Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1970)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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Ann Harding a écrit :Découverte de cet intéressant film noir lors d'un passage récent sur Arte.
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Nachts auf den Straßen (Les amants tourmentés, 1952) de Rudolf Jugert avec Hans Albers, Hildegard Knef, Lucie Mannheim et Marius Goring

..Une belle surprise.
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Comme toi, j'ai apprécié les Amants tourmentés qui m'a rappelé à la fois l'atmosphère des films noirs et surtout le cinéma réaliste français des années 50, et des films comme des Gens sans importance d'Henri Verneuil où Jean Gabin, également camionneur s'éprenait d'une Françoise Arnoul plus jeune et plus jolie que sa femme. Avec un coté très sentimental bien germanique pour adoucir le tout et surtout la fin du film : la brave épouse va retrouver son mari en oubliant et pardonnant son incartade.
Les interprètes sont talentueux, notamment Hans Albers, très charismatique et Hildegarde Knef, interprète à la fois sensible et sensuelle. Qu'elle danse un fougueux boogie woogie ou qu'elle drague Albers, elle illumine par sa présence : dommage que sa carrière au cinéma n'ait pas toujours été à la hauteur de son talent.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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FREDDY ET LE NOUVEAU MONDE (heimweh nach San Pauli) de Werner JACOBS – 1963

Avec Freddy QUINN, Jayne MANSFIELD et Bill RAMSEY

Pris d’un gros coup de cafard, un chanteur célèbre aux USA quitte sur un coup de tête New York pour retrouver son Hambourg natal où il n’a pas mis les pieds depuis des années. ..

Freddy et le nouveau monde est l’adaptation filmée d’une opérette de Lotar Olias qui remporta un gros succès en 1962 (l’air principal Junger komm bald wieder par Freddy Quinn sera d’ailleurs la plus grosse vente de disque en Allemagne en 1962).
On retrouve pas mal de clichés dans ce film musical, d’abord une critique pas très fine de la télévision américaine et du show business (Chaplin avait déjà utilisé les mêmes ressorts dans son roi à New York), puis le thème archi rebattu dans le cinéma allemand des années 50 de la nostalgie du pays, le culte de la maman, et du marin solitaire. Le talentueux Hans Albers a d’ailleurs souvent joué ce personnage d’éternel marin, qui a du mal à s’adapter à la vie sédentaire : il aurait pu très bien d’ailleurs chanter quelques uns des superbes airs composés par Lotar Olias : cela dit, avec sa voix virile et mélodieuse, Freddy Quinn les interprète à la perfection et ses passages chantés sont vraiment les meilleurs moments du film.
Les acteurs qui jouent ses parents , avec tendresse et bonhomie, apportent une touche de sincérité assez bienvenue ; la vamp américaine Jayne Mansfield, véritable caricature vivante, dont la carrière était déjà en pleine déconfiture chante deux chansons en allemand et danse un twist hilarant avec un petit bonhomme chauve et ventru (deux ans après c’est sa collègue Mamie Van Doren qui allait elle aussi trouver un engagement dans un film musical avec Freddy Quinn) ; quelques petites chorégraphies pas mauvaises sur les marchés colorés de Hambourg ne sont pas désagréables non plus.
Au final, l’ensemble est assez sympathique et sans prétention.
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Dernière modification par Music Man le 30 déc. 12, 10:54, modifié 1 fois.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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CA S’EST PASSE EN PLEIN JOUR (Es geschah am hellichten Tag) de Ladislao VAJDA- 1958
Avec Heinz RUHMANN, Michel SIMON et Gert FROEBE

Une fillette est assassinée dans un bois par un sadique. Le pauvre marginal qui a trouvé son corps est aussitôt accusé du crime. Persécuté lors de son interrogatoire, il se pend dans sa cellule. L’affaire est classée, pourtant le commissaire est persuadé que le vrai criminel court encore…


