Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1970)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Federico
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Federico »

Correctif : je l'étais gouré de jour. L'émission sur le cinéma allemand d'après guerre sera diffusée cette nuit du 15 au 16/8 et non la nuit dernière.
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bruce randylan
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par bruce randylan »

Grosse rareté aujourd'hui à la cinémathèque avec Le lapin, c'est moi / das kaninchen bin ich signé par Kurt Maetzig (1961).

Ce film de la RFA fut en effet interdit par la censure avant même sa sortie et n'est ressortie des étagères qu'après la chute du Mur (et n'a sans pas dû souvent traverser les frontières).

Enfin qui dit rareté ne dit pas forcément qualité. C'est le cas ici dans ce film qui pointe des défaillances du système politico-judicaire en place avec la volonté de créer un débat au sein du parti, le cinéaste étant un communiste convaincu.
Du coup, le traitement est un peu tiède et demeure avant tout un drame psychologique sur une jeune femme qui a pour amant le juge qui a traité le dossier de son frère, emprisonné pour trois ans pour "propagande anti-gouvernemantale".
On est bien loin de la qualité des films tchèques ou polonais de la même période qui étaient autrement plus audacieux, novateurs, viscéraux et inventifs visuellement.
Ici, la lumière est plate, le cadrage régulièrement approximatifs (on dirait presque une copie pan & scan), le découpage terne. Il y a tout de même des séquences plus fulgurantes comme des accélérations dans le montage, quelques plans plus incisifs et surtout une conversation à pied dont le découpage organise une succession de saut dans le temps (changement de costumes, de saisons, d'heures du jour) tout en gardant une certaine continuité dans les dialogues. Assez brillant comme façon de condenser un rapprochement amoureux avec des ellipses intelligentes.

Mais sorti de ces moments, ce sont 2 heures assez longuettes la faute donc à ce scénario qui n'ose pas aller jusqu'au bout des choses pour des enjeux qui se limitent au final donc à un marivaudage qui fait beaucoup de surplace. C'est d'ailleurs cet aspect qui a permis à la censure de condamner le film pour son immoralité.
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Supfiction
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Supfiction »

Music Man a écrit :Image
LES ASSASSINS SONT PARMI NOUS (Die Mörder sind unter uns) de Wolfgang STAUDTE – 1946
Avec Hildegard KNEF et Ernst Wilhelm BORCHERT

Dans un Berlin en ruines, un chirurgien démobilisé, hanté par ses souvenirs de guerre, noie ses tourments dans l’alcool. Il retrouve la trace du capitaine qui pendant la guerre avait froidement fait exécuter femmes et enfants.

En 1946, le cinéma allemand renaissait tout juste de ses cendres. Ce film fut un des tous premiers tournés dans les studios de la DEFA sous le contrôle de l’Union soviétique et à aborder les difficultés de l’après guerre et la reconstruction d’un pays anéanti et honteux.
Ce très beau film d’une grande humanité, nous propose d’abord comme un documentaire la vision la plus noire d’une Allemagne en ruine, infestée par les rats, où les gens vivent dans la plus grande précarité.
Perturbé par les horreurs de la guerre, le personnage principal est complètement perdu et détruit. En se réfugiant dans la boisson et en fréquentant de sordides bouis-bouis, il tente d’oublier le passé, incapable de se reconstruire une existence alors que sa colocataire qui sort des camps de concentration cache pudiquement sa douleur, et se plonge avec beaucoup de courage et de volonté dans le travail et les occupations quotidiennes;
Cette rencontre entre deux être brisés est superbement filmée par Staudte dans un climat qui évoque à la fois le néo-réalisme italien et l’expressionisme. Jouant parfaitement des ombres, de ce décor crépusculaire, et des frous-frous futiles de la boite de nuit, le cinéaste, en adoptant les angles les plus audacieux, constitue une œuvre, très émouvante mais aussi réconfortante animée d’un beau message d’amour et d’espoir. La seconde partie (avec les flash backs retraçant le drame vécu par le chirurgien pendant la guerre et les horreurs commises par l’armée hitlérienne) m’a parue hélas moins réussie et beaucoup moins subtile.
La vedette féminine Hildegard Knef, dans son premier grand rôle allait connaitre une gloire internationale bien méritée au cinéma comme au music hall. Dommage qu’elle n’ait pas retrouvé sur sa route d’aussi bons films !
On appréciera grandement le travail d’Otto Hunte, directeur artistique de talent, qui avait travaillé autrefois sur Métropolis… et le juif Suss !
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Commissaire Juve
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Commissaire Juve »

