Les films du studio Ealing

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Profondo Rosso
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Profondo Rosso »

The Titfield Thunderbolt de Charles Crichton (1953)

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Un groupe de villageois essaye d’empêcher les chemins de fer britanniques de fermer la ligne de Titfield

Tout en célébrant et magnifiant un certain état d'esprit typiquement anglais, les films du studio Ealing mêlaient constamment à cette vision une dimension plus ambigüe vantant l'individu contre l'institution, la menace plus indicible. Certains des meilleurs films Ealing obéissent totalement à cet idée, que ce soit Champagne Charlie (1944) et ces chanteurs de music-hall défiant la morale, Whisky à gogo (1949) où la communauté écossaise trafique du whisky au nez et à la barbe de l'autorité anglaise et bien sûr le sombre Went the day well (1942) où un petit village anglais résistait à l'invasion de l'armée allemande infiltrée. A chaque fois la solidarité et l'esprit d'entraide anglais s'opposait à son institution froide, suscitant un propos à la fois critique et élogieux.

The Titfield Thunderbolt est le film qui magnifie ce schéma avec une œuvre drôle, sensible et palpitante. On ne sera pas surpris de retrouver au scénario T. E. B. Clarke qui avait offert un des plus beaux fleurons du studio dans cette veine avec Passeport pour Pimlico (1949) où un quartier de Londres clamait son indépendance et s'établissait en état. Ici ce sera la petite communauté de Titflield qui se soulèvera lorsque la British Railways décide de fermer la ligne ferroviaire liant leur village à Mallingford pour mettre en place un réseau de bus. C'est à la fois un terrible coup pour l'histoire, la ligne étant une des plus anciennes d'Angleterre mais aussi pour l'avenir et le désert rural qu'entraînera cette disparition. Qu'à cela ne tienne, certains vont se mobiliser pour éviter ce drame et notamment le pasteur Weech (George Relph) passionné de locomotive, Squire (John Gregson) petit-fils d'un des constructeur du chemin de fer local et Walter Valentine (Stanley Holloway toujours aussi truculent) patron de la taverne qui va financer l'affaire afin de gérer de manière autonome la ligne. Cependant entre le gouvernement tatillon qui ne leur laissera pas passer aucune erreur et les manœuvres des agents de la compagnie de bus voyant l'aubaine leur échapper, nos héros auront fort à faire pour réussir leur pari.

Charles Crichton offre d'abord une vision bucolique et idéalisée de ce village et de sa population, nous attachant autant aux personnalités hautes en couleurs qu'aux paysages verdoyant magnifiés par la photo somptueuse de Douglas Slocombe. Cette imagerie atteint des sommets avec la première séquence majestueuse voyant le train traverser vallons, petites maisonnées fermières et champs où s'abreuvent les troupeaux nous marquant d'un éclat indélébile et créant l'empathie quant à la folie de ces villageois téméraires. L'entrain des héros est mis à rude épreuve autant par le sens des responsabilités très relatives de certains protagonistes (excellent personnage de Dan profitant des trajets pour chasser et récupérer les animaux braconné la veille) certains affrontements épiques comme cet un engin agricole défiant la locomotive sur la voie. Les effets spéciaux sont très réussis pour l'époque, partagés entre la vraie reconstitution d'une voie (la production ayant ranimée la ligne abandonnée de Limpley-Stoke à Camerton et recyclé la locomotive "Lio" remorquée hors champs vu son grand âge) et des incrustations habiles pour intégrer les acteurs aux scènes les plus mouvementées. On aura ainsi une scène de déraillement sacrément impressionnante et une autre plus délirante où une locomotive volée traverse ville et forêt dans un joyeux splapstick. Les instants les plus palpitants restent cependant ceux où la communauté s'unit pour surmonter les différentes embûches comme cette scène ou passagers et villageois se mobilisent pour faire repartir le train après que la réserve d'eau ait été sabotée, le recyclage et rafistolage comme un symbole de la locomotive du musée et surtout le final réellement haletant où nos héros sont bien mal en point pour satisfaire l'inspection. Système D, ruses et artifices divers se déploient pour un suspense rondement mené par un Charles Crichton très inspirés dans la gestion des péripéties. Un grand moment de bonne humeur et un des films les plus attachants du studio Ealing. 5/6
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Jeremy Fox
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Jeremy Fox »

Fans du studio, vous allez être à fête.