Lasdilao VAJDA est un réalisateur hongrois qui a beaucoup tourné en Espagne avec des résultats très inégaux (Marcelino, pain et vin étant son film le plus connu).
Cette enquête criminelle, adaptée d’une nouvelle du célèbre dramaturge suisse Friedrich Dürrenmatt qui a participé au scénario, séduit au début par son aspect réaliste et le jeu du grand Michel Simon, qui représente tout de suite la cible idéale pour les villageois et les policiers qui cherchent un meurtrier. L’aspect administratif avec le départ du commissaire qui cède sa place à un collègue qui veut démonter son zèle sonne juste aussi, tel un documentaire. Dommage que le récit prenne ensuite un tour aussi irréel avec l’enquête que va mener en douce l’ex commissaire pour mettre la main sur le meurtrier. Pour le traquer, il n’hésite pas à reprendre une station service, passer des coups de fil à tous les gens du village et utiliser comme appât une jolie fillette qui ressemble à la pauvre victime. Si encore, la quête obsessionnelle du commissaire faisait l’objet d’une analyse intéressante, mais ce n’est pas le cas. Et ne parlons pas de la psychologie de bazar qui enveloppe le film : l’assassin est forcément sans enfant et il tue les fillettes pour se venger des femmes.
Dommage car le coté très austère et réaliste du début et le jeu très sobre et juste d’Heinz Rühmann laissaient augurer un meilleur résultat. Gert Froebe dans le rôle du sadique a également quelque chose d’effrayant, dans la lignée de M le maudit.
Le film a fait l’objet d’un remake aux USA en 2001 : the Pledge de Sean Penn avec Jack Nicholson.
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Dernière modification par Music Man le 30 déc. 12, 10:50, modifié 2 fois.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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LE HUITIEME JOUR DE LA SEMAINE / L’IMPOSSIBLE DIMANCHE (Achte wochentag /Osmy dzlen tygodnia ) de Aleksander FORD – 1958
Avec Sonja ZIEMANN et Zbigniew CYBULSKI

A Varsovie en 1956, Agnes vit chez ses parents (un père obstiné, une maman toujours alitée, un frère alcoolique) dans un appartement délabré où elle souffre de la promiscuité. Avec son ami Pierre, elle rêve d’évasion loin de ce monde misère, de crise de logement, de mensonge et d’un idéal « huitième jour de la semaine »
Drame très noir tiré d’un roman de Marek Hlasko (sorte de poète maudit et romancier contestataire très prisé en Pologne dans les années 50), cette co-production germano-polanaise a fait des vagues, car le gouvernement polonais a refusé que le film soit présenté à la Mostra de Venise et en a interdit la projection en Pologne jusqu’en 1983 !: il est vrai que le film donne une image particulièrement réaliste et crue d’une Pologne misérable et sordide où les citadins partagent de minuscules appartements dans des immeubles pourris qui menacent de s’effondrer d’un instant à l’autre. Et pourtant il surnage malgré tout au milieu de ces rues crasseuses et sans issue, une lueur d’espoir dans cet amour que partagent Agnes et son compagnon, même s’ils n’osent pas trop y croire eux-mêmes, comme à la semaine des 4 jeudis... Tout comme les deux protagonistes essaient de saisir le moindre rayon de soleil pour s’y étendre, le cinéaste parvient avec poésie et tendresse à faire luire ce trait de lumière et d’espoir dans ce film, impeccablement mis en scène, avec un sens inné de l’image. Alors que l’incroyable taudis (merveilleux passage où la caméra se hasarde dans les escaliers !!) dans lequel il vivait vient de s’écrouler, l’excellent Zbigniew CYBULSKI (le James Dean polonais) n’hésite pas malgré le danger à grimper à l’échelle…pour récupérer un modeste pot de fleurs resté sur sa fenêtre. Entre violence et sentiment, mal de vivre et angoisse, tentation du néant et espoir, le film a un immense pouvoir de séduction. Seul regret : la trop belle et trop élégante Sonja Ziemann (dans la vie Mme Marek Hlasko) ne cadre pas vraiment dans cet univers même si elle parvient à donner une dureté inattendue et bienvenue à certains passages cruciaux. Une sortie en DVD ne serait que justice !
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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LES LIAISONS DOUTEUSES (Lulu) de Rolf THIELE – 1962- Autriche
Avec Nadja TILLER, OE HASSE, Hildegard KNEF, Rudolf FORSTER, Mario ADORF et Charles REGNIER

Remake de Loulou de Pabst : à Vienne dans les années 20, une prostituée devenue femme du monde grâce à son protecteur mène une vie de débauche. Elle trompe son mari avec le fils de celui-ci. Lors d’une dispute, elle le tue et est condamnée à la prison dont elle s’échappe avec l’aide d’une comtesse amoureuse d’elle.