Music Man a écrit : LES ASSASSINS SONT PARMI NOUS (Die Mörder sind unter uns) de Wolfgang STAUDTE – 1946
Avec Hildegard KNEF et Ernst Wilhelm BORCHERT

Dans un Berlin en ruines, un chirurgien démobilisé, hanté par ses souvenirs de guerre, noie ses tourments dans l’alcool. Il retrouve la trace du capitaine qui pendant la guerre avait froidement fait exécuter femmes et enfants.

En 1946, le cinéma allemand renaissait tout juste de ses cendres. Ce film fut un des tous premiers tournés dans les studios de la DEFA sous le contrôle de l’Union soviétique et à aborder les difficultés de l’après guerre et la reconstruction d’un pays anéanti et honteux.
Ce très beau film d’une grande humanité, nous propose d’abord comme un documentaire la vision la plus noire d’une Allemagne en ruine, infestée par les rats, où les gens vivent dans la plus grande précarité...
Cette partie du film est très bonne. Fascinante, même (dans la mesure où il ne s'agit pas d'une reconstitution, que les comédiens avaient vécu tout ça pour de vrai).
Music Man a écrit :... La seconde partie (avec les flash backs retraçant le drame vécu par le chirurgien pendant la guerre et les horreurs commises par l’armée hitlérienne) m’a parue hélas moins réussie et beaucoup moins subtile.
Pas vraiment une seconde partie. C'est plutôt la fin. Et -- effectivement -- ça vient tout gâcher. La dernière phrase du héros : oh non... pas ça ! Là, on tombe dans les pires travers des films "institutionnels". :?
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Supfiction »

Commissaire Juve a écrit :
Music Man a écrit :... La seconde partie (avec les flash backs retraçant le drame vécu par le chirurgien pendant la guerre et les horreurs commises par l’armée hitlérienne) m’a parue hélas moins réussie et beaucoup moins subtile.
Pas vraiment une seconde partie. C'est plutôt la fin. Et -- effectivement -- ça vient tout gâcher. La dernière phrase du héros : oh non... pas ça ! Là, on tombe dans les pires travers des films "institutionnels". :?
Moi ce sont les toutes dernières secondes que j'ai trouvées ratées, bâclées, pas crédibles. Il apparait évident que cette fin a été imposée, probablement pour ne pas encourager les règlements de compte et le désordre public.

Beaucoup aimé cette actrice Hildegard KNEF. Un peu trop bien portante peut-être au début du film en revanche (à comparer avec Nina Hoss dans le récent Phoenix).

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Jean René
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Jean René »

Jean Ollé-Laprune dans sa présentation du film précise que le scénario avait été refusé par les Français, les Britanniques et les Américains avant d'être financé par les soviétiques, à condition d'en modifier le dénouement qui prévoyait initialement la vengeance du Dr Mertens. En effet les Russes n'acceptaient pas qu'un citoyen puisse faire la justice seul.