La News et le programme ainsi que la chronique de Whisky à Gogo par Antoine Royer.
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Hitchcock »

Très bonne initiative qui va me permettre d'approfondir ma connaissance des studios (sur les films proposés, je n'ai vu que Noblesse oblige, qui entre facilement dans un top 100).
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Jeremy Fox
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Jeremy Fox »

Et bien justement : Noblesse oblige par Antoine Royer :wink:
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Jeremy Fox »

On poursuit avec De l'or en barres de Charles Crichton (chroniqué par Justin Kwedi) et remontée de Passeport pour Pimlico (déjà chroniqué par Antoine Royer).
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Jeremy Fox »

Pas de western ce samedi mais la suite de nos pérégrinations au sein des classiques du studio Ealing : L'homme au complet blanc par Justin Kwedi
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Jeremy Fox »

Pour poursuivre ce voyage au sein du studio, Justin Kwedi vous invite à prendre place dans le Tortillard pour Titfield
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Hitchcock »

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Quelqu'un saurait si ce coffret est muni de sous-titres français ou du moins, sous-titres anglais ? Il n'y aucune indication sur Amazon
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Profondo Rosso
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Profondo Rosso »

Pas de sous-titres français ni anglais dans cette collection. Pour de la VOSTA les rééditions en bluray UK en sont toutes dotées et pour la VOSTF le coffrets studio Canal est parfait et bien garni.
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Hitchcock »

Profondo Rosso a écrit :Pas de sous-titres français ni anglais dans cette collection. Pour de la VOSTA les rééditions en bluray UK en sont toutes dotées et pour la VOSTF le coffrets studio Canal est parfait et bien garni.
Merci ;)
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Profondo Rosso »

Quoique quand je voit à quel prix partent séparément les titres du coffret studio Canal (http://www.amazon.fr/s/ref=nb_sb_noss_1 ... rds=ealing :lol: ) tu ferais aussi bien d'investir dans le coffret Alec Guiness pour de la VOSTF http://www.amazon.fr/Alec-Guinness-anni ... c+guinness Sinon pour les titres Ealing sans Guiness pas existent en solo chez Universal et sinon comme je t'ai dit Blu Ray UK niveau VOSTA :wink:
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Jeremy Fox »

Fin du cycle avec Tueurs de dames de Alexander Mackendrick par Antoine Royer
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Frank 'Spig' Wead »

Je suis pas du genre a mesurer le niveau d'une bière entre deux raccords, mais la poursuite à la fin de L'homme au complet blanc enchaine, quand même, deux gaffes bien malheureuses.
Après une grosse ficelle pour faire glisser la casquette, une bien étrange doublure...
Alec n'avait peut-être pas la permission de minuit.
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Jeremy Fox
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Jeremy Fox »

Il était un petit navire (Barnacle Bill) : Charles Frend - 1957

Dernière production du studio, ce n'est pas encore le film qui me réconciliera avec, la dernière comédie anglaise de l'époque ayant été pour moi un coup de cœur n'étant justement pas un film du studio (Vacances sur ordonnance avec également Alec Guiness). Même si le postulat de départ était savoureux, je n'ai pas vraiment souri avant la 50ème minute qui démarre la dernière partie bien plus charmante, celle qui transforme la jetée en bateau immobile, les habitants venant y faire une "croisière statique" : idée assez géniale et qui donne quelques séquences vraiment fantaisistes et cocasses. J'ai pris plus de plaisir à lire la chronique d'Antoine que de visionner cette comédie un peu laborieuse à mon goût et qui a eu du mal à capter mon attention.
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Re: Les films du studio Ealing

Message par Majordome »

StudioCanal continue de sortie en douce en sans publicité des versions restaurées du Studio Ealing et de classiques anglais (en général peu connus en France) en Blu-Ray:

En avril dernier nous avions eu droit à:

Whisky à gogo d'Alexender Mackendrick, amusante pochade sur un trafic de whisky dans une ile écossaise pendant la guerre.
Hirondelles et Amazones de Claude Whatam, conte pour enfants que je trouve un peu "gentillet"
Les belles de Saint Trinian, avec le génial Alastair Sim, comédie déjantée qui a un peu vieilli mais qui se regarde sans déplaisir
Un inspecteur vous demande, à nouveau avec Alastair Sim, fable fantastico-policière que je vous recommande chaudement (mon coup de coeur de la série)
Les briseurs de barrages (plus connu sous son titre original The Dam Busters) de Michael Anderson, assez remarquable.

Le 1er septembre nous aurons le droit à une réédition de

Went the day well ?, de l'excellent Alberto Cavalcanti annoncée dans une version restaurée inédite.
Tortillard pour Titfield, de Charles Crichton, que je connais de réputation (assez bonne) seulement...

Il semble que StudioCanal entreprenne ce type de sortie "technique" (très faible pressage, pas de promo, et parfois vendus dès leur sortie (comme en avril) dans des promos du genre 3 ou 4 pour le prix de 2 à la fnac ou ailleurs) afin de renouveler les droits sur le catalogue. Il faut en profiter pour (re)découvrir cet atypique cinéma anglais des années 40-50.
Bien Môsieur... Il sera fait comme vous désirez, Madâme.
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