Personne n’a oublié l’interprétation de la légendaire Louise Brooks dans le film de Pabst aussi il pouvait paraître audacieux de faire un remake en 1962 (rappelons que le roman d’origine avait fait l’objet d’un film avec Asta Nielsen bien avant le film hyper connu de Pabst).
Alors évidemment, on peut déplorer que Nadja Tiller, comédienne de talent mais moins charismatique et mystérieuse, n’arrive pas à installer la même magie à l’écran. A Vienne, Paris ou Londres, on suit l’héroïne insensible et immorale dans ses différentes frasques : la photographie est fort belle avec une constante recherche esthétique, mais on n’est pas toujours convaincu. Certes, sur un plan purement pictural, c’est un bel hommage à l’expressionisme allemand des années 20, aux tableaux d’Otto Dix dépeignant un monde dépravé, avec une atmosphère oppressante et un climat que l’on retrouvera dans le film Cabaret. La fanfare morbide défilant comme intermède un peu comme dans l’opéra de 4 sous. Cela étant, le film ne comporte aucun élément de critique sociale. Comme on est en 1962, Nadja Tiller a davantage de possibilité que dans les années 20 pour étaler un érotisme assez appuyé, certes parfois troublant (notamment dans la scène où elle se frotte audacieusement à sa propre image dans le miroir, ou celle où elle danse effrontément et lascivement devant son protecteur avec des mines provoquantes qui évoquent Brigitte Bardot). Néanmoins, parfois le mystère et la profondeur d’un regard d’une star fascinante du muet sont plus évocateurs qu’une sensualité étalée avec complaisance. Elle donne néanmoins une honnête interprétation d’une femme amorale, narcissique et indifférente.
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On est davantage retenu par la création de OE Hasse dans le rôle du protecteur de même que celle d’une Hildegard Knef absolument parfaite et bouleversante (son meilleur rôle, peut-être ?) en comtesse lesbienne et amoureuse. Le film n’est donc pas déshonorant, et visuellement réussi, mais il soutient mal la comparaison avec la version de 1928 (Au passage, qui a vu la version avec Asta Nielsen ? Existe t-elle encore ?)
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Demi-Lune
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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Chercheurs de soleil (Konrad Wolf, 1958)

Un film que sûrement peu d'entre nous connaissent (excepté julien qui a dû se le mettre en boucle quand il était petit), mais qui mérite vraiment qu'on s'y penche. Arte en donnait récemment l'occasion avec sa soirée "Films interdits". Formellement, j'ai eu moins l'impression de voir un film est-allemand qu'un descendant direct du style soviétique qui allie expressivité et vérisme de l'image et recherches esthétiques. Avec aussi l'influence du cinéma néo-réaliste italien. Chercheurs de soleil c'est un peu la rencontre entre Kalatozov et Rossellini, quoi. Que ce soit le dénuement d'un Berlin délabré ou le labeur forcé dans les profondeurs d'une mine d'uranium, les personnages sont captés dans un noir et blanc la fois beau dans son "esthétisation" du travail ouvrier, et cinglant dans ses contrastes exprimant la violence et la pénibilité endurée par les mineurs (soumis à un régime stakhanoviste). C'est un témoignage très bien foutu sur ce métier des profondeurs et sur les conditions particulières d'exploitation, sous autorité soviétique, en temps de Guerre froide (l'uranium, en 1949, étant devenue une denrée prioritaire pour nourrir les arsenaux nucléaires). Konrad Wolf déploie une mise en scène très étudiée, s'autorisant ça et là des expérimentations formelles d'une modernité encore étonnante aujourd'hui. Si bien que procédant d'une démarche très documentaire, très réaliste, on aboutit à un curieux objet filmique dont l'intérêt ne se niche pas exclusivement dans sa réalisation puisque l'histoire se montre elle aussi très intéressante. En effet, le film dresse le tableau cru d'une société allemande (fraîchement scindée en deux États) qui sort douloureusement la tête des cendres de la Seconde Guerre mondiale et qui doit faire face tout autant à la misère quotidienne qu'à la domination de l'occupant soviétique. La mine de Felsach devient un vrai microcosme: les femmes (prostituées, chômeuses, etc) y sont envoyées de force et sont rabaissées au rôle de jouets sexuels, les hommes sont harassés par le danger permanent et font profil bas face aux Russes, la fraternisation est d'autant plus timide que les ouvriers est-allemands sont pour la plupart d'anciens combattants de la Werhmacht et que le personnel militaire soviétique n'a pas oublié le sang versé sur leur propre sol face aux Allemands. D'anciens SS débarquent même, comme pour se planquer. Dans une poudrière pareille, cherchez la femme ! :mrgreen: La jeune Lotte va faire monter la température et conduire aux tensions entre les mineurs et les Soviétiques. L'interdiction du film pendant une douzaine d'années ajoute une touche de soufre à ce témoignage engagé qui, s'il présente indéniablement des longueurs, me semble être un document rare et précieux sur la "cohabitation" forcée entre Soviétiques et Allemands de l'Est, au travers d'un fait social.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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Demi-Lune a écrit :Chercheurs de soleil (Konrad Wolf, 1958)