D'ailleurs a-t-on connaissance d'un vigilante movie soviétique? ;)

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Lord Jim
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Lord Jim »

Beaucoup aimé cette actrice Hildegard KNEF. Un peu trop bien portante peut-être au début du film en revanche (à comparer avec Nina Hoss dans le récent Phoenix).
+1

Les décors naturels du Berlin en ruines sont très réalistes (et réels) mais en ce qui concerne l’héroïne, elle sort d'un camp de concentration toute pimpante, bien fringuée et elle a même conservé sa très jolie bague (sans parler des jolies bas qu'elle porte ensuite au cours du film)...bref, pour moi, ce genre de détails cassent un peu l'atmosphère qui se veut réaliste.
De plus, et j'imagine que c'est "l'influence" des soviétiques, les habitants n'ont pas l'air d'avoir trop mal à trouver de la nourriture et puis évidemment, pas l'ombre de soldats soviétiques dont le comportement, notamment vis à vis des femmes, a été terrible: je ne crois pas que l’héroïne aurait osé s'aventurer toute seule dans la nuit...
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Supfiction
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Supfiction »

Lord Jim a écrit :sans parler des jolies bas qu'elle porte ensuite au cours du film
ah oui, je les ai remarqués aussi! :D (cf. Le dernier métro sur ce sujet)

C'est paradoxal au final puisqu'on a à l'écran des décors et des êtres humains qui sortent à peine de la guerre et pourtant le traitement semble édulcoré et moins réaliste que celui des films actuels.
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Kevin95
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1970)

Message par Kevin95 »

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AGENT DOUBLE (Frauen in Teufels Hand) - Hermann Leitner (1960) découverte

On aimerait flinguer sans ménagement cet Agent double pour l'ennui abyssale qu'il cause mais non... trop bon trop con, car au fond, le film n'est même pas mauvais, juste insipide, daté, dans le tas. En même temps faut le faire, un film de guerre avec espions dans tous les coins qui réussit à être aussi chiant que le badminton, chapeau. Le film d'Hermann Leitner (une invention d'Imdb) plagie sans vergogne Casablanca de Michael Curtiz (1942), s'excuse même pas, et se contente de réunir des gus méfiants qui jactent, boivent, jactent, qui... il reste du cognac ? Bah qui boivent encore etc. jusqu’au générique de fin. Assommant de platitude malgré un bon pré-générique (dans un train avec un scientifique à enlever façon Les Barbouzes mais en sérieux), Agent double roupille comme ce n'est pas permis. J'en aurai presque honte de l'avoir réveillé.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Rick Blaine
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Rick Blaine »

Music Man a écrit :Image
CHIENS, A VOUS DE CREVER (Hunde, wollt ihr ewig leben !) de Frank WISBAR – 1958
Avec Joachim HANSEN, Ernst Wilhelm BORCHERT, Sonja ZIEMANN, Horst FRANK et Gunnar MOLLER

Octobre 1942. Le général Von Paulus qui commande la 6ème Armée obéit aveuglement à Hitler qui exige, coûte que coûte, qu’il tienne Stalingrad et résiste par tous les moyens à l’encerclement des troupes soviétiques. Dans les rangs allemands, les soldats privés d’armes et de vivres commencent à prendre conscience de la folie mégalomane du Führer.

Chiens à vous de crever fait partie de cette vaste série de films de guerre allemands tournés à la fin des années 50, dont le but récurrent était de déculpabiliser les allemands en dépeignant des soldats, luttant à contrecœur, devenus eux-mêmes des victimes du pouvoir nazi. Privés de vivres et de munitions, on les laisse littéralement crever sur le front de l’Est, comme de la chair à canon. En dépit d’un manque de moyens évident, le film parvient néanmoins à toucher en raison d’un réel souci de réalisme (le film alterne des documents d’archive et des scènes de la vie des soldats), loin des films héroïques ou partisans (ici tout le monde est écrasé, ahuri par la stupidité et le non-sens de la guerre) et du talent de Frank Wisbar. Hormis un petit semblant d’intrigue sentimentale entre Joachim Hansen et Sonja Ziemann, le film ne cherche pas la facilité.
L’ayant visionné dans de mauvaises conditions (mal doublé en espagnol), j’ai eu quelques peines à rentrer dedans, en raison de longs commentaires en voix off s’intercalant entre les séquences figurant les soldats. Mais les scènes de désolation (notamment un bref cessez le feu pendant lequel un soldat tire quelques notes d’un piano en ruine, dans un décor dévasté et jonché de cadavres) sont réussies, car le cinéaste évite l’émotion facile mais dresse un froid constat de la situation.
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Vu avec la récente édition Movinside (Globalement une bonne copie, malgré les premières images un peu abîmées), et je trouve ce film très réussi. J'avais un peu peur avec les images d'archives ouvrant le film d'une tentative de trop coller au documentaire, mais Wisbar s'en sort très bien, et utilise de manière très pertinente ces images dans son récit (la mise en parallèle d'un discours de Goering et de blessés entassés dans les caves de Stalingrad par exemple). On ressent fortement la faim, le froid et l'absurdité de cette situation grace au vrai talent de Wisbar, malgré des moyens visiblement limités, et à un casting très convainquant duquel émerge Wolfgang Preiss dans un rôle difficile qu'il défend très bien. Une très bonne pioche, j'espère qu'il y a d'autres films de ce calibre dans la salve Movinside.
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Jack Carter
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

