Stanley Kubrick (1928-1999)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Federico
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Federico »

Profondo Rosso a écrit :Barry Lyndon (1975)
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Somptueuse, cette affiche ! Je ne l'avais jamais vue.
Après sa trilogie de science-fiction (Docteur Folamour, 2001 et Orange Mécanique)
Euh... seul 2001 est un film de SF, Dr Folamour est de la politique-fiction et Orange mécanique de l'anticipation. :wink:
la longue préparation étant notamment consacrée à la rendre compatible les volumineux objectifs de la NASA à des caméras de cinéma.
Je crois qu'un seul objectif fut fourni par la NASA (le fameux 50mm Zeiss à l'incroyable ouverture de 0,7). Pour le reste, Kubrick fit adapater sur mesure un non moins exceptionnel zoom de la marque Angénieux (société stéphanoise spécialisée dans les "cailloux" haut-de-gamme et qui fournira également de nombreuses optiques à la NASA).
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Je suis moi-même l'heureux possesseur d'un zoom Angénieux, certes beaucoup plus standard et de plus sur une vieille caméra qui a rendu l'âme depuis des lustres. :mrgreen:
Les amours contrariés du début nous l'aurons bien fait comprendre, cette société anglaise du XVIIIe repose sur les rapports de classe et Barry souhaite à son tour s'y faire sa place. La première partie enlevée et sa suite de péripéties suit donc la perte d'innocence au fil de ses aventures tandis que sa détermination, son immoralité et sa soif de réussite vont grandissant. C'est un récit d'apprentissage qui se clôt avec la brillante scène de séduction muette entre Barry et Lady Lyndon à la table de jeu. La voix-off s'estompe pour laisser Barry seul maître du jeu, la caméra se fige dans leurs échanges de regard puis suit leur mouvement comme des marionnettes jouant une comédie déjà programmée (le jeu figé de poupée de porcelaine de Marisa Berenson) l'entêtant Trio de Schubert apportant la distance à ce qui est supposé être une scène de coup de foudre.
Je n'ai pas lu le roman de Thackeray mais le personnage de Barry Lyndon est le grand frère des jeunes parvenus balzaciens... et de certains "héros" aux dents longues du cinéma américain des années Reagan et suivantes (les gendres idéaux Tom Cruise et Michael Douglas, Swimming with Sharks etc.)

En tout cas, belle critique d'un monument visuel et auditif, Profondo Rosso. :)
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Jeremy Fox
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Jeremy Fox »

Federico a écrit :
En tout cas, belle critique d'un monument visuel et auditif, Profondo Rosso. :)
... et émotionnel aussi (car je ne le trouve pas froid du tout ce film). Et effectivement bravo Profondo Rosso :wink:
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Rick Deckard
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Rick Deckard »

Federico a écrit :
Après sa trilogie de science-fiction (Docteur Folamour, 2001 et Orange Mécanique)
Euh... seul 2001 est un film de SF, Dr Folamour est de la politique-fiction et Orange mécanique de l'anticipation. :wink:
Il me semble que le terme science-fiction, et plus particulièrement l'acronyme SF, recouvre les différents sous-genres imaginant un futur possible, un présent alternatif, voire un passé différent... :wink:

Uchronie, space-opera, hard-science, cyberpunk, steampunk... Si on commence a détailler, on va jamais s'en sortir !
Une séparation simple entre SF, fantastique et Heroic Fantasy est suffisante à mon avis, ces trois genres étant très différents l'un de l'autre (même si des hybridations sont toujours possibles).
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Federico »

Rick Deckard a écrit :
Federico a écrit :
Euh... seul 2001 est un film de SF, Dr Folamour est de la politique-fiction et Orange mécanique de l'anticipation. :wink:
Il me semble que le terme science-fiction, et plus particulièrement l'acronyme SF, recouvre les différents sous-genres imaginant un futur possible, un présent alternatif, voire un passé différent... :wink:

Uchronie, space-opera, hard-science, cyberpunk, steampunk... Si on commence a détailler, on va jamais s'en sortir !
Une séparation simple entre SF, fantastique et Heroic Fantasy est suffisante à mon avis, ces trois genres étant très différents l'un de l'autre (même si des hybridations sont toujours possibles).
Je veux bien mais en tant que grand amateur de SF, je ne pourrai, même sous la torture ranger Dr Folamour dans cette catégorie. J'aurais d'ailleurs mieux fait de parler de satire ou de comédie satirique et non de politique-fiction (à laquelle appartient par contre son faux-jumeau Point limite). Ou alors toute oeuvre d'imagination depuis 5000 ans est de la SF. :wink:
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Profondo Rosso
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Profondo Rosso »