Un film que sûrement peu d'entre nous connaissent (excepté julien qui a dû se le mettre en boucle quand il était petit), .
Dommage qu'Arte ne rediffuse pas ce genre de films à d'autres horaires dans le mois, pour offrir une séance de rattrapage à ceux qui les ont ratés :|
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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L’AFFAIRE NINA B (Affäre Nina B.)de Robert SIODMAK – France/Allemagne – 1961
Avec Pierre BRASSEUR, Nadja TILLER, Walter GILLER, Charles REGNIER

Les célébrités de la politique, de la finance et du show-biz viennent rendre un dernier hommage à Michel Maria Berrera, un homme d'affaires célèbre qui vient de mourir. Dans l'assistance, on note la présence de la veuve de Berrera, Nina, et de Holden, son chauffeur personnel. Celui-ci se souvient. Alors qu'il sortait de prison, il a été embauché par Berrera, qui lui a offert son amitié et une place de chauffeur en échange d'une dévotion aveugle.

Un film policier assez glauque et pas très convaincant où Siodmak nous raconte les mystérieuses relations entre différents personnages liés par de troublants secrets (des révélations sur d’anciens criminels nazis) utilisés par des maîtres chanteurs : c’est plutôt confus. Franchement, j’ai eu du mal à cerner le sujet, en m’interrogeant notamment sur le personnage interprété par Walter Giller et son intégrité, son rôle exact dans cette histoire. Finalement, ces « mystères » pas vraiment palpitant finissent par dérouter. Heureusement, on reconnait le savoir-faire et le talent du cinéaste dans certains passages : comme la voiture poursuivant en pleine forêt un des mystérieux personnages à la recherche des documents secrets ou encore la finale étonnante sur fond de réveillon de Noël tonitruant avec la mort violente de l’insondable Mr B (Pierre Brasseur, très bon d’ailleurs). Un film embrouillé au message somme toute assez inquiétant sur la société allemande du début des années 60.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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CHIENS, A VOUS DE CREVER (Hunde, wollt ihr ewig leben !) de Frank WISBAR – 1958
Avec Joachim HANSEN, Ernst Wilhelm BORCHERT, Sonja ZIEMANN, Horst FRANK et Gunnar MOLLER

Octobre 1942. Le général Von Paulus qui commande la 6ème Armée obéit aveuglement à Hitler qui exige, coûte que coûte, qu’il tienne Stalingrad et résiste par tous les moyens à l’encerclement des troupes soviétiques. Dans les rangs allemands, les soldats privés d’armes et de vivres commencent à prendre conscience de la folie mégalomane du Führer.