Message par Jack Carter »

Rick Blaine a écrit :
Music Man a écrit :Image
CHIENS, A VOUS DE CREVER (Hunde, wollt ihr ewig leben !) de Frank WISBAR – 1958
Avec Joachim HANSEN, Ernst Wilhelm BORCHERT, Sonja ZIEMANN, Horst FRANK et Gunnar MOLLER

Octobre 1942. Le général Von Paulus qui commande la 6ème Armée obéit aveuglement à Hitler qui exige, coûte que coûte, qu’il tienne Stalingrad et résiste par tous les moyens à l’encerclement des troupes soviétiques. Dans les rangs allemands, les soldats privés d’armes et de vivres commencent à prendre conscience de la folie mégalomane du Führer.

Chiens à vous de crever fait partie de cette vaste série de films de guerre allemands tournés à la fin des années 50, dont le but récurrent était de déculpabiliser les allemands en dépeignant des soldats, luttant à contrecœur, devenus eux-mêmes des victimes du pouvoir nazi. Privés de vivres et de munitions, on les laisse littéralement crever sur le front de l’Est, comme de la chair à canon. En dépit d’un manque de moyens évident, le film parvient néanmoins à toucher en raison d’un réel souci de réalisme (le film alterne des documents d’archive et des scènes de la vie des soldats), loin des films héroïques ou partisans (ici tout le monde est écrasé, ahuri par la stupidité et le non-sens de la guerre) et du talent de Frank Wisbar. Hormis un petit semblant d’intrigue sentimentale entre Joachim Hansen et Sonja Ziemann, le film ne cherche pas la facilité.
L’ayant visionné dans de mauvaises conditions (mal doublé en espagnol), j’ai eu quelques peines à rentrer dedans, en raison de longs commentaires en voix off s’intercalant entre les séquences figurant les soldats. Mais les scènes de désolation (notamment un bref cessez le feu pendant lequel un soldat tire quelques notes d’un piano en ruine, dans un décor dévasté et jonché de cadavres) sont réussies, car le cinéaste évite l’émotion facile mais dresse un froid constat de la situation.
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Vu avec la récente édition Movinside (Globalement une bonne copie, malgré les premières images un peu abîmées), et je trouve ce film très réussi. J'avais un peu peur avec les images d'archives ouvrant le film d'une tentative de trop coller au documentaire, mais Wisbar s'en sort très bien, et utilise de manière très pertinente ces images dans son récit (la mise en parallèle d'un discours de Goering et de blessés entassés dans les caves de Stalingrad par exemple). On ressent fortement la faim, le froid et l'absurdité de cette situation grace au vrai talent de Wisbar, malgré des moyens visiblement limités, et à un casting très convainquant duquel émerge Wolfgang Preiss dans un rôle difficile qu'il défend très bien. Une très bonne pioche, j'espère qu'il y a d'autres films de ce calibre dans la salve Movinside.
J'ai vu qu'il etait dispo dans l'une des bibliotheque lyonnaises, à reserver :)
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
Ben Castellano
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1970)

Message par Ben Castellano »

Je ne sais pas s'il faut mettre tout le cinéma Est Allemand dans les années tunnels (!)

