L'âge d'or du cinéma grec

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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L'âge d'or du cinéma grec

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JAMAIS LE DIMANCHE (Pote tin Kyriaki) de Jules DASSIN (1960)
Avec Melina MERCOURI, George FOUNDAS


Avis d’Alligator

Ilya (Melina Mercouri) est une prostituée heureuse, aimant les hommes, se baigner le matin dans le port du pirée, chanter, danser sur du bouzouki, faire la fête avec ses amants et l'équipe de foot locale. Elle aime par dessus tout transformer les tragédies grecques en de doux contes heureux. Une hédoniste.
Homer est un touriste américain fanatique de philosophie et de cultre grecque. Il aime la tragédie et la logique. Un rationaliste moralisateur qui ne supporte pas le genre de vie d'Ilya qui le fascine cependant.
Il va faire en sorte, en Pygmalion à la Shaw, de métamorphoser celle dont il refuse de voir le bonheur. Il lui révèle que Médée tue ses enfants. Et la rend malheureuse.

Un peu trop didactique à mon goût, le film manque par moments de finesse. Par contre, la liesse et le soleil parent le film d'une éclatante lumière, grâce aux acteurs et à une musique traditionnelle, belle et joyeuse, une réalisation propre, solide.

Un festival de bonne humeur, quelques grandes scènes : l'apparition et le bain matinal d'Ilya est un très grand moment, énergique, drôle et rieur ; j'aime particulièrement les scènes de bar et d'ivresse ; j'adore la scène de la grêve et du marchandage au commissariat.


Un film doté d'une belle et généreuse énergie, avec un personnage féminin plein de contradictions mais très attachant.
Dernière modification par Music Man le 13 févr. 13, 23:12, modifié 1 fois.
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Re: L'âge d'or du cinéma grec

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LES PERLES GRECQUES (Oi,Thalassies oi hadres) de Giannis Dalianidis – GRECE -1967 de Yannis DALIANIDIS
Avec Zoé LASKARI, Kostas VOUTSAS, Faidon GEORGITSIS

Destiné à séduire le public international (il a été projeté au festival de Cannes), ce film fut à l’époque le plus couteux jamais tourné en Grèce et un beau succès commercial.
C’est pourtant à la base une petite comédie insignifiante à l’intrigue bien creuse : un joueur de bouzouki s’éprend de la chanteuse hippy qui se produit dans le cabaret d’a coté. Pour elle, il ira même jusqu’à se faire raser la moustache, le summum du sacrifice !
Beaucoup de clichés qu’on retrouve souvent dans le cinéma grec, fratries, jalousie, etc…Et pourtant, on sent un certain sang neuf avec ce personnage de jeune fille libérée et indépendante qu’incarne Zoé Laskari qui chante dans une boite avec ses copines et n’a aucun mal à mener la danse face à la bande de jeunes machos (notamment le jeune homme qu’elle aime, très protecteur vis-à-vis de sa sœur). La musique traditionnelle s’affronte également aux nouveaux courants musicaux. Enfin, tout cela reste bien inoffensif.
En chanteuse yéyé dansant le jerk, Zoé Laskari ne fait pas beaucoup d’efforts.
Heureusement que le film est illuminé par quelques très bons passages de sirtakis dansés avec beaucoup d’agilité par de merveilleux danseurs, et plutôt bien filmés. Les chansons sont fort belles notamment l’air principal très bien chanté par la belle Mairi Hronopoulou.
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Re: L'âge d'or du cinéma grec

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EN DANSANT LE SIRTAKI (Diplopennies) de George Skalenakis – GRECE – 1966
Avec Aliki VOUGIOUKLAKI, Dimitris PAPAMICHAEL

Un orchestre de bouzoukis cherche un chanteur et tombe par hasard sur un peintre en bâtiment qui chante en travaillant. Embauché sur le chant, il devient la vedette du cabaret. Une riche étrangère, sous le charme, (sorte de sosie de Sophia Loren) lui demande d’assurer le spectacle pour un concert privé. Morte de jalousie, la jeune et belle épouse du peintre, se saoule et se donne involontairement en spectacle en dansant sur scène, complètement ivre… ce qui lui vaut d’être engagée à son tour par le cabaret.