Chiens à vous de crever fait partie de cette vaste série de films de guerre allemands tournés à la fin des années 50, dont le but récurrent était de déculpabiliser les allemands en dépeignant des soldats, luttant à contrecœur, devenus eux-mêmes des victimes du pouvoir nazi. Privés de vivres et de munitions, on les laisse littéralement crever sur le front de l’Est, comme de la chair à canon. En dépit d’un manque de moyens évident, le film parvient néanmoins à toucher en raison d’un réel souci de réalisme (le film alterne des documents d’archive et des scènes de la vie des soldats), loin des films héroïques ou partisans (ici tout le monde est écrasé, ahuri par la stupidité et le non-sens de la guerre) et du talent de Frank Wisbar. Hormis un petit semblant d’intrigue sentimentale entre Joachim Hansen et Sonja Ziemann, le film ne cherche pas la facilité.
L’ayant visionné dans de mauvaises conditions (mal doublé en espagnol), j’ai eu quelques peines à rentrer dedans, en raison de longs commentaires en voix off s’intercalant entre les séquences figurant les soldats. Mais les scènes de désolation (notamment un bref cessez le feu pendant lequel un soldat tire quelques notes d’un piano en ruine, dans un décor dévasté et jonché de cadavres) sont réussies, car le cinéaste évite l’émotion facile mais dresse un froid constat de la situation.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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LA CONFESSION D’UN ESCROC (Bekenntnisse des Hochstaplers Felix Krull) de Kurt HOFFMANN – 1957
Avec Horst BUCHHOLZ, Liselotte PULVER, Ingrid ANDREE, Heidi BRUHL

L'ascension sociale du jeune Félix Krull. Employé d'hôtel à Paris, voleur à l’occasion, gigolo pour dames mures, il n’a guère de scrupules. Félix arrive toujours à s'extirper de situations insensées et semble se jouer de tous les obstacles. Pour régler une querelle amoureuse, Il part en voyage à Lisbonne sous l'identité du marquis de Venosta. Mais il se retrouve accusé de meurtre à la place du vrai marquis….

Adaptation du roman picaresque de Thomas Mann, Felix Krull est une comédie assez alerte et impertinente qui tourne autour d’un jeune escroc sans scrupules, parfaitement amoral. Il faut tout le charme et la fantaisie d’Hosrt Buchholz pour rendre presque sympathique un personnage aussi ambigu et manipulateur. Il est notamment fort drôle quand il feint une crise d’épilepsie lors du conseil de révision pour échapper au service militaire. Dans le rôle d’une de ses nombreuses maîtresses, la pétillante Liselotte Pulver ne manque pas de répartie et lui fait du pied sous la table avec beaucoup d’énergie. Le film est assez audacieux pour l’époque quand il montre un Felix Krull hésitant devant les propositions d’un vieux conte écossais, amoureux de lui. Dans l’atmosphère légère du Paris de la belle époque, une agréable comédie gentiment irrévérencieuse.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Commissaire Juve »

Music Man a écrit :... CHIENS, A VOUS DE CREVER (Hunde, wollt ihr ewig leben !) de Frank WISBAR – 1958
Ouarf ! j'avais loupé ça. Le DVD allemand est longtemps resté dans ma "wishlist", mais je ne me suis jamais décidé à passer à l'action. Le truc vraiment drôle, c'est que je découvre le titre français. Wouuuf ! :mrgreen: Le titre allemand commence bien par "Hunde", mais la suite signifie quand même "voulez-vous vivre éternellement" ! :o Il est bizarre, ce titre français. :?
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Music Man »

Commissaire Juve a écrit :. CHIENS, A VOUS DE CREVER (Hunde, wollt ihr ewig leben !) de Frank WISBAR – 1958
Le titre allemand commence bien par "Hunde", mais la suite signifie quand même "voulez-vous vivre éternellement" ! :o Il est bizarre, ce titre français. :?
Après vérification, le titre allemand s'inspirait d'une phrase lancée par Frédéric II de Prusse à ses soldats en fuite, épuisés et peu convaincus de l’opportunité d'un assaut :"Canailles, voulez-vous vivre éternellement?"

Le titre français est plus cru, mais finalement il cadre bien avec la situation.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Commissaire Juve »

Cela dit, 13 ans après la fin de la guerre, c'est un titre qui sent encore la "germanophobie". En 58, l'Occupation n'était pas si loin pour les quarantenaires (qui avaient eu 25/30 ans pendant la guerre). 13 ans, c'était "hier".
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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LA FEMME ROUSSE (die Rote) de Helmut KAUTNER – 1962
Avec Ruth LEUWERIK, Rossano BRAZZI, Gert FROEBE, Harry MEYEN et Alain DELON

Déçue par sa vie sentimentale, une traductrice décide sur un coup de tête de quitter mari et amant. A Venise, sans le sou, elle traîne dans les rues en ressassant ses souvenirs et croise la route d’un anglais qui essaie de traquer un criminel nazi caché en Italie.