En plus du cycle UFA sur arte replay (en disponibilité longue durée) : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-014984 ... -de-l-ufa/, on peut également voir en ce moment un cycle consacré aux productions de l'ex RDA : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-013293 ... de-la-rda/

Vu du coup Les Architectes de Peter Kahane (1989), l'un des derniers films produits par le pays, très intéressant dans sa première partie et son final, même si le scénario parait un peu éculé et pathos dans ses ressorts au bout d'une heure (la séparation du couple en parallèle en rajoute des tonnes, et les bouts d'inspiration qu'on trouve dans les cadres et l'installation du récit très fluide laisse place à quelque chose de plus engoncé). Mais la dimension très critique sur le régime en déliquescence est surprenant pour un film produit par l'Etat, même en transition, et le dernières images très, très parlantes. Je vais tâcher de regarder les autres films offerts en libre accès.
Ben Castellano
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1970)

Message par Ben Castellano »

Génération 45 de Jürgen Böttcher (1966)
Interdit par l'Etat est-allemand qui choisissait de reprendre vigoureusement la main sur la production artistique de l'époque, le film n'est sorti qu'en 1990... On est clairement dans un exercice proche des différentes nouvelles vagues à l'oeuvre à l'époque, mais ce Génération 45 garde en permanence naturel, sensibilité, et une approche finalement plus impressioniste que radicalement politique ou cérébrale. C'est le portrait d'une jeunesse qui déambule sans d'autres perspectives qu'un cadre conventionnel où l'appartement, le ménage et le job sont tout tracés. Comment interroger le bonheur ici? Le héros suscite en partie l'agacement, mais ceux qui passent tout le film à l'endjoindre à aller contre sa décision de séparation, à fustiger son absence de maturité, même sur un ton douceureux, accentuent une langueur sociale absurde. Via le jeune couple en instance de divorce qui fait le point sur ses aspirations, le cinéaste cristallise une forme de légèreté et d'insouciance qui ne peut se déployer réellement, et se butte à l'ennui, s'agite dans le mal-être... Le final, qu'on peut juger conformiste achève un sentiment de grâce éphémère. Comme cette liberté de style et de ton qui semble sans perspective pour ses différents motifs, et voit se dresser à l'horizon les paysages de la planification.
C'est le seul film de fiction de ce réalisateur, et c'est un peu dommage : usage parfait de la musique, finesse et justesse des cadres...
https://www.arte.tv/fr/videos/067895-00 ... boettcher/

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Supfiction
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1970)

Message par Supfiction »

Je suis de passage dans un hotel à Vienne et ils passent HOCHZEITSNACHT IM PARADIES (Nuit de noces au paradis) de 1962 à la télévision. Ce qui est bien avec ces films légers et reposants (on dirait du Al Bano et Romina Power ou du Luis Mariano autrichien), c’est qu’on a meme pas besoin de comprendre la langue.

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Alexandre Angel
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1970)

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit : 16 juin 22, 17:47 Je suis de passage dans un hotel à Vienne et ils passent HOCHZEITSNACHT IM PARADIES (Nuit de noces au paradis) de 1962 à la télévision. Ce qui est bien avec ces films légers et reposants (on dirait du Al Bano et Romina Power ou du Luis Mariano autrichien), c’est qu’on a meme pas besoin de comprendre la langue.

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Ton témoignage est assez troublant. On a l'impression que tu es de passage à Vienne au milieu des années 70. Comme quand moi, j'étais en vacances avec mes parents (en France, peu importe) et que je voyais des choses en noir et blanc dans la chambre d'hôtel.
Un film comme ça peut-il encore passer à la télé même autrichienne?? (ça me rappelle des fins d'après-midi le dimanche sur la 2). C'est fabuleusement anachronique ! :D (et je prends en considération l'appétence des autrichiens pour les opérettes)
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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