LES LIAISONS DOUTEUSES (Lulu) de Rolf THIELE – 1962- Autriche
Avec Nadja TILLER, OE HASSE, Hildegard KNEF, Rudolf FORSTER, Mario ADORF et Charles REGNIER
Remake de Loulou de Pabst : à Vienne dans les années 20, une prostituée devenue femme du monde grâce à son protecteur mène une vie de débauche. Elle trompe son mari avec le fils de celui-ci. Lors d’une dispute, elle le tue et est condamnée à la prison dont elle s’échappe avec l’aide d’une comtesse amoureuse d’elle.
Personne n’a oublié l’interprétation de la légendaire Louise Brooks dans le film de Pabst aussi il pouvait paraître audacieux de faire un remake en 1962 (rappelons que le roman d’origine avait fait l’objet d’un film avec Asta Nielsen bien avant le film hyper connu de Pabst).
Alors évidemment, on peut déplorer que Nadja Tiller, comédienne de talent mais moins charismatique et mystérieuse, n’arrive pas à installer la même magie à l’écran. A Vienne, Paris ou Londres, on suit l’héroïne insensible et immorale dans ses différentes frasques : la photographie est fort belle avec une constante recherche esthétique, mais on n’est pas toujours convaincu. Certes, sur un plan purement pictural, c’est un bel hommage à l’expressionisme allemand des années 20, aux tableaux d’Otto Dix dépeignant un monde dépravé, avec une atmosphère oppressante et un climat que l’on retrouvera dans le film Cabaret. La fanfare morbide défilant comme intermède un peu comme dans l’opéra de 4 sous. Cela étant, le film ne comporte aucun élément de critique sociale. Comme on est en 1962, Nadja Tiller a davantage de possibilité que dans les années 20 pour étaler un érotisme assez appuyé, certes parfois troublant (notamment dans la scène où elle se frotte audacieusement à sa propre image dans le miroir, ou celle où elle danse effrontément et lascivement devant son protecteur avec des mines provoquantes qui évoquent Brigitte Bardot). Néanmoins, parfois le mystère et la profondeur d’un regard d’une star fascinante du muet sont plus évocateurs qu’une sensualité étalée avec complaisance. Elle donne néanmoins une honnête interprétation d’une femme amorale, narcissique et indifférente.
On est davantage retenu par la création de OE Hasse dans le rôle du protecteur de même que celle d’une Hildegard Knef absolument parfaite et bouleversante (son meilleur rôle, peut-être ?) en comtesse lesbienne et amoureuse. Le film n’est donc pas déshonorant, et visuellement réussi, mais il soutient mal la comparaison avec la version de 1928 (Au passage, qui a vu la version avec Asta Nielsen ? Existe t-elle encore ?)