Inspiré de la nouvelle vague et surtout du cinéma introspectif d’Antonioni, la femme rousse n’a rencontré aucun succès à sa sortie et fait l’objet de critiques fort mauvaises (le film fut jugé inutile et prétentieux). Le grand cinéaste Helmut Kautner aura du mal à s’en remettre de même que la vedette du film Ruth Leuwerik (la famille Trapp).
Et pourtant, ce film n’est pas mal du tout, loin de là !(d’ailleurs à sa sortie certains critiques n’avaient-ils pas aussi qualifié le film l’année dernière à Marienbad de Resnais, qui baigne dans une atmosphère similaire, de vide et académique). Il conte avec beaucoup de style et un raffinement certain les déboires d’une femme désemparée. Insatisfaite et troublée par une existence déjà compliquée (elle se partage entre deux hommes), elle ne trouvera pas la solution à ses problèmes dans cette Venise embrumée, sombre et baignée de pluie.
Le désarroi de l’héroïne se confond avec les méandres de cette ville magique qui semble, en noir et blanc, d’une tristesse absolue.
L’homosexuel anglais, qui lui propose un peu de soutien, est en fait beaucoup plus perturbé qu’elle (il tente de traquer un ancien nazi qui l’avait capturé autrefois et l’avait obligé à donner le nom d’un de ses camarades pour avoir la vie sauve) et donc incapable de l’aider dans sa démarche. Même s’il présente quelques faiblesses, ce film introspectif sur le vague à l’âme d’une femme cherchant son destin et se perdant dans ses interrogations mérite vraiment d’être redécouvert : il bénéficie d’une excellente interprétation, à fleur de peau, de Ruth Leuwerik (la meilleure de sa carrière ?) et Gert Fröbe.
Apparition inattendue d’Alain Delon dans un train.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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LE DERNIER PONT (Die letzte Brücke) de Helmut KAUTNER – 1954
Avec Maria SCHELL, Bernhard WICKI, Barbara RUTTING et Carl MOHNER

En Yougoslavie, en 1943, une doctoresse allemande, est capturée lors d’une embuscade par un groupe de partisans du général Tito qui la somment de soigner le médecin des résistants qui a été gravement blessé. …

Prix international au festival de Cannes 1954, le dernier pont est un superbe film d’Helmut Kautner (et probablement l’un des meilleurs du cinéaste, et de la période évoquée dans ce topic). Une interrogation subtile et émouvante sur les devoirs et les horreurs de la guerre, vue à travers les yeux d’une infirmière allemande qui va se prendre de compassion pour les partisans yougoslaves qu’elle soigne. Le film est constamment éclairé d’un superbe message d’une belle humanité.
Réalisé avec un extrême souci de réalisme dans un style qui évoque le néo réalisme italien (description des petits villages traversés par les maquisards), le film touche par la sincérité de son propos et sa justesse. Le cinéaste a probablement employé de vrais paysans de la région de Belgrade, qui ajoutent une touche d’authenticité au récit. Je ne l’ai nullement trouvé mièvre ou trop sentimental, comme certains critiques français de l’époque (au contraire, j’ai trouvé que l’admiration et l’attachement certains mais jamais exprimé qui finissaient par unir l’infirmière allemande et le chef des partisans était dépeint avec beaucoup de tact et de sobriété (au passage on applaudira la superbe interprétation de Maria Schell et Bernhard Wicki). De surcroit, le film est parfaitement mis en image avec de belles recherches cinématographiques, et une mise en scène extrêmement soignée. Le récit est à la fois captivant et attachant. Il s’achève symboliquement avec la mort de l’infirmière Maria Schell qui s’écroule sur le « dernier pont » que s’entredéchirent nazis et partisans, pour n’avoir pas voulu choisir son camp, mais aider et soigner les partisans atteints du typhus.
Un film magnifique que je vous recommande très fortement !
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