Petite comédie sans prétention sortie en France pendant la vague « sirtaki » qui secoua la France après la sortie de Zorba le grec. Beaucoup de numéros de danses, bien exécutés(le sirtaki, bien dansé peut être vraiment très spectaculaire !) , mais pas toujours bien filmés (dans le genre, j’ai préféré les passages musicaux des perles grecques (1967)). Dommage que la voix doublant Dimitris Papamichael (partenaire de Melina Mercouri dans Jamais le dimanche) soit si désagréable : on a du mal à croire qu’il enchante les spectatrices. Aliki Vougiouklaki, la Bardot grecque est piquante et drôle, en femme jalouse. Mais l’histoire est bien anodine.
2 aspects curieux pendant le visionnage : un passage très bref coloré (teinté ?) vient s’insérer au milieu du film (et fait regretter que le reste ne le soit pas). Plus dérangeant, lors d’une scène de rue, « on » a glissé dans ce film de 1966 quelques secondes tournées de nos jours dans les rues d’Athènes ! La tenue des passants ne laisse aucun doute. Inexplicable.


Aliki, la Bardot grecque
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Re: L'âge d'or du cinéma grec

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LA FILLE DU PIREE (Lola) de Dinos DIMOPOULOS- GRECE-1964
Avec Jenny KAREZI, Nikos KOURKOULOS

Sorti de prison, Aris, un contrebandier trahi par son équipe, veut retrouver Lola, la femme qu’il aime, une chanteuse de cabaret sous l’emprise du chef du gang. Ce dernier inquiété par le retour d’Aris veut le faire abattre.
Film noir à l’atmosphère lourde et tendue, la fille du Pyrée bénéficie des magnifiques compositions de Stavros Xarhakos. Mélopées lancinantes et hasapikos chantés par la vedette Jenny Karezi ou d’autres interprètes dans les bas quartiers de Truba et d’infâmes bouis-bouis.
C’est évidemment davantage un film d’atmosphère que d’action et on peut déplorer certaines longueurs.
Les luttes au couteau entre les gars du milieu sont impressionnantes (l’un d’eux manie son arme, tout en utilisant un foulard comme aurait pu le faire un toréador).
Le passage où Aris, son meilleur pote et Lola se joignent pour danser brièvement un sirtaki est sublime tant ici la danse semble être plus qu’un divertissement mais un sacerdoce, une cérémonie de retrouvaille solennelle et intime.
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Re: L'âge d'or du cinéma grec

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KORITSIA GIA FILIMA (FILLES A EMBRASSER) GRECE 1964
De Giannis Dalianidis
avec Zoé Laskari, Rena Vlahopoulou
Certaines comédies musicales grecques viennent de faire l’objet d’une réédition en DVD « with english subtitles ». Un cinéma à découvrir puisque très peu importé à l’époque.
Une aimable comédie avec son lot de quiproquos : débarquée des USA pour faire des photos en bikini sur les plages grecques, la belle Zoé s’éprend d’un millionnaire qu’elle prend pour un garçon sans le sou. L’intrigue, sympathique se laisse suivre. Pour la partie musicale, le film s’inspire ouvertement des comédies musicales hollywoodiennes de marins. Les chorégraphies sont tout à fait respectables. On aurait peut-être aimé quelque chose de plus typique (hormis le numéro de sirtaki, vers la fin, filmé à la Berkeley avec des musiciens au visage caché dont on ne voit que les mandolines et les pantalons blancs), mais comme c’est plutôt bien fait, c’est du spectacle de bon aloi : Rena Vlahopoulou est une bonne chanteuse « à l’ancienne ». La seule déception, c’est cette Zoé Laskari, dont la beauté m’a paru insipide et les talents de danseuse bien en deçà des nombreux figurants et des autres comédiennes. Cette grande vedette surtout connue pour ses films érotiques, descend mollement le grand escalier lors du grand numéro final, avec un justaucorps string qu’on ne risquait pas de voir à l’époque dans un film hollywoodien (ce qui explique peut-être la renommée de Miss Laskari) ! Sinon globalement, c’est du bon boulot, mais pour l’originalité, on repassera.
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Re: L'âge d'or du cinéma grec

