Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 1964)
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Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 1964)
Sol Nazerman (Rod Steiger) est un vieux prêteur sur gages immigré qui travaille à sa boutique à New York. L'on apprend peu à peu qu'il est rescapé d'Auschwitz où il a perdu toute sa famille. La séquence initiale nous montre une escapade familiale à la campagne, dernier moment heureux, avant qu'ils ne soient tous arrêtés. Ce moment hante Sol encore bien des années plus tard et surgit par flash comme d'autres épisodes plus sinistres de sa vie dans les camps. Ces moments arrivent brutalement sans explication particulière si ce n'est le traumatisme prégnant ou provoqués par association avec un événement ou un objet. Lumet choisit d'illustrer cette violence mémorielle en insérant dans le récit des photogrammes très courts, à la limite du subliminal, qui le sont de moins en moins au fur et à mesure qu'ils apparaissent à Sol. Le cadre (1 : 33) choisi vient emprisonner le personnage dans sa douleur, les grillages de la boutique en font un éternel séquestré et les demandes nombreuses des pauvres qui apportent de menus objets pour avoir quelque argent font de lui le réceptacle d'une misère quotidienne et collective.
Le film a ceci d'intéressant : il ne tente pas de faire de ce personnage principal un martyre ou quelqu'un d'exemplaire. Il est on ne peut plus antipathique. S'isolant dans sa douleur, qu'il ne tente pas d'expliquer aux autres pour excuser son comportement, rejetant toute tentative d'approche, de compassion, d'aide. Autour de lui les occasions ne manquent pas, le vieil homme qui tente de solliciter son savoir scientifique par des lectures ou discussions, la femme esseulée qui veut le séduire, le jeune Jésus Ortiz qui cherche un maître, quelqu'un qui puisse être son mentor, tout lui apprendre... Tous se heurtent à un mur : "Stay out of my life" dit-il brutalement.
Personnage complexe qui ne peut se permettre de se laisser envahir par ses émotions, il tente déjà de contrôler, de dompter sa souffrance qui déborde souvent. Il souffre de la perte des êtres chers mais également de ne pas avoir pu empêcher cela "Strange, I could do nothing". Un flash nous le montre dans un wagon surpeuplé lorsque son fils s'évanouit, tombe, Sol hurlant de ne pas pouvoir se rendre auprès de lui pour l'aider... Tous morts et lui vivant, Primo Levi parle de cette culpabilité pour celui qui reste, qui a du lutter, et donc, dans cet univers, prendre quelque chose à autrui pour survivre. Nazerman le dit "I survive", il continue de le faire des années plus tard, certains, Primo Levi, Bruno Bettelheim, seront fatigués de cette lutte et se donneront la mort, comme d'autres. Mais Sol ne meurt pas, même lorsqu'il le demande, voir l'épisode de la confrontation avec Rodriguez. Lorsque Jésus, son apprenti, mourra, il se mettra à crier, un cri muet (comme Al Pacino dans Le Parrain III) au-delà de la douleur. Il se lève et erre comme un zombie sur le trottoir. L'image du mort-vivant lui est donnée par Mendel qui tente de le secouer, de supprimer cette honte, celle de ne pas vivre sa vie, de la vivre comme un mort et de la gâcher. Finalement on ne sait s'il souffre parce que ce n'est pas lui qui est mort ou bien s'il souffre parce qu'il s'aperçoit que cette mort aurait pu être évitée s'il s'était ouvert aux autres.
Le film dégage une atmosphère pesante, de par le jeu de Rod Steiger, damné parmi les vivants, de par le cadrage qui ne laisse que peu d'espace aux personnages et par les grilles, ouvertures étroites, couloirs qui les emprisonnent. La jovialité et l'enthousiasme du jeune Jésus Ortiz (Angel dans The Wild Bunch) disparaît totalement dans cet univers sombre. Lumet a le mérite de nous faire toucher du doigt ce que nous ne pouvons comprendre : une douleur insondable.
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 1964)
C'est sorti en DVD ? Je possède le soundtrack de ce film que je n'ai malheureusement jamais vu. C'est signé Quincy Jones. Le CD tournait en boucle sur ma chaîne à une époque.
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 19
Film monumental, porté par une interprétation sans faille, une bande sonore très jazzy et une magnifique photo du New York de la fin des années 60. Un film d'une noirceur qui prend aux tripes. Le dvd existant en Z1 n'a malheureusement pas de sous-titre (comme pour Daniel, autre film très intéressant de Lumet en Z1 sans sous-titre... Si seulement un éditeur français s'y intéressait...).angel with dirty face a écrit :C'est sorti en DVD ? Je possède le soundtrack de ce film que je n'ai malheureusement jamais vu. C'est signé Quincy Jones. Le CD tournait en boucle sur ma chaîne à une époque.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 1964)
Merci Abronsius pour ce texte, qui donne envie de voir le film.
