe, tanz und 1000 schlager ) de Paul MARTIN -1955- ALLEMAGNE
Avec Caterina VALENTE, Peter ALEXANDER

Afin de percer dans le milieu discographique, une jeune chanteuse se fait passer pour une enfant prodige. Elle tombe amoureuse d’un chanteur en vogue pendant la tournée.

Réalisé par Paul MARTIN (qui mit souvent en scène sa compagne Lilian Harvey avant guerre), cette comédie musicale très américanisée eut un énorme succès à l’époque.
Sur un plan purement cinématographique, rien de fulgurant : les numéros de danse ou de chant sont réalisés avec indifférence (sauf pour l’amusant et très entraînant numéro où Peter et Caterina dansent dans la fête foraine et le palais du rire, très inspiré de Damsell in distress) , . L’histoire est amusante et les 2 vedettes principales ont une certaine fantaisie qui fait passer l’ensemble;
En fait, c’est uniquement l’aspect musical qui explique le succès du film : Caterina Valente fait preuve de prouesses vocale en révélant l’étendue de son registre lors de l’audition : environ 4 octaves. Elle danse aussi très bien les claquettes avec son frère Silvio Francesco. Parmi les nombreux artistes de cirque (notamment un clown exécutant un excellent numéro de violon à la Spike Johns) et danseurs réunis, on notera surtout la présence du légendaire John W. Bubbles, un des rois du tap dance (Fred Astaire le considérait comme le meilleur, et Michael Jackson l‘admirait), du trio Albert Raisner (virtuoses de l’harmonica), du jongleur Erik Van Aro… alors même si les décors sont inexistants et que la caméra est parfois fixe tant de talents réunis et les jolies chansonnettes mettent l’ambiance, et on le visionne avec un vrai plaisir.
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