Message par Music Man »

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STEPHANIA, FILLE PERDUE (Stefania) de Yannis DALIANIDIS -1966
Avec Zoé LASKARI

Pour avoir un aperçu de l’intrigue, il suffit de lire l’affiche belge de ce film sulfureux : « initiée par son beau-père ; double liaison avec deux amis ; en maison de redressement ; excite le désir du geôlier ».
En fait, cette accroche racoleuse traduit mal les qualités intrinsèques de ce film qui vaut bien mieux que sa réputation de scandale.
C'est l'effrayant et fascinant portait d'une maison de correction, fort bien mis en scène. La scène très impressionnante de la révolte et de la tentative d'évasion des jeunes délinquantes est absolument époustouflante et évoque les grands cinéastes russes, par sa force et son expressionnisme. Notamment le passage où une jeune prisonnière en pleine crise de nerf se déshabille avant de tomber du toit. On retrouve également tous les ingrédients des films populaires avec une intrigue rocambolesque qui va mener la peu sérieuse Stéfania en maison de correction puis à la mort.
Evidemment, le film est particulièrement osé pour l’époque
Ici le personnage de Stéfania n’est pas vraiment victime des hommes et de la société mais de son propre désir : si on souligne que son beau-père la harcèle sexuellement, elle avoue également qu’elle est très attirée par lui. La scène où la caméra balaie la chambre et où l'on aperçoit Stéfania blottie contre le torse de son amant puis...un autre homme endormi contre ses jambes est très audacieuse.
Sensuelle et effrontée, Zoé Laskari tient bien le rôle principal.
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Commissaire Juve
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Re: L'âge d'or du cinéma grec

Message par Commissaire Juve »

Lors de ma dernière classe de découverte en Grèce (eh oui), il m'est arrivé de voir des classiques "indigènes" à la téloche... Bien sûr, je ne pouvais pas comprendre, mais c'était sans doute intéressant.

Je crains que ma mémoire ne me joue des tours, mais... il m'a bien semblé qu'il y avait une censure pendant les scènes de baisers. On voyait un rectangle noir apparaître sur la zone "honteuse" de l'image.

Je crois...

Bizarrement, j'ai ce souvenir en tête. Et je ne pense pas que c'était dû à un abus d'ouzo ; je ne bois jamais d'alcool. :mrgreen:

Quoi qu'il en soit : voilà un patrimoine qu'on n'exploitera jamais chez nous en dvd. :roll:
Dernière modification par Commissaire Juve le 14 août 11, 18:40, modifié 1 fois.
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Re: L'âge d'or du cinéma grec

Message par Music Man »

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I AGAPI MAS (NOTRE AMOUR) de Kostas KARAGIANNIS -1968
Avec Aliki VOUGIOUKLAKI, Dimitris PAPAMICHAEL

Ouvreuse dans un théâtre, Marina rêve de remplacer un jour la star du show. Finalement, son rêve se réalise et elle épouse même la vedette du spectacle. Mais l’es compagne du chanteur, très jalouse, organise une cabale pour nuire à la carrière du nouveau mari de Marina. Alors qu’elle s’envole vers les cimes du vedettariat, il plonge dans l’insuccès et l’alcool.

Après avoir commencé comme une petite comédie bien anodine, le film semble beaucoup s’inspirer d’une étoile est née. Mais le sujet est traité avec une telle naïveté et si peu de talent (même les numéros musicaux sont pâlichons), que le film paraît minable à coté des chefs d’œuvre d’Hollywood;
Une exception quand même pour Aliki, la Bardot grecque. Elle est non seulement charmante mais aussi très émouvante dans certaines dramatiques qu’elle joue avec beaucoup de conviction. A coup sûr, c’est une très bonne comédienne.
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Re: L'âge d'or du cinéma grec

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LA CORRUPTION (Iligos) de Giannis DALIADINIS - 1963
Avec Zoé LASKARI, Alekos ALEXANDRAKIS

La belle Elli est harcelée sexuellement par son beau père. Pour lui échapper, elle emménage avec un jeune homme peu recommandable très lié à un prostituée. Finalement, elle rencontre un jeune étudiant qui poursuit ses études en Allemagne. Contrainte de regagner le domicile de sa mère et de son beau-père, le drame recommence.