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 19
Et moi, cela donne envie de le revoir, je me souviens d'un film très efficace, à la fois contemplatif et énergique, avec un remarquable Rod Steiger.Strum a écrit :Merci Abronsius pour ce texte, qui donne envie de voir le film.
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 1964)
Merci à vous. J'ai vu le film en salle dans le cadre de le rétrospective Lumet que donne l'Institut Lumière...
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 1964)
Ennui assez profond en ce qui me concerne et comme souvent chez Lumet, on ne peut pas dire qu'il ait eu la main légère sur un tel sujet.
Meilleur topic de l'univers
https://www.dvdclassik.com/forum/viewto ... 13&t=39694
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 19
un message sybillin d'un responsable Olive films sur htf laisse entendre que le film sortirait en juin ou juillet aux usa.
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- « Il y aura toujours de la souffrance humaine… mais pour moi, il est impossible de continuer avec cette richesse et cette pauvreté ». - Louis ‘Studs’ Terkel (1912-2008) -
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 19
Quelques mois de retard, mais ça arrive. Pas de date précise mais déjà une jaquette :
(dvd, bd, toujours sans st)
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 19
Enfin vu ce Lumet rare, qui rejoint immédiatement mes préférés du cinéaste.
Déjà, la première chose qui marque, c'est l'ambiance new-yorkaise extrêmement pesante et délétère. Avec Prince of the city, Le prêteur sur gages est peut-être le film de Lumet où New York est le plus prégnant et le plus sordide. Le tournage dans les rues et les immeubles donne un cachet considérable à cette histoire. Ratonnade face à des passants indifférents, trottoirs jonchés d'immondices, petit commerce miteux, HLM, l'instantané qui est fait est aride et annonce quasiment les approches du Nouvel Hollywood (accessoirement, c'est apparemment avec ce film qu'il y a eu la première brèche dans le Code Hays). Ne serait-ce que dans son approche esthétique, c'est un film très noir, presque chirurgical. Ça commençait pourtant mal avec ces ralentis idylliques un peu mièvres, mais le côté semi-documentaire, les cadres inspirés ou le jeu sur le montage subliminal lors de la résurgence du traumatisme forcent vite le respect.
L'histoire est toute aussi étouffante. Je l'ai trouvée très cruelle dans ses développements sur la solitude, d'une manière générale, et sur la souffrance impartageable d'être un rescapé d'Auschwitz. J'ai l'impression que le cinéma américain a toujours plus ou moins éludé cette problématique (par pudeur ou par couardise) et la façon dont le film s'en saisit à bras le corps est assez remarquable, dans le paysage de l'époque. Comme disait Abronsius, le script ne cherche pas à nous faire de Sol Nazerman un martyr. Même si on le prend peu à peu en pitié, le personnage est odieux, antipathique comme on en a rarement vu, et on ne saura jamais vraiment si son verrouillage à double tour, sa souffrance en silence drapée de misanthropie, viennent de sa culpabilité d'être toujours en vie là où tous ses proches sont morts, ou de ne pas avoir réussi à les sauver. C'est un homme misérable qui porte sa croix, et qui rend assez bien compte des mentalités et des processus de refoulements/occultations observés parmi des survivants de la Shoah (processus de refoulement qui peut être comme un "baume pour la douleur de l'offense, donnant à son auteur l'illusion d'une presque guérison", comme le dit Anne Henry dans son analyse de l’œuvre de Primo Levi, ainsi qu'un "nouveau traumatisme, répétant celui dont il exhume le souvenir"). Les scènes avec l'amante et l'autre survivant d'Auschwitz font passer des choses très fortes. Non, vraiment, grosse impression au sortir de ce Prêteur sur gages... simplement déplorerais-je un traitement parfois un peu trop démonstratif (que ce soit par le jeu de Steiger, beaucoup plus convaincant lorsqu'il est dans l'intériorisation, ou par certains effets de réalisation comme le parallèle entre l'arrivée des Allemands et celle des loubards) alors que le scénario est suffisamment fort.
Déjà, la première chose qui marque, c'est l'ambiance new-yorkaise extrêmement pesante et délétère. Avec Prince of the city, Le prêteur sur gages est peut-être le film de Lumet où New York est le plus prégnant et le plus sordide. Le tournage dans les rues et les immeubles donne un cachet considérable à cette histoire. Ratonnade face à des passants indifférents, trottoirs jonchés d'immondices, petit commerce miteux, HLM, l'instantané qui est fait est aride et annonce quasiment les approches du Nouvel Hollywood (accessoirement, c'est apparemment avec ce film qu'il y a eu la première brèche dans le Code Hays). Ne serait-ce que dans son approche esthétique, c'est un film très noir, presque chirurgical. Ça commençait pourtant mal avec ces ralentis idylliques un peu mièvres, mais le côté semi-documentaire, les cadres inspirés ou le jeu sur le montage subliminal lors de la résurgence du traumatisme forcent vite le respect.