Federico a écrit :
Les amours contrariés du début nous l'aurons bien fait comprendre, cette société anglaise du XVIIIe repose sur les rapports de classe et Barry souhaite à son tour s'y faire sa place. La première partie enlevée et sa suite de péripéties suit donc la perte d'innocence au fil de ses aventures tandis que sa détermination, son immoralité et sa soif de réussite vont grandissant. C'est un récit d'apprentissage qui se clôt avec la brillante scène de séduction muette entre Barry et Lady Lyndon à la table de jeu. La voix-off s'estompe pour laisser Barry seul maître du jeu, la caméra se fige dans leurs échanges de regard puis suit leur mouvement comme des marionnettes jouant une comédie déjà programmée (le jeu figé de poupée de porcelaine de Marisa Berenson) l'entêtant Trio de Schubert apportant la distance à ce qui est supposé être une scène de coup de foudre.
Je n'ai pas lu le roman de Thackeray mais le personnage de Barry Lyndon est le grand frère des jeunes parvenus balzaciens... et de certains "héros" aux dents longues du cinéma américain des années Reagan et suivantes (les gendres idéaux Tom Cruise et Michael Douglas, Swimming with Sharks etc.)
D'ailleurs j'ai beaucoup pensé au Scarface de De Palma à la fin puisque comme lui c'est précisément le moment où il fait preuve de compassion qui fait définitivement tout perdre à Barry durant le duel.
Rick Deckard a écrit :
Federico a écrit :
Euh... seul 2001 est un film de SF, Dr Folamour est de la politique-fiction et Orange mécanique de l'anticipation. :wink:
Il me semble que le terme science-fiction, et plus particulièrement l'acronyme SF, recouvre les différents sous-genres imaginant un futur possible, un présent alternatif, voire un passé différent... :wink:

Uchronie, space-opera, hard-science, cyberpunk, steampunk... Si on commence a détailler, on va jamais s'en sortir !
Une séparation simple entre SF, fantastique et Heroic Fantasy est suffisante à mon avis, ces trois genres étant très différents l'un de l'autre (même si des hybridations sont toujours possibles).
Tout à fait toutes ses grandes divisions ont surtout été utilisée pour la littérature SF au cinéma c'est moins nécéssaire :wink:, une réalité alternative c'est une forme de SF tout de même et Docteur Folamour rentre tout à fait dedans.
Jeremy Fox a écrit :
Federico a écrit :
En tout cas, belle critique d'un monument visuel et auditif, Profondo Rosso. :)
... et émotionnel aussi (car je ne le trouve pas froid du tout ce film). Et effectivement bravo Profondo Rosso :wink:
Tout à fait jamais la supposée froideur de Kubrick n'a été plus fausse, je sais que la scène de la mort du fils te touche beaucoup aussi on en avait déjà parlé, c'est son plus ouvertement émotionnel si on ne reste pas à la simple réussite plastique. Et merci pour le texte :wink:
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Federico »

Profondo Rosso a écrit : Tout à fait toutes ses grandes divisions ont surtout été utilisée pour la littérature SF au cinéma c'est moins nécéssaire :wink:, une réalité alternative c'est une forme de SF tout de même et Docteur Folamour rentre tout à fait dedans.
Désolé si je m'entête mais vous êtes en train de confondre fiction et science-fiction. Toute oeuvre d'imagination est une réalité alternative, ça n'en fait pas pour autant de la SF. A la recherche du temps perdu de Proust n'est que réalité alternative (de noms, de lieux - voire même de sexe).
Un autre exemple : dans les aventures de Tintin, les méchants sont punis et le héros s'en tire toujours. C'est une réalité alternative (ou de l'irréalisme, si vous préférez), de la fiction totale, mais c'est tout. Le seul album de Tintin qui tient réellement de la SF est Vol 714 pour Sydney. Dans Dr Folamour, tourné en pleine Guerre Froide, il n'y a rien qui au départ ne tienne pas debout dans la réalité de l'époque (un général cinglé qui court-circuite sa hiérarchie). Il n'y a que dans le cerveau cintré de Jack D. Ripper qu'un scénario (vaguement) SF s'est construit puisqu'il est convaincu que les Soviétiques ont empoisonné les mâles du Monde Libre. Ensuite c'est juste de la grosse farce (et encore, il manque la fameuse scène slapstick finale de la bataille de tartes à la crème). :wink:
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Profondo Rosso
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Profondo Rosso »

Federico je crois que tu as quand même compris où on voulait en venir quand on l'intègre dans de la SF et que tu pinailles sur la terminologie parce que tu es connaisseur. Dans l'oeuvre de Kubrick ça s'intègre à une vision possible du futur de l'humanité, l'ultraviolence (Orange Mécanique), l'évolution (2001) ou l'apocalypse avec Docteur Folamour. C'est une farce certes mais c'est cohérent de l'associer aux deux autres films et c'est dans ce sens que je le considère comme de la SF (une réalité alternative qui débouche sur un futur alternatif avec la bombe), pareil pour Orange Mécanique l'anticipation c'est de la SF après quelle SF c'est à voir. C'est en littérature surtout que les grandes séparation ont cours et même là entre le conte, le merveilleux et la fantasy par exemple ce n'est pas forcément évident.
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Federico »

L'anticipation c'est de la SF... Non, c'est l'inverse qui est souvent vrai. Ou alors la 1ère version de The Manchurian candidate et Sept jours en mai sont des film de SF au même titre que Dr Folamour. :wink:
Je crois que la confusion vient de l'effet bombe nucléaire qui pour beaucoup relève encore de la SF par son aspect de science ultime. Mais hélas en 1964, cela faisait 20 ans que son utilisation n'avait rien d'une anticipation (et elle faillit bel et bien servir à nouveau au moins deux fois avant la sortie du film : guerre de Corée et crise de Cuba, ce qui, dans les deux cas aurait pu conduire à une apocalypse nucléaire entre les deux blocs). C'est en cela que le film de Kubrick dut paraître bien grinçant aux spectateurs de 1964 (et celui de Lumet terrifiant de réalisme).
C'est toute la différence entre l'issue tragique de Dr Folamour et celle de Terminator 3 qui est là, par contre, tout à fait un récit de SF.
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Anorya »

Lapin compris. En gros on devrait plus avoir à s'inquiéter parce que rohlàlà c'est passé tout ça, plus de quoi avoir peur comme en 60. :?
Désolé mais la fin de Terminator 3 me semble aussi plausible actuellement et terrifiante que celle de Dr.Folamour justement. :o
Je pense qu'il s'agit d'un mauvais exemple parce que là on pense plus SF pour la machine en elle-même incarnée par Schwarzy mais la fin me paraît toute aussi inquiétante que l'amertume ressentie à la fin du Kubrick, il n'y a pas à tergiverser entre le constat historique de 1964 certes beaucoup plus terrifiant avec la crise de Cuba et une menace potentielle encore trop palpable (rien que les actualités sur la Corée du Nord suffisent à me hérisser le poil). Dans un cas comme l'autre on a là une bonne illustration d'une épée de Damoclès qui reste, du moins pour l'exemple nucléaire. :wink:
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Federico »

M'enfin... Dans Dr Folamour, le problème (sous la farce) est dans l'actualité de l'époque (encore plus "chaude" que la notre) et la faille humaine. Dans T3, le scénario imagine la prise du pouvoir par un réseau informatique vérolé, ce qui était déjà plausible en 2003 mais à un niveau bien moins élevé (rappelez-vous la ridicule panique du "bug de l'an 2000", Everest qui accoucha d'une amibe).
Bien entendu que nous vivons depuis 60 ans avec l'épée de Damoclès du feu nucléaire et c'est même miraculeux que ces vilains joujoux n'aient encore jamais servi à grande échelle mais ça, c'est un autre problème qui n'a rien à voir avec la science-fiction mais avec la géopolitique (ou la politique-fiction).
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Et ce n'est pas le pauvre jeu de la Corée du Nord le plus inquiétant. Ni même de l'Iran. Les risques sont bien plus élevés entre l'Inde et le Pakistan voire au niveau maximum de dégâts imaginable (si l'un des scenarii les plus pessimistes actuels se vérifie à savoir l'effondrement de l'économie américaine) entre les USA et la Chine... :?
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Federico »

Toute cette semaine dans Les nouveaux chemins de la connaissance, du lundi au jeudi sur France Culture :

Philosopher avec Stanley Kubrick

lundi 7 : Orange mécanique

mardi 8 : Shining

mercredi 9 : 2001 : L'odyssée de l'espace

jeudi 10 : Barry Lyndon
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Federico »

L'INA a regroupé toute une série de documents audio et vidéo, connus ou moins, sur Kubrick. Dont une interview de Marisa Berenson, plusieurs numéros du Masque et la plume et même un (sic) "essai d'analyse structurale" de 2001 : L'odyssée de l'espace. A propos de structure, il y a aussi des morceaux de Ciment à l'intérieur du dedans... :mrgreen: :arrow:
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Flol
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Flol »

The Playlist a mis en ligne une interview apparemment rare de Kubrick, datant de 1966, et d'une durée de 76mn :
http://blogs.indiewire.com/theplaylist/ ... s-20131216
Duke
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Duke »

En ce qui me concerne Kubrick se limite à Docteur Folamour (qui figure même parmi mes films préférés), Spartacus et éventuellement Lolita. Après c'est vraiment tout ce que je déteste au cinéma, comme Orange mécanique, Shining et Full Metal Jacket.
bronski
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par bronski »

Duke a écrit :En ce qui me concerne Kubrick se limite à Docteur Folamour (qui figure même parmi mes films préférés), Spartacus et éventuellement Lolita. Après c'est vraiment tout ce que je déteste au cinéma, comme Orange mécanique, Shining et Full Metal Jacket.
Je te conseille de regarder Les sentiers de la gloire, c'est du Kubrick "première période" et je pense que ça te plaira.
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