Dans les années 60, G Daliandinis a réalisé une série de mélodrames populaires reposant toujours sur des situations scabreuses. Comme dans Stéphania, l’effrontée et hyper sexy Zoé Laskari est harcelée par son beau père. Là aussi, ses déboires la conduiront jusqu’à la prison.
Malgré le coté racoleur, le résultat est assez convenable et correctement joué. Le sujet du harcèlement est correctement traité; la jeune femme se sent finalement plus en sécurité en prison où on la laisse tranquille que chez elle où l’ambiance était de plus en plus tendue et insupportable.
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Re: L'âge d'or du cinéma grec

Message par Music Man »

PRINCESSE D’UN JOUR (Epiheirisis Apollon ) - de George SKALENAKIS - 1968
Avec Thomas FRITSCH, Elena NATANAEL

Un prince en visite en Grèce tombe amoureux d’une ravissante guide. Il se mèle aux touristes et la suit partout. Mais leur amour est sans espoir.

Il faut laisser sa cervelle de coté pour regarder cette carte postale musicale absolument creuse et naïve, qui nous balade dans de jolis endroits de Grèce avec de très agréables mélodies et une exquise Elena Natanael. L’intrigue ressemble à celle de Vacances Romaine. Entre beach movie et roman photo, une bluette inoffensive.


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Re: L'âge d'or du cinéma grec

Message par Commissaire Juve »

Tu oublies toujours de dire : où, comment tu as pu voir ces films ? ciné, VHS, dvd ?
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Re: L'âge d'or du cinéma grec

Message par Music Man »

Les films grecs des années 60 ont fait l'objet depuis quelques années de sorties régulières en coffret DVd, avec sous-titres anglais.

Les principaux films issus de la maison Finos sont disponibles ici :
http://www.victorymedia.org/ViewShopPro ... &Id=230006
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Re: L'âge d'or du cinéma grec

Message par Commissaire Juve »

Music Man a écrit :Les films grecs des années 60 ont fait l'objet depuis quelques années de sorties régulières en coffret DVd, avec sous-titres anglais.

Les principaux films issus de la maison Finos sont disponibles ici :
http://www.victorymedia.org/ViewShopPro ... &Id=230006
Voilà de la bonne info ! Merci... 8)
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Re: L'âge d'or du cinéma grec

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JENNY JENNY (Tzeni Tzeni) de Dinos DIMOPOULOS - 1966
Avec Jenny KAREZI, Andreas BARKOULIS

Après avoir fini ses études à l’étranger Nikos retourne en Grèce où son oncle a prévu de le présenter aux prochaines élections. Cependant il n’est pas populaire et peu connu dans la région. Aussi pour amadouer le propriétaire d’une usine de confiserie, très populaire et influant dans le canton, Nikos va être contraint d’épouser la ravissante fille de ce dernier : un mariage bidon, destiné à être annulé juste après les élections : car Nikos est déjà marié….


Jenny Jenny est une délicieuse comédie qui utilise un vieux ressort du théâtre de boulevard, en y ajoutant quelques éléments de folklore. La réalisation est allègre et les répliques ironiques fusent avec un rythme soutenu. La troublante et élégante Jenny Karezi , célèbre pour ses prestations dramatiques (la lanterne rouge), se révèle une actrice de comédie au charme vivace, dotée d’une grande autorité et d’un parfait timing.
Parmi les passages les plus amusants du film figure la nuit d’ivresse du faux couple qui sous l’empire de l’alcool, va commettre quelques écarts.
Une réussite du cinéma grec des années 60.
riqueuniee
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Re: L'âge d'or du cinéma grec

Message par riqueuniee »

Tout ça est intéressant,. il s'agit d'une cinématographie quasi inconnue chez nous. Je me souviens juste avoir vu un film grec au ciné-club d'Antenne 2, mais plutôt genre no-réaliste-film d'auteur.
La chanson de La fille du Pirée est une merveille.
La "Bardot grecque" a en effet beaucoup de BB : elle chante même un peu comme elle...
Dernière modification par riqueuniee le 9 août 12, 17:50, modifié 1 fois.
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