L'histoire est toute aussi étouffante. Je l'ai trouvée très cruelle dans ses développements sur la solitude, d'une manière générale, et sur la souffrance impartageable d'être un rescapé d'Auschwitz. J'ai l'impression que le cinéma américain a toujours plus ou moins éludé cette problématique (par pudeur ou par couardise) et la façon dont le film s'en saisit à bras le corps est assez remarquable, dans le paysage de l'époque. Comme disait Abronsius, le script ne cherche pas à nous faire de Sol Nazerman un martyr. Même si on le prend peu à peu en pitié, le personnage est odieux, antipathique comme on en a rarement vu, et on ne saura jamais vraiment si son verrouillage à double tour, sa souffrance en silence drapée de misanthropie, viennent de sa culpabilité d'être toujours en vie là où tous ses proches sont morts, ou de ne pas avoir réussi à les sauver. C'est un homme misérable qui porte sa croix, et qui rend assez bien compte des mentalités et des processus de refoulements/occultations observés parmi des survivants de la Shoah (processus de refoulement qui peut être comme un "baume pour la douleur de l'offense, donnant à son auteur l'illusion d'une presque guérison", comme le dit Anne Henry dans son analyse de l’œuvre de Primo Levi, ainsi qu'un "nouveau traumatisme, répétant celui dont il exhume le souvenir"). Les scènes avec l'amante et l'autre survivant d'Auschwitz font passer des choses très fortes. Non, vraiment, grosse impression au sortir de ce Prêteur sur gages... simplement déplorerais-je un traitement parfois un peu trop démonstratif (que ce soit par le jeu de Steiger, beaucoup plus convaincant lorsqu'il est dans l'intériorisation, ou par certains effets de réalisation comme le parallèle entre l'arrivée des Allemands et celle des loubards) alors que le scénario est suffisamment fort.
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 19
Le film est sorti en Allemagne avant les USA, ( sans doute une fois ce fameux code abandonné ( je ne connais pas la date exacte, mais c'est à peu près à ce moment-là), il a probablement précipité cet abandon. C'est par ailleurs (sauf erreur) l'un des rares films de Lumet centré sur des personnages Juifs ,avec Bye bye Braverman qui est une comédie (autre rareté chez Lumet), et le polar Une étrangère parmi nous.
Le film ressort en salles le 9/7 (version restaurée, paraît-il).
Le film ressort en salles le 9/7 (version restaurée, paraît-il).
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 19
J'ai acheté le blu ray de ce film parmi les plus prégnants sur les fantômes de la shoah, mais n'ai pas encore eu le courage de le revoir faute d'un Anglais suffisamment performant pour le suivre sans sous titres (fussent ils Anglais). A quand des éditions "olive" avec au moins un sous titrage SDH.cinephage a écrit :Film monumental, porté par une interprétation sans faille, une bande sonore très jazzy et une magnifique photo du New York de la fin des années 60. Un film d'une noirceur qui prend aux tripes. Le dvd existant en Z1 n'a malheureusement pas de sous-titre (comme pour Daniel, autre film très intéressant de Lumet en Z1 sans sous-titre... Si seulement un éditeur français s'y intéressait...).angel with dirty face a écrit :C'est sorti en DVD ? Je possède le soundtrack de ce film que je n'ai malheureusement jamais vu. C'est signé Quincy Jones. Le CD tournait en boucle sur ma chaîne à une époque.
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 19
Cinq ans après, toujours rien.cinephage a écrit :Le dvd existant en Z1 n'a malheureusement pas de sous-titre (comme pour Daniel, autre film très intéressant de Lumet en Z1 sans sous-titre... Si seulement un éditeur français s'y intéressait...).
Pour ressortir trois fois le même film, il y a du monde au balcon, mais pour découvrir de l'inédit, on peut se gratter (ne serait-ce que la filmo de Lumet qui reste encore à défricher).
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 19
Avec la resortie en salles la semaine prochaine, peut-être un DVD français à prévoir ?
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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Re: The Pawnbroker / Le Prêteur sur gages (Sidney Lumet - 19
Des sous-titres français calés sur le br us sont disponibles sur le net. Perso, j'ai rippé le dvd et repacké le tout pour regarder le film à la télé L'image est magnifique. Il y a un travail impressionnant sur le noir et blanc et le cadrage. Le bluray doit claquer.Boubakar a écrit :Cinq ans après, toujours rien.cinephage a écrit :Le dvd existant en Z1 n'a malheureusement pas de sous-titre (comme pour Daniel, autre film très intéressant de Lumet en Z1 sans sous-titre... Si seulement un éditeur français s'y intéressait...).
Pour ressortir trois fois le même film, il y a du monde au balcon, mais pour découvrir de l'inédit, on peut se gratter (ne serait-ce que la filmo de Lumet qui reste encore à défricher).
Si j'avais un top 100 à jour, ce film serait certainement dedans.
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- « Il y aura toujours de la souffrance humaine… mais pour moi, il est impossible de continuer avec cette richesse et cette pauvreté ». - Louis ‘Studs’ Terkel (1912-